Chapitre 3 : Enfants des étoiles


Une paume appliquée sur le capteur d'un sas… Notre Han encore tout soulagé d'avoir parlé à Odul. Le bienheureux ! Ah. Quoique… Ses pensées dévient également.

Leia… Il n'avait plus peur de ce qu'il adviendrait. Restait à accepter les dix mois d'appréhension qui venaient de s'écouler. Et tous les mensonges en résultant. Les non-dits auraient peut-être réussi à détruire leur mariage si Odul ne l'avait pas secoué à temps. Mais ce n'était plus qu'une vague hypothèse et pour l'heure Han avait besoin de faits et de présent. De reconnaître ses torts aussi cependant. Le dernier en date avait été d'évoquer Calius saj Leeloo. Première chose de plausible qui lui était venue à l'esprit. Fut un temps il était plus doué pour les mensonges. La dissimulation, ça c'était son point fort depuis bientôt dix mois ! Si seulement Lando avait été là, et non en train d'administrer cette cité… Bref qu'il ait sorti ça presque spontanément sonnait comme un triste tour de son inconscient. Encore que cela sonnait bien creux à présent. Car Odul lui avait fournit un nouveau départ inespéré en clarifiant toute la situation. Il n'avait plus besoin de mentir…

Il songeait de la sorte. Sans se douter le moins du monde qu'à l'instant il venait de laisser Odul aux prises avec les mâchoires avides de son passé. Nez à nez avec son plus grand et incommensurable chagrin : la perte d'Eliogan. Ce père spirituel que le courageux sacrifice avait élevé au rang d'impérissable et ô combien douloureux souvenir.
Han, voyons, être sorti sans même te préoccuper de l'état de ton dit sauveur ! Reconnaissant mais quelque peu égoïste décidément. Comme quoi rien n'est incompatible…
Souvenez-vous que nombreuses sont les tours d'ivoire en ce monde. Les êtres quasi impénétrables, âmes en perdition qui s'isolent. Dans l'espoir, triste paradoxe, d'être sauvé tout autant que d'être fui (pour que personne, ô Grands Dieux non, n'ait le malheur de sombrer avec eux).
Odul est de ceux là.
Et ses semblables n'y voient pour la plupart rien. Ils se heurtent parfois aux silences et aux non-dits. Ils peuvent alors deviner le rempart, sans seulement en mesurer toute l'étendue. Mais Han a relevé les signes avec une relative indifférence. Obnubiler par sa petite personne, il ne sentira ni ne verra jamais plus le mur. Odul a cru en son aide, un moment. Puis délaissé subitement, il s'est vu emporté par le flot de ses souvenirs. Parfois l'amertume en arrive à submerger Odul, suffocant. Tableau tragique tel le Main Blade Winner en son temps…
Tout comme Han, Luke a déjà laissé une cicatrice sur ce même mur mental. Est-il assez clairvoyant pour sentir qu'il serait vital de réitérer la pénible expérience ?
Odul ne peut-il compter que sur lui-même ? Et n'ayant jamais été confronté en personne ou par le biais d'un parent quelconque à ce genre de situation, il se retrouve autodidacte quant à la gestion d'un tel traumatisme. Son jeune âge est donc un fardeau des plus pesants. Il peut toujours reléguer son passé dans un coin. Jusqu'à ce qu'il se sente assez fort pour s'y aventurer, affronter la masse de ses souvenirs et ainsi faire s'écrouler la forteresse. Mais jusque là, il restera seul en sa tour.
Han, quoi qu'il en soit en effet, a laissé filé sa chance. Leur chance. Et Luke pour aider Odul devrait s'exposer à ses propres peurs. Soit oser un double-combat, chose délicate pour notre Luke, tout Maître Jedi qu'il soit devenu. Mais le temps file. Les maux s'aggravent d'autant car l'esprit lutte contre des démons intérieurs qu'il est seul à voir. Espérons que l'acceptation viendra bientôt, pour le salut d'Odul. Et que le fait de repousser tant bien que mal ce douloureux moment, n'aura pas de funeste conséquence.
Han, en fait d'acceptation, est plutôt bien parti.
Aussi pour les besoins de notre histoire, il convient de revenir au présent : un sas s'ouvre donc sur lui…


Han pénétra dans ses appartements. Secouée de sanglots, Leia était à cran. Han ne souriait plus. La joie qu'il se faisait de la voir tomba d'amblée devant ce triste spectacle.
- " Mon cœur, que se passe-t-il ?
- Rien. les hormones sûrement…
- Alors ça je suis sûr qu'une apprenti-Jedi telle que toi en vient à bout fastoche ! " Elle ne sourit même pas. Plus sérieusement, " Allons, dis-moi, je t'en prie. "
Elle se força à respirer calmement, essuya ses yeux. " Je ne m'imaginais pas que ce serait si dur." dit-elle. Leia se redressa tant bien que mal, le dos rendu douloureux par sa grossesse.

Bientôt à son terme...

" Jaina et Jacen rêvent des mêmes choses que toi. " lâcha-t-elle dans un souffle.
Cela ne l'étonna pas. Han fit taire l'angoisse. Car il s'était promis de supporter sa femme. Et ce n'était pas possible autrement.
- " Tout ira pour le mieux, tu verras." Peut-être pour s'en convaincre aussi.
- " Et pourtant ils souffrent. " confia Leia, se rappelant ces nuits où elle avait vécu leurs émois, vu les mêmes images délirantes qu'eux, ressenti chacun de leurs maux.
- ???
Mais je n'ai jamais ressenti la moindre douleur, pensa-t-il
Et comme Han levait vers elle des yeux incrédules :
-" C'est ainsi pourtant, je peux te l'assurer ".

Comment auraient-ils pu savoir aussi, savoir que Kanon des Gémeaux avait eu mal, frappé par le trident du Dieu ? Ce repenti à la présence dorée que Han n'avait même jamais perçu, durant tous ces longs mois de rêves !

Han reprit, d'une voix qui se voulait assurée : " Je ne permettrai pas... plus du moins, qu'il leur soit fait le moindre mal. Nous sommes ensemble et c'est bien ce qu'il nous reste de plus heureux après ces longs mois de silence. De mensonges. Jaina et Jacen ne nous trouveront pas désunis. "
Leia ne posa aucune question. Han savait ! Et c'était tout ce qui importait. Combien il lui avait manqué ! Le temps des secrets touchait peut-être à sa fin.
Quand soudain, " Oula, je crois que je viens de perdre les eaux !"

C'est ça la vie !

***

"Midi-chlorelle : Phys. Unité morphologique et fonctionnelle, sensible aux radiations cosmiques et dont l'action s'exerce sur les atomes environnants par restitution radio astronomique [relatif aux rayonnements électromagnétiques des corps célestes ou radio sources]."

La sueur perlait sur le front d'Odul.
- " Tiens la position ! " exigeait Luke.
Quiconque aurait franchi la porte aurait sûrement eu une attaque. Encore qu'ils étaient dans les quartiers Jedis…Luke flottait, supporté par la seule Force de son élève. A environ un mètre cinquante du sol. De la télékinésie, au même titre que Luke l'avait expérimenter avec Yoda sur Dagobah. Mais pour sûr, cela s'apparentait plus à de la lévitation ici. Cinq heures, pensa Luke, petit sourire en coin. Doué pour son âge. Mais il se garda bien de le complimenter de vive voix. De peur de l'ascendance de ses dires sur la fierté du garçon. La Force est humilité. Jusqu'à présent cependant, la sévérité observée par Luke n'avait jamais égalée celle d'Odul lui-même quant à ses propres efforts. Tout à fait remarquable en somme.
La tunique d'Odul s'irisait de bleu sous le coup des vagues de Cosmos, irrégulières. Les ondes vives entouraient Luke. De même, bleu sur bleu, des éclats dansaient dans les yeux clairs du Maître, seul et heureux spectateur. Nullement inquiet de se savoir pour un temps à la merci de son jeune apprenti. Parce qu'il l'avait voulu de la sorte. Et seulement pour cela. Ne vous méprenez pas.
Mais une chose cependant contrariait Luke : Odul avait tendance à faire abstraction de pas mal de choses quand il exerçait la Force. Il n'est même pas sûr qu'il m'entende dans ces moments. Et cela n'était pas sans déplaire à son Maître.
Odul tremblait maintenant, son front se plissait sous l'effort. Accusant les faiblesses d'Odul, Luke oscillait dans les airs.
" Concentre-toi ! "
Mais bientôt ce fut trop et Odul, exténué, relâcha toute sa concentration d'un seul coup. L'aura disparut instantanément. Luke chutait ! L'élève se reprit au dernier moment, empêchant tout juste Luke de s'affaisser sur le sol sombre de plastacier. L'atterrissage fut presque doux. Et Odul se laissa allé en arrière, couché dos au sol, tentant de calmer sa respiration, une main sur la poitrine.
" Redresse-toi ! "
Odul s'exécuta, tout fatigué qu'il était. La sueur lui brûla les yeux, il l'essuya d'un revers de manche. De marbre, Luke le fixait, toujours en tailleur, mais au sol à présent. Quand il fut sûr qu'Odul le regardait bien dans les yeux, attendant la conclusion de l'exercice, il reprit :
" Ta Force dépend par définition des midi-chlorelles, de ton sang.
Mais il est possible de tourner ce capital vers l'extérieur, en accumulant les radiations issues de ces corps. L'esprit dirige alors le flot d'énergie engendré et l'impose au milieu environnant. Ce qui est susceptible de déstabiliser certaines structures atomiques. En apprenant à maîtriser ce courant, tu peux alors modifier les propriétés de l'air ambiant par exemple. Ou dans un autre registre, me maintenir hors du système gravitationnel généré par le vaisseau en agissant sur l'interaction des cellules. Ça, c'est la théorie. Je croyais que tu l'avais assimilée. Mais au niveau de la pratique en tous les cas, il n'en est rien. Du moins, tu ne te contrôles pas encore assez bien.
… Recommence ! " Les yeux étaient sévères. Etre pris en faute de la sorte était plus qu'humiliant pour notre jeune ami. Il enrageait intérieurement. Mais sa colère était entièrement tournée contre lui-même. Luke sentait bien qu'Odul bouillait. Il en veut, c'est certain ! Par trop impressionnant qu'il lui reste autant d'énergie. Du moins que ce que je lui dise, réveille ainsi toute sa volonté… Comme quoi je commence à bien connaître et prévoir ses réactions. Luke ne pouvait que deviner que c'était de la colère. La nature de ce sentiment, Odul était habile à lui cacher. Mais sa fatigue ne pouvait contenir la Force engendrée par ce trop plein d'émotion brute et spontanée.
Odul, bien qu'épuisé, ne lâcha pas le moindre soupir. Il reprit la position qu'il avait maintenue déjà cinq heures durant. S'apprêtant à brûler son Cosmos une fois encore pour soutenir Luke dans les airs. Il ne fit même pas mine de remettre en question la décision de son Maître. Cela ne lui vint même pas à l'idée. Il n'y avait en effet pas lieu de discuter son autorité. Et son entière acceptation démontrait par-là même son profond respect. Luke s'éleva de nouveau. Le cœur d'Odul cognait, pestant contre les efforts qu'on l'obligeait de fournir encore, le sang pulsant au cerveau. Pour Odul il n'y avait plus rien que ce pouls à ses tempes. Il n'était même pas témoin du halot bleu qui embrasait la pièce car, dans un souci de concentration, il maintenait ses paupières closes.
Sa volonté, seule, ne saurait lui faire récupérer toutes ses facultés. Son mal de tête attestait de sa fatigue sans nul doute. Mais du moins, il parviendrait sûrement à tenir encore quelques temps. Oui, quitte à se faire violence, il attendrait que son Maître juge bon d'arrêter l'exercice.
Luke de son côté avait tout le loisir de penser ; Odul était trop absorbé dans sa tâche pour se permettre de participer. Toutefois, le Maître émit distinctement à son intention : J'aurais pu me rattraper moi-même tout à l'heure, stopper ma chute dès les premiers signes avant-coureurs. Mais cela aurait été nier tes capacités, te mésestimer. Au lieu de ça, je t'ai fait confiance et tu ne m'as pas déçu.
A sa grande surprise, les ondes azures gagnèrent en intensité. Luke s'éleva un peu plus.
Odul n'avait rien a répondre à cela, juste à continuer de prouver qu'il était digne de confiance. Tu m'as entendu… Sourire. Prouve ta valeur mais toujours mesure l'étendue de tes faiblesses. Enraye la fierté avant qu'elle n'est eue le temps de naître.
Puis ses pensées se tournèrent vers Leia. Personne n'était venu l'avertir. Cela n'était nullement nécessaire ; il avait ressenti la toute première douleur en même temps qu'elle. Expérience peu commune en vérité ! Elle peinait maintenant. Et pour Luke, c'était insoutenable de sentir sa sœur souffrir ainsi.

***

" L'homme est un apprenti, la douleur est son maître.
Et nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert. "


Vers immortels d'un certain De Musset. Leia se rendait presque folle à force de se les répéter. Elle en comprenait soudain toute la portée. Oh seulement la portée physique en fait ! Pour l'instant.
Petit goût de jadis entre les murs, d'un blanc aseptisé, du quartier médical. Mais pourquoi n'avait-on plus accès aux médecines anti-douleurs d'autrefois ? Un simple phénomène de mode que cet accouchement naturel ? Pour marquer le passage femme/mère ? Elle se surprit à détester les mœurs actuelles, du moins en cet instant précis et à ce propos. Calme toi, Leia. Oula !
Douleur. Elle tenta d'en diminuer l'effet, se concentra sur sa respiration. Mais ce n'était pas ce qu'il y avait de plus efficace. Laisse-moi t'aider. Luke !

Ce dernier en effet inspira, chercha le moyen d'anesthésier le mal.

Au niveau de l'hypophyse, une dose d'endorphine se libéra soudain, substance douce qui inhiba la douleur.

Rôle analogue a celui de la morphine. Effet immédiat, Leia se détendit soudain.

Elle put alors penser à ses enfants, ressentir leur présence. Ou plutôt mesurer leur éloignement progressif. Les esprits des jumeaux, étroitement enlacés, semblaient se rassurer mutuellement. Un halo jaune pâle lorsqu'elle fermait les yeux. Aux stigmates de la souffrance physique s'ajouta alors un désarroi profond. Son instinct maternel se voyait contrarié par la communication profonde des jumeaux, silencieuse et totale, comme celle-là même qu'elle partageait avec Luke depuis toujours. Elle ne percevait rien de l'échange des jumeaux.
Ainsi seraient-ils donc leur vie durant, loin d'elle ? Et forcement encore bien plus de Han. Lui qui ne possédait pas la Force. Même s'il avait foi en ses enfants, cela ne lui suffirait pas pour se faire comprendre d'eux. Parviendrait-elle encore à aimer Han maintenant qu'elle avait conscience…qu'ils ne seraient jamais sur la même longueur d'onde, le même plan d'égalité vis à vis de leurs enfants ? L'inconstance de ses sentiments à l'égard de son époux la surprit.

Dix heures d'une telle lutte brisèrent Leia. Touchez aux émotions et l'être s'écroule.
Deux cris successifs : Jaina et Jacen étaient là. Leur venue parut dissiper toutes les peines subies, physiques ou morales. Leurs yeux d'un bleu pénétrant et profond semblaient étonnamment éveillés. Deux têtes blondes tirant sur le blanc. Un prélude à la sagesse ? Mais nos deux parents étaient bien loin de ces considérations, émerveillés par ce qui leur avait été donné de créer. Même si désormais Leia en était plus lucide. Radicalement plus lucide.


Après quelques tests-réflexes, aux dires des infirmières et médecins… " Ils sont déjà bien éveillés, nous les garderons une semaine dans les quartiers, voilà tout. "
Prit place alors, dans la chambre où l'on venait de conduire la jeune mère, un berceau, confortable mais que certains auraient trouvé déconcertant (une demi-bulle étrange supportée par un trépied). Les blouses blanches et vertes se retirèrent dés que Han entra à son tour ; la nouvelle famille goûta enfin un peu de repos et silence. Sourires. Leia s'efforçait en effet de rien laisser paraître, contemplant ses deux enfants, notant chaque trait et chaque mouvement. Sept mois d'attente s'étaient envolés d'un seul coup. Ne restait presque que la joie de les avoir avec elle. Même si le fait de ne plus les sentir comme faisant partie d'elle représentait en soit une perte des plus cruelles. Et Han mit la distance qu'il sentait néanmoins envers lui sur le compte de la fatigue. Et puis passer de deux a quatre en quelques heures… pensa-t-il, tout naturellement. Il était heureux, troublé à la fois par ces petits êtres, mais heureux avant tout et surtout.
Les deux grenouillères laiteuses et douces, qu'ils avaient prévu en remplacement des tenues bleues et communes, permirent à Han et Leia de remarquer une chose passablement étrange : chacun des bébés semblait porter sur l'omoplate un amas de tâches brunes. Et cependant les points les plus infimes étaient de part et d'autre également disposés. Dix-huit grains de beauté se détachaient nettement du lot.
Des faux jumeaux, n'étant pas du même sexe, possédant les mêmes marques ?? Côté gauche pour Jaina et droit pour Jacen.
- " On dirait la constellation des Gémeaux " , osa à peine formuler Leia, absorbée par la contemplation des points. " Un négatif de la constellation. ". Etaient-ils ainsi reconnus par des astres protecteurs ?

***

Les infirmières avaient rédigé leur rapport. Les analyses furent transmises, remontèrent la hiérarchie administrative dans un délai qui pour être aussi bref, en était fort exceptionnel. Jude Thaddée, membre honoraire de la confrérie Jedi en tant que huitième pair de l'ordre, en eut connaissance dans les minutes qui suivirent.

***

Et alors que Han dormait, enfin depuis des mois, d'un sommeil sans rêves, ce fut le tour de Leia d'en connaître les soucis ! Fatiguée bien naturellement de l'accouchement, elle ne se sentait ni la force ni la volonté d'y résister. D'ailleurs elle n'en éprouvait nullement le besoin…

Une voix au timbre nimbé d'échos profonds raisonna : " Une explication s'impose, n'est-ce pas ? " Mais cela n'appelait pas de réponse dans l'un ou l'autre sens. Tout se précipita.
Cela commença par le dos des jumeaux. Leurs grains de beauté s'enflammèrent subitement, semailles de feu dans les ténèbres, lointaines étoiles. Une autre galaxie sembla se dessiner peu à peu. Et Leia tombait. Tombait dans un gouffre, comme une pierre d'une falaise sur un haut-lieu gravitationnel. Comme si cela ne devait jamais s'arrêter. Vertigineux ! Une chute qu'elle croyait fatale. Les étoiles se firent traits incandescents. Impression qu'elle connaissait pour avoir expérimenter la vitesse de la lumière plus d'une fois. Elle se demanda si son cœur allait tenir. Tout son corps semblait brûler et pourtant dans l'espace, vide d'air, il n'y avait pas l'oxygène nécessaire à une combustion.
Soudain Leia s'arrêta, violemment, en un nouveau coup au cœur. Elle flottait ! Et devant elle s'alignaient les astres. Les noms lui étaient suggérés : le Soleil, la Lune, Saturne, Mars, Venus, Jupiter et Mercure. " Ce sont les astres essentiels à l'étude astronologique. " Et les constellations placées sur la course écliptique du Soleil. Du moins c'est ce qui apparaissait depuis la Tori. " D'Ouest en Est : Bélier, Taureau, Gémeaux, Cancer, Lion, Vierge, Balance, Scorpion, Sagittaire, Capricorne, Verseau, Poissons. "
Leia devait se trouver à la place de la Tori elle-même, pour avoir une vue de la sorte. Embrassant tous les astres. Mais elle ne voyait pas la Tori, non plus qu'elle ne sentait de gravité quelconque. La Terre donc, puisque le nom s'était déformé avec l'extension du patrimoine humain à d'autres systèmes. C'était comme si la connaissance, l'univers se déployait pour la première fois pour elle seule, en une merveille de démonstration. Elle qui avait tant voyagé, tant vu d'étoiles et de mondes éloignés, fut cependant éblouie. Comme si jusque là elle n'avait rien vu. Rien. Jamais. Milles fois elle crut devenir aveugle, tant la clarté environnante dévorait ses yeux, tout en sublimant son âme. Malgré la douleur, la persistance rétinienne, elle regardait toujours. Avait-elle encore seulement des yeux, un corps ? Car ce paysage de splendeur ne supportait aucune comparaison humaine. Et Leia devait tourner sur lui-même, en cet instant, sans même en avoir réellement conscience…à une vitesse telle en effet que ses yeux croyaient développer un champ visuel de 360° !
C'était la première fois qu'elle voyageait aussi loin, cette partie de l'univers lui était inconnue. Physiquement du moins, car les blocks éducatifs comprenait l'étude des mondes dits originels, les plus anciens recensés. " Le berceau de l'humanité, oui. ". La voix s'immisçait dans la moindre de ses pensées… Aaaaaah ! Elle chutait de nouveau. Allait-elle en mourir cette fois ? Mais non…Tout cessa avant même que cette pensée n'ait le temps de s'exprimer, de l'effrayer. Elle était sur Terre.
Contrôlait-elle seulement ce rêve ? La voix n'en était-elle pas maîtresse puisque la planète semblait être sortie tout droit du néant sur un ordre muet ? Muet, puisque Leia n'en avait rien perçu....
La Terre était désormais presque entièrement urbanisée, sur le modèle de Coruscant (la plus grande planète-cité de l'univers connu). A moindre échelle cependant. En une fraction de seconde elle en eut fait le tour. La voix confia de nouveau : " Le jour le plus long. Le solstice est en Gémeaux ". Et elle se rappelait. La moindre pensée lui avait été accessible ! Et tous les chercheurs, dans les centres d'astronologie, étaient formels : solstice dans la maison des Gémeaux !
" Ce n'est pas tout. L'attention est de rigueur…
Le zodiaque est une bande céleste idéale large d'environ 18° qui fait le tour du ciel parallèlement à l'écliptique(la course apparente du soleil, de la Lune et des grandes planètes sur les diverses constellations depuis la Terre). Cette zone doit son nom au fait que la plupart des constellations, au nombre de douze, qui l'occupent représentent des animaux. Un dérivé lexical du Grec et du Latin (zodiacus) ancestraux. Le zodiaque se voit divisé en douze parties égales de 30° chacune, qu'on appelle signes. On les désigne par les noms des constellations avec lesquelles les lieux des signes correspondaient anciennement, au temps d'Hipparque. Ces signes du zodiaque sont décomptés à partir de l'équinoxe du printemps, soit à partir de l'un des points où l'équateur coupe l'écliptique. Mais par suite de la rétrogradation des points équinoxiaux, la position des signes ne correspondaient plus aux constellations de même nom depuis 26000 années, depuis l'époque d'Hipparque. La Terre tourne en 23 heures 56 minutes.
Oui, …Comprends ! Le solstice en Gémeaux est un phénomène totalement exceptionnel. Mais selon l'ancien calendrier terrestre nous sommes un 21 juin… Le soleil est dans la constellation des Gémeaux. Aussi, dans le même temps, les Gémeaux imposent-ils leur marque une nouvelle fois sur Jaina et Jacen : de par leur thème astral, issu de l'horoscope astrologique terrien. Et ce même si aux latitudes moyennes de l'Hémisphère Nord en effet, c'est l'hiver qui est la saison la plus propice à l'observation de cette constellation.
Il faut distinguer signes du zodiaque et constellations zodiacales. Ces dernières demeurent immobiles sur la sphère céleste de la Terre. Les autres se décalent avec les années. Les forces universelles se conjuguent à nouveau. Elles ne pouvaient le faire qu'en ce 21 juin. Jaina et Jacen sont des élus. "
Une colonne d'aspiration emporta Leia soudain, surgissant de nulle part. Argh ! Elle crut que son corps allait imploser sous la pression qui s'exerçait sur ses membres. Etait-ce rêve ou réalité ? Assurément rêve car même la vitesse de la lumière n'aurait pas permis un tel voyage, si loin dans l'espace, si écourté dans le temps. Oui, un rêve, pour avoir traversé, entre la Terre et le vaisseau, des systèmes que des centaines d'années lumières et bien plus séparaient ! Une belle illusion de vitesse de la lumière alors…
Soudain un éclat de soleil l'aveugla. " Pollux des Gémeaux, à 34 années-lumières de la Terre, étoile de rayonnement bêta, mais de magnitude visuelle apparente de + 1,1 depuis la Tori. " La vitesse reprit. Puis décrut pour une nouvelle vague de brûlure. Une décharge de douleur incommensurable. Irradiant son crâne depuis les terminaisons nerveuses de ses yeux. " Castor des Gémeaux, à 52 années-lumières de la Terre, étoile de rayonnement plus intense de type alpha, mais de magnitude visuelle apparente de + 1,6 depuis la Tori. Plus ce nombre est petit, plus l'éclat depuis la Terre semble important. "
La respiration de Leia devenait de plus en plus difficile. Toutes ces révélations, ce flot quasi-ininterrompu de connaissance, la bouleversait. De quelle puissance émanait-elle ? Et son corps lui faisait si mal. Le grand huit spatial continuait, quasi-insoutenable. Mais elle ne s'approcha plus d'aucune étoile. La douleur, de ses yeux, s'atténua sensiblement jusqu'à n'être plus qu'une impression ténue, un vague souvenir. Insensé ! Tout cela lui avait paru tellement réel quelques secondes plus tôt. La totalité de ce voyage en fait. Pffffft ! Eole paraissait avoir fait son office, c'était fini. Plus d'appel d'air. Elle était revenu à son point de départ. Mais Leia sut qu'elle ne s'éveillerait pas encore.
" Alpha et Bêta. " Deux figures se dessinèrent simultanément, à côté l'une de l'autre. Courbes dérisoires qui semblaient luire pourtant sur le fond noir de ses pensées. Jeu de clair-obscur. De forces spectrales contraires, qui se renforçaient l'une et l'autre cependant. Alors seulement Leia réalisa ce qu'elle avait sous les yeux : deux taches de naissance ! Bras droit pour Jaina, gauche pour Jacen. Complémentaires. Oui, deux lettres grecques. En une langue oubliée par les âges. Qu'elle n'avait jamais eu l'occasion d'apprendre. Mais qu'elle comprenait en cet instant.
Du Grec. Alpha pour Jaina et Bêta pour Jacen. Bien visibles. Castor et Pollux. Les Gémeaux encore et toujours. Jumeaux et quatre fois gémeaux. Constellations, solstice, thème astral, tâches de naissance. Impensable. 10 êtres en deux.
Non ! Faux ! Sans pouvoir se l'expliquer, elle passa à… Cinq êtres en deux ! Flash ! Elle revit les archives de l'ordre… Et tout fut clair : Cinq chevaliers immémoriaux. Cinq doigts d'une même main. Deux mains potelées unies dans un berceau d'enfants.

Les Dieux Fractionnés !

" On me cherche ! Ce qui doit être, sera. "
D'un seul coup, elle émergea de son rêve. En sueur. Encore remuée par ce qu'elle venait de vivre. Elle s'approcha vivement des enfants qui gazouillaient. Epuisé, Han dormait calmement, goûtant l'espace de quelques heures le repos qu'il avait tant attendu. La veilleuse dispensait un faible halo. Mais Leia vit que Jacen et Jaina la fixaient, ni plus ni moins. De leurs yeux clairs et neufs. A peine quelques heures s'étaient écoulées. Un nouveau-né pouvait-il focaliser son regard ainsi ? Frisson.
Elle retroussa les manches des grenouillères. Les tâches de naissance s'étalaient, bien réelles, en deux dessins délicats et lisses sur le bras de chacun. Saisi de vertige, Leia s'agrippa vivement au rebord de la bulle. Les bébés la dévisageaient toujours intensément. Elle eut de la peine à soutenir leur regard. Amour et confusion. L'union du corps et de l'esprit, n'était-ce pas la définition même de la Force, de la Cosmo-Energie, telle qu'Odul, Luke et elle-même se l'expliquaient toujours, chaque jour que les Dieux créent ? Deux marques corporelles, les grains de beauté et les taches de naissance, c'était déjà beaucoup, beaucoup trop peut-être.
Ce ne sont que des enfants…
Sans nul doute rien de plus étonnant, mais elle ne se sentait même pas inquiète de cet état de fait. Quelques secondes s'enfuirent doucement qui parurent d'irréparables pertes à Leia.
Puis une joie sourde s'empara d'elle : elle avait donné la vie !
Les dernières paroles de son rêve raisonnaient toujours en elle. Ce qui doit être, sera. Ce qui doit être, sera. Ce qui doit…Mais qui avait… ? Mes mots !
C'était ses propres mots, un soir auparavant. Cela lui semblait si loin déjà…

Et dans un état de semi-conscience, elle comprit que la voix faisait simplement partie d'elle…

Chapitre précédent - Retour au sommaire - Chapitre suivant

www.saintseiya.com
Cette fiction est copyright Millereux Marie-Line.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.