Chapitre 3 : Le Plus Sombre de l'Homme


Mémoires de Rhadamanthe du Wyvern.


Je compris imméditament, ce jour-là, ce que mon père voulait faire avec la fourche qu'il tenait à la main. Je ne devais alors pas être âgé de plus sept ans et pourtant, tout mon instinct me soufflait ce qu'il allait exécuté. Mais j'étais trop terrorisé, trop habitué à ce genre de traitement pour chercher à m'enfuir, ou même à crier. De toute manière, il était comme cela depuis mon plus jeune âge, et aussi loin que je me le rappellais il possèdait ce caractère.
Il me disait que j'étais coupable de la mort de ma mère et qu'il se devait de me punir, mais durant combien de temps? Il ne l'avait pas précisé et j'en avais déduit que les tourments qu'il me faisait subir seraient appliqués aussi longtemps que je vivrai, ou du moins, aussi longtemps qu'il aurait la possibilité de me les administrer.
Il exerçait sur moi la plus totale autorité, et j'étais si épouvanté que je ne cherchais jamais à la remettre en cause. J'avais appris, au fil des ans, à ne pas le fâcher, ni le froisser, encore moins le vexer, et je vivais en permance dans la terreur de la minute suivante, me demandant s'il n'allait tout à coup pas poser sur moi son regard halluciné et fièvreux et se lever, se rapprochant de moins lentement, comme pour faire durer mon attente et surtout, mon calvaire. Je crois d'ailleurs qu'il s'agissait du pire moment, celui ou il ne me battait pas encore mais ou je comprenais que c'était inévitable. Il me suffit, encore aujourd'hui, de fermer les yeux pour le voir marcher à ma rencontre, un sourire à moitié dément flottant sur les lèvres et toujours un objet blessant à la main, comme un tisonnier ou encore cette fameuse fourche...
Ma mère était morte le jour de ma naissance, mais c'était chose assez courant que de mourir en couche dans les îles écossaises comme la nôtre. Le médecin n'avait pas pu se rendre chez nous à temps car le mois d'octobre de cette année là avait été terriblement orageux et la tempête qui s'était abattue durant la nuit ou je vis le jour avait empêché toute possibilité au docteur de venir. Ma mère, Mary, que mon père surnommait toujours Polly, d'après ce qu'il me racontait alors qu'il était à moitié ivre, avait du se débrouiller seule. Il avait tenté de l'aider mais n'avait servi strictement à rien, il s'en était bien rendu compte mais sa présence avait, paraissait-il, permit à ma mère de partir plus tranquillement, plus sereinement dans l'autre monde.
J'avais du mal à croire qu'avoir mon père à ses côtés dans un tel moment puisse aider en quoi que se soit. Si j'avais été sur le point de mourir, j'étais persuadé qu'il serait venu m'achever lui-même, bien que, à mieux y réfléchir, il aurait sans doute choisi de me voir agoniser plus longtemps.
Ma mère, cette inconnue dont je déplorais tant l'abscence car elle aurait sans doute su comment endiguer les accès de fureur de mon père, avait poussé son dernier soupir quelques minutes après que j'ai vu le jour, mon père lui tenant la main, me délaissant totalement pour son épouse. J'avais donc passé les premières heures de ma vie seul, vaguement empaqueté dans un linge, laissé à l'abandon sur la table de la cuisine. C'était pour cela, disait mon père, que j'avais une nature si dure et qu'il était si souvent obligé de me remettre à ma place. Mais malgré la peur qu'il engendrait chez moi, je comprenais parfaitement que tout lui servait de prétexte à me frapper ou à me faire travailler jusqu'à l'épuisement.
Il tenait une ferme, par très grande, mais juste assez pour le faire vivre et me nourrir de temps à autre, quand il se rappelait qu'il avait un fils, c'est à dire, pas très souvent. C'est ainsi que, pendant les treize premières années de mon existence, je me nourrissais environ un jour sur deux et de plats aussi médiocres que peut variés. Généralement, il me donnait les parties basses de la viande, celles que l'on considère presque comme immangeables, mais qu'il ne voulait pas gâcher, la perte lui faisant horreur. Il me disait qu'il fallait que j'apprenne à faire des économies et qu'il était là pour cela. C'était sur ces paroles généralement, qu'il m'envoyait nettoyer de fond en comble la maison, laver ses vêtements, je n'en possèdais qu'un seul, je n'avais donc pas le loisir d'en changer autant que lui qui en avait un certain nombre, ou encore recoudre quelque chose. C'était ce que je préferais dans ma journée, astiquer, repasser, faire la vaiselle, toutes les corvées qui représentaient en fait uniquement mon travail du soir, après celui de la journée à la ferme.
Si j'aimais tant entretenir la maison, c'est parce que dans mon esprit, ces travaux ménagers étaient associés à son départ quotidien pour le pub. Je me retrouvais donc seul dans la maison et pouvais tranquillement travailler sans risque de recevoir une pluie de coups ou d'injures dans mon dos ou alors que je m'y attendais le moins. Quand il rentrait, généralement complètement ou à moitié îvre, je devais l'aider à monter dans sa chambre, presque le porter dans les escaliers alors que je n'étais pas âgé de plus de cinq ans et que j'étais un enfin malingre à cause du peu d'aliments que l'on voulait bien me donner. Je sentais son haleine empoisonnée par l'alcool mais je ne détournais jamais la tête. La seule fois ou j'avais montré un signe d'écoeurement, il s'était saisi de ses loudes bottes et m'avait gifflé le visage avec. J'avais donc retenu la leçon et je ne vascillais pas lorsqu'il me parlait dans la figure. Je le déposais sur son lit et repartais ensuite discrètement, comme l'esclave qu'il souhaitait que je sois, et que j'étais assurément.
Mais comment me rebeller dans de pareilles conditions? J'étais extrêmement jeune, je ne voyais jamais personne d'autre que lui, ni ne fréquentais la moindre âme qui vive hormis sa personne. Je savais parfaitement qu'il ne m'enverrait jamais à l'école et que, par conséquent, je saurais obligé de tenir la ferme aussi longtemps que je vivrais. Il avait tout fais pour m'enfermer dans cette autorcie qu'il m'imposait comme un juste châtiment que je méritais pour avoir tuer ma mère. Mais qui pouvais-je? Je me le demandais dans mes très rares moments de lucidité ou je remettais sa parole en cause. Je n'étais pas responsable de la justice divine, je n'avais pas choisi de naître un jour ou le médecin n'avait pas réussi à se déplacer.
Tous ces mots, jamais je n'aurais osé les lui dire et je les pensais de toute façon bien rarement, car j'avais presque peur qu'il puisse entendre mes reflexions. De toute manière, je pensais bien rarement, car je n'en avais généralement plus la force après les journées éprouvantes que je vivais.
Je me couchais généralement vers minuit et me levais des quatre heures, pour aller m'occuper des animaux qui se réveillaient en même temps que l'aube. Pendant ce temps, mon père cuvait ses bières dans sa chambre jusqu'aux alentours de midi ou il entendait bien qu'on lui serve son déjeuner.
Dans la ferme, l'équipement dont nous disposions était loin d'être moderne mais il n'en avait que faire, puisque c'était toujours moins, qui, dès l'âge de trois ans, m'occupais des plus gros travaux, même si ceux-ci devaient me prendre cinq journées, là ou un homme en aurait mis une.
"L'important, c'est que tout soit fait en temps et en heure" disait-il toujours.
Et cela l'était assurément, car j'avais découvert ce qui se passait lorsque j'avais du retard.
C'est d'ailleurs vingt-quatre heures de perdues qui me valurent l'incident de la fourche, comme il l'appelait.
J'avais sept ans quand tout ceci arriva et, jusqu'à ce fameux jour, mon père s'était toujours contenté de me frapper avec ses mains, ses bottes, mais rien d'aussi terrible que l'arme qu'il avait choisi ce jour-là. J'avais été particulièrement malade durant l'après-midi, à force de dormir dans l'étable ou dans le fond du jardin ou il y avait une minuscule cabane en bois humide et pratiquement pourri, j'avais sans doute attrapé quelque chose comme une grippe et j'avais été incapable de me lever. Tout mon corps tremblait sous l'effet de le maladie, je ne pouvais pas me mettre sur mes pieds sans retomber à genoux, à demi-courbé en deux par le mal de coeur qui m'assaillait et parce que la pièce s'était soudainement mise à tournée autour de moi et à prendre des teintes éblouissantes allant du blanc au jaune le plus éclatant. Mon mal de tête m'avait empêché d'entendre les appels de mon père et j'avais été bien trop fatigué pour redouter sa colère. Dans les îles Féroé ou j'étais né, les épidemies de grippe étaient particulièrement dangeureuses, surtout pour les jeunes enfants et elles pouvaient facilement dégénérées et entrainées les victimes dans la mort. Mais cela, mon géniteur n'en avait que faire. Si j'étais mort, il aurait été furieux, et quand il était en colère, cela ne présageait rien de bon pour moi. Je savais donc qu'il fallait que je m'accroche à la vie, même si je n'en avais pas la moindre envie.
Je me rappelle encore le bruit de ses pas dans l'herbe boueuse qui se rapprochaient inexorablement du minuscule abri dans lequel je me trouvais. J'étais trop épuisé pour pouvoir m'enfuir, et de toute façon, je savais parfaitement que cela aurait été inutile. Il me l'avait déjà fait remarquer à une ou deux reprises, pour me signifier que si une idée aussi saugrenue me traversait l'esprit, il me retrouverait forcément, et me punirait comme il se le devait.
Je le revois encore ouvrir ce qui servait de porte et balayer de son regard brillant la pièce. Il s'était ensuite approché de moi, m'avait dominé de sa haute stature et m'avait saisi par les épaules, plantant ses ongles dans ma chair et me traînant dehors, jusqu'à ce lieu terrifiant ou il me battait si souvent. Je m'étais mis à sangloter, comettant, sans le faire exprès, l'acte qu'il tolèrait le moins et qui avait le don de l'exciter le plus.
Il m'avait jeté, une fois arrivé dans l'étable, sur le sol béton et je m'étais cogné la tête avec beaucoup de violence. Mon front s'était ouvert et un fin filet de sang s'en était échappé, mais j'avais connu bien pire et je songeais que ce n'était rien en comparaison de ce qu'il allait me faire subir.
Il s'était saisi de la fourche et j'avais immédiatement compris, sans pourtant réaliser que ce n'était pas un cauchemar mais bel et bien la réalité. Un long frisson m'avait parcouru et je m'étais instinctivement reculé, comme un animal pris au piège, m'adossant à la paroi de vieilles pierres du fond de l'étable ou je tentais de chercher refuge.
Je l'avais entendu ricané alors que je rentrais la tête dans mes épaules et serrais mes genoux contre ma poitrine. J'avais pensé que c'en était fini, que j'allais être délivré de ce calvaire mais il n'en fut rien de tel. Mon père prenait beaucoup trop de plaisir aux fréquentes explosions de violence qu'il déchaînait sur moi, pour me blesser mortellement.
Cependant ce jour-là, il dut se laisser emporter par sa sauvagerie et, plutôt que de me frapper avec le manche d'acier comme il aurait choisi de le faire à son habitude, il m'empala sur la fourche elle-même. Je me rappelle encore l'effet du métal froid enfoncé dans ma chair, le goût du sang me montant dans la bouche. Je ne ressentis pas immédiatement la poignante, la terrassante douleur tant j'étais ébahi de ce qu'il venait de comettre. Je l'avais jusqu'à présent cru capable de beaucoup de choses, mais pas de cela. Les dents de l'objet avec lequel j'avais si souvent travaillé resortait de l'autre côté de mon flanc et l'air me manquait. Je suffoquais mais ne poussais pas un cri, cherchant plutôt à économiser mes forces pour ma survie. Mon père, pendant ce temps là, s'était éloigné, comme si de rien était, me laissant ainsi agoniser sans prononcer un mot, comme s'il n'avait rien fait, comme s'il ne comprenait pas la gravité de ce qu'il venait de comettre.
Je suis resté dans cet état pendant plus de deux heures, alors que la nuit tombait dehors et que mon géniteur achevait le travail que je n'avais pas pu exécuter à cause de ma grippe. Mon visage était recouvert de sueur et je n'avais pas le force de retirer la fourche de mon corps. J'allais mourir, je le savais et je l'acceptais comme une fatalité, non, comme une délivrance plutôt que comme une punition. S'en était enfin fini de ces sept années de douleur... J'allais doucement laissé la vie s'échapper de mon corps et...une idée me traversa soudainement l'esprit.
Et si je ne mourrais pas? S'il rentrait à temps pour me sauver, pour m'emmener à la clinique? Si j'étais encore condamné à vivre pendant de longues années cet enfer, ce martyr...je ne pourrais pas le supporter pensais-je. La mort, je m'étais toujours dis qu'elle finirait par arriver alors que je subissais sans broncher les coups qu'il me portait, je l'attendais parfois, je l'appelais même à certains moments, tant je n'en pouvais plus. Mais jamais encore, je n'en avais été si proche que ce jour là, alors que je me vidais de mon sang, silencieusement, ma tête tombant peu à peu sur le côté, le noir obscurcissant mes pensée au fur et à mesure que le temps s'écoulait et que la Faucheuse venait me chercher, enfin. Plus rien n'avait d'importance, seulement à l'heure du jugement final, et je n'avais pas compris quel était mon destin. En avais-je jamais eu un d'ailleurs? Oui, mais peut-être mon père l'avait-il brisé...oh, et puis, cela ne comptait plus alors que le ciel se fondait dans la terre, et tout se mettait à tourner autour de moi. Je ne me rendis pas immédiatement compte de la terrifiante douloureux qui s'emparait de nouveau de moi. J'ouvris précipitemment les yeux, incrédule, alors que mon père tenait le manche de la fourche dans ses mains.
-Mais comment t'es-tu fais cela, Sampson? Tu es tombé?
-Mais...murmurai-je alors qu'il s'appuyait, s'accoudant presque contre le manche alors que l'arme était toujours rentrée dans mon corps.
Je poussais un grognement de douleur et me remis à cracher des caillaux de sang. J'aurais voulu le supplier d'arrêter mais je n'en avais pas la force.
-Tu es d'un sot mon pauvre garçon...t'empaler comme ça en tombant, tu pouvais pas faire attention? Tu verras ce que ça va te valoir comme punition, ouais...
Je n'arrivais pas y croire. Ainsi, il était encore plus fou, plus dangeureux que ce que je n'avais songé.
-Ôtes ça vite avant de mourir à cause de l'une de tes imbécilités, je vais t'emmener en voiture à l'hopitâl. Tu réalises bien ce que tu es entrain de me faire?! A cause de toi, ce soir, je vais devoir me trouver dans un endroit abject alors que je pourrai être au Pub!
Mais part! eus-je envie de lui répondre car la proximité de la mort me rendait plus lucide que jamais. Laisses-moi mourir en paix, fais moi ce seul et unique cadeau. Part que je ne te revois plus et pries pour que si je renaisse, je ne te rencontre pas de nouveau.
Cependant, toutes ces phrases, je ne pouvais les exprimer. J'avais trop peur, trop mal et plus aucune force pour cela. Et même si mon esprit, lui, souhaitait mourir, mon corps, pour sa part, luttait contre le froid glacial qui était entrain de m'envahir.
Je ne savais pas si j'étais capable de faire ce qu'il me demandait. Enlever cette arme de mon corps pendant qu'il sortait sa camionette... je devais bien le faire car sinon, il me transporterait sans doute avec, juste pour voir mon visage grimaçant de douleur. Cela l'amusait, mais je ne comprenais pas pourquoi. Quel plaisir prenait-il à voir son propre fils se mourir? J'oblitérais trop facilement de mon cerveau qu'il était fou. Mais alors, pourquoi personne ne l'arrêtait? Pourquoi le destin ne me laissait-il pas une chance de m'en aller, de vivre partout ailleurs mais pas dans cet endroit.
Ces questions, je me les suis toutes posé alors que je saisissais la fourche de mes deux petites mains tremblantes, la fièvre collant mes cheveux contre mon front et mes tempes, et j'ai serré les dents et fermé les yeux. Après, et seulement après, j'ai tiré d'un seul coup, sec, rapide et très fort sur la fourche. Je n'ai pas pu retenir un hurlement de rage et de douleur alors que je tombais en avant, évanoui.
Je n'ai jamais su ce qui s'est passé exactement après. Mon père a du me ramasser sans ménagement, jouer les pères affolés et terrifiés par l'accident arrivé à son enfant et j'ai été hospitalisé. Tout le monde a du croire aux histoires qu'il racontait et ou il se retrouvait la plupart du temps affligé d'un fils au caractère difficile et particulièrement hargneux.
Je me souviens que lorsqu'il m'a ramené à la maison, il m'a de nouveau battu, le soir-même, alors que j'aurais tant eu besoin de repos, pour me punir de lui avoir causé tant de problèmes.
Et le lendemain, les jours, les mois suivants, la vie a repris son cours comme si de rien était. Comme si le drame qui m'avait agité n'avait jamais eu lieu. Mais c'était la specialité de mon père que de faire comme si rien ne se passait lorsque quelque chose l'ennuyait. Il s'offrait ainsi la possibilité d'annihiler en lui tous sentiments de culpabilité dont il n'était sans doute pas même capable. Parfois, je me demandais s'il battait ma mère durant leurs années de mariages. Je n'en savais rien, mais, avec un fou pareil, je ne doutais pas de la réponse. Par moment, j'étais content qu'elle soit morte, je me réjouissais pour elle d'avoir trouver le repos dans le sommeil éternel, mais, à d'autres, je lui en voulais particulièrement de m'avoir abandonné avec ce monstre. Mais qui pouvait-elle? Nous n'étions pas responsable du malheur de l'autre, quoi qu'en pensait mon père.
J'ai vécu treize interminables années auprès de mon géniteur et elles se fondaient toutes les unes dans les autres. Je dormais quatre heures par nuit, travaillais jusqu'à l'épuisement et recevais pour toute récompense des coups.
Jamais je n'ai connu mon père amicale avec moi et en un sens ce n'était pas un mal, car j'aurais été encore plus paniqué de le voir sous un nouveau jour. Comme je l'avais prévu, jamais il ne m'envoya à l'école et le jour de mon treizième anniversaire, je ne savais toujours pas lire, ni même écrire d'ailleurs. Mon père non plus n'avait jamais été éduqué et il parlait très mal, son langage étant peu châtié et sa diction très difficile à comprendre à cause de l'accent qui rendait son anglais impossible à saisir. Par je ne sais quel miracle, je parlais ausi bien que les anglais qui habitaient sur le continent, mais j'étais loin, très loin d'être aussi érudits qu'eux. Et je le déplorais.
J'avais un jour eu la témérité, ou plutôt la folie, de demander à mon père, le soir du 9 septembre, si j'allais un jour entrer à l'école. Il regardait le feu que je venais d'allumer dans l'âtre et s'est levé, avec lenteur, comme si il allait peser chacun de ses mots. Je ne l'ai pas vu se pencher et attrapper discrètement le tisonnier et ce n'est que lorsque je l'ai reçu de plein fouet dans les côtes, puis sur les bras, dans le dos et sur le front, que j'ai compris ce qui se passait. Cela a été l'une des pires corrections que je n'ai jamais reçu, exceptée l'histoire de la fourche, car l'objet dont il se servait pour me battre était encore brûlant car j'avais remué les bûches avec.
Même encore maintenant, je possède des marques sur mon corps qui me sont restées de cette nuit de septembre, comme d'un assez grand nombre d'autres d'ailleurs. J'ai aussi toujours quatre gros points blancs sous mes côtés, dernier souvenir ou sorte de rappel du jour ou je fus empalé. Mais avec le temps, ces cicatrices finissent par s'estomper, peu à peu, quand à celles de l'âme, je ne sais pas si elles disparaitront un jour, je souhaite finalement que non. Je veux toujours me souvenir de cette période, pour ne jamais la recommencer, pour ne jamais ressembler à mon père, pour ne jamais oublier qui je suis réellement.
Après qu'il m'est roué de coups avec le tisonnier, il m'a ordonné de passer la nuit dehors et c'est ainsi que tout a commencé. Que le destin est enfin venu à ma rencontre.
Je suis sorti dans la nuit glacée en titubant, mais content de m'éloigner de cette maison. J'ai rejoint l'abri qui se trouvait dans le fond du jardin et je me suis accroupi entre un mur et un vieux meuble mité et encombrant dont mon géniteur s'était débarassé.
J'avais alors douze ans et en paraissant aisément cinq de moins tant j'étais petit et peu épais. Mais tous les coups que j'avais reçu empêchaient ma croissance de s'effectuer normalement et je ne m'en inquiètais pas le moins du monde. Ce qui m'affolait par contre, c'était de savoir combien de temps encore j'allais rester en vie.
Pourquoi n'arrivais-je même pas à rendre mon dernier soupir? Pourquoi n'avais-je pas le droit comme tout le monde au repos? Je ne supportais plus mon existence et je ne comprenais pas pourquoi j'étais dans ces îles, a enduré ce supplice que je n'avais absolument pas mérité. J'avais peut-être commis quelque horrible méfait dans une autre vie pour hériter d'une existence comme celle-ci. C'est ce que je songeais à l'époque sans pour autant soupçonner ce qu'impliquait mes dires. Si j'avais encore eu des larmes pour pleurer, je crois que je les aurais versées sur les pathétiques années qui s'étaient jusqu'alors déroulées.
J'avais la tête tournée vers la fenêtre et j'observais les étoiles avec intensité et attention. Je me levais du mieux que je le pus car je venais de remarquer quelque chose d'anormal dans le ciel. Mes jambes me portaient à peine mais je m'accrochais à la poignée de la vitre à moitié cassée.
Quelle était donc cette étoile, du noir le plus éclatant, le plus profond qui brillait et qui était presque invisible à l'oeil? Pourquoi moi, qui dormait si souvent dans la nature, ne l'avais-je jamais remarqué alors que je scrutais depuis treize années le ciel? Et pourquoi produisait-elle sur moi un effet aussi étrange?
Je balayais du regard la voûte céleste et remarquais plusieurs autres lumières sombres scintiller de façon semblable. Un frisson me parcourut. Je tendis aussi l'oreille, il y avait comme un chant étrange et attirant qui flottait dans l'air et qui, moi, l'enfant battu et épouvanté par le bruit d'une simple feuille morte qui craquait sous mes pas, ne m'impressionait pas.
Est-ce moi qui inventais cette musique, cet appel étrange? Peut-être, c'est du moins ce que je crus à l'époque. Mais j'avais l'impression de comprendre le message qu'il me faisait passer. Je devais partir, m'en aller le plus loin et le plus vite possible. Ne plus réfléchir, ne plus penser aux conséquences, au fait que mon alcoolique de père puisse un jour me rattraper. Il me fallait prendre mon courage à deux mains et suivre cette étoile, qui m'entraînait à comettre ce que j'avais toujours souhaité faire, m'en aller. Et puis, qu'est-ce qui me retenait après tout? Quel risque prenais-je? Aucun. Si je réussissais le plan qui s'échaffaudait dans mon esprit, je serai enfin libéré et si mon géniteur me rattrapait avant que je n'ai le temps de m'éloigner assez, il me batterait avec tant d'ardeur que j'en mourrais sans doute. Quelque que soit la solution, j'allais m'en aller, ce soir-même, sans rien de plus sur moi que ce que j'avais, c'est à dire vraiment pas grand chose: mes vêtements et un anneau d'or que j'avais glissé à mon pouce et qui avait autrefois appartenu à ma mère. Je l'avais retrouvé dans le grenier, le jour ou j'avais été contraint de le nettoyer et de le remettre à neuf un an auparavant et je m'en étais emparé. Dans mon esprit, il représentait tout ce que je désirais, quelqu'un d'aimant, quelqu'un comme j'imaginais ma mère. Si mon géniteur avait appris que j'étais en possession d'un tel trésor, il m'aurait sans doute envoyé pour un troisième séjour - le seconde datant de l'âge de mes trois ans ou l'on m'avait poussé avec tant de violence dans les escaliers que je m'étais fracturé un tibias- dans l'hopitâl duquel j'allais devenir, un jour ou l'autre, coutumier.
Les blessures engendrées par le tisonnier me ralentiraient sans doute, j'en avais conscience, mais je venais d'entendre la camionette de mon père démarrer. Cela signifiait donc qu'il allait se sâoulé toute la nuit et qu'il ne se réveillerait que demain matin, vers midi. Cela me laissait douze heures, une demi-journée pour m'éloigner le plus possible de lui.
J'inspirais profondément. Il fallait que j'agisse vite si je ne voulais pas que mon nouveau courage me quitte, que mon cerveau ne se remette à fonctionner et ne soit plus sous l'influence de cette étoile obscure que je n'avais jusqu'à ce jour jamais remarquée.
Et c'est ainsi, guidé par la voûte céleste que j'ai quitté mon domicile, sans réfléchir davantage.
Et, contrairement à tout ce que j'avais toujours imaginé, mon père ne m'a jamais retrouvé, si toutefois il m'a cherché, ce dont je finis par douter. Il a tout de même du être bien ennuyer de perdre un esclave aussi compétent que je l'étais. Surtout qu'il n'était pas prêt d'en retrouver un autre, à moins, bien-sûr, qu'il ne se remarie et qu'il ait un autre fils. Peut-être est-ce d'ailleurs ce qu'il a fait. Quand j'étais jeune, il me parlait souvent d'avoir une nouvelle épouse, mais il disait aussi que c'était impossible, à cause de mon encombrante personne car aucune femme ne voulait de l'enfant d'une autre.
Je ne sais pas ce qu'il est devenu et cela ne m'intéresse pas. Je l'attends simplement de pied ferme pour le jour du jugement dernier ou j'aurais l'occasion de lui rendre personnellement. Quel visage aura-t-il à cet instant? Je m'en réjouis d'avance même si cela ne change rien. Et puis, de toute manière, il ne me reconnaitrait pas car je n'ai plus rien de l'enfant malingre sur lequel il passait ses nerfs, aussi bien physiquement que moralement. Et puis le mal était fait et quoi que je fasse à présent, cela ne changerait jamais les douleurs de mon enfance. On efface pas le passé. C'est une leçon que j'avais très chèrement acquise.
Après que j'eus quitté la maison, en regardant tous les mètres par-dessus mon épaule pour être certain de ne pas être suivi ou remarquer par des gens du village, a commencé pour moi une longue période d'errance. Je n'avais jamais songé à ce que serait mon existence une fois que je me serais enfui. C'est normal, captif comme je l'étais de la condition que mon père m'avait imposé, je ne soupçonnais pas toutes les possibilités qu'offrait le monde.
Durant les premiers mois de mon départ, j'ai été extrêmement malade mais je me souviens avoir réussi à m'embarquer illégalement, bien entendu, puisque je n'étais pas en possession de la moindre Livre, sur un bâteau. Je m'étais discrètement glissé dans les cales, sans même savoir ou partait le navire car cela n'avait pas beaucoup d'importance. Toutes les destinations me convenaient tant qu'elles m'emmenaient loin de mon bourreau. Il ne partait en réalité pas très loin, pour la France, mais je savais que mon père n'aurait jamais l'idée de songer que j'aille été assez intelligent pour changer de pays.
Si ma vie à la ferme m'avait paru terrifiante, et elle l'était à n'en pas douter, ce n'était rien en comparaison de l'épouvante que provoqua sur moi le monde extérieur.
Les rues de Calais, ou je débarquais, me faisaient terriblement peur, tous ces gens qui marchaient dans les rues, qui riaient, parlaient forts, buvaient dans les cafés... tout cela, ce n'était pas mon monde. Mon univers se résumait en fait à du travail, à mon père et à la violence journalière qui formait mon quotidien, mais, aussi fou que cela puisse paraître, une routine que je ne redoutais pas. J'avais toujours été habitué à ce traitement et me retrouver tout à coup plongé dans la vie active, me choquait, m'intimidait, m'impressionait si bien que je me demandais ou était le garçon si téméraire qui avait eu le courage de quitter sa maison et ses habitudes.
Pendant une nuit, je n'avais plus été moi-même et maintenant j'en payais les conséquences pour le meilleur et pour le pire.
J'étais dans un état de santé catastrophique lorsque j'ai débarqué dans le Nord de la France, mais comme je n'avais pas mon identité sur moi et que je ne bredouillais pas le moindre mot de français, l'on m'a envoyé dans un hôpital de charité tenu par des soeurs. Je suis resté dans cet établissement plus de quatre mois, et je recevais des soins intensifs et quasiment permanents. Mon corps avait été très abimé et meurtri par tout ce que j'avais vécu presque, à deux mois près, pendant treize années d'horreur, d'angoisses, ou j'attendais mon père dans l'anxiété, ou je le voyais s'approcher de moi dans la fébrilité et la nervosité. Je me revois alors, protégeant ma tête de mes bras, reculant, terrorisé pour m'acculer contre un mur et me retrouver pris dans un piège qu'il fabriquait si facilement et avec tant de sadisme.
Pendant toute ma convalescence, je passais mon temps à cauchemarder, à rêver qu'un jour, alors que j'ouvrirais les yeux, je découvrirais le visage de mon père, prêt à me ramener sur les îles Féroé. Alors, je me réveillais en hurlant que ce n'était plus possible, que je ne voulais plus jamais vivre dans cet état d'esclavage et de soumission. Personne ne comprenait ce que je disais et c'était tant mieux. On ne me demanda non plus jamais mon identité, tout le monde devant sans doute penser que j'étais l'un de ses enfants des rues, abandonné depuis la naissance et contraint de vivre par ses propres moyens. Ce n'était pas faux et je ne voyais aucune raison pour les détourner du cours de leur résonnement.
Peu à peu, j'ai appris à parler français, à lire et à écrire. J'étais un élève des soeurs très attentif, il faut dire que j'avais tout mon temps, alors que j'étais allongé dans mon lit de malade, et je me rendais compte de ma chance de pouvoir devenir plus intelligent, de pouvoir me cultiver. Mais je savais aussi que cette période de faste ne durerait pas éternellement. Evidemment, j'avais compris que mon géniteur ne viendrait plus, qu'il ne me cherchait d'ailleurs sans doute pas, mais je saisissais que l'on avait pas le droit à trop de chance dans la vie et qu'il ne fallait jamais trop en demander aux gens, car cela finissait toujours par mal se terminer.
Un matin je suis parti de l'hôpital de charité en laissant une longue lettre pour remercier les soeurs de leur bonté mais leur expliquant que je ne voulais pas de liens, que je ne voulais pas m'attacher à elles, car cela aurait créé trop de problèmes. Et surtout, je ne voulais pas rester en place au même endroit trop longtemps. J'avais besoin d'avancer, de m'éloigner le plus possible de mon passé, de me découvrir une nouvelle identité.
Je n'avais aucune aptitude particulière, aucun don pour exercer une profession et je n'étais de toute manière âgé que de treize années, mais c'était amplement suffisant pour travailler sur les quaies du port ou j'avais autrefois débarqué en si mauvais état. Physiquement, je ressemblais à présent à un garçon comme les autres et moralement, je commençais à prendre un peu d'assurance, surtout depuis que j'avais découvert que j'étais capable de lire un livre...et je n'en lisais pas un, non! Je les prenais par paquet entier et finissais parfois des ouvrages en une soirée tant ma soif de connaissance, si longtemps laissé de côté, était étendue. Bien-sûr, cela ne me servait pas pour transporter les lourdes caisses qui arrivaient des navires, ni pour les entreposer ou m'occuper de les convoyer, mais j'apprenais et j'étais enfin en paix avec moi-même.
Le bonheur, je ne connaissais pas la signification de ce mot, mais cela ne me dérangeait pas. J'y avais depuis longtemps renoncé et je mesurais déjà ma chance d'être encore en vie. Très souvent, alors que je travaillais, je songeais à mon père, à la ferme, à ce que j'aurais du y faire si j'y avais encore été. Alors, le poids des marchandises me paraissaient beaucoup moins lourd.
Je ne suis resté que six mois à Calais, j'ai ensuite décidé qu'il me fallait changer d'air, prendre un peu plus de recul avec l'Angleterre et tout ce qui avait rapport avec ce pays sur lequel il n'était pas question que je revienne un jour. Je suis parti pour le Sud de la France, vers un climat plus ensoleillé et plus proprice à ce dont j'avais besoin. Je n'avais jamais connu que des matins embrumés et pluvieux et je rêvais de chaleur et du bruit des grillons dont on parlait dans certains de mes livres.
Là, sur la route, j'ai fais une rencontre que je n'oublierai jamais. Pourtant, je n'ai pas échangé un seul mot avec cette personne qui a croisé mon chemin, mais en un regard, nous nous sommes tous dis. C'était une petite fille de sept ans, avec de longs cheveux raides et mauves, qui possèdait d'immenses yeux bruns bordés de longs cils sombres qui affinaient son regard. Elle avait quelque chose en elle qui m'attirait irrésistiblement, qui me fit tourner la tête sur son passage alors qu'elle soutenait mon regard. Il se dégageait d'elle et de sa petite stature une telle impression de grâce, de majesté, de force et de puissance que j'en restais bouche-bée.
Je l'avais déjà vu...il y avait de cela bien longtemps. Quand? Etait-ce en Angleterre? Non, nous étions déjà adultes à cette époque...je m'égarais et décidais de reprendre ma route, assez bouleversé par cette mystérieuse enfant qui faisait rejaillir en moins de curieuses impressions.
C'est le seul évènement notable qui se produisit alors que j'atteignais ma destination ou je devais travailler pendant près d'un an comme menuisier avant de m'éloigner vers l'Italie et de devenir l'assistant d'un petit garagiste de province. J'apprenais toutes les professions sur le tard, mais cela n'avait pas beaucoup d'importance. J'étais un travailleur acharné, qui ne reculait devant aucune besogne et après les tourments de mon enfance, tout me paraissait facile.
Cependant, je n'oubliais pas ce pourquoi je ne cessais de me déplacer dans le bassin méditérannéen ou j'apprenais les langues et les métiers avec la même rapidité que j'en changeais. Je n'avais pas de valises, pas d'attaches, il m'était donc facile de mener une vie de bohême, tantôt en travaillant en usine, tantôt en assistant un plombier ou n'importe qui d'autre. Je n'avais pour toute maison que l'Europe que je ne désirais pas quitter. Ce continent exerçait sur moi une attirance presque mystique que j'aurais été bien en peine d'expliquer.
Bien souvent la nuit je rêvais, de cette étoile obscure qui m'avait forcé à quitter ma ferme pour cette vie que je menais dorénavant avec indifférence mais sans jamais effleurer de prêt ou de loin ce que les gens autour de moi, appelaient l'insouciance ou le bonheur.
Pourtant les saisons passaient avec rapidité en formaient bientôt des années. Je n'avais plus aucun trait de ressemblance avec le garçon tremblotant et battu par son père. Physiquement, j'étais dorénavant beaucoup plus grand que la plupart des hommes et ma stature était aussi plus impressionante, travaux de force obligeants, et moralement, je devenais de plus en plus inflexible et impassible. Mais il le fallait bien car il n'était pas question que je m'embarasse de sentiments superficielles ou d'émotions futiles. Cela n'aurait fair que m'encombrer et il semblait que je n'avais pas de faculté ni de dons particuliers pour en éprouver. Peut-être était-ce par peur de souffrir, comme j'avais été cruellement blessé alors que je n'étais qu'un petit garçon à la merci des tours du destin, ou peut-être retrouvais-je tout simplement ma véritable nature, ma personnalité profonde. Je m'endurcissais, je devenais stoïque face aux évènements qui m'arrivaient et je m'en sortais finalement beaucoup mieux comme cela.
Mes errances durèrent pendant plus de dix années et m'amenèrent jusqu'en Grèce, à Athènes, comme si j'avais toujours su que c'était le but final de mes incessants déplacements. J'avais alors vingt-trois ans et nous étions le neuf septembre. Onze ans. Onze ans que j'avais disparu. Ou était passé tout ce temps? J'étais encore très jeune mais je me sentais souvent si âgé, si mature, si... différent des autres. Je regardais froidement les gens passer dans la rue, j'analysais machinalement leur comportement. Je les voyais comme ils étaient, tous semblables, du moins, tous ce que j'avais connu et ils étaient nombreux. J'avais vu un large échantillon de l'humanité et je pouvais me permettre de les juger.
Je regardais le ciel étoilé sur la plage en me tenant ses propos. Les hommes semblaient tous possèder en eux une violence refoulée, qu'ils ne manquaient pas d'extérioriser à la première occasion. C'était une race agressive, et je n'avais jamais été confronté, depuis ma naissance, qu'à son côté le plus sombre, le dominant à n'en pas douter.
Je fermais les yeux et quand je les rouvris à demi, j'apperçus dans le ciel cette étoile sombre, ce guide que j'avais suivi à travers l'Europe et les années.
C'était mon étoile, je le savais, depuis que je faisais des rêves, depuis que j'avais compris que nous serions bientôt rassemblés, depuis que j'avais réalisé que je pouvais me permettre de juger, car tel était mon rôle.
Bientôt, nous serions tous de nouveau debout.
Nous serions 108.
Et tous mes souvenirs me reviendraient car je retrouverais mon âme immortelle. Et alors, il reviendrait. Sa majesté Hadès serait de nouveau parmi nous et nous allions faire en sorte que la Terre devienne semblable aux enfers.
Je tâcherais bien de ne pas le signaler à mon empereur maléfique car je devrais le servir loyalement, mais la race humaine n'avait pas besoin de nous pour se faire du mal. Elle allait se détruire toute seule et avait déjà commencé son long travail.
Et j'assistais au spectacle depuis des années.

Rhadamanthe du Wyvern
"L'Appel des Etoiles".

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Cette fiction est copyright Caroline Mongas.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.