Chapitre 3 : Les Haches de Mjollmir


Plusieurs silhouettes se déplaçaient avec quelques difficultés dans le climat glacial du royaume d'Asgard.

-Nous sommes encore loin du palais, Princesse ? Demanda Milo, qui commençait à ressentir les effets du froid.
-A ce rythme de marche, il faut encore plusieurs heures, répondit-elle.
-Mais pourquoi diable ne nous sommes-nous pas rendu au palais directement ? Rajouta Aiolia d'un ton râleur. Ce froid est insupportable.
-Eh bien sache qu'il s'agit de notre quotidien à nous, Asgardiens, réagit Hagen d'un ton assez dur. Nous n'avons pas la chance comme vous d'être né et de vivre au soleil.
-Et tu crois peut-être que nous sommes devenus des chevaliers d'Athéna d'un simple claquement de doigt ?! Repartit Aiolia de plus belle. Notre enfance n'a pas été des plus faciles non plus, nous avons subit des souffrances inimaginables et…
-Ca suffit, Aiolia ! Intervint Milo. Nous sommes censés coopérer, pas nous disputer de la sorte !

Hagen et Aiolia se défiaient du regard et la tension présente entre les deux était presque palpable. Freya avait un teint plus blanc encore que d'habitude et on pouvait sans peine lire la peur dans ses yeux devant ce spectacle. Les deux hommes s'en rendirent compte et se relâchèrent instantanément.

-Tu as raison, c'est vrai, admit ce dernier. C'est juste que je ne vois pas pourquoi nous devons marcher jusqu'au palais alors qu'il aurait été plus simple et surtout plus rapide de s'y rendre en nous y téléportant. Je vous rappelle que le temps presse !
-Tu oublies que le palais est gardé par les guerriers divins. Il ne serait pas prudent de les attaquer de front, qui plus est en infériorité numérique. Mieux vaut tenter une approche discrète afin de voir de quoi il en retourne.
-De toute façon, notre présence a sûrement été repérée à notre arrivée, ajouta Aldébaran.
-Possible, mais ça nous a laissé du temps avant que quelqu'un ne réagisse. Et nous aurons donc l'avantage de pouvoir prendre l'initiative d'attaquer quand nous le voudrons, insista Milo. Je propose de nous séparer en deux groupes afin de compliquer leurs éventuelles recherches. Moi avec Hagen et vous deux avec la Princesse, décida-il, jugeant bon de séparer Hagen et Aiolia. Ainsi, nous serons sûr de retrouver notre chemin.
-Il est hors de question que je me sépare de Freya, dit Hagen d'un ton catégorique.
-Comment ?! Mais pourquoi ? Demanda Milo.
-Il est de mon devoir de la protéger. J'ai déjà trahi sa sœur, je ne la laisserai pas elle entre vos mains, ajouta-t-il avec force.
-Tu nous crois donc incapable de la protéger ?! Réagit Aiolia. Elle nous est aussi précieuse qu'à toi !
-Je te défends de dire une telle chose ! S'insurgea Hagen. Tu ne vois en elle qu'une éventuelle remplaçante d'Hilda si celle-ci venait à succomber à la bataille !
-Tu nous sous-estimes, dit Milo. Athéna vous a pris sous sa protection, ajouta-t-il en se tournant vers Freya, ce qui signifie que votre vie a autant d'importance à nos yeux que celle de notre déesse.

Hagen resta interdit suite à cette intervention mais demeura tout de même sur la défensive.

-Peut-être… Admit-il. Mais je n'ai qu'une confiance toute relative envers Athéna…
-Pas moi ! Intervint Freya. J'ai entièrement confiance en Athéna, j'ai senti son cosmos plein de bonté et de compassion, je sais qu'elle tiendra sa promesse de nous aider !
-Quoi qu'il en soit, je refuse de me séparer de vous ! Vous allez continuer sans nous, dit-il en s'adressant aux chevaliers d'or. Je vais conduire la Princesse en lieu sûr et je viendrai vous aider ensuite. Il est hors de question de la mêler aux combats.
-D'accord, approuva Milo. Indique-nous juste quelle direction prendre pour nous rendre au Palais et nous ferons le reste.
-Je vais vous montrer, répondit Hagen. Mais ne commettez pas l'erreur de sous-estimer les guerriers divins ou vous courez à votre perte
-Merci de ton conseil, dit Aiolia.

Hagen se tourna vers lui, un peu étonné par cette réaction. Aiolia s'approcha et lui tendit une main amicale, qu'il mit quelques secondes à saisir. Puis les deux chevaliers se serrèrent vigoureusement les mains. Ils se surprirent eux-même à sourire, malgré la situation.

-De rien, Aiolia. Vous devez quand même me promettre vous trois d'essayer le plus possible de convaincre les autres guerriers avant de les combattre. Certains d'entre eux se rallieront peut-être à vous en entendant la vérité, même si j'en doute fortement.
-Nous te le promettons, dit Milo. Le problème est que nous n'avons aucune preuve ni aucune explication pour le nouveau comportement de votre Prêtresse. Ca ne nous aidera pas à les persuader d'abandonner sa cause.
-Athéna nous a affirmé qu'elle chercherait le responsable du changement de ma sœur, ajouta Freya. Je suis sûre qu'elle y parviendra.
-Nous l'espérons tous, Princesse Freya. Bon, il est temps d'y aller à présent.

Les chevaliers d'or se remirent en route, guidés par Hagen et Freya. Au bout d'une heure de marche, ils parvinrent en vue de la mer du Nord et de la banquise. De gigantesques blocs de glace se détachaient sans cesse de celle-ci pour s'effondrer dans les eaux tumultueuses qui s'écrasaient violemment à sa base. En voyant cet inquiétant spectacle, les trois chevaliers prirent réellement conscience de ce que leur avait dit Freya au sujet du rôle des prêtres d'Odin. Si leur entreprise échouait, le niveau des océans monterait de façon dramatique, causant la mort de millions de personnes. Ils se demandaient tous trois qui pouvait être assez fou pour oser prendre un tel risque, et quel était le but de cette odieuse tentative. S'agissait-il d'une divinité jalouse du pouvoir qu'exerçait Athéna sur Terre ? Ou bien de la folie d'un humain ?
Hagen interrompit leurs pensées :

-D'ici, vous pouvez voir le palais. Vous n'avez plus besoin de nous pour l'instant.
-Tu es sûr ? Demanda Milo, d'un ton sceptique. Pour ma part, je ne vois rien.
-Si, regarde plus haut, lui dit Hagen en pointant son doigt vers une immense silhouette, sur une falaise lointaine. Vous voyez cette forme gigantesque ? Il s'agit de la statue d'Odin, qui se situe sur la grande place du Palais d'Hilda. Vous n'avez qu'à vous diriger dans cette direction. Vous ne pouvez pas vous tromper. Quant à nous deux, c'est ici que nous vous laissons.
-Merci de nous avoir guidé, Hagen. Penses-tu que tes semblables nous aient repérés ? Questionna Milo.
-Ca me paraît évident. Faites attention, les guerriers divins ont vécu toute leur vie en Asgard et ont été élevés dans des conditions très dures. Ils connaissent ce terrain de fond en comble et s'en serviront pour vous tendre des pièges.
-Ne t'en fait pas, nous serons prudents. Nous nous reverrons sans doute plus tard, ajouta Milo avec le sourire.
-Bonne chance, chevaliers d'or ! S'écria Freya. Je prierai à chaque instant pour que vous parveniez à délivrer ma sœur de son maléfice !
-Je vous jure au nom d'Athéna que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour la libérer, répondit Milo en s'inclinant légèrement devant elle.
-Milo, il est temps d'y aller, s'impatientait Aiolia.
-Oui, allons-y, dit-il brièvement.

Hagen et Freya regardèrent les trois chevaliers d'Athéna s'éloigner rapidement jusqu'à qu'ils disparaissent de leur vue.

-Venez, Princesse, je vais vous mettre à l'abri de ce froid.
-Je te suis, Hagen.

Freya emboîta le pas de son fidèle chevalier servant. Elle se réjouissait intérieurement que celui-ci ne participe pas aux terribles combats à venir même si elle en ressentait de la honte vis à vis des autres guerriers divins qui se feraient peut-être tuer au cours de la bataille.


Peu auparavant, au palais d'Hilda

Siegfried et Syd se tenaient à l'entrée de la salle du trône quand ils sentirent tous deux un mouvement anormalement intense de cosmos.

-Impossible ! S'écria Syd à l'adresse de Siegfried. Tu as toi aussi senti l'arrivée de cosmos inconnus en Asgard ?!
-Tous ne sont pas inconnus… répondit-il avec amertume. L'un d'entre eux m'est très familier.
-Quoi ?! Tu veux dire que Hagen est parmi eux ?
-Hélas, je le crois. Il a donc effectivement fui avec Freya. Je suppose que les trois autres cosmos sont ceux des chevaliers d'Athéna.

Leur conversation fut interrompue par un individu habillé d'une robe, l'un des prêtres d'Odin qui secondait la princesse hilda.

-Désolé de vous déranger, seigneurs Siegfried et Syd, mais Sa Majesté exige de vous voir immédiatement, ainsi que les autres guerriers divins.
-Faites les avertir immédiatement. Quant à moi et Syd, nous nous rendons immédiatement auprès de la princesse Hilda.

Quelques minutes plus tard, les six guerriers divins étaient réunis devant Hilda. Celle-ci semblait fort contrariée si bien qu'aucun d'entre eux n'osait prendre la parole, ce qui tendait à rendre le silence encore plus pesant. Soudain, elle le brisa d'une voix forte après les avoir chacun toisé du regard :
-Siegfried ! Qu'est-ce que ça signifie ? Qui sont ces étrangers qui se sont introduits dans mon royaume ?
-Je n'en suis pas sur, Ma Reine, mais tout me porte à croire qu'il s'agit de chevaliers d'Athéna.
-C'est impossible ! Comment auraient-ils eu vent de nos projets ?
Syd ! Tu m'avais bien affirmé qu'ils n'avaient aucun moyen de déterminer ton origine ?
-Je…J'en suis pratiquement sur … Hésita Syd. Mais sans doute doit-il s'agir de Hagen, tenta-t-il de se rattraper.

Siegfried se raidit en entendant cela, voulant jusqu'au bout essayer de ne préserver l'innocence son ami. Cependant, il savait que Syd avait raison et que c'était la seule chose qu'il pouvait dire pour échapper au courroux de sa souveraine.

-Hagen…dit Hilda doucement. Il est avec eux ?
-Nous pensons avoir senti son cosmos parmi ceux des chevaliers d'Athéna et…
-Siegfried ! Pourquoi ne m'as-tu pas immédiatement prévenu à son sujet ? Essaierais-tu de le couvrir, au mépris de mes ordres le concernant ?
-C'est à dire…Commença Siegfried, je voulais m'assurer de ses véritables intentions avant…
Princesse Hilda ! Hagen vous a toujours servi fidèlement jusqu'à présent. Accordez-lui le bénéfice du doute, je vous en supplie !
-Le bénéfice du doute, dis-tu ? J'aurais éventuellement pu le lui accorder en effet s'il avait uniquement désobéi à propos de ma sœur. Mais s'il a vraiment conduit nos ennemis jusqu'au cœur d'Asgard, alors c'est la preuve qu'il nous a réellement trahi. As-tu quelque chose à rajouter à ça ? Lui demanda t-elle.

Le ton qu'elle avait employé montrait qu'elle ne souffrirait pas que Siegfried lui réponde. Il s'abstint donc de le faire, mais ce qui lui semblait le plus dur est qu'il n'arrivait même pas à trouver des circonstances atténuantes à son ami. Hagen venait d'apporter la preuve flagrante de sa trahison en prévenant Athéna du plan d'Hilda et en menant lui-même ses chevaliers jusqu'à eux.

-Hagen, à quoi songes-tu ? Pensa-t-il. Pourquoi as-tu agi de la sorte ? A présent, Hilda et les autres guerriers divins te traqueront sans cesse pour t'éliminer. Il fait absolument que je te trouve en premier…

Plus que de l'incompréhension, il en arrivait à ressentir de la colère envers lui.
Hilda le tira brusquement de ses réflexions en prenant à nouveau la parole :

-Ca n'est finalement pas une mauvaise chose que les défenseurs d'Athéna se soient rendus chez nous. Nous aurons ainsi l'avantage de nous battre sur notre terrain et de régler leur sort rapidement. Siegfried, je te charge d'organiser les défenses et de superviser la bataille. Fais comme bon te semble, mais ne me déçois pas, c'est tout ce que je te demande. Aucun ennemi ne doit atteindre ce palais !
-A vos ordres ! Répondit-il.
Thor, Fenrir et Mime, vous ferez partie de la première vague d'assaut. Utilisez le terrain à votre avantage et efforcez-vous de les séparer.
-Je me charge de cette tâche ! Lança Thor avec force. Je vais de ce pas m'interposer, avec votre permission, Majesté. Ils ont osé s'introduire en Asgard et ils vont comprendre leur erreur, foi de guerrier divin !
-Tu as ma bénédiction, Thor. Partez sur-le-champ et anéantissez nos ennemis, au nom du royaume d'Asgard ! Conclu Hilda.
-Bien ! Répondirent d'une seule voix les six guerriers.

Tous quittèrent à l'instant la salle du trône afin de partir au combat à l'issue incertaine contre les chevaliers d'or d'Athéna.



Non loin du palais, Milo, Aiolia et Aldébaran se mouvaient avec rapidité dans sa direction.

-Attendez une minute ! Les interrompit Milo.

Les deux autres stoppèrent leur course, quelque peu surpris.

-Qu'y a t-il ? Questionna Aldébaran. Tu as ressenti quelque chose de particulier ?
-Non, mais nous devons déterminer ce que nous ferons une fois au palais. Qu'adviendra-t-il si tous les guerriers divins sont là à nous attendre ?
-Nous aviserons sur place, affirma Aiolia avec la fougue qui le caractérisait.
-Non ! Réagit Milo. Nous sommes trop peu nombreux pour nous permettre de foncer dans le tas et…
-Regardez par-là ! L'interrompit Aldébaran.

Ce qu'ils virent dépassait l'entendement. Au loin se profilaient deux grandes tornades de neige qui s'étendaient à l'infini vers le ciel. Leur mouvement était assez désordonné mais elles semblaient quand même se diriger vers eux.

-Ce phénomène est loin d'être naturel, affirma Milo.
-Je ressens un cosmos d'une grande puissance, ajouta Aiolia. Mais quel guerrier aurait la force de commander de la sorte aux éléments ?
-En tout cas, ça se dirige tout droit vers nous, constata Aldébaran. Que faisons-nous ?
-Observons un peu avant de continuer, lui répondit Milo. Il ne fait aucun doute qu'un guerrier divin se cache derrière ce phénomène. Il doit s'agir d'un subterfuge pour détourner notre attention, il faut donc rester sur nos gardes.

Au moment même où Milo acheva sa phrase, les deux tourbillons se stabilisèrent et prirent nettement la direction des chevaliers d'or à très grande vitesse. Leur taille s'accru encore sous l'effet de leur haute vélocité et un soupçon de crainte naquit dans le cœur des chevaliers, vite balayé cependant par leur expérience et leur sens hautement développé de l'initiative.

-Cette fois c'est sur, c'est après nous qu'elles en ont ! Cria Aldébaran. Mais nous n'allons pas nous laisser faire ! Je vais frapper la base de ces tornades avec une décharge de cosmos et les annihiler, foi de chevalier d'or ! Que les guerriers divins sachent une fois pour toutes qu'il faut plus qu'un courant d'air pour nous faire reculer !

Le chevalier d'or du Taureau s'avança par rapport à ses camarades, campa fermement ses pieds dans le sol et commença à intensifier son cosmos.

-Attends, regarde bien leurs bases ! S'écria Milo. Il y a quelque chose au cœur de ces tornades !
Effectivement en y regardant attentivement, on pouvait voir deux objets en rotation à un mètre environ du sol. Cela ressemblait à des haches mais d'une taille anormalement élevée, si bien qu'un homme ordinaire serait sûrement incapable d'en soulever ne serait-ce qu'une.

-Esquive, cela vaut mieux ! Averti Milo en élevant fortement la voix pour se faire entendre malgré le bruit assourdissant des tornades qui étaient très proches à présent.

L'avertissement de Milo et surtout la simple vue de ces haches géantes suffirent à Aldébaran pour décider de s'écarter de leur chemin. Mais alors qu'il guettait le moment opportun, les deux armes bifurquèrent brusquement et passèrent de part et d'autre de lui, sous son regard médusé. Chacune d'elle se dirigea alors vers Milo et d'Aiolia, eux aussi stupéfaits par la tournure que prenaient les évenements ; ils jugèrent préférables de ne pas rester sur le chemin des haches et fuirent chacun de leur coté en contrebas de la position d'Aldébaran. Alors que les chevaliers commençaient à bien s'éloigner les uns des autres, les deux haches changèrent à nouveau leur trajectoire et vinrent heurter violemment les parois enneigées qui longeaient le chemin qu'ils avaient emprunté pour arriver jusque là. L'énorme quantité de neige accumulée sur la falaise ne résista pas au choc et s'effondra en une énorme avalanche qui recouvrit et dévasta entièrement toute la surface derrière Aldébaran. Celui ci avait assisté impuissant à cette scène et avait vu la disparition de ses deux amis sous l'avalanche. Alors qu'il commençait à se précipiter vers elle pour tenter d'apercevoir Milo ou Aiolia, il entendit un rire assourdissant dans toute la vallée et vit avec horreur les deux haches resurgir de la neige. Elles eurent le même comportement qu'auparavant et l'évitèrent de peu en passant de chaque coté de lui. Il se retourna et vit qu'elles se dirigeaient vers une silhouette immense qui se tenait à une cinquantaine de mètres devant lui. Elle leva les deux bras et chacune des deux armes vint se loger dans ses mains. Elle commença alors à s'avancer vers Aldébaran et ce dernier put donc enfin voir distinctement celui qui venait de leur faire cette démonstration de puissance extraordinaire.
Il fut tout d'abord surpris par la taille titanesque de ce guerrier qui ferait passer n'importe quel chevalier, et même lui, pour un nain insignifiant. Il était grand comme deux hommes et semblait doué d'une force physique tout aussi impressionnante, à voir avec quelle facilité il tenait ses deux haches. Son armure était d'une couleur bleue, nuancée par endroit d'un gris bleuté, et faisait penser à un enchevêtrement d'écaille, comme s'il s'agissait de la peau d'un reptile. Son heaume était à l'effigie de la tête d'un serpent avec de grands yeux rouges, ce qui lui donnait un regard effrayant. Quant à son visage cerné par une barbe grise, on pouvait y lire une expression de dureté propre à ceux dont la vie ne leur a jamais vraiment souri.

-Bienvenue en royaume d'Asgard, chevalier d'or, dit le géant, prenant soudainement la parole.

Sa voix grave et profonde était tout aussi impressionnante que son physique. Voilà qui n'était pas pour rassurer Aldébaran, mais il était un chevalier d'or, l'élite de la chevalerie d'Athéna. Quels que soient les pouvoirs des guerriers divins, et de celui là en particulier, il devait avoir confiance en sa force et aussi bien sur en son armure d'or.

-Je suis Thor de Phecda, guerrier divin de Gamma, continua-t-il sur le même ton monocorde.
J'ai reçu l'ordre de vous arrêter par tous les moyens. C'est chose faite pour deux d'entre vous, dirait-on, affirma-t-il avec un sourire mauvais.
-Je suis Aldébaran, chevalier d'or du signe du Taureau, et si tu crois t'être débarrassé de deux chevaliers d'or en déclenchant une simple avalanche, tu commets une lourde erreur !
-Mon premier objectif n'était que de vous séparer, rien de plus. J'espère de tout cœur que vous avez apprécié ma petite démonstration.
-Et ton deuxième objectif, quel est-il alors ? Demanda Aldébaran.
-Toi bien sur ! Répondit-il en pointant sa hache menaçante vers lui.
-Pourquoi moi plutôt qu'un autre, dans ce cas ?
-Tu étais le premier sur ma route, voilà tout. Je n'ai pas de préférence particulière parmi vous, tous les chevaliers d'or sont des insectes par rapport à moi de toute façon, dit-il d'un ton très sur.

Aldébaran ne chercha pas à le contredire sur cette déclaration.

-Tu m'as dit être le chevalier du Taureau, continua-t-il. C'est donc toi que Syd a terrassé en Grèce tout récemment. Si lui y est arrivé, j'aurai encore moins de difficulté à te vaincre, sauf que moi, je ne t'épargnerai pas, sois-en sur !

Aldébaran se raidit face à cette humiliation, ce qui n'échappa guère à Thor, mais rétorqua avec force :

-Ton camarade m'a effectivement surpris, mais ça n'était qu'une diversion de sa part ! Ils ont été deux à s'attaquer à moi et j'admets avoir été vaincu. Cependant, laisse moi te dire qu'un seul des votres ferait tout aussi pâle figure que moi face à deux chevaliers d'or en même temps !
-Deux, dis-tu ?! Tu es pathétique, chevalier du Taureau. Voilà que tu es prêt à tous les mensonges, et même les plus odieux, pour justifier ta défaite ! Sache que les guerriers divins sont des hommes d'honneur et aucun d'entre eux ne s'abaisserait à frapper son adversaire dans le dos, qui plus est si celui ci est déjà en train d'en combattre un autre. Moi-même, j'aurais pu vous attaquer par surprise bien avant si je l'avais voulu, mais je ne l'ai pas fait !
-On dirait bien qu'au moins un d'entre vous ne s'embarrasse pas des tes beaux sentiments. Mais je t'assure qu'il le regrettera ! Une fois que je me serai occupé de toi, je le retrouverai et le châtierai comme il le mérite. Il ne me surprendra pas deux fois de suite avec la même traîtrise.
-Une fois que tu te seras occupé de moi ?! Hahaha ! Les chevaliers d'or ont un curieux sens de l'humour, dirait-on. C'est moi qui vais t'écraser comme une punaise et je couperai l'autre corne de ton casque par la même occasion ! De cette façon, tu seras encore plus ridicule que maintenant avec ton casque qui en est déjà amputé d'une !
-Sache que si j'ai gardé mon heaume avec une seule corne, c'est afin de ne plus commettre l'erreur de sous-estimer mon adversaire comme tu es toi-même en train de le faire. Ce jeune garçon que j'ai combattu il y quelques mois me semblait insignifiant de par son rang de chevalier de bronze et sa taille chétive en comparaison de la mienne et il m'a prouvé le contraire en parvenant à me prendre ma corne d'or.
-Oh oh !! Ricana-t-il. Et où est-il donc, ce jeune prodige ?
-Il est malheureusement mort au cours de cette terrible bataille, ainsi que ses compagnons. Mais je continuerai à honorer sa mémoire et je te vaincrai, aussi sûrement que lui le ferait s'il s'était présent aujourd'hui.
-Hahaha !! Nous allons vérifier ça tout de suite ! Mais avant, permet-moi de te présenter celles qui viendront à bout de toi, les haches de Mjollmir ! Dit-il empli de fierté. Tu as déjà eu un aperçu de ce que je suis capable de faire avec ces deux merveilles. Je t'ai épargné pour m'en prendre à tes compagnons, mais tu n'auras pas deux fois cette chance.
En garde, Aldébaran ! S'écria-t-il, mettant par-là même fin à leur discussion. Ta dernière heure vient de sonner et je ramènerai ta tête en trophée à la Princesse Hilda, je le jure sur mon honneur de guerrier divin !
-Ca ne sera pas aussi facile que tu le penses, lui répondit Aldébaran en enflammant son cosmos. Approche si tu l'oses !

Les deux adversaires se défiaient maintenant du regard dans le silence et le calme traditionnel qui précède généralement une bataille impitoyable…

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Cette fiction est copyright Thomas Lafargue.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.