Chapitre 1 : Un deuil


Shiriu

Quelques cheveux gris commencent à apparaître ici et là. Evidemment j'ai à présent 37 ans. 37 ans. J'ai pourtant l'impression qu'hier encore nous nous battions pour la sauvegarde d'Athéna et de la planète. Evidemment mon cosmos est encore assez puissant mais il m'est impossible de ralentir la course du temps, mes réflexes sont moins vifs, mes articulations plus dures… De plus, je suis Grand Pope depuis deux décennies et de ce fait je n'ai pas revêtu l'armure divine du Dragon depuis notre retour de l'Olympe. Je me suis maintenu en forme grâce aux exercices que mon vieux maître m'a appris quand j'étais sous sa férule aux Cinq Pics. Shunrei, par contre, semble ne pas vieillir comme si le temps n'avait pas d'emprise sur elle. Elle m'a donné trois beaux enfants. Je ne voulais pas au départ qu'ils deviennent chevaliers, Seiya et moi étions d'accord sur ce point. Mais son fils Aioros a montré très vite d'étonnantes dispositions et surtout a manifesté un cosmos extrêmement puissant. Etant né sous le signe de la Vierge, Shun a accepté de l'entraîner et de faire de lui un chevalier. Il est devenu bien vite un défenseur d'Athéna et je pense lui céder ma place, quand le moment sera venu de me retirer.

Mes enfants ont revêtu les armures du Cancer, du Scorpion et du Sagittaire. A ma grande surprise, mon fils Narai a pu développer les techniques de combat de Milo, à savoir l'Aiguille Ecarlate. Xian, lui, s'est rapproché de la Lune, corollaire du Cancer.
Enfin Doko, mon fils aîné, a lui suivi l'entraînement de Seiya pour recevoir l'armure du Sagittaire. Pour nous tous, Doko y compris, c'est un très grand honneur de revêtir cette protection. Nos enfants savent parfaitement le rôle qu'a joué Aioros dans nos batailles. C'est sous son inspiration que nous nous sommes battus. D'ailleurs, sur proposition de Shina, nous avons construit une statue le représentant que nous avons installé dans la maison du Sagittaire. Je demande parfois si le fils de Seiya n'a pas du mal à porter ce prénom et s'il était opportun de le nommer ainsi. Je me rappelle alors que j'ai moi-même donné le nom de mon maître à mon fils et que Shun a fait de même.

Une nouvelle journée commence. Je n'avais pas imaginé, lorsque j'ai accepté d'être le Grand Pope du Sanctuaire, à quel point cette charge pouvait être écrasante. Non seulement je suis le chef de 88 chevaliers, militairement et spirituellement mais en plus je suis juge de leurs querelles, je dois aussi m'intéresser aux apprentis et enfin je dois diriger le Conseil des Chevaliers d'Or et divins. Nous avons institué ce Conseil, instruits par la mésaventure de Saga. Il nous était impossible de laisser un seul homme décider de tout, même si ce Conseil ne peut prendre aucune décisions en lui-même et si je suis enfin de compte le seul décideur. Toutefois, en vingt ans de règne, puisque ma fonction peut s'apparenter à un règne, j'ai très rarement pris de décisions en complète opposition avec l'opinion du Conseil.

Shunrei m'assiste du mieux qu'elle peut, mais elle s'inquiète surtout pour ses enfants qu'elle redoute de voir partir en guerre comme moi auparavant. J'ai eu beau lui expliquer qu'il n'y avait aucun souci à se faire, elle ne veut pas en démordre. Après tout peut-être a-t-elle raison ; l'instinct maternel vous savez…

J'arrive dans le Colisée, là où Seiya a conquis son armure de Pégase. Sont regroupées en ce lieu les sept dernières armures qu'aucun chevalier n'a réussi à revêtir depuis vingt ans : trois armures d'Argent et trois armures de Bronze. Ce sont les armures d'Argent du Faucon, du Dauphin, de l'Antilope et de Bronze du Guépard, du Crocodile et de la Licorne. En effet, l'armure de Jabu n'a pas encore trouvé son propriétaire, comme si elle attendait le retour de mon ancien frère d'armes. Je ne vois que cinq disciples parce que tout le monde a renoncé à conquérir cette armure. Elle reste dans son urne et quiconque tente de s'en approcher reçoit une décharge d'énergie. Enfin il reste bien entendu l'armure d'Or des Gémeaux qui trône majestueusement au sommet des Arènes.

J'aperçois Shun qui entraîne l'un des apprentis qui cherche à revêtir l'armure du Faucon. Très belle armure en vérité. Mon vieux maître m'avait raconté qu'elle était d'une puissance incroyable, presque aussi grande que celle des chevaliers d'Or. Depuis la précédente Guerre Sainte, où avaient participé Shion et Doko, personne n'a pu la revêtir. Il faut dire que le chevalier Satolia avait une réputation et une puissance à peu près égale à celle de mon maître. Il avait affronté Hadès en compagnie des deux rescapés et s'était sacrifié pour sauver la vie de Doko. Ce dernier ne manquait jamais d'avoir les larmes aux yeux lorsqu'il évoquait la mémoire de ce brave parmi les braves.

Plus loin arrive Hyoga qui revient d'Asgard. Depuis que mon frère a ressuscité les Guerriers Divins, il passe son temps entre le Sanctuaire Nordique et la Grèce. Il faut dire qu'il a été lui-même nommé guerrier divin d'Alpha. Je ne sais pas si j'approuve ce partage, mais je n'ai pas vraiment le choix. Je ne peux m'aliéner mon frère et je n'en ai d'ailleurs pas la moindre envie. Il s'arrête à quelques pas de moi et s'agenouille. Je devrais être habitué depuis le temps à ces marques de déférence mais je ne m'y fais toujours pas. Il va de soi que mes frères ne me saluent pas de cette manière lorsque nous sommes ensemble mais ils mettent un point d'honneur à respecter les convenances en public. Je l'invite d'un geste à se relever et il s'approche de moi.

- Mes respects, Grand Pope.
- Quelles nouvelles apportes-tu d'Asgard, chevalier du Cygne ?
- De mauvaises j'en ai peur, Grand Pope.
- Que se passe-t-il ?
- La Princesse Hilda se meurt.
- Quoi ?!!! Mais comment ? Elle est pourtant encore très jeune ?
- Certes, mais la bataille qu'elle a été obligée de nous livrer il y a toutes ces années a considérablement affaibli ses défenses physiques et psychiques. Elle décline jour après jour.
- Réunion du Conseil immédiatement. Je te laisse prévenir tes frères et les chevaliers d'Or.

Une petite demi-heure plus tard, les seize chevaliers, sans leurs armures, telle était notre coutume, siégeaient dans la salle du Conseil. A en juger par leur visage, Hyoga les avait mis au courant de la situation.

- Chevaliers, je me rends sur l'heure à Asgard. Hyoga et Kiki m'accompagneront. Seiya, Shun et Ikki, vous êtes libres de nous suivre ou de rester ici.
- Nous viendrons, répondirent d'une même voix Seiya et Shun, pendant qu'Ikki se contentait de hocher la tête.
- Bien, en conséquence, il me faut désigner l'un d'entre vous pour me remplacer pendant toute mon absence. Aioros, c'est toi qui siégeras à ma place. Tu as toute latitude pour prendre les décisions que tu estimeras juste. Toutefois, comme tu es un peu jeune pour cette place, Shina et Marine t'assisteront dans ta tâche. Des questions ?
- Combien de temps serez-vous partis, interrogea Yénéa ?
- Je ne sais pas. Nous resterons là-bas le temps que la Princesse Hilda se rétablisse ou bien…

Je ne finis pas ma phrase. Je ne le pouvais pas. Tout à coup, Olaf se leva et vint s'agenouiller devant moi.

- Qu'y a-t-il Olaf ?
- Grand Pope, pardonnez ma témérité, mais il s'agit de ma tante ; je ne peux pas rester ici pendant qu'elle vit peut-être ses derniers instants. Je vous demande donc l'autorisation de vous accompagner.
- Mais bien entendu, Olaf. Pardonnes-moi de t'avoir oublié. Kiki, ajoutai-je en me tournant vers le chevalier du Bélier, tu vas nous téléporter à Asgard. Aioros, je te confie le Sanctuaire.

Kiki fit brûler son cosmos qui nous enveloppa tous les sept et nous transporta au royaume du Froid. Nous arrivâmes directement devant la porte du palais d'Hilda. Le garde faillit tomber à la renverse en voyant apparaître sept personnes mais il reprit vite ses esprits en voyant Hyoga.

- Ah Maître, vous voilà enfin.
- Cet homme est le Grand Pope, fit Hyoga en me désignant, et voilà mes frères.

L'homme s'inclina immédiatement devant nous.

- Conduis-nous auprès de ta maîtresse, lui ordonnais-je.
- Bien entendu ; suivez-moi, nobles chevaliers.

Nous suivîmes le garde dans les couloirs du Palais que nous n'avions pas franchi depuis les terribles combats qui nous avaient opposé aux puissants Guerriers Divins. Un immense cri de douleur s'éleva alors dans la torpeur du Palais. Nous reconnûmes immédiatement la voix de Flamme. Hyoga se mit à courir et nous l'imitâmes rapidement. Après plusieurs minutes de course, nous parvînmes enfin à la chambre de la Princesse pour entendre ces mots qui nous déchirèrent le cœur.

- La Princesse Hilda est morte !

Chapitre précédent - Retour au sommaire - Chapitre suivant

www.saintseiya.com
Cette fiction est copyright Emmanuel Axelrad.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.