Chapitre 14 : La gloire de son père


Hector

Soyons francs, son attaque ne m'a pas surpris le moins du monde. Je sais bien que les chevaliers d'Or peuvent se déplacer et lancer des coups à la vitesse de la lumière, mais pour moi, c'est encore trop lent. J'ai largement le temps de décortiquer sa technique. C'est une succession d'épées qui se dirige vers moi. Je les évite assez facilement mais je dois m'employer plus que je ne l'aurais cru. Mentalement je me rabroue. Il faut vraiment que je cesse de sous-estimer mes adversaires ! Cela m'a déjà coûté la vie contre Achille et voilà que je recommence.

Oh je sais, Homère et ses successeurs ont tous dit qu'Achille m'était supérieur, qu'il était protégé des Dieux, etc. Mais la vérité est autre. Achille et moi étions les deux plus puissants guerriers de notre temps, c'est un fait acquis. Mais ce que personne ne sais, c'est que moi aussi j'étais protégé par un dieu, en l'occurrence une déesse. Personne ne l'a jamais su. Et pour cause, qui aurait pu le savoir ? Pour comprendre, il me faut expliquer quelques détails.

Je suis, ou j'étais je ne sais plus très bien, le fils aîné de Priam, roi de Troie. Pendant mon enfance, alors que je m'entraînais au maniement des armes, une voix se mit à me parler.

- Hector, je suis la déesse Athéna. Je suis venue te demander de te mettre à mon service. En échange, je t'accorderai ma protection envers et contre tous. Qu'en dis-tu ?

Que vouliez-vous que je répondisse ? Bien entendu j'acceptai. Dans un premier temps, je découvris qu'Athéna ne m'avait pas menti. J'étais le plus puissant guerrier de Troie et j'ai longtemps cru que nul ne pourrait me vaincre. Jusqu'à ce jour funeste où cette maudite déesse m'a abandonné en plein combat face à Achille. Je ne pouvais pas lutter à la fois contre un homme et les Dieux. J'ai donc logiquement été vaincu. C'est pour cela que lorsque Némésis est venue me trouver, j'ai vu l'occasion de me venger d'Athéna. Pourtant, je l'avoue sans détour, me battre avec une femme me déplaît. Je la vois devant, saignant de toutes parts. Je m'aperçois alors de sa beauté. Son visage est doux mais son regard brille de rage. Je reconnais bien là la fille du chevalier Pégase. Peut-être qu'en d'autres temps, elle et moi pourrions… Allons il faut que je chasse ces idées de ma tête. Bien que cette tâche me répugne, il me faut l'achever.

- Chevalier du Capricorne, je rends hommage à ta bravoure et à ta vaillance. Néanmoins ces deux qualités ne seront pas suffisantes pour me battre. Par respect pour toi, je vais mettre un terme à tes souffrances. Trojan Arrows !

Alors que mes flèches partent, je la vois concentrer son cosmos et lâcher :

- Par le Saut Foudroyant !

Incroyable ! Elle m'a renvoyé ma propre attaque ! Elle m'a touché ! Une de mes flèches m'a transpercé le bras gauche. Toutefois il semble que ce sursaut d'orgueil soit le dernier. Mon adversaire gît en effet à mes pieds, épuisée. La mort n'est plus qu'une question de minutes pour elle. Je refuse de l'achever et me retourne, prêt à aller retrouver ma maîtresse et attendre d'autres adversaires.

- Attends…

Je me retourne immédiatement, comme piqué par une guêpe. Je ne peux pas y croire. Un cosmos émane d'elle et… Et elle se relève !

- Le… Le combat n'est pas terminé, Hector. Tu n'as pas encore gagné.
- Mais enfin, sois raisonnable ! Tes attaques ne peuvent me toucher et même si tu es parvenue par un miracle à me renvoyer mes flèches, tu ne pourras rien contre mes autres attaques. Abandonne, Yénea, je t'en prie. Laisses la mort venir te chercher.
- Comment oses-tu ? Comment oses-tu m'insulter ? Crois-tu que je vais rester ainsi alors qu'il reste tant à faire ?
- Soit, puisque tu veux combattre, il en sera fait selon ton désir. Mais je te rappelle une nouvelle fois que tes attaques seront inefficaces contre moi. Je les ai déjà vues.
- Qu'importe, j'en ai d'autres ! Par les Griffes du Tonnerre !

Je soupire intérieurement et lève le bras droit pour parer son attaque. Elle est assez puissante, c'est vrai, mais contre moi… Je ne sais pas quoi faire. Si je l'épargne, un autre guerrier de la Vengeance la tuera de sang-froid ; je ne peux pas accepter ça.

- Yénéa, je vais, à mon grand regret, devoir te tuer. Mais pour être sûr que tu ne survivras pas cette fois, je vais employer une autre technique. Adieu, Yénéa. Great Vengeance !

Ma boule de feu va directement atteindre Yénéa en plein cœur. Certes l'armure d'Or en absorbera une bonne partie, mais malheureusement, ce ne sera pas assez. Une nouvelle fois, Yénéa tombe à terre. La mare de sang qui s'échappe de son corps est de plus en plus importante. Je ferme les yeux pour ne pas voir ce spectacle qui me répugne. Mais… Mais, c'est impossible ! Elle se relève encore !

- Mais où puises-tu ton énergie, Yénéa ? Qu'est-ce qui te permets de te relever encore et encore ?
- Mon père.
- Ton père ?

- Oui, mon père, ce vaillant guerrier que tu t'es permis de dénigrer tout à l'heure. Mon père, avec l'aide de ses frères a vaincu tous les obstacles qui se dressaient sur sa route pour sauver le monde. Et par Athéna, je jure de suivre son exemple ! A moi Excalibur !

Je saute légèrement pour éviter son coup et je sens un sourire ironique apparaître sur mon visage.

- Athéna, dis-je d'un ton narquois, Athéna est une menteuse ! Apprends jeune fille qu'il fut un temps où je servais cette déesse. Lors de mon combat contre Achille, elle m'a lâchement abandonné.
- Tu mens ! Athéna est pure et je suis fière de la servir. Tu ne dis cela que pour brouiller mon esprit.
- Non, Yénéa. Je te promets que je te dis la vérité.
- Non, je ne te crois pas ! Tu vas payer !

Son cosmos s'enflamme et atteint des proportions incroyables. Il dépasse même le mien ! Mentalement, je ne peux m'empêcher de rendre hommage à mon adversaire. Quand je pense que si Athéna ne m'avait pas trahi, je serai de son côté.

- Tu te trompes, Hector, je ne t'ai pas trahi.

Cette voix… Cette voix ! C'est celle d'Athéna ! Mais où est-elle ? Mais elle vient de Yénéa !

- Je ne t'ai pas trahi, Hector.
- Alors pourquoi m'as-tu abandonné ?
- Je n'ai pas eu le choix. Mon père m'a ordonné de cesser la protection dont je t'entourais afin que Agamemnon, Ulysse et les autres triomphent de Troie. Je devais lui obéir.
- Je ne te crois pas, criais-je alors que des larmes me venaient aux yeux.

Est-ce possible ? Est-ce possible qu'en fin de compte Athéna ne m'ait pas abandonné ?

- Non, c'est encore une de tes ruses ! Et puisque tu as choisi ce corps pour t'adresser à moi, je vais le tuer sur-le-champ. Je te hais Athéna pour tout le mal que tu m'as fait. Great Vengeance !

Yénéa, ou plutôt Athéna car l'esprit de la jeune fille semble endormi, ne bronche pas. Mon attaque lui passe au travers sans la toucher.

- Je ne suis pas encore vaincu. Great Vengeance !
- Excalibur !

Une fois encore, mon attaque ne lui fait aucun mal. Ce qui n'est pas le cas de la sienne. Visiblement plus puissante grâce au cosmos d'Athéna elle me frappe de part en part.

- Je t'en prie, Hector, cessons de nous battre. Acceptes mes excuses et rejoins-moi.
- Quoi ?
- J'ai besoin de toi. Némésis ne doit pas vaincre.
- Vous me demandez…
- Je te demande de redevenir un de mes chevaliers, Hector de la constellation du Lion.

A ce moment-là, l'armure d'Or de la Constellation du Lion apparaît devant moi. Je ne comprends plus rien. Je tombe à genoux et me prends la tête entre les mains. Que m'arrive-t-il ? Finalement je me rends compte que ce n'est pas Athéna qui m'a trahi, mais le contraire. J'ai cessé de croire en Athéna sans lui laisser une chance de s'expliquer.

- Je suis un moins que rien, déesse Athéna, et j'implore votre pardon.
- Je te l'accorde bien volontiers, Hector.
- Je passerai le reste de cette existence à faire pénitence et à me battre pour la survie du monde. Mais je voudrais vous demander…
- Oui ?
- Cette jeune fille, va-t-elle mourir ?
- Elle a cessé de saigner. Dans quelques instants, elle reprendra connaissance et pourra combattre à nouveau.
- Adieu Hector.
- Adieu ma déesse.

Dès qu'elle est partie, je m'approche de l'armure du Lion et la touche. Immédiatement, la protection que m'a offert Némésis vole en morceaux pour laisser place à cette superbe armure. Peu après Yénéa reprend ses esprits. Elle se relève et voit que je porte une armure d'Or.

- Qu'est-ce… Mais comment… C'est encore une de tes ruses, Hector ! Mais je te vaincrai !

Elle se met en garde et veut m'attaquer mais je lève le bras.

- Paix, Yénéa, je suis dans ton camp.
- Dans mon camp ? Je ne comprends pas.
- Disons que j'avais une vieille dette envers Athéna et qu'aujourd'hui est venu le moment de la payer.

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Cette fiction est copyright Emmanuel Axelrad.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.