Chapitre 25 : Victoire !


Alexandre

On a souvent écrit sur moi, et sur les autres grands conquérants d'ailleurs, que j'avais un feu dans les yeux qu'on ne pouvait pas éteindre. Qu'il fallait que l'on plie devant la force de ma volonté. Je ne sais pas bien si c'est vrai, mais en tout cas, le feu qui brûle en ce moment dans le regard d'Aioros me donnerait la chair de poule si j'étais son adversaire. Malheureusement, il est probable qu'Achille ne partage pas mon avis et qu'il se moque comme de sa première armure du regard de son adversaire.

Ce en quoi, il pourrait avoir tort… Je sens en effet monter le cosmos d'Aioros de manière ahurissante. Déjà que je le trouvais puissant avant, mais là !

Il descend calmement de sa colline et marche droit vers son adversaire. Celui-ci est tout de même un peu estomaqué de le voir toujours vivant, bien qu'il s'efforce naturellement de ne le pas montrer.

- Comme je te le disais tout à l'heure, tu m'impressionnes de plus en plus, chevalier d'Athéna.
- Et tu n'es pas au bout de tes surprises, Achille ! Tu vas regretter très clairement de m'avoir mis en colère !
- Ah ?
- Tu l'auras voulu ! Tu vas devoir faire face à l'attaque la plus puissante du chevalier de la Vierge !

Aioros ferme les yeux et joint, comme pour réciter une prière. Son aura se met à grandir de façon fantastique et… Mais oui, il s'élève ! Il s'arrête à environ trois mètres du sol, sous le regard cette fois franchement surpris d'Achille.

- Guerrier de Némésis, tu es toi aussi très puissant, c'est un fait incontestable. Toutefois, malgré tous tes pouvoirs, tu ne pourras rien faire cette fois-ci. Tu vas recevoir le Trésor du Ciel !
- Le trésor de quoi ? ? ?
- L'attaque du Trésor du Ciel est l'attaque la plus puissante au monde car elle combine à la fois la meilleure défense et la meilleure attaque. Rien ni personne au monde ne peut lui échapper. Tu vas mourir, Achille…
- C'est une plaisanterie ? Ah, Ah, mais qu'est-ce qui m'arrive ? Je ne peux plus bouger ! Je suis complètement paralysé !

Et c'est vrai ! Le Guerrier de la Vengeance semble dans l'incapacité totale de se mouvoir. L'incompréhension la peur, mais surtout la peur, commencent à se lire sur son visage.

- Tu viens de perdre ton premier sens : le toucher. Ensuite, je vais te débarrasser de ton armure, tu n'en auras plus besoin.

Aioros lève sa main droite et prononce quelques mots dans une langue qui m'est inconnue mais qui me rappelle le Perse, ou peut-être l'Indien. Et ça marche ! L'armure d'Achille tombe d'elle-même et se fracasse en un million de petits morceaux sur le sol.

- Par quoi allons-nous poursuivre, Achille ? Le goût, peut-être ?

Un nouveau jet de lumière part d'Aioros et va frapper son adversaire. Ce dernier ouvre la bouche pour parler, mais n'y parvient pas.

- Tu fais moins le fanfaron, à présent. Continuons avec l'odorat. Ablation du troisième sens !

J'éprouve presque une certaine pitié devant ce grand guerrier qui est en train d'être réduit à l'état de légume. Il vient de perdre l'ouie. Il ne lui reste plus que la vue.

- Je vois ton regard, Achille. Il n'a rien perdu de sa flamme destructrice. Très bien, nous allons donc y remédier. Que tes yeux se referment sur le vide !

Le cinquième et dernier jet de lumière vient de frapper Achille et le propulse par terre. C'est terminé. La bataille qui a opposé les Guerriers de Némésis aux chevaliers d'Athéna vient de prendre fin. Aioros se tourne vers nous et s'apprête à nous rejoindre quand… Non, c'est impossible ! Du corps inerte d'Achille s'échappe un violent cosmos ! Il est dix fois plus puissant que tout à l'heure… C'est pratiquement le cosmos d'un dieu ! Brusquement, je comprends. Némésis a triché. Elle vient de prêter sa formidable puissance de déesse à son guerrier, enfreignant par là même les règles du Tournoi.

Achille se relève. Même s'il est privé de ses cinq sens, l'aide que lui apporte sa déesse lui suffit pour nous écraser.

- Chevalier de la Vierge, nous dit-il en nous projetant ses pensées, ton heure est venue. Atomic Lightning !

Son coup est encore plus puissant que le précédent ! Aioros n'a pas pu l'éviter. Heureusement, son armure d'Or semble l'avoir protéger. Tout à coup, j'entends un craquèlement. Puis un autre. Puis encore un autre. C'est… C'est l'armure de la Vierge ! ! ! Elle part en morceaux ! Elle n'a pas pu résister aux cosmo-énergies combinées d'Achille et de Némésis. Aioros est à présent une victime facile. Il ne porte qu'un pantalon et une paire de sandales pour toutes protections. Les larmes me viennent aux yeux en voyant ce vaillant guerrier qui va succomber. Ce qui vaut d'ailleurs pour chacun d'entre nous, car il est évident que nous ne survivrons pas plus qu'Aioros au tandem ennemi.
Achille fait une nouvelle fois brûler son cosmos.

- Chevalier d'Athéna, l'heure est venue de nous quitter. Tu as été un adversaire remarquable, probablement le plus puissant qu'il m'ait été donné d'affronter et sache que je te respecte pour cela. Malheureusement, l'heure de ta fin a sonné. Atomic Lightning !

Cette fois, c'est la fin. Alors qu'il y a quelques instants, j'étais certain de notre victoire, voilà que la volonté d'une déesse a tout remis en question. Au moment où l'attaque va frapper un Aioros qui n'a pas bougé, une lumière éblouissante m'oblige à fermer les yeux. Quand je les rouvre, je ne peux retenir un cri de surprise : Aioros est toujours debout !

Devant lui, se tient une armure d'une beauté incroyable, à couper le souffle. Je n'en jamais vu d'aussi magnifique. Elle dépasse largement les armures d'Or. Mais quelle est cette armure ? Soudain une voix se fait entendre. Elle tonne dans le ciel, sans que l'on puisse savoir à qui elle appartient.

- Déesse Némésis ! Tu as transgressé les règles du Tournoi. En conséquence, moi Shun, chevalier divin d'Andromède prête mon armure à mon neveu Aioros. Revêt cette armure, Aioros et qu'elle te porte vers la victoire que tu mérites !

L'armure se disloque alors et vient recouvrir le corps du Grand Pope.

- Merci mon maître, pouvons-nous l'entendre murmurer. Je tâcherai d'en être digne.

Son aura se met à briller de plus en plus en fort, jusqu'à atteindre des proportions inimaginables !

***

Aioros

Je n'arrive pas y croire. Déjà quand la voix de Shun s'est faite entendre, je n'y ai pas cru. Je la reconnaissais parfaitement, mais je sentais qu'il avait du mal à contenir sa colère. Shun s'est en effet toujours battu avec beaucoup d'équité et abhorre au plus haut point la tricherie. C'est un des nombreux enseignements qu'il m'ait appris tout au long de mon entraînement. Il m'a également appris les techniques qu'il maîtrisait, tout en me recommandant de n'y faire appel qu'en cas d'extrême nécessité. Il n'avait guère besoin de me le dire car mon mode de pensée est plus ou moins calqué sur le sien. Toutefois, le temps des demi-mesures est terminé. Si je veux avoir une chance de vaincre Achille, je ne dois plus lésiner sur les moyens. Je fais donc brûler mon cosmos, l'autorisant à atteindre une intensité que j'avais toujours tenté de réfréner.

- Achille, es-tu prêt pour le dernier assaut ?
- Prêt.
- Par la Tempête Nébulaire !
- Atomic Lightning !

***

Kanon

La rencontre dans les airs de ces deux attaques surpuissantes m'obligent une nouvelle fois à fermer les yeux. Lorsque je les rouvre, Achille est à terre, le sang s'écoulant partout autour de lui. Aioros, lui, fait face à Némésis.

- Tu as perdu, Déesse. La Terre restera à Athéna. Il est temps pour toi de repartir là d'où tu viens.
- Ouh que non ! Je n'ai pas encore perdu !

D'un geste, elle envoie balayer Aioros comme un fétu de paille. Yénéa se précipite vers lui, tout comme nous. Némésis s'avance vers nous, avec manifestement la ferme intention de tous nous détruire. Je me tourne alors vers Hector et Alexandre.

- Ecoutez-moi, nous n'avons pas 36 solutions. Aioros et Yénéa ne sont plus en état de combattre. Il n'y a donc plus que nous trois. Nous devons nous allier, si nous voulons avoir une chance.
- Mais comment, demande Hector ? Comment vaincre une déesse ?
- Il n'y a qu'une seule solution : l'attaque de l'Ombre.
- L'Athéna Exclamation ? ! ! ! Mais tu es devenu fou !
- Non il a raison, intervient Alexandre. Kanon, tu prends la position centrale. Hector, tu te mets à sa droite. Adieu, chevaliers, cela a été un honneur de combattre à vos côtés.

Nous prenons la position dite de la Trinité et attendons patiemment le moment où nous allons utiliser nos ultimes forces pour combattre une déesse.

- Vous croyez vraiment que vous allez me vaincre ? Vous êtes ridicule ! Je vais tous vous tuer et la Terre sera à moi !
- Ca, j'en doute !
- Qui a parlé ?

Némésis se retourne vivement et voit douze personnes, vêtues uniquement de toges, qui lui font face. Ils sont d'âges différents. Certains sont âgés, comme en témoignent leurs longues barbes blanches. D'autres au contraire semblent dans la pleine force de l'âge. Néanmoins un trait leur est à tous commun. Ils ont tous une puissante aura qui les entoure. Elle est de la même couleur pour tous, d'une blancheur presque virginale. L'un d'eux, celui qui paraît le plus âgé et cependant le plus sage, s'avance vers Némésis.

- Mais… Mais… Vous êtes ?
- C'est exact, Némésis. Nous sommes les Douze Olympiens. Tu as trahi les règles du Tournoi Divin que tu avais lancé. De ce fait, en tant que chef du conseil des Dieux, je te condamne à mort.
- Ne sois pas ridicule, Zeus ! Je suis une déesse, je ne peux pas mourir.
- Mais, si. Il suffit que tous les Olympiens joignent leurs forces en une seule attaque et tu ne pourras y survivre. Adieu, Némésis. Chevaliers d'Athéna, je vous conseille de fermer les yeux. Faute de quoi, vous pourriez devenir aveugles.

Nous suivons naturellement le conseil du Père des Dieux. Au bout de quelques instants, un cri terrible se fait entendre, suivi d'une explosion de lumière et puis plus rien. Lorsque nous rouvrons finalement les yeux, onze des dieux ont disparu; ne reste que Zeus qui s'adresse à nous en ces termes.

- Les autres dieux sont retournés sur l'Olympe. Mais avant de les suivre, je voulais d'abord vous remercier, chevaliers d'Athéna. Une nouvelle fois, vous avez accompli des miracles. Toutefois, je suis également porteur de mauvaises nouvelles. Hector, Yénéa, j'ai assisté aux prémisses de votre amour ; malheureusement, il n'a pas d'avenir. En vertu des lois de la vie et de la mort, je suis obligé de renvoyer Alexandre et Hector au Pays des Ombres.
- Non, s'écria Yénéa. Je ne veux pas !
- Je suis navré, Yénéa. Mais je n'ai pas le choix. De toute façon, même si je pouvais les laisser vivre, imagines-tu ce que serait leur vie au XX ème siècle ?
- Il a raison, Yénéa.
- Hector ? ? ? Mais comment peux-tu être d'accord avec lui ? Je… Je t'aime.
- Moi aussi, Yénéa. Mais nous n'avons pas le choix. Adieu, mon amour. Zeus, ajoute-t-il en se tournant vers le roi des Dieux, je suis prêt.
- Moi aussi, fait Alexandre.

L'aura de Zeus se met à grandir de manière incroyable. Les nôtres brillent également, en réponse à la sienne. Puis il disparaît ; je sens mon corps qui s'enfonce dans la terre, qui la rejoint, qui se fond en elle.

Epilogue

Aioros

Voilà maintenant près de deux mois que nous sommes revenus de Mongolie. Après la liesse qui nous a accueilli, nous avons goûté, Kanon, Yénéa et moi, un repos bien mérité. Toutefois, tout n'a pas été rose, loin de là. Pendant plusieurs jours en effet, ma sœur a refusé de parler à quiconque. Elle est restée enfermée dans la demeure du Capricorne, mangeant à peine ; manifestement la perte d'Hector, surtout aussi soudaine que son amour pour lui a été très difficile. Elle ne voulait parler à personne et j'ai eu le plus grand mal à ce qu'elle accepte ma présence, même silencieuse.

Puis elle a fini par sortir de sa réclusion volontaire. Environ un mois après, à la demande de Kanon, j'ai réuni le conseil des chevaliers d'Or encore en vie. A notre grande surprise, il est venu accompagné de deux adolescents d'une vingtaine d'années, lui ressemblant étrangement.

- Grand Pope, permets-moi de te présenter mes fils, Saga et Seiya. Je les ai entraînés moi-même dans les Steppes de Mongolie. Je viens te demander aujourd'hui de les accepter parmi nous en tant que chevaliers.
- C'est vrai qu'ils ont l'air puissants. Je sens leur cosmo-énergie. Saga, quel est ton signe zodiacal ?
- Cancer, Grand Pope.
- Et toi, Seiya ?
- Sagittaire.
- Nom de Zeus, encore un, m'écriai-je en éclatant de rire ! Bienvenue parmi nous, chevaliers d'Athéna !

Et si l'histoire n'était qu'un perpétuel recommencement ?

Fin

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Cette fiction est copyright Emmanuel Axelrad.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.