Chapitre 19


Il leur restait une semaine, selon les chevaliers de l'Olympe, avant le début des hostilités. Tous les chevaliers étaient nerveux. Il s'agissait à présent de coordonner leurs forces. Frey était venu au Sanctuaire pour servir d'intermédiaire avec les troupes du nord. Merek, Lofti et Diego étaient en contact avec leurs dieux respectifs. Il fallait à présent attendre soit l'attaque des guerriers de Cronos soit une indication sur le lieu où ils se trouvaient, ce que les chevaliers de l'Olympe essayaient de savoir.

Andvari restait avachi dans un fauteuil. Il ne semblait pas s'inquiéter. Athéna avait pris l'habitude de laisser Seiya parler avec le nain. En général, le ton montait assez rapidement mais ensuite le Nibelungen accédait toujours à la demande de la déesse.

Artémis avait à présent 13 ans. Sous couvert de partir étudier avec son grand frère en Italie, elle siégeait dans son temple. Ses Archers étaient aussi tendus que des arcs!

Les êtres de Légende, comme les appelaient plus commodément les chevaliers de l'Olympe, étaient en position au Tartare. Ils devaient attendre que Cronos tombe dans le piège qui avait été mis en place, piège qu'Athéna enrageait de ne pas connaître. Assis sur son trône dans sa posture préférée, le Seigneur des lieux jubilait : cela faisait bien longtemps qu'il n'y avait pas eu autant d'animation dans son royaume!

La seule chose qui inquiétait vraiment Athéna était de ne pas savoir exactement de combien de guerriers disposait Cronos. A vrai dire, elle ne savait pas non plus quelles étaient les forces dans son propre camp. Les chevaliers de l'Olympe lui avaient certifié que cela serait suffisant. Il fallait l'espérer. Viracocha avait fait remarquer, à juste titre, que leur armée était beaucoup plus motivée que ne pourrait l'être celle de Cronos… plus que ça, elle était en colère. Cronos avait osé enlever un enfant de cinq ans pour connaître leur force… il allait le regretter.



- Tes parents sont des chevaliers? demanda doucement Allan.
- P'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non! répondit Ermaion en regardant l'homme dans les yeux.

Allan se leva, énervé. De toute sa carrière de guerrier de Cronos, il n'avait jamais vu un esprit aussi impénétrable. Allan regarda le garçon puis se détendit. Ce n'était pas si grave après tout! Il alla frapper à la porte mais suspendit son mouvement.

- Ta mère te demande d'être fort, elle sera bientôt là, dit-il sans se retourner.

Allan frappa à la porte puis sortit sans un regard pour le garçon complètement déboussolé. Il était bizarre ce type. Il essayait de lui soutirer des informations depuis une heure et voilà qu'il lui donnait des nouvelles de sa mère! Il avait peut-être dit ça pour qu'il baisse sa garde. Ermaion s'allongea sur le lit. La suite lui dira peut-être si ce type était un allié ou pas.

Allan se dirigea vers l'homme voûté qui regardait les guerriers s'entraîner. Il se posta à côté de lui et observa un moment l'entraînement.

- Ça avance? demanda Philéas sans le regarder.
- Pas vraiment… Je n'arrive pas à entrer dans son esprit.
- Nous attaquons dans peu de temps! Nous avons besoin de ces informations.
- En es-tu si sûr?

Le visage masqué de Philéas se tourna vers Allan.

- Que veux-tu dire?
- J'ai l'impression que notre Maître n'a pas vraiment besoin de ces informations… Il se passe des choses étranges ici…
- Oui… je trouve aussi… - Philéas secoua la tête - Mais notre Maître doit savoir ce qu'il fait, reprit-il d'une voix dure.

Philéas s'éloigna d'un pas vif. Les lèvres d'Allan s'étirèrent en un léger sourire. Il écarta une mèche de cheveux d'un geste gracieux puis partit d'un pas léger. Tout près de là, Médéric regarda la scène en fronçant les sourcils.



Seiya et Shiryu venaient de s'entraîner ensemble. Ils étaient épuisés mais aussi assez satisfaits de leur entraînement. Ils discutaient gaiement en se dirigeant vers leurs chambres. En passant devant les quartiers des chevaliers de l'Olympe, ils ralentirent le pas.

- On les voit plus dans le Sanctuaire ni entraîner les chevaliers, dit alors Shiryu.
- C'est vrai… Ils passent leurs journées là-dedans… J'aimerais bien savoir ce qu'ils mijotent…
- Seiya, 'sais pas…

Mais le chevalier de Pégase se dirigeait déjà vers le bâtiment. Shiryu fut contraint de le suivre. Ils contournèrent le bâtiment pour que personne de l'extérieur ne les voit espionner puis discrètement, ils regardèrent par une fenêtre. Après plusieurs essais, ils trouvèrent la pièce où les chevaliers de l'Olympe étaient rassemblés. Ils étaient assis par terre en cercle et semblaient méditer. Leurs mains étaient tendues sur leur droite et leur gauche, parfaitement alignées vers celles de leur compagnon à côté d'eux. Des éclairs de lumière circulaient entre leurs mains. Fascinés, Seiya et Shiryu n'osaient plus respirer.

- Bouh! dit quelqu'un dans leur dos.

Seiya et Shiryu se retournèrent, affolés, puis se détendirent en reconnaissant Shun et Hyôga. Ils leur firent signe de s'approcher sans faire de bruit. Shun et Hyôga regardèrent par le fenêtre. Les chevaliers de l'Olympe n'avaient pas bougé d'un cil.

Après plus de cinq minutes, les chevaliers de l'Olympe ouvrirent en même temps les yeux et regardèrent au centre du cercle. Les éclairs entre leurs mains augmentèrent en intensité et au centre de leur cercle, un tourbillon se forma. Ils virent alors une image se dessiner. Ils virent cinq hommes qui parlaient entre eux. Ils portaient des armures totalement noires avec un pectoral rouge vif. Puis l'image se brouilla et le tourbillon disparut. Les chevaliers de l'Olympe baissèrent les mains en soupirant.

- C'est dommage qu'on n'ait pas le son! fit remarquer Dana en essuyant son front couvert de sueur. J'aurais bien aimé savoir ce qu'ils se disaient.
- Nous avons pu voir à quoi ils ressemblaient tout de même! répliqua Iphitos après avoir bu un verre d'eau.
- J'en connais un, dit brusquement Ganymède en se relevant.
- Et d'après ta tête, c'est pas une bonne surprise… Lequel?
- Le gros lourdo avec plein de cicatrices. Il s'appelle Tinidor.
- Comment l'as-tu connu?
- Durant la Grande Guerre…

Iphitos et les autres regardèrent Ganymède avec surprise.

- Tu es sûr? demanda Erginos.
- Oui.
- V'là autre chose! marmonna Iphitos. Qu'est-ce que tu peux nous dire sur lui?
- Je peux te dire une chose : dès que je l'aurais en face de moi, je lui arrache le cœur avec une petite cuillère.
- Modère tes ardeurs, je te pris. Bon, j'espère que vous avez bien mémorisé les visages des cinq Généraux de Cronos car, pour ma part, il est hors de question que je recommence un truc pareil. Maintenant j'ai une faim incroyable…

Les chevaliers d'Athéna étaient abasourdis.

- Je vous dérange?

Ils se retournèrent d'un bloc et virent Dana qui leur souriait. Shun jeta un coup d'œil dans la pièce, incrédule. Elle y était encore deux secondes auparavant. Les chevaliers de l'Olympe regardaient dans leur direction en souriant. Dana les invita à entrer.

- On nous espionne? dit Ganymède d'un air amusé à leur entrée. Je croyais que c'était la spécialité d'Elestre pourtant!
- On se demandait ce que vous faisiez! répondit Shiryu.
- On se renseigne.
- Bon! Assez bavarder! A table! s'écria Iphitos.

Ganymède sourit et rejoignit ses amis autour de la table où étaient disposés de nombreux plats. Les chevaliers de l'Olympe invitèrent leurs espions à se joindre à eux.



Astérion n'avait adressé la parole à personne depuis la disparition d'Ermaion. Il s'était complètement isolé et ruminait ses sombres pensés. Tout était de sa faute. Il n'aurait pas dû laisser Ermaion tout seul. A cause de lui, Cronos avait un certain pouvoir sur eux. Athéna ni aucun des chevaliers ne permettront jamais qu'il n'arrive quelque chose au garçon… Astérion regarda son bras droit qui se finissait en moignon. Il aurait mieux valut qu'il ne meurt ce jour là plutôt que de ne perdre que sa main…

- C'est là que tu te cachais!

Astérion regarda dans la direction de la voix. Saga lui sourit. Depuis que le chevalier d'or était revenu, il essayait de son mieux de se faire pardonner la perte de sa main, bien qu'Astérion lui ait assuré à plusieurs reprises qu'il ne lui en voulait pas.

- Marine et Shina étaient inquiètes, poursuivit Saga.
- Je vais bien…
- Tu n'en as pas l'air - Saga posa une main sur l'épaule d'Astérion - Ce n'est pas de ta faute.
- J'aurais dû savoir qu'il allait se passer quelque chose…
- Te morfondre n'y changera rien. On va tout faire pour retrouver Ermaion sain et sauf et on aura besoin de toi.

Astérion regarda Saga dans les yeux. Il n'était pas convaincu. Il était sûr qu'il aurait pu faire quelque chose pour empêcher son enlèvement. Mais le chevalier d'Or avait raison sur une chose, il devait tout faire pour sauver l'enfant…



Shunrei regardait Shiryu avec colère. Le chevalier évita de la regarder et se tourna vers Marine et Aiolia. Emy et Lidy pleuraient et ne voulaient pas lâcher leurs parents.

- Pourquoi devrais-je partir? demanda alors Shunrei.
- C'est trop dangereux pour toi de rester ici! répondit calmement Shiryu.
- Shunrei.
- Vieux Maître? - Dohko sourit à ce nom qu'elle ne semblait pas vouloir abandonner.
- Ces petites filles auront besoin de toi, dit alors Dohko. On ne sait pas ce qui peut arriver.

Shunrei baissa la tête. Elle retint ses larmes et rejoignit Miho et Seika qui portaient les filles d'Aiolia et de Marine. Le chevalier d'or du Lion enlaça sa femme en regardant le groupe s'éloigner. Quoiqu'il arrive, il reviendra avec Marine pour ses filles.



Cronos écouta les derniers rapports de ses généraux. Tout se passait comme prévu sauf pour le garçon. Il n'avait rien dit d'intéressant et cet incapable d'Allan n'avait pas réussi à en savoir plus. Cronos aurait voulu se débarrasser de ce gamin mais il pouvait encore leur être utile.

Et puis ça n'avait que peu d'importance. Le grand jour était enfin arrivé! Ils allaient attaquer le Sanctuaire…



Ils regardaient l'entrée du Sanctuaire avec impatience. Ils allaient enfin attaquer et tuer autant qu'ils voulaient et de la façon dont ils voulaient. Tinidor attendait l'ordre de Cronos. Il allait pouvoir venger son frère! L'ordre d'attaquer vient enfin. Les guerriers de Cronos s'élancèrent vers le Sanctuaire. Ils arrivèrent devant les maisons du zodiaque sans avoir rencontrer qui que ce soit. Ils regardèrent leur général. Celui-ci était furieux! Qu'est ce que ça voulait dire?

- Il n'y a personne, maître!
- Personne? Ces lâches se sont enfuis?

- Non pas du tout! répondit Ganymède, amusé. Vous êtes un peu en avance mais j'arrive! Ne vous inquiétez pas!
- Qui a parlé? demanda Cronos avec irritation. Tinidor! Tue-moi cet impertinent.
- Avec plaisir, maître.


Ganymède sorti de la maison du Bélier et descendit lentement les marches vers l'armée que dirigeait le général de Cronos. Il n'avait pas revêtu son armure malgré les protestations des chevaliers d'Athéna. Les chevaliers de l'Olympe ne portaient leur armure qu'en cas de nécessité extrême. Ganymède dévisagea le Général avec un regard glacial.

- Quel plaisir de te revoir Tinidor! Nous n'avons pas finit notre conversation de la dernière fois! J'avais pourtant beaucoup de chose à te dire! Mais tu cours vraiment vite quand tu as peur!

Tinidor avait pâlit. Il regarda l'homme descendre vers lui, incrédule. C'était impossible qu'il soit vivant! La guerre avait eu lieu il y a plus de cinq mille ans.

- Tu as l'air déboussolé! C'est pourtant simple, mon cher Tinidor! Je ne suis plus le chevalier de la Lumière! Je suis un chevalier divin de l'Olympe.
- C'est toi qui as tué mon frère? demanda le général de Cronos d'une voix blanche.
- Taniel était ton frère? Je me demandais aussi pourquoi il m'avait attaqué! "Exécution capitale"? Impressionnante attaque! Plus que ta minable attaque en tout cas!

Tinidor hurla en s'élançant sur Ganymède. Ses hommes le regardèrent complètement déboussolés. Ce n'était pas ce qui était prévu normalement!

- Il a l'air très énervé! s'exclama Seiya accroupi dans un bâtiment près des maisons du zodiaque.
- Il y a de quoi! répondit calmement Erginos à côté de lui. Ces cicatrices, c'est Gany qui les lui a faites!
- Ça a bien marché en tout cas! On s'occupe des autres avant qu'ils comprennent ce qui se passe?
- L'intelligence n'est pas la qualité première des soldats de Cronos! Mais allons-y.

Quand les chevaliers d'Athéna arrivèrent devant eux, les guerriers de Cronos ne réfléchirent pas plus longtemps. Même si leur général ne leur avait donné aucun ordre, ils avaient soif de sang et ils attaquèrent sans plus attendre. Ils se jetèrent sur les chevaliers d'Athéna en hurlant.

Tinidor avait tout oublié. Il ne voyait que Ganymède. Il allait lui montrer qu'il n'était pas un faible. Lors de la Grande Guerre, il avait massacré à lui tout seul deux des chevaliers de Zeus. Les chevaliers de la Foudre et du Tonnerre avaient été longs à mourir et il avait prit plaisir à les torturer. Ce petit chevalier de la Lumière s'était montré incroyablement fort. Il lui avait projeté des illusions terrifiantes et il s'était enfui.

- Cette fois-ci, tu ne pourras pas utiliser mes peurs contre moi! s'écria Tinidor avec fureur. Je n'ai plus peur de rien! - Il s'élança de nouveau sur son adversaire.
- Tu en es sûr? demanda Ganymède en parant le coup de Tinidor. Nous allons voir ça!

Ganymède s'éloigna de quelques pas. Tinidor reprit son souffle puis se mis en position. Il était livide mais il avait confiance en ses capacités. Il n'était plus le jeune guerrier qui avait affronté un puissant chevalier du Temps. Qu'il utilise son attaque et il aurait une surprise.

- Je te rassure! Je ne vais pas te lancer mon "Illusion de lumière". Elle fait un peu vieillot et j'ai un ami qui fait des merveilles question illusion! Laisse moi te présenter Ikki, le chevalier divin du Phénix!

Un homme sorti du temple du Bélier. Il regarda Tinidor avec des yeux froids. Mais le général de Cronos ne recula pas d'un pas. Il n'avait peur de rien et il les tuerait tous les deux en même temps.

- Par l'illusion du Phénix!

Tinidor ne bougeait plus. Son visage reflétait une indicible terreur. Ganymède s'approcha et poussa du doigt le corps du général de Cronos. Tinidor s'écroula. Il était mort.

- Quel crétin celui-là, dit Ganymède d'un ton acide. Je me demande pourquoi Cronos l'a nommé général! Il disait à tout va qu'il avait tué les chevaliers de la Foudre et du Tonnerre sans difficulté. Il s'est en fait contenté de les torturer alors qu'ils étaient déjà à moitié morts…

Ganymède donna un coup de pied dans le cadavre d'un air dégoûté. Ikki ne dit rien. Il regarda avec indifférence le corps à ses pieds. Il avait vu ce qu'il s'était passé lors de la Grande Guerre dans l'esprit du Général de Cronos et tout ce que disait le chevalier de l'Olympe était exact. Mais ce n'était pas ce que Tinidor avait dit à Cronos. De plus, la plus grande peur de Tinidor était Ganymède…

Jin abattit le guerrier de Cronos avec lequel il se battait. Les guerriers de Cronos étaient vraiment assoiffé de sang. Ils ne leur laissaient aucun espace pour qu'ils lancent une de leurs attaques et ils les frappaient comme des dératés avec leur armes. Le seul moyen de les arrêter était de les tuer. Les chevaliers de l'Olympe les avaient prévenu mais Jin ne pensait pas qu'ils soient aussi cinglés!

Il avait été décidé que seules les hommes d'Athéna et Poséidon se battraient. Ils ne voulaient pas donner des indications sur les vraies forces dont ils disposaient tant qu'ils ne savaient pas où se déroulerait la confrontation finale.

Un grand éclair traversa le ciel et une silhouette apparut. Les guerriers arrêtèrent de se battre et se replièrent derrière l'homme qui venait d'apparaître. Il regarda le corps de Tinidor sans manifester aucune émotion puis s'adressa aux chevaliers d'Athéna.

- J'espère que vous vous êtes bien amusés! La suite risque d'être plus difficile, dit-il.
- Qui es-tu? demanda Seiya avec agressivité.
- Je suis un Général de Cronos. Je me nomme Anaon. Je viens transmettre le message que le Général Tinidor me semble incapable de délivrer. Nous vous attendons sur l'île errante.
- Je vois pas pourquoi on irait dans le lieu de votre choix! - Anaon eut un sourire cruel.
- Vous viendrez! À cause d'un petit garçon de cinq ans…

Seiya se jeta sur le général mais les guerriers restant s'interposèrent. Les autres chevaliers d'Athéna allèrent aider le chevalier de Pégase.

- Nous nous retrouverons sur l'île! dit Anaon en se retournant.

Le général et les guerriers avaient disparus. Jin tomba à genoux. Cette fois, il était blessé. Seiya aida son frère à se relever.

- Je suis désolé… commença-t-il.
- De quoi? répliqua Jin en se tenant le côté droit. Tu as réagit comme il fallait! Maintenant, il faut chercher où se trouve cette "île errante".

Seiya hocha la tête. Mais lui, il n'en avait aucune idée. S'il n'avait pas été aussi impulsif, peut être que cet Anaon le leur aurait dit…

Erginos regarda les corps des Guerriers de Cronos avec satisfaction. Voilà un premier coup dur pour Cronos et il espérait qu'il y en aurait beaucoup d'autres. Dix guerriers morts dont un général et aucun dans leur camps. Il rencontra le regard d'Iphitos et ils échangèrent un sourire.



Anaon se présenta devant Cronos. Les nouvelles n'étaient pas bonnes et le dieu était énervé. Il avait envoyé Anaon pour faire le travail de cet imbécile de Tinidor et ramener les quelques guerriers qu'il restait avant que ces crétins ne se fassent tous tuer. Comment pouvaient-ils savoir qu'ils allaient attaquer? Et comment un seul chevalier d'Athéna avait-il pu tuer l'un de ses généraux aussi facilement? Les Généraux restaient muets. Ça n'était pas étonnant pour eux. Tinidor était cruel mais loin d'être fort!

Quand il se fut calmé, Cronos réfléchit un instant. Même s'ils étaient puissants, les chevaliers d'Athéna seront vite dépassés par le nombre. Il allait les faire mariner un ou deux jours avant de les inviter sur le lieu de leur mort…



Erginos et Iphitos étaient penchés sur une carte du monde et parlaient à voix basse. Shiryu et Hyôga s'avancèrent pour voir ce qu'ils faisaient.

- C'est quoi cette histoire d'île? chuchota Iphitos.
- Comment veux-tu que je le sache!
- Nous avons déjà dû diviser nos forces en deux, je voudrais pas les diviser encore…
- Je crois pas qu'on va avoir beaucoup le choix!
- Mmm… Non, on va faire comme prévu. On change juste le lieu. On ira sur l'île errante.
- T'es sûr? Je croyais que notre objectif était…
- Je sais! C'est quoi cette latitude? demanda Iphy en désignant une ligne.
- T'es vraiment nul en navigation mon pauvre vieux, répondit Erginos. Ça c'est une longitude!
- T'es sûr? J'aurais pourtant juré…
- Laisse tomber! Ça fait plus de trois mille ans que j'essais de t'expliquer comment marche un bateau et tu confonds toujours la poupe et la proue!
- C'est pas la même chose? - Erginos enroula la carte en secouant la tête d'un air las.
- De toute façon, on doit attendre qu'ils nous donnent les coordonnées.
- Alors pourquoi tu me prends la tête avec tes histoires de "poute" et… l'autre?
- C'est "poupe" et "proue"… Mais pourquoi est-ce que je continus de lui parler, moi?!

Shiryu et Hyôga firent semblant de parler entre eux à voix basse. Une fois les deux chevaliers partis, ils échangèrent un regard. Voilà qui était bizarre… Eux qui étaient si attentifs à ce qu'il se passait autour d'eux, ils n'avaient pas remarqué leur présence! Mais qu'est-ce qu'il se passait?



Anaon se présenta seul au Sanctuaire. Il avança jusqu'aux marches de la maison du Bélier et attendit. Mû descendit lentement et s'arrêta à quelques pas du général de Cronos. Anaon regarda avec curiosité l'armure du chevalier d'or. Elle ne ressemblait pas à celle que portait l'homme qui l'avait attaqué. Il tendit lentement la main tenant un billet. Mû prit le papier sans quitter Anaon des yeux puis il lui tourna le dos et remonta les marches vers sa maison aussi lentement qu'il les avait descendues. Les chevaliers d'Athéna n'avaient vraiment peur de rien ou étaient-ils inconscients? Anaon aurait pu l'attaquer sans problème… Puis il réalisa que tout autour de lui, d'autres chevaliers le surveillaient. Il sourit puis sortit du Sanctuaire. Sur le qui-vive depuis qu'Anaon était arrivé, les chevaliers se détendirent enfin.

Une fois hors de vue, Mû s'était mit à courir vers la salle du Grand Pope. Les autres chevaliers d'or étaient partis de leur maison dès que le général avait quitté le Sanctuaire. Ils se retrouvèrent tous devant Athéna. Mû se présenta prestement à sa déesse et lui tandis le billet. Athéna regarda ce qui était écrit puis le tendit à Julian. Celui-ci jeta un coup d'œil puis regarda la carte que tenait Sorrento. Il hocha la tête. Ce n'était pas très loin.

- Bien! dit alors Athéna en se levant. Nous partons dans une heure.

Les chevaliers d'or sortirent de la salle rapidement. Ils savaient exactement ce qu'ils avaient à faire. Ils avertirent les autres chevaliers. Dans une heure, la guerre allait commencer…



Athéna marchait de long en large. Cela faisait vingt minutes qu'ils auraient dû être partis mais les chevaliers de l'Olympe n'étaient pas encore là. Qu'est ce qu'ils leur arrivaient? Ils étaient bizarres depuis quelques temps… Une porte de lumière s'ouvrit enfin et les cinq chevaliers divins de l'Olympe arrivèrent. Ils portaient tous une courte tunique blanche à la mode de la Grèce Antique. Ils avaient un étrange bracelet au poignet droit. Athéna regarda intensément le bijou.

- C'est bizarre, murmura Julian à côté d'elle, ce bracelet me dit quelque chose mais je suis incapable de me souvenir quoi…

Athéna hocha la tête. Elle ressentait la même chose mais elle n'avait pas le temps d'y réfléchir. Il fallait partir affronter Cronos. Le signal fut donné à tous les groupes. Dans un premier temps, seuls les chevaliers d'Athéna, , les Marinas de Poséidon, les Blue Warriors et les Asgards partiraient pour l'île. Les autres les rejoindraient dès qu'ils recevront le signal. Shun regardait les chevaliers de l'Olympe avec curiosité.

- Vous ne portez pas vos armures? demanda-t-il.
- T'as un sens de l'observation qui m'étonnera toujours, répondit Iphitos en souriant.



Ils regardèrent autour d'eux. Ils se trouvaient sur une plage de galets et devant eux s'étendait à perte de vu une forêt. Niven trébucha et Thomas le rattrapa de justesse. Même en devenant chevalier, Niven n'avait rien perdu de sa maladresse!

- Je crois que nous n'avons pas trop le choix, fit remarquer Athéna qui avait revêtu son armure. Nous devons entrer dans cette forêt.
- Il serait plus prudent de faire un tour de l'île, intervient Poséidon, lui aussi revêtue de son armure. Elestre! Peux-tu partir en reconnaissance? - Canon lança un regard furieux à Poséidon que le dieu ignora superbement.
- Quel genre de tour? Complet dans les moindres détails ou un rapide?
- Combien de temps pour un tour complet?
- Ça dépend de la taille de l'île!
- Je te laisse 10 minutes, ça ira?
- Ok, j'y vais!

La jeune femme disparue.

- Rien ne change, soupira Iphitos.
- Pourquoi dis-tu ça? demanda Aiolia.
- Et bien, lors de la Grande Guerre, les Messagers d'Hermès partaient toujours en reconnaissance comme ça. C'est d'ailleurs pour ça que Cronos les a fait tuer en priorité! Je crois qu'il était irrité par leur efficacité!



- Comment ont-ils fait ça? demanda Cronos avec emportement. Il est impossible qu'ils aient un Messager dans leur rang! Ils sont tous mort!

Il se leva et arpenta la pièce. Il attendait toujours sa réponse mais les généraux n'en avait aucune. Il leur lança un regard furieux. Puis réussit à se calmer.

- Poursuivez comme prévus. Et si, par hasard, quelqu'un a l'occasion de la tuer, faites-le!

Cronos se rassit dans son trône et les congédia d'un geste. Comme à son habitude, Anaon fut le dernier à sortir. Les autres généraux partirent donner leurs ordres. Anaon attendait toujours devant les portes, l'air de plus en plus furieux. Geamhradh et Samhradh arrivèrent enfin à pas mesurés.

- Où étiez vous? demanda le général avec agressivité.
- Nous sommes partis observer les chevaliers d'Athéna, Seigneur, répondit Geamhradh calmement - Anaon fronça les sourcils.
- Peu importe. J'espère pour vous que tout est en place!
- Oui, Seigneur. Tout se passera comme nous l'avons prévu.

Les deux hommes s'inclinèrent devant le général puis repartirent sans se presser. Anaon hocha la tête.

- Tes hommes ont l'air d'avoir pris une décision, fit remarquer Philéas en sortant de l'ombre d'une colonne.
- Peut-être…
- Ils ne sont pas dignes de confiance, tu l'as dit toi-même. Alors pourquoi ne pas les tuer?
- Notre Maître a d'autres projets pour eux.
- Lesquels?
- Je ne sais pas, répliqua Anaon d'un ton cassant. Te mettrais-tu à douter de notre Maître?
- Pas du tout!

Philéas se retourna d'un mouvement brusque et parti martelant le sol avec fureur à chaque pas.



- Pourquoi n'attaquent-ils pas? demanda nerveusement Hyôga.
- Ils doivent attendre qu'on entre dans la forêt, répondit Aiolia. C'est le lieu idéal pour faire une embuscade.

Les chevaliers d'Athéna étaient tendus. Les dix minutes étaient bientôt passées et Dana n'était toujours pas revenue. Elle apparue brusquement devant Iphitos qui recula d'un bond. Il porta machinalement la main à son cœur puis haussa les épaules.

- J'ai fait un tour assez complet. La forêt entoure toute l'île ensuite on a un grand terrain découvert puis un temple au centre. J'ai vu du mouvement dans la forêt et dans le temple mais j'ai cru plus prudent de ne pas aller trop près.
- Tu as pu estimer les forces? demanda Poséidon.
- Ceux qui sont dans la forêt sont un peu près 2 000. Les autres, je sais pas.
- Bien, dit Athéna. Nous allons nous frayer un passage ici. Une fois en terrain découvert, on appellera les renforts. J'espère que votre plan pour le Tartare est au point car c'est là que nous en aurons besoin - Les chevaliers de l'Olympe hochèrent la tête - Andvari!
- Ouaip, ma belle?
- Dans combien de temps les tiens pourront être là?
- Une d'zaine d'minutes… p't-être mouins.
- Très bien. Dès qu'ils nous attaquent, tu les appelles. Les chevaliers d'or devant et les chevaliers divins en arrière garde… tous les chevaliers divins aussi bien les miens que ceux de l'Olympe. Michael, Diego, Lofti et Merek, tenez-vous prêt à appeler vos renforts si ça dégénère! Allons-y!



Seiya s'engagea dans la forêt, tous les sens en alerte. Ils ne furent pas surpris outre mesure quand les guerriers de Cronos les attaquèrent. Vêtus de leur armure noire, les guerriers se jetèrent sur eux en hurlant. Ils étaient très nombreux et le chevaliers avaient beaucoup de mal à les contenir.

Seiya se battait contre deux guerriers. Leur force était impressionnante. Il avait peu de place pour bouger et lancer ses attaques sans blesser ses compagnons. Un troisième guerrier surgit dans son dos. Le chevalier de Pégase ne pouvait rien faire. Il espéra que son armure le protègerait efficacement. Mais le guerrier tomba. Rapide comme l'éclair, Iphitos abattit un autre adversaire de Seiya avec son épée.

- Cherche les guerriers aux pectoraux rouges, cria le chevalier de l'Olympe en attaquant le troisième adversaire de Seiya. Ce sont eux les plus forts, les autres ne nous poseront pas trop de problèmes.

Seiya hocha la tête. Il se demanda furtivement d'où venait l'épée d'Iphitos puis courut pour s'éloigner un peu du tumulte. Il prit de la hauteur en montant dans un arbre et parcourut du regard leurs adversaires. Il trouva enfin un pectoral rouge. Le lieutenant se battait avec un chevalier de bronze qui était complètement dépassé. Seiya se précipita à la rescousse du chevalier de la Carène.

Le lieutenant fit un pas en arrière. Il regarda le chevalier à l'armure dorée se mettre devant le gamin qu'il était sur le point de tuer. Il vit les yeux du chevalier de Bronze étincelés de reconnaissance et de respect. Le nouveau venu regarda brièvement le chevalier de Bronze. Celui-ci hocha la tête puis se précipita vers les guerriers de Cronos, le cœur remplit d'un courage qui lui faisait défaut une minute auparavant.

- Je suis Seiya, chevalier de Bron… chevalier divin de Pégase.
- Je me nomme Kliryx, lieutenant de Cronos sous les ordres du Général Anaon.



Shiryu se battait à côté de Shura et d'Erginos. Ils dégageaient le chemin pour permettre à Aldébaran d'atteindre un lieutenant au pectoral rouge. Shiryu entendit brièvement les paroles qu'échangèrent les deux adversaires.

- Je suis Ilaros, lieutenant de Cronos sous les ordres du Général Allan.
- Aldébaran, chevalier d'or du Taureau.

Shiryu ne put pas voir le début du combat. Erginos venait de trébucher et son adversaire se précipita sur lui la hache en avant. Le chevalier du Dragon essaya de se dégager pour protéger Erginos avec son bouclier mais il était déjà trop tard. Erginos mit instinctivement son bras droit sans protection devant lui et la hache s'abattit dessus. La hache fut arrêtée par le bras. Shiryu eut l'impression de voir un éclair doré quand la lame avait touché le bras. Erginos ouvrit la main et le bracelet qu'il portait se mit à luire et à se dilater. Le bracelet passa en un instant au-dessus de la main du chevalier de l'Olympe et forma une épée étincelante. Erginos attrapa le manche de l'épée et l'abattis sur son adversaire. Tout cela n'avait duré qu'une seconde.



Atria avait un moment hésité devant le guerrier de Cronos. Dylan s'était alors placé à ses côtés, rassurant et elle avait déployé sont cosmos. En cinq ans, Dylan et Atria étaient devenus très proche bien qu'il n'y ait toujours rien d'officiel entre eux. La présence du chevalier de la Croix du Sud à ses côtés la réconforta et elle attaqua le guerrier devant elle.



June était fatiguée. Les guerriers de Cronos étaient incroyablement forts et elle n'arrivait pas à se débarrasser de son adversaire. Elle s'élança de nouveau sur le guerrier. Celui-ci la frappa du pied et June fut projetée en l'air. Elle lança immédiatement son fouet vers le guerrier et réussit à le désarmer. Reprenant rapidement son équilibre, elle repartit à l'attaque. Shun devait se battre aussi et il était hors de question qu'elle lui fasse honte. Elle abattit enfin son adversaire. Mais un autre guerrier arriva derrière elle et la frappa. June n'arriva pas à se relever avant que son nouvel assaillant soit tout près d'elle. Elle pouvait voir luire son pectoral rouge.

- Par les ailes du Phénix!

Le lieutenant s'écroula en avant. June s'écarta prestement. Ikki lui fit signe de s'éloigner. Le lieutenant eut du mal à se remettre sur pied. Il regarda le chevalier divin, furieux.

- Tu vas regretter de ne pas m'avoir tué quand tu en avais l'occasion, dit le lieutenant.
- Ah oui? répliqua Ikki avec un sourire ironique.
- Je suis Zino, lieutenant de Cronos sous les ordres du Général Tinidor…
- Tinidor? N'est ce pas l'homme qui est venu au Sanctuaire.
- Mon Général a été tué lâchement.
- Il est surtout mort de peur! Une illusion a suffit!
- C'est toi qui l'as tué?
- Oui. Je suis Ikki, chevalier divin du Phénix.



Athéna faisait face à présent à un lieutenant de Cronos. Celui-ci avait déjà tué deux Marinas et un Blue Warrior et tenait encore sa dernière victime par le bras. Saori était furieuse. Elle l'avait vu torturer ces pauvres chevaliers avec un plaisir manifeste. Le lieutenant regarda la déesse avec intérêt puis il lâcha le chevalier mort d'un geste négligeant et s'avança vers Athéna en souriant. Saori se prépara mais une personne se plaça devant elle.

- Je m'en occupe, Athéna, dit Canon sans la regarder puis s'adressant au lieutenant, je suis Canon, chevalier du Bouvier.
- J'en suis ravi! Mon nom est Citel. Je suis sous les ordres du Général Anaon.



Aioros venait d'abattre un guerrier de Cronos. Mais un nouvel adversaire se présenta déjà devant lui. Il vit du coin de l'œil, Ethan s'élancer sur un guerrier au pectoral rouge. Le lieutenant sourit, amusé par la témérité du jeune homme. Il évita le poing du chevalier en se demanda comment il allait le tuer. Il ne vit pas le pied arriver et fut projeté contre un arbre. Il se releva et essaya le sang qui coulait à la commissure de ses lèvres. Il ne souriait plus.

- Tu vas le regretter, dit-il d'une voix rauque.

Ethan ne répondit pas. Il ne parlait jamais quand il se battait. Il recommença à attaquer. Le lieutenant sorti une épée à la lame recourbée et para l'attaque du chevalier. Blessé au bras, Ethan recula pour évaluer les dégâts. Une fois rassuré, il se relança à l'attaque. Après plusieurs minutes d'un combat acharné, les deux adversaires s'arrêtèrent, le souffle court mais ils ne se quittèrent pas du regard.

- Quel est ton nom? demanda le lieutenant.
- Ethan, chevalier d'Argent de l'Ecu. Et toi?
- Je me nomme Orac, lieutenant sous les ordres du Général Philéas - Le lieutenant eut un sourire cruel - Adieu Ethan, chevalier d'Argent de l'Ecu…

Ethan s'écroula en se tordant de douleur. Le lieutenant, toujours souriant s'approcha du chevalier et s'accroupit près de lui.

- Lame empoisonnée, dit-il en montrant son épée - Il leva son arme et l'enfonça dans le ventre d'Ethan - J'espère que tu souffres - Il enfonça son épée un peu plus et se mit à tourner - Il te reste peu de temps à vivre alors tu m'excuseras de m'amuser un peu.

Ethan ne pouvait plus bouger. Il serra les dents pour ne pas hurler de douleur. Il ne voulait pas donner cette satisfaction au lieutenant. Orac sortit son épée du ventre d'Ethan et la leva de nouveau. Son bras fut alors transpercé par une flèche d'or. Le lieutenant s'écroula en lâchant son épée. Aioros accourut près du chevalier de l'Ecu et le prit dans ses bras.

- Je suis désolé, maître, murmura Ethan. J'aurais tellement voulut que tu sois fier de moi…
- Je suis très fier de toi, chevalier.

Ethan sourit puis sa tête retomba sur sa poitrine. Aioros déposa le corps de son disciple sur le sol et se redressa, faisant face au lieutenant de Cronos. Il tendit la main et sa flèche sortie du bras d'Orac pour revenir au chevalier d'Or.

- Prépare-toi à mourir, dit Aioros d'une voix étrangement calme. Je suis Aioros, chevalier d'Or du Sagittaire…

Orac ne souriait plus. Il se tenait le bras dégoulinant de sang. Le calme de son nouvel adversaire l'inquiéta. Puis il se ressaisit. Il était lieutenant de Cronos et il était immortel!

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