Hadès Vs Shun : Sacrifice pour l'Amour


Supposons que Hadès soit venu à bout de tous ses ennemis et qu'il ne reste plus que Shun pour défendre la Terre, quel aurait été le résultat d'une bataille entre eux deux ?

L'heure du grand combat était arrivée : Hadès et Athéna allaient enfin s'affronter dans un duel au sommet, un duel entre deux dieux qui n'existaient que pour se battre depuis les temps mythiques, un combat entre celle qui croyait en l'humanité et celui qui n'y croyait pas.
La différence entre ces deux dieux était palpable et se voyait aussi bien dans leurs habits que dans leur physique.
Athéna portait son armure divine, semblable à la statue qu'en avait faite Phidias pour l'Acropole, malgré toutes les épreuves qu'elle avait eues à subir, elle brillait de mille feux et protégeait toutes les parties vitales de sa détentrice. Dans sa main droite reposait le sceptre de la victoire qui jusque là n'avait jamais abandonné ses chevaliers, de son autre main elle tenait fermement le bouclier de la justice dont la lumière la sauva autrefois d'une mort atroce.
Son corps était celui d'une jeune fille mais dans ses yeux on lisait une détermination sans faille nourrie par sa foi dans les hommes.

Hadès portait son surplis divin sombre comme la nuit mais brillant comme un diamant, cet habit comportait 6 ailes déployées, ce qui faisait penser à la silhouette d'un archange.
Dans sa main droite il tenait l'épée des illusions forgée par les Cyclopes et qui venait de prouver sa redoutable efficacité sur les kamuis des chevaliers divins.
Son corps était celui d'un homme dans la force de l'âge bien qu'il datât des temps mythiques.
Ses yeux d'un vert profond toisaient Athéna, on y lisait beaucoup de colère mais aussi une tristesse insondable qui elle aussi était en rapport avec les hommes.

Hadès fixa Athéna pendant un moment, pourquoi n'avait-elle pas voulu mourir dans la jarre divine où Hypnos l'avait enfermée, désirait-elle à ce point recevoir la mort de ses mains à lui, Hadès ? Et surtout pourquoi défendait-elle ces hommes stupides qui avaient osé oublier les dieux sans lesquels ils n'existeraient pas ?

N'y tenant plus Hadès passa à l'attaque, l'épée haute, ce n'était pas un coup destiné à tuer, sa seule intention en frappant était d'effacer cette expression des yeux d'Athéna.
L'épée des illusions heurta le bouclier de la justice avec une violence inouïe ! Athéna plia sous le choc et son casque roula à terre.
Les deux combattants étaient maintenant si proches qu'ils pouvaient sentir leur respiration.
Hadès prit la parole, le ton de sa voix traduisait une profonde tristesse comme si en dépit de tous ses actes il regrettait d'avoir à porter la main sur une de ses semblables.

- Athéna tu es une déesse, alors pourquoi te battre pour les hommes ? Pourquoi vouloir t'opposer à la main de Dieu qui veut s'abattre sur de stupides hommes ?!

Dans un suprême effort de volonté Athéna jeta son bouclier en avant pour tenter de repousser Hadès, celui-ci évita l'affrontement en faisant un bond en arrière, l'archange de la vengeance s'éloignait pour préparer un nouvel assaut.

Athéna profita de ce bref instant de répit.

- Tu te trompes ! Les hommes sont beaucoup moins stupides que tu ne le penses !

Hadès reprit, sa voix exprimait la colère mais elle n'était pas dirigée contre Athéna.

- Non ! Les hommes sont de pauvres idiots ! Ne vois-tu pas ce qu'ils deviennent ?! Ils doivent apprendre que s'ils continuent de pécher ils iront en Enfer après leur mort et connaîtront la souffrance éternelle !! C'est parce que j'ai crée la crainte de l'au-delà que la Terre a pu subsister tant bien que mal jusqu'à maintenant !!!

Hadès s'interrompit, pour une des premières fois de sa vie il avait livré le fond de sa pensée sans ambages et le fait qu'il venait de le faire avec sa pire ennemie le conforta dans l'idée que sa cause était juste. Pourtant la colère ne disparut pas de son regard pour autant.

Athéna regarda Hadès avec tristesse, elle comprenait parfaitement le raisonnement d'Hadès mais elle savait aussi qu'il provenait d'une méconnaissance de la race humaine et surtout de la vie elle-même. Aussi aucune haine ni aucune colère ne transparut dans sa voix si douce lorsqu'elle s'adressa à Hadès comme elle l'aurait fait avec un enfant qui n'arriverait pas à distinguer le bien du mal.

- Hadès, tu pèches par orgueil.

Hadès l'interrompit, profondément surpris que quelqu'un puisse lui dire à lui qu'il avait tort.

- Quoi… ?

Athéna reprit, l'espoir de convertir son ennemi à son idéal était visible dans ses yeux.

- Aucun homme n'est arrivé à la fin de sa vie en n'ayant jamais tué le moindre insecte, en n'ayant jamais arraché la moindre fleur. Les hommes ne sont pas des dieux. C'est pourquoi même le meilleur d'entre eux a un jour dans sa vie commis un péché malgré lui. C'est là le sens du mot vivre, on ne peut rien y faire… Mais grâce à la mort, tous ces péchés ne finissent-ils pas par être purifiés ? Les hommes qu'ils soient bons ou mauvais, ne se retrouvent-ils pas tous égaux dans la mort ? Mais continuer de les faire souffrir après leur mort à cause des péchés qu'ils ont commis dans leur vie… C'est là une très grosse erreur de ta part, Hadès !

Hadès avait écouté patiemment la tirade d'Athéna sans l'interrompre, à ses mots il se rendit compte qu'effectivement il était peut-être injuste d'en vouloir aux hommes de vivre mais la dernière phrase d'Athéna avait fait couler dans son cœur un torrent de haine. Comment elle, petite déesse pouvait-elle lui dénier à lui, l'un des trois dieux les plus puissants, le droit de juger des hommes ? C'était plus qu'il ne pouvait en supporter.
Autant par colère que pour préserver son esprit du trouble que les paroles d'Athéna y faisaient naître il se jeta sur sa rivale, l'épée haute, cette fois son intention était vraiment de la réduire en pièces, elle et son regard plein d'une pitié dont il ne voulait pas.

Athéna tenta de parer l'attaque avec son bouclier mais au dernier moment Hadès feinta en envoyant un magistral coup de poing sur le rebord du bouclier de la Justice, là où la défense d'Athéna comportait un angle mort.
Le choc fut si violent qu'Athéna fut projetée en arrière à une dizaine de mètres et son bouclier alla rouler sur le sol.

A ce moment les chevaliers divins qui jusque là avaient conservé un prudent mutisme enfermés dans leurs bulles de vie s'agitèrent.
Seiya se maudissait d'avoir usé ses forces en vain contre la jarre divine car il n'avait plus maintenant assez de forces pour secourir Athéna. Shiryu, Hyoga et Ikki qui avaient eux aussi été durement frappés par l'épée d'Hadès étaient dans les mêmes dispositions.
De tous les chevaliers divins ce fut celui qui paraissait le moins enclin au combat que le Destin plaça entre Athéna et Hadès.
Son nom était Shun, chevalier d'Andromède et sans le savoir il allait maintenant entrer dans la légende.

Athéna gisait à terre, un filet de sang coulant de son arcade sourcilière, ses yeux étaient fermés sous l'effet de la douleur.
Hadès en fut secrètement satisfait, lui qui détestait faire couler le sang n'aurait pas à affronter le regard de sa victime avant de lui ôter la vie.
Il tenait son épée sous le cou d'Athéna, un seul mouvement lui aurait suffi pour l'égorger et pourtant il hésitait.
Il était si proche du triomphe : son ennemie de toujours était à sa merci et ses chevaliers ne pouvaient plus la protéger. Mais en même temps son esprit était troublé par des sentiments contradictoires : il s'était toujours battu pour le règne des dieux et maintenant il allait tuer une de ses semblables…
Il regarda un instant le ciel d'Elision où le soleil était complètement caché par la Lune, l'ultime éclipse était maintenant accomplie et pourtant il ne s'en sentait pas moins triste pour autant, que lui manquait-il donc ?
Il regarda Saori, elle était recroquevillée comme une enfant et tremblait de tous ses membres, ce serait la première fois de sa vie qu'il tuerait une femme, qui plus est pas en état de se défendre. Hadès ferma les yeux, il devait accomplir son destin : ouvrir l'ère des dieux et punir ces stupides hommes pour leur insolence et peu importe ce que cela lui coûtait.
Il se tourna alors vers Athéna et d'une voix qu'il voulait ferme articula :

- Athéna je ne peux accepter que tu protèges les hommes, il n'y a plus de questions à se poser.

Il leva alors son épée et cria à pleins poumons autant pour épouvanter son ennemie que pour surmonter ses scrupules :

- Tu vas mourir pour les hommes !!!

Hadès n'entendit pas à cette fraction de seconde précise l'explosion d'une des bulles de vie qui retenait les chevaliers.
Athéna attendait la mort mais celle-ci ne vint pas, elle ouvrit alors un œil puis l'autre.
Elle ne pouvait y croire : l'épée des illusions s'était arrêtée à un millimètre de son front et le poignet d'Hadès était enserré par une chaîne brillante comme de l'or !

L'espoir avait en cet instant un nom et un visage : celui d'un adolescent au charme presque féminin nommé Shun d'Andromède.

De la part d'Athéna et des chevaliers divins ce ne fut qu'un cri de surprise :

- Shun !

Hadès, lui aussi paraissait surpris mais il se ressaisit très vite. Se relevant, il écarta son épée du visage d'Athéna comme si celle-ci perdait tout intérêt à ses yeux, il se tourna alors vers Shun.

- Je dois avouer que je suis surpris : je ne pensais pas que l'un d'entre vous serait assez stupide pour négliger l'ultime sursis de vie qui lui avait été accordé et plonger dans la mort.

Il se retourna alors vers Athéna.

- Mais peut-être est-ce aussi que ces bulles de vie ne sont pas si résistantes que cela, quelle déesse tu fais Athéna, même pas capable de retenir tes propres chevaliers.

Hadès tourna la tête de côté fermant les yeux, un rictus d'ironie apparut sur ses lèvres.

- Mais tout compte fait c'est parfait ainsi, en agissant ainsi Shun, tu viens de m'ôter mes derniers scrupules.

Puis rouvrant les yeux.

- Puisque tu le souhaites tu vas accompagner ta déesse dans son dernier voyage. La seule chose qui me chagrine dans tout cela c'est d'être obligé de tuer le seul homme que j'avais décidé d'épargner. Pff… Enfin je suppose que c'est dans l'ordre des choses.

Shun tenait toujours fermement la chaîne nébulaire. Dans ses yeux luisait une tristesse au moins aussi grande que dans ceux d'Hadès. Toute sa vie il avait fait couler le sang contre son gré mais cette fois-ci il sentait confusément qu'il allait accomplir son destin et c'était pour cela que même s'il n'en tirait aucune jouissance il n'hésiterait pas à lever la main sur Hadès.

- Tu te trompes Hadès ! Même si l'humanité est accablée de tous les maux il lui restera toujours l'espoir et contre cet espoir que nous chevaliers incarnons, même toi ne peux rien.

Il s'interrompit puis ajouta, une flamme combattive brillant dans ses yeux d'enfant.

- Ce lieu est peut-être un lieu de mort mais il ne sera pas le tombeau de l'espoir, je te le jure ! Et maintenant en garde Hadès !

Hadès était surpris par la fermeté du ton de Shun, après tout s'il l'avait choisi pour être son enveloppe charnelle c'était parce que comme lui il avait horreur de répandre le sang.
Il y eut un moment de flottement qu'Athéna saisit pour s'interposer entre les deux combattants.

- Arrête Shun, dès le début je me suis préparée à mourir en affrontant Hadès, c'est le but de ma réincarnation à cette époque alors je t'en prie ne te mets pas entre moi et mon destin.

La tristesse disparut des yeux de Shun en même temps que le respect qu'il mettait à l'ordinaire dans ses paroles lorsqu'il s'adressait à Athéna.

- Princesse Athéna vous savez très bien que vous n'êtes pas une combattante, la répugnance que vous montrez à l'égard des armes prouve que vous n'êtes pas celle qui a été choisie pour combattre Hadès. Alors je vous en prie écartez-vous. De plus comme Hadès méprise les hommes il est juste que ce soit un homme qui lui révèle son erreur.

Athéna fut choquée par les paroles de Shun, certes elle répugnait à la violence mais s'entendre dire qu'elle ne jouait pas dans la cour des grands par un de ses chevaliers, c'était plus qu'elle ne pouvait en supporter.

Derrière elle se fit entendre la voix moqueuse d'Hadès.

- Il a raison Athéna, tu as prouvé que tu n'étais pas de taille face à moi alors écoute mon conseil : rends-toi sur Terre et pendant qu'il reste encore des humains pour t'entendre annonce aux hommes l'avènement de l'ère des dieux. Maintenant écarte-toi sans quoi tu connaîtras une mort sans gloire !

Athéna se tourna vers Shun dans l'espoir de trouver en lui quelque soutien mais son regard était presque aussi dur que celui d'Hadès.
Ne pouvant espérer prendre part au combat dans l'état où elle était, elle s'éloigna donc pour prier et encourager le champion de l'humanité.

Shun détacha sa chaîne du poignet d'Hadès puis se mit en position de combat, Hadès ne fit aucun mouvement.

- Tu ne prends pas position ?

Hadès sourit.

- Il n'existe pas de position dans les techniques de combat des dieux majeurs, tout ennemi leur est par nature inférieur.

Shun sentit une bouffée de rage lui monter à la gorge.

- C'est ce qu'on va voir ! Par la vague du Tonnerre !

Les chaîne nébulaire offensive décrivit une courbe en zigzag et fonça vers Hadès.
Celui-ci fit mine de ne pas réagir mais au dernier moment, lorsque pour tous les spectateurs du combat la chaîne l'avait touché, il inclina la tête vers la droite, évitant de quelques millimètres la décapitation.
Hadès saisit la chaîne nébulaire sans difficulté. Il avait l'air presque désolé de l'insuccès de cette attaque.

- Quel dommage ! Pour tout autre adversaire que moi ce coup aurait signifié une mort certaine, la vitesse d'attaque de ta chaîne atteint largement celle de la lumière.
- Comment ?! Comment as-tu fait ?
- Comment ? Mais c'est très simple : lorsque tu attaques les vibrations de ton cosmos se font plus agressives et inconsciemment tu portes ton regard vers le point que tu vises, il m'a donc suffi d'anticiper ton attaque.
- …
- Je vois que tu es dépité d'avoir laissé passer ta chance… Allons essaie encore.

Hadès relâcha la chaîne nébulaire, celle-ci revint immédiatement aux côtés de son maître.
Shun hésitait, comment être sûr que son attaque ne subirait pas le même sort que l'autre ?
Hadès parut l'encourager.

- Allons, un peu de courage, ton but est bien de m'abattre n'est-ce pas ? Mais tu as raison de te méfier aussi je te donne cet avertissement : si tu ne parviens pas à me porter un coup cette fois-ci tu en paieras le prix.

Shun n'hésitait plus, il était le seul à pouvoir abattre Hadès et même s'il n'avait qu'une chance sur un million de pouvoir le toucher, il la tenterait quelles qu'en soient les conséquences.
Il intensifia son cosmos, une aura de couleur rose l'enveloppa alors tandis que son armure divine brillait de milles feux.

- Hadès, fidèle à ma constellation protectrice je suis né sous l'étoile du sacrifice ! La mort ne me fait pas peur, tu pourras me porter autant de coups que tu le voudras, je continuerai à t'attaquer !

Hadès ferma les yeux, un rictus ironique sur ses lèvres.

- Ces hommes sont vraiment stupides. Pff…, ils ne se rendent pas compte qu'en levant la main sur Dieu ils ne feront couler d'autre sang que le leur.

Shun enflamma son cosmos et usant des ailes que possédait l'armure d'Andromède s'envola pour frapper Hadès alors que le soleil était dans son dos.
" Ca y est je vais le blesser, l'obscurité derrière moi l'empêchera d'anticiper mes mouvements. "

De fait la chaîne nébulaire fendit les airs comme la foudre déchire le ciel et fonça vers Hadès.
Celui-ci n'avait pas esquissé un mouvement.
Quand la chaîne nébulaire allait le toucher elle s'arrêta en plein élan comme retenue par une force invisible !
Hadès murmura : " Je t'avais prévenu. "
La chaîne nébulaire se libéra de cette entrave et repartit en ligne droite vers… Shun !
Celui-ci ne put éviter l'assaut de la vague de tonnerre qui le toucha violemment à l'épaule avant de détruire l'aile droite de son armure divine.

Shun retomba lourdement sur les marches du temple d'Hadès. Son armure divine fragilisée par les coups d'épée d'Hadès avait moins souffert de l'assaut de la chaîne nébulaire que de la chute.
Shun avait du mal à bouger et un filet de sang lui barrait le front.
Il n'en croyait pas ses yeux : sa chaîne nébulaire s'était retournée contre lui !
Il se rappela alors qu'il avait connu la même situation face à Shakka le chevalier de la Vierge mais à cette époque il ne portait qu'une armure de bronze et surtout c'était sa sérénité qui avait permis à Shakka de bloquer l'attaque, quelle pouvait bien être la ressemblance entre Shakka et Hadès ?

- Que… qu'as-tu fait à ma chaîne ?

Hadès s'avança, il saisit entre ses mains le diadème d'Andromède qui avait roulé à ses pieds.

- Moi ? Mais je n'ai rien fait voyons, c'est ta chaîne qui a décidé d'elle-même de t'attaquer.
- Quoi ?!
- Tu as très bien entendu. Ta chaîne nébulaire est une arme redoutable, elle cherche ton ennemi et le terrasse à une seule condition : que celui-ci ait le cœur rempli de haine et malheureusement pour toi ce n'est pas mon cas. Pas plus que tu n'es arrivé à blesser Shakka qui est l'homme le plus proche de Dieu avec cette chaîne tu n'arriveras à blesser Dieu lui-même.

Shun était maintenant à genoux et semblait regarder les gouttes de son sang qui tachaient le sol marbré avec effarement, n'arrivant pas à se faire à l'idée que c'était sa fidèle chaîne qui lui avait infligé cette blessure.

Hadès s'éloigna de quelques pas, tournant le dos à Shun, il tenait toujours son diadème entre ses mains.

- Tu comprends maintenant Shun ? Tous tes efforts seront vains : plus tu enflammeras ton cosmos plus sa puissance te frappera. La force d'un humain ne suffit pas pour terrasser Dieu. Et comme Athéna a prouvé qu'elle ne pouvait rien contre moi…

Shun ne fit aucun geste , il semblait être complètement vidé de sa substance.
Hadès prit cela pour de la résignation.

- Bien, je vois que tu deviens raisonnable. Ecoute Shun, par égard pour toi qui fut mon enveloppe charnelle je vais permettre à Athéna et à tes compagnons de retourner sur Terre, ils vivront au milieu de leurs semblables les jours qu'il leur reste à vivre. Quant à toi je t'autorise à rester à Elision si tu le souhaites, ainsi lorsque l'humanité sera détruite tu pourras participer dignement à la construction d'Utopia, la Terre lavée du mal.

Shun releva la tête, ses yeux étaient remplis de larmes mais ils brillaient d'une froide détermination.
Il apostropha Hadès si violemment que celui-ci se retourna vivement avec une expression dans les yeux qui ressemblait à s'y méprendre à de la peur.

- Pour qui me prends-tu Hadès ?! Je suis un chevalier porteur de l'espoir et en tant que tel mon devoir est de veiller à ce que l'espoir ne s'éteigne jamais ! Et même si ta puissance est un million de fois supérieure à la mienne je continuerai à t'attaquer tant qu'une once de cosmos brûlera encore en moi !

Hadès dévisagea Shun comme s'il le voyait pour la première fois, la colère passa alors dans ses yeux.

- Je m'étais trompé sur ton compte. Tu n'es qu'un de ces êtres stupides qui croient que la vie est autre chose que souffrance, finalement vous porterez toujours le fardeau de l'amour, le fardeau de la tristesse, à quoi d'autre êtes-vous bons ?

Hadès serrait convulsivement le diadème de l'armure divine d'Andromède.

- Puisque tu dédaignes la vie que je t'offre en mon paradis et continues à te dresser contre moi tu m'obliges à te donner la mort. Eh bien soit ! Désormais je ne retiendrai plus mes coups ! Tu vas subir la correction que tu mérites pour ta stupidité !

Le cosmos d'Hadès s'enflamma, il était terrifiant, à son contact la douce lumière qui baignait Elision fit place à l'ombre et la Lune grandit tellement dans le ciel qu'on ne vit plus trace du soleil.

Shun ne l'imita pas.

- Attends Hadès. Avant d'en venir aux mains c'est à moi de te demander si tu ne veux pas abandonner.
- Quoi ?!
- Pour avoir été en contact direct avec ton âme je connais la tristesse qui l'habite et je sais qu'au fond de toi, toi aussi tu portes le fardeau de l'amour. Alors je te le demande, non je t'en supplie, mets fin à cette sinistre farce qu'est l'Ultime Eclipse et reprends ton sommeil éternel.

La colère passa à nouveau dans les yeux d'Hadès.

- Te rends-tu compte que ce que tu me proposes c'est de tomber dans l'oubli ! Les seuls êtres qui doivent disparaître ce sont les hommes dont l'existence n'est que péché et outrance. Quant à porter le poids de l'amour… Tu te trompes ! Seuls les hommes portent le poids de l'amour, de la tristesse, mais l'empereur des Enfers est différent : il y a longtemps que j'ai creusé moi-même le tombeau de mes sentiments. La tristesse que tu lis dans mes yeux est la rançon de la mort de mes sentiments mais grâce à elle mon cosmos s'est accru au point de dépasser celui de n'importe quel dieu !

A ce moment le diadème qu'Hadès tenait dans ses mains explosa sous la formidable pression et se répandit en poussière d'étoiles.

Shun comprit que le dialogue n'était plus possible, il prit alors une position de combat.

- Je t'attends Hadès !
- Viens Shun !

Shun fut le premier à passer à l'attaque. Lançant sa chaîne en avant il cria :
" Par la vague du Tonnerre "
La chaîne nébulaire fendit l'air à la vitesse de l'éclair en direction d'Hadès mais celui-ci l'évita au dernier moment.

- Tes mouvements sont trop prévisibles.

Hadès attaqua, d'abord un coup de pied que Shun esquiva en sautant puis un coup de poing, Shun mit son coude en avant pour amortir le choc.
Le sang des deux combattants éclaboussa le sol. Pris d'une rage que l'on n'aurait pas attendue chez lui Hadès abattit son épée sur Shun, celui-ci para le coup en tendant sa chaîne devant son visage, il en profita pour envoyer un coup de pied à Hadès à la base du cou, celui-ci esquiva en sautant.
Les deux combattants se séparèrent pour reprendre leur souffle.
Hadès sourit.

- Vu que nous maîtrisons tous les deux le 7ème sens ce combat ressemble à une bagarre d'enfants, qu'attends-tu pour utiliser tes arcanes Shun ?
- Bientôt mais pas tout de suite, pas tant que je n'ai pas assimilé toutes tes techniques.
- Très bien alors j'attaque en premier.

Hadès fonça vers Shun l'épée haute.
Celui-ci projeta sa chaîne vers le ciel puis la fit retomber en cercles sur lui.

- Cercle de défense !

La chaîne défensive d'Andromède se mit à tournoyer autour de lui.
Les coups d'épée commencèrent à pleuvoir dessus et à chaque coup correspondait une fissure de la chaîne divine.

- Tes mouvements sont trop lents, ce n'est pas une défense de cette sorte qui tiendra longtemps face à l'épée des illusions !

De fait les fissures se multipliaient, pourtant quand Hadès réapparut de l'autre côté, tournant le dos à Shun les cercles s'arrêtèrent et la chaîne d'Andromède tomba aux pieds de son détenteur en morceaux épars.
Shun regarda ce qui restait de sa chaîne divine avec des yeux hallucinés.
Hadès se retourna.

- Cette chaîne était plus résistante que je ne m'y attendais, sans elle tu étais décapité.

Shun remarqua alors un saignement qui provenait de la base de son cou, si l'épée d'Hadès s'était enfoncée un centimètre plus loin dans sa chair sa veine jugulaire aurait été rompue.
Il tomba à terre, la sueur perlait à grosses gouttes sur son front.

- Argh, je reconnais bien là la force d'Hadès, l'un des trois dieux les plus puissants. Mais je ne renonce pas au combat.

Hadès se retourna vers Athéna qui priait pour Shun.

- Je dois reconnaître cette qualité à tes chevaliers qu'ils n'abandonnent pas facilement. Mais peut-être est-ce une autre manifestation de la stupidité humaine ?

Il se retourna alors vers Shun.

- Réjouis-toi, chevalier du sacrifice tu vas mourir de la main de Dieu sous les yeux de ta déesse et des mortels les plus puissants de la création. Allons debout ! Car je vais utiliser contre toi mon attaque suprême.

Hadès avait parlé d'un ton si impérieux que Shun sentit qu'il devait obéir à cet ordre comme s'il émanait d'Athéna elle-même.
Shun se mit péniblement debout, il avait peine à tenir sur ses jambes et son armure divine était fissurée en de multiples points.
Hadès le regardait se mettre debout d'un œil froid.
Dans un ultime effort de volonté Shun parvint à se redresser de sorte qu'il put fixer Hadès droit dans les yeux.

Athéna les regardait tous les deux, la même colère animait leurs regards mais leurs cosmos étaient identiques : ils dégageaient une tristesse sans borne.
Ils étaient finalement les deux faces d'une même pièce : tous deux avaient transformé leur tristesse en colère mais ils ne l'orientaient pas vers les mêmes personnes.
Hadès ne détestait pas les hommes, il semblait même à Athéna que le respect, la dévotion qu'Hadès attendait de la plupart des hommes étaient en fait une sorte d'amour, seulement cela Hadès refusait de l'admettre, il était un dieu et un dieu devait être puissant. La puissance… Pour ce cosmos il avait tout donné et Shun se préparait à en goûter toute la puissance.

Elle regarda alors Shun, il aimait l'humanité en dépit de ce qu'il avait subi pendant son enfance, il croyait en cette Terre car il y avait trouvé des amis aux cotés desquels il avait tout enduré, avec lesquels il avait tout partagé. Et malgré son jeune âge il avait déjà vu l'Enfer mais au lieu de sombrer dans le mal comme l'avait fait Ikki il avait conservé son innocence et ses scrupules, était-il assez endurci pour affronter Hadès à présent ?

Elle regarda alternativement Shun et Hadès, malgré leurs divergences tout les rapprochait au point qu'Hadès, tout en sachant que Shun était un chevalier d'Athéna avait souhaité qu'il devienne son enveloppe charnelle, lui le plus sombre des dieux et le plus pur des hommes.
Elle observa alors leurs physiques respectifs, comme ils étaient à présent, l'un en face de l'autre leur ressemblance sautait aux yeux.
Oui il n'y avait pas de doute : en d'autres temps, en d'autres lieux ils auraient pu être père et fils…
Mais le destin avait choisi de les lever l'un contre l'autre et elle se maudissait de ne pouvoir intervenir… Mais peut-être n'était-il pas trop tard, peut-être tenait-elle une occasion d'annihiler à jamais le Dieu ténébreux fût-ce au prix de la vie de Shun. Elle referma ses mains sur le sceptre de la victoire, sa décision était prise.

Hadès et Shun se toisaient mutuellement, Shun faisait tout pour dissimuler sa mauvaise condition physique présente.
Hadès prit la parole.

- Avant de t'envoyer à jamais dans le séjour des morts je voudrais te poser une question.
- Laquelle ?
- Pourquoi combats-tu ? Tu n'es pas comme tes compagnons qui détruiraient l'univers si Athéna le leur ordonnait, je sens en toi une puissance phénoménale qui ne veut pas s'exprimer pleinement par peur de blesser autrui alors je te le demande pourquoi combats-tu ? En supposant que tu l'emportes sur moi que gagneras-tu ? Il se trouvera bien quelques dieux pour vouloir venger ma mort et tu te verras obligé de répandre le sang une fois de plus et pourquoi ? Pour les hommes ? Ils n'ont que faire de vous et ignorent les durs combats que vous menez et même s'ils le savaient il s'en trouverait quelques uns pour vous en vouloir. Non décidément je ne comprends pas cette logique de perdant… Alors je te le demande pour la dernière fois pourquoi combats-tu ?

Shun regarda Hadès avec attention, c'était la première fois qu'il rencontrait un ennemi qui s'intéresse réellement à ses motivations.

- Soit je vais te répondre Hadès. Abandonnés de tous et de tout, j'ai vécu des années durant dans l'ombre de mon frère et je n'ai vécu que pour le retrouver. Quand cela fut fait j'ai été tenté d'abandonner la lutte mais j'ai compris au fur et à mesure des combats avec mes frères que cette Terre n'était pas aussi laide que je le pensais, j'y ai trouvé des amis fidèles, des hommes passionnés qui se battaient pour une cause juste… Et pourtant j'ai dû faire couler le sang de ces hommes que j'admirais car ils avaient cru aux mensonges des forces obscures mais pour chaque blessure que ces hommes ont laissée dans mon corps j'ai reçu un cœur et aujourd'hui tous ces hommes vivent en moi. Si ce monde était rongé par le mal, que seules la force et la terreur y régnaient alors oui il mériterait d'être détruit ! Mais tant qu'il restera des hommes qui ne vivent pas que pour eux-mêmes, des hommes qui portent le poids de l'amour alors je continuerai à me battre.

Hadès ne fit aucun signe pour approuver ou démentir ce que Shun avait dit, il se contenta de fermer les yeux. Quand il les rouvrit Shun put se rendre compte qu'aucune colère ne les habitait plus.

- Tu n'es qu'un enfant qui croit encore aux beaux sentiments mais si tu avais fait l'expérience de l'éternité comme moi tu saurais que l'amour n'est que souffrance et tristesse. L'homme ne peut être heureux par l'amour, tout ce qu'il recueille en retour de son amour c'est de la tristesse et en fin de compte il finit par appeler la mort. Finalement il vaut mieux mourir que chercher l'amour sans espoir.

Une lueur sauvage passa dans les yeux d'Hadès.

- Mais trêve de discussions ! Seul le choc de nos cosmos prouvera qui de nous deux a raison ou a tort ! Prépare-toi à recevoir mon attaque suprême Shun, champion de l'humanité !

Hadès intensifia son cosmos, l'ombre s'étendit et des nuages de poussière balayaient Elision.

Shun sentait le cosmos du dieu des Enfers déferler sur lui, déchirer son armure divine, griffer son visage. A son tour il enflamma son cosmos.

- Moi non plus je ne recule pas !

Shun concentrait son énergie autour de lui changeant l'air en courant rouge inquiétant.

Shun : J'ai vécu cette situation tant de fois mais cette fois c'est contre Dieu que je dois porter mes coups. Je ne dois pas défaillir, pas maintenant ! Je crois en cette Terre, j'y ai trouvé des amis, lui ne songe qu'à devenir le dieu suprême.
Puisse la tempête nébulaire avoir raison de lui !

Hadès était nimbé d'une cosmo énergie aussi sombre que la nuit, il paraissait tout à fait calme, laissant retomber ses bras le long de son corps il ferma les yeux.
Les 6 ailes de son surplis se replièrent alors sur lui accentuant l'éclat argenté de son surplis.


Hadès : Je suis le dieu suprême et quiconque lève la main sur moi commet un crime ! Je ne dois pas me laisser troubler par ses sentiments, en le tuant j'effacerai le dernier sentiment humain qui restait en moi et je n'aurai plus aucun scrupule à détruire l'humanité pour ouvrir l'ère des dieux. Shun, tu vas connaître la colère de l'archange.

Le courant nébulaire s'intensifia autour de Shun.
Shun : il est inutile d'essayer de bloquer ses mouvements par la tempête d'Andromède, je dois me servir du courant nébulaire pour me protéger de ses coups et lui porter un coup mortel.

Les ailes du surplis d'Hadès s'ouvrirent, la lumière qu'elles dégageaient à ce moment obligea tous les spectateurs à se couvrir les yeux. Hadès mit son épée devant son front.
Hadès : Ce n'est pas le moment d'avoir des doutes, même si ce garçon aurait pu être mon fils je dois l'affronter sans pitié.

Shun appela toute la puissance de la tornade nébulaire sur lui-même se créant ainsi un cercle de défense infranchissable.

- Que la tornade nébulaire me protège et me permette de frapper Hadès d'un grand coup !

Hadès rassembla toute l'énergie contenue dans les ailes de son surplis dans ses mains qu'il leva au dessus de sa tête puis la communiqua à son épée.

- Reçois la punition de l'archange vengeur ! Par l'épée du Jugement !

Hadès et Shun foncèrent l'un vers l'autre, chacun essayait de chasser de son esprit le doute pour ne plus avoir d'hésitation à frapper son ennemi au moment fatidique.

Athéna était sans doute la seule spectatrice à pouvoir observer avec précision les mouvements des deux combattants.

Un grand choc se produisit, la puissance de la déflagration fut telle que le temple d'Hadès fut balayé comme un fétu de paille et les chevaliers divins ne durent leur salut qu'aux bulles de vie qui les protégeaient.

Lorsque la lumière eut disparu on ne distingua plus que deux silhouettes au milieu des ruines d'Elision.

Hadès et Shun étaient encore debout. Nul n'aurait pu dire lequel était blessé et lequel ne l'était pas.
Shun fut le premier à donner un signe de faiblesse : il abaissa son regard vers son ventre perforé juste en dessous de la cage thoracique, une giclée de sang s'en échappa.
Il essaya de colmater sa blessure avec ses petites mains blanches mais n'y parvint pas. Hadès se retourna vers lui, il ne semblait pas avoir été touché.
Dans un ultime et pathétique effort Shun tenta de toucher le visage de son bourreau mais celui-ci fit un mouvement de côté si bien que sa main n'étreignit que le vide. Il tomba en avant et s'étala de tout son long sur le sol du temple, une marre de sang s'échappa de sa blessure.

Hadès s'agenouilla sur sa victime, il se prit à éprouver de l'émotion pour cet adolescent qu'il avait tué. Sa main vagabonda dans les cheveux verts de Shun.

Hadès : Ca y est, ce fut long mais j'ai finalement gagné, tous mes ennemis sont écrasés et nul ne peut plus me contester le titre de dieu suprême.
Alors pourquoi la tristesse qui étreint mon cœur est-elle toujours aussi vive ?

Se relevant Hadès fit quelques pas pour s'éloigner de la dépouille de Shun mais il s'arrêta en voyant des gouttes de sang maculer le sol sur lequel il marchait.

- Que ?!

Les ailes d'archange de son surplis explosèrent en morceaux et en portant la main à sa poitrine il se rendit compte que du sang en coulait. Inconsciemment il mit un genou à terre.

- Les ailes arrachées, l'archange ne volera plus jamais.

Il repassa alors dans son esprit le déroulement de cet assaut : lui était obsédé par le fait de porter un coup fatal à son adversaire, il avait senti son épée traverser le corps de Shun et il lui avait semblé que celui-ci n'avait pu lui porter un coup.

- Quel idiot j'ai été ! J'ai baissé ma garde et il en a profité pour me frapper ! Mais il n'a pas essayé de me tuer, ce qu'il a détruit ce sont les attributs de ma puissance ! Au prix de sa vie il a voulu me prouver que je n'étais pas le dieu suprême en détruisant ce qui faisait mon orgueil !

Hadès s'interrompit, comment avait-il pu réaliser ce miracle ?
Comment avait-il pu percer son aura protectrice ? La réponse lui vint alors, évidente.

- Cet homme a osé se sacrifier car il savait qu'il défendait une cause noble et inconsciemment j'ai voulu qu'il me frappe pour graver son cœur dans le mien. Moi Hadès ai éprouvé une hésitation au moment fatidique, s'il avait visé mon cœur je serais mort. Moi Hadès ne mérite plus d'être le dieu suprême car mon cœur est encore teinté d'amour.

Il se précipita alors vers Shun puis se pencha sur lui.

- Shun ! Réponds-moi ! Pourquoi avoir épargné ma vie ? Pourquoi alors que mon seul désir était d'anéantir l'humanité ? Réponds-moi ! Pourquoi ?

Shun s'éveilla alors, son souffle était plus que faible mais sa voix était encore audible.

- Parce que j'ai compris… Au contact de ton cosmos si chaud j'ai compris que toi aussi… sans le savoir tu apporterais l'espoir dans ce monde… Et même si je meurs tu ne pourras te défaire de l'amour que j'ai gravé dans ton cœur…

Hadès regarda son ennemi avec des yeux remplis de larmes, il comprenait à présent pourquoi l'humanité avait survécu à toutes ces guerres saintes : il existait des hommes qui avaient tellement foi en l'amour qu'ils étaient prêts à se sacrifier pour le graver dans le cœur de leur pire ennemi.

Hadès releva Shun et le serra contre lui, sa cosmo énergie était chaleureuse et pleine de compassion. Les larmes venaient malgré lui à ses yeux tandis que son cœur se serrait de douleur.

- Shun, ce n'est pas toi qui dois mourir ! Si l'un de nous deux devait posséder l'immortalité c'est bien toi. Pardonne au pauvre imbécile que je suis.

Shun lui sourit en retour et malgré la pâleur alarmante de son teint ce sourire réchauffa le cœur d'Hadès, il le lui rendit. A ce moment Shun et Hadès étaient sans doute plus heureux qu'ils ne l'avaient jamais été.
Shun parce qu'il avait réussi à faire comprendre le sens de l'amour à ce dieu formidable qu'inconsciemment il visait, Hadès parce qu'à ce moment il avait l'impression d'avoir gagné l'affection de cet adolescent qu'il aurait voulu appeler son fils.
Ils restèrent ainsi quelques secondes qui leur parurent une éternité à s'observer mutuellement derrière leurs yeux emplis de larmes. Mais il était dit que ces deux êtres ne pouvaient connaître le bonheur ensemble et lorsque le sourire de Shun se déforma Hadès comprit que la fatalité s'abattait sur eux.
Soudain Shun se leva d'un bond et un flot de sang éclaboussa le visage d'Hadès.

- Que ?!

Hadès ne rêvait pas : Athéna venait de lancer le sceptre de la victoire pour le tuer mais Shun dans un dernier effort s'était interposé et avait bloqué le sceptre entre le bras et les côtes.
Shun s'écroula dans les bras d'Hadès.
Il lâcha alors :

- Hadès, te souviens-tu de l'inscription sur ce médaillon que tu m'avais donné ? " Yours ever " A toi pour toujours. Au moins je serai mort dans tes bras.

Hadès saisit Shun par les épaules et le remuant tenta de l'arracher au doux parfum de la mort auquel il menaçait de s'abandonner.

- Shun ! Tu n'as pas le droit de mourir ! Pas maintenant que nous nous sommes retrouvés ! Tu dois vivre, moi Hadès te l'ordonne !

Shun sourit à Hadès, il retira doucement les mains du dieu ténébreux de ses épaules puis se laissa tomber contre lui, ses cheveux verts s'étalant sur la poitrine d'Hadès et touchant son visage couleur de jais.

- C'est agréable… agréable de mourir dans tes bras…

Shun expira alors tout l'air qui restait dans ses poumons, son corps se refroidit instantanément comme si toute vie l'avait quittée d'un seul coup. Sa tête bascula alors vers l'avant se collant contre la poitrine d'Hadès tandis que ses mains blanches se resserrèrent une dernière fois sur ses épaules.

Hadès, sentant la froideur du corps de Shun contre le sien le serra convulsivement contre lui.

- Shun, NON !!!

Et le cri du dieu suprême déchira les ténèbres qui obscurcissaient le ciel glaçant d'effroi le cœur des chevaliers divins spectateurs impuissants de ce dénouement tragique et même sur Terre ce cri de douleur perça le cœur des défenseurs d'Athéna dans leur sanctuaire de pierre.

Ils restèrent ainsi enlacés un moment sous le regard plein de remords d'Athéna.
Puis Hadès souleva Shun dans ses bras et se tournant vers les chevaliers divins toujours enfermés dans leurs bulles de vie :

- Allez chevaliers divins ! Repartez sur Terre et racontez-y la légende de Shun le chevalier du sacrifice qui grava l'amour dans le cœur du dieu suprême au prix de sa vie.

Les bulles de vie se dirigèrent alors vers la Terre.

Puis se tournant vers Athéna :

- Athéna, tes chevaliers m'ont infligé une défaite totale et bien que je ne sois pas sûr que tu sois digne d'eux je te conseille de retourner sur Terre jusqu'à ce que les hommes n'aient plus besoin de Dieu. - Mais et toi ?

Hadès la regarda avec des yeux où par delà le chagrin luisait encore l'espoir.

- Je vais mener Shun vers le lieu de son dernier voyage et peut-être alors m'endormirai-je pour attendre pour attendre l'avènement d'Utopia.

Hadès et Shun partirent et à mesure que leur silhouette disparaissait à l'horizon, la Lune déclinait au profit du soleil.




Je dédie cette histoire au chevalier qui parmi les 88 constellations est né sous le signe de la pureté et de la compassion.
A la seule personne capable d'attendrir le cœur d'Hadès.
A un ami : Andromeda Shun


Hadès


Chapitre précédent - Retour au sommaire

www.saintseiya.com
Cette fiction est copyright.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.