Chapitre 35 : Les chevaliers-dieux


Etait-ce de la musique que l'on entendait dans la salle de jugement des dieux de l'Olympe ? Etait-ce une sculpture vivante qui se mouvait gracieusement et faisant désormais face à ses pairs ? C'était Apollon, dieux des arts, qui venait de prendre la parole, déployant toute son âme pour appuyer son discours.

Une boucle blonde tomba sur son front tandis qu'il penchait la tête en avant comme pour se concentrer. Le jeune éphèbe ajusta sa tunique en reculant la simple attache qui la retenait sur son épaule gauche et reprit la parole.

« Père, olympiens, frères et soeurs, je m'oppose à ce qu'Athéna disparaisse.
- Evidemment, ironisa Dyonisos, c'est le fils d'une mortelle !
- Et le mien également, tonna Zeus, aussi c'est pour ça que tu vas te taire et le laisser parler. »

Apollon adressa une oeillade complice à sa soeur, Artémis, puis ses yeux pers fixèrent la noble assemblée qui s'étendait face à lui.

« Je m'oppose à cet acte car il est inutile et suicidaire.
- Soit très convaincant Apollon car le dieu de l'éloquence, c'est moi, conclut Hermès, non sans une certaine touche d'humour. »

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Ikki s'arrêta de courir, brusquement, comme s'il avait rencontré un mur.

Quel était ce sentiment qui le tourmentait ? Ses sourcils se froncèrent. Des émotions venues de l'extérieur, de l'Olympe, de l'univers entier l'assaillait. Des mots revenaient sans cesse dans son esprit : pardon, rédemption, rachat... Autant de concept qui pouvaient devenir le carburant pour nourrir tous les foyers d'actions justes et bonnes...

Ikki n'avait jamais senti ce genre de ... de choses. Le combat contre Arimaspe lui avait laissé un arrière-goût étrange. Et ces nouvelles parties sur son armure le surprenait autant. Se pourrait-il que son esprit ait également reçu de nouvelles facultés ? Pourtant, son cosmos était similaire à celui qu'il dégageait avant son combat...

La principale surprise provenait de cette nouvelle perception des faits et des émotions venues de l'extérieure. Un sens supplémentaire ? Une conscience plus étendue de la réalité de l'univers ?

Un esprit capta alors particulièrement son attention. Ikki s'assit alors sur un des grandes marches de l'escalier qu'il gravissait. Les genoux plus haut que le bassin, il pencha la tête en avant et laissa pendre ses mains nonchalamment.

L'esprit en question était en quête de rédemption. C'était un être fort aussi bien mentalement que physiquement. Il dégageait une aura particulière, inhabituelle. Et malgré cette puissance, cette âme était en quête de rédemption.

Etrangement, Ikki décida qu'il était de son devoir d'y accorder une attention particulière. Avant de fermer les yeux, la vision d'un Olympe à moitié détruit s'imposa à lui, témoignage supplémentaire du changement des temps.

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Le grain de raisin tournait dans la bouche d'Apollon. Le dieu le fit rouler sur sa langue un instant et l'écrasa contre son palais. A la douceur de la pulpe, succéda rapidement l'acidité de la peau brune. Il profita de ce titillement pour reprendre sa plaidoyerie.

« Qu'est-ce qui nous amène ici, Olympiens, demanda-t-il à la cantonade.
- Des mortels sèment la mort et la destruction en son nom, répondit nonchalamment Hermès en désignant Athéna.
- Pas tout à fait, cher frère.
- Ha ! Comment ça, s'esclaffa l'épouse de Zeus.
- Premièrement, ce ne sont plus tous des mortels. Vous en avez tous eu la preuve à l'instant. »

Apollon se tourna vers sa soeur guerrière et lui adressa un regard appuyé.

« Hyoga, murmura Athéna
- Il faut nous rendre à l'évidence. Plusieurs des chevaliers-dieux d'Athéna sont désormais nos égaux ! »

Cette phrase déclencha un murmure de réprobation parmi les Olympiens.

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« As-tu fui ? » demanda Hyoga à voix basse. Il savait parfaitement qu'il n'était nul besoin de parler fort pour se faire entendre des dieux.

Héra lui était apparu et quelques secondes plus tard, elle s'était évanoui dans les airs. Quelle était la raison de cette disparation ? Quoi qu'il en fut, c'était certainement qu'un événement crucial avait bouleversé ce qui demeurait de l'Olympe...

*
* *

Héra apparut dans la salle de jugement, attirée par les déclarations d'Apollon. Son arrivée fut accueillit par des hurlements d'indignations du roi des dieux :

« Comment oses-tu mon Fils, tonna Zeus.
- Père, vous êtes parfois si lucide et parfois si borné, se permit de déclarer le fils préféré du dieu des dieux. Vous l'avez vous même senti, de tout vos sens !
- Oui, c'est vrai, admit Zeus, en se rembrunissant.
- La situation est simple. D'une part, ces chevaliers-dieux viennent chercher Athéna au nom de l'amour qu'ils lui portent. D'autre part, des renégats asgardiens dévastent le monde pour prendre l'Olympe d'assaut.
- Je vois où tu veux en venir, mon frère, l'interrompit Hermès avec un sourire d'acquiescement.
- Sommes-nous assez nombreux pour resister cette fois-ci, s'enquit Apollon.
- Des Olympiens sont morts, renchérit Dyonisos sortant momentanément de sa léthargie éthylique. Et une terrible menace pèse sur nous. »

Comme pour souligner cet état de fait, un silence s'abattit sur la salle sombre.

« Et que proposes-tu, Apollon, apprenti général en chef, lanca Hermès d'un ton moqueur, faire d'eux des Olympiens ?
- Peut-être, mais surtout, donnons aux chevaliers-dieux ce qu'ils désirent et en échange, exigeons d'eux qu'ils combattent à nos côtés contre la menace de Loki. »

Zeus était pensif. Il passait nerveusement sa main dans sa barbe. Son plan allait-il être une fois de plus repoussé dans le temps ?

« Penses-tu vraiment que l'une ou l'autre de ces menaces pourrait nous détruire, demanda-t-il à son fils.
- Non pas séparément. Mais si elles se présentent rapidement l'une après l'autre, oui, j'en ai peur. »

La stupeur s'abattit sur le visage des Olympiens présents. Toute leur assurance, leurs certitudes amassées depuis des siècles s'effondra comme un château de sable. Ils ne pouvaient plus nier l'évidence.

« Tu as raison, décida finalement le roi des dieux. Aliénons-nous temporairement les services de ces combattants. Amenez-moi c'est guerriers ! Athéna, ton procès est suspendu. Ta blessure demeure mais n'empirera pas jusqu'à la reprise du procès. Je te libère mais je t'ordonne de rester en Olympe. Tu ne pourras pas en sortir de ta propre volonté. »

Athéna courba la tête en signe de soumission.

Alors, dans le silence, Héra hurla de la voix qu'elle prêtait à Stentor durant la bataille de la Guerre de Troie :

« Et ces mortels de basse extraction resteront impunis, s'enquit-elle violemment. Quelle face présenterons-nous ? Tout le monde se moquera du châtiment divin ! »

Zeus partit d'un rire franc et débonnaire.

« Très bien, ma chère épouse. En guise de punition, j'ordonne le châtiment suprême pour tous les renégats autres que les chevaliers-dieux. Que ces chevaliers élémentaires et ces résidus de guerrier qui rampent en Olympe finissent sous nos sandales. Aucun d'eux n'a atteint notre 9ème sens, n'est-ce pas ?

- Cette partie de plaisir s'annonce particulièrement plaisante, conclut Dionysos. »

*
* *

Dans la pénombre d'une alcôve adjacente au palais de Zeus, deux dieux murmuraient...

« Que cherches-tu à faire, demanda Artémis, la déesse chasseresse.
- J'ai à te parler, ma chère soeur, lui susurra Apollon, omettant de répondre à la question.
- Cela ne te ressemble absolument pas de te servir de quelqu'un pour remplir les desseins de quelqu'un d'autre, fut-ce quelqu'un d'autre notre père.
- Ah ! Tu me connais tellement bien, mon amour... »

Les deux êtres échangèrent un regard complice et l'éphèbe repris la parole :

« Par où commencer, balbutia Apollon en se passant la main dans ses cheveux. Ma soeur, le monde tel que nous le connaissons touche à sa fin. Plus jamais, nous pourrons chanter, danser, chasser comme avant.
- Tout va-t-il donc être détruit ?
- Tout ? Je ne sais pas. Mais une certitude s'est imposée à moi. Le futur repose entre les mains de ces chevaliers-dieux.
- Pégase ?
- Pas seulement Entre les siennes et celles de ses compagnons, je le sais grâce aux renseignements recueillis par mes Muses durant toutes ces dernières semaines. Grâce à elles, j'ai pu étudier Pégase , Marine et les autres. Ces connaissances liées à mes visions du futur m'ont convaincu d'une chose. Une Apocalypse nous attend.
- Une fin...
- Et un recommencement ma soeur adorée. La mort de nos frères, soeur et oncle nous prouve qu'une ère touche à sa fin. Et je n'ai pas envie que nous deux, nous expirions avec elle.
- Tu veux que nous renversions notre père ?
- Inutile, les chevaliers-dieux le feront à notre place. C'est leur destiné. Et quand les anciens dieux auront disparus, ce sont eux qui prendront nos places dans ce nouveau monde, qui naîtra après l'Apocalypse.
- Comment pouvons-nous échapper à l'Apocalypse et survivre au massacre ?
- L'avènement des chevaliers-dieux est inévitable. Les Parques le savent même si elles ne veulent le révéler à personne. Notre seul espoir est de nous lier à Athéna.
- Notre soeur... Nous avons tellement peu de chose en commun.
- Ne dis pas ça. Vous avez une particularité en commun qui vous distingue aux yeux des tous ces poètes humains qui chantent nos louanges.
- Oui. Je vois ce que tu veux dire. Nous sommes... inaccessibles...
- Et vierges oui. Et vous gardez cette virginité jalousement, à mon plus grand étonnement d'ailleurs.
- Il y a des sentiments que tu comprendras jamais, je le crains, dit Artémis, un sourire sibyllin sur les lèvres.
- Passons... Athéna est attachée à toi par ce lien. Et notre survie passe par Athéna. Tu dois aller la convaincre. Notre père a convoqué les chevaliers-dieux restants afin de leur proposer le Marché. Les dieux restant sont en route pour massacrer ces pitoyables pantins que sont devenus les chevaliers-élémentaires : le moment est idéal.
- Puisse-t-elle entendre notre complainte et notre envie de vivre. »

*
* *

Ikki était toujours concentré autour de ce nouveau sens qu'il avait acquis. Une autre âme avait maintenant capté son attention. Celle-ci était presque similaire à la première qui l'avait attiré. Si ce n'était pas la sienne, du moins c'était celle de quelqu'un qui lui été lié par le sang.

*
* *

« Sais-tu pourquoi mes chevaliers vaincrons, Artémis, demanda faussement Athéna.
- Grâce à leur pouvoir divin, celui que nous avons également.
- Non, ma soeur. Ils vaincront parce que contrairement à tous les Olympiens, ils ne sont pas devenus dieu avec l'intention de gouverner l'univers ou de faire le mal. Ils ont atteint l'ultime cosmos dans l'amour et l'intention de me sauver. »

Artémis hocha lentement la tête. Finalement, comme si elle avait compris un élément vital, elle parla précipitamment.

« A travers toi, ils se sont éveillés et sont venus à la vie à nouveau. Tout comme notre père t'a donné la vie, à toi ou à Aphrodite.
- Oui. Mais c'est grâce à leur amour qu'ils sont devenus nos égaux.
- Leur ... amour, s'étrangla Artémis en s'empourprant.
- Un amour divin, Artémis, la rassura Athéna d'un rire cristallin et intelligent.
- Nous sommes dans des temps si troublés que le pire pourrait arriver...
- Le chevalier-dieu Pégase est amoureux de Saori Kido, c'est un fait. Mais moi, Athéna, je ne suis amoureuse de personne. J'aime l'humanité mais ce n'est pas pareil.
- Pourquoi cette justification, ma soeur ? Te sentirais-tu coupable ?
- Je...
- Même moi, je suis tombé amoureuse. Adonis, tu te souviens ?
- Oui mais...
- Même si Aphrodite est morte, l'amour nous entoure toujours, ma soeur. Je soupçonne un de tes défenseurs d'avoir pris sa place.
- Shun... Oui, bien sûr.
- Pourtant, il est mort n'est-ce pas ?
- Mort ? Non pas. Il a atteint le neuvième sens et attends son heure pour se montrer à nouveau. Quand ce monde façonné par notre père aura disparu.
- Tu me fais peur, Athéna. Je ne veux pas mourir.
- Artémis, dis calmement Athéna, en posant ses mains sur les bras diaphanes de la déesse de la lune, toi et même ton frère n'avaient rien à craindre dans la mesure où vous ne vous opposerez pas à mes défenseurs.
- Alors je suppose que j'aurais encore moins à craindre si je te libère, si je te ramène à ta forme humaine et si je te protège, hors de portée de notre père et de notre marâtre. »

*
* *

Le Ragnarok ne pouvait être plus fidèle à la description qu'avait pu en faire Snorri Sturluson, le poète islandais. Des combats titanesques opposaient des êtres plus puissants les uns que les autres.

« Big Fire, hurla Surt d'une voix définitivement surnaturelle. »

Shiryu n'eut que le temps de parer le coup démoniaque du Géant avec son bouclier, éternel allié défensif. Le problème, c'est que la même scène se répétait depuis 10 minutes. A chaque fois que Shiryu abaissait son bouclier pour attaquer, Surt lançait sa terrible attaque.

Doté d'un pouvoir de régénération défiant l'entendement, Surt se complaisait dans cette situation, ne doutant à aucun moment de l'issue du combat. Peu de guerriers subsistaient sur le champ de bataille désormais. Quelques guerriers de Dyonisos redoublaient d'effort depuis quelques minutes pour soutenir Shiryu, à sa plus grande surprise.

« Chevalier-Dieu, nous allons perturber sa concentration et alors, tu attaqueras, cria quelqu'un dans le fracas de la bataille. »

Shiryu eu un temps d'hésitation. Il tourna la tête et réalisa que le guerrier de Dyonisos s'adressait à lui. Chevalier-dieu ? Que voulait-il dire par là ? Le temps n'était pas aux réflexions sans fin car trois guerriers alliés se jetèrent au même instant sur Surt.

Ce dernier, surpris par la soudaineté de l'offensive, marqua un temps d'arrêt. Ses ennemis déchaînèrent un torrent de folie et de furie sur lui, et réussirent à le faire ployer sur un genou puis deux. Après un court instant de silence, Surt s'effondra au sol.

Shiryu poussa un hurlement victorieux et se dirigea vers celui des trois guerriers qui lui avait adressé la parole. Différent des autres, ce guerrier avait une apparence fine et gracile.

« Merci à toi, commença Shiryu sans pouvoir conclure sa phrase.
- Ariane. Je m'appelle Ariane, fit la jeune femme en se retournant.
- Heuuuu. Merci Ariane ! Votre attaque simultanée a eu raison de ce monstre. Toutefois, Loki et Jormungand sont toujours présents, je les sens.
- Oui, la puissance de ces monstres est terrifiante. Pourtant, ils ont disparu du champ de bataille.
- Je dois les affronter, déclara Shiryu d'un ton ferme
- Cela peut attendre, chevalier-dieu, lui rétorqua Ariane. Je dois t'emmener en Olympe.
- En Olympe ?
- Zeus a décidé de vous proposer un marché, à toi et à tes amis. Nous devons nous unir pour lutter contre Loki, Jormungand et ses géants. La vie de ta déesse est l'enjeu de ce marché.
- Athéna ! Bien, je vais te suivre Ariane. Tu n'aurais pas pris tous ces risques contre Surt pour me trahir maintenant, n'est-ce pas ?
- Certes non... »

Et alors que les quatre guerriers commencèrent à s'en aller, une voix tonitruante fracassa le relatif silence de la plaine : « Big Fire ! ». Shiryu se retourna mais n'eut pas le temps de se protéger.

*
* *

Quelque part dans l'Olympe, les chevaliers-élémentaires mouraient à petits feux. Face à la puissance, la perception et l'éveil de leur adversaire, ils ne pouvaient rien.

*
* *

Shiryu était vivant. Pourtant l'obscurité régnait autour de lui. Il ne fallut que quelques secondes au chevalier du Dragon pour comprendre ce qu'il s'était passé. Surt avait simulé sa mort à la perfection et avait les attaqué en traître, lui et ses nouveaux alliés. S'il avait survécu à l'attaque grâce à son armure. Les autres guerriers étaient désormais décédés.

Quant à l'obscurité qui l'entourait, Shiryu ne paniqua pas. Il était évident à son esprit logique que regarder directement en face et prendre de plein fouet l'attaque de Surt l'avait rendu une fois de plus aveugle !

« Hahahahahaha ! Vous êtes des idiots finis ! entendit-il pérorer son adversaire. Maintenant que Loki et Jormungand s'apprêtent à détruire le monde, je peux finir ma mission. Big Fire !»

Subitement, Shiryu fut soulevé de terre. Son corps s'embrasa telle une torche. La souffrance fut extrême mais elle n'était rien comparée à l'indignation qui submergeait son coeur. Quelle félonie de la part de Surt !

« Tu es résistant petit homme ! Plus que tes compagnons olympiens ! Big Fire ! »

Ariane semblait avoir été une combattante dévouée à son dieu, tout comme Shiryu l'était envers Athéna. Et par un acte inqualifiable dont il se vantait, Surt lui avait ôté la vie.

« Décidément ! C'est à croire que tu aimes ça ! Hahahahaha ! Big Fire !»

Toutes ces morts injustifiées depuis le début du combat ! La bataille fratricide du Sanctuaire, les combats en Asgard, dans le sanctuaire sous-marin... Que de pertes injustifiées et inutiles. Quel gâchis humain. Jamais Shiryu n'avait était aussi lucide concernant ce fait. Quelque chose d'étrange était arrivé à Seiya, à Shun puis à Hyoga. Eux aussi avaient-ils finalement succombé ? Et alors qu'il était en route vers la demeure de Zeus pour la rédemption d'Athéna, ce félon de Surt brisait tous les espoirs de la planète.

NON ! C'était insoutenable ! Aucun être humain ne pouvait résister à cette pression ! Shiryu n'était pas Seiya ! Tout comme lorsque son meilleur ami lui avait fait remarqué qu'il restait plusieurs heures devant la maison du Cancer alors que lui se lamentait disant que plusieurs heures s'étaient déjà écoulées, Shiryu commençait à douter.

Pourquoi ce sentiment alors qu'il avait tout donné, tout sacrifié pour ce noble but ? L'injustice était flagrante. Et subitement, Shiryu réalisa que tout comme Saga n'aurait pas pu dominer le Sanctuaire, tout comme Poséidon n'aurait pas pu gouverner Asgard, tout comme Seiya ne pouvait pas manquer sa cible dans Elysion, lui, le chevalier du Dragon, il ne pouvait pas mourir aujourd'hui. Et l'espoir renaquit de ses cendres. Et cet espoir se mua en certitude. Shiryu était désormais persuadé au plus profond de ses cellules que les coups de son adversaire étaient dérisoires. Par contre, le Géant allait devoir payer cher pour sa félonie.

Et sous le regard médusé de Surt. Shiryu se releva. « Big Fire » jappa-t-il plusieurs fois de suite en réalisant que ses coups ne touchaient plus Shiryu. Ils le contournaient ! Le géant fit un pas en arrière de stupeur.

Shiryu avançait calme et déterminé. Alors qu'il s'avançait dans un cratère causé par la bataille, ses pieds rencontrèrent un sol invisible, lui assurant une démarche droite et assurée. Le chevalier-dieu tendit alors ses deux bras en avant vers Surt.

« Maître, clama Shiryu, le visage tourné vers le ciel, prêtez-moi la Balance de la Justice ! Shura, j'invoque ton épée expiatoire ! »

Dans son poing gauche serré, se matérialisa une Balance en or massif. Dans sa main droite tendue vers le ciel, apparut une épée coruscante.

« L'heure de ton châtiment a sonné Surt.
- Quel est ce cosmos que je sens chez toi ?! Tu n'est pas le même que tout à l'heure !
- Non, tu as raison , monstre. J'ai acquis une sensibilité supplémentaire, une lucidité que je ne pouvais concevoir auparavant. Mais ton temps de parole est écoulé depuis longtemps. »

Shiryu tendit son bras gauche devant lui plaçant la Balance en équilibre. Après quelques instants, un plateau pencha nettement plus que l'autre. Sans ouvrir la bouche, Shiryu brandit l'épée qu'il tenait fermement dans sa main droite.

« Excalibur, rends ta justice ! »

Le chevalier-dieu abaissa son arme d'un coup sec. Un courant d'air se fit sentir. Il atteignit Surt de plein fouet. Même si, sur le coup, Surt sembla indemne, il ne fallu que quelques secondes pour apercevoir les différents points où la partie droite de son corps se détacha de la partie gauche. Surt tenta bien de maintenir l'intégrité de son corps entière mais ce n'était que peine perdue. De la tête à l'aisne, Surt se déchira violemment sans effluve de sang ou de chair. Ses moitié d'organes cuits par la chaleur de l'impact était rabougris dans leur propre cavité. Bref, Surt n'était plus.

« La Justice cosmique commence enfin son cheminement, murmura Shiryu. Et moi, je rejoins mes amis dans notre destin éternel. »

Et Shiryu disparut, s'évaporant dans les airs, se mariant avec la terre et infiltrant le coeur de tous les mortels et de tous les immortels.

*
* *

« Shiryu ! »

Un éclair mental avait stoppé net Seiya dans sa course.

« Shiryu, que s'est-il passé ? Tu es toujours là mais je ne te sens plus que de manière diffuse. Qu'est-ce que ça signifie ?
- Aaaaaaaah, la théorie des quantas, soupira une voix mélodieuse et connue du chevalier-dieu Pégase.
- Apollon ! Que fais-tu ici, s'enquit Seiya, en position défensive.
- Calmons-nous Seiya. Allons au fait. Tu veux sauver Athéna ?
- Oui !
- Alors suis-moi. Zeus veut te proposer un marché. Ton aide contre la vie de ma chère soeur.
- Mon... aide ?
- Et oui, que veux-tu, Personne n'est pas parfait, pas même le dieu des dieux, conclut Apollon avec un sourire narquois. »

Et les deux êtres s'évaporèrent vers d'autres lieux où allaient se décider leurs destins.

*
* *

« Te revoilà Héra ? » dit Hyoga toujours aussi impassible. Le chevalier-dieu du Cygne était assis en tailleur face à l'entrée principale du temple d'Héra.

« Tu as attendu ici tout ce temps, lui rétorqua Héra.
- Oui, nous avons un combat à livrer tous les deux. Et je tiens à le gagner pour la gloire d'Athéna.
- Si tu te bats pour la gloire de la fille de mon mari, tu vas devoir patienter quelques heures, le railla la femme d'aspect mûr.
- Je ne comprend pas, dit Hyoga dans une phrase ressemblant plus à un ordre pour se faire expliquer la situation qu'à une question.
- Si tu aimes ta déesse, suis-moi. Zeus, le dieu des dieux veut te proposer le Marché, à toi et à tes camarades. »

Hyoga ne parut même pas intrigué. Il se leva calmement et vint faire face à Héra.

« Vous vous considérez donc effectivement comme nos égaux désormais... » chuchota Héra, visiblement impressionnée par le chevalier-dieu du Cygne.

Et les deux êtres disparurent dans la brume cotonneuse de l'Olympe.

*
* *

Revêtu de sa nouvelle armure, Ikki ouvrit les yeux à nouveau. Un léger grognement d'approbation sortit de sa gorge. Il savait où étaient ses amis et frères. Ils ne se souciaient plus pour eux. Il déploya les ailes de son armure. Il jeta un regard vers le palais de Zeus et d'un coup de talon, il prit son envol. Tous les chevaliers élémentaires étaient passés de vie à trépas. Tous, sauf lui. Les autres n'auraient-ils fait que servir sa destinée ? Ce n'étaient pas juste, Ikki en convint. Mais il ne doutait pas que Shiryu réparerait les dommages faits en temps et en heure.

*
* *

L'avènement des chevaliers-dieux est complet.

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