Chapitre 1 : Pour la haine des Hommes (Fenrir d'Alioth)


L'air était pesant et chargé de froid, lequel semblait vouloir s'installer, encore et toujours, sur cette terre déjà au combien meurtrie. Le ciel, peint dans un blanc d'une rare pureté, s'étendait à perte de vue. A l'horizon, l'union de ces deux puissances donnait naissance à une enveloppe de glace à l'éclat indéfinissable dont la beauté meurtrière était accentuée par les froids rayons du soleil. Ils se reflétaient sur les cristaux presque transparents qui parsemaient toute la terre, transperçant corps et âmes de ceux qui osaient s'aventurer hors de leurs foyers. Cet astre, d'ordinaire si chaleureux, devenait un véritable poison pour toute chose animée d'une étincelle de vie. De la neige commençait à se déposer lentement et doucement comme pour refermer toutes ces blessures laissées à nu par la fureur des éléments. Il n'y avait pas un bruit hormis celui des flocons caressant la surface du sol avec allégresse. Malgré tout, le fait de les voir se mélanger à ce paysage sous le coucher d'un soleil teintant le ciel cristallin d'un ton oranger, était un spectacle des plus merveilleux. Dans ce manteau de neige d'une pureté absolue, la vie ne semblait pourtant guère fleurir. Il ne semblait y avoir âme qui vive et ce malgré l'heure avancée de la journée. En fait, c'était un mois de Mars ordinaire au royaume d'Asgard.

Cependant, en se concentrant suffisamment, il devenait aisée de voir l'atmosphère devenir écrasante. Le ciel semblait, petit à petit, tendre vers un gris ne laissant rien présager de bon. La neige se faisait très abondante et se mis à tomber avec de plus en plus de force, allant s'écraser sur ce sol ingrat comme si les Dieux voulaient l'achever doucement en le faisant inlassablement souffrir. Le vent s'était levé, faisant danser ce manteau de douceur, si blanc, si pur, si innocent…
Le brouillard s'installait tranquillement tandis que l'intensité lumineuse diminuait, engloutie par les nuages, instrument d'une colère divine éphémère. Maintenant, la neige tourbillonnait violemment et, les flocons, pareils à des aiguilles, allaient écorcher les sapins devenus trop rare par ici. Le souffle de cette tempête raisonnait, tel un long hurlement, parmi les arbres recouvrant ainsi le bruit de leur douleur croissante…
- Mais, qu'était-ce ?
A l'entrée de cette forêt, enveloppé dans une écharpe de brume, on pouvait apercevoir… une silhouette. Non, plusieurs, dont une dominait les autres par sa stature plus imposante.
- Qui étaient ces fantômes venus se perdre au milieu de nul part ?
- D'où sortaient-ils ?
Il fallut plusieurs minutes à ces âmes pour s'extirper de cette barrière blanche qui les aveuglait. Il s'agissait d'une meute de loups dont la fourrure était d'un marron éclatant malgré le fait que la neige commençait à les recouvrir. En tête, il y en avait un dont la couleur n'était pas sans rappeler celle du ciel à cette instant : grise pâle. En regardant avec attention, on remarquait que sur sa tête, au dessus de ces yeux bleus, se trouvait une cicatrice en forme de croissant de lune. C'était sans aucun doute le chef car, en plus de ses différences physiques avec les autres, il avait quelque chose de noble dans l'attitude et la démarche. C'était comme si ce loup se déplaçait avec une grâce inhabituelle, lui permettant de mieux se jouer des intempéries que ses compagnons….bref un meneur digne de ce nom. A côté de lui se tenait…..un homme ou plutôt un adolescent…
- Que faisait-il au milieu des ces loups ?
Il ne semblait guère effrayé et, les fauves, quant à eux, ne montraient aucune agressivité. Au contraire, en formant un cercle autour de lui, ils semblaient vouloir le protéger des morsures répétées du froid tout en le réchauffant de leurs maigres corps car la température ambiante fleuretait avec les moins dix degrés !

Cet adolescent d'environ quatorze ans ne semblait pas très grand mais sa façon de se tenir courbé tel un fauve ne permettait pas de le préciser. Par contre, il était bien bâti à en juger par les muscles rougis que son gilet de fourrure laissait dépasser mais il conservait une corpulence proportionnelle à sa taille. Sa longue chevelure bleue-grise dansait, rythmée par les souffles répétés du vent devenu glacial. Tantôt elle s'enroulait autour de son cou comme pour le protéger des piqûres de cette glace devenue étouffante, tantôt elle flottait derrière lui le laissant seul face aux éléments déchaînés. La neige lui fouettait violemment le visage qu'il gardait pourtant impassible laissant deviner de grands yeux, ne reflétant aucune émotion. Ils étaient d'un marron limpide, presque orangers et cela donnait à son regard quelque chose d'inquiétant, presque d'inhumain. Sa peau, déjà marquée par les aléas de la vie, restait de pêche et ce, malgré la morsure continue du froid et du gel. Des aiguilles de glace venaient sans relâche la déchiqueter laissant à chaque passage une coupure plus ou moins superficielle d'où s'écoulait du sang. Petit à petit, son corps apprivoisait la couleur rouge et derrière lui, on pouvait distinguer de petites gouttes de ce précieux liquide qui venaient s'écraser au sol, dépossédant cette écharpe de blancheur de sa pureté. Il ne se plaignait pas, même si l'on pouvait deviner sur ses lèvres craquelées un petit rictus, arraché par la douleur de la neige pénétrant ses blessures, dévorant sa chair et se mélangeant à son sang. Elle le pénétrait pour tenter de prendre possession de son âme mais malgré cela, il avançait encore et toujours droit devant lui dans cet océan de cristal, aidé en cela par des loups qui le suivaient fidèlement. Il était presque amusant de noter la ressemblance dans la démarche de cet être humain et de ses compagnons canidés. Ils avaient la même manière de glisser sur la neige ne laissant que de faibles empreintes vite recouvertes comme pour effacer leur passage dans ce lieu vierge de tout maux.

***

Cela faisait maintenant des heures qu'ils marchaient dans ce paysage essayant de fuir la colère du tout puissant Odin. Le calme était revenu depuis quelques minutes en même temps que la nuit avait étendue petit à petit son voile obscure sur Asgard ! Ils étaient épuisés et ne tenaient presque plus debout. La faim les assaillaient et leurs plaies, rougies par la morsure du froid, les faisaient horriblement souffrir mais ils continuaient d'avancer. Dans les magnifiques yeux orangers du garçon, on pouvait lire une détermination à toute épreuve et il marchait droit devant lui, poursuivant son but : retourner chez lui. Il leva péniblement sa tête endolorie par tant de givre, et observa d'un œil apeuré la voûte céleste par crainte qu'une nouvelle tempête ne vienne encore le torturer. Ces muscles se raidirent arrivant presque à un état de tétanie. Il sentit alors une immense vague glaciale l'envahir, s'immiscer en lui et doucement voler sa vie, cette vie à laquelle il s'accrochait avec tant d'ardeur depuis huit ans déjà.

La température devenait dangereusement basse et l'obscurité était maintenant totale. Il était à bout de force et avait du mal à respirer. Sa poitrine, gonflée par cette air froid, trop froid, qu'il respirait depuis des jours, le torturait inlassablement. Ses poumons avaient lentement été brûlés et chaque fois qu'il respirait, une sensation d'étouffement se faisait ressentir. Toutes ses muqueuses étaient couvertes d'un mélange de glace et de sang qui se fondait en lui telle une ombre. Il crachait régulièrement un peu de cet infâme liquide, ce poison qui voulait l'enlever à ses seuls amis sur cette terre maudite des Dieux. Oui, ses fidèles loups représentaient tout pour lui ! Ses cheveux étaient collés, par la sueur, à sa nuque à cause d'un accès brutal de fièvre. Le sang avait arrêté de couler grâce à l'action paralysante du froid mais la glace essayait de s'unir à sa chair, s'incrustant dans ses tissus ce qui, lentement, le dérobait à la vie. Epuisé, il se laissa tomber dans ce manteau blanc qui l'englouti tel un gouffre sans fond dans lequel il sombrait lentement. Aussitôt, les loups se couchèrent à ses côtés pour tenter de le maintenir en vie grâce à cette chaleur qu'ils dégageaient à son égard, ignorant le froid qui les envahissait et lui portant un regard trahissant une longue amitié. Celui à la fourrure grise pâle lécha ses blessures essayant ainsi, à sa manière, de l'aider à se battre contre la fièvre, le froid, la mort…
Il s'étendit à côté de lui en lui réchauffant le visage pour le tenir éveillé ! Ils étaient plongés dans les ténèbres au milieu de nulle part, agonisants…
L'adolescent ne sentait plus le contact du froid sur son corps meurtri. A ce moment, il ne faisait plus qu'un avec la neige qui finalement avait triomphée de lui, pourtant habitué à ce rude climat depuis sa plus tendre enfance. Il y a longtemps déjà qu'il vivait là, dehors, et subissait sans se plaindre les caprices de la nature.
- Pourquoi, aujourd'hui, était-il allongé dans ce cercueil de blancheur, dépérissant petit à petit ? Lui, l'orphelin solitaire recueilli par des loups. Il avait toujours cru dominer son destin qu'il croyait maudit et pourtant… Il esquissa un sourire comme pour interroger les Dieux sur les raisons de ce perpétuel acharnement à son encontre.

***

Le ciel était magnifique cette nuit là et les étoiles brillaient d'un éclat particulier. En effet, dans le ciel d'Asgard, on pouvait apercevoir une palette de couleur allant du jaune pâle au vert clair en passant par le rouge sang. Il resta émerveillé par ce spectacle, ne sachant plus s'il était toujours en vie. Il entendit alors presque subitement son cœur déchiré, cogner contre sa poitrine et la soulever doucement à intervalles réguliers.
- Il était vivant mais pour combien de temps encore ?
A ce moment là, il remarqua machinalement qu' une des étoiles de la Grande Ours brillait plus que les autres… Il se sentit comme appelé par cette étoile, elle l'enivrait, l'hypnotisait, l'attirait… Son regard buvait cette lumière presque parfaite, si douce et pourtant si froide. Ses yeux endoloris se mirent à briller avec une lueur particulière laquelle, durant son enfance, lui avait valut des railleries plus que blessantes…Bizarrement, il sentit une vague d'énergie lui parcourir le corps ce qui le fit frémir et sortir du semi-coma dans lequel il était plongé depuis quelques temps déjà. Tous les loups s'étaient instinctivement reculés sentant, grâce à leur formidable sixième sens, une étrange énergie envelopper l'âme meurtrie de leur compagnon à demi-mort.
Il sentit alors une chaleur immense emplir son esprit, le faisant bouillir de l'intérieur, puis exploser et déferler dans tout son corps. Cette sensation soudaine le fit tout d'abord souffrir à cause du choc thermique produit par l'audacieux mélange de ce froid si intense et de ce brasier si incandescent puis, cette sensation devint agréable, si agréable qu'il n'osait esquisser de mouvements de peur de ne plus la ressentir. Ses douleurs s'effaçaient comme si son corps entier renaissait ! La neige fondait autour de lui tandis qu'une aura blanche, comme cet immense manteau, prenait forme, épousant parfaitement les contours de son être. Ses cheveux se mirent à tournoyer formant ainsi un tourbillon de neige d'une rare violence. Sur tout son corps, les plaies cicatrisaient rapidement et cela lui arracha un cri de surprise. Il savait qu'il possédait une capacité à récupérer hors du commun mais là, c'était ahurissant.
- Que ce passait-il ?
Après quelques instants, sa peur se transforma en un semblant de joie. Les mots se mirent alors à couler de sa bouche formant un flot de paroles qu'il avait du mal à saisir car comme prononcées par quelqu'un d'autre !
-" C'est le…cosmos ! ".
Il ressentit à ce moment précis en son fort intérieur le même murmure qui venait l'agiter quasiment toutes les nuits depuis huit ans.
Tandis que l'aura grandissait sous ses yeux ébahis, le murmure semblait devenir de plus en plus fort. Il devenait presque perceptible pour l'oreille humaine. Le garçon tourna sa tête devenue lourde pour essayer de trouver d'où provenait cette voix.
-" Fenrir, n'es crainte ! Tu n'as pas à avoir peur de moi ! " entendit-il alors que l'inquiétude regagnait son esprit.
-" Je suis là pour t'aider et de guider ! Tu n'es pas un enfant comme les autres et tu le sais fort bien. Toi- même, tu t'étonnes de tes facultés de récupération mais sache que pour quelqu'un comme toi, cela est normal ! Je vais à présent te révéler qui tu es réellement. " Fenrir était angoissé mais pourtant, cela ne le dérangeait pas. Il prit petit à petit conscience que cette mystérieuse voix lui parlait à travers cette aura car chaque particule de son corps pouvait l'entendre et vibrait sous sa puissance.
-" Fenrir, moi qui fut jadis un brave guerrier, fut remercié par Odin lui-même qui m'offrit, pour me récompenser de ma bravoure et de ma fidélité, une armure aux pouvoirs incommensurables ! Cette armure représentait le loup légendaire Fenrir, fils du Dieu du mal Loki, qui devait exterminer quelques Dieux durant le Ragnarok ! Je devins alors le guerrier divin Alioth placé sous la protection d'Epsilon, une des sept étoiles de la Grande-Ours. Depuis ta naissance, tu es destiné à revêtir cette protection et devenir ainsi le nouveau guerrier divin d'Epsilon ! N'as tu jamais fais le rapprochement entre ton nom et celui de cet animal mythique de notre mythologie ? Maintenant, tu dois te relever et accomplir ton destin. Mais, rappelles-toi bien ceci : tu devras combattre pour ton peuple et protéger le représentant terrestre d'Odin… Souviens-t'en Fenrir, ne….failli jamais à ton devoir…. "
La voix se tût laissant Fenrir de nouveau seul. L'aura qui l'entourait il y a quelques secondes avait complètement disparue.
-" Ai-je rêvé ? " murmura-t-il, alors qu'à son grand étonnement ses poumons ne le faisaient plus souffrir. D'un coup d'œil rapide, il examina son corps et poussa un cri d'étonnement qui raisonna autour de lui comme porté par ce vent, tourbillonnant toujours avec plus d'ardeur. Toutes ses plaies avaient disparues comme effacées par cet élan d'énergie qui l'avait enveloppé d'une douceur sans précédent. La douleur était encore présente, bien qu'atténuée, mais cela lui redonna courage. Il se releva, non sans mal, mais il tenait à présent debout. Tous les loups se rapprochèrent de lui tout en l'accompagnant de longs hurlements sous une lune offrant la totalité de son corps et de sa lumière. Serrant les dents, il se remit à avancer difficilement car le manteau neigeux était désormais très épais.
Il continua sa route, titubant, sous ce spectacle grandiose de couleurs éclatants à divers endroits de cette voûte céleste, éclairées par cet astre blafard dont les rayons apportaient un peu de réconfort à ce garçon perdu dans une mer de glace. Il marchait maintenant depuis deux heures lorsqu'il arriva au détours d'un sapin en vu d'une grande bâtisse délabrée, entourée par de vieilles grilles désormais rouillées.

***

Les ruines étaient imposantes et se dressaient telle des remparts pour dissuader quiconque de venir violer la tranquillité et le silence de ces lieux autrefois animés d'une joie de vivre sans pareil. Le climat et le temps avaient finalement triomphés de la puissance de cette demeure qui désormais sombrait dans un profond oublie. En ce focalisant sur elle, on pouvait entendre des fantômes représentés par les rires joyeux d'un petit enfant ou les sages conseils d'un homme ou encore les douces paroles d'une mère. Mais maintenant, tout cela ne vivait qu'à travers la mémoire de Fenrir, autrefois hôte de cet endroit. Le garçon resta quelques instants immobile puis le pas hésitant et mal assuré, il se décida à avancer lentement vers les restes d'une ancienne porte…
-" Je suis enfin revenu chez moi… " murmura-t-il d'une voix trahissant une certaine émotion ainsi qu'une certaine mélancolie. Pour lui, le temps n'avait eut prise sur cette demeure, sa demeure, qui lui semblait toujours aussi vivante. Il avait l'impression de ressentir cette chaleur humaine qui le réchauffait lorsque son père le prenait dans ses bras. De plus en plus crispé, il continua d'avancer. Tout en foulant le sol de marbre fendu et gelé, il sentit un nœud se former au niveau de sa gorge comme pour qu'aucun son ne vienne troubler la sérénité de ce lieu. Ses grands yeux s'embrumaient au fur et à mesure qu'il avançait maladroitement tout en gardant une main fébrile sur son estomac. Même si ses blessures avaient disparus, la faim le tiraillait toujours. Il sentit une vague d'émotion montait en lui, submergeant toutes ses autres pensées tandis qu'il arrivait dans le salon et plus précisément devant une grande cheminée lézardée.

Il tomba à genou et, sous la clarté de la lune, on devinait des larmes qui perlaient le long de ses joues, réouvrant ces plaies justes guéries.
-" Voilà des années que je n'avais pleuré " articula-t-il alors que la fièvre revenait, ranimée par cette impulsion d'émotion.

***

Eclairé par la faible lueur d'un feu de bois, Fenrir venait de calmer son douloureux estomac grâce à cette succulente biche qu'il avait d'attrapée avec l'aide de ses compagnons. Il les regardait rongeant les derniers os d'une carcasse déjà blanchie par cette neige qui ne cessait de tomber, s'acharnant sans cesse sur eux. Cependant, après cette petite chasse, la tempête avait fait place à quelques flocons dérivant ça et là, au grès d'une légère brise faisant, par la même occasion, flotter ses cheveux bleus-gris avec élégance.
Il avait décidé de camper, avec sa meute, au milieu des ruines de son ancienne demeure afin d'être protégé des éventuelles intempéries par ces grands murs sur lesquels leurs ombres dansaient, projetées par cette couleur flamboyante que possédaient les flammes. Cette même couleur se reflétée dans ses yeux orangers à demi-clos qu'il plissait en regardant avec sérénité son meilleur amis terminer son repas.
-" Jing, approches mon vieux ! " lança-t-il doucement, perçant ainsi le lourd silence qui s'était installé depuis peu. Le loup à la fourrure grise pâle, se leva d'un bond et se présenta devant le jeune garçon en remuant fortement la queue, ce qui laissait sous-entendre bien plus qu'une simple amitié…
Fenrir se pencha et, d'un geste rapide, le pris dans ses bras pour le serrer contre lui. Il passa délicatement ses doigts dans les poils soyeux de son compagnon, resserrant son étreinte pour mieux ressentir cette chaleur animale, presque humaine. Jing qui n'avait esquissé de mouvements se mit à le lécher assidûment pour lui montrer ouvertement son affection. La douceur de la langue du fauve sur sa peau si pur n'était pas sans lui rappeler les caresses de quelqu'un qui lui était cher…
Après quelques instants, Fenrir se rassit sur un gros bloc de marbre blanc qui autrefois faisait partie du plafond de sa maison. Machinalement, il distingua à travers les flammes crépitantes l'emblème, désormais détruit, de sa famille. Il était en argent pur avec une très belle gravure le parcourant. On pouvait distinguer deux têtes de loups au dessus d'un blason comportant deux épées entrecroisées. Il y a quelques années de cela, cet emblème était synonyme de richesse mais également de respect et de fidélité. Sa famille était adorée dans tout le royaume d'Asgard tant elle était un modèle de générosité et d'amour envers tous les êtres et pourtant…
Pourtant, il y a huit ans, l'inimaginable se produisit alors qu'ils étaient partis, lui et ses parents, se promener en forêt avec des amis. Ceci allait être le début d'un cauchemar orchestré par les Dieux et qui se poursuit encore…

***

Le soleil, toujours aussi majestueux, dansait paisiblement dans les cieux, peints aujourd'hui dans une couleur bleu azur. Aucun nuage n'était là pour déformer ce paysage idyllique. Une légère brise soufflait tandis que je sentais l'air frais du grand Nord me caresser doucement le visage, m'emplissant d'une joie de vivre sans pareil. Je respirais avec allégresse cet air si pur tout en observant la neige qui parsemait notre chemin. Nous galopions depuis une heure environ quand mon père nous fit signe de nous arrêter. C'était un bel homme dont les cheveux, qui étaient pareils aux miens, retombaient en cascade sur ses larges épaules. Il possédait de grands yeux d'un vert émeraude qui d'après lui, avaient joués un rôle capital lorsqu'il tenta de séduire ma mère… Ma chère maman, être que je chérissais le plus au monde… Elle était semblable à un ange avec sa longue chevelure dorée couleur soleil qui flottait avec grâce. Ses yeux, jaune pâle, étaient pareils aux étoiles, scintillants, brillants de milles feux et lorsqu'elle me regardait tendrement en souriant, j'étais éblouis par tant de beauté et de tendresse. Sa peau, si douce, possédait une odeur particulière, assimilable à celui des fleurs qu'elle adorait tant. Son parfum m'enivrait tellement que j'adorais me blottir dans ces bras, me serrer contre elle pour pouvoir apprécier sa personne. Elle portait une cape violette qui nageait derrière elle, laissant son dos à nu. La voir galoper sur ce splendide étalon blanc nous apportait réconfort et bonheur.
Mon père, de sa voix assez forte qui laissait deviner son statut de guerrier, nous annonça que le moment était venu de rentrer car le temps devenait assez imprévisible. Ma mère lui sourit et nous fîmes demi-tour. Elle était en tête du groupe et me regardait, toujours avec délicatesse. Je l'appelais sans cesse car à l'époque, je n'avais que six ans et par conséquent besoin d'une présence maternelle. Soudain, mon expression se figea alors que je tirais, avec ma faible force, sur les rênes pour que ma monture s'arrête le plus vite possible. L'étalon de ma mère venait de se cabrer, la projetant violemment par terre. A quelques mètres d'elle se dressait de toute sa hauteur, un gigantesque ours dont la fourrure était grise. Mon père sauta aussitôt de son cheval en criant à ma mère de ne pas bouger. D'un coup de poing, il fracassa un arbuste et se précipita à son secours mais… C'est avec stupeur que je vis une terrifiante patte saillante de griffes s'abattre sur elle.
-" Non ! Maman ! hurlai-je en descendent à mon tour. C'était trop tard ! Elle fut projetée quelques mètres en arrière sous la force du coup et retomba non loin de moi. C'était horrible ! Les griffes avaient déchirées sa peau si fragile, ouvrant ainsi un passage à sa vie qui l'avait déjà quittée. Elle était mutilée de l'épaule gauche à la cuisse droite. Du sang s 'écoulait, sous la forme d'un mince filet, de sa bouche de rêve, souillant ainsi sa pureté. Ses yeux, d'ordinaire si beaux, étaient maintenant clos pour l'éternité. Je ne l'avais pas réalisé sur le moment mais je me trouvais dans une mare de sang ! Tandis que les larmes avaient pris possession de mon être, je m'agenouillais au près de ma chère maman. Mettant les mains sur son ventre, je la secouais comme pour espérer un brusque réveil.
-" Maman ! Maman ! Non ! Maman ! hurlai-je en pleurant toutes les larmes de mon corps.
Soudain, j'entendis le bruit de chevaux partant au galop et je compris alors que nos deux amis venaient de partir, nous laissant seuls face au danger.
-" Non ! Attendez ! Revenez s'il vous plait ! criai-je en les regardant s'enfuir comme des lâches. C'est alors qu'un hurlement vint me sortir de ce cauchemar que j'espérai fini. Me retournant vivement, je vis mon père retomber lourdement par terre, au milieu des bouts de cet arbuste qui lui avait servi d'arme. Le courage d'un homme armé de sa seule volonté luttant contre un ours pour défendre, même au prix de son existence, la vie de sa famille et de ses amis… Je me précipitai vers mon père, mon géniteur qui gisait là, tout comme ma mère, sans vie. Machinalement, je répétai les même gestes que pour elle en criant :
-" Non ! Papa !Allez, relèves toi ! S'il te plait papa ! ".
L'ours grognait plus fort comme excité par ce sang qui tâchait le manteau neigeux, fraîchement déposé. Toujours avec les larmes qui brouillaient mes petits yeux, je décidai soudainement d'ignorer ma lourde peine et je me saisis d'un morceau de l'arme de mon père. Me retournant pour faire face à cet ignoble assassin, je murmurai :
-" Papa, maman, je vais vous venger ! "
A ma grande surprise, des loups sortirent des quelques bosquets parsemant la forêt où je me trouvais et fondirent sur le géant qui se tenait devant moi.
Une lutte sans merci s'engagea alors, mais cela avait était tellement rapide que je ne m'en rappelai pas bien. Un loup tomba à mes pieds, la colonne vertébrale sectionnée en deux par les griffes de l'ours. Un autre s'effondra un peu plus loin, la gorge tranchée et la langue ruisselante de sang. Soudain, un loup gris se précipita sur lui, le mordant violemment au cou. Malheureusement, il ne put éviter le coup de patte qui s'abattit sur lui. C'est alors que je vis l'ours détaler sous les hurlements des loups qui semblaient célébrer leur victoire. Je me précipitai alors vers ce pauvre loup gris, dont la tête était légèrement ouverte et je commençai à lui éponger le sang s'échappant de cette blessure avec un mouchoir, cadeau de ma défunte mère, tout cela sous l'œil amical des autres loups qui semblaient me sourire.
- Pourquoi m'avaient-ils sauvés la vie ?
Cette question me perturbait et c'est à ce moment là que pour la première fois, j'entendis ce murmure au plus profond de mon être.
-" Ne t'inquiète pas mon garçon, ces loups t'ont sauvés la vie car, tout comme moi, ils ont ressentis que le cosmos d'Epsilon sommeillait en toi. "
Etant donné mon jeune âge, je n'avais rien compris à la signification de ces paroles. Jusqu'à aujourd'hui, toutes les nuits, je faisais des rêves étranges… Tantôt, je voyais la constellation de la Grande-Ours superposée à un loup, tantôt je voyais une silhouette enveloppée par un aura blanche et criant mon nom. Désormais, j'ai tout compris ! Les loups m'ont sauvé car ils avaient sentis que j'étais destiné à devenir le guerrier divin d'Epsilon, l'ami des loups.
Depuis ce jour, et après avoir offert une splendide sépulture à mes parents, j'ai vécu avec Jing et ses compagnons. Nous sommes devenus inséparables, partageant avec eux tous les moments de ma vie ! Je me souviens des énormes partis de chasse ou des plongeons effectués dans la cascade de la Plaine des Loups…

***

Fenrir était toujours assit sur ce morceau de marbre gelé mais son expression avait changée. Ses grands yeux jaunes étaient embrumés et ne brillaient plus avec cet éclat si particulier que tout le monde lui connaissait. De chaudes larmes perlaient le long de ses joues indiquant l'émotion et la tristesse qu'il ressentait à revivre de nouveau la scène de la mort de ses parents. Sa respiration était bruyante, renforçant ainsi la douleur qui le blessait, qui lentement déchirait son âme. Sur ses cuisses dévêtues, ses poings crispés essayaient de trouver matière à se détendre. La tête inclinée, il murmurait quelques paroles quasiment inaudibles :
-" Pourquoi ? Pourquoi ne puis-je pas être heureux ? Est-ce que durant toute ma vie, je devrai accepter de me sacrifier et d'attirer sur moi le malheur pour que d'autres, quelque part, puissent vivre dans la joie et la bonne humeur ? Oh, grand Odin, je t'en supplie, répond moi ! "
En prononçant ces paroles, les larmes qu'il versait depuis peu s'arrêtèrent de couler presque spontanément tandis qu'il se remémorait la fuite de ceux qui se disaient être des amis.
-" Ces lâches nous ont abandonnés face au danger alors que seul moi et mon père étions vivants ! "
Puis, les larmes revinrent, toujours plus brillante sous ce splendide clair de lune. Fenrir se recroquevilla sur lui même comme pour s'isoler de ces ténèbres et de cette folie humaine. Les mains jointes sur ses chevilles, il pleurait doucement mais la colère qu'il avait déployée il y a quelques instants, semblait atténuée voir absente.
-" L'amour ! Quel mot si doux et pourtant si dur ! Toutes les personnes que j'ai aimées sur cette terre maudite ont maintenant rejoint le pays des ombres.
Tout d'abord, mes chers parents, sauvagement assassinés par cet ours d'une puissance terrifiante et puis cette fille… oui, cette créature si douce comme l'était autrefois ma mère… C'était la seule personne, avec moi, pour laquelle Jing éprouvait de la sympathie et même de l'affection. C'était la seule personne à faire attention à moi, à m'écouter et à m'aimer. Elle à réussit à me toucher et pourtant… Elle aussi est morte, assassinée par la folie humaine ! Depuis ce jour récent, j'ai complètement changé ! Déjà, depuis la perte de ma famille, je me suis mis à détester les Hommes ! Mais, maintenant qu'elle n'est plus là, je les hais de tout mon être ! Ma vie n' à désormais plus que deux idéaux et je ne vivrai que pour cela. Grâce à cette armure que j'acquérrai sans doute un jour, je redorerai le blason de ma famille et punirai les humains pour tout ce qu'ils m'ont fait subir ! "
Fenrir se leva brusquement, alertant par la même occasion Jing et les autres qui se redressèrent d'un bond puis il hurla les mains tendues vers le ciel étoilé :
-" Je hais les humains et désormais je serai Fenrir, le loup mangeur d'homme ! "
Puis éclatant en sanglot, il se laissa glisser par terre ignorant la morsure de ce sol gelé pour sombrer dans un profond sommeil. Regardant une dernière fois la voûte céleste, il cru apercevoir le visage angélique de sa défunte mère et se laissant emporter dans un monde de rêves, il murmura :
-" Maman, je t'aime…. "

***

Tandis qu'il dormait paisiblement, le corps recouvert d'une fine couche de givre brillant de mille feux sous les incessantes caresses des pâles rayons de lune, une aura d'une froide blancheur se mit à envelopper l'emblème, au dessus de la cheminée. Comme alerté, Fenrir ouvrit ses yeux encore lourds de sommeil et avait l'impression qu'une grande puissance venait de se réveiller près de lui. Péniblement, il se leva, le corps encore avide de repos et balaya rapidement du regard les alentours. Pendant ce temps, Jing et les autres s'étaient, eux aussi, réveillés comme appelés par cette mystérieuse énergie. Instinctivement et nullement effrayé, Fenrir avança lentement vers la cheminée pour s'arrêter à quelques mètres de celle-ci. Tout à coup, l'emblème explosa en milles morceaux. La déflagration de l'explosion fit voler sa longue chevelure la délivrant ainsi de cette glace qui l'emprisonnait. Le tout était baigné dans une lumière blanche qui s'étendait petit à petit dans ce qui restait de l'ancien salon. Puis, on put apercevoir une forme dans le cratère laissait par la déflagration. C'était un loup fait dans une matière assez étrange. Il arborait une couleur bleue nuit avec quelques traits azur. C'était elle ! Il n'y avait pas de doutes. L'armure légendaire du guerrier divin Alioth d'Epsilon rayonnant dans tout sa splendeur.
Fenrir ne bougeait pas mais, il sentit monter une étrange sensation en lui qu'il n'avait pas ressentie depuis la mort de cet ange tombée des cieux… C'était de la joie.
Soudain, dans un éblouissement qui le contraint à fermer les yeux, l'armure se disloqua en plusieurs pièces, allant chacune s'apposer sur lui. Quand il rouvrit les yeux, sa surprise fut immense. Il regarda ses mains, recouvertes, comme tout son corps, de cette armure si douce, si agréable. Il la sentait respirer, vibrer comme si elle était vivante.
-" C'est incroyable… murmura-t-il, on dirait qu'elle à était faite pour moi ! Alors Jing , dit-il en se retournant vers son meilleur ami, de quoi ai-je l'air ? "
-" Il est vrai que cette armure te va à ravir Fenrir ! " dit une voix féminine, alors qu'il sentit soudain une énergie prodigieuse naître du néant.

***

Une femme de belle stature se tenait sur une petite colline jouxtant son ancienne demeure. Elle portait une longue robe rouge avec une veste noire. Ses grands cheveux couleurs argent flottaient, non sans grâce, derrière elle, ondulant sous la faible force d'une brise presque coutumière. De grands yeux mauve pâle me fixaient tandis qu'elle pinçait ses lèvres, délicatement recouvertes d'un rouge à lèvre assortit à sa chevelure. Elle sortit une main de dessous sa cape noire et l'on pouvait distinguer qu'elle tenait une lance, faite dans un métal noir, dont les motifs gravés étaient magnifiques, tout comme la forme de l'arme, du reste.
-" Qui êtes vous ? Qu'est ce que vous voulez ? " interrogeai-je, encore émerveillé par la beauté de cette femme. Jing et les autres loups s'étaient brusquement mis à grogner après cette mystérieuse personne.
-" Son cosmos dégage une énergie incroyable. " murmurai-je me protégent les yeux de l'éclat de son aura.
-" Je suis la princesse Hilda de Polaris, grande prêtresse d'Odin ! " répondit-elle avec calme et sérénité. Toutefois, on pouvait noter une certaine froideur dans ses dires.
-" Ah ! c'est vous, et qu'est que vous me voulez ? " rétorquai-je avec une méfiance qui désormais m'était familière bien que je connaisse la princesse de réputation. Cela dit, on me l'avait décrite comme une personne très belle, généreuse et douce mais la femme qui se tenait devant moi, à part la beauté, n'avait rien à voir avec cela. C'était bizarre d'ailleurs car son cosmos était empli de froideur et de sévérité…
Tout à coup, elle atténua son cosmos et pointa sa lance dans ma direction. Ce que je vis m'étonna au plus haut point pour ne pas dire m'apeura. Tous mes compagnons se couchèrent à ses pieds ce qui jamais ne s'était produit !
-" Oh ! mais qu'est-ce qui vous prend ? " balbutiai-je, ne comprenant rien à ce qui se passait.
-" Pourquoi est-ce que vous vous couchez devant elle ? "
-" Fenrir, en revêtant cette armure, tu as choisis le destin du guerrier divin Alioth d'Epsilon, qui s'est toujours montré loyal sujet du seigneur d'Asgard ! Tu fais partis des élus ! " dit-elle avec une certaine autorité.
-" Je suis le guerrier divin Alioth d'Epsilon ? " répondis-je machinalement alors que je le savais depuis peu. " Que dois-je faire pour servir Odin ? "
-" Tu dois d'abord obéir au moindre de mes ordres ! Je donnerai au royaume d'Asgard la place qu'il mérite sur cette terre et, après avoir tué Athéna, je gouvernerai la planète ! " me répondis-t-elle, non sans un sentiment de supériorité. " Si tu désires, continua-t-elle, je restaurerai le nom et le rang des Fenrir à condition, bien sur, que tu te battes à mes côtés. "
-" Majesté, ma vie vous appartient. " lui dis-je sans demander mon reste alors que j'avais mis un genou à terre, ma main gauche touchant mon épaule droite et inclinant la tête.
-" Parfait Fenrir ! dans ce cas rendez vous dans deux jours devant la statue du grand Odin, dans la cour du palais ! " m'avertit-elle tandis qu'elle tournait les talons.
-" A vos ordres, majesté. " répondis-je, n'ayant toujours pas bougé.

***

Après des heures de marches, Fenrir arriva enfin au palais de la princesse Hilda, représentante terrestre d'Odin, seigneur et maître d'Asgard. Il gravit rapidement les quelques marches gelées qui menaient vers la grande cour. Il était seul, ayant demandé à ses loups de rester dans une clairière près d'ici.
Le temps était plus qu'incertain, mais il ne neigeait pas. Aucun souffle de vent ne venait agiter les faible branches des quelques arbres parsemant les alentours du palais.
Maintenant, Fenrir marchait dans ce magnifique décors, admirant la titanesque statue en granite d'Odin. Elle était recouverte d'un couche de glace qui se mettait à briller sous les rayons du soleil.
-" Fenrir ! " lança une voix qui lui parut familière. Bien sur, c'était elle, la princesse Hilda de Polaris.
Il se retourna dans la direction de cet appel et vit alors six hommes agenouillés devant elle.
-" Il ne manquait plus que toi. Approches ! " continua la princesse qui n'avait toujours esquissé aucun mouvement contrairement aux individus également présents qui le dévisageaient.
A son tour, il vint mettre un genou au sol devant celle à qui sa vie appartenait…
-" Bien, dit Hilda doucement, le moment est enfin venu de partir à la conquête d'une terre plus clémente, guidé en cela par la volonté du tout puissant Odin. Mais avant toute chose, je vais effectuer les présentations. Vous êtes les sept Guerriers Divin, fidèles combattants de notre seigneur. Siegfried de Dubhe d'Alpha, Hagen de Merak de Bêta, Alberich de Megrez de Delta, Mime de Benetnasch d'Eta, Thor de Phecda de Gamma, Cyd de Myzar de Zeta et enfin Fenrir d'Alioth d'Epsilon avez été choisis par les Dieux pour réaliser cette mission sacrée. Désormais, vous devrez vous entraîner sans relâche afin d'être prêt dés que possible. Notre ennemi est le sanctuaire d'Athéna. Malheureusement, je ne connais rien de ce lieu et de ses combattants, hormis la terrible réputations des chevaliers d'Or, c'est pourquoi, toi, Cid, tu t'y rendras afin d'évaluer leur puissance. Bien, ceci étant dit, je vous laisse fidèles guerriers et retourne à mes occupations. "
La Princesse Hilda descendit gracieusement les quelques marches de l'estrade où elle était et disparue dans son palais enneigé par l'écharpe d'Odin.
Nous restâmes quelques instants sans bouger quand un garçon à la chevelure brune claire se redressa.
-" Qui y a-t-il Siegfried ? " interrogea un jeune homme répondant au prénom d'Hagen.
-" Une bataille va bientôt naître, dit-il se retournant vers ses compagnons d'armes, et nous n'avons pas le droit de la perdre. Odin nous à choisi et nous devons lui faire honneur. Nous devons offrir à notre peuple un meilleur cadre de vie ! Je propose d'aller revêtir nos armures et de nous entraîner sans relâche… "
-" Tu as raison " lança alors un jeune homme aux étincelants cheveux rouges.
-" C'est vrai " rétorqua Cyd.
-" Dans ce cas, reprit Siegfried, allons-y sur le champ ! "
Un " oui " général se fit entendre tandis qu'un sourire se dessinait sur la bouche d'Hilda…

***

C'est la première fois que je voyais une personne animée d'un tel courage, d'une telle envie de vivre. Il disait se nommer Shiryu et être le chevalier de Bronze du Dragon, un des protecteur de la Déesse Athéna. Notre combat durait, maintenant, depuis un long moment et je n'en revenais guère. Il ne m'avait pas touché une seule fois contrairement à moi. Je lui avais lacéré le dessus des sourcils afin que son sang impur le contraigne à fermer les yeux. De plus, pour quelqu'un qui était habitué à un autre climat, la morsure de la glace s'insinuant dans ses plaies devaient être insupportable. Il avait reçu maintes et maintes fois " la Griffe du Loup " et avait essuyé les morsures acérées de mes compagnons à quatre pattes et, malgré cela, il continuait à se relever pour m'affronter encore et toujours.
- Comment faisait-il ?
- Pourquoi le faisait-il ?
Ces questions me hantaient depuis le début. Même si je ne le montrais pas et malgré ma haine envers les Hommes, je crois que j'éprouvais …mais oui, j'éprouvais de l'affection pour Shiryu. Il n'avait de cesse de me répéter que les êtres humains avaient tous des faiblesses mais qu'il ne fallait pas les condamner pour autant.
- Pourquoi ? Ils m'avaient tout pris, tout.
Vraiment, je ne le comprenais pas !
- Pourquoi se battait-il pour des êtres qui se fichaient complètement de lui et qui, mis à part le profit, n'aimaient rien d'autre sur cette Terre ?
Ils la détruisent, sont avides de pouvoir, n'ont aucune connaissance du mot amitié et pourtant, il existe des gens prêt à sacrifier leur vie pour ces lâches.
C'est alors que je ressenti en mon fort intérieur ce dont Shiryu m'avait dit être la cosmoénergie d'Athéna, elle qui avait réussi à adoucir mes compagnons, y compris Jing.
Une douce et agréable chaleur m'envahie, me parcourrant lentement. C'était incroyable, jamais dans ma vie je n'avais connu pareil sensation. Même le cosmos d'Hilda n'était pas aussi pur. Des larmes commencèrent à perler le long de mes joues alors que je les croyaient taries à jamais. Je dû abaisser la visière de mon armure afin que Shiryu ne s'aperçoive de rien.
Je n'en revenais pas, Athéna m'avait entourée de son aura bienfaisante alors que j'étais son ennemi.
- Pourquoi ?
- Existait-il encore des êtres capables d'un tel amour ?
Soudain, je ressentis une force essayant de me parler à travers mon cosmos.
-"Fenrir, écoute moi bien ! Je sais tout ce que la vie t'a fait endurer. Tu n'as connu que tristesse et malheur. Cependant, saches que même si certains sont mauvais, il ne faut pas généraliser. Loin de là. Il existe sur Terre des personnes merveilleuses qui sont capable d'amour et d'amitié. C'était par exemple le cas de tes parents qui ont toujours été des être bons et généreux et c'est pourquoi ils étaient tant appréciés. Je sais que la vie est parfois injuste et cruelle mais c'est en renonçant à tout amour qu'elle devient insupportable. C'est pour cela que moi et mes chevaliers combattons ! Nous croyons en un monde meilleur et notre amour pour cette Terre et ses habitants nous donne la force de réaliser des miracles… "
La voix se tût tandis que le cosmos d'Athéna disparaissait. Il ne restait plus que Shiryu et cette éternelle mer de glace. C'est alors que moi, Fenrir d'Alioth, guerrier divin d'Epsilon, décida de lui porter un ultime coup afin de lui montrer que désormais, un autre combattant s'était rallié à leur cause qui était juste. La mienne était fausse et la princesse Hilda avait, malgré elle, déclenchée une guerre qui n'aboutirait qu'à la mort de tous les guerriers Divins. A quelques reprises, j'avais ressentis une très grande puissance autour d'elle qui, et je le savais très bien, n'était pas sienne ! Je savais pertinemment que cet assaut me serais fatal car seul ceux qui se battent pour la justice peuvent triompher mais qu'importe. Au moins, j'aurai regagné un semblant de dignité.
-" Shiryu, je vais te porter le coup de grâce. Que les Loups des Steppes te dévorent ! " hurlai-je , faisant brûler mon cosmos à son paroxysme.
-" Par la colère du Dragon " cria-t-il, m'imitant.
Il encaissa mon attaque sans trop de mal alors que la sienne passa à côté de moi. C'est alors que j'entendis un bruit sourd et me retournant vivement, je vis la cascade gelée se fendre, libérant par la même occasion une gigantesque avalanche. Machinalement, je me mis à courir mais je fus emporté par ce cercueil de glace dans un vacarme sans pareil. Mes dernières paroles furent pour Jing, mon fidèle compagnon qui après m'avoir sauvé la vie, m'avait apporté toute l'affection dont j'avais besoin.
-" Jing ! Sauve toi ! " m'égosillai-je tandis que j'étais happé par ce torrent de blancheur.
Je ressenti alors le cosmos d'Athéna m'envelopper de nouveau pour m'accompagner dans mon ultime voyage. Cette douce chaleur me réconforta et me donna la force de murmurer mes ultimes paroles alors que j'étais enseveli sous une neige, qui devenait pesante, plongé dans un semi-coma.
-" Bravo Shiryu, tu m'as finalement vaincu. Je suis heureux d'avoir pu te connaître et si un jour je devais renaître, je souhaiterai être ton ami. Pardonnez-moi Princesse Hilda, mais j'ai douté. J'espère que vous redeviendrez bientôt la personne dont on disait autrefois tant de bien. Papa, maman, je vais bientôt vous rejoindre et nous pourrons enfin être réunis. Pardon Athéna pour vous obliger à endurer toutes ces souffrances face à l'océan déchaîné ! Shiryu, tu es un être exceptionnel et désormais, je veillerai sur toi. Merci pour tout et adieu mes amis…adieu.
Juste avant de trépasser et sentant les langues de ses compagnons qui l'avaient sortit de la neige tenter de le réveiller, il entendit ces quelques murmure du chevalier du Dragon :
-" Quel gâchis ! Depuis la mort de ses parents, ce loup solitaire n'a vécu que pour la haine des Hommes ! "
Puis sentant son âme partir, il s'éteignit paisiblement un sourire aux lèvres tandis que des larmes de sang dévalaient tendrement le contour de ses joues…


FIN

Retour au sommaire - Chapitre suivant

www.saintseiya.com
Cette fiction est copyright Julien Verdon.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.