Chapitre 7 : Les chevaliers d'Athéna


Laramil regarda, incrédule, le trou qu'il venait de faire. Non seulement il avait pulvérisé le rocher, mais en plus il avait littéralement créé un cratère de plus de dix mètres de diamètre et d'environ trois mètres de profondeur !

- Par tous les dieux, souffla-t-il, c'est moi qui ai fait ça ? ? ?
- En effet, jeune chevalier. Tu viens de t'éveiller à une perception différente de tout ce que tu as connu depuis toujours. D'après ce que j'ai compris, tu as vaguement touché ton cosmos lors de l'invasion des troupes de Poséidon.
- Comment ça ?
- Comment crois-tu être resté en vie face à tant d'adversaires plus forts que toi ? Certes les gardes de Poséidon sont très loin de valoir la formidable puissance des généraux, mais ils sont dix fois supérieurs aux soldats de Mycènes.
- Mais alors pourquoi n'y suis-je pas arrivé auparavant ?
- Parce que tu n'as pas laissé ton instinct te guider.
- Et maintenant ?
- Tu es un chevalier.
- Tu en es sûr ?
- Sens-tu encore ton armure ?

Laramil se rendit alors compte que son armure ne lui pesait plus du tout. C'était comme… Si l'armure faisait partie de lui à présent.

- C'est cela, Laramil. L'armure est une partie intégrante de toi, au même titre que tes bras ou tes jambes.
- Mais alors… Je peux me battre !
- Oui.
- Je serais curieux de voir cela…

Sauron et Laramil se retournèrent immédiatement. Devant eux venait d'apparaître un général de Poséidon.

- Qui es-tu, commença à interroger Laramil avant de s'interrompre… Je te reconnais ! Tu es l'homme qui a pulvérisé toute l'armée mycénienne d'un seul coup.
- En effet. Mon nom est Owanon du Kraken. Je suis venu détruire les pseudo chevaliers d'Athéna.
- Ah oui ? Tu vas payer ton arrogance ! A moi Pégase !

Le jeune chevalier Pégase tendit son poing droit en direction de son adversaire. Plusieurs coups jaillirent de son poing à une vitesse que Laramil avait du mal à distinguer. Toutefois, cela n'inquiéta guère le général de Poséidon qui ne se contenta de lever son bras droit pour parer les coups.
- Allons, jeune coq. Tu viens à peine d'apprendre à apprivoiser la vitesse du son. Comment veux-tu que cela me fasse quoi que ce soit ? Apprends pour ton malheur que les généraux peuvent se déplacer à plus à la vitesse de la lumière.
- Quoi ? ? ? A la vitesse de la lumière ? Mais c'est impossible !
- Crois-tu ?

Laramil ne sut jamais exactement ce qui lui arriva. Il eut juste le temps de voir le bras droit de son adversaire esquisser un mouvement et il se retrouva à terre.

- Heureusement que ton armure t'a protégé, mon jeune ami, car sinon tu ne serais plus de ce monde. Mais ce n'est pas grave. La protection que t'apporte ton armure est trop faible pour résister bien longtemps. Tu ne résisteras pas une seconde fois à mon attaque. J'appelle l'Aurore Boréale !

Une nouvelle fois, le coup de Owanon atteignit Laramil de plein fouet. Lorsque ce dernier retomba sur le sol, son sang s'échappait en de multiples endroits. Owanon sourit. Sa tâche allait être encore plus facile qu'il ne l'aurait cru. D'après ce que cet incapable de Vélinar lui avait dit, il n'y avait qu'un seul chevalier en armure. Un autre possédait certes une épée magique, mais cela était trop peu pour l'inquiéter. Une fois le jeune garçon tué, il trouverait l'homme à l'épée.

Sauron était resté tranquillement dans son coin, les bras croisés et les yeux mi-clos. Il savait qu'il ne devait pas intervenir. Ce combat était le dernier test de Laramil. S'il l'emportait, il serait définitivement digne d'être un chevalier d'Athéna. S'il échouait… Il faudrait chercher un autre chevalier potentiel.

Owanon s'apprêtait à tourner les talons lorsque Laramil se releva péniblement et se remit en garde.

- Pourquoi te relèves-tu ? Laisse la mort t'envelopper, chevalier. Tu ne peux rien contre moi.
- C'est ce qu'on va voir ! A moi Pégase !

Quelle pitié, songea Owanon en parant les coups de son adversaire aussi facilement que la première fois. Ce jeune garçon avait clairement un potentiel intéressant mais, malheureusement pour lui, il s'était trouvé du mauvais côté. Owanon respectait à présent plus son adversaire. Une telle volonté méritait quelque chose. Il allait l'achever sans plus le faire souffrir.

- Chevalier, je dois reconnaître que ta bravoure m'impressionne. En conséquence, je vais te faire la faveur d'une mort rapide. Subis l'Aurore Boréale !

***

Face à son rocher, Janeel réfléchissait. Elle avait senti que son frère était finalement parvenu à briser la masse inerte qui lui était proposée.
Elle y était arrivée depuis déjà quelques heures. A présent, elle essayait de voir comment elle pourrait parvenir au même résultat en gelant la structure atomique de la roche. Elle intensifia son cosmos et se prépara à frapper lorsqu'elle ressentit la cosmo-énergie de son frère pratiquement disparaître.

***

Tolivar était en pleine négociation avec ses hommes. Ceux-ci ne semblaient pas comprendre l'impérieuse nécessité de partir des ruines de Mycènes. Ils voulaient rester là, disaient-ils, afin de pouvoir entreprendre la reconstruction de la glorieuse cité. Tolivar commençait à s'énerver lorsqu'il ressentit à son tour la détresse de son cadet. Il regarda alors pour la millième fois peut-être l'urne dans laquelle reposait l'armure du Dragon. Il congédia rapidement ses soldats et s'en approcha pas à pas. " Cette fois je ne peux pas reculer ; il faut que j'aille aider mon frère ". D'un coup sec et décidé, il tira la chaîne et libéra son armure.

***

- Quel gâchis, dit Owanon en contemplant la mare de sang dans laquelle baignait à présent le jeune chevalier Pégase. Ce garçon avait des dons, c'est certain. Il aurait pu faire un très bon général.
- Pourquoi parles-tu de moi au passé ? Je ne suis pas encore mort !
- Quoi ? Mais c'est impossible !

Sous les yeux ébahis de Owanon et amusés de Sauron, Laramil se releva encore et se remit en garde.

- Tu as subi par trois fois l'Aurore Boréale ! Comment peux-tu encore te relever après de tels coups ?
- Je ne m'avoue jamais vaincu ! Et je finirai par avoir raison de toi !
- Avec ta pitoyable petite attaque ? Tu ne peux rien seul contre moi ?
- Qui a dit qu'il était seul ?
- Qui a parlé ?

Le soleil qui brillait de tous ses feux s'obscurcit soudain. Une neige fine et néanmoins persistante commença à tomber : Janeel apparut, vêtue de son armure sacrée.

- Je vois, fit Owanon d'un air songeur ; ainsi les Forgerons ont eu le temps de construire deux armures. Qu'importe ! Il en faudrait une dizaine comme vous pour venir à bout de moi.

Janeel s'approcha de Laramil et lui sourit doucement. Ce sourire émut le jeune chevalier jusqu'au plus profond de son âme : sa sœur ne souriait jamais. Il sourit en retour.

- Nous allions allier nos forces, dit Janeel. C'est probablement notre unique chance de le vaincre.
- D'accord.

Les deux cosmos s'unirent. Une brillante aura bleue entoura Laramil tandis que Janeel appelait son aura blanche comme la neige.

- A moi Pégase !
- Que s'envole le Cygne !

Sauron eut du mal à distinguer les attaques. Il lui sembla que pour la première fois, les deux jeunes chevaliers atteignaient la vitesse de la lumière, ou du moins s'en approchaient fortement. Owanon ne put d'ailleurs pas éviter le coup et se retrouva projeté à plusieurs mètres de là.

- Nous avons réussi, s'écria Laramil, nous avons réussi ! Nous avons terrassé un des sept Généraux des Mers !
- N'en sois pas si sûr.
- Sauron ?
- Ne sous-estime pas les Généraux, Laramil. Cela pourrait te coûter la vie.
- Ecoute ton ami, jeune chevalier. Ces conseils sont bons.

Owanon s'était relevé. D'un pas nonchalant, il se rapprocha des deux chevaliers.

- Il ne fait aucun doute que vous ayez des pouvoirs intéressants qui, avec un petit peu de temps, pourraient se développer et faire de vous des guerriers très puissants. Malheureusement…
- Malheureusement ?
- Malheureusement, vous n'avez plus de temps. Vous ne survivrez pas une autre fois à mon attaque ! Par l'Aurore Boréale !

L'habituel jet de lumière se dirigea de nouveau vers les deux jeunes gens. Mais, au moment de les toucher, il y eut un flash si aveuglant qu'il obligea les quatre protagonistes à fermer les yeux. Owanon fut le premier à les rouvrir et il ne put retenir un cri de stupéfaction : devant ses deux adversaires se tenait un troisième chevalier ! Son armure était verte émeraude et irradiait une puissance incroyable. L'homme se tenait à genoux, un bouclier tendu droit devant lui.

Tolivar, chevalier de Bronze de la constellation du Dragon, venait de faire son entrée en scène.

***

- Dépêche-toi ! Mais dépêche-toi, par Athéna ! Si tu es aussi lente, je vais arriver trop tard !
- Calme-toi. Ils ne sont pas encore morts, que je sache. En plus, Tolivar vient de les rejoindre.
- Mais il est de mon devoir d'aller les aider. Tu ne peux pas comprendre. Il faut que j'aille me battre à leurs côtés. C'est… C'est… C'est vital !
- Ca y est, j'ai terminé…
- Enfin !

***

- Je dois reconnaître que, pour des insectes, vous vous accrochez à la vie avec une persistance qui force le respect. Mais cela ne vous empêchera pas de mourir !
- Je te signale que cela fait plus d'une heure que tu me dis cela et je suis toujours vivant, répondit narquoisement Laramil.
- Une erreur que je me propose de réparer immédiatement ! Je vais vous envoyer tous trois directement en Enfer !
- Ah pardon, mais nous sommes quatre !
- Quoi ? ? ? Encore un ! Mais qui es-tu ?
- Je suis Arathorn, chevalier de Bronze du Capricorne. Comme je le disais, nous sommes à présent quatre contre toi. Crois-tu toujours pouvoir l'emporter ?
- Et comment, je vais vous le prouver sur-le-champ !
- Mes amis, fit Arathorn en se tournant vers ses compagnons, il est temps de donner une bonne leçon à ce fanfaron là. Pour ce faire, nous allons joindre nos forces pour lui porter un coup fatal. Etes-vous prêts ?
- Prêts, répondirent-ils en cœur !
- A moi Pégase !
- Que s'envole le Cygne !
- Que le Dragon te terrasse !
- Excalibur !
- Vous l'aurez voulu ! Par le Souffle Glaciaire !

L'impact des attaques conjuguées provoqua une déflagration si puissante que la terre trembla. Alcyar et Jaelrina accoururent sur le lieu du combat le plus rapidement qu'ils purent. Ce qu'ils virent les cloua sur place :

Laramil était face contre terre, manifestement grièvement blessé et épuisé.

Janeel saignait de la joue et de la jambe droite.

Arathorn avait le bras gauche gelé.

Tolivar semblait lui miraculeusement indemne.

Sauron était dans un coin, les bras croisés, les yeux fermés, son habituel sourire narquois au coin des lèvres.
Un peu plus loin gisait un homme. Son armure dorée était fissurée en de multiples endroits. Du sang s'échappait de chaque pore de sa peau. Il respirait, mais si faiblement, que sa mort n'était qu'une question de secondes. Ses yeux ouverts exprimaient la stupéfaction ; sentiment qu'il avait du ressentir lorsque les attaques conjuguées de ses adversaires l'avait percuté de plein fouet…

***

Antar ouvrit les yeux. Tout d'abord il eut du mal, et c'était bien compréhensible, à se rappeler les évènements qui l'avaient amené dans ce lit. Il se souvint avoir été blessé au cours de la bataille. Il se souvint avoir vu ce vaillant chevalier blanc lui demander le commandement de l'armée. Et après le trou noir. Combien de jours avait-il erré ainsi entre la vie et la mort ? Qu'était-il advenu de Mycènes et de ses habitants ? A ce moment-là, un homme qu'Antar n'avait jamais vu pénétra dans la pièce.

- Je suis heureux de voir que vous avez fini par vous réveiller, roi Antar. Nous nous étions fait à l'idée de ne plus jamais vous revoir.
- Qui… Qui êtes-vous ?
- Je m'appelle Alcyar de Jamir. Je suis le Forgeron de l'Est.

Antar hocha la tête. Il avait entendu parler des fameux forgerons dont le savoir dépassait très largement celui du commun des mortels. Le roi était à bout de forces, mais il devait savoir.

- Mycènes ?
- Détruite, Sire. Les Généraux ont bien fait leur travail.
- Mes enfants ?
- Vivants, Sire.

Alcyar hésita à lui préciser que Laramil avait perdu beaucoup de sang et se trouvait à l'article de la mort, mais décida de ne rien en faire.

- Je veux les voir.
- Bien, Sire. Je vous envoie Janeel et Tolivar. Laramil est parti en patrouille.

Antar cligna des yeux pour dire qu'il avait compris.

***

Jaelrina était catastrophée : l'armure de Pégase était complètement détruite. Les assauts répétés d'Owanon avaient eu raison de sa résistance. L'armure du Cygne n'était pas beaucoup en meilleur état. L'armure du Capricorne était fissurée au niveau de la jambe. Seule l'armure du Dragon était absolument intacte.

- Par quel prodige cette armure est-elle intacte ?
- Parce que j'y ai ajouté quelque chose, répondit Sauron.
- Quoi ?
- Une substance que je n'ai qu'en très petites quantités. Elle permet de renforcer la résistance des armures à un point maximal.
- Mais pourquoi avoir choisi l'armure du Dragon ?
- Parce que vous avez choisi de la doter d'un bouclier. Par conséquent, elle se doit d'être la première ligne de défense des chevaliers d'Athéna. Pour cela, elle doit être d'une solidité à toutes épreuves.
- Oui, je vois ce que tu veux dire, fit pensivement Arathorn. Enfin, toujours est-il qu'il va nous falloir réparer les armures de Pégase, du Cygne et du Capricorne. Je ne pensais vraiment pas qu'il suffirait d'un combat pour les briser de la sorte.
- Tu as raison, répondit Sauron. Je vais répandre un peu de ma poudre sur ces armures, une fois qu'elles seront réparées, et plus tard sur les nouvelles. Cela devrait les rendre beaucoup plus solides. Mettons-nous au travail, elles seront flambantes neuves demain.

***

Le Temple de Poséidon

Le vase alla se briser sur le mur. Le trône était renversé. La fureur du Dieu des Océans était telle que les six Généraux des Mers restant osaient à peine respirer.

- Mais par tous les Dieux de l'Olympe comment est-ce possible ? Comment ces vers de terre ont-ils pu vaincre un de mes guerriers ? Comment ? ? ? ? Réponds-moi, Denby ?
- Seigneur Poséidon, je ne sais pas.
- C'est bien ce que je te reproche ! Bon, ils l'auront voulu. Harchissa et Lyath, je vous charge de tuer ces chevaliers par tous les moyens et le plus vite possible.
- A vos ordres.

Les deux Généraux firent brûler leurs cosmos et disparurent.

***

La nuit était tombée. Tout le campement dormait à l'exception de Janeel et de Jaelrina qui soignaient Laramil dont l'état général allait en s'améliorant. Tout à coup une silhouette s'éloigna du camp, sans chercher par ailleurs à se cacher. Elle se dirigea vers l'endroit où gisait Owanon et s'agenouilla à côté de lui. Il posa sa torche sur le rocher voisin et commença à examiner attentivement la protection de l'ancien général. Au bout de plusieurs minutes, il releva enfin la tête et arbora un air satisfait.

- Bon, fit Sauron, maintenant j'ai compris comment Jaelrina a procédé. Je devrais être capable de reproduire ces armures en y ajoutant ma touche personnelle. Avec ces armures, les chevaliers d'Athéna ne feront qu'une bouchée des Généraux. Mais cela va me prendre du temps, au moins plusieurs jours. Ces vaillants jeunes seront-ils encore vivants dans quelques jours ?

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Cette fiction est copyright Emmanuel Axelrad et Romain Baudry.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.