Chapitre 3 : Les Dieux Oubliés


Résumé de la chronologie de St Seiya Next Generation
1986-87 : Batailles de Seiya et ses compagnons
1989 : Bataille de l'Olympe

2010 :
23-27/07 : Le groupe se forme autour de Kotori Kido : Arkhan, Eric, Anton, Krell, Kassim.
27-31/07 : Découverte des guerriers de Quetzalcoatl. Kotori et ses amis partent aider le jeune dieu qui va être attaqué par des ennemis inconnus.
01/08 : La bataille commence.



Eric et Isamu s'avançaient prudemment au milieu des ruines les plus abandonnées, au sud du temple. Pendant quelques minutes, ils avaient cru voir une silhouette se diriger par-là, mais sans jamais pouvoir en être certains. Si c'était une ruse destinée à les éloigner des autres, c'était réussi, pensa Eric. Le guerrier d'Asgard serra le poing, jetant un regard à son compagnon, qui avançait aussi silencieusement qu'un reptile.

Isamu était bien le guerrier de l'Iguane. Concentré tout entier vers sa progression vers sa cible, il semblait ignorer jusqu'à la présence d'Eric, et mettait tous ses efforts dans une poursuite aussi silencieuse que possible. Son armure verte et marron, aux écailles étranges, semblait vivante sur son corps, souple comme une peau, palpitant même. Eric s'attendait même à voir Isamu le regarder avec des yeux ophidiens, jaunes avec une pupille verticale, ou à voir une langue fourchue sortir en sifflant de sa bouche. Isamu, comme tous les guerriers de Quetzalcoatl, ne revêtait pas une armure, mais devenait le totem que cette dernière représentait. C'était un phénomène de fusion qu'Eric avait du mal à comprendre, et qui l'intriguait. Mais ce don devint fort utile dans l'instant qui suivit.

"Il est tout près, il ne bouge plus" murmura Isamu à son intention. "Je le ssens." Sa voix se faisait parfois sifflante, malgré lui.
"Parfait. Laisse-le-moi, d'accord ?"
"Pourquoi ça ? Avant d'être ton ennemi, il est le mien."
"Je suis plus fort que toi, et tu le sais. Pas la peine que tu te sacrifies."
"Je ne suis pas d'accord. Je crois que je devrais..."
"Silence !" fit Eric, sentant désormais la présence d'un cosmos puissant.

Les deux guerriers écartèrent des buissons qui poussaient sur des colonnes tombées au sol depuis des lustres et entrèrent dans un cercle de pierre et de végétation. Il devait s'agir d'un petit temple à l'air libre, mais la plupart des colonnes étaient brisées, gisant au sol comme des guerriers vaincus, offrant leur structure à toute une végétation rampante venue de la forêt proche comme un support ; et les plantes, prenant ainsi racine au cœur même de la pierre, formaient une muraille verte entourant un espace dégagé. Le sol de cette clairière artificielle était pavé de grandes dalles de pierre, et seules quelques herbes plus têtues ou plus robustes que les autres avaient pu pousser entre les dalles. La végétation semblait vouloir coloniser entièrement ce lieu, mais les vestiges du temple inca s'y opposaient, et le résultat en était cette étonnante arène aux abords de la forêt.

Car ce lieu allait bien devenir une arène de combat. Au centre du temple se tenait debout un homme en armure. Tout comme Anubis, son armure le couvrait presque entièrement, et son casque protégeait aussi son visage, présentant les traits d'un oiseau aux grands yeux. L'armure était bleu sombre, et luisante, reflétant la lumière du jour qui se levait, filtrant à travers de grands arbres qui étendaient leurs branches en coupe au-dessus des combattants. Lorsqu'il parla, le guerrier le fit avec une voix claire, mais dans un anglais approximatif, avec un fort accent.

"Je suis Thot, le Dieu Lune. Quels sont vos noms ? J'aime savoir qui je vais tuer."

Isamu s'avança en déclarant "Je suis Isamu, l'Iguane, au service de Quetzalcoatl le Dieu Serpent." puis Eric s'avança à son tour "Mon nom est Eric du Cristal, venu d'Asgard pour être ton premier adversaire."

Isamu tiqua tandis que Eric lui jetait un regard en coin. Isamu croisa les bras et recula de quelques pas pour laisser la place à son compagnon de se battre.

"Bien !" fit Eric en augmentant son cosmos de façon à créer une aura de froid autour de lui, " on commence quand tu veux !"
"Etrange", fit Thot, " je pensais que tu voudrais me questionner sur nos raisons pour venir ici, que tu tenterais un dialogue pour me dissuader de me battre. Tu es un bagarreur ?"
"Ca fait près de cinq jours qu'on nous annonce votre venue, alors maintenant qu'on y est, je veux en finir vite. Ca te va, comme réponse ?"
"Elle en vaut une autre. Eh bien, à nous deux, guerrier d'Asgard !"

Thot laissa exploser son cosmos, et une sombre aura émana de lui. Etrangement, son armure semblait plus brillante au sein de l'obscurité que le guerrier générait, plus claire aussi, comme si elle blanchissait. Bientôt, tout le temple fut empli de la noirceur de l'aura de Thot, et même les rayons du soleil ne parvenaient plus à la percer. On aurait dit une nuit noire.

"Incroyable..." fit Eric, regardant autour de lui. Au milieu de la noirceur, Thot brillait désormais de mille feux, son armure toute blanche, comme si sa couleur s'était dissoute dans l'aura. "on dirait la lueur de la lune..." continua-t-il.
"C'est exactement ca." rétorqua Thot. "Dans l'Egypte ancienne, Thot était le Dieu de la Lune. Il est normal que je sois son digne successeur."

Eric émit un petit ricanement. "Mais si c'est là tout ce que tu sais faire, je ne devrais pas avoir trop de problèmes pour te vaincre. A mon tour de faire une demonstrandum de force !"

Le guerrier du Cristal augmenta alors son cosmos progressivement, baissant la température de l'air autour de lui jusqu'à une vingtaine de degrés sous le zéro. L'air brillait, maintenant, des cristaux de glace en suspension renvoyant comme des miroirs la lumière qu'émettait le Dieu Lune.

"Et tu n'as pas tout vu !" fit Eric avec colère. "Maintenant, subis mon attaque ! Diamond Dust !" Eric projeta un flot de cristaux de glace vers le guerrier lumineux, mais son attaque sembla traverser Thot pour achever sa course dans les débris de pierre et les plantes derrière lui.

Dans l'instant suivant, Eric stupéfait entendit la voix de Thot résonner tout autour de lui.
"Eh bien, Eric, tu ne me trouves pas ? Tu espérais atteindre la lune avec ton attaque misérable ?"

Eric crut un instant que la voix venait de derrière lui, et il lança une deuxième attaque dans cette direction, mais sans plus d'effet. Le reflet de Thot apparaissait maintenant n'importe où, comme dans un gigantesque jeu de miroirs. Eric était désorienté, il ne savait même plus dans quelle direction se trouvait ni Thot, ni Isamu, ni le nord ni le sud. Eric donna quelques coups de poings qui ne brassèrent que le vide, ne sachant comment réagir face à ce fantôme. Puis la voix de Thot résonna à nouveau.

"Tu es pathétique, je vais t'achever d'un coup. Subis donc la colère du Dieu Lune ! Dark Side of the Moon !"

Il sembla à Eric que toute la noirceur qui l'entourait tombait sur lui comme une masse informe mais tangible. La sensation était si étrange qu'elle aurait pu lui faire perdre la raison, mais il n'eut même pas le temps d'y penser. L'impact fut si violent qu'Eric eut l'impression que tous ses os allaient se briser, comme s'il était pris dans un gigantesque étau. Il perdit immédiatement conscience, et s'effondra inerte.

"Voila le cas de ton ami réglé, guerrier totem. Mais il vit encore. Penses-tu pouvoir le sauver ?"
"Il a été imprudent, il n'a que ce qu'il mérite" fit froidement Isamu. "Mais je ne tomberai pas dans ton piège, Dieu Lune."

"Oh, tu m'as l'air bien sur de toi, tu aurais trouvé une faille dans ma technique ?"
"Oui bien sûr..." fit le guerrier en souriant. "Et je vais te le prouver tout de suite !!"



Khal et Lise marchaient l'un à coté de l'autre, tous leurs sens en éveil. Ils se complétaient admirablement, comme d'habitude. Khal, le Puma éveillé en lui, était sensible à toutes les variations physiques : odeurs, sons, mouvements. Il laissait volontairement la détection des autres paramètres comme les changements de température, de pression atmosphérique, et surtout de courants énergétiques, à sa compagne. A eux deux, ils formaient une paire de chasseurs sans pareille, ils étaient capables de repérer leur proie bien avant qu'elle ne les détecte, eux. Et alors, il était trop tard pour elle. Khal et Lise formaient un couple aussi bien dans leur rôle de guerrier que dans leur vie quotidienne.

Lorsque Khal était arrivé au temple de Quetzalcoatl, voilà six ans de cela, il avait rencontré Lise qui était arrivée un an plus tôt, et s'entraînait déjà comme guerrière. Piqué par un orgueil tout masculin, il ne pouvait souffrir que la jeune adolescente soit plus forte que lui, et il avait mis tous ses efforts pour la surclasser dans tous les domaines, mais Lise gardait toujours un avantage. Khal n'avait pas compris alors que la jeune fille avait déjà des sentiments pour lui, et son comportement lui échappait, ce qui le rendait encore plus jaloux de sa force, croyant qu'elle se moquait de lui.

Khal gardait encore vivace en lui la surprise qu'il eut lorsque la jeune femme, enfin, lui dévoila ses sentiments. De plus en plus surpris, Khal s'était alors aperçu que la compétition qui s'était engagée entre eux n'avait plus de sens depuis quelque temps déjà, sinon celui d'un jeu pour savoir qui était le plus fort, le plus rapide. Et soudain, devant les aveux de Lise, le jeune guerrier dut reconnaître qu'à travers leur concurrence, une complicité s'était établie entre eux, une complicité qui s'était doucement changée en tendresse.

Ils vivaient ensemble depuis deux ans, déjà. Lise avait perdu un enfant qu'elle portait, à la suite d'un effort trop violent au cours de leurs entraînements, et elle en avait été très affectée, mais aujourd'hui, elle était prête à reprendre le dessus sur cette épreuve, et tous deux voulaient fonder une famille. L'arrivée des guerriers égyptiens venait dresser un mur entre eux et cet avenir, aussi Khal et sa compagne n'avaient qu'une envie, se battre de toutes leurs forces et éradiquer cette menace pour enfin vivre heureux.

Khal jeta un coup d'œil à sa compagne, qui avançait un peu en avant de lui, jouant son rôle d'appât pour lui laisser le temps à lui de piéger leur proie. Lise était concentrée, tendue, même, ce qui lui arrivait rarement, mais il savait que lui-même, sous l'influence du Puma, donnait des signes de concentration extrême. Les yeux grands ouverts, pupilles dilatées, les narines frémissantes, il se sentait félin jusqu'au bout des doigts. La sensation que prodiguait l'arrivée du totem dans son cerveau était toujours étrange et envoûtante. Bien qu'il ne laissât jamais le fauve emplir totalement son esprit, il savait que celui-ci vivait, indépendant, au fond de son âme, attendant de pouvoir prendre possession de son corps sur sa demande.

Il interrompit ses pensées. Une odeur inconnue. Il fit signe à Lise de s'arrêter et se mit à humer l'air, tous sens en éveils, repérant l'endroit d'où venait l'odeur. Il fit un pas, puis deux, se rapprochant de Lise qui semblait être, à sa surprise, la source des effluves odorants. Soudain il se figea, comprenant que ce n'était pas Lise qui dégageait cette odeur, mais ce qui se trouvait à ses pieds !

Avant qu'il n'ait eu le temps de faire ou dire quoi que ce soit, le tapis de feuilles aux pieds de la jeune femme s'ouvrit soudain, laissant échapper un grand saurien qui attaqua Lise immédiatement. Lise n'eut que le temps d'esquiver, et grâce à ses dons de Colibri, de se mettre hors de portée, mais Khal eut pendant cet instant si court la frayeur de sa vie.

Le grand saurien était en fait un homme, au masque de Crocodile, et à l'armure vert sombre. Il jeta un regard à gauche et à droite, vers ses deux adversaires qui l'entouraient, puis il recula prudemment vers les arbres.

"Très forts" dit il avec un accent musical, "vous avez pu échapper au piège du Crocodile. C'est très rare..."

Khal comprit immédiatement que Lise avait eu de la chance d'être le Colibri, un oiseau extrêmement vif. Si cela avait été lui, il serait déjà mort. Le Crocodile pouvait attendre immobile, réduisant ses fonctions vitales à presque rien, pour attaquer ses proies par surprise quand elles étaient tout près. Il s'en était fallu d'un cheveu.

"Je suis Sebek, gardien du Nil, le dieu Crocodile."
"Je suis Lise" fit la jeune femme, vexée de s'être laissée piéger "et voici mon compagnon Khal".

Khal et Lise faisaient prudemment marche l'un vers l'autre, préférant se couvrir mutuellement. Mais Sebek ne faisait pas mine de bouger.

"Allez-y" dit plaisamment le dieu crocodile "rejoignez-vous. Cela m'ennuierait que vous soyez séparés... dans la mort !"

En prononçant ce dernier mot, le dieu guerrier se jeta sur ses adversaires, concentrant son énergie sur son poing. Khal esquiva le coup par pur réflexe, mais il fut touché à l'épaulière malgré tout et le choc se répercuta dans son bras bien que la protection ait absorbé le plus gros de l'impact. Lise le repoussa en arrière pour le mettre hors de portée du Crocodile, mais tout en restant elle-même au contact.

Khal se trouva soudain éjecté de la mêlée, et fut réduit à l'état de simple spectateur, assistant impuissant au fantastique duel. Lise, utilisant tous ses dons d'oiseau, se déplaçait en bondissant de gauche et de droite, ne posant jamais qu'un pied au sol, et toujours sur la pointe. Cette façon de se déplacer donnait l'illusion qu'elle volait littéralement à quelques centimètres au-dessus du sol, mais surtout, elle lui prodiguait une formidable agilité. Lise évitait tous les coups, chacun de ses mouvements calculé au millimètre près, dansant avec son adversaire afin de l'épuiser, tandis qu'il gesticulait et faisait de grands mouvements inutiles et gourmands en énergie. Quand il serait extenué, alors elle frapperait, ou suivant la technique qu'elle avait mise au point avec son amant, rapprocherait sa victime de Khal afin qu'il puisse porter le coup de grâce.

Mais Khal sut très vite que cela ne se déroulerait pas ainsi. Sebek ne semblait pas se fatiguer, malgré la vitesse incroyable avec laquelle il distribuait les coups. Khal se sentait perdu, les deux adversaires se battaient à une vitesse bien supérieure à la sienne, et il se demandait comment il pourrait à nouveau entrer dans ce combat.

Lise soudain fit un faux pas, et les griffes de Sebek ne la manquèrent que de peu, tandis qu'elle faisait un effort surhumain pour se rattraper. Khal eut soudain la certitude que sa compagne aurait le dessous dans cette lutte, et qu'il devait faire quelque chose. Le Puma s'éveilla en lui, grondant sa rage, et Khal le laissa l'envahir de sa force. Il attendit quelques instants que les deux combattants se rapprochent de lui, et bondit soudain, s'élevant à plusieurs mètres de haut, près de la cime des arbres.

Son attaque était silencieuse, il ne prononça pas un son, tandis qu'il fonçait sur Sebek, que Lise, qui avait compris, tentait de maintenir immobile en dansant pratiquement sur place. Khal ouvrit la main, prêt à ouvrir de ses doigts l'armure et la chair du crocodile, prêt à déchiqueter cet intrus qui menaçait Lise, sa moitié, sa propriété. Le Puma était capable de tuer sa proie d'un coup.

Mais à l'instant où Khal allait toucher son adversaire, celui-ci fit un pas de coté et Khal manqua sa cible, ne réussissant qu'à planter son bras profondément dans le sol.

"Impossible" laissa-t-il échapper, avant que Sebek, qui évitait dans le même temps l'attaque du Colibri, ne le frappe à la nuque avec son coude. Khal vit des étoiles danser devant ses yeux, puis il s'effondra, inconscient, au sol.



Arkhan étudiait la situation, et préparait la défense du temple, mentalement. Puis il se tourna vers ses compagnons.

"Ok, je crois que le mieux c'est de nous séparer."
"Comment ça ? " interrogea Kassim, fronçant des sourcils.

"C'est simple" dit Arkhan. Il n'y a que deux accès à la salle du Trône, la porte principale et la salle secrète. Il nous faut garder les deux. Je propose qu'un seul d'entre nous garde la porte de la chambre des prophéties, en se postant dans la salle du Trône. Je ne pense pas que nos ennemis puissent trouver cette entrée. Par contre, je crois qu'il vaudrait mieux qu'on se mette à deux pour garder la porte principale."
"On est quatre" remarque Ryan. "Que fait le dernier ?"
"Il se poste dans le couloir qui mène au Trône, et il reste à l'affût. Comme ça il pourra prêter main forte aux uns ou aux autres en cas de nécessité."

"Je suppose que tu sais déjà qui prend quel poste, non ?" fit ironiquement Juan.
"En partie. Ryan, je crois qu'en tant qu'Araignée, tu serais parfait pour garder la salle du Trône, est-ce que je me trompe ?"
"Non, tu as raison. J'y tisserais ma toile, c'est un piège qui devrait ralentir ces salauds jusqu'à ce que vous puissiez m'aider."
"Pourquoi ? Tu te sens pas à la hauteur" ricana Juan. "Moi, je m'en ferais bien un ou deux tout seul."
"Ca m'étonnerait" dit calmement Kassim. "Ils sont bien plus forts que nous. Et que toi. Seule l'union nous permettra de vaincre."
"Plus fort que... Répète ça, pour voir !" Juan n'appréciait pas la critique mais Arkhan l'interrompit.

"Ca suffit. Juan, puisque tu veux en découdre, tu resteras ici, à la porte du temple, et l'un de nous deux t'épaulera. Kassim ?"
"Ca m'est égal. Mais peut-être devrais-tu rester en arrière, pour envisager un autre plan au cas où..."
"Ok, c'est décidé."

Chacun prit alors son poste et attendit. Soudain un choc psychique retentit et tous tendirent leurs pensées vers ce cosmos qui s'éteignait, afin d'essayer de reconnaître celui qui se mourrait...



Anton et Krell s'avançaient sur le dallage de pierre, attentifs aux mouvements des arbres et des plantes rampantes qui les entouraient. Ils étaient au milieu d'une petite place formée par une disposition en carrée de quatre petites maisons. Sans doute avaient-elles été habitées il y a longtemps, mais aujourd'hui il n'en restait que des ruines, qui ne pouvaient même pas servir de couvert.

Krell détecta le premier le cosmos discret qui les observait. Il posa sa main sur le bras d'Anton, tapotant la peau du bout de l'index, suivant le code qu'ils avaient établi, enfants. Anton se figea sur place et se mit aux aguets, percevant lui aussi maintenant le ténu flux énergétique.

"Sors de là, si t'es un homme" rugit-il soudain, excédé de ce petit jeu de cache-cache.

A la grande surprise de Krell, un homme émergea effectivement des fourrés à cet appel. Il était grand, assez maigre, presque fragile, mais ce qui étonna le plus les deux Gémeaux était le visage doux et triste qu'il leur présentait. Il ne s'agissait pas là d'un masque comme Anubis, mais de son vrai visage, figé dans une expression indéchiffrable où se mêlaient mélancolie et moquerie, humilité et condescendance à la fois. Krell en fut troublé, mais Anton le ramena brutalement à la réalité en invectivant l'homme.

"Nous sommes Anton et Krell des Gémeaux. Es-tu un des amis d'Anubis ?"
"En effet" répondit l'individu d'une voix suave "je suis Osiris, principe de vie. Je suis le père d'Anubis."

Son père ? Krell ne comprenait pas. Osiris semblait n'avoir que vingt ou vingt-cinq ans, pas plus. Comment pourrait-il être le père d'un homme adulte ?

"Tu parles de l'Osiris mythologique, je suppose" fit-il.
"Oui, en effet. Nous ne sommes pas des dieux, mais bien des hommes. Nous ne portons ces noms sacrés que parce que le veut la tradition. L'armure que je porte était celle d'Osiris lui-même, il est naturel que je devienne un peu Lui."

Krell porta alors son attention sur l'armure : elle était étrangement peu importante, composée uniquement d'un disque sur le cœur tenu en place sur sa poitrine nue par des lanières de cuir, d'un cercle entourant la tête et les cheveux noirs et raides, coiffés à l'ancienne mode égyptienne, ainsi que d'une protection au bras droit. Pour un peu, il n'aurait même pas vu cette armure. Osiris était ensuite vêtu d'un tissu de lin court et blanc noué autour de sa taille, de sandales simples, et d'un collier ouvragé d'or assez simple et massif. Il n'avait rien d'un guerrier.

"Tu comptes te battre ainsi ? Tu n'as pas l'ombre d'une chance, contre deux guerriers bien protégés."
"Vos armures ne sont que de la ferraille inutile, comparées à ma protection. C'est la bénédiction d'Osiris qui recouvre mon corps, et elle est infranchissable."
"On va voir ça" fit Anton. "Krell, je commence tout seul, écarte-toi."

Krell hocha la tête et recula de quelques pas. C'était toujours Anton qui commençait les combats, car il encaissait assez facilement les coups et permettait à Krell de comprendre la technique de son ennemi. Anton se mit en garde, mais Osiris ne bougeait pas.

"Salaud" marmonna Anton, qui attendait une attaque de son ennemi. "… si c'est comme ça... à mon tour. Simple Blast !" hurla-t-il en se précipitant vers son adversaire et décochant un choc énergétique.

Il y eut un son étrange, au moment où le projectile d'énergie toucha Osiris. Comme un crissement de câble à haute tension qu'on plongerait dans l'eau, ou un tir de canon laser. L'impact fit vibrer un instant le corps d'Osiris, puis se résorba, comme avalé par le guerrier égyptien.

"Alors, tu es convaincu que ma protection est efficace ? La Bénédiction d'Osiris a absorbé tout l'impact de ton attaque, et je n'ai ressenti qu'une pichenette."

"Anton, c'est pas de la rigolade son truc, j'ai rien vu." fit Krell, s'approchant en parlant à voix basse.
"Bon sang, c'est pas un bouclier d'ondes comme le Lézard, ou un truc du genre ?"
"Il a pas bougé en tout cas, ou alors plus vite que je ne peux voir."

"Ca suffit, les messes basses, vous deux ?" fit Osiris, affichant toujours le même sourire triste. "C'est à mon tour de vous attaquer maintenant, si ça ne vous dérange pas."

Krell se plaça derrière Anton, qui concentra son cosmos, prêt à arrêter l'attaque de son adversaire. C'était risqué, mais il n'avait pas le choix, et devait protéger Krell pour que celui-ci puisse contre attaquer.

Osiris leva les mains au ciel, et un globe translucide d'énergie pure apparut au-dessus de lui. "Fate Hand !" dit-il d'une voix calme, abaissant ses bras et relâchant lui aussi une puissante vague d'énergie.

Un instant avant que la vague n'arrive sur lui, Anton tendit les bras devant lui en hurlant "Warp Shield !", et créa un trou dans la réalité elle-même, où s'engouffra l'attaque d'Osiris. Il referma le trou dès que l'impact fut dissous, tandis qu'à cet instant, Krell surgissait de derrière lui et attaquait, profitant de la baisse d'attention d'Osiris.

"Simple Blast !" fit-il, mais la boule d'énergie fut à son tour absorbée par l'étrange protection du dieu guerrier.

"Je suis surpris par ta technique de bouclier, Anton, je ne m'attendais pas à ce que tu manipules les dimensions pour te protéger. Vous avez l'air d'avoir prévu votre petit numéro depuis longtemps."

"Evidemment. C'est moi qui suis chargé de la défense, et Krell de l'attaque. Chacun sa spécialité."
"C'est ridicule. Un vrai guerrier doit être aussi bon en attaque qu'en défense, sinon il est vaincu dès qu'il est seul. Je vais vous le prouver."

Osiris rassembla ses bras en croix sur sa poitrine, dans la position des pharaons d'Egypte, et ferma les yeux. Il les rouvrit immédiatement, mais son regard avait changé, il était désormais plein de fureur.

"Death Kiss !" hurla-t-il, hors de lui, en fondant sur ses proies. Il visa Krell d'abord, effleurant sa joue du bout de ses doigts, malgré que celui-ci bondisse en arrière pour l'éviter. Puis il fit demi-tour et parvint à toucher le front d'Anton de son index malgré ses esquives. Il se figea alors.

"C'est ça ton attaque ?" fit Anton. Mais à l'instant même, Krell tomba à genoux, le regard vitreux, et Anton sentit dans la seconde suivante une terrible faiblesse le prendre, le vidant de ses forces, et il s'effondra lui aussi.

"Le Death Kiss est plus dangereux que vous ne croyez, pauvres humains. Je vais maintenant vous trancher la tête à l'un et à l'autre."

Osiris se baissa vers Anton, les doits dans le prolongement du poignet, formant de sa main une épée mortelle. Il allait la planter dans la gorge d'Anton quand un impact dans son dos le fit sursauter. En se retournant, il vit Krell debout, haletant, ses mains encore dirigées vers lui après son attaque du Simple Blast.

"Comment ? Tu es debout ? C'est impossible ?"
"Pas tant que ca !" fit Anton en envoyant une attaque vers lui, tout en se relevant. "Ton poison n'est pas très efficace."
"Tu avais deviné ?" demanda, incrédule, le dieu d'Egypte.
"Non" fit Krell "et c'est un coup de chance. Mais nous avons subi un entraînement pour résister au poison. Le meilleur maître du Sanctuaire nous a donné des leçons pour cela, et crois-moi, tu ne lui arrives pas à la cheville."
"Le coup du poison sur le bout du doigt, c'est pas mal trouvé, mais pas très efficace parce qu'une dose trop forte te tuerait toi-même, même si tu es immunisé." continua son complice. Puis les deux guerriers se mirent cote à cote.

"Par contre, tu as fait une erreur en venant au contact, j'ai pu observer ta protection, et je sais comment la vaincre." Krell souriait, confiant, et Osiris sentit un frisson le parcourir. Avait-il vraiment compris ?

Anton et Krell se prirent la main et concentrèrent leur cosmos sur leurs doigts liés. Osiris recula de quelques pas, se demandant s'il devait éviter ou compter sur son bouclier.

"Twin Blast" hurlèrent en cœur les deux Gémeaux, relâchant une puissante vague énergétique. Osiris sourit, c'était moins que nécessaire pour franchir sa protection. Il tendit la main vers le projectile, et encaissa le choc sans broncher. A cet instant il réalisa son erreur, car Anton, sur son coté gauche, le menaçait déjà d'une nouvelle attaque. Son Simple Blast fut aussi absorbé, mais Osiris recherchait déjà Krell, qui devait préparer son attaque dans son coin.

Effectivement, Krell se tenait derrière lui, et profitant de l'inattention d'Osiris, lui arracha son collier en or.

"Non !" hurla Osiris, décomposé.

"J'avais raison" fit le chevalier des Gémeaux, "c'est ton collier qui te protège. C'est un amplificateur psy, c'est ca ?"

L'amplificateur psy était un objet récent, une merveille de la technologie, qui permettait de générer des ondes électriques à partir des ondes mentales. Ce procédé était utilisé pour le pilotage sensoriel des avions de chasse depuis 2007 déjà, après plus de vingt ans de recherche théorique, mais c'était la première fois que Krell voyait un chevalier s'en servir. Néanmoins c'était là une utilisation plutôt étrange, que Krell n'avait jamais vue : amplifier les ondes mentales d'un guerrier expérimenté et créer à partir de l'électricité résultante un puissant champ électromagnétique relevait du génie. Mais cela n'en restait pas moins un procédé indigne d'un dieu guerrier.

"Tu es fini" dit sombrement Krell, broyant entre ses doigts le délicat mécanisme dissimulé dans le collier. "Maintenant, tu vas devoir affronter de véritables guerriers, sans aucun artifice."

Anton prit place à coté de lui, ajoutant d'une voix où pointait un peu de condescendance "tout à l'heure, nous n'avons pas utilisé toute notre puissance. Voici le véritable Twin Blast."

"Non attendez !" furent les derniers mots d'Osiris, lorsque les deux Gémeaux relâchèrent cette fois une gigantesque boule de feu, qui ne laissa aucune chance à Osiris de s'échapper. L'explosion fut violente, et lorsque les flammes se dissipèrent, Osiris n'était déjà plus qu'un cadavre racorni, brûlé jusqu'à l'os, qui s'effondra au sol sans un bruit.

"Encore gagné" fit Anton, serrant la main de son partenaire.

"Parfait. Au suivant !" fit Krell, et tous deux se dirigèrent vers un combat qu'ils sentaient non loin, où l'un des cosmos venait de s'éteindre.



"Sssss'aa !" siffla Isamu tout en lançant son attaque, un trait d'énergie qui claqua comme un fouet sur l'armure de Thot.
"Et c'est ainsi que tu comptes me vaincre ? Ridicule !" s'esclaffa son adversaire.
"Tu as raison, mon attaque est minable, mais au moins je te touche. C'est déjà mieux que Eric, non ?"

Isamu lança son attaque à plusieurs reprises, touchant chaque fois le Dieu lune, mais ricochant toujours sur son armure. Le Dieu Lune riait, comme si les coups d'Isamu le chatouillaient.

"Tu es pathétique ! Que crois-tu faire ?"
"Je ne sais pas" fit Isamu, d'une voix sarcastique "obscurcir la lune peut-être ?"

A ces mots, Thot se tut et baissa les yeux vers son armure. Il n'y avait pas pris garde, et vit qu'à chaque endroit que l'Iguane avait touché, une tâche noire était apparue, et maculait son armure.

"Mais qu'est ce que c'est que ca ?" grogna-t-il, essayant, en vain, de brosser les tâches.
"C'est mon poison, que je crache habituellement sur mes proies, mais dont je me sers cette fois pour badigeonner ton armure. N'essaie pas de l'enlever, ça colle horriblement." Isamu était fier, cela s'entendait à sa voix.
"J'ai compris que ta force te venait de ton armure, qui possède la lumière de la Lune et aussi son obscurité. Quand tu déploies ton cosmos, ton armure luit comme la pleine lune, et tu joues de cette lumière pour créer des jeux de miroir, déstabilisant ton ennemi. Mais contrairement à Eric, je te suis à l'odeur, et à la chaleur que tu dégages, je sais où tu es. Et en couvrant ton armure de mon poison, je vais l'empêcher de distiller sa lumière. Ensuite je te porterai un coup fatal."

"N'y crois pas trop" gronda Thot. "Dark Side of the Moon !"

Toute l'obscurité s'abattit sur Isamu, mais celui-ci esquiva d'un bond inattendu, et répliqua par un nouveau coup.

"Inutile, Thot. Ta lumière baisse d'intensité, et les ténèbres qui t'entourent aussi. En plus, j'ai compris ton attaque, je sais comment tu fais tomber les ténèbres, ou plutôt une vague d'énergie sombre, sur ton ennemi. Je peux esquiver ton attaque, maintenant.

"Soit. Tu m'obliges à utiliser les grands moyens." Thot ferma les yeux, et toutes ses illusions disparurent, tandis que les ténèbres se dissipaient et que l'armure de la Lune retrouvait sa couleur sombre.

Isamu attendait que Thot soit prêt. Ce combat l'excitait, plus qu'il n'aurait dû, car le jeune japonais aimait se battre contre des adversaires de valeur, et il avait trop rarement eu des ennemis aussi étranges. Thot ouvrit les yeux, un sourire aux lèvres, et joignit ses mains, créant une sombre aura autour d'elles.

"Ca y est, tu es prêt ?" fit Isamu, attendant l'assaut avec autant d'impatience que d'appréhension.

Thot ne répondit pas, mais lui retourna un regard étrange, plein d'assurance et de sarcasme, avant de tendre ses mains devant lui, droit vers l'Iguane.

"Dark Radiance !" fut son cri au moment où de ses doigts tendus une onde d'obscurité s'échappait, fondant vers son ennemi. Isamu évita aisément la vague d'énergie et se rapprocha, prêt à frapper.

"C'est ça ton attaque ? Prends plutôt la mienne ! Whip..."

Isamu n'eut pas le temps de finir, car il se rendit compte que l'onde qu'il avait évitée n'était que la première d'une série de vagues d'obscurité qui fondaient vers lui. Il en évita une, deux, mais la troisième, et les suivantes le touchèrent, prodiguant des signaux de douleur dans tout son corps. Il ne pouvait plus esquiver, sentant que chaque coup réduisait ses forces et sa mobilité, en attendant le coup de grâce qui viendrait bien à un moment ou un autre. La situation était désespérée, il le savait déjà.

Thot arrêta enfin son attaque, et s'avança lentement vers le corps meurtri d'Isamu, gisant à terre. Du pied il le fit rouler sur le dos, afin de voir son visage grimacer de douleur, et se mit à rire.

"Alors, stupide lézard, tu croyais me vaincre ainsi ? Regarde dans quel état tu es. Que peux-tu faire maintenant ? Tu as été idiot, de me laisser concentrer mon énergie, au lieu de m'attaquer. Je vais tranquillement vous achever tous les deux, avant d'aller au temple tuer ton dieu. Et tu ne pourras rien faire pour m'en empêcher."

Thot leva la main au-dessus de la gorge d'Isamu, pour le décapiter, mais celui-ci ouvrit faiblement les lèvres, laissant s'échapper un murmure. Thot se baissa, afin d'écouter ses dernières paroles, se délectant d'avance de l'entendre le supplier de l'épargner. Mais lorsque son visage fut tout près de celui du jeune japonais, ce dernier ouvrit brusquement les yeux et lui cracha au visage. Thot recula, sentant sa peau et ses yeux le brûler, comme s'il avait reçu le poison d'un serpent en pleine face. Isamu en profita pour se relever, mais il se sentait trop faible pour affronter Thot, même aveugle.

"Whip Tongue" cria-t-il, lançant son attaque sur Eric, toujours inconscient, à quelques mètres de lui. Le rayon de lumière claqua sur le jeune guerrier comme un coup de fouet, le sortant de sa léthargie dans un grognement de douleur. Vu son état de faiblesse, Isamu ne pouvait que porter un coup léger, pour réveiller le guerrier divin qui prendrait la relève. Eric se releva lentement, mais déjà Thot avait retrouve ses sens, furieux de la brûlure qui continuait à ronger son visage. Mais il était aussi parfaitement conscient que Eric serait plus dangereux qu'Isamu, aussi préféra-t-il ignorer le guerrier blessé et lancer son attaque sur le jeune garçon qui réalisait trop lentement la situation à son éveil.

"Dark Radiance" hurla-t-il, projetant ses ondes meurtrières sur Eric désarmé. Mais une ombre vêtue d'écailles vint s'interposer et ainsi Isamu utilisa ses dernières forces pour servir de bouclier au guerrier divin. Les ondes noires vinrent se fracasser sur lui, mais Isamu resta debout jusqu'au bout, encaissant tous les chocs sans un mot. Quand Thot mit un terme à son attaque, Isamu s'effondra lourdement au sol, tandis que Eric se précipitait vers lui, désormais tout à fait conscient.

"Isamu..."
"Tais... toi... et tue... le... pour moi..."
"Tais-toi, tais-toi, je t'en prie ! Essaie de rester conscient, je te ramène au temple dès que j'en ai fini avec lui."
"Pas... la peine... Je suis... dé..jà..."

Isamu ne termina jamais sa phrase, et ses yeux se figèrent. Eric lui ferma les paupières, puis se redressa, gardant les yeux baissés.

"Alors, guerrier du Cristal, ça y est, tu as fini de pleurer cet imbécile ?"
"Tais-toi ! Je ne te laisserai pas dire du mal de lui. Quand je pense qu'il a utilisé ses dernières forces pour me protéger..." Eric leva les yeux vers son ennemi, son regard reflétant toute sa colère. "Le moins que je puisse faire est de te tuer en son nom. Prépare-toi, Thot, car tu vas mourir !"
"Imbécile ! Même si je n'ai plus la possibilité de déployer mes ténèbres autour de moi, mes ondes noires te tueront sans que tu puisses rien faire !"
"Alors vas-y, Thot ! Utilise ton pouvoir sur moi ! Et ensuite, je te porterai un coup fatal."

Thot eut un instant d'hésitation devant l'assurance du jeune homme, mais il prit la position d'attaque et hurla "Dark Radiance" tout en envoyant des ondes meurtrières.

Mais Eric les attendait de pied ferme, et peu avant le premier impact, il concentra son cosmos devant lui, créant un mur de glace qui encaissa la plupart des impacts avant de se briser, ne laissant que quelques vagues sombres qui arrivèrent lentement sur Eric. Celui-ci les évita aisément, puis fit face à Thot, qui regardait éberlué par l'échec de son attaque.

"Le sacrifice d'Isamu m'a permis de comprendre quel était le point faible de ta technique. A présent je vais accomplir ce que j'ai dit. Meurs, salopard ! Kholodni Smerch !"

La tempête de glace s'abattit sur le guerrier sans que celui-ci ne bouge, et un instant plus tard, Thot se retrouva gelé au centre du temple. La statue de glace vibra un instant avant de se désintégrer, ne laissant pas même une trace de ce qui fut un puissant guerrier.

Eric jeta un dernier coup d'œil vers Isamu, se jurant de revenir l'enterrer avec tous les honneurs, une fois leurs ennemis tous exterminés. Puis il se mit à courir vers la pyramide.



Yrugo avançait lentement, son disciple Rody sur les talons. Ils se trouvaient sur les terres les plus au nord de la pyramide, près de la Colline des Sacrifices. La terre était sèche en cet endroit, et la végétation pratiquement inexistante. Les légendes disaient que tant d'hommes et de femmes avaient été sacrifiés en ces lieux au nom d'anciens dieux que la terre, saturée de sang, en était devenue stérile. En tout cas, Yrugo se réjouissait pour une fois de cette infertilité, car l'ennemi qu'il poursuivait n'aurait pas d'endroit où se cacher.

Cela faisait une demi-heure qu'ils suivaient cet individu, et ils avaient parcouru un long chemin, s'aventurant d'abord au sud, où ils avaient senti la présence d'Isamu et de deux autres guerriers, puis à l'est et à l'ouest de la pyramide, où ils sentirent aussi les auras des combattants. Les combats avaient déjà commencé autour de la pyramide, pourtant aucun ennemi n'avait encore osé pénétrer dans le temple lui-même, fort heureusement.

Yrugo se demandait s'il finirait par attraper le fantôme qu'il suivait. Ce guerrier devait sans doute s'amuser, à mener ainsi en bateau ses poursuivants, se jouant d'eux en leur faisant parcourir toute l'antique cité dans le seul but de leur faire perdre du temps. Mais Yrugo ne pouvait se permettre le luxe de se hâter, car cela signifierait montrer un point faible à l'ennemi. Dans sa précipitation, il ferait forcément une erreur et serait pris en défaut. Il devait attendre que l'ennemi veuille bien se montrer.

A coté de lui, Rody montrait des signes évidents d'impatience. Comme tous les Jaguars avant lui, le jeune homme avait hâte de se battre. Yrugo savait que malgré son attachement à l'armure du Jaguar, Rody voulait prouver sa force et obtenir l'une des trois armures qui dormaient encore dans le temple, attendant qu'un guerrier s'en montre digne. Parmi elles, la Panthère était l'armure que Rody visait, car sa puissance était bien supérieure à celle du Jaguar. Mais Rody ne savait pas encore qu'il serait bien plus puissant en Jaguar qu'en Panthère, car il avait déjà trouvé dans son totem actuel un véritable alter ego. Ce lien entre Rody et son armure du Jaguar était fort, plus que ne le serait jamais un lien entre le jeune homme et une autre armure. Mais cela, il serait toujours temps de le lui expliquer plus tard.

"Maître" chuchota Rody "pourquoi ne pas courir vers lui ? Ou l'attirer là où nous voulons ?"
"Il est plus fort que nous. Nous devons attendre qu'il vienne vers nous et fasse une erreur."
"Mais à deux, on pourrait le battre ?"
"Je ne sais pas. Je ressens un cosmos très puissant. Je SAIS que le combat sera très difficile."

Rody ne répondit pas, comprenant à l'intonation de son maître que celui-ci trouvait cette discussion inutile. Ils continuèrent à avancer dans la direction présumée de leur adversaire, et atteignirent la base de la Colline des Sacrifices. Ils s'apprêtaient à la gravir quand un rire moqueur se fit entendre, venant d'au-dessus d'eux. Puis une silhouette se découpa sur le ciel, et l'adversaire qui s'était tant fait attendre fit enfin son apparition.

"Bienvenue, guerriers de Quetzalcoatl !" fit d'un ton joyeux la silhouette en contre-jour.
"Bienvenue ?" fit avec colère le jeune Jaguar, "tu nous fait tourner en rond pendant des heures et tu nous salues ? Viens te battre, qu'on en finisse !"
"Du calme !" fit avec autorité Yrugo. "Ne te laisse pas emporter, c'est exactement ce qu'il cherche. Concentres-toi et sois prêt à défendre ta vie."
"Mais maître…" protesta le garçon, "il se moque de nous."
"Et alors ? Ce ne sont pas ses moqueries qui vont te tuer. Mais si tu tombes dans son piège, alors oui, tu mourras."

Yrugo reporta son attention sur le guerrier, mais la lumière du soleil, derrière celui-ci le gênait. Il entreprit donc de monter la colline tout en se déplaçant autour de cette dernière, afin de ne plus avoir le soleil dans les yeux. Rody le suivit, un peu vexé de s'être fait gronder comme un enfant. Le guerrier attendait, impassible, se tournant lentement vers ses adversaires. Yrugo put enfin le détailler, lui et son armure.

Le guerrier portait une armure légère, qui ressemblait à une côte de mailles de couleur verte. Ses jambes n'étaient protégées que jusqu'au genou, et ses avant-bras jusqu'au coude. Il avait une sorte de pagne de cuir sombre qui descendait jusqu'à mi-cuisse, et des bracelets en or entouraient les muscles de ses bras. Mais son visage était comme celui d'Anubis dissimulé derrière un masque. Un bec anguleux, des yeux de jade, donnaient un air sévère et hypnotique à la face métallique. Yrugo reconnut en lui le faucon Egyptien.

"Horus…" murmura-t-il.
"Bravo, je vois que tu es un érudit. Je suis bien Horus, fils du couple divin Osiris et Isis."
"Et le plus puisant des dieux égyptiens après Osiris et Amon-Râ, c'est cela ?"
"Tu te trompes. Les dieux égyptiens ne sont que les serviteurs du divin Râ. Leur puissance change souvent au cours des âges. Actuellement, mon demi-frère maudit, Anubis, est bien plus puissant que moi. C'est lui qui commande à tous les dieux d'Egypte pour cette bataille, par ordre de notre seigneur Râ."
"Donc tu es moins puissant que lui, c'est cela ?"
"C'est cela. Mais je n'en reste pas moins redoutable."
"C'est ce qu'on va voir !" hurla Rody en se précipitant vers lui.

Yrugo voulut lui crier un avertissement, mais il était déjà trop tard, Rody se jetait au combat avec colère, attaquant sans cesse son adversaire qui évitait ou paraît chacun des coups, avec une sorte de nonchalance dans les gestes, comme s'il trouvait amusant de déjouer les assauts de son ennemi.

Yrugo ne pouvait pas se lancer au combat lui aussi, Rody, dans sa furie, ne lui laissait aucune ouverture. Le guerrier du Condor se demandait si c'était délibéré de la part de son disciple qui voulait l'impressionner, ou s'il n'en était tout simplement pas conscient, emporté par la fureur du Jaguar. Le fauve était en effet un des plus dangereux, autant pour ses adversaires, que pour lui-même. Yrugo regardait, attentif, prêt à aider son disciple lorsque ce serait nécessaire. Mais au fond de lui, il avait peur.

Rody, lui, ne ressentait pas la peur. Juste une colère grandissante envers cet envahisseur responsable avec ses comparses de la mort d'un de ses camarades. Il ne souhaitait que le détruire, le déchirer de ses crocs et de ses griffes, mais Horus était trop rapide pour lui, et se dérobait devant lui. Sa frustration de ne pouvoir atteindre sa cible augmentait sa rage, et Rody redoubla d'efforts mais en vain.

Horus soudain disparut, et Rody s'arrêta net, interdit, cherchant où pouvait bien être son ennemi. Celui-ci était à quelques pas de lui, et le regardait en silence, calme comme un nuage en plein ciel. Il n'était même pas essoufflé, alors que Rody haletait, épuisé par l'effort. Rody fit à nouveau face au guerrier égyptien, prêt à reprendre la lutte, quand son maître l'interpella.

"Ca suffit, Rody ! Reviens ici, tu n'es pas de taille !"
"Non ! Je ne peux pas ! Je dois le vaincre maintenant, afin que vous gardiez vos forces pour Anubis. Vous seul êtes en mesure de combatte ce salopard qui a tué Hans. Vous ne devez pas gaspiller votre énergie face à Horus !"

Yrugo ne répondit pas. Ce comportement le surprenait de la part de Rody. Son turbulent disciple avait donc foncé dans la gueule du loup pour des raisons tactiques ? Yrugo sourit intérieurement, heureux de voir que le jeune garçon était désormais capable de combattre pour le groupe et non en tant que seul individu. Mais dans ce combat, il risquait surtout de perdre la vie inutilement.

"Rody" fit-il plus doucement, se rapprochant de son disciple, "je ne suis pas le seul à pouvoir vaincre le Dieu des Morts. Parmi les amis de Kotori, il y en a qui sont aussi forts que moi…"
"Quoi ?" s'exclama Rody, surpris. Il ne voyait en effet aucun des guerriers étrangers aussi puissant que son maître.

Horus fit un pas en avant, son attitude trahissait sa perplexité.

"Que veux-tu dire ? Ils ne semblent pas très forts, pourtant. Comment pourraient-ils nous vaincre ?"
"Imbécile ! La puissance n'est rien comparée à la force de l'âme, et un guerrier faible peut vaincre un ennemi plus fort que lui si son âme est pure et sa cause juste. Vous serez vaincus non par nos pouvoirs, mais par notre volonté à survivre. Toi aussi, Rody, retiens bien cette leçon."

Yrugo sourit à son disciple, d'une façon étrange. Pendant un instant, le jeune homme ne sut comment il devait interpréter ce sourire. Il avait l'impression que son maître lui donnait ses derniers conseils, qu'il lui confiait une dernière et grande mission, avant de… Rody comprit. Yrugo voulait se sacrifier !

"Maître, non ! Je ne vous laisserai pas mourir !"

Mais Rody venait de commettre une erreur fatale. Toute son attention tournée vers Yrugo, il en avait oublié Horus et tournait le dos à ce terrible adversaire. Celui-ci en profita pour le frapper en traître et avant que Rody ne comprenne ce qui se passait, avant qu'Yrugo ne puisse intervenir, Horus attaquait. Il porta un terrible coup qui déchira l'armure et la chair, et Rody tomba au sol, les yeux révulsés, du sang jaillissant d'une grande blessure entre ses omoplates. Son cosmos disparut et il ne bougea plus.

"Alors Yrugo, te voilà seul, maintenant que ton disciple est mort. Tu comptes toujours te sacrifier pour lui ?"

Yrugo restait silencieux, les yeux baissés vers son élève gisant à terre. Le visage de ce dernier n'exprimait plus ni colère ni appréhension, il semblait délivré, presque heureux. Sans un mot, Yrugo déploya son cosmos, sentant son esprit se transformer sous l'influence de son totem le Condor, le grand Oiseau de Mort.

"Tu va mourir." souffla-t-il en avançant vers son ennemi.



Khal ouvrit les yeux, péniblement. Il ne savait plus où il était, mais c'était inconfortable. Ses sens revinrent, lentement. Il était allongé sur le sol, dans une herbe drue et verte. En face de lui, il croisa un regard. Des yeux clairs, qui le fixaient. Ceux de Lise, étendue au sol comme lui. Combien de fois s'était-il perdu dans ces yeux emplis d'amour ? Combien de fois y avait-il lu le désir, la passion, tandis qu'ils faisaient l'amour ? Tant de fois qu'il ne saurait le dire.

Il ne fallut qu'un instant à Khal pour retrouver toute sa lucidité. Le regard de Lise était différent. Ses yeux étaient ternes, ne reflétaient ni joie, ni amour, ni même colère. Ils étaient fixes. La compréhension se fit comme au ralenti, Khal réalisant progressivement l'horreur de la situation. Les yeux de Lise étaient figés dans la mort, Lise, sa compagne, ne vivait plus. Sebek l'avait tuée. Khal se releva à moitié en hurlant, et rampa vers le corps inerte. Prenant doucement sa tête entre ses bras, il pleura quelques minutes, sanglotant, berçant le cadavre contre lui. Et soudain il se tut, en entendant le rire derrière lui.

Khal se retourna immédiatement, reconnaissant le rire sadique de Sebek. L'homme, toujours dissimulé derrière son masque, riait à gorge déployée, se réjouissant du désespoir du jeune guerrier. Khal sentit la fureur, une haine qu'il n'avait jamais connue, s'emparer de lui. Il reposa doucement Lise au sol, tout en lui fermant les yeux, et se redressa de toute sa hauteur. Sa nuque le lançait, à l'endroit où il avait été frappé, mais il ne s'en souciait pas. Un voile rouge obscurcissait sa raison, et une seule pensée l'habitait désormais : TUER.

Il bondit en feulant sur le tueur, qui l'esquiva aisément, puis il commença à distribuer des coups de droite et de gauche, fonçant à l'assaut sans même réfléchir. Chacune de ses attaques ne rencontrait que le vide, son adversaire jouant de sa vitesse supérieure pour anticiper tous les mouvements. Khal courrait à la poursuite de son ennemi insaisissable, comme un chat après un bout de ficelle, et cela amusait encore plus le cruel Sebek.

Le guerrier crocodile décida d'abréger ce jeu. Il cessa tout mouvement pendant un instant, le temps pour Khal de le rattraper, et à l'instant où celui-ci allait le saisir entre ses griffes, il l'empoigna par le bras et le projeta par-dessus lui, l'envoyant telle une poupée s'écraser dans les sous-bois.

Khal en ressortit sans grand dommage, mais sa fureur était passée. Parfaitement conscient que Sebek était plus fort que lui, Khal prit le parti de raisonner au lieu de foncer. S'il voulait venger Lise, il devait se servir de son intelligence, non de ses muscles.

"Ca y est, tu es calmé ?" fit le crocodile.
"Tu n'attendais que ça, hein ?" grogna Khal.
"Oui. Ce sera plus amusant si tu t'y prends correctement. Dans ta colère, tu n'étais qu'un idiot s'agitant inutilement. J'espère que tu sauras te montrer à la hauteur, maintenant."
"Sois-en sûr. Maintenant, j'ai une bonne raison de te tuer. Tu vas payer."
"Parfait, je veux te voir au maximum de tes possibilités. Je veux que tu tentes du mieux possible de me vaincre, et que tu réalises alors que cela t'est impossible. Ta terreur sera plus grande alors, et je t'achèverai avec un plus grand plaisir."
"Tu as attendu exprès que je me réveille."
"Oui, bien sûr. Et j'ai attendu longtemps. Il ne m'a pas fallu plus de deux minutes après t'avoir assommé pour me débarrasser d'elle. Quel plaisir ce fût lorsque j'ai entendu sa nuque se briser !"

Les cheveux de Khal se hérissèrent à ces paroles, et le voile rouge revint, mais en deux inspirations, il reprit contrôle sur lui-même. Jamais il n'avait été si proche de la fusion totale avec son totem. Le Puma était furieux, et prêt à le posséder entièrement. Mais il ne devait pas le laisser faire, il devait contrôler l'animal pour posséder sa force, mais garder en même temps son intelligence humaine. Khal serra le poing, concentrant ses pensées vers l'équilibre parfait entre l'homme et l'animal.

"Prépare-toi à ton aise, guerrier Puma, je ne bougerai pas jusqu'à ce que tu m'attaques."
"Je ne te ferai pas attendre longtemps. J'ai trop hâte de t'arracher le cœur."

Khal sortit des buissons où il se trouvait, posant avec précaution le pied sur l'herbe drue. Cette petite zone dégagée au milieu des bois serait soit sa tombe soit celle de son ennemi. Il réduisit ses pensées à cette seule zone, ce cercle d'herbe entourée d'arbres, réfléchissant à toute vitesse à la façon dont il pouvait exploiter la configuration des lieux à son avantage. Les arbres, oui…

Khal bondit soudain, mais à la surprise de Sebek, non vers lui mais dans les arbres derrière lui. Il disparut dans le feuillage, tel un chat se cachant d'yeux observateurs, mais Sebek sentait toujours sa présence. Khal se déplaçait de branche en branche, sans le moindre bruit, cherchant un angle d'attaque.

"Tu triches !" se moqua le crocodile, "les Pumas sont des chasseurs des montagnes, pas des forêts ! "

Il n'y eut aucune réponse, et Sebek sentit que son adversaire se déplaçait toujours pour le contourner. Il était à gauche, maintenant…

Mais Sebek se trompait. Alors qu'il se tournait vers sa gauche pour faire face à l'ennemi invisible, celui surgit sur sa droite, et portait un terrible coup. Sebek ne put qu'esquiver maladroitement, et fut quand même touché, bien que son armure encaissa le plus gros des dégâts. Le temps de retrouver son équilibre avant de riposter, Khal avait à nouveau disparu dans la végétation. Un instant plus tard, il attaquait à nouveau sous un angle inattendu, déstabilisant le guerrier égyptien. Il parvint ainsi à trois reprises à toucher le grand saurien sans subit lui-même de contre-attaque, mais il dépensait beaucoup d'énergie pour se déplacer rapidement dans les arbres, et attaquer, tandis que Sebek ne semblait pas trop souffrir des coups qu'il avait reçus. Khal décida qu'il fallait en finir, et lors d'une nouvelle attaque surprise, il concentra tout son cosmos pour un coup mortel.

"Deadly Claws !" hurla-t-il au moment où il refermait ses bras sur son ennemi. Les griffes déchiquetèrent l'armure et plongèrent profondément dans l'épaule du crocodile, mais l'impact ne fut pas assez fort pour renverser Sebek au sol, et celui-ci, bien campé sur ses jambes, n'émit même pas un son au moment où il fut blessé. Au contraire, il semblait avoir prévu qu'il serait blessé, et avait préparé sa contre offensive. Khal, agrippé à son adversaire, ne put se dégager à temps lorsque Sebek, sans un mot, le saisit par le cou.

Sebek fit un mouvement brusque, et Khal fut arraché à sa proie. Puis le guerrier crocodile souleva son adversaire d'une seule main, emprisonnant la gorge de Khal comme dans un étau. Celui-ci essaya de se dégager, mais il avait peine à respirer et les coups qu'il donnait sur les bras ou le masque de Sebek n'y faisaient rien. Il sentait ses forces s'affaiblir à chaque instant, la pression fabuleuse sur son cou amplifier.

Se balançant en arrière, il prit de l'élan et donna un grand coup de genou au niveau du coude de son ennemi. L'armure se fissura, mais Sebek ne broncha même pas, ne semblant ressentir ni douleur, ni fatigue.

"Tu as perdu, Puma. Nul ne peut échapper au grand crocodile, le Seigneur du Nil, lorsqu'il tient sa proie dans sa gueule. Ma poigne est comme la gueule du crocodile, c'est un étau d'où on ne s'échappe pas."

Khal sentait son cerveau s'engourdir, ses muscles l'abandonner. Le Puma s'était retiré, ne pouvant rester dans ce cerveau qui n'était presque plus irrigué. Il était seul, désormais et ne pouvait plus rien faire. Il ne pourrait plus venger Lise.

"Tu penses à elle, n'est-ce pas ?" fit le Crocodile, qui savait pertinemment que Khal n'était pas en mesure de répondre. "Si ça peut te rassurer, sache que tu vas mourir comme ta bien aimée, le cou broyé de la même façon. Vous vous rejoindrez dans l'autre monde. Puisse Anubis, Seigneur des morts, vous juger dignes de passer l'éternité ensemble."

Il y eut un horrible bruit de craquement, puis Sebek desserra sa poigne. Khal tomba au sol, comme un pantin. Alors Sebek le saisit par le col et le déposa aux cotés de Lise. Puis, s'agenouillant à coté d'eux, il leur ferma les yeux et mit la main du jeune guerrier dans celle de sa compagne. Il resta ainsi à genoux pendant un instant avant de se relever sans un mot et de quitter le lieu du combat.

Sur le front de Khal, brillait une larme, sans doute échappée du masque de Sebek, le grand Crocodile.

Chapitre précédent - Retour au sommaire - Chapitre suivant

www.saintseiya.com
Cette fiction est copyright Patrick Huart.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.