Chapitre 16 : Le dernier acte


Aucun mouvement. Pas même un bruissement de cils. Deux paires d'yeux qui se fixent, comme si le temps n'avait plus aucune importance. Les deux bras devant le torse, prêts à parer toute attaque adverse. La même goutte de sueur qui coule sur chacun des deux visages. Les jambes légèrement écartées, le buste droit et le regard fier. Bien qu'ils appartiennent à deux camps différents, les cosmo-énergies qui entouraient Minéos et Tarkan étaient presque identiques. Minéos, curieusement, ne semblait plus se ressentir de sa blessure. Voir Tarkan, face à lui, se priver volontairement de sa protection, lui avait rendu tout son courage et toute sa volonté. Mais il savait néanmoins qu'il ne pouvait s'engager dans un quelconque assaut sans être persuadé du bon résultat de celui-ci : toute erreur, aussi minuscule soit-elle, lui serait fatale. Il en était là de ses réflexions lorsqu'il vit le pied droit de Tarkan décrire un demi-cercle pour venir le frapper en plein visage ; il n'eut que le temps de reculer pour éviter le coup.

Tarkan sourit. Certes, il était loin d'avoir remporté le combat, mais il avait repris le dessus. Et il était hors de question de perdre cet avantage. Il se lança alors dans une succession de coups de poings et de pieds, certains très rapides, d'autres plus lents pour ne laisser le temps à Minéos de s'organiser. Celui-ci parvenait à parer les assaut répétés de Tarkan tant bien que mal, tout en étant contraint de reculer à chaque fois, jusqu'à être acculé dans un coin de la salle.

- C'est la fin pour toi, Minéos ! Smashing Axe !

Le sang de Minéos ne fit qu'un tour. Il s'était fait avoir comme un débutant. Aveuglé par les multiples coups de Tarkan, il ne s'était pas rendu compte qu'il ne s'agissait que d'habiles feintes, destinées à préparer l'assaut final. Malgré cela, il réagit quasiment à la vitesse de la lumière. Il ne lui restait qu'une solution et elle ne lui plaisait guère, notamment en raison des conséquences qu'elle risquait d'engendrer. Mais il n'avait pas le choix.

- Flashing Arrows !

Toutefois, au lieu de lancer son attaque sur Tarkan, il la dirigea délibérément vers le plafond rocheux. La paroi s'effondra immédiatement sur les deux hommes. Minéos plongea rapidement pour éviter l'éboulement. Tarkan, emporté par son élan, n'eut pas cette chance et fut enseveli en un instant sous un amas rocheux. Minéos se releva, grimaçant ; sa jambe avait reçu un coup et recommençait à le faire souffrir. Il attendit quelques instants, afin de voir si Tarkan allait ou non se relever, puis se dirigea à pas lents vers l'armure de la Couronne Boréale. Il allait la toucher et la revêtir pour la première fois, lorsqu'un craquèlement, puis une voix quelque peu étouffée, se firent entendre.

- Pas si vite, Minéos, je suis loin d'être vaincu !

Comme piqué par une aiguille, Minéos sursauta et se retourna, l'air incrédule. Comment Tarkan, privé de sa protection, avait-il pu survivre à un tel déluge de pierres ? Un nouveau craquèlement se fit entendre, puis un autre et encore un autre, jusqu'à ce que Tarkan émerge finalement des décombres. En le voyant, Minéos reprit un peu espoir. Certes, son adversaire était encore en vie, mais dans quel état ! Il saignait abondamment de la joue droite, et son bras gauche pendait, comme désarticulé. Il titubait légèrement tandis qu'il venait se remettre en garde.

- Nous sommes à égalité, Minéos. Tu ne pourras plus te servir de ta jambe efficacement, et mon bras ne me sera d'aucune utilité. Nous voici véritablement arrivés au bout de ce combat, cette fois. Il est certain que l'un de nous deux ne survivra pas à un ultime assaut.

Minéos hocha la tête, sans un mot. Il ferma les yeux et fit une nouvelle fois appel à son cosmos. Mais il était très fatigué et une faible aura vint l'entourer. Il eut un petit rire sans joie, lorsqu'il vit que Tarkan était dans le même cas. Mais il savait qu'ils étaient tous deux capables, pendant un court instant, d'enflammer leurs cosmos au-delà de leur limite. Minéos rouvrit les yeux et leva son poing droit, prêt à décocher ses flèches.

Le chevalier de Vermeil fronça les sourcils. Il lui semblait sentir la présence d'un cosmos autre que le leur. Mais il n'avait guère le temps de s'appesantir sur la question. Il lui fallait vaincre. Il inspira profondément et relâcha son pouvoir.

- Adieu Minéos, Sparkling Axe !
- Sun Light Trap !

Une hache étincelante fusa vers Minéos tandis que plusieurs rayons de lumière encerclèrent Tarkan. Une véritable explosion salua la rencontre des deux arcanes. Sous le choc, Tarkan fut projeté contre un mur, sans perdre connaissance toutefois. Lorsqu'il put se relever, il chercha Minéos du regard. Il trouva le corps de son adversaire à terre, à quelques pas de lui. Redoutant quelque traîtrise, il s'approcha lentement de lui. Mais il n'y avait aucune crainte à avoir : Minéos était mort. Le Dissident laissa passer un soupir de soulagement. Le combat avait été extrêmement âpre et Minéos s'était révélé un adversaire valeureux.

- Allons, il me faut rejoindre Elias. Il doit avoir besoin de moi.
- C'est possible, mais tu ne quitteras pas ce lieu, Tarkan.

Tarkan ne se retourna pas. Ses sens ne l'avaient donc pas trompé ; un chevalier avait assisté à la fin du combat. Un chevalier d'Athéna, sans doute…

- Retourne-toi, Tarkan, je n'aime pas frapper un homme dans le dos.

Lentement, le chevalier de la Couronne Boréale fit face à son interlocuteur. Si son identité le surprit, il n'en laissa rien paraître.

- Personnellement, je n'ai rien contre toi, chevalier de Vermeil. Mais ta mort est une nécessité à l'issue de cette bataille.
- Soit, tue-moi alors. Smashing Axe !

Le chevalier d'Athéna évita aisément la charge ; la faiblesse de Tarkan rendait son attaque bien trop lente. Le chevalier tendit son poing droit et, d'un geste sec, traversa le cœur de son adversaire. Lorsqu'il le retira, ce dernier avait cessé de vivre.

- Plus qu'un et nous ferons face à Arès.

Le chevalier des Gémeaux sourit légèrement et s'en fut.

***

Eileen sentit un long frisson parcourir ses membres. Elle avait cru bien faire et voilà que son acte s'était transformé en une véritable catastrophe : Arès était seul maître à bord et il était malheureusement probable que personne ne pourrait lui résister, du moins sur l'Atlantide. A moins que… Arès ne s'attendait certainement pas à un assaut immédiat. Peut-être que s'il ne faisait pas attention, Eileen pourrait l'atteindre. Sans crier gare, elle enflamma son cosmos et se jeta sur Arès, son poing droit tendu. Le Dieu de la Guerre ne bougea pas. Du moins telle fut l'impression d'Elias, qui assistait à la scène. En réalité, Arès leva légèrement son épaule droite, déclenchant une vague d'énergie qui vint percuter la Grande Prêtresse sans que celle-ci ait pu effectuer le moindre mouvement. Son corps flotta dans l'air quelques instants, puis retomba lourdement à terre, comme un pantin désarticulé.

- Chevalier du Lynx, fit la voix haineuse d'Arès.
- Ou… Oui ?
- Que décides-tu ? Veux-tu m'affronter et mourir comme cette folle, ou acceptes-tu de me jurer fidélité et de combattre avec mes légions ?

Instinctivement, Elias serra son fléau d'armes, saisi par une envie irraisonnée de s'en servir pour frapper le Dieu qui lui faisait face. Mais il savait trop bien ce qui risquait de lui arriver. Il s'approcha donc, le pas mal assuré, et vint s'agenouiller devant Arès.

- Moi Elias, chevalier de Vermeil du Lynx, vous jure fidélité, Majesté.
- Elias, vipère… Tu jures fidélité à ce monstre uniquement parce que tu as peur. Tu n'es qu'un lâche !

L'interpellé se retourna vivement. Eileen s'était relevée et regardait son ancien compagnon avec un mépris dans le regard qui fit honte à Elias et lui fit baisser la tête tant il savait que la Grande Prêtresse avait raison. Il avait juré par opportunisme certes, mais aussi parce qu'il avait peur.
- Tiens, tu t'es relevée, fit Arès d'une voix presque amusée. Chevalier du Lynx, je te charge de m'en débarrasser une bonne fois pour toutes !

Elias se redressa et fit tournoyer son fléau d'armes. Une aura rouge vint l'entourer tandis qu'il se jetait sur Eileen. Celle-ci se savait perdue. Sans armure, à bout de forces, elle ne pourrait pas éviter la charge. Au moment où le fléau d'armes allait la frapper, elle ferma les yeux. Mais elle ne reçut jamais le coup. Elle entendit le cri de stupéfaction d'Elias et rouvrit bien vite ses paupières. Devant elle, faisant barrage avec son corps, se tenait un chevalier d'Or. Il tenait l'arme du chevalier de Vermeil et la faisait remuer presque négligemment. Ereintée, la Grande Prêtresse s'évanouit.

- Kanon, interrogea nerveusement Elias ?
- Non, Saga. A nous deux, Elias, il est temps que tu payes pour tes crimes.

Un rire moqueur lui fit écho.

- Et c'est toi qui dis ça ? Toi qui a tué, trahi et éliminé tous ceux qui se mettaient sur ton chemin ?
- Il est vrai que j'ai commis de nombreuses fautes. Toutefois, je pense m'être racheté. Et si par hasard je ne l'ai pas encore fait, alors ta mort pourra être un pas supplémentaire vers ma rédemption.

D'un geste méprisant, Saga jeta le fléau d'armes aux pieds d'Elias. Puis il fit brûler son cosmos. Inconsciemment, le chevalier du Lynx recula devant la formidable puissance du chevalier des Gémeaux. Pourtant, le Dissident n'était pas un lâche, loin de là. S'il était vrai qu'il avait juré fidélité à Arès parce qu'il avait peur, il ne pensait pas déchoir en craignant un dieu. En réponse à Saga, il récupéra son fléau, fit appel à sa cosmo-énergie et attaqua.

- Par les Mille Fléaux d'armes !

L'arme d'Elias s'échappa de son bras et fendit l'air en direction de Saga. En une seconde, elle se démultiplia à l'infini, encerclant totalement le chevalier des Gémeaux. Celui-ci resta immobile durant l'assaut. Finalement, le fléau d'armes s'enroula autour de son bras droit. Elias, qui l'avait récupéré, sourit d'un air mauvais.

- Je te tiens, Saga.
- Crois-tu, interrogea Saga ironiquement ?
- Que veux-tu dire ?
- Crois-tu vraiment que ta pathétique attaque avait une chance de me toucher, moi, un chevalier d'Or ?

D'un geste dédaigneux, Saga se dégagea de l'étreinte.

- Contemple la différence qui existe entre un chevalier de Vermeil et un chevalier d'Or : Galaxian Explosion !
On dit que l'arcane du chevalier du Gémeaux est capable de détruire les étoiles. En cet instant, Elias comprit que ce n'était pas qu'une légende. Incapable d'éviter le coup, il reçut de plein fouet l'assaut de Saga, et crut un instant que son corps allait partir en mille éclats de cendres. Il se demanda s'il avait une chance d'en réchapper... conclut très vite par la négative. Tandis qu'il était projeté contre le roc, il sentit sa vie qui s'éclipsait doucement. Curieusement, aucune souffrance ne venait entâcher l'agonie ; il se sentait même… bien.

Ainsi, c'est ça la mort, se dit-il. Vraiment pas la peine d'en faire tout un plat. Puis, il perçut une cosmo-énergie qui tentait de s'harmoniser avec la sienne. Agressive, mais puissante ; si puissante… Des mots venaient à l'esprit d'Elias. Comme si on lui parlait. Il eut tout d'abord du mal à saisir, puis il comprit. Arès lui prêtait un peu de sa force pour repartir au combat.

La mort se détacha peu à peu de son corps, et il reprit ses esprits. Il était le chevalier de Vermeil du Lynx et il allait montrer à ce chevalier d'Or d'opérette qu'il était plus puissant que lui ! Il ouvrit les yeux. Saga se tenait devant lui, l'air concentré mais en même temps serein.

- Par les Mille Fléaux d'armes !

Saga fronça les sourcils. Le coup était incontestablement plus puissant. L'œuvre d'Arès, sans doute. Saga réalisa rapidement que, bien qu'il ait déjà vu cette attaque, il ne pourrait pas la parer aisément. Ni même l'éviter. La solution s'imposa alors à lui, aveuglante.

- Another Dimension !

Le coup d'Elias s'engouffra dans l'espace dimensionnel créé par Saga. Mais le chevalier de Vermeil, loin d'être décontenancé, repartit de plus belle.

- Par les Mille Fléaux d'armes !

Ah non, se dit Saga, ça commence à suffire ! D'autant que l'agression d'Elias se faisait plus puissante à chaque nouvel assaut. Il allait contre-attaquer lorsqu'il fut touché en plein plexus, par un coup qu'il n'avait pas vu venir. Il ne tomba pas, mais recula de quelques mètres. Elias éclata de rire.

- Alors, chevalier des Gémeaux, mon attaque a-t-elle cessé de te faire rire ? Je n'entends plus tes sarcasmes.
- Tu t'illusionnes, répondit Saga d'une voix lasse. Arès te transmet une infime partie de son pouvoir et c'est ce qui te permet d'atteindre la vitesse de la lumière. Mais le fait que ton attaque soit plus puissante ne me vaincra pas. Il te faudra trouver autre chose.
- Ne t'inquiète pas Saga, je te réserve autre chose. Mais d'abord, voyons si tu pourras une nouvelle fois éviter mon attaque. Par les Mille Fléaux d'armes !
Une brillante aura dorée lui répondit.

- Galaxian Explosion !

Saga concentra toute son énergie sur un point : le fléau d'arme. Son attaque réduisit l'arme en miettes en quelques secondes.

- Bien joué, Saga ! Je ne pensais pas que tu puisses détruire mon arme. Mais je ne suis pas vaincu pour autant. Comme promis, voilà ma plus puissante technique. Depuis des temps immémoriaux, le chevalier du Lynx est chargé par l'Empereur Poséidon de connaître l'attaque de l'Atlantide. C'est elle qui est la gardienne des traditions atlantes et tu vas aujourd'hui en subir la terrible puissance. Par la Charge de l'Atlantide !

Elias lança son poing droit en direction de Saga, mais rien ne se produisit. Puis une voix, dont Saga ne parvint pas à identifier la provenance, sortit des entrailles de la terre.

- Comment oses-tu, Elias ? Tu as juré fidélité à Arès, tu as défié les chevaliers d'Athéna en sachant pertinemment que je me suis rangé du côté de ma nièce et maintenant tu veux utiliser la technique que je t'ai enseignée ?
- Mais… Mais qui parle, balbutia Elias ?

Un timbre calme et doucement ironique lui répondit.

- Poséidon. Je connais bien sa voix ; après tout, j'ai prétendu le servir pendant treize ans.

Arès, Elias et Saga se retournèrent : Kanon venait de faire son entrée et vint se placer aux côtés du Dieu de la Guerre.

- Chevalier Saga, reprit la voix caverneuse, je te fais l'instrument de ma vengeance. Puisses-tu empêcher les noirs desseins d'Arès. Frappe Elias, je l'ai empêché de bouger : c'est malheureusement la seule aide que je puisse t'offrir.

Saga réfléchit rapidement. Il répugnait à frapper un adversaire dans l'incapacité, même si ce dernier était un être immonde. Toutefois, il lui restait à vaincre ensuite Kanon, avant éventuellement de pouvoir se mesurer à Arès. Il n'avait donc pas le choix.

- Chevalier Elias, tu as trahi tous tes serments, ne recherchant que ton propre profit sans honorer la déesse que tu étais censé protéger et pour laquelle tu devais te battre. Tu as également renié le Dieu qui t'a enseigné ton art. Au nom d'Athéna et de Poséidon, je te condamne donc à mort. Galaxian Explosion !


Poséidon n'avait pas parlé en l'air. Elias ne bougea pas. Il reçut le coup sans pouvoir se défendre. Sa mort fut rapide, pour ne pas dire instantanée.


Un soupir s'échappa des lèvres de Saga, non dénué d'un certain soulagement. Tous les chevaliers Dissidents étaient morts. Saga se retourna vers Arès et Kanon : le dernier acte allait pouvoir commencer. Mais bon sang, où était Shun ?

Saga se remit en garde. Il regarda son frère droit dans les yeux. La flamme qui brûlait dans son regard disait assez avec quelle impatience il attendait la revanche qui allait lui être proposée.

- Allez, Kanon, il est temps d'en finir une fois pour toutes. Nous allons nous mesurer une nouvelle fois, mais ce sera la dernière.
- Tu as raison, chevalier Saga, interrompit Arès. Mais je crains que la fin dont tu parles ne soit la tienne. Chevalier Kanon, tu m'avais confié vouloir éliminer ton frère afin de devenir le seul et unique chevalier des Gémeaux. L'opportunité se présente à toi.
- C'est vrai, fit pensivement Kanon, c'est ce que j'avais dit. Mais après tout, seuls les imbéciles ne changent pas d'avis.

En un éclair, Kanon passa derrière Arès et le retint avec ses bras.

- Saga, je le tiens, frappe !

En un éclair, Saga prit conscience de la comédie jouée par son frère depuis le début. Jamais il n'avait succombé au pouvoir maléfique de la seconde armure des Gémeaux ; il s'était montré suffisamment fort mentalement pour pouvoir y résister. Il avait donc feint d'avoir tourné casaque afin de pouvoir approcher tranquillement ses adversaires.

- Brûle, mon cosmos ! GALAXIAN EXPLOSION !

Saga avait mis tout son cœur, toute sa cosmo-énergie dans cette offensive. Il savait évidemment qu'elle serait insuffisante pour vaincre Arès. Mais il espérait qu'avec l'aide de son frère, il serait capable de le mettre en difficulté. Lorsqu'il relâcha finalement son assaut et que la formidable vague d'énergie se dissipa, un long tressaillement lui parcourut l'échine. Arès se tenait devant lui, souriant : il n'avait pas bougé. Kanon gisait un peu plus loin, le visage tuméfié. Devant le regard interrogateur de Saga, le Dieu éclata de rire.

- Mon pauvre petit chevalier ! Comment as-tu pu penser une seule seconde que ton arcane me toucherait ? Je suis un Dieu, tu ne devrais pas l'oublier. Il m'a fallu moins d'un millionième de seconde pour me dégager de l'étreinte ton frère, de sorte que c'est lui qui a encaissé ta puissante attaque. Quelle ironie, n'est-ce pas ? Après tout, il y a quelques secondes, ne voulais-tu pas le tuer ? Je t'en ai juste donné les moyens. Félicitations, chevalier Saga, tu as réussi à tuer ton frère !
Saga fut à deux doigts de répliquer. Mais il ne fallait pas. Il ne fallait surtout pas perdre son sang-froid et céder à la haine. Arès le dominerait trop vite en ce cas.

- C'est… A… Dire… Que je ne suis pas encore tout à fait mort… Vois-tu Arès, il se trouve que je connais cette technique, puisque je l'emploie également. Je t'accorde que si un autre chevalier d'Or m'avait porté une attaque de cette puissance, j'aurais probablement perdu la vie. Tandis que là, je suis bien vivant. Et nous allons voir si tu peux parer nos deux attaques conjuguées !

Saga regarda Kanon. Il n'en croyait pas ses oreilles. Comment Kanon pouvait-il s'en souvenir ? La technique à laquelle il faisait référence était une technique qu'ils avaient commencé à mettre en commun lors de leur entraînement, il y avait des années de cela. Malheureusement, les évènements avaient fait qu'ils n'avaient jamais pu la mettre au point, et évidemment pas la tester en combat. Pourtant Saga se rendait bien compte que c'était là leur chance de s'en sortir. L'arcane portait en lui-même assez de puissance pour pouvoir étourdir Arès ; mais il fallait que quelqu'un soit là derrière pour achever le travail. Shun…

Saga secoua la tête ; le temps n'était plus aux hésitations. Il concentra son cosmos, tandis que ses deux mains se joignaient en direction du Dieu. Kanon prit la même pose. Les deux frères se sourirent doucement. Ils savaient qu'ils allaient mourir. Que ce soit par la puissance de leur attaque ou de la main d'Arès, leur fin était inévitable. Une nouvelle fois, la puissante aura dorée vint entourer Saga. Elle grandit tellement qu'elle rejoignit celle de Kanon.

- Dimensional Explosion !

Une myriade de minuscules entailles dimensionnelles parcourut le corps de celui qui abritait le Dieu de la Guerre, Arès. Puis vint l'explosion. Elle fut assourdissante. Aveuglante. Lorsque le nuage de poussière disparut finalement, Arès avait disparu. Soupirant, les deux jumeaux relâchèrent leur effort et posèrent en même temps en genoux à terre. Au moment où ils faisaient ce geste, une violente douleur à la nuque leur fit perdre connaissance.

Derrière eux Arès sourit. Certes il avait été touché, il était vain de le nier. Mais il venait de se débarrasser de deux adversaires. D'ailleurs, pour plus de sûreté, il allait leur trancher la tête. Son bras commença sa déclinaison dans l'espace lorsque un éclair argenté apparut de derrière et l'entoura, l'empêchant d'aller plus loin.

- Je te salue, chevalier Andromède, fit Arès sans se retourner.

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Cette fiction est copyright Emmanuel Axelrad et Clément Baudot.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.