Chapitre 20 : Pallas


Yénéa

J'éprouve un sentiment curieux. Il y a à peine une demi-heure, j'ai succombé aux blessures que m'a infligé Hector. Pourtant la déesse m'a permis de revenir à la vie en se servant de mon corps pour ramener le guerrier de Némésis dans le droit chemin. Et me voilà à présent face à Gengis Khan, l'assassin de mon cousin Xian. Je me sens investie d'une mission, comme si la défaite m'était interdite. Non seulement pour la sauvegarde de l'humanité, mais aussi par respect pour la mémoire du vaillant chevalier du Scorpion.

Son attaque est terrible… Une tempête d'une puissance redoutable qui s'abat sur moi et j'ai du mal à l'éviter, je sens que je vais céder… Il ne faut pas…

- Aaahhhhh ! ! !

***

Achille

J'aime m'amuser avec mes proies. J'aime savoir que la peur qui se lit sur leurs visages, c'est moi qui la provoque. La sueur qui coule de leurs fronts, leurs mouvements qui se font plus incertains, leurs attaques moins puissantes… Tout cela me donne un sentiment de puissance, je dirais même d'invincibilité. Franchement, si vous aviez pu voir la tête que faisait ce chevalier du… Du quoi déjà ? Ah oui, du Taureau… Quand j'y pense, quelle plaisanterie ! Quand je pense que des êtres aussi faibles ont pu revêtir une armure d'Or… Il y a vraiment de quoi rire. Parce que j'ai déjà affronté, par le passé, des chevaliers d'Or. Et oui, puisque Hector est le chevalier du Lion. Je dois reconnaître que ce dernier possédait une cosmo-énergie remarquable, peut-être même plus puissante que la mienne. Mais, encore une fois, l'expression qui est apparue sur son visage lorsque Athéna l'a abandonné était d'un drôle… On aurait dit un petit garçon laissé par sa maman ! A ce moment-là, le combat était terminé. Trop préoccupé par des éléments extérieurs, sa concentration était trop volatile et je n'ai eu aucun mal à me défaire de lui. C'est d'ailleurs, à mon avis, le seul opposant à ma mesure aujourd'hui, avec Alexandre, probablement. Quoique ce chevalier de la Vierge m'intrigue. Il se dégage de lui une impressionnante sérénité, comme si les événements extérieurs n'avaient pas de prise sur lui. J'espère qu'il vaincra le chevalier du Faucon, parce que je voudrais bien l'affronter. Tout à coup je reçois un violent coup dans le ventre. Sous le choc, je me retrouve face contre terre. Mon adversaire a profité de ma distraction momentanée pour m'attaquer. Je ne saurais le blâmer, j'aurais agi de la même façon. Je ne lui ai pas prêté attention et il m'a puni immédiatement. Toutefois, je ne peux pas dire que son coup m'ait fait réellement mal. Je le regarde. Indiscutablement, il est beau. Ses longs cheveux noirs encadrent son fin visage.
Pourtant, malgré sa beauté, je discerne les premiers signes de peur en lui. Il n'est pas rassuré. Allons, ne perdons plus de temps, il faut en finir.

- Chevalier du Sagittaire, tu as eu tort de ne pas chercher à profiter de ton avantage sur moi. Tu aurais du m'achever pendant que j'étais à terre. Mais bien entendu, les braves chevaliers d'Athéna ne sauraient s'abaisser à frapper un homme à terre. Dommage pour toi, tu viens de laisser passer ta seule chance de me vaincre.
- Ne sois pas trop sûr de toi, Achille. Tu pourrais le regretter !
- Tu es brave, chevalier. En conséquence, je vais t'offrir une chance. Vas-y, frappes-moi, je n'esquiverai pas. Je vais subir ton coup de plein fouet sans broncher.

Je vois la colère apparaître sur son visage. Très bon signe pour moi, encore une fois. Un combattant aveuglé par la haine perd une grosse partie de ses capacités. Toutefois l'aura qu'il déploie est intéressante. Allons, peut-être vais-je pouvoir me dégourdir un petit peu !

- Atomic Bolt !

Une succession de rayons lumineux allant à une lenteur indescriptible… C'est comme cela que je suis obligé de décrire l'attaque de mon adversaire. Aucune imagination, trop peu de puissance pour m'atteindre ; bref, un jeu d'enfant à parer pour moi. Quand il stoppe son attaque, je vois son air surpris.

- Mais… Mais c'est impossible ! Comment as-tu fait ?
- Tu sembles oublier qui tu affrontes, chevalier d'Athéna. Je ne suis pas un de ces minables que tu as pu combattre au cours de ta pathétique existence.
- Pathétique ? Mais qui es-tu pour juger que ma vie est pathétique ? Pour qui te prends-tu ? Qu'est-ce qui te fait croire que tu es tellement supérieur ?
- Le fait que je sois invincible, probablement…
- Ah ? Et la flèche que te décocha Pâris des hauts des murailles de Troie ?

Cette flèche du Parthe m'atteint en plein cœur et me fait bien plus mal que sa précédente attaque. Elle me fait prendre conscience d'une chose certaine : je ne suis pas invincible. Je ne suis pas invincible. Du moins je ne l'étais pas. A présent que je connais ma faiblesse, j'ai recouvert mon talon droit qui est sans doute la partie de mon corps la mieux protégée.

- Tu as raison sur un point, chevalier. Pâris a bien eu raison de moi. Toutefois, j'ai eu la chance d'avoir une seconde vie et de pouvoir corriger mes erreurs. Mon talon est à présent parfaitement protégé. Il est temps pour toi de mourir.

***

Satolia

Ainsi, après avoir été le frère d'un Grand Pope, je vais en affronter un.
Ne vous méprenez pas, je n'ai aucune envie de tourner casaque une nouvelle fois et de rejoindre les rangs d'Athéna comme l'ont fait Hector et Alexandre. J'ai juré fidélité à Némésis et je mourrai pour elle, comme je suis mort pour Athéna autrefois. Toutefois, je ne considère pas mes deux anciens condisciples comme des traîtres pour autant. Je pars du principe qu'un homme est libre de ses choix. Je regarde mon adversaire. Indiscutablement, il est puissant. Plus que moi ? Le combat en décidera. Il me rappelle Shion, pas certains côtés. L'air calme et serein qu'il porte sur son visage ressemble beaucoup à celui qu'arborait Shion en permanence. C'est curieux, je n'ai quasiment rien ressenti en affrontant Kiki, pourtant un membre de ma famille, et là… Un sentiment curieux se fait jour en moi, comme si j'avais envie de reconnaître cet homme comme mon maître ; ou plus exactement, comme le représentant de ma maîtresse. Mais je ne le peux pas. Car je ne suis pas un chevalier d'Athéna ; je ne l'ai jamais été. Je vois des sourcils se froncer à la lecture de cette phrase. Pourtant, c'est vrai je vous assure. Une preuve ? Vous savez que les chevaliers d'Athéna portent des armures en rapport aux constellations. Vous avez déjà entendu parler d'une constellation du Faucon, vous ? Vous voyez bien. Mon histoire, si vous avez le courage et surtout l'envie, de l'écouter, est une histoire curieuse.

Je vous ai dit que j'étais le frère de Shion. C'est vrai et c'est faux à la fois. Nous avons été élevés ensemble comme deux frères, mais nous n'avons pas eu les mêmes parents. Je sais que la légende veut que les chevaliers d'Athéna soient tous des orphelins, mais ce n'était pas notre cas. Shion avait à peine un an, lorsque ses parents ont entendu un nourrisson hurler. Ils ont tout d'abord naturellement cru qu'il s'agissait de leur fils avant de se rendre compte que les cris provenaient du dehors. C'est ainsi qu'ils m'ont trouvé, devant leur porte, emmitouflé. Mes parents adoptifs étaient des gens simples ; ils ne se sont pas posés de question et m'ont élevé comme leur propre fils. Shion a très vite manifesté des dispositions pour le combat et son cosmos est apparu très tôt. Un jour un homme est venu pour dire à mes parents qu'il venait emmener Shion pour qu'il devienne un chevalier d'Athéna. Mais Shion ne voulait pas partir sans moi alors l'homme nous emmena tous deux. Il s'appelait Xing et était le chevalier d'Or du signe du Bélier.

C'était un homme simple et bon. Il était déjà âgé quand il commença à nous former. Il devint vite évident que Shion serait son successeur. Alors que j'en étais encore à balbutier mes katas, il maîtrisait pratiquement son 7ème sens. Le jour où il reçut son armure, je fus fous de joie pour lui. Notre vieux maître mourut peu de temps après. Shion poursuivit alors mon entraînement, mais je n'y arrivais pas. Un jour où je venais d'échouer pour la centième fois peut-être à faire brûler mon cosmos dans la maison du Bélier, je ne pus retenir un cri.

- J'en ai marre ! Je n'arriverai jamais ! Je ne suis pas fait pour être chevalier.
- Tu dis des bêtises, petit frère. Tu vas y arriver. Regarde, j'y suis bien parvenu, moi.
- Peut-être, mais ce n'est pas moi que le maître est venu chercher à la maison.

Je tournai les talons, peu désireux de continuer ce dialogue que je savais stérile et m'en fus. J'ai marché pendant des jours, peut-être même des mois. Un jour, je suis arrivé près d'une grotte. Mû par une curiosité qui ne m'était guère habituelle, je suis rentré dedans. Il y avait quelque chose à l'intérieur qui m'attirait. Au détour d'une galerie, j'aperçus une armure. Mon étonnement fut grand, car personne ne m'avait parlé d'une armure dans les environs. De plus, à ma connaissance, toutes les armures ou presque avaient un propriétaire et les quelques-unes qui n'en avaient pas étaient disséminées aux quatre coins de la planète. Je la touchai et immédiatement me senti en harmonie avec elle. L'espace d'un instant je fus euphorique : j'avais bel et bien un cosmos puisqu'une armure répondait à mon muet appel. Tout à coup, une voix se fit entendre.

- Ce n'est pas réellement une armure d'Argent, que tu vois là, Pallas.
- Pallas ? Mais mon nom est Satolia.
- Non, Satolia est le nom que t'ont donné tes parents adoptifs.

Je fronçai les sourcils. Si mes connaissances mythologiques étaient correctes, Pallas était l'amie d'Athéna…

- C'est ça, Pallas. Ton âme s'est réincarnée dans le corps de ce jeune garçon, pour me porter une nouvelle fois assistance.
- Je vous protégerai jusqu'à la mort, Athéna. Mais cette armure ?
- C'est moi qui l'ai construite et non Héphaïstos.

Lorsque je revins au Sanctuaire, revêtu de mon armure, mon frère ne manifesta aucun étonnement. J'étais, pour lui, comme lui, un chevalier d'Athéna. Voilà vous savez d'où je viens, qui je suis réellement et comment j'obtins mon armure. Comment ai-je été amené à trahir celle à qui j'avais juré fidélité ?

Au prochain chapitre…

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Cette fiction est copyright Emmanuel Axelrad.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.