Chapitre 19 : Retrouvailles à jamais


Lili, Aka, Milan et Môh arrivaient à grandes enjambées vers la maison du sagittaire. Lili ne pouvait s'empêcher de penser à Kai et aux 3 autres chevaliers qui rebroussaient chemin. Aka ressentit son malaise et entreprit de lui parler.

- Lili…
- Aka ? ! Ta télépathie fonctionne à nouveau ?
- J'ai encore un peu de mal, mais ça va… Tu sais, tu n'es pas responsable de la mort de Kai…
- Si, bien sûr ! C'est à cause de moi qu'il est mort ! C'est pour moi qu'il est venu au sanctuaire…pour servir et protéger la Déesse Athéna !
- Tu sais très bien que c'est la règle du jeu… Kai était libre de refuser…
- Tu crois ? Je ne crois pas que ni toi, ni moi ayons poussé aucun des chevaliers à nous abandonner… entre les images que tu leur as montré par télépathie et le sentiment de fierté et de facilité que je leur ai imposé, crois-tu vraiment qu'ils aient eu le choix…
- Peut-être… mais la Terre et ses habitants en avaient besoin !

Lili cessa le dialogue. Milan avait jeté un coup d'œil à Môh, qui le lui rendit en signe de compréhension. Tous deux savaient que leurs chefs, leurs mentors avaient une discussion " privée " et tous deux savaient à quel sujet.

- Excuse-moi… Je sais très bien que les chevaliers doivent sacrifier leurs vies pour sauver la Terre. J'en ai moi-même accepté les règles….mais… mais peut-être me suis-je trop impliquée…
- Peut-être… mais c'est ce qui fait de toi la véritable réincarnation de la Déesse Athéna avec les sentiments les plus justes…
- Merci… Aka…merci
- HE ! cria oralement Milan. Vous en avez encore pour longtemps ? Non, parce que je ne voudrais pas vous déranger mais on arrive…
- Milan… Tu n'en rates vraiment pas une !

Les chevaliers d'or arrivèrent aux portes de la maison du sagittaire avec le sourire aux lèvres et dans un petit éclat de rire aussitôt réprimé et remplacé par une vive concentration.
La maison était comme toutes les autres, décorée de symboles chinois et de tapisserie représentant cette fois un singe. Le plafond, par contre, avait une particularité. Des barres avaient été fixées, sans ordre précis, ni hiérarchie. Les chevaliers n'eurent pas le loisir d'observer la pièce plus longtemps. Un grondement passa au-dessus de leurs têtes. Milan, puis Môh, Lili et Aka pour finir. Chacun reçut un coup rapide venant du haut. Leur adversaire avait bondi sur eux avec force et avait poursuivi ses sauts vers le centre de la pièce.

- Bonjour, Chevaliers ! ironisa une voix grave et pourtant très féminine.
- Bonne entrée en matière ! répondit Milan en se relevant, une main sur sa nuque.
- Alors voilà donc ces fameux chevaliers, qui nous ont rétamé la face jusqu'à maintenant ! Quel honneur !

Elle se tut face à la détermination qu'elle put lire dans leurs yeux, puis reprit.

- Oh ! Soyons clair, c'est un honneur pour moi d'être la première à vous tuer…Oh ! pardon… C'est juste, je ne suis pas la première ! Shon Lee en a déjà eu un ! Ah, celle-là toujours un train d'avance ! Bien que celui qu'elle a tué, n'était pas le…

Un coup dans le bas-ventre ne lui permit pas de poursuivre.
Lili avait jaillit devant elle un poing en avant.

- Cesse tes sarcasmes et finissons-en ! dit-elle sèchement
- Bien, comme tu voudras, " Déesse " !

Alors que Lili et l'Astrale se préparaient à attaquer, Milan ne pouvait s'enlever une impression bizarre de la tête. Une impression de déjà vu, de quelque chose de familier. Après quelques coups échangés entre les jeunes femmes, Môh lança un regard à Aka et Milan. Tous trois prirent la direction de la sortie. L'Astrale, avertie, bondit vers le plafond à une vitesse fulgurante, telle que Lili, elle-même ne put l'en empêcher. Elle bondit alors de barres en barres et barra la route aux 3 chevaliers.

- Vous ne pensiez pas que j'allais vous laissez passer ?
- Reviens par ici ! cria Lili. Notre combat n'est pas terminé !

Profitant de la légère diversion de Lili, Milan lança une attaque à voix basse. L'Astrale fut prisonnière d'une épaisse couche de glace.

- Allez-y, je m'en occupe ! dit alors Milan

Lili voulut protester, mais Milan répondit qu'il sentait quelque chose d'étrange chez cette femme, qu'il voulait la combattre en mémoire de Kai, et qu'eux devaient continuer.

- Bien… Fais attention…
- Que c'est touchant, mais cette glace ne me retiendra pas assez longtemps pour que vous puissiez tous partir !

L'Astrale venait de briser une partie de la glace et allait se jeter dans les airs. A peine avait-elle décollé, qu'elle fut projeter avec violence contre un pilier. Aka sourit à Milan, puis sortit avec les autres.

- Quelle équipe ! Je regrette vraiment de ne pas pouvoir tous vous combattre ! Cela aurait été mon plus beau challenge !
- Sois heureuse, que tu n'aies pas eu à nous combattre tous ensemble ! Tu n'aurais pu survivre…
- Quel est ton nom, Astrale ?
- Quelle importance ?! Je n'ai pas vraiment de nom, du moins, je n'en ai plus ! Je suis l'Astrale du singe et c'est déjà beaucoup ! Mais tu peux m'appeler M.
- M ? Original !

Milan concentra son cosmos et se prépara à attaquer.

- PAR LA POUSSIÈRE DE DIAMANT !

L'attaque avait été rapide et puissante, mais l'astrale avait bondi et évité les coups. Elle riait à gorge déployée.

- Très amusant et surtout très rafraîchissant ! Je déteste la chaleur…

Aux paroles de l'Astrale, l'impression de déjà-vu s'accentua dans la tête de Milan.

- Alors quoi ? C'est tout ce que tu sais faire ? c'est donc à mon tour de te montrer de quoi je suis capable.

M. concentra son aura de couleur grise. Elle apparaissait alors si sereine, en totale contradiction avec le tempérament dont elle avait fait preuve jusqu'à présent. Cette sérénité disparut brusquement lorsque, joviale et pleine d'entrain, elle lança son attaque.

- CHAHUT !

Milan fut alors assailli par une armée de singes provenant de l'aura. Il se protégea à l'aide d'un bouclier de glace, qui malheureusement céda sous les coups multipliés. Milan put alors compter sur son armure et ses parades pour ne pas se laisser submerger par les impétueux petits singes.

- Bravo, chevalier ! Tu sais faire face à des situations compliquées ! Sauras-tu t'adapter à ma prochaine attaque, rien n'est moins sûr…

Le calme et la sérénité s'étaient à nouveau emparés du corps de l'Astrale. Son aura avait grandi. Elle leva un bras vers le haut. L'impression de déjà-vu reprit Milan un court instant.

- FORCE BRUTE !

Un énorme gorille jaillit alors de ses poings et fonça avec force sur le chevalier du Verseau qui venait lui aussi de lancer une attaque.

- BRUME, PROTÈGE-MOI !

La brume avait fait son apparition et s'était affolée, tournoyant, grandissant, envahissant toute la pièce. L'Astrale du singe ne put achever de porter son coup. Elle ne voyait plus rien. Tout autour d'elle n'était que brume. Elle avait froid, très froid.

- A quoi sert la puissance sans la maîtrise de sa cible ?

La voix de Milan semblait provenir du fond de la pièce. M s'aperçut bien vite qu'il était, en fait, derrière elle lorsqu'elle fut projetée vers l'avant par un coup violent.

- Décidément, je t'ai un peu sous-estimé… Passons aux choses sérieuses…

Elle se releva et fit face à l'amas de brume qui entourait Milan. La queue de son armure se sépara de son corps. L'impression de souplesse qu'elle donnait avant, disparut. Elle semblait s'être changée en une lance, dont la pointe serait aiguisée à l'extrême.

- MÉTAL ! ÉLEMENT DIVIN DU SINGE, TUE POUR MOI !

M brandit sa lance vers le plafond. Un étrange liquide argenté se répandit sur le sol en direction du Chevalier du Verseau, puis s'éleva sous forme de filaments, qui emprisonnèrent Milan. Il avait beau lancer sa brume pour geler les filaments, lorsque l'un d'eux gelait et tombait, un autre apparaissait et s'enroulait autour de l'un de ses membres. Quelques secondes plus tard, Milan était immobilisé par une couche de métal solide. Seules ses épaules et sa tête étaient libres. M abaissa sa lance et la lâcha. La lance se ficha alors directement dans la poitrine de Milan. Sous la douleur, le chevalier du verseau s'évanouit.

***

La maison du serpent. Koung Lon et les jumelles se tenaient face à l'urne qui semblait contenir le corps de l'Astral.

- On essaie directement de la faire basculer ? demanda Cilia
- Ben, je crois que c'est la meilleure chose à faire, non ? répondit Ambre
- Allons-y !

Les chevaliers d'or s'avancèrent doucement vers la jarre et la firent basculer. Elle s'écroula au sol et explosa. Le corps sans vie de Kahan se consuma de la même manière que les 2 autres astraux.

- Et de trois ! s'exclama Ambre avant de suivre ses compagnons vers la maison du lion.

***

Quelque part en France. La plage. Deux enfants s'amusent avec à faire des châteaux de sable. Ils rient et chahutent sous l'œil attentif de leur mère. Le soleil se couche lentement et ses rayons pourpres se reflètent dans la mer, changeant la perception même des couleurs. La petite fille quitte des yeux son seau et sa pelle et se tourne vers son frère.
- Viens, j'en ai marre ! On va faire autre chose ! En plus, j'ai trop chaud ici !
- D'accord ! répondit le petit garçon buvant chaque parole de sa sœur comme étant celle de Dieu. On va où ?
- Dans l'eau !

Le petit garçon se tourne alors vers sa mère à la recherche d'une quelconque approbation. La jeune femme, élégante et distinguée, sourit en guise de réponse. Le petit garçon s'élança vers le bord de l'eau rejoindre sa sœur. Elle s'est accroupie face aux vagues et semble remuer le sable.

- Tu fais quoi ?
- Je cherche…
- Quoi ?
- Tu verras bien…

L'admiration et la joie que l'enfant portait à sa sœur s'entendaient dans chaque mot qu'il prononçait. Les réponses, quant à elle, ne rendaient pas une once de cette même admiration.
Soudain triomphante, la petite fille lève un bras au ciel. Elle tient dans la main un tout petit crabe affolé.

- Oh… un crabe… dit alors le petit garçon. Dis ? on pourra le garder, hein ?
- Je ne crois pas non !
- Pourquoi ?

Saisissant une grosse pierre, la petite fille répondit l'air malicieux.

- Parce qu'après ce qu'on va lui faire….
- Les enfants ! surgit une voix derrière eux. On rentre ! Dépêchez-vous !

Les enfants se lèvent aussitôt et rejoignent leur mère. En chemin, la petite fille s'arrête l'air contrarié, elle se retourne rapidement et retourne vers le bord de la mer. Le petit crabe est toujours là sur le dos comme elle l'avait laissé. Elle saisit la pierre et d'un geste brutal, un large sourire de satisfaction aux lèvres, l'écrase violemment.

- Cassandra ! Dépêche-toi ma chérie !

***

Dans la maison du sagittaire.

- Cassandra…

Milan prononça ce nom doucement et ouvrit péniblement les yeux. Il ne savait pas où il était et ce qu'il s'était passé. Il essaya de bouger. En vain. Puis les choses s'éclaircirent. Il était prisonnier d'une couche de métal argenté, lance planté dans la poitrine. La douleur reprit le dessus sur les rêveries.

- Tu te réveilles enfin ! Je commençais à m'impatienter ! Il me tardait de te finir une bonne foi pour toute ! J'ai échoué une fois et je ne recommencerai pas mon erreur.

Encore engourdi par la douleur, Milan ne prêtait pas attention aux paroles de l'Astrale et se concentrait, essayant de trouver une parade à son immobilisation. Il eut soudain une pensée, une idée. Il avait, durant les mois de la préparation, développé une arcane de défense et d'attaque. Il ne la maîtrisait cependant pas assez pour pouvoir la tenter sans risque. Il se résolut cependant à le faire.

- Quitte à mourir, autant essayer de m'en sortir ! pensa-t-il

Il oublia la douleur et intensifia son cosmos. L'Astrale le regardait l'air amusé et attendait patiemment. Ce qu'elle vit la terrifia.
- BRUME, EMPARE TOI DE MOI !

La brume s'était agglutinée autour de Milan et tournoyait. Le corps de Milan, son armure, tout son être en somme venait de se changer en brume et y avait disparu. M. restait sur ses gardes et cherchait le chevalier du Verseau. Autour d'elle, tout n'était que brume. Il lui était impossible de discerner une quelconque forme humaine. Elle ne le trouvait pas. C'est lui qui la trouva. Une pluie de coups s'abattait sur elle. La rapidité et l'adresse avec laquelle elle était frappée, ne lui laissaient aucun répit. Elle s'écroula sous les coups et se figea au sol. Elle resta immobile un instant, puis éclata dans un rire foudroyant.

- Bravo ! Je t'ai mal jugé…. Tu es beaucoup plus digne de survivre que je ne le pensais ! Je suis fière de toi, petit frère !

La brume se figea sur le champ. Milan se rematérialisa aussitôt et soulevant l'Astrale par la gorge lui demanda de répéter.

- Qu'as-tu dit ? Qui prétends-tu être ? Tu as mal choisi, si tu espérais me faire douter de te vaincre en me rappelant le souvenir de…
- … de celle qui t'a tué ! l'interrompit M. Ce n'est pas une feinte, loin de là ! Je suis ta sœur, que tu le veuilles ou non.

D'un mouvement brusque sur la blessure de Milan, M. se libéra de son emprise. Elle ouvrit son masque et laissa apparaître un visage radieux au sourire narquois.

- Me reconnais-tu maintenant ? Ne me dis pas que tu m'as déjà oublié, p'tit frère ! ricana-t-elle
- Non, non, ce n'est pas toi ! Tu utilises une illusion. Non…

Milan savait qu'elle disait la vérité. Toutes les impressions de déjà-vu qu'il avait éprouvé, le souvenir qui s'était rappelé à lui pendant son inconscience. Il savait, mais ne voulait pas le croire.

- En fait, j'avais raison ! tu n'es pas digne de continuer à vivre ! Tes sentiments et tes émotions bloquent encore ton évolution !
- Vers quoi ? vers quelle évolution ? demanda Milan les yeux plein de larmes et de colère.
- Vers la vraie vie, celle où les forts règnent en maître ! Je ne sais pas comment tu as pu échapper à la mort la dernière fois mais cette fois je ne te louperai pas !
- Ainsi, c'était donc ça ! Tu savais parfaitement ce que tu faisais et tu l'as fait de plein gré !
- Oui… en quelques sortes ! Comme je l'ai fait pour notre mère et pour celle que tu appelais Nanny !

Milan accusa le choc comme s'il venait de recevoir à nouveau la lance de son adversaire en plein cœur.

- Tu les as tués ? Non ! Tu n'as… pourquoi, Cassandra…
- Parce que le mal est en moi depuis ma naissance…. Parce que je le ressens depuis toujours et que j'en ai besoin pour vivre. Parce que pour rejoindre les rangs du mal, j'avais besoin de faire mes preuves…
- C'est Têt qui t'y a forcé ? pleurait Milan
- Non, Têt a été ma récompense ! Il a été attiré par ce que je faisais et m'a permis de rejoindre l'ordre sans avoir à me forcer ou à me proposer quelque chose en échange comme il l'a fait pour les autres. Vengeance, dignité, peur de la mort ? Il n'a eu besoin de rien de tout ça ! Je me suis donné à lui et je me suis planté moi-même la dague en plein cœur. Celle-là même qui m'avait servi pour " Maman ".

La rage et la tristesse de milan explosèrent en même temps. La brume qui occupait les lieux s'intensifia sous les pieds du Chevalier du Verseau. Milan hurla. La brume explosa en une vague houleuse, déferlant avec violence et force sur l'Astrale du Singe. Elle essaya de l'éviter en bondissant mais l'eau s'était emparée des lieux avec une rapidité telle qu'elle n'en eut pas le temps et fut emportée. Milan, les yeux baignés de larmes, fixait le regard effrayé de celle qui fut sa sœur. Lorsque celle-ci remarqua ce regard, elle se ressaisit et lui adressa un sourire narquois. Milan ne le supporta pas. La douleur de ses sentiments explosa à nouveau, gelant d'un seul coup toute l'étendue d'eau recouvrant la maison et par la même l'Astrale du Singe et le Chevalier du Verseau.
A jamais réunis dans une glace éternelle, les ennemis fraternels ne s'étaient pas quittés du regard.

Dispersés à différents endroits du sanctuaire, les chevaliers ressentirent la vie de leur compagnon s'éteindre en même temps que celle de l'Astrale. Les jumelles versèrent une larme, soutenues par Koung Lon. Môh était resté figé, debout. Aka essayait de retenir Lili, qui venait de s'écrouler en hurlant.

De la douleur était né le Chevalier du Verseau, de la douleur était mort Milan.

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Cette fiction est copyright De Jamyal Ciprion.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.