Chapitre 24 : La tempête


Le vent s'est levé et souffle à pleine allure. Dans les steppes désertes de Mongolie, sept personnes se font face, séparés par une dizaine de mètres. Cinq d'un côté, deux de l'autre. A gauche d'une ligne imaginaire, se tiennent cinq chevaliers d'Or : du Bélier, des Gémeaux, du Lion, de la Vierge et du Capricorne. A droite, se trouvent Achille, Guerrier de la Vengeance, et sa maîtresse, la déesse Némésis.

Chacun d'entre eux est parfaitement immobile et en même temps prêt à attaquer. Une profonde concentration se lit sur leurs visages. Sur de lui, Achille s'avance de quelques pas et dit :

- Très bien, chevaliers d'Athéna, il vous reste à choisir lequel d'entre vous désire mourir en premier. Je vous laisse deux minutes pour vous décider.

Après ces mots, il leur tourne délibérément le dos pour aller se placer aux côtés de sa maîtresse. Les chevaliers d'Or se regardent. Chacun peut lire chez les autres l'appréhension de devoir affronter un tel guerrier. Puis les chevaliers Alexandre, Hector, Kanon et Yénéa se tournent vers leur chef, le Grand Pope d'Athéna.

- Ainsi, vous pensez que c'est à moi de l'affronter ?
- Je ne poserais pas la question en ces termes, Grand Pope, répondit doucement Alexandre. Mais il est de fait que vous êtes le plus puissant d'entre nous. Je vous ai bien observé. Vous n'avez pas utilisé la moitié de votre puissance. Vous pouvez battre Achille. Nous, non.
- Hector, interrogea Aioros ?
- Je suis d'accord. J'ai déjà combattu cet homme et je pense également que vous êtes le seul à pouvoir le tuer.
- Kanon ?
- Je souhaiterais sincèrement pouvoir te dire : fils de Seiya, ne prends pas de risques inconsidérés, je battrai cet homme. Mais je mentirais.
- Yénéa ?
- Je ne veux pas que tu te battes contre lui. Mais tu es probablement notre seul espoir. S'il parvient à te tuer, alors il ne fera qu'une bouchée de nous.
- En ce cas, j'y vais.
- Bonne chance, souffla Kanon en posant sa main sur l'épaule d'Aioros. Tu vas en avoir besoin.
- Je sais.

Aioros jette un dernier regard à chacun de ses compagnons et s'avance de trois pas.

- Achille, c'est moi, le chevalier d'Or du signe de la Vierge, qui vais t'affronter.
- Je l'espérais, Grand Pope d'Athéna, je l'espérais. D'entre tous, tu es le seul que j'estime digne de se mesurer avec moi. Tu n'en mourras pas moins, je te rassure tout de suite, mais tu mourras avec les honneurs.
- Cesses tes sarcasmes, veux-tu ? Je vais te tuer et de la même façon renvoyer ta maîtresse là d'où elle vient. Je vais lui passer l'envie de vouloir conquérir la terre ! En garde, Achille !

***

Kanon
Honnêtement, je ne me souviens pas d'avoir jamais été aussi stressé avant d'assister à un combat. J'ai beau avoir une confiance aveugle en Aioros, je ne peux m'empêcher d'être très impressionné par la formidable puissance d'Achille. Les voilà qui se sont mis en position. Oh, j'aurais donné réellement n'importe quoi pour pouvoir épargner ce dernier combat à Aioros. Mais, outre le fait que Ramsès ait semé le chaos dans mon esprit, je ne suis pas de taille face à Achille. Mon Explosion Galactique, voire même mon Apocalypse, n'auraient probablement pas beaucoup d'effet sur lui. J'observe attentivement Achille ; on dirait un chat qui s'amuse avec une souris. L'issue du combat ne fait pas le moindre doute pour lui.

Les deux combattants déploient leurs cosmos. Par tous les Dieux, quelles auras ! Ils sont tous deux concentrés au maximum, sans laisser paraître aucune faille.

- Meurs, chevalier de la Vierge ! Sparkling Sword !

Incroyable ! Aioros n'a même pas bougé ! L'attaque d'Achille lui est pour ainsi dire passée au travers !

- Allons Achille, fait-il tranquillement, ne me dis pas que tu espérais me vaincre avec ça ? Tu devrais avoir plus de respect pour les chevaliers d'Or.
- Et pourquoi ? Cette attaque a parfaitement fonctionné face à tes compagnons.
- Ils n'étaient pas prêts à se battre ; moi si.
- Ah bon ? Soit ! Smashing Axe !

On dirait une énorme hache. Sans doute l'arme qu'il a utilisé lors de la guerre de Troie. Pourtant, là encore, Aioros ne bouge pas. Pourtant le coup asséné tuerait la plupart des chevaliers ! La réponse se trouve probablement là : Aioros n'est pas un chevalier comme les autres.

- Tu as fini de jouer, Achille ? A mon tour à présent ! Par la Capitulation du Démon !

Cette technique m'a toujours fasciné. Elle ne projette pas une illusion, n'envoie pas une arme tranchante ou une série de coups.
Elle se contente de repousser l'adversaire par la puissance du mental du chevalier de la Vierge. Il n'y a, à ce moment-là, ni peur ni doute dans l'esprit d'Aioros : juste l'envie de tuer. C'est le seul chevalier d'Or, à ma connaissance, qui puisse utiliser pareille technique. Bien sûr d'autres, moi le premier, utilisent des attaques mentales. Mais aucune d'entre elles n'arrivent à la cheville de celle du défenseur de la sixième maison.

Achille n'y a d'ailleurs pas résisté et s'est retrouvé envoyé paître à une vingtaine de mètres. Pourtant, il se relève sans trop de difficultés, son habituel sourire narquois au coin des lèvres. Lentement, il s'époussette en enlevant la poussière de son armure et revient nonchalamment vers son adversaire.

- Quelle belle attaque, chevalier de la Vierge, quelle belle attaque. Tu me surprends de plus en plus, je dois l'admettre. Bien, nous avons assez joué, ne trouves-tu pas ?
- Si.
- Alors, prépares-toi. Je ne pensais pas avoir à faire appel à ces techniques là contre des chevaliers d'Or, mais il faut savoir s'adapter ! Spinning Tornado !

Dans ma vie de chevalier, j'ai vu nombre d'attaques fondées sur le principe de la tornade. Parmi toutes celles-ci, la plus puissante est sans conteste l'attaque d'Ikki, " Les Ailes du Phénix ".
Cependant, à côté de la tempête que vient de déchaîner Achille, le coup d'Ikki me fait penser à une simple brise. Le sable se met à tourbillonner ; les quelques pauvres arbres plantés autour semblent vouloir s'extirper du sol pour se mettre à voler. Je vois Alexandre et les deux autres qui doivent utiliser leur cosmos, tout comme moi, pour ne pas s'envoler. Je vois Némésis hurler de rire.

Et je vois Aioros, pris dans la tempête, incapable d'en sortir. Je le vois se débattre. Mais il ne peut rien faire contre une telle attaque et doit céder. Je l'entends crier alors qu'il est pris dans la tourmente. Et la tempête devient de plus en plus puissante. Les arbres sont maintenant totalement déracinés et je ne vais pas pouvoir tenir très longtemps… Mes pieds quittent le sol malgré moi. J'ai beau concentrer toute ma cosmo-énergie, je ne peux rien faire. Je vais m'envoler…

Soudain tout s'arrête. Je retombe sur le sol, exténué. Je me relève doucement et vois Alexandre, Hector et Yénéa faire de même. Mais…

- Où est Aioros ?

C'est incroyable. Il a complètement disparu ! Un rire s'élève alors ; celui d'Achille, bien entendu.

- Ah ! Ah ! Ah ! Que c'est drôle !
- Qu'as-tu fait de mon frère, interroge Yénéa en s'avançant ?
- Moi ? Rien. Je me suis contenté de l'envoyer au-dessus de l'eau. A ce moment-là, j'ai arrêté mon coup. Donc, il a du tomber à l'eau, inconscient. Autrement dit, le chevalier de la Vierge est mort.
- Assassin ! Je vais te tuer ! Tu vas regretter ton geste !
- Ah oui, tu crois ?
- Attends Yénéa, tu n'es pas en état. C'est moi qui vais combattre Achille, intervient Alexandre.
- Mais c'est trop d'honneur. Tout le monde veut donc se battre avec moi ?
- Peut-être, mais tu n'en as pas encore fini avec moi !

Comme piqué par une guêpe, Achille sursaute. Il lève les yeux et aperçoit Aioros qui se tient en haut d'une petite colline. Il n'a plus son casque, son armure est fissurée par endroits et il saigne de la joue.

Malgré cela, il est bien vivant et le feu que je vois brûler dans ses yeux me laisse à penser qu'Achille ne va pas avoir la partie facile…

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Cette fiction est copyright Emmanuel Axelrad.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.