Chapitre 19 : Le chevalier du Bélier


Aioros

Jabu se met tant bien que mal en garde et fait brûler son cosmos. Faible cosmos en vérité ; je ne suis pas du genre à sous-estimer mon adversaire, mais là je ne vois franchement pas comment il va pouvoir me vaincre. Pourtant je décèle en lui cette énergie du désespoir qui anime les grands combattants. Cette même énergie qui a autrefois animé mon père et ses amis.

- Par la Corne Sacrée !

Je ne bouge même pas. Je suis un chevalier d'Or et peux de ce fait me déplacer à la vitesse de la lumière. Or l'attaque de Jabu dépasse à peine la vitesse du son. C'est alors que je me rends compte que son armure, censée être une armure de Bronze, à pratiquement le même rayonnement que la mienne. Pratiquement. C'est probablement Némésis qui a permis à sa protection d'atteindre un tel niveau. Mais aussi puissante soit-elle, elle ne peut égaler le savoir du peuple de Mû et Kiki. Je lève mon bras et envoie un jet de lumière vers mon adversaire. Ce jet traverse son armure au niveau de l'aisne. Jabu regarde sa blessure, incrédule.

- Mais comment ? Némésis en avait fait une armure d'Or ! Alors comment est-ce possible ?
- Non, Jabu, dis-je d'une voix douce. Ton armure n'est pas une armure d'Or. Ce n'est qu'une simple armure de Bronze sur laquelle ta déesse avait fait un petit tour de magie. Regardes-là ! Elle redevient Bronze.

Effectivement, à l'endroit où mon attaque l'avait frappé, son armure retrouvait sa couleur originelle.

- Nooooooonnnnnnn, hurle-t-il en se prenant la tête à deux mains !
- Jabu, écoutes-moi. Il est temps de cesser ce combat stupide. Tu peux encore vivre, tu n'as pas perdu trop de sang. Mais si tu persistes dans ton attitude, tu mourras sûrement.
- Je suis déjà mort, idiot ! Que m'importe de mourir à nouveau ? Je vais te tuer !
- Non, tu ne le feras pas.
- Et pourquoi ?
- Parce que tu ne pourras pas ! Jabu, je t'en prie, arrêtes !

Des larmes perlent sur le visage du chevalier de la Licorne. Au fur et à mesure qu'elles tombent sur son armure, celle-ci reprend son aspect originel. Au bout de quelques instants, elle a retrouvé sa forme normale. Il relève la tête. Toute souffrance semble avoir disparu et ses traits sont de nouveau sereins. Difficilement, car le sang s'échappe de son corps par de nombreux points, il s'agenouille devant moi.
- Je te demande pardon, Grand Pope. Je me suis laissé aveugler par ma haine, je ne me contrôlais plus. Je vais expier mes fautes. Cela a été un grand honneur que de te rencontre, fils de Seiya. Adieu.

Jabu se retourne et s'élance vers les guerriers de Némésis en faisant brûler son cosmos.

- Jabu, non, ne fais pas ça !
- Par la Corne Sacrée !

Un éclair. Achille a tendu son bras droit et sa main est allée transpercer la protection du chevalier de la Licorne pour se ficher dans son cœur.

- Jabu !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Une rage sourde s'est emparée de moi. J'ai du mal à contrôler la haine que j'éprouve à présent pour Achille. Pour la première fois de ma vie, mon légendaire sang-froid ne m'est d'aucune utilité. Toutes mes pensées, tout mon être ne vit que pour une seule chose : la mort de ce fou sanguinaire.

- Achille, tu vas payer ton crime ! Moi, Aioros, Grand Pope d'Athéna et chevalier d'Or de la Vierge, je fais le serment de te tuer. En garde, Achille, tu vas perdre la vie !!!
- Tes sentiments t'égarent chevalier, me répond tranquillement Achille. Avant de m'affronter, il va falloir que tu viennes à bout de Satolia. Ensuite, et seulement ensuite, tu pourras venir périr de mes mains.
- Je te ferai ravaler tes sarcasmes dans la gorge ! Souviens-toi de mon défi, Achille ! Tu ne pourras pas m'échapper !

Le guerrier de Némésis me tourne le dos ostensiblement, comme si mon défi ne lui faisait ni chaud, ni froid. Manifestement, il se considère tellement supérieur à nous qu'il n'a aucun doute sur l'issue du combat. Je serre rageusement les poings. Tu ne perds rien pour attendre, Achille. Je te vaincrai…

***

Alexandre

J'ai goût de bile dans la gorge. Quelle raison avait Achille d'agir de la sorte ? Ne pouvait-il pas avoir un minimum de respect pour ce Jabu ? Qu'ai-je été me mettre dans ce camp ? Némésis ne défend aucun des idéaux qui m'étaient chers. Elle a uniquement pour but l'asservissement de la Terre. Elle se moque des hommes et utilisera tous les moyens possibles et imaginables pour parvenir à ses fins. Et voilà que je dois combattre un homme qui a eu le courage de tourner casaque et de rejoindre le camp de la justice. Au nom de quoi, au nom de qui dois-je me battre contre lui ? Je vois dans les yeux de mon adversaire la même répulsion à se battre.

Pourtant, il défend une cause juste, une cause que j'ai autrefois défendue. Revoir les chevaliers d'Athéna dans leurs armures a réveillé des souvenirs en moi que je croyais enfouis à jamais au plus profond de mon être. J'étais alors également un chevalier de la Justice. J'étais alors un chevalier d'Athéna. J'étais Alexandre, chevalier d'Or du signe du Bélier, gardien de la première maison du Sanctuaire !

Tout à coup une forte lumière apparaît. Une forme indistincte se précise petit à petit. On dirait… Mais non, c'est impossible ! L'armure d'Or du Bélier se tient juste devant moi. C'est alors que je comprends. Je comprends où m'a mené ma réflexion. Je n'ai pas vocation à être un guerrier de Némésis. Je n'ai pas ressuscité pour être un Guerrier de la Vengeance. Je suis revenu parmi les hommes pour aider les chevaliers d'Athéna !

Alors, sous les yeux ébahis des chevaliers d'Or et furieux de mes anciens condisciples, je me débarrasse de la pitoyable protection que m'avait offerte Némésis, pour revêtir à nouveau, près de deux mille trois cent ans après, l'armure du Bélier. J'éprouve une sensation incroyable de plénitude. Comme si j'avais été amputée d'une partie de moi-même tant que je ne portais pas cette armure. Lentement, je me dirige vers le chevalier de la Vierge, cet homme qui défend les mêmes idéaux que moi. Arrivé à quelques pas de lui, je le regarde fixement dans les yeux. Son regard clair et franc me démontre une nouvelle fois, si besoin était, que mon choix est juste. Je ploie le genou devant lui et baisse la tête.

- Grand Pope, moi Alexandre, chevalier du Bélier, jure solennellement fidélité à la déesse Athéna et de me battre pour sa cause jusqu'à mon dernier souffle.

Aioros me tend ses mains. Je les serre amicalement et me relève. Je me retourne et fait face à mes anciens alliés. Ils ne sont à présent plus que quatre, alors que nous sommes six chevaliers d'Or. La dernière ligne droite est à présent devant nous. Il est l'heure de vaincre !

***

Gengis Khan

De dégoût, je crache par terre. Hector, Alexandre et ce Jabu me dégoûtent. Certes j'ai beaucoup de défauts, mais je suis loyal. Quand j'accepte de me donner un maître - ce qui n'est pas souvent, je le reconnais -, je lui fidèle jusqu'à la mort. Et tout ça sous prétexte que ces messieurs étaient d'anciens chevaliers d'Athéna. La chevalerie ! Quel sentiment dépassé ! Mais que croient-ils donc ? Que la fraternité, l'amour entre les hommes sont autre chose que des chimères ? De tous temps, l'homme a fait la guerre. Il est né pour se battre. En lui se trouve l'instinct de domination de son prochain. Il suffit juste de le faire ressortir pour le transformer en machine de guerre. La loi du plus fort est toujours la meilleure. Regardez ce qui s'est passé tout au long de l'histoire humaine. A chaque fois qu'un conquérant s'est manifesté et a imposé sa loi, les hommes se sont empressés de lui obéir comme s'il était un dieu vivant.
Il faut imposer la crainte à ses adversaires et sujets. Plus ils vous craindront, plus ils feront d'erreurs en vous affrontant. Je jette un coup d'œil vers mes compagnons. Un sourire ironique et carnassier sur les lèvres d'Achille me laisse à penser que les chevaliers d'Athéna auront beaucoup de mal à nous vaincre. Curieusement, la volte-face d'Alexandre n'a pas l'air de le surprendre plus que cela. Ramsès non plus d'ailleurs ; il a en effet croisé les bras et attend patiemment que son adversaire lance la première attaque. Enfin, Satolia garde les yeux clos. Je voudrais bien savoir ce qu'il se passe dans sa tête. Lui aussi est un ancien chevalier d'Athéna. Va-t-il aussi nous trahir et se ranger du côté de cette déesse de pacotille ?

En attendant, il faut que je terrasse cette gamine. Décidément, après les Chinois, je descends encore. Probablement me faudra-t-il affronter ensuite un nourrisson ? J'examine mon adversaire. Un assez joli visage, ma foi. C'est dommage de se dire que dans quelques minutes, il sera défiguré par la douleur et couvert de sang…

- Allons-y, chevalier d'Athéna. Plus vite je t'aurais tué, plus vite je pourrais m'occuper de tes petits amis.
- Ne sois pas trop fanfaron, Gengis Khan. Je suis loin d'être vaincue.
- C'est ce que tu crois ! Allez, finissons-en. Reçois le Wind Blast !

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Cette fiction est copyright Emmanuel Axelrad.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.