Chapitre 14 : Le Palais d'Hadès


Io gisait à terre. L'armure du Cancer avait certes absorbé la majeure partie des coups assénés par Sylphide, mais elle n'avait pas pu défendre la tête de son propriétaire. Résultat, Io avait le visage totalement tuméfié. Des bleus partout et du sang s'échappait de sa joue droite.

De son côté, le Spectre était en pleine forme. Il n'avait subi aucun dommage de la part de son adversaire, sa bulle d'anti-matière le protégeant efficacement contre les coups du chevalier d'Athéna. Sylphide regarda encore un instant le corps apparemment sans vie d'Io, puis se prépara à tourner les talons afin d'aller prêter main-forte à ses compagnons. C'est alors qu'une puissante aura vint entourer Io.

- Par tous les Enfers, qu'est-ce que c'est ? Cette cosmo-énergie ne vient pas de lui, c'est certain, mais alors qui ?

Peu à peu, Io reprit conscience. Lentement et avec précaution, il entreprit de se relever. Il ne comprenait pas plus que Sylphide ce qui lui arrivait. Il était sur le point de mourir quand quelque chose ou quelqu'un l'avait ramené à la vie. Mais qui ? Io était certain de connaître ce cosmos, mais il ne parvenait pas à s'en souvenir… Il serra les poings. Après tout, peu importait de savoir qui l'avait aidé; le plus important était d'être en vie et prêt à combattre.

- En garde, Sylphide, le combat est loin d'être terminé !
- Je vois, et je dois reconnaître que je suis très surpris. Tu devrais être en train d'agoniser et te voilà de nouveau prêt à te battre. Mais ce n'est pas très grave.
- Pourquoi ?
- Parce que tu ne peux toujours rien contre moi. Aucune de tes attaques ne peut m'atteindre et tu n'as aucun moyen de te défendre contre mes coups. Et je vais t'en donner la preuve immédiatement ! Annihilation Flap !

Io fit brûler son cosmos. Il se campa solidement sur ses jambes, bien décidé cette fois à ne pas se laisser entraîner dans la sphère d'anti-matière de son adversaire. Il tint bien quelques secondes mais finit par sentir ses pieds s'élever du sol malgré sa volonté. Avant qu'il ait eu le temps de s'en rendre compte, il était à nouveau prisonnier. Le poing de Sylphide s'éleva et le frappa au visage, exactement à l'endroit où Io saignait déjà. Le chevalier du Cancer ne put retenir un cri de douleur lors de l'impact. Il retomba à nouveau lourdement à terre; cette fois, Sylphide était certain qu'il ne se relèverait pas. Pourtant, lentement mais sûrement, Io se remit encore une fois sur ses pieds.

- Mais j'en ai plus qu'assez, hurla le Spectre ! Pourquoi, pourquoi refuses-tu de mourir ? Qu'as-tu à espérer contre moi ? Tu ne peux ni attaquer, ni te défendre; pourquoi n'acceptes-tu pas ta défaite ?
- Parce que je sais comment te vaincre.
- Comment ????

Io fit brûler son cosmos. "Je n'ai pas le droit à l'erreur; si je me suis trompé, c'est fini, je suis mort. De toute façon, je n'ai plus le choix."

- Big Tornado !
- Annihilation Flap !

Tout sembla d'abord se passer comme lors des précédentes attaques de Io. La bulle d'anti-matière commença par absorber le coup; puis petit à petit la bulle se désagrégea. Un trou, puis un autre, puis encore un autre. Finalement, la bulle fut entièrement détruite et Sylphide reçut l'attaque de son adversaire de plein fouet. Sous le choc, son casque sauta et il se retrouva à plusieurs dizaines de mètres, encastré dans un mur ! Toutefois, le coup n'était pas mortel; il se releva tant bien que mal et revint vers son adversaire, sans pour autant pouvoir cacher sa surprise.

- Comment ? Comment as-tu fait, chevalier ?
- Simple. Ta bulle d'anti-matière annule la matière que comportent mes coups, uniquement parce que les anti-particules sont supérieures aux particules. Mais si l'on parvient à lancer une attaque dont la puissance est telle que ses particules sont en nombre supérieures, alors ta bulle ne peut plus te servir à rien.
- Je vois que tu as trouvé le seul point faible de ma défense, chevalier, fit le Spectre en hochant la tête. Mais tu ne peux toujours pas parer mes coups. Je peux toujours te faire prisonnier de ma sphère ! Assez joué, il est temps d'en finir ! Annihilation Flap !
- Big Tornado !

***

Siegfried regarda son armure. Il lui semblait la revêtir pour la première fois. Un peu plus loin se trouvaient les morceaux du Surplis de la Puissance. Chose curieuse, ce surplis ne s'était pas reconstitué. En face de lui se tenait Eaque; le Titan avait manifestement du mal à comprendre comment son adversaire avait pu se libérer de l'emprise du Surplis maléfique. Par quel prodige… ? Au bout de quelques secondes, Eaque secoua la tête et fit brûler son cosmos.

- Allons-y, chevalier d'Athéna ou Guerrier Divin, je m'en moque. Tu m'as fait perdre mon temps et celui-ci nous est compté. Il faut que je dispose de toi avant de pouvoir m'occuper de tes amis qui ne devraient pas tarder, contre toute attente à pénétrer à l'intérieur de Giudecca.
- Parce que tu crois que tu vas avoir la partie facile contre moi ?
- Dame, non ! Je ne ferai pas la même erreur que tous les adversaires des chevaliers d'Athéna font habituellement.
- C'est à dire ?
- Vous sous-estimer. C'est pourquoi je vais immédiatement en finir avec toi ! Garuda Flap !

Siegfried ne bougea même pas. L'attaque d'Eaque le traversa comme s'il s'agissait d'un fantôme et alla détruire un rocher.

- Mais par quel prodige ?
- Tu cherches un prodige là où il n'y a que du bon sens, répondit Siegfried en haussant les épaules. Tu as utilisé cette technique trop de fois sur Orphée. J'ai eu le temps de l'étudier à loisir et chaque détail est mémorisé dans mon cerveau.
- C'est impossible, hurla Eaque ! Je ne te crois pas ! Garuda Flap !

Cette fois, Siegfried mit ses deux mains en avant. Lorsque l'attaque de son adversaire vint le toucher, ils les disposa un peu différemment, afin d'agir comme une sorte de miroir. Eaque fut frappé de plein fouet par son propre coup. Sous l'impact, s'il ne tomba pas, il recula de plusieurs mètres.

- C'est incroyable, murmura Eaque. Jamais personne n'avait pu me retourner mon coup auparavant. Il ne fait aucun doute que les chevaliers d'Athéna sont aussi redoutables que je le pensais. Il ne me sert à rien d'essayer de l'attaquer sur le plan mental, il est trop sur ses gardes par rapport à ce genre de technique. Il va donc me falloir utiliser ma botte secrète. Siegfried, ajouta-t-il plus haut, tu es un adversaire redoutable. En conséquence je vais utiliser contre toi mon ultime attaque. Tu n'y survivras pas.
- Encore faudrait-il que je te laisse m'attaquer ! Que l'Epée d'Odin te transperce !

Des millions de cristaux en forme d'épées, tous plus coupants les uns que les autres, se dirigèrent vers Eaque. Le Titan évita la première salve, para la deuxième et la troisième. Mais il fut touché à la quatrième, puis à la cinquième. Le rythme de l'attaque de Siegfried ne faiblissait pas et Eaque voyait son sang s'échapper de son corps de plus en plus rapidement. Il lui fallait contrer rapidement. Il rassembla ses forces et attaqua à son tour.

- Infinite Execution !

Le poing du Spectre se fraya un chemin à travers les cristaux de Siegfried et vint s'abattre en plein dans le plexus du chevalier d'Or. Celui-ci, concentré par son coup, n'avait rien vu venir. Le choc fut violent. Le casque de l'armure du Lion sauta en même temps que Siegfried fut projeté en l'air pendant plusieurs secondes. C'est à ce moment-là qu'Eaque frappa à nouveau.

- Infinite Execution !

***

- Minos ! Minos ! Minos, m'entends-tu ?
- Qui… Qui me parle ?
- Je suis ton seigneur et maître, l'Empereur Hadès.
- Que… Que m'est-il arrivé ?
- Tu as été frappé par la symphonie du chevalier de la Vierge. Elle a pour caractéristique d'endormir ceux qui l'entendent. Je suis venu te réveiller. Trois Spectres sont déjà tombés face aux chevaliers d'Athéna. Vous n'êtes plus que trois à leur barrer la route de Giudecca. Relève-toi, Titan, et vainc-les.
- Il en sera fait selon votre désir, maître.
- Bien. Je vais te transporter jusqu'à ton adversaire.

Un puissant cosmos entoura Minos qui ouvrit les yeux. Quelques secondes à peine plus tard, le décor autour de lui s'évanouissait pour laisser place à un autre. Devant lui se tenait un chevalier, manifestement ébahi de voir se matérialiser un adversaire. Minos le reconnut sans peine: il s'agissait d'Orphée. Ainsi le Destin avait choisi. Envers et contre tout sentiment, il lui fallait affronter un membre de sa famille. Et bien soit ! Autant s'en débarrasser le plus vite possible et aller massacrer d'autres chevaliers pour oublier le crime de sang dont il se serait rendu coupable.

- Orphée, il est temps de nous battre ! Ton attaque mentale n'aura plus aucun effet, je suis à présent immunisé.
- Je le regrette, Minos, car ainsi tu n'aurais pas souffert, du moins pas de mon fait.
- Le temps n'est plus aux regrets, Orphée ! Bats-toi de toutes tes forces, car je vais te tuer ! Cosmic Marionnetion !

Les fils si destructeurs se dirigèrent à la vitesse de la lumière vers leur cible. Mais Orphée se contenta de gratter deux cordes de sa lyre et ils tombèrent à terre.

- Non, Minos, non. Tu m'as déjà montré cette attaque et même son point ultime. Ce n'est pas avec ça que tu pourras me vaincre.
- Soit, puisque tu tiens à souffrir, reçois le Spinning Thunder !

***

Le surplis de Sylphide explosa en morceaux. Le spectre n'avait plus pour toute protection qu'une jambière et un morceau d'épaulette. Du sang s'échappait de nombreux endroits de son corps. L'hémorragie semblait être fatale.

- Mais comment ? C'est impossible !
- Non, Spectre, au contraire. Ton attaque marche de la même façon que ta défense. Si ton adversaire parvient à hisser sa cosmo-énergie à un niveau supérieur à celle de ton attaque, alors il est totalement maître de ses mouvements à l'intérieur de la sphère. Alors que toi, en revanche, tu utilises presque toute ton énergie à créer cette sphère. Cela fait, tu n'as plus l'énergie nécessaire pour asséner un véritable coup, ni même pour te défendre. Ton surplis a absorbé une bonne partie de mon attaque, mais le choc cosmique a été bien trop important pour sa résistance. Cela étant, tu lui dois d'être encore en vie. Sans cette protection, tu ne serais déjà plus de ce monde. Qu'importe, le combat est terminé, tu ne peux plus rien contre moi.
- Je comprends mieux, à présent. Tu es décidément très fort, chevalier du Cancer. Mais tu ne dois pas crier victoire trop tôt. J'ai encore un tour dans mon sac.
- Ah ? Tu comptes encore faire appel à tes techniques d'anti-matière ? Mais tu seras mort avant même d'avoir pu déclencher ton coup !
- Dis-moi, chevalier d'Athéna, connais-tu la légende du Basilic ? Le Basilic est le roi des serpents. Il est empli de venin à tel point que celui-ci ressort à l'extérieur du corps et brille sur sa peau ; même sa vue et l'odeur qu'il exhale sont chargées de venin qui se répand aussi bien loin que près : il en corrompt l'air, et fait crever les arbres ; et le Basilic est tel que de son odeur, il tue les oiseaux dans leur vol, et que de sa vue il tue les hommes quand il les regarde.
- Et alors ?
- Alors, il est temps pour toi de découvrir la véritable puissance du Basilic !
- Imbécile ! Si tu déclenches la moindre attaque, tu mourras.
- Que m'importe ? J'ai fait le serment au Seigneur Hadès d'empêcher les chevaliers d'Athéna d'atteindre Giudecca par tous les moyens. Si cela inclut ma mort, soit, mais tu mourras avec moi, je le jure !
- Comme tu voudras. Tu es maître de ton destin.

L'aura qui entoura le Spectre était violente; il avait visiblement fait appel à toute l'énergie vitale qui lui restait. Io ne se laissa pas impressionner. A son tour, il fit brûler son cosmos. Un dernier assaut. Une ultime attaque pour ces guerriers si puissants.

- Par le Venin Mortel du Basilic !
- Big Tornado !

La tornade d'Io frappa Sylphide en plein cœur. Le Spectre s'écroula sans un son, passant ainsi de vie à trépas. Io, la main posée sur son propre cœur, s'approcha doucement du corps de son adversaire. Nulle haine, ni contentement ne pouvait se lire sur le visage du chevalier du Cancer. Le guerrier d'Hadès avait combattu avec beaucoup de vaillance et sans traîtrise; pour cela, il méritait le respect. Io entreprit alors de rejoindre ses compagnons au palais d'Hadès.

Il ne fit que quelques mètres avant de s'écrouler. Sa main quitta son cœur. On put alors voir la marque de la morsure du Basilic…

***

Mû détruisit la porte de Giudecca et pénétra enfin dans l'enceinte de l'Empereur des Ténèbres. Il marcha pendant quelques minutes avant de parvenir enfin dans une grande salle, qui devait à priori servir de salle d'audience.
Des monstres se trouvaient représentés sous forme de statues et il régnait dans ce lieu une atmosphère que Mû ne put s'empêcher de trouver oppressante. C'est alors qu'il la vit. Armée d'une lance, Pandore lui faisait face, livide. Un air menaçant pouvait aisément se lire sur son visage. Bien qu'il répugnât à Mû de s'attaquer à une femme, il dut reconnaître qu'il n'avait pas le choix en cet instant. Hadès était à portée de main; certes, Mû n'avait pas la moindre idée de ce qu'il allait bien pouvoir dire au Dieu des Morts, mais il savait qu'il lui fallait d'abord se débarrasser de Pandore.

Cette dernière s'approchait d'ailleurs de lui, sa lance dirigée vers le chevalier du Bélier, sans doute avec l'intention de l'embrocher avec. Tout à coup elle se mit à courir et projeta sa lance vers Mû. Celui-ci l'évita assez aisément et regarda une dernière fois Pandore. Pourquoi fallait-il qu'une femme ait à combattre ?

- Je suis navré, Pandore, mais tu ne me laisses pas le choix. Adieu, Star Light Extinction !

Pandore disparut. Mû l'avait envoyé dans une autre dimension. Sans un mot, il s'avança alors vers le trône. Celui-ci était occupé, mais Mû ne pouvait distinguer le visage du dieu, caché par une sorte de rideau transparent derrière plusieurs marches. Mû respira profondément et écarta le rideau. La stupeur apparut sur son visage tandis que des gouttes de sueur commencèrent à perler de son front. Il s'écria:

- Shun !

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Cette fiction est copyright Emmanuel Axelrad.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.