Chapitre 2 : Les étoiles de Star Hill


La nuit était calme et reposante, apaisante presque mais les souffles du vent n'osaient guère déranger la nature endormie. Toute vie semblait s'être suspendue, pour les heures qui allaient venir du moins.
La lune était à présent haut dans le ciel et elle projetait de gracieux rayons sur le Domaine d'Athéna, dorénavant à moitié abandonné. Ses lueurs argentées se dissipaient dans le paysage comme si elles en avaient fait parties intégrantes. Une étrange douceur flottait et l'atmosphère, loin d'être tendue, paraissait empreinte de paix.
On entendait rien, nulle part que le bruit intemporel des vagues roulant sur la plage et s'écrasant avec grâce dans le sable fin.
Les étoiles scintillaient d'une luminosité particulières, comme si une nouvelle fois, elles étaient des messagères. Certaines constellations semblaient s'imposer dans le ciel avec encore plus de volonté que les autres, mais qui n'avait pas l'oeil exercer ne pouvait pas les reconnaître.
Ces ensembles d'étoiles étaient au nombre de quatre.
Les immenses montagnes qui entouraient le Sanctuaire baignaient dans la clarté nocturne de cette nuit sans nuage. La plus haute d'entre elle paraissait même disparaître dans les cieux et pour qui parvenait à son sommet, il suffisait de tendre le bras pour attraper une étoile. C'est du moins ce que les légendes racontaient.

Soudainement, un traînée orangée apparut très haut dans les cieux, presque invisible à l'oeil nu. Elle s'avançait à une vitesse prodigieuse, incroyable... cela ressemblait à une météorite qui aurait dessiné dans son cillage un chemin de feu...
Mais non... elle n'était pas seule... quelle était cette traînée blanchâtre talonnée par une, non, par deux autres météorites aux teintes verte et rose pâle?
D'ou provenaient-elles?
Les quatre comètes étaient apparues subitement au milieu du manteau de la nuit, tout droit sorties de nulle part, se dirigeaient à présent vers la terre à une allure hallucinante. Rien ne paraissait capable de les arrêter.
Elles passaient dans les étoiles et en faisaient visiblement parties intégrantes, et bien loin de déranger le calme de cette nuit, elles ne faisaient que l'accentuer.
Les traînées de poussières d'étoiles orangées, blanches, vertes et roses s'entremêlaient, s'enlaçaient dans les cieux pour ne plus former qu'une seule et même route qui était apparement la leur.
Mais de quoi s'agissait-il? Quel était cette étrange et inexplicable phénomène?
Les comètes se talonnaient, se suivaient, se poursuivaient aurait même t-on été tenté de dire à certains instants. On aurait dit qu'elles formaient un curieux et surprenant balais croisé et totalement improvisé.
Les météorites éclairaient soudainement les parties sombres du paysage et elles se rapprochaient à présent de plus en plus vite, de plus en plus fort de la terre, comme si leur but était de s'y écraser.
Rien au monde n'aurait pu les faire devier de leur trajectoire. Rien.
Tout à coup, alors qu'elle se rapprochaient de plus en plus, il y eu une explosion dans les cieux, un bruit étourdissant, à crever les tympans qui éclata, résonnant mille et mille fois contre toutes les parois des rocheuses qui s'élevaient majestueusement.
Le son s'intesifiait, ne cessait de croître jusqu'a en donner mal à la tête et il semblait que des voix humaines se mêlaient à lui... comme des cris. De douleur? De joie? De victoire? D'inquiètude? Nulle n'aurait su le dire.
A présent les météorites s'apprêtaient à amorcer leur descente, comme si elles avaient été capable de se contrôler, offrant un spectacle hors du commun à l'innocent badaut qui aurait levé les yeux au ciel à cet instant.
La vitesse augementait; le bruit se repercutait semblait-il dans la Grèce entière tant il était intense, jusqu'à faire sortir les habitants d'Athènes de chez eux.
Des familles entières se mettaient au fenêtre sans comprendre de quoi s'agissait-il. Des personnes arrêtaient leurs voitures sur le côté de la route pour regarder ce qui se passait. Des enfants qui traînaient dans la rue se bouchaient les oreilles alors que d'autres se cramponnaient à la main de leur mère, la mine toute aussi affolée.
Des adultes descendaient dans les rues pour constater ce qui se produisait et une fébrile inquiètude semblait parcourir Athènes et ses environs.
Le bruit était terrifiant, affolant, ressemblait à une explosion effrayante et terrifiante car le mur du son avait été franchi depuis bien longtemps.
Et les comètes continuaient de tomber, sans pourtant atteindre le terre tant elles se trouvaient en altitude quand tout à coup...

Un fracas épouvantable. Un tremblement sans commis mesure.
Le sol devenait instable et toutes les montagnes se mirent à vaciller sous le poids de la percussion qui venait de se produire d'abord une fois... puis deux, trois, quatre fois!
Quatre fois il sembla que la Grèce entière était ébranlée, qu'elle ne se relèverait jamais de ce choc. La terre paraissait ne plus être ferme.
On entendait des cris dans les rues, on croyait à un tremblement provenu des racines de la planète alors qu'il arrivait en fait tout droit du ciel.
Marine et Shaina se précipitèrent dehors, la mine hagarde et affolée.
Le Sanctuaire entier tanguaient sous l'impact des météorites qui venaient de s'écraser avec une violence inouïe. Il semblait que la nature entière frissonnait, autant de peur que de douleur.
Marine pointa son index vers Star Hill. C'était de là d'ou tout provenait.
Un véritable éboulement semblait s'y produire, on appercevait d'énormes bouts de pierres jaillirent des pans de la montagnes et fracasser ensuite le sol avec violence.
Pourtant, l'immense mont résistait bravement à ce qu'il subissait et continuait de se dresser orgueilleusement.
Dans le ciel, aucune des quatre traînées n'avaient disparu et on pouvait encore admirer la beauté des couleurs qui avaient été déposée sur la toile de la nuit.
Puis plus rien.
A nouveau le silence.

Quatre corps, enfoncés dans le dallage du temple de Star Hill, venaient d'être déposés par les éclatantes comètes. Les garçons qui venaient de tomber ne bougeaient plus et leurs corps restaient inertes, même leurs poitrines ne se soulevaient plus pour respirer... ou très doucement.
La chute avait été épouvantable et la douleur qu'ils avaient ressenti les laissait à demi-mort. Pourtant, ils savaient qu'ils devaient se relever car ils n'étaient pas encore tirés d'affaire. Ils leur restaient à accomplir un dernier effort avant de pouvoir véritablement se reposer.
La nuit tout autour d'eux était à nouveau sereine, et le Mont sur lequel ils resposaient avait retrouvé sa stabilité d'autant.
Les quatre garçons étaient couverts de blessures et de plaies, leur sang se répandait sur eux comme pour former une couverture. Leurs corps amaigris semblaient être brisés en milliers de morceaux et pourtant.... l'un d'eux bougea!


Hyoga

J'avais mal à la tête et c'était insoutenable. J'avais l'impression que plus rien ne la soutenait et qu'il fallait absolument que je change de position.
Il n'était, pour le moment, pas question de se relever. Je n'aurais jamais supporté d'adopter une position aussi simple pour les autres, mais aussi érintante pour moi!
Mais il fallait bien que j'agisse pour ce mal de crâne qui allait m'achever!
J'ouvris lentement mes paupières, alors que mes yeux étaient gonflés par l'aveuglement qui avait été provoqué alors que nous nous étions écrasés sur terre.
Je battis des paupières pour retrouver mes esprits. J'essayais ensuite de calmer mon souffle qui s'emballait pour un rien.
Je sentais que tout mon corps faisait à présent parti intégrante du sol de marbre mais ce n'était pas étonnant avec le choc de l'impact que nous laissions notre trace dans ce dallage. Il faudrait sans doute le réparer...
Mais pourquoi pensais-je à cela alors que ma vie menaçait de s'arrêter? J'étais vraiment devenu fou, ce qui n'aurait rien eu d'étonnant étant donné tout ce que j'avais vécu.
Cependant, je ne sentais pas encore ma Raison vasciller complètement alors que je reprenais doucement contact avec la réalité.
J'éprouvais tout à coup un curieux sentiment de vertige qui ne m'avait encore jamais atteint auparavant. Mais il n'y avait pas que cela... c'était comme si la terre était instable sous ma tête.
Je détournais lentement mon visage et vis subitement le vide... l'immense vide qui ne me permettait pas même d'appercevoir la terre. Quoi! Ma tête! Ma tête était dans le vide!
Mes yeux faillirent sortir de leur orbites et je trouvais tout à coup en moi la force suffisante pour me faire rouler d'un mouvement vers l'intérieur de Star Hill alors que des gouttes de sueurs perlaient à mon front. A deux mètres prêts il n'y aurait plus eu de Hyoga!
Je soupirais pour évacuer cette nouvelle frayeur de plus qui ne faisait que rajouter à la probabilité de me retrouver un jour cardiaque.
A côté de moi, j'entendis quelqu'un bouger. A peine.
Tout comme moi, mes quatre frères essayaient de reprendre conscience... mes quatre frères. Je sursautais à la même seconde que Shun, Shiryu et Ikki pour dire d'une même voix:
-Seiya!!!
Je le cherchais des yeux mais non, rien nulle part autour de nous qui aurait pu nous faire croire à sa présence. Pégase ne nous avait pas suivi. Je ne pouvais pas y croire.
Mais... les souvenirs me revenaient, s'insinuant au travers de mon insidieux mal de tête. Je pris mon front entre mes mains alors que je voyais Shiryu et Ikki scruter du regard le ciel.
Ils s'attendaient probablement encore à le voir tomber des nues à notre suite. Ils ne se rappelaient donc plus que... Seiya était mort.
Shun parut lire dans mes pensées et secoua la tête avec incrédulité avant de murmurer:
-Il ne peut pas avoir disparu. Pas lui, pas après tout ce que nous avons traversé ensemble.
Moi non plus je n'avais pas envie d'adhérer à cette thèse et pourtant, j'y étais bien contraint car je revoyais Pégase se précipitant devant Saori pour la protéger une ultime fois de son corps. Pour qu'elle ne meurt pas, et pour lui donner une dernière preuve de cet amour qu'il avait nourri à son égard depuis temps de semaines, sans forcément s'en appercevoir.
Je me figeais brusquement.
Et Saori... Athéna? Elle aussi était morte?
Non, pas notre déesse, pas celle pour qui nous avions tout donné. Elle devait forcément se trouver en vie quelque part. C'était impossible autrement. Elle avait toujours survécu à tout à moins, bien-sûr, qu'elle n'est pas voulu laisser Seiya seul dans le royaume des Ombres et qu'elle est préférée disparaître en même temps que son chevalier servant dans les limbes de l'oubli.
Je sentais une violente douleur me déchirer non pas le corps, mais l'âme. Nous les avions perdu tous les deux au court de cette terrible guerre qui occupaient mes souvenirs. Et pas seulement eux.
J'imaginais les chevaliers d'Or ne formant plus qu'un, réalisant une harmonie parfaite pour ne plus devenir que le même être, la même puissance, être un même cosmos égalant la lumière des rayons du soleil. Je les imaginais se faisant exploser mutuellement, pour nous laisser passer, pour nous permettre de toucher à la victoire. Je ne pouvais pas même concevoir ce qu'ils avaient du ressentir alors que leurs énergies s'intensifiaient et qu'ils commençaient à sentir leurs âmes s'échapper de leur enveloppe charnelle. Et pourtant, malgré la mort qui s'insinuait peu à peu dans leurs corps, par tous les pores de leur peau, ils avaient tenu bon et étaient devenus pendant quelques secondes, l'astre du jour.
Nos grands frères, nos aînés...
Eux aussi avaient tout donner pour cette planète sur laquelle nous venions de nous échouer commes des naufrages qui sortiraient d'une tempête.
-Vous croyez qu'il est...je veux dire, définitivement? demandais-je en décidant de percer enfin l'épais silence qui nous entourait.
Ikki repoussa ma question de ses mains comme pour la renier alors que Shiryu se passait une main sur son menton endommagé pour s'aider à réfléchir.
-Non, pas Pégase. Je suis certain qu'il a réussi à nous suivre par délà les dimensions ou Saori nous a projeté. A un moment, je suis même sûr qu'il a tenté de nous rattrapper. Et il ne faut pas oublier que dans l'espace temps ou nous nous trouvions les distances non pas la même valeur. Si Seiya se trouvait à quelques mètres derrière nous, il n'arrivera peut-être sur notre planète que d'ici quelques semaines.
Le discours du chevalier du Dragon avait quelque chose d'encourageant et je relevais un peu le menton, ce qui eut pour tout effet d'ajouter à mon mal de dos.
-Et bien, dis-je, quel attérissage!
-On ne peut pas dire que nous ayons fait dans le discret une fois encore! répliqua Ikki en regardant les traînées poussièreuses et colorées que nous avions laissé dans le ciel.
-Et Saori? coupa soudainement Shun en se rallongeant dans le sol tant il devait être fatigué. Croyez-vous qu'elle...?
Un silence tomba entre nous.
Autant Shiryu et Ikki avaient ressenti derrière eux le cosmos de Pégase nous suivant, autant l'énergie d'Athéna paraissait avoir disparu.
Je cachais mes yeux quelques secondes entre mes doigts pour m'accorder le temps de la réflexion.
-Non, rétorquai-je froidement, elle reviendra comme elle est toujours revenue. Peut-être pas maintenant, peut-être pas demain, mais je sais qu'elle refera un jour surface. Elle n'a jamais abandonné son domaine et ce n'est pas maintenant que cela va commencer.
Ma ton était sans réplique et Shiryu appuya mon discours d'un regard empli de sagesse. Ikki hocha la tête alors que Shun semblait se raccrocher aux phrases que j'avais prononcé.
Si j'avais bien appris quelque chose au fil de tous ses combats, c'est qu'il ne fallait jamais abandonner et que les situations pouvaient changer du tout au tout en quelques instants. Il suffisait juste de garder le plus précieux des biens, celui qu'Hadès essayait de retirer à tous ceux qui pénétrait dans son royaume: l'Espoir.
Phénix se tourna sur le côté, retombant à son tour dans le sol. Il fut suivi par Shiryu puis par moi-même. Nous n'étions pas évanouis mais rester assis nous ôtait le peu de forces qui nous restait encore et que nous devions économiser pour notre survie.
Nous étions moins endommagés que nous aurions du l'être car Athéna nous avait englobé de son énergie avant de nous renvoyer sur terre et cela avait pansé un certain nombre de nos blessures.
Sur terre... sur terre... comme cela sonnait bien. Si bien que j'avais du mal à réaliser ce qui venait de nous arriver.
Je sentis soudainement les larmes, à moi, au glacial chevalier du cygne, me monter aux yeux.
Nous étions vivants...
Pourtant, j'avais cru que la vie s'échappait de mon corps, j'avais cru que mes frères perdaient la leur, j'avais cru que le monde allait disparaître, j'avais cru que tout était fini, perdu, que bientôt, je retournerais au néant... Et je venais peut-être de perdre Seiya et Saori, car, malgré mon optimiste inhérent à ma nature de chevalier, j'émettais quelques réserves.
Tout s'entremêlait dans ma mémoire alors qu'une nouvelle douleur me déchirait la poitrine et que je me relevais précipitement. Je vis que Shun était secoué en de longs sanglots, que Shiryu ne contenait plus non plus ses larmes alors qu'Ikki pleurait silencieusement... et surtout fièrement.
A ce moment, j'ai su que je pouvais faire couler ma peine sans crainte, que tout était trop dur à supporter pour mes épaules et qu'il fallait que tout ceci ne reste pas en moi comme un menace pesante et douloureuse.
Je me suis précipité du mieux que je le pouvais vers mes frères qui se sont instinctivement rapprocher de moi.
Nous nous sommes serrés tous les quatres les uns contre les autres, alors que les battements de nos coeurs, que notre sang, que notre douleur d'avoir perdu deux des êtres qui comptaient le plus pour nous, que notre joie de nous revoir et de constater que nous étions bien vivants se mêlaient.
Nous riions d'hystérie par moment, nous pleurions de désespoir à d'autres, mais ce n'était pas grave. Toutes ces émotions nous prouvaient que nous étions bien dans le monde des vivants.
Je sentais contre moi, alors que je les serrais tous en même temps, les corps décharnés de mes frères, leurs blessures tout aussi à vif que les miennes. Mais je les aimais tellement que je ne faisais plus attention à rien, même pas à la souffrance que je ressentais quand Ikki me donnait des tapes sur les épaules, quand Shiryu s'accrochait à mon bras ou quand Shun me serrait le cou avec trop de force.
Ils étaient mes frères. Et je les aimais.
Oui, jamais je ne les avais autant aimé qu'à présent.


Shiryu

L'aube. De nouveau l'aube qui se levait sur un monde qui avait failli ne plus connaître que la nuit.
J'étais allongé sur le dallage de Star Hill, à bout de tout ce que j'avais pu donner, à bout de toutes les émotions qui m'avaient agité durant ces heures nocturnes qui marquaient mon retour sur cette planète ainsi que celui de mes frères.
J'avais encore du mal à réaliser ce qui se passait. Mais il fallait garder courage. Ne pas se laisser abattre de cette façon et prendre son mal en patience.
Attendre qu'il revienne. Attendre qu'elle revienne. Il n'y avait rien d'autre à faire.
Je regardais les couleurs pastels envahirent le ciel du petit matin en me demandant subitement depuis combien de temps nous avions disparu.
Il me semblait que nous n'avions erré dans les autres dimensions que quelques minutes après notre lutte contre Hadès, mais combien de temps cela représentait-il sur terre?
Peut-être des semaines, des mois, voire des années. Cependant, je n'avais pas l'impression d'avoir quitté cette planète depuis bien longtemps. Juste assez pour avoir pris dix années de maturité supplémentaire.
J'esquissais un sourire alors que mes frères reprenaient peu à peu conscience.
A force d'accolades, de sanglots, de fou-rires, nous nous étions écroulés à terre, comme les enfants que nous n'avions finalement jamais totalement été, pour nous endormir.
Et Shunreï... j'avais pensé à elle dès mon réveil en me demandant ou elle pouvait bien se trouver. Aux cinq Pics évidemment... mais elle devait me croire mort. Et surtout, elle devait être seule à présent que le vieux maître était mort, lui aussi au service d'Athéna.
Je sentis une nouvelle vague de mélancolie m'envahir, mais je la réprimais rapidement en songeant que bientôt, je pourrais de nouveau regarder le visage calme et paisible de celle que j'aimais... je ne le lui avais jamais dit.
Et dire que j'aurais pu mourir sans qu'elle le sache ouvertement. Enfin, cela m'avait donné une bonne leçon que je retiendrai. Il fallait toujours parler aux gens, dire ce que l'on pensait tant que l'on en avait encore le temps. Parce qu'on ne savait pas quand tout prendrait fin. Surtout lorsque l'on était chevalier même si c'était une leçon de sagesse valable pour tous les hommes.
Je soupirais.
-Alors, Shiryu, toujours dans tes reflexions?
Cette voix calme. Hyoga évidemment. Mon frère. Celui qui s'était battu à mes côtés et duquel maintenant j'étais devenu indissociable.
Plus rien ne me ferait m'éloigner d'eux dorénavant. Et s'il fallait, j'allais vivre au Sanctuaire pour pouvoir les voir chaque jour. Après tout ce que nous avions partagé, nous n'aurions pas survécu à une nouvelle séparation.
-Oui, il faut dire qu'il y a matière à penser.
Ikki s'étira à côté de moi et se rassit en se frottant des mains le visage, comme pour reprendre ses esprits.
-Je ne peux pas croire à la manière dont nous sommes arrivés hier soir. J'espère que tout le monde n'aura pas vu ces explosions de lumière... dit pensivement Shun alors que son regard se perdait dans le vague.
-Avec tout le bruit que nous faisions, cela m'étonnerait! répondit Hyoga en nous faisant constater d'une mains les traces que nous avions laissé dans le sol.
-C'est même incroyable que nous soyions en vie après une telle chute! déclara Andromède en hochant la tête.
-C'est surtout incroyable après une guerre sainte! répliqua Cygnus en se mettant à rire.
Ce rire. J'avais bien cru ne plus jamais l'entendre. J'esquissais un sourire alors qu'Ikki se traînait tant bien que mal sans prononcer le moindre mot vers le bord du mont ou nous nous trouvions.
-Et maintenant? interrogea-t-il. Comment faisons-nous?
Les trois visages de mes frères se tournèrent vers moi, comme si je connaissais forcément la réponse au problème posé. Je souris en songeant qu'ils surestimaient vraiment mon intelligence et ma logique.
Je haussais les épaules et comme eux, je m'avançais vers le vide qui nous séparait encore de la terre ferme.
-Et bien, nous redescendons!
Ils éclatèrent en même temps de rire.
-Ah bravo, Shiryu! Je crois que nous n'y aurions pas penser sans toi, ironisa Hyoga en me faisant un clin d'oeil complice.
-S'il est possible d'y monter, c'est que l'on peut bien en redescendre, déclara Ikki... et puis, au point ou nous en sommes, nous pourrions bien directement sauter que cela ne nous abimerait guère plus que nous ne le sommes déjà.
-Euh...oui...bah se sera sans moi! répondit Hyoga.
-Et sans moi, nissan, désolé! ajouta Shun.
-Et sans moi, finis-je en me demandant si Phénix avait parlé sérieusement ou non.
Je réfléchis quelques instants. Nos états physiques étaient lamentables et nous n'allions pas tenir sur plus d'une centaine de mètres, cependant, il n'y avait point d'autre solution puisque personne ne viendrait nous chercher.
Hyoga fit claquer sa langue contre son palais d'agacement avant qu'une grimace de douleur ne vienne se peindre sur son visage.
-Aïe! Je ne peux plus rien faire sans que cela ne se répercute dans une autre partie de mon corps...
-Tu n'es pas le seul, le rassura Shun et se penchant davantage en dehors de Star Hill.
C'était étrange que nous nous retrouvions sur le Mont Etoilé, l'endroit ou tout avait commencé. C'était ici qu'avait été scellé notre destin, avec l'assassinat de Sion, l'ancien Grand Pope. C'était à cause de cela que nous avions du partir dans des camps d'entraînements et c'était grâce à cela que nous avions tous été réunis. Comme quoi, même les pires drames pouvaient engendrer de bonnes choses. C'était une leçon de sagesse que j'avais appris au fil des ans.
Je passais une main sur le dallage alors que je me perdais dans mes songes. Que se temple n'avait-il pas vu? Et que nous lui avions nous pas encore fait subir?!
On sentait qu'une histoire, une vie se dégageait très fortement de ce lieu. C'était comme si un coeur était entrain de battre derrière cette construction qui s'élevait derrière nous. Je ne pouvais pas le voir, mais je le ressentais intensément.
-Shiryu! Alors? Tu n'as pas une brillante idée comme à ton habitude?
Je secouais la tête alors que mes immenses cheveux bruns, poisseux de sang à plusieurs endroits, se balancèrent sous l'effet de mon mouvement.
-Non, d'autant plus que les vents sont extrêmement forts à une telle altitude. Mais nous avons besoin de soins et nous n'avons donc pas le choix... soit nous descendons et nous avons une chance sur dix de survivre, soit nous restons ici, nos plaies s'agrandissent et nous mourrons d'une hémorragie. Je crois que c'est sans équivoque... et pour vous?
Ikki hocha la tête. Le chevalier Phénix n'était pas prêt de reculer devant la difficulté, pas plus que Hyoga ou Shun qui soupirèrent d'un même souffle.
Combien de temps allions-nous tenir? Je sentais que mes blessures ne cessaient de s'ouvrir de plus en plus, et que bientôt, j'allais définitivement perdre conscience si nous n'agissions pas le plus rapidement possible. Nous étions plus qu'éprouvés et malgré notre endurance, nous avions nos limites.
Je sentais que tout se troublait autour de moi, même si j'étais aveugle. Il devait probablement en aller de même pour mes frères mais il fallait que nous prenions, une dernière fois, notre courage à deux mains.
-C'est parti! décida Ikki en glissant déjà une jambe dans le vide et en réprimant un grognement de douleur.
Shun, Hyoga et moi-même échangèrent un dernier regard. Nous n'étions pas prêt à mourir, pas maintenant, pas après qu'Athéna nous ait guidé jusqu'à la terre et soit peut-être morte à cause de cela.
Nous allions accomplir ce miracle pour elle et aussi pour Seiya.


Kanon

Le matin pointait à l'horizon et j'avais passé une nuit véritablement éprouvante. J'avais été agité par des accès de fièvre sans précédent et surtout, j'avais senti quelque chose de bien particulier se produire dehors, à l'extérieur.
J'avais réussi à me traîner hors de mon lit, à parcourir la distance qui me séparait de la porte d'entrée et là, je les avais vu, les quatre comètes qui scindaient le ciel et qui allaient s'écraser. Le bruit avait été assourdissant mais je ne m'étais pas bouché les oreilles car mon mal de tête était si fort à cet instant que j'étais presque devenu sourd.
J'étais resté incrédule face à ce spectacle qui n'avait rien de naturel.
Qu'est-ce que cela pouvait-il bien signifier?
Ce matin, j'avais eu la visite de Marine, que je connaissais à présent assez bien, même si cela ne faisait que deux jours que je la voyais. Je ne l'avais entre apperçu que dans une demi-sommeil et elle était simplement venue vérifier que tout allait bien de mon côté.
Etrangement, elle ne portait plus son masque et je pouvais voir les traits de son visage. Mais cela ne m'étonnait guère car plus personne au Sanctuaire n'était là pour la regarder.
Je haussais les épaules car si j'avais été à sa place, j'aurais probablement fait de même.
J'avais aussi fait la connaissance d'une certaine Shaina, dont j'avais entendu parlé auparavant car elle s'était introduite dans l'empire sous-marin que je dirigeais autrefois. Mais je ne l'avais jamais rencontré de vis eu.
Je fermais subitement les yeux car je n'avais pas encore envie de faire rejaillir de mauvais souvenirs de ma mémoire, pas maintenant, alors que je ne savais pas ce qu'il était advenu de Rhadamanthe et que d'étranges météorites étaient arrivées sur cette planète.
Je pestais de ne pas avoir retrouver mon sixième sens car il m'aurait permis de savoir ce qui se passait mais je me rendais parfaitement compte que j'avais perdu la quasi totalité de mes pouvoirs durant les épreuves que j'avais vécu. Enfin, j'espérais sincèrement qu'ils allaient revenir car je sentais quelque chose se tramer.
-Alors, tu n'as pas la moindre idée de ce que cela peut être?
Deux voix de femmes parlaient à l'extérieur. Je me rassis dans mon lit et eus soudainement envie de me lever et de partir dans la direction d'ou le bruit d'éboulement était provenu. Comme si elle avait lu dans mes pensées et alors qu'elle passait la porte, Marine déclara:
-Cela provenait de Star Hill et je m'y rendrais dès ce matin, même si tout cela semble s'être calmer. J'ai ressenti quelque chose de curieux, comme... c'était...
-Etourdissant, l'aidais-je car elle ne trouvait pas ses mots.
-Exactement, me répliqua Marine en hochant la tête et en me saluant.
Je calais ma langue dans ma joue tout en réfléchissant à ce que j'aurais aimé pouvoir faire si j'avais été apte à me remettre sur pieds.
Je me serais en tout premier lieu rendu à l'endroit ou j'avais attéri et aurais tenté de suivre la piste de mon adversaire disparu. Ensuite, et seulement ensuite, je me serais dirigé vers Star Hill car il me semblait que c'était un problème de moins grande importance.
Je m'en voulais d'être convalescent et me trouvais ridicule de m'écouter de cette façon. Certes, je devais admettre que certaines parties de mon corps étaient plus qu'abîmées, comme ma main par exemple, mais il ne fallait pas se laisser aller à l'indolence et réagir à l'urgence de la situation.
Je hochais vigoureusement la tête, provoquant un violent craquement dans ma nuque qui ne me fis pas réagir tant j'y étais habitué. La souffrance finissait pas m'être indifférente.
Je fermais quelques secondes les yeux, le temps d'essayer d'ordonner mes idées alors que Marine s'agitait déjà autour de moi pour mettre en ordre le plateau qu'elle m'avait amené la veille et auquel je n'avais pas touché.
Et Saga... ou était-il? Je savais bien qu'il se trouvait dans un endroit, sur cette planète... à moins que je n'aille, ce qui ne m'aurait point étonné, prit mes désirs pour des réalités.
Je soupirais en songeant que l'avenir n'allait pas manquer de surprises.


Rhadamanthe

J'avais entendu l'incroyable vacarme de cette nuit qui n'avait fait qu'accroître mon mal de tête car cela avait éveillé en moins certains souvenirs.
Le bruit d'une explosion... une tour...la mer s'étendant partout à l'horizon...
Rien que je ne puisse comprendre en somme.
Tout le monde dans l'hôpital ou je me trouvais s'était précipité aux fenêtres pour voir ce qui s'y passait, mais je n'avais pas esquisser un geste, d'abord parce que je ne le pouvais pas et ensuite car j'étais visiblement habitué aux bruits étranges et plus encore à garder mon sang-froid.
Mais qui étais-je donc en réalité? D'ou provenait ce caractère autoritaire qui m'habitait?
Toutes ces interrogations se cessèrent de me torturer alors que la terre semblait trembler sans les fondations du centre hospitalier. On entendait des personnes hurler, appeler à l'aide, mais je savais que cela ne servait à rien. On échappait pas à l'inéluctable....
Cette phrase.
Nous la disions toujours. Tous les trois, voulais-je dire...
Je secouais la tête sans comprendre mes propres réfléxions que je n'arrivais nullement à analyser.
Quand tout fut calmer et que l'atmopshère du lieu ou j'étais sensé me reposer fut redevenue normale, j'ai sombré dans le sommeil. Et étrangement, j'ai eu l'impression que la mémoire me revenait toute entière avant de disparaître à nouveau à la fin de mon rêve, ou plutôt, de mon cauchemar...

La pièce était immense, monumentale avec ces gigantesques colonnes qui soutennaient le plafond incrusté de lourds dessins d'or.
Tout était plongé dans le noir, absolument tout paraissait être obscurité et ombres.
Il n'y avait pas de meubles, seulement des centaines et des centaines de marches qui menaient à un terrifiant et imposant bureau qui semblait être démesuré.
Derrière, nous nous y tenions.
J'étais un peu plus en hauteur que les deux inconnus qui m'encadraient. Nous étions assis sur des sièges de cuir et nous plissions les yeux pour appercevoir la personne qui venait de pénétrer dans la salle et qui levait désepéremment la tête vers nous.
Il se tordait compulsivement les mains et un curieux rictus, comme une grimace macabre, venait sans cesse se répandre sur son visage, le déformant presque.
Je penchais la tête vers le livre, aux proportions conséquantes lui aussi, et cherchais la bonne ligne.
J'entendis l'homme aux cheveux blonds se mettre à rire en pointant son index pour m'indiquer de qu'il s'agissait. Nos regards se croisèrent et je vis ses yeux étincellants d'impatience. Je hochais la tête, pour une fois en accord avec lui. Il était temps de rendre justice
Je me tournais ensuite vers l'inconnu aux cheveux bruns qui paraissait réfléchir. Il semblait plus enclin à la clémence que celui qui se tenait à ma gauche. Il agita pourtant la tête, sans doute car il venait de lire dans mes pensées.
Mais quoiqu'il arrive, on devait toujours payer ce que l'on faisait, c'était une règle universelle que les hommes ne comprenaient pas puisqu'ils n'avaient de cesse d'agir à leur guise alors qu'ils étaient encore en vie.
J'esquissais un sourire fugace et presque méprisant tout en fronçant les sourcils.
A cet instant, je remarquais la robe noir que je portais par dessus ce vêtement métallique que je ne connaissais guère.
Jusqu'à présent, nous n'avions toujours pas échangé un mot, mais nous avions compris quelle serait la sentance.
Une terrifiante impression de puissance et de force se dégageait de nous, et je vis l'homme au centre de la salle trembler de peur sous l'effet de l'affolement. Les traits de son visage étaient ravagés par l'épouvante, mais je ne cillais pas. Pas plus que mes deux compagnons, plus impassible que jamais.
Cet homme ne méritait d'ailleurs pas même de nous voir. Il aurait du courber la tête devant nous, et d'un geste de la main, l'homme blond le lui fit comprendre.
J'échangeais un dernier regard avec mes deux collègues, pour m'assurer que telle était la décision à prendre. Puis je me levais, d'un même mouvement qu'eux.
Le silence avait envahi la pièce et nul ne semblait capable de le troubler. Cela renforçait l'appréhension qu'éprouvait ceux qui avaient le malheur d'arriver devant nous. Mais s'ils se retrouvaient en face, c'était pour une excellente raison. Et ils savaient généralement pourquoi, seulement, même dans leurs pires cauchemars alors qu'ils étaient encore en vie, ils n'avaient jamais imaginé que tout puisse être aussi terrifiant.
Debout, nous paraissions aussi démesurés que le reste de la salle, ou nous étions d'ailleurs parfaitement intégrer. Il semblait même que nous étions fait pour évoluer dans ce lieu aussi ténébreux que les âmes qui se présentaient devant nous.
D'un même geste, nous posâmes nos mains sur les bords du bureau et nos trois voix s'unirent pour dire ce seul et unique mot, le plus terrifiant d'entre tous pour ceux qui pénétraient dans cette pièce:
-Coupable!!!


Les vents soufflaient comme de coutume sur le Mont de Star Hill et si d'ordinnaire ils auraient pu le supporter, il n'en allait pas de même pour ce jour d'hui...
Les quatre chevaliers de Bronze serraient les dents alors qu'ils comprenaient qu'ils devaient toujours mettre leurs pieds plus bas, prendre leur prochaine respiration, descendre un peu plus leur main vers la gauche, puis vers la droite.
Ils sentaient leurs muscles, ou plutôt ce qui leur en restaient, se tendre au maximum, leur permettant d'accomplir le prochain effort.
La sueur les gênait, coulant dans leur dos, sur leur front, ne les laissant jamais tranquille.
L'éboulement provoqué la veille pour leur arrivée ne faisait rien pour les arranger car le pan du Mont qu'ils empruntaient n'en avait été que plus réduit, et donc, plus difficile à escalader.
Leurs prises s'effritaient souvent entre leurs mains, manquant de les emporter dans cette mort qui paraissait les poursuivre partout ou ils allaient.
Mais ils tenaient bon, ils s'épaulaient, s'encourageaient parfois d'un regard, quand ils n'avaient plus assez de force pour prononcer un mot.
L'image de Seiya et de Saori était dans chaque esprit, leur permettant de continuer de parcourir la distance qui les séparait encore de cette terre pour qui ils n'hésitaient jamais à donner tout ce qu'ils pouvaient, tout ce qu'ils avaient.
Le chaud soleil qu'ils avaient cru entrevoir au début de la journée, alors que l'aube se levait, avait disparu derrière des nuages grisâtres et une fine bruine qui lavait le sang qui s'écoulait sans cesse plus abondamment de leurs plaies, tombait doucement sur eux.
Ce temps humide était finalement tout ce qu'ils souhaitaient car la chaleur torride de l'astre du jour les aurait probablement encore déstabilisé, et c'est pourquoi ils songeaient qu'ils se trouvaient encore sous la protection des dieux... que l'Olympe elle-même désirait qu'ils touchent enfin le sol de cette terre promise qu'ils avaient cru perdre à jamais.
Ils ne pouvaient d'ailleurs toujours pas y croire. Ils étaient revenus des enfers!
Ils étaient sur terre!
Ils auraient aimé pouvoir se réjouir de ce fait, mais les souffrances qu'il leur fallait encore endurer les en empêchaient, les privant de toute l'exhaltation qu'ils auraient du ressentir librement.
Le pied de Shiryu dérapa soudainement de la paroi et le chevalier du Dragon poussa un cri étouffé, se retenant à temps à l'aide de ses deux mains. Les os de ses doigts étaient blanchies tant il se cramponnait de toutes les forces de son être à Star Hill. Ce n'était pas le moment d'abandonner.
-Ton pied, Shiryu! Ton pied droit monte le de quelques centimètres et tu auras un appuie... cria Shun alors que sa voix avait du mal à porter au travers du bruit du vent sifflant à leurs oreilles.
Le chevalier du Dragon s'éxecuta et se tourna vers Andromède en lui souriant.
-Je crois... dit Hyoga, que l'idée d'Ikki n'était peut-être pas si mauvaise.
Phénix se tourna subitement vers lui tout en tentant de reprendre son souffle, qui lui manquait grandement.
-C'est à dire? demanda-t-il dans un soupir contenu.
-C'est à dire que si on se lâchait carrément jusqu'en bas, on mourrait peut-être, mais je réalise que si je continue à descendre, je mourrais aussi de toute façon... complèta le chevalier du Cygne pour développer sa pensée.
Shun secoua la tête, alors qu'il agrandissait ses yeux sous l'effet de l'étonnement.
-Vous croyez vraiment qu'il n'y a pas d'autres solutions?
Shiryu crispa les mâchoires alors qu'il détournait sa tête en arrière pour découvrir quelle distance les séparait encore de la terre.
-Nous sommes encore très haut... déclara-t-il avec une moue d'ennuie.
-Justement... et ce n'est que le début! répliqua Ikki. Je crois que nous devrions appliquer mon plan car de toute façon, nous lâcherons forcément prise à un moment ou à un autre. Alors autant le faire alors qu'il nous reste un peu de force ou de cosmos pour amortir notre chute.
Hyoga, qui avait jusqu'à présent le regard rivé sur Ikki, posa ses yeux sur le chevalier du Dragon.
-Alors? Il faut que nous prenions une décision commune, dit-il simplement, tandis qu'il sentait ses doigts perdre peu à peu prise. Personnellement je suis pour, Ikki aussi.
-C'est très risqué, murmura Shun avant que son frère n'ait eu le temps de reprendre la parole. Mais je pense que c'est une solution comme une autre, comme le disait nissan. Et puis, je crois que d'ici quelques minutes, je n'aurais pour ma part plus tellement le choix.
Shiryu avala difficilement sa salive.
-Et si nous avons survécu à la chute dans le puit des enfers, pourquoi pas à celle-là? Nous étions certes en meilleurs conditions physiques mais, au point ou nous en sommes...
Les quatre frères se turent alors qu'une brusque raffale de vent vint les secouer. Ikki s'arcbouta en arrière avant que les autres ne le suivent. Shun ferma les yeux, préférant ne pas voir ce qui allait se produire car il le devinait sans peine.
-Prêt? cria Ikki.
-Que nos énergies s'enflamment! rétorqua Shiryu.
-Pour Seiya et Saori, accomplissons ce miracle! ajouta Shun.
-Que du fin fond de l'enfer, Athéna nous protége! enchaîna Hyoga.
-Que nos cosmos renaissent en nous! hurlèrent-ils d'une même voix alors que leurs doigt lâchèrent prisent simultanèment et qu'ils se jetèrent en arrière.


Shaina

Marine avait décidé de m'envoyer sur les lieux de l'éboulement à sa place car un problème inattendu avec Kanon l'avait retenu. Ce dernier était persuadé que Rhadamathe était sorti des enfers et de la dimension dans laquelle il avait voyagé en même temps que lui.
Personnellement, je ne savais que trop penser de cette histoire, et si je ne la rejetais pas totalement, je m'en étonnais.
Comment un Spectre aurait-il pu survivre loin du royaume des Morts? Etait-ce possible?
Je n'en savais strictement rien et je devais avouer que cela ne me dérangeait pas dans les conditions ou il ne pouvait pas agir seul, ni même dans l'état ou il devait probablement se trouver. Ce ne devait guère être plus brillant que Kanon.
Marine, inquiétée malgré tout par les propos du seconde chevalier des Gémeaux, avait décidé de remonter jusqu'à l'endroit exact ou ils étaient tombés des cieux, afin d'essayer de retrouver une quelconque piste.
Je remarquais cependant qu'elle restait assez incrédule face à cette histoire et elle m'avait précédemment confié que ce n'était peut-être qu'une peur de Kanon.
Je le concevais parfaitement, après le nombre de chocs hallucinants qu'il avait du subir, sa mémoire avait pu être affectée, et ses peurs secrètes ressurgissaient à présent, le poursuivaient encore...
J'approchais des environs de Star Hill tout en respirant l'odeur de la terre rendue humide par le bruine qui n'avait de cesse de tomber depuis quelques heures.
J'aimais sentir les parfums de la nature... cela avait quelque chose de reposant, et de si agréable. Cela me rappelait peut-être tout simplement que j'étais en vie, ce que j'avais du mal à assimiler depuis quelques temps, depuis que...
Je fendis l'air d'une main pour chasser cette nouvelle pensée qui venait hanter mon esprit. Toutes ces visions du passé qui ne cessaient de m'envahir finissaient par m'épuiser.
J'inspirais profondément et accèlerais le pas, comme si mon instinct me poussait à presser la marche.
Je sentais mon coeur battre plus rapidement, et une curieuse moiteur envahissait les paumes de mes mains. D'ou pouvait provenir cette soudaine montée d'anxiété? Je n'avais pourtant rien à craindre ici, et de personne, d'ailleurs, à mieux y réfléchir, je n'avais pas peur. J'étais plutôt... excitée, impatiente. J'avais du mal à ne pas me mettre à courir pour aller là ou mon sixième sens me guidait. C'était presque comme un appel, tout à coup, quelque chose de si fort que je ne pouvais nullement résister.
Sans m'en rendre compte, je m'élançais soudainement entre les gigantesques montagnes qui entouraient Star Hil. Ce domaine était très accidenté et éprouvant pour qui ne le connaissait pas, mais je faisais à présent parti des seules personnes ayant le droit de s'approcher de cet endroit chéri des dieux. C'était après tout par là que les êtres divins communiquaient avec les mortels et il fallait respecter ce lieu saint.
Je tentais de reprendre mon sang-froid mais pourtant...
Des gouttes de sueurs glissèrent lentement le long de mon dos alors que ma respiration devenait de plus en plus irrégulière. Mes jambes auraient tremblé sous moi si je n'avais pas encore réussi à être maîtresse de moi-même. Ma tête me tournait subitement, comme si je passais tout à coup et sans m'en appercevoir de la réalité au rêve. Et ce changement était plus que marquant!
Je prenais en courant un virage à gauche et...
Mon coeur s'arrêta.
Et il me sembla que ma vie bascula.
J'ouvris la bouche, mais sans parvenir à émettre le moindre son. Je m'approchais d'un pas vacillant, incapable tout à coup d'exécuter des mouvements sensés car je venais presque de perdre la raison en...
Je portais une main à ma poitrine pour arrêter le tumulte de mon coeur qui s'emballait. J'allais m'évanouir tant la scène qui se découvrait à mes yeux ne pouvait sortir que tout droit de mon imagination.
C'était impossible. Incompréhensible. Inexplicable. Incroyable. Tant de mots se bousculaient soudainement dans mon esprit mais je restais impassible, du moins dans mes gestes.
Devant moi... non... pas eux... pas maintenant... comment... ?
Je clignais des yeux pour vérifier que je n'étais pas entrain de dormir et que je n'allais pas, une nouvelle fois, me réveiller en sursaut dans mon lit, les larmes au bord des yeux car il ne s'agissait en fait que d'une simple vision nocturne.
J'inspirais profondément et me décidais à m'avancer et... ces quatre formes. Ces quatre personnes. Il ne faisait plus aucun doute sur leur identité.
J'avalais difficilement ma salive en laissant courir mon regard de l'un à l'autre et pointais mon index sur chacun d'entre eux pour les dénombrer de nouveau.
Ikki... Hyoga... Shiryu... et Shun.
C'était tout, mais je ne le réalisais pas encore alors que j'étais dorénavant halluciné par l'état de leurs corps. De toute manière, je n'avais pas le droit au temps de la réflexion. Il fallait que j'agisse, sans doute de la même façon que Marine l'avait fait. Seulement après viendait le temps des interrogations... et des peurs. En attendant, il fallait que je me dise une chose.
Les chevaliers de Bronze étaient revenus parmi nous.

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Cette fiction est copyright Caroline Mongas.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.