Chapitre 2 : Hyoga, Grand Prêtre d'Odin


Olaf

Le jour où ma tante est morte a été le plus dur de mon existence. Toutes les souffrances que j'avais enduré pour devenir chevalier n'étaient rien à côté de la douleur que je ressentais. Je me souviens de ce jour comme si c'était hier. Ma mère s'est précipitée dans les bras de son mari. Pendant ce temps mon oncle Shiriu s'est approché de ma tante et l'a bénie. Il a enlevé son masque, s'est agenouillé auprès d'elle et s'est mis à prier. Je pouvais voir les larmes couler de son visage. Après quelques instants, mes autres oncles l'ont imité. C'était une scène très poignante de voir ces vaillants chevaliers pleurer le sort de celle qui avait autrefois été leur ennemi.

Le Grand Pope s'est enfin relevé et s'est tourné vers mon père.

- Hyoga, nous resterons ici jusqu'au funérailles de la Grand Prêtresse puis nous repartirons pour le Sanctuaire. Tu as ma permission pour demeurer ici le temps qu'il faudra, notamment pour élire un nouveau représentant d'Odin.
- Merci, Grand Pope. Les funérailles auront lieu dès demain.
- Comme tu le jugeras utile.
- Si vous voulez aller vous reposer, les gardes vont vous conduire. Moi, je reste ici pour la veiller.
- En ce cas, je resterai à tes côtés. Vous êtes libres de vous retirer, fit-il en se tournant vers nous tous.
- Je voudrais rester aussi, intervins-je d'une voix timide.
- Non Olaf, me répondit mon père doucement. Tu dois rester auprès de ta mère pour la soutenir dans cette épreuve. Je peux compter sur toi ?
- Oui, père.

***

Shun

Les gardes nous ont conduit jusqu'à nos chambres. J'ai partagé la première avec Ikki, pendant que Seiya prenait la seconde avec Kiki. Mon frère avait son habituel air renfrogné mais je sentais bien que l'émotion le submergeait. Il avait été le seul à ne pas verser de larmes au chevet d'Hilda.

- Ikki, tu peux pleurer, tu sais. Il n'y a que nous deux ici.
- Il n'a jamais été dans mes habitudes de pleurer, tu le sais bien. Les dernières larmes que je me souviens avoir véritablement versé, sont celles qui ont suivi la mort d'Esméralda. Mais je confesse bien volontiers que je suis proche d'en verser d'autres. Bien je te laisse, j'ai quelque chose à faire.
- Où vas-tu ?
- Rendre hommage à un guerrier.

Je compris immédiatement.

- Tu vas en haut de la colline où nous avons affronté Mime, n'est-ce pas ?
- Oui.
- Je peux venir avec toi ?
- Si tu veux, me répondit-il d'un ton neutre.

Nous nous sommes couverts et nous sommes dirigés vers le lieu où le Guerrier Divin d'Eta avait rendu l'âme. Quel vaillant guerrier ! La fin du combat livré contre mon frère est restée dans ma mémoire. Une fois arrivés, mon frère s'arrêta et sortit de sa veste une poche de cuir qu'il enfonça très profondément dans la neige. Il s'agenouilla alors devant l'endroit où il avait placé cette poche et se mit à pleurer doucement. Au bout de quelques instants, j'entendis un murmure.

- Me voilà, Mime. Pardonnes-moi de ne pas être venu plus tôt te rendre cet hommage mais je n'ai jamais pu me résoudre à venir ici. Conformément à tes derniers vœux, nous avons bâti un monde meilleur où la justice et la paix règnent enfin, du moins pour le moment. Ta prêtresse a aujourd'hui rendu l'âme, tu dois être heureux de la revoir enfin. Voilà, mon ami ; je vais te laisser à ton repos éternel. Adieu, Mime.

Mon frère se releva et nous partîmes sans dire un autre mot. Au bout de quelques minutes je n'y tins plus et demandai.

- Ikki, qu'as-tu déposé dans la neige ?
- Une harpe.
- Une harpe ? De cette taille ?
- C'est une harpe miniature que j'ai sculptée moi-même.

***

Hyoga

Nous avons passé près de deux heures à genoux sans dire un mot. Il n'y avait personne d'autre dans la pièce. Je jetai un regard vers mon frère et le vis les yeux fermés, concentré. Il avait cet air serein qu'il arborait presque en permanence.

- Shiriu, pourquoi es-tu resté avec moi ?
- Parce que c'était doublement mon devoir. D'abord en tant que frère ensuite en tant que Grand Pope.
- Regrettes-tu parfois d'être Grand Pope ?

Shiriu ouvrit les yeux et me jeta un regard amusé.

- Pourquoi cette question, Hyoga ?
- Je ne sais pas. C'est une charge qui a l'air d'être tellement écrasante.
- Elle l'est, mon frère. Je le soupçonnais du reste, il ne pouvait guère en être autrement.
- Alors pourquoi l'as-tu accepté ?
- Il fallait que quelqu'un endosse cette tunique. Shun était trop jeune, Seiya trop indiscipliné, Ikki contre le principe ; il ne restait guère que toi et moi. Or, je sentais que tu pensais avoir une dette envers Asgard. A ce moment-là, j'étais le seul à pouvoir devenir Grand Pope. Je suis heureux d'avoir accepté, même s'il est vrai que c'est une position parfois difficile.
- Nous voyais-tu comme cela, Shiriu ?
- Que veux-tu dire ?
- A notre retour de l'Olympe, nous imaginais-tu vivre une vie presque normale, sans combats ?
- Où veux-tu en venir, Hyoga ?
- Ne te manque-t-il pas quelque chose, Shiriu ? Le fracas des batailles, l'excitation du combat…
- Athéna ?
- Oui, peut-être.
- Notre travail est terminé, Hyoga. Aujourd'hui les défenseurs d'Athéna sont nos enfants, qui n'ont guère besoin de nous. Je pense que je vais céder définitivement ma place à Aioros et me retirer aux Cinq Pics. Il n'y a plus guère d'apprentis au Sanctuaire, donc les autres sont libres de partir et toi de rester ici.
- Rester ici ?
- Tu sais bien ce que je veux dire. C'est à toi d'être le Grand Prêtre d'Odin. C'est ton peuple et tu te dois à eux.
- Peut-être, oui. Tu as sans doute raison. Merci, Shiriu.
- De rien, mon frère. Je vais te laisser à présent. Recueilles l'âme d'Hilda de Polaris en toi, afin de faire connaître ta décision après les funérailles.

***

Seiya


La cérémonie fut grandiose. L'émotion qui régnait était poignante. La ferveur du peuple d'Asgard accompagnait celle qui avait été sa représentante dans sa dernière demeure. A ma surprise, ce fut Hyoga qui officia. Lorsque la cérémonie fut terminée, les six autres Guerriers Divins se saisirent du cercueil et l'emmenèrent au fond d'une grotte qui rassemblait probablement les dépouilles des précédents représentants d'Odin. Ils revinrent ensuite et s'agenouillèrent devant Hyoga.

- Peuple d'Asgard, votre souveraine a aujourd'hui rejoint le Walhalla où l'attendent Odin et ses fils. Comme vous le savez, les chevaliers d'Athéna ont été contraints de livrer bataille aux Guerriers Divins il y a des années de cela. Depuis, le sanctuaire de Grèce et Asgard ont noué des liens qui n'ont cessé de se resserrer. Aujourd'hui, ils vont se resserrer encore plus.

En accord avec le Grand Pope, les Guerriers Divins mais surtout avec Odin, moi Hyoga, chevalier du Cygne et guerrier divin d'Alpha, je prends la succession de la Princesse Hilda de Polaris. Je suis à partir d'aujourd'hui le représentant d'Odin sur Terre.

Des acclamations explosèrent un peu partout dans le public puis celui-ci se dispersa en silence. Hyoga descendit de l'estrade et se dirigea vers nous. Il nous embrassa très fort l'un après l'autre.

- Au revoir, mes frères, qu'Athéna soit toujours avec nous.
- Qu'Odin te garde, répondit Shiriu. Kiki, il est temps pour nous de rejoindre le Sanctuaire.
- Entendu, Grand Pope.

Kiki fit brûler son cosmos qui nous enveloppa tous. En quelques secondes, mon frère disparut.

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Cette fiction est copyright Emmanuel Axelrad.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.