Chapitre 17 : Shura face à Excalibur


Shura

Les combats se poursuivaient sans relâche, la tension montant de plus en plus mais je parvenais à garder une dureté que d'autres auraient qualifier d'insensible, mais que je jugeais, à juste titre, nécessaire. Je ne faisais après tout que suivre ce que me dictait mon caractère, et de plus, les émotions étaient les malvenues alors qu'une guerre touchait à sa fin.
Partout sur l'île d'Azura, je sentais des cosmos vaciller, d'autres s'intensifier et je devinais que tous, d'une manière où d'une autre, nous luttions aussi bien contre notre ennemi commun que contre la mort elle-même, qui hantait très visiblement ce lieu déchu où je courrais.
Le temple de l'empereur était maintenant à l'horizon et je n'avais de cesse d'accélérer ma course pour arriver là-bas le plus tôt possible. Athéna avait besoin de moi, je le sentais et me devais de répondre à cet appel... mais avant il fallait que je règle une formalité que je ne pouvais prendre à la légère : vaincre l'un des quatre plus puissant combattants d'Arès, un empereur.
J'étais maintenant le seul homme valide s'étant engagé dans ce domaine marécageux. La traversée des marais avait arrêté tous mes compagnons, me permettant ainsi d'aller jusqu'au bout de cette aventure dans laquelle je jetais toutes mes forces et mon indestructible volonté.
Mu s'était opposé à Argus, avant de sauver la vie d'Aphrodite en le réanimant suite à son combat face à Leech, Camus avait du faire face au redoutable Iphiclès, jouant ainsi sa vie, puis Ikki s'était retrouvé face à un soldat avant de tomber d'une façon si étrange et improbable que je soupçonnais l'empereur d'être sous cette troublante action. Et si quelqu'un était capable de terrasser à distance et sans même se montrer le chevalier du Phœnix, cela signifiait probablement que j'avais à faire à l'un des êtres les plus puissants du monde.
Je n'en étais pas effrayé pour autant, il fallait le préciser. J'avais Excalibur, et depuis que Dohko avait distribué les armes de la Balance, j'étais en possession d'un bouclier, ce qui rendait mon offensive et ma défensive quasi parfaite... cependant, je devinais qu'avec un Berserker tout pouvait arriver, y compris l'improbable.
Je gravissais avec rapidité les immenses marches d'airain du temple qui se dressait royalement devant moi. Tout était majestueux dans cet édifice, les magnifiques portes encadrées de gracieuses nymphes, la beauté du marbre poli... tout dégageait le luxe et plus encore le bon goût. J'avais même du mal à croire qu'un empereur sanguinaire d'Arès ait pu choisir pareil décor pour combattre et mettre à mort ses ennemis. Enfin... au moins rendrait-il l'âme dans un lieu qu'il avait lui-même choisi.
Je poussais les portes, que je m'étonnais de trouver si légères, et commençais à m'avancer dans la lumineuse salle qui faisait office d'entrée. Les couleurs n'étaient pas vives et agressives, mais s'étendaient dans la palette des pastels les plus doux, si bien que ma surprise ne faisait que s'accroître au fur et à mesure que je passais entre les élégantes colonnes disposées pour soutenir la voûte du temple. Ce style doux et discret m'étonnait au possible... chez qui venais-je de tomber?
Je passais dans ce que je supposais être la salle principale du temple. D'immenses nymphes soutenaient la toiture avec grâce tandis que pour atteindre le centre de la pièce, il fallait descendre des escaliers pour se retrouver dans un immenses bassin d'eau. Je m'accroupis au bord pour tenter d'en voir la profondeur et jugeais qu'elle devait m'arriver à peine à mi-mollet. L'eau était si claire et pure que mon reflet était renvoyé comme par une glace. Je m'étonnais de trouver tant de charmes à cet endroit... situé, après tout, au bout d'un domaine uniquement échelonné de marécages.
Je passais ma main dans ce liquide si rafraîchissant et la portais ensuite à mon visage. J'avais soudainement l'impression d'être purifié tandis que les marques de boue sur mes traits s'effaçaient et que ma peau diaphane réapparaissait enfin après des heures et des heures baigné et environné de saleté.
Je me relevais ensuite, me demandant ce que l'empereur attendait pour se présenter à moi... il aimait probablement se faire attendre, ce qui ne m'étonnait pas des Berserkers, seulement, à son inverse, les minutes m'étaient comptées, et plus encore qu'il ne pouvait se l'imaginer. Je fis un tour sur moi-même, pour scruter les environs baigner d'une douce clarté provoquée par la pâleur délicate des murs.
-Il y quelqu'un?
Un... Un... Un...
L'écho, ici, était notable et ne faisait qu'amplifier le silence de cette pièce. Personne n'avait l'air désireux de se montrer et ma patience touchait déjà à ses limites, très restreintes, je devais le préciser.
-Je n'ai pas tout mon temps et je demande à combattre.
Battre... Battre... Battre...
Ma voix me répondit une nouvelle fois alors que je secouais la tête. Très bien, puisqu'il n'y avait personne, j'allais traverser le temple... je n'allais pas non plus m'asseoir et attendre tranquillement d'être tué par derrière d'un coup lâche, un coup de guerrier d'Arès en somme.
Je m'apprêtais à contourner l'immenses bassin quand j'entendis soudainement des bruits de pas... il approchait. Je sentais mon souffle devenir plus court et mon cœur tambouriner contre ma poitrine. D'ici quelques minutes, j'allais me retrouver en plein cœur d'un affrontement que j'allais gagner, cela était pour moi l'évidence même. J'étais le plus fidèle et le plus dévoué à Athéna, c'est pourquoi il n'était pas question que je perde cet affrontement que je guiderai avec poigne.
Les portes du fond de la salle s'ouvrirent alors que j'ouvrais plus grand les yeux pour être certain de ne rien manquer de la personne qui arrivait et...
Je faillis tomber à la renverse mais me rattrapais à mon self-control tandis que ma respiration s'arrêtait et que les mots me manquaient. Je n'arrivais pas à y croire... la personne qui se tenait devant moi... c'était... c'était l'empereur oui... mais...
C'était moi!
Je restais sans bouger, alors que j'avais la nette impression que ma mâchoire inférieure était en train de se décrocher. J'étais en face de moi... mon ennemi n'était autre qu'un homme qui me ressemblait de façon si invraisemblable que c'en était impossible et surtout incompréhensible. Je n'étais pourtant pas personne à me laisser submerger par la surprise et tentais de rationaliser l'évènement qui se déroulait sous mes yeux... à la rigueur, encore aurais-je pu croire à un sosie si seulement mon opposant n'avait pas porté mon armure d'Or du Capricorne.
-C'est incroyable... dis-je d'une voix ferme et assurée alors que j'essayais d'endiguer mes émotions afin de demander une explication plausible.
Aucune réponse du côté de mon ennemi que je regardais avec attention. Ce demi-sourire que j'avais sur les lèvres étaient bien celui qui passait de temps à autres sur mon visage alors que je combattais et que je comprenais que tout était perdu pour celui qui m'affrontait. C'était moi... sincèrement, je devais admettre que j'avais la nette impression de me refléter dans une glace.
-Comment t'appelles tu?
-Shura du Capricorne.
-Non... je suis Shura du Capricorne, répliquai-je, éberlué par l'incongru de la situation. Pourquoi as-tu emprunté mon apparence?
-Emprunté? Mais il s'agit bel et bien de ma forme habituelle... je pourrais très bien te retourner la question.
-Il est inutile, dis-je, de tenter de me faire tourner au ridicule, je sais fort bien que tout ceci n'est qu'une illusion... où bien, si tu es vraiment ce que tu prétends, voyons si tu peux arrêter cela...
J'envoyais une décharge d'énergie incommensurable vers mon opposant en ouvrant la paume de ma main pour libérer ma force à grande vitesse. Je venais d'engager directement la bataille car je n'étais pas de ceux dont la patience est le fort... de plus, en utilisant mon apparence, l'empereur ne faisait qu'échauffer mon esprit et donc affermir ma puissance.
Et... le berserker ouvrit, tout comme moi, la paume de sa main d'où semblait sortir le même cosmos que moi, et, au moment même où mon attaque aurait du le frapper de plein fouet, mon énergie parut se détourner et revenir dans l'autre sens... c'est dire vers moi.
Je bondis en l'air, esquivant le coup à la dernière seconde, et incroyablement choqué par ce à quoi je venais d'assister. C'était bien un effet de miroir en bonne et du forme! Enfin, ce n'était pas un vulgaire bouclier de protection qui allait m'effrayer et je devais immédiatement repartir à l'assaut. Cependant, j'aurais voulu me battre contre quelqu'un qui possédait un véritable visage.
-Dévoile toi! ordonnais-je alors que je retombais sur mes pieds avec fermeté et que je regardais mon image dans les yeux.
-Toi... toi... toi...
-Moi? Je suis Shura, et tu ne me feras pas perdre la tête, répliquai-je avec mon habituel calme. Ne prétends pas être ce que tu n'es pas. Je croyais que tous les chevaliers d'Arès étaient épris de gloire et de reconnaissance, alors pourquoi tiens-tu tant à te cacher? Car pour ma part, j'aimerais voir le visage de la personne qui va périr sous mes coups.
Mon reflet hocha la tête avec un mépris ironique qui ressemblait parfaitement à l'une de mes attitudes.
-Mais, Shura, tu es en train de voir la personne qui va mourir.
Sa réplique tomba comme un couperet entre nous mais je ne comptais pas lui laisser supposer que j'admirais sons sens de la répartie, bien au contraire. J'avais toujours eu horreur de la vanité depuis mon plus jeune âge et je comptais bien ravaler cet homme au rang de vulgaire assassin, de simple berserker en somme.
-Arrête de jouer à cela avec moi, et décide toi à tomber le masque... où je t'aiderai à le faire d'une manière que tu n'apprécieras pas!
-Pas... Pas... Pas...
Était-ce dit avec ironie? En tous les cas, je commençai à sentir mon sang de Capricorne s'échauffer dans mes veines et ma dureté refaisait rapidement surface.
Je levais soudainement le bras, en cette position que mes adversaires voyaient toujours durant la dernière minute de leur existence, tandis que je concentrais les forces de mon cosmos. Je sentais une puissance que seul un chevalier d'Or pouvait dégager s'étendre dans tout mon corps avant de se concentrer dans mon bras.
Qui que ce fut-ce, j'allais casser cet effet de miroir du tranchant de ma lame inbrisable.
-Excalibur! criai-je alors que le coup partait avec une force d'impact inimitable.
Mon ennemi leva le bras de la même façon, l'abaissant au moment précis où mon attaque aurait du le toucher, me la renvoyant de plein fouet. Un sentiment indescriptible m'envahit à cet instant et je fus projeté en arrière, sur des mètres et des mètres au travers de cet immense salle, mon enveloppe charnelle raclant le sol avec violence et laissant sur les dalles de marbre veiné une traînée de sang.
Je n'arrivais pas à y croire... personne, personne n'était capable de faire cela, de contrôler Excalibur de cette façon, à part moi. Mais qui était donc ce mystérieux empereur qui se jouait de mes nerfs et abusait de ma patience, extrêmement limitée.
Je sentais tout mon corps parcourut d'un frémissement de douleur tandis que j'essayais de reprendre pieds dans la réalité. Si je n'avais pas aussi bien connu le tranchant de ma redoutable lame, j'aurais probablement été coupé en deux.
Je tentais de retrouver une respiration plus calme alors que le coup me faisait chanceler. Et dire que j'étais si puissant... je m'impressionnais presque tout seul. Je devinais donc sans peine qu'il suffisait que je touche une à deux fois le Berserker pour qu'il disparaisse dans les limbes de l'autre monde.
Je posais les paumes de mes mains ensanglantées, car je les avais mises devant moi pour arrêter Excalibur, au sol et m'appuyais dessus pour me relever tant bien que mal.
-N'aimes-tu donc pas le pouvoir d'Excalibur? me demanda mon reflet.
-Je suis décidément très fort, répliquai-je simplement en serrant les dents alors que j'avais envie de faire ravaler à mon opposant son ton orgueilleux et supérieur que je ne pouvais souffrir.
Cependant, je ne pouvais nier que j'étais parfois trop fière et que l'imitation était très, voire même trop à mon goût, réussie. Je devinais que sous mon apparence empruntée, se dissimulait quelqu'un au caractère totalement différent qui savait simplement comment déstabiliser son ennemi. J'avais donc affaire à une personne dont l'esprit tactique était au moins égale à sa force physique.
Le combat avait démarré très rapidement, je le réalisais maintenant. A peine m'étais-je présenté, que j'avais directement entamé l'affrontement sans la moindre once d'hésitation où de peur... mais à présent, je devais, plutôt que de venir à bout de mon adversaire, tenter de lui faire avouer sa véritable identité. Car comment combattre quelque chose que l'on ne voyait pas? La question restait pour le moment entière.
-Qui es-tu? dis-je, en tentant de garder mon calme alors que mon sang de chevalier se glaçait dans mes veines à l'idée de parler avec un serviteur d'Arès.
-Je suis toi.
Mon rire résonna avec ironie dans la superbe salle où nous nous trouvions. Ce que je vivais était irréel, je n'arrivais pas à croire à l'incongru de cette situation, qui aurait probablement été comique si je ne m'étais pas trouvé sur Azura, en plein milieu d'une guerre sainte dont dépendait la survie du monde.
Depuis toujours, je n'avais jamais fait preuve de patience, ce n'était pas dans ma personnalité que d'attendre et j'en avais plus d'une fois fait les frais... mon esprit faillit me transporter à un soir, alors que la nuit était tombée, où je me devais d'abattre un jeune garçon, mon meilleur ami, qui avait été accusé de trahison, mais je me retins de partir dans des souvenirs qui n'avaient rien à faire ici.
Je n'allais pas me laisser faire plus longtemps, alors que mon corps même commençait à sentir durement l'effet de mes propres coups, et je m'étais mis en tête de découvrir qui se trouvait en face de moi. Le problème était : comment allais-je y parvenir?
-Eh bien, Shura... on dirait que tu n'as plus l'air décidé à te battre.
-Non, je ne te porterai plus le moindre coup, c'est inutile... à quoi bon recevoir ses propres attaques? Tant que je n'aurais pas compris qui tu es, je n'agirai plus.
-Tu me laisses donc la voie libre pour venir à bout de toi?
-Oui, dis-je simplement, alors que le visage de mon reflet prenait un air aussi surpris que visiblement ravi.
Quel imbécile! Évidemment, je n'allais pas le laisser me porter des coups sans réagir, simplement, je songeais qu'il suffisait qu'il me porte une attaque, pour que j'aperçoive mon opposant sous sa véritable forme. A cette seconde seulement, à cet instant précis où il se découvrirait, je devrais lui porter un coup dont il ne serait pas capable de se relever. Ce plan, évidemment, aurait pu parfaitement fonctionner, si seulement j'avais été certain que pour porter un coup, mon ennemi ait besoin de se dévoiler, ce qui était moins sûr que tout.
Pour la première fois de ma vie, j'allais tenter ma chance. Je n'étais pas un combattant qui agissait sans réfléchir, qui tentait le tout pour le tout sans savoir où l'affrontement le mènerait exactement et j'avais toujours su rester maître de toutes les situations... mais là, le cas était très différent de l'ordinaire. Je n'avais pas de choix possible et j'essayais donc de faire au mieux en tentant l'impossible.
Mon reflet me fixa d'un regard mi-incrédule, mi-suspicieux avant de mettre ses mains devant lui. Je sentais soudainement l'air commencer à battre autour de moi, comme si une étrange pulsation se faisait entendre. La température devenait plus lourde, comme si l'atmosphère s'accordait avec ce que mon adversaire allait exécuter. Je me tenais prêt à parer ce qui allait se diriger sur moi, mais de façon si discrète que mon ennemi devait sincèrement songer que je m'offrais à ses coups.
De l'énergie apparut entre les doigts de mon opposant, et je ne savais dire, à cet instant, quelle impression cela donnait d'être attaqué par soi-même. C'était invraisemblable, et pourtant bien réel!
- Infamous Intensity!!
Des raies de lumières explosèrent dans toute la salle, la faisant leurs, tandis que j'étais aveuglé par la gigantesque décharge d'énergie qui filait sur moi. J'étais halluciné parce qui se passait dans la salle tandis que tout se mettait à trembler, que les piliers eux-mêmes parurent s'écrouler et ne plus pouvoir rien soutenir tant la force qui se dirigeait sur moi était titanesque.
Je n'eus pourtant pas le temps de laisser l'effroi qui aurait voulu me gagner s'emparer de ma personne, alors que mon corps reculait à toute allure sous l'impact du coup qui m'était envoyé. Je sentais mes os craquer et il m'était impossible d'ouvrir les yeux tandis que je reculais sous l'impact de la boule d'énergie qui allait faire disparaître mon être en particules de poussières.
Et alors que j'allais être touché par l'intensité meurtrière de l'empereur, j'eus juste la fraction de seconde nécessaire à ma survie. Je brandis devant moi le bouclier d'Orichalque que Dohko m'avait envoyé, retenant aussi la masse brûlante et dorée qui avait jailli des mains de mon opposant. L'arme de la Balance tremblait sous l'effet de l'impact qui durait indéfiniment car l'empereur maintenait sa puissance en constante évolution. Et je comprenais que je n'allais pas pouvoir me tenir bien longtemps derrière cette protection car mes mains n'allaient plus tarder à céder sous l'Infamous Intensity.
Je résistais pourtant, alors que j'avais fini de reculer et que je me retrouvais adosser à un mur, pris au piège en somme, et que je me cachais derrière le bouclier. Je devais vaincre, attendre que l'énergie se dissipe et que...
Mes doigts faillirent lâcher prise, glisser de l'arme polie que je détenais mais s'agrippèrent à la dernière seconde, sous l'ordre désespéré de mon esprit. Je n'arrivais pas à croire qu'une telle puissance existait. C'était si incroyable... moi-même, je n'étais pas capable de cela et... mes mains devenaient moites et glissaient, l'énergie n'avait de cesse de grandir, grandir, comme si l'infini avait été sa seule limite... et... non... non... pas maintenant... je devais riposter... arrêter... stopper le coup... et... retourner l'attaque... faire l'impossible.
Je tentais de me concentrer alors que l'énergie de l'empereur paraissait vrombir. Je n'avais plus qu'une seule solution, détourner l'attaque à l'aide du bouclier, faire un effet de reflet qui renverrait son propre coup. Puisque ce berserker s'amusait à me renvoyer toutes mes attaques, j'allais tout faire pour lui renvoyer la balle.
Je fis exploser mon cosmos, tandis que l'empereur semblait ne jamais devoir faillir. Je priais Athéna mentalement, comprenant qu'elle était à mes côtés, et je rassemblais toute ma force aux creux de mes mains. Je devais attendre maintenant le moment propice et...
-Maintenant! criais-je, alors que je retournais le bouclier vers mon adversaire à l'aide de la chaîne qui le tenait.
L'arme d'orichalque, dans la violence de son départ de mes mains, renvoya le coup même de l'empereur sur lui et j'entendis un hurlement de douleur résonner entre tous les murs, contre toutes les colonnes, comme si l'écho de cette salle ne devait jamais s'arrêter.
Et puis, le silence.
Mon aveuglement se dissipa en quelques secondes alors que je retournais à la réalité. Je devais admettre qu'en puissance brute, l'empereur possédait une force presque immatérielle, mais grâce à ma propre ruse et mon incroyable ingéniosité, j'avais réussi à m'en sortir. Restait maintenant à savoir si j'étais à même d'agir ainsi pendant tout le combat car j'étais persuadé que mon opposant n'était pas mort.
Je me précipitais vers les escaliers qui menaient au bassin et qu'il avait dévalé sous l'effet du choc, car je ne désirais pas lui laisser le temps de se relever. J'allais essayer de l'achever avant même qu'il ne reprenne ses esprits.
J'entendais sa respiration difficile et haletante et je me précipitais dans les marches... avant de me figer.
Ce n'était plus mon reflet qui se tenait ainsi courbé en avant, une main gracieuse portée à la poitrine comme pour aider son cœur à repartir mais... une jeune fille!
Je restais les bras ballants, la bouche bée et me retrouvais incapable de prononcer la moindre syllabe. Se pouvait-il ainsi que l'empereur à la puissance démesurée n'ait en fait été qu'une jeune fille âgée d'environ seize ans?
Je la regardais. Sa beauté était presque immatérielle tant elle semblait gracieuse et douce. Elle possédait de longs cheveux bouclés dont le vert turquoise ne faisait qu'adoucir les traits parfaits de son visage. Sa peau diaphane aurait pu laisser penser qu'elle était particulièrement fragile, ce qui était totalement faux étant donné son incroyable puissance à laquelle j'avais précédemment goûté. Elle releva ses yeux d'améthyste étincelante vers moi, me jetant un regard furieux qui contrastait étrangement avec la beauté et la sérénité qui se dégageait de tout son être.
-Comment as-tu fait? demanda-t-elle d'une voix aux tonalités si douces que je ne compris pas immédiatement qu'elle était folle de rage.
-J'ai retourné ton attaque, dis-je, alors que je sentais, devant cette jeune fille si envoûtante, toute envie de violence me quitter.
Je n'avais jamais pu combattre une femme, tout comme Aiolia, Saga ou encore Camus. Je me souvenais m'être retrouvé avec Pandore, la main sous sa gorge, tandis que j'étais incapable de lui ôter la vie car elle était une jeune fille. Je n'avais pas pu lever la main sur elle alors qu'elle aurait pourtant mérité la plus affligeante des corrections. Et je comprenais qu'il allait probablement en être de même avec l'empereur de ce temple dont la décoration si raffinée cachait, j'aurais du m'en douter, une femme.
Elle se releva avec rapidité, et ce fut seulement à cet instant que je remarquais qu'elle portait une cuirasse... mais celle-ci ne ressemblait pas à celles que j'avais pu observer jusqu'à présent puisqu'elle paraissait avoir été littéralement calquer sur son corps. Elle avait ensuite rehaussé, pour cacher cette protection, une toge d'une blancheur immaculée et dont la légère étoffe laissait devinait sa fine silhouette.
La jeune fille se releva d'un bond, se calant sur ses pieds avec une agilité féline et me toisa du regard, alors qu'elle était beaucoup plus petite que moi.
-Eh bien, dis-je, un sourire ironique aux lèvres. Comment t'appeles-tu? Tu ne vas tout de même pas m'affirmer que tu es Shura à présent.
Elle esquissa un sourire amusée et secoua la tête.
-Ce serait du plus mauvais goût... et bien, chevalier du Capricorne, maintenant, me voici sous ma véritable forme. Je suis l'empereur Écho du Reflet.
-Écho? répétais-je alors que son nom sonnait à mes oreilles comme étant familier.
Elle hocha lentement la tête et commença à avancer dans ma direction, alors que je remontais, à reculons les escaliers. Il se dégageait d'elle un charisme impressionnant, qui faisait vraisemblablement oublier son jeune âge.
-Ne dit-on pas plutôt impératrice? demandai-je.
-Eh non... empereur est un mot qui me convient. Tout bonnement car il impose plus de respect. Et, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, j'ai pour tendance de me faire passer pour un homme durant mes affrontements, pour la simple raison qui si l'on découvre ma véritable identité, les guerriers se disent incapables de me frapper, comme si je méritais plus d'égard, et je dois avouer que je le supporte assez difficilement. Ma puissance est bien souvent, pour ne pas dire toujours, du moins jusqu'à présent car je ne veux pas trop m'avancer quand à l'avenir et je prône l'humilité, supérieure à celle de mon ennemi. C'est pourquoi je joue à devenir un miroir... et je dois dire que je m'amuse beaucoup.
Sa voix était douce et calme, comme le murmure d'une cascade. Elle me fit une moue désapprobatrice avant de me sourire avec une candeur que je ne pouvais identifier comme étant simulé où non.
-Il est presque dommage que tu saches qui je suis... cela gâte mon plaisir.
-Pas le mien, répliquai-je. J'aime voir contre qui je me bats.
-Je comprends, dit-elle alors qu'un air volontaire se peignait sur les gracieux traits de son visage.
Un silence tomba entre nous. J'avais parfaitement saisi ce que sous-entendait son discours, elle ne voulait pas être traité avec galanterie, ce en quoi je la comprenais parfaitement car étant donné son incroyable valeur guerrière, elle méritait un combat hors du commun. Et pour moi, le mal était toujours le mal. Si je n'avais pas touché Pandore, c'était tout simplement car elle n'était qu'une humaine sans le moindre pouvoir... ce qui était loin d'être le cas d'Écho, dont le cosmos, si il n'était pas égale au mien, lui était supérieur... du moins pour l'instant.
Si elle voulait me combattre, j'allais l'exaucer, car la vie d'Athéna en dépendait, ainsi que celle de millions d'être humains.
Je me campais sur mes jambes, prêt à l'attaque. L'affrontement allait reprendre et je comprenais que malgré sa jeunesse son expérience guerrière était pareille à la mienne.


Milo

Mes innombrables blessures me ralentissaient beaucoup trop et j'avais peur de ne pas arriver à temps pour sauver la femme de Ménélas. Il fallait que malgré ma douleur physique, je parvienne à tenir cette promesse, ce dernier souhait de mon ami qui scellerait notre amitié par delà l'éternité. Je tenais toujours mes paroles, et il n'était pas question que je n'en fasse pas de même avec celle-ci.
Dédale... mon guide... mon frère... il avait donné son existence contre la mienne, il m'avait tout offert, tout donné durant notre enfance, et maintenant, c'était à moins de lui rendre la pareille en venant en aide à son épouse et à son fils.
J'esquissais un sourire tandis que le vent me fouettait le visage. Je l'avais toujours imaginé avec une famille, je ne m'étais pas trompé. Il était l'un des ces hommes à la volonté de fer qui réussissait tout ce qu'il entreprenait.
Je me revoyais devant lui, au cœur du labyrinthe, alors que je me demandais d'où me venait cette faiblesse tandis que je voulais le frapper avec toutes les forces de mon cosmos. Cette aura mystique qui se dégageait de son être m'avait immédiatement mis sur la voie... et dire que si je m'en étais rendu compte, il m'aurait peut-être été possible de lui sauver la vie... Cependant, je ne m'en voulais pas. Les choses s'étaient déroulées de telle manière et il était bien inutile de se répandre en conjectures et en "si j'avais"...
Je trébuchais contre une butte de terre recouverte de fleurs semblables à des jonquilles et que j'identifiais comme étant des narcisses. Je me rattrapais de justesse alors que je me rendais compte que je passais à proximité du temple d'un empereur... je passais derrière et je priais intérieurement pour que cette vaste et immense demeure soit vide... mais dans quel domaine étais-je? Oui, bien-sûr, dans celui de Dohko et de Nikè, qui n'étaient pas encore arrivés jusqu'ici... c'était bien ma veine.
Je poussais un soupir moqueur, autant dirigé vers moi-même que vers les berserkers d'Arès.
Enfin, une promesse était une promesse et je devais traverser ce domaine pour sauver la jeune Écho. Quitte à me battre contre un nouvel adversaire alors que j'étais déjà gravement atteint.
Pour l'instant, aucun bruit ne se faisait entendre, et c'était sans doute ce qui m'inquiétait le plus. Je passais à pas de loups dans l'immensité fleuri de narcisses, entièrement à découvert, étais-je tenté de préciser alors que mon regard était fixé sur la gigantesque bâtisse blanche et magnifiquement ciselée... tout le charme des architectures antiques semblait avoir été rassemblé dans ce bâtiment à la taille majestueuse.
Je croisais les doigts pour ne pas en apercevoir le propriétaire. Enfin, je n'avais jamais cru en la chance, encore moins en la mienne.
J'entendis un bruit et manquais de tomber par terre... j'étais... non...
Un homme de grande taille se tenait debout, sur le haut des marches de l'arrière de son temple. Il avait les mains sur les hanches mais je ne parvenais pas à distinguer les traits de son visage car il portait un masque et un casque qui ne laissait entrevoir que ses yeux et...
Je me figeais. Que m'arrivait-il? Pourquoi ne partais-je pas en courant? Pourquoi ne parvenais-je pas à continuer ma route comme j'aurais du le faire? J'étais comme hypnotisé, fasciné par cet être d'une essence différente de la mienne tant il était... divin. Non, pourtant, ce n'était pas un dieu, j'en étais certain, mais alors, quel était ce charisme, cette émotion bouleversante qui se dégageait de son être?
Je fixais mes yeux à son regard, incapable de plus faire le moindre mouvement. Je comprenais, alors que mon esprit s'engourdissait lentement, qu'il descendait vers moi, qu'il s'approchait, mais je n'avais pas peur... au contraire, j'étais étrangement bien, mieux que je ne l'avais jamais été.
J'essayais de secouer la tête sans réussir alors que l'empereur marchait dans ma direction. J'avais l'impression d'être devenu une statut de pierre mais mon âme était plongée dans une étrange sérénité que mon tempérament de feu ne m'avait encore jamais fait connaître. J'étais envoûté, je m'en rendais compte, mais si heureux de l'être que cela ne me gênait guère.
-Qui es-tu? articulai-je au prix d'un effort sur humain alors qu'il était maintenant debout devant moi.
L'empereur se mit à rire avec douceur. Je n'avais jamais entendu de son si pur, une voix aussi chaleureuse et aux intonations aussi caressantes.
-Cela n'a guère d'importance... la véritable question est : que fais-tu à traverser ainsi mon domaine?
Je fus incapable de répondre à cette interrogation, pourtant fort simple, tant tout mon esprit venait de se fixer sur ses yeux, seul parti de son corps que l'on pouvait apercevoir. Je n'avais jamais rien vu de tel... non seulement, il ne possédait pas de pupille, mais en plus la couleur de son regard était pareil à celle d'une aurore boréale, une sorte d'arc en ciel dont les couleurs s'entremêlaient pour finalement ressembler aux teintes que l'on peut percevoir lorsque le soleil joue avec la luminosité de l'eau... j'en eus le souffle coupé.
-Moi, je sais pourquoi tu es ici, continua l'empereur alors que je sentais mon esprit s'engourdir un peu plus et se perdre dans son regard. Tu as vaincu le Minotaure grâce à l'aide de tes amis, et Dédale est mort... autant dire que cela ne me réjouis pas, car en plus d'être le gardien suprême de ce domaine, je suis celui qui dirige les empereurs eux-mêmes, même si je partage ce titre avec eux... et je n'aime pas voir mes troupes mourir.
Il soupira alors que je me laissais bercer par son extraordinaire voix.
-Je suis navré, mais il faut que tu meurs.
Il leva avec une grâce sans précédent sa main et fixa ses yeux sur moi avec une mélancolie si sincère que j'en fus presque choqué. Je comprenais ce qui allait se passer, ce qu'il allait faire, mais je n'avais pas envie de réagir... cela me semblait si inutile, face à cet être, plus rien ne comptait, plus rien n'avait de sens où d'importance.
Je devinais le sourire tendre, presque d'excuses, de l'empereur sous son masque alors qu'il me plantait ses doigts fins dans mon cœur, sans que j'aille même l'idée de bouger ou de m'esquisser.
Et je coulais à terre, incapable de comprendre ce qui venait de m'arriver.


Shura

Elle me souleva par le cou, d'une seule main, et me projeta contre le mur avant que je ne coule à terre comme une poupée désarticulée. Je me précipitais dans sa direction et, alors qu'elle allait me frapper de son poing dur comme de la pierre, je m'abaissais et lui administrais un violent croc en jambes qui la fit basculer en arrière. Elle se rattrapa sur ses deux mains, exécutant un salto arrière aussi gracieux que rapide et retomba sur ses pieds.
Elle esquissa un sourire amusée et je comprenais que tout ceci n'était pour elle, qu'un jeu. Je n'arrivais pas à saisir cette mentalité... réalisait-elle bien que de nous, dépendait des millions de vies pour qui ce combat était décisif? Malheureusement, la réponse était non. Je faillis le lui dire, mais retins mes mots. Entre nous, il n'y avait pas de place pour la discussion.
-Eh bien, Shura, cet échauffement me ravit... tu es vraiment un excellent combattant, et ta rapidité me plaît. J'ai l'impression que les chevaliers d'Athéna se sont améliorés au fil des siècles, du moins, d'après ce dont je me souviens.
Je haussais les épaules car je n'avais que faire des compliments. Je me savais fort et je connaissais mieux que personne l'étendue de ma puissance, et qu'avais-je à faire des commentaires d'un Berserker?
Ses yeux de velours améthyste se posèrent sur moi, et pendant quelques instants, je vis l'être humain sous la cuirasse du combattant, avant que son visage ne redevienne dur et impassible. Elle me ressemblait plus que je l'aurais voulu, non pas d'idéaux, bien évidemment, mais son calme, son orgueil tout ceci faisait naître entre nous d'étranges similitudes qui rendaient le combat encore plus difficile qu'il n'aurait du l'être.
Écho disparut soudainement sous mes yeux, pour réapparaître derrière moi. Elle m'attrapa aux épaules et je la fis basculer en avant. Elle se rattrapa avec rapidité et m'administra une série de coups de jambes successifs que j'avais peine à stopper avec mes bras. Je lui assénais mon poing sur la joue gauche, ce qui la projeta sur le côté avant qu'elle ne revienne à la charge en jouant, de ses mains. Elle s'attaqua à ma nuque, manquant de m'assommer, alors que j'évitais du mieux que je le pouvais ses incroyables feintes.
Je voyais un lent sourire illuminer son visage, cet éclair de joie que seul les meilleurs combattants était capable d'avoir en prenant plaisir à se retrouver confronter à un opposant coriace. Je sentais mon sang froid de Capricorne bouillir dans mes veines alors que je perdais patience tandis que nos mouvements, à l'un et l'autre, n'étaient plus même visibles tant notre vitesse était en constante augmentation.
Car je comprenais la technique d'Écho. Cette dernière n'avait de cesse de s'échauffer tout au long du combat et sa force évoluait en une constante ascendance alors que les secondes s'égrenaient... et c'était pourquoi je devais la tuer avant qu'elle ne devienne invincible.
-Passons aux choses sérieuses! s'exclama-t-elle en bondissant en l'air alors qu'elle mettait ses bras en croix devant sa poitrine. Final Extermination!
-Non! hurlai-je, comprenant ce qui allait se produire.
Une énergie supérieure à celle de l'Infamous Intensity sortit de ses doigts fins et agiles alors qu'elle était au-dessus de moi et je brandis mon bouclier par-dessus ma tête, comme pour m'abriter de la pluie de boule de feu qui allait s'abattre sur mon être. Mais d'où venait la force de cette fille!! Cela devenait littéralement invraisemblable. La température parut monter d'une cinquantaine de degrés alors qu'il me semblait que ma peau prenait véritablement feu.
Un violent bruit d'explosion se répercuta à l'infini contre les murs du temple, les faisant de nouveau trembler avec intensité. Tout allait s'écrouler, j'en étais certain, et moi avant toute chose. J'avais beau être sous l'arme d'orichalque, je comprenais que je ne pourrais pas éternellement y rester cacher.
Je m'agenouillais, me rassemblant pour être certain de ne pas être touché par la nouvelle botte secrète de l'empereur. Je commençais à me lasser d'être en position de faiblesse si flagrante face à elle, et par et pour Athéna, je me devais d'agir en combattant prêt à tout. Je n'avais plus le choix et...
-Meurs! cria soudainement Écho alors qu'elle venait de retomber à terre et qu'elle fit exploser dans ma direction, alors même que j'avais encore le bouclier au-dessus de moi, le "Final Extermination".
Je fus projeté à des mètres et des mètres en arrière, brisant le mur de la salle d'eau et celui de l'immense entrée sur mon passage, et me retrouvant ainsi à l'extérieur, le visage tourné vers les cieux qu'une couleur azure recouvrait. Je gisais maintenant, mon sang se répandant sur mon armure, alors que je sentais mes forces partirent peu à peu.
Je n'arrivais pas à croire à la situation... je n'arrêtais pas de me dire cette phrase depuis le début du combat, mais jamais, ô grand jamais, je n'aurais imaginé un empereur d'Arès aussi puissant. Et pourtant, j'aurais du m'en douter en voyant ce qu'un commandant était capable de faire, comme Leech à Aphrodite. Maintenant, je comprenais un peu mieux ce qui avait mis en si grande difficulté mes compagnons d'armes. La force des troupes d'Arès était absolument hallucinante.
Je sentais la chaleur de mon corps partir en même temps que le sang de mes veines, et le froid de la mort venir me caresser doucement l'âme, puis de plus en plus fermement. La "Final Extermination", portait décidément magnifiquement son nom. Il n'y avait qu'à voir le résultat pour y croire : j'étais en train de tomber en syncope et le puit de la mort, par lequel je n'avais pas envie de repasser, s'ouvrait tout grand sous mes pieds.
Mon esprit se figea brusquement. Comment? Comment osais-je dire cela? Comment, après tout ce que j'avais fait, me permettais-je de douter de ma victoire?
J'étais Shura, le seul homme à ne jamais avoir remis en cause sa puissance incalculable. J'étais le plus fervent, le plus fidèle guerrier d'Athéna, et si toutefois je n'étais pas prêt à vaincre Écho pour moi-même je devais le faire pour Aioros, qui continuait d'avancer au travers d'Azura après avoir vaincu son ennemi.
Je me revoyais soudainement dans les dimensions que j'avais du traverser, atterrissant ensuite en plein milieu du désert sous les yeux de Saga, l'un de mes meilleurs amis qui comptait lui aussi sur ma victoire. Je me souvenais de l'instant où je m'étais retrouvé devant le chevalier du Sagittaire, de l'émotion qui m'avait envahi... je me rappelais aussi du vœu que j'avais fait, le matin même, avant de partir sur Azura, de voir avec mes amis le soleil se coucher...
Pour toutes ces raisons, je devais me relever. Je devais vaincre.
Je me mis lentement à bouger mes mains, puis mes pieds, devinant que l'empereur du Reflet me croyait mort. Je sentais mes os craquer alors que je me remettais sur mes pieds en grinçant des dents sous l'effet de la douleur. Je me servais de mes bras comme pour créer un effet de balance et permettre à mon corps de se stabiliser avant que je ne fasse le premier pas.
Je sentais une colère froide s'emparer peu à peu de mon esprit et comprenais que celle-ci signifiait la mort prochaine d'Écho. Une image s'imposa soudainement à mon esprit : la majestueuse statue d'Athéna qui se trouvait dans mon temple en train de remettre Excalibur à l'un de mes ancêtres... si je ne gagnais pas, j'allais souiller cette représentation divine et il n'en était pas question. J'allais vaincre pour pouvoir continuer d'être le plus fervent défenseur de la déesse. Et Écho avait beau être plus puissante que moi à la base, j'allais me sublimer à un tel point qu'elle n'allait se rendre compte de rien tant je m'apprêtais à détruire chacun de ses atomes.
Pour Athéna, j'étais prêt à tout.
Je gravissais de nouveau les marches du temple et m'avançais d'un pas à la fois tremblant et volontaire dans la direction de mon ennemi. Je traversais le hall dévasté, essayant de réguler ma respiration, et arrivais dans la salle d'eau, dont l'état laissait à désirer d'après le trou que j'avais fait en perçant le mur et la couche de poussières qui se trouvait par terre. Toutes ces cendres du temple provenait de la toiture qu'Écho faisait trembler à chacune de ses attaques tant son intensité était sans précédent.
Je la cherchais du regard, prêt à attaquer à tout instant. J'avais rassemblé en moi tout mon cosmos, malgré mes blessures quasi mortelles, pour le décharger sur elle dès son apparition. Et si jamais elle tentait de m'attaquer de nouveau, elle allait goûter à l'une de mes bottes secrètes.
-Tu es encore là! fit sa voix alors que je ne l'apercevais pas.
Elle avait du se cacher où se camoufler grâce à l'un de ses tours de magie dont elle semblait coutumière. Je préférais fermer les yeux et me guider à mon ouïe sur lequel reposait donc tous mes espoirs.
Je ne répondis rien à son interrogation, je n'en avais plus le temps.
-Moi, je suis ici! déclara-t-elle alors que je la sentis soudainement derrière moi.
Elle avait sauté au-dessus moi et s'était placé contre mon dos, les mains en avant alors qu'une nouvelle boule de son incroyable énergie apparaissait entre ses doigts.
-Infamous Intensity!
-Jumping Stone!
Je sautais par-dessus elle, exécutant une figure à la limite de l'acrobatie et adoptant une position que je n'avais utilisé qu'une seule et unique fois dans ma vie, face à Shiryu, le jeune chevalier du Dragon.
Je la projetais en arrière, lui faisant subir la propre attaque qu'elle comptait me décerner et que je me savais incapable de subir encore une fois. Un hurlement résonna dans l'immense salle, se répercutant contre tous les murs et les colonnes présentes. Le sol trembla alors qu'Écho dérapait sur des mètres et des mètres, se cognant la tête avec violence au sol.
Une traînée de sang s'échappa de son front et je m'étonnais, alors que je m'approchais lentement d'elle pour l'achever, de la trouver ainsi allongée par terre et d'allure si fragile. Elle n'avait, alors que ses yeux étaient clos, plus rien de la combattante à la puissance hors du commun que j'affrontais, mais ressemblait à une jeune fille entièrement à ma merci.
Je sentais qu'une vague de scrupules était à deux doigts de m'envahir et je fus tenter de me pencher au-dessus d'elle pour la remettre sur pieds. Je n'avais pourtant jamais fait preuve de clémence dans un combat mais voir la belle Écho aussi blessée provoquait en moi un étrange sentiment de malaise. Jusqu'à présent, je n'avais jamais levé la main sur une femme et maintenant...
Mes yeux effleurèrent son corps inerte. Enfin, ce n'était vraiment pas le moment d'avoir des remords et de mettre ma conscience à rude épreuve, j'aurais tout le temps pour cela une fois qu'elle serait morte, de ma main, bien évidemment.
Je levais mon bras au-dessus de ma tête, centrant mon énergie dans cette partie de mon corps et invoquant les pouvoirs d'Excalibur quand Écho ouvrit brutalement les yeux, frappant de son mollet ma cheville, ce qui eut pour effet de me faire vaciller en arrière. Je faillis tomber mais me repris au dernier instant, alors qu'elle avait bondi en arrière et qu'elle brandissait ses poings en avant, un sourire presque mutin aux lèvres.
-Tu ne croyais tout de même pas que c'était fini? Je suis un empereur, pas un commandant!
Je n'en revenais pas. Alors que je sentais mon corps sans cesse parcouru de frémissements à cause des attaques qu'elle me faisait subir, elle ressortait de ses propres coups indemne? Comment parvenait-elle à faire l'impossible?
-Comment? Comment arrives-tu à ne jamais être blessée?
Écho esquissa un sourire et ses yeux prirent soudainement une lueur douce.
-Qui t'a dit que je ne l'étais pas?
C'est à ce moment que je vis que du sang gouttait de sa cuirasse, simplement, sa blessure se situait probablement dans son dos. J'avais réussi à la toucher mais étrangement, je n'en ressentais aucune gloire alors que ses grands yeux de velours m'observaient avec un certaine tranquillité.
-Et puis, de toute manière, je suis touchée à moindre échelle par mes attaques... comme par les tiennes, car j'ai une technique de défense imparable qui me vient des temps mythologiques.
-Des temps anciens? répétais-je, comme pour l'inciter à m'en apprendre plus sur toute cette histoire.
-Je ne vais quand même pas te livrer mes secrets, et de toute manière, je n'aime pas évoquer mon passé.
Écho... j'allais devoir me souvenir de son histoire sans son aide, ce qui promettait d'être assez difficile. Son incroyable beauté me laissait déjà supposer qu'elle était une nymphe, et sa voix particulière, aux accents velouté, me permettait de comprendre qu'elle devait souvent chanter... Écho... comme l'écho quand on parlait... pourquoi étais-je si long à me remémorer ces mythes que l'on nous évoquait durant notre entraînement? J'avais l'impression que toutes ces leçons se déroulaient des siècles et des siècles auparavant, ce qui était loin d'être le cas, enfin!
-Mon pauvre Shura, je vais te mettre sur la voie, dit-elle en retenant un rire enfantin qui illuminait pourtant tous les traits de son visage d'une pureté remarquable.
Ses grandes boucles d'un vert turquoise dansèrent alors qu'elle secouait la tête. Elle avait quelque chose de tendre en elle, presque de langoureux.
-J'étais une nymphe sur l'Olympe, et ma voie émerveillait souvent les divinités durant les banquets qu'ils organisaient et auxquels j'étais souvent conviée pour chanter et les distraire.
Je plissais les yeux pour tenter d'apercevoir en elle un quelconque sentiment : de la joie, de la nostalgie, de l'humour, de la peine voire même de l'amertume, mais elle semblait parfaitement et totalement indifférente à son propre récit.
-Le maître des dieux lui-même appréciait mes talents et il a commencé à me parler, à nouer une amitié avec moi. J'avais tendance à le considérer un peu comme un père et il était extrêmement gentil avec moi, il n'hésitait jamais à venir me parler où à me rendre visite quand il en avait l'occasion...
Avaient-ils une relation amoureuse? me demandais-je soudainement, alors que je voyais un sourire se dessiner sur le gracieux visage d'Écho. Elle parut à cet instant deviner mes pensées.
-Il n'y avait que de l'amitié entre nous, ce sentiment léger et agréable qui permet toute l'indépendance que l'on désire... au fil des semaines, il avait fait de moi sa confidente, et c'est comme cela que j'apprenais rapidement lorsqu'il trompait son épouse, Héra. Je n'aimais pas beaucoup cette femme, revêche et ennuyeuse, contrairement à son mari dont la nature juste et loyal provoquait chez tous l'admiration, si bien que lorsqu'il me demanda de l'aide, je n'ai pas hésité à lui accorder mon soutien.
L'empereur du reflet passa une main sur son front avant de reprendre le fil de son discours.
-Lorsque Zeus partait chez l'une de ses relations, j'avais pour mission de distraire sa femme. J'utilisais pour cela ma merveilleuse voix qui l'envoûtait et lui faisait tout oublier... mais malheureusement, elle se rendit un jour compte que durant mes représentations, son époux n'était jamais présent. Elle découvrit le subterfuge, et me foudroya de sa colère... mais quoi de plus normal après tout? Elle ne pouvait décemment pas exercer ses représailles sur le dieu des dieux lui-même et c'est pourquoi elle me châtia.
Écho ferma les yeux une demi seconde avant de reposer son regard sur ma personne. Elle affectait à présent une indifférence polie pour ses propres paroles, qui m'intéressaient particulièrement car j'avais l'espoir d'y déceler une quelconque bribe d'information quand à sa technique de défense qui lui permettait de n'être touchée par aucune attaque.
-Héra avait toujours été jalouse de ma voix, et c'est pourquoi elle me rendit muette, enfin presque. Je n'avais plus le droit que de répéter indéfiniment la dernière syllabe que prononçait chacun... et de tristesse et de dégoût, je me suis enfuie de l'olympe pour me réfugier sur terre... triste sort tout de même, mais je savais ce que j'encourrais et je ne pouvais donc pas véritablement m'apitoyer sur moi-même. Je ne regrette pas ce que j'ai fait pour Zeus, car si cela l'a aidé, j'ai fait ce que j'avais à faire. L'amitié vaut bien que l'on encourt quelques risques, non?
J'esquissais un sourire. Quelle ironie d'entendre un berserker dire cela, ceux-là même qui reniaient tout sentiment humain... c'était étrange. D'ailleurs, j'avais encore du mal à considérer Écho comme une combattante d'Arès tant elle se rapprochait pas certain côté des Saints eux-mêmes. Il me semblait même que cette jeune fille n'avait rien à faire sur l'île d'Azura.
-Et comment es-tu arrivé dans les rangs du dieu de la guerre?
-Durant tous les banquets où je chantais, Arès était tombé éperdument amoureux de moi, et il n'a pas supporté la punition que sa mère m'avait infligé. Il m'a cherché pendant de nombreux mois au travers du monde, avant de me retrouver vivante non loin de chez un homme qui allait devenir l'un de ses Berserkers, mais dont je ne peux pas t'évoquer le nom sous peine de te distraire.
Elle marqua une pose. Je n'avais de toute manière pas la moindre envie t'entendre parler d'un autre empereur qu'elle.
-Lorsqu'il me vit, il me ramena sur l'Olympe, parmi les dieux et demanda à Héra de supprimer sa punition. Elle ne voulut pas le faire, mais sur les supplications de son fils, elle parvint à faire compromis : je ne répéterai plus la dernière syllabe des phrases que s'il faisait de moi une combattante... et comme tu pourras le constater, il y est parvenu à force de patience. Et le résultat fut si brillant et incroyable qu'il me nomma empereur de l'une de ses quatre armées.
Elle avait été entraînée par Arès... sa force incommensurable s'expliquait donc sans le moindre problème. Mais je ne voyais toujours pas le rapport avec sa technique de défense et le lui dit.
-Je suis Écho, Shura, et je renvoie les derniers mots des gens en amoindrie... sur la même idée, je renvois la dernière attaque de mes adversaires en minimiser. C'est pourquoi, lorsqu'on veut me faire subir un de mes coups, il me suffit d'envoyer le Restrictive Cosmo. Ce n'est pas plus difficile...
Elle soupira en inclinant doucement la tête.
-De toute manière, il n'existe qu'une seule manière pour me vaincre, et tu n'es pas prêt de la trouver... à moins que... qui sait? Je ne peux prétendre savoir l'avenir.
Elle haussa ses fines épaules avec désinvolture.
-Prêt à combattre?
-Plus que jamais, rétorquai-je, comprenant que la dernière phase de l'affrontement venait de s'engager et qu'il ne me restait qu'à trouver cette fameuse solution si je désirais réellement en venir à bout.


Milo Je rampais depuis maintenant quelques temps en direction du domaine où se trouvait probablement la femme de Dédale. Ma promesse tenait toujours, même si l'empereur du domaine que j'avais du traverser avait tenté de m'arrêter.
Je n'avais d'ailleurs toujours pas compris ce qui s'était passé, et il me suffisait de repenser à cet homme pour sentir ma respiration se suspendre et mon âme s'engourdire. Je n'avais encore jamais connu de phénomène aussi étrange, où j'avais été incapable d'agir, ou plutôt, de réagir. J'avais été comme hypnotisé, fasciné par cet être aux yeux magiques.
Mais de qui pouvait-il bien s'agir?
Je sentais encore sa main pénétrer dans ma poitrine avec la force d'impact que seul un berserker pouvait atteindre. La souffrance avait été sans précédent, mais je n'en étais pas mort, mon armure m'ayant assez protégé pour me maintenir en vie... ce qui était un véritable miracle.
J'étais maintenant entré dans le dernier domaine et je priais pour arriver à temps. J'entendais de l'endroit où je me trouvais des éclats de voix et des bruits d'explosion qui me laissaient craindre le pire. Écho était peut-être morte, et si tel était le cas, je me savais incapable de me pardonner.
Ménélas serait mort pour rien, notre amitié ne nous aurait pas servi si je ne parvenais pas à accomplir mon serment. Il s'était repenti, avait changé de camp durant la fin du combat, et était parti dans l'autre monde à ma place... je lui devais bien cela, et encore, ce n'était pas suffisant à mon goût.
Malgré ma souffrance, je tentais un sourire ironique qui se transforma en grimace de douleur alors que je portais une main à ma poitrine pour m'aider à respirer.
Ce n'était pas le moment de penser et... je me mis debout tant bien que mal, vacillant de gauche à droite avant de retrouver un juste équilibre.
Je commençais à entrevoir le temple de l'empereur...


Shura

Je venais de comprendre!
Je sautais en l'air, sous le regard effaré de mon opposant car je la dépassais. Je me trouvais maintenant à côté de l'immense bassin d'eau qui se trouvait au milieu de la pièce et fixais Écho dans les yeux.
Son visage se décomposa lentement car elle venait de comprendre que tout était perdu, pour elle du moins.
Depuis toute à l'heure, elle m'avait encore fait subir l'une de ses attaques sans que je comprenne le moyen existant pour la toucher avec la totalité de mes pouvoirs... mais maintenant que j'avais découvert comment la vaincre, la victoire était de mon côté. J'esquissais un sourire féroce en pensant au moment où j'allais ressortir victorieux du temple où je combattais depuis ce qui me semblait des siècles.
Je levais mon bras au-dessus de ma tête, alors que la jeune fille était paralysée par l'effroi, et criais :
-Excalibur!
Et plutôt que de la frapper elle, j'abattis le tranchant de ma lame sur l'eau, fendant son propre reflet... car pour détruire Écho, encore fallait-il avant annihiler son image!
L'empereur recula, comprenant qu'elle était maintenant à ma merci car je venais de briser la base même de son pouvoir. Sa cuirasse se fendilla en mille morceaux, éclatant et déversant un flot de sang sur le sol, la laissant simplement vêtue de sa toge blanche tâché de rouge par endroit.
Elle s'accula sans même s'en rendre compte à l'une des colonnes de son temple et ferma les yeux. Le combat comme son existence allait toucher à sa fin. Le masque de la douleur se plaquait sur ses traits, car en détruisant son reflet, je l'avais touché elle, presque mortellement de par la même occasion.
Je m'avançais lentement vers elle, ne sachant plus vraiment comment elle allait réagir. Ses yeux bordés de longs cils noirs étaient clos et je voyais ses lèvres murmurer quelque chose, un nom probablement... elle comprenait qu'il était inutile de lutter, maintenant qu'elle était dépourvue de la plupart de ses pouvoirs.
-Maman... entendis-je soudainement derrière moi.
Je bondis et faillis tomber à la renverse... qui venait d'appeler sa mère? Je me retournais et aperçus un petit garçon, de deux ans à peine, les cheveux du même vert turquoise qu'Écho mais les yeux d'un violet éclatant plus foncé que ceux de sa génitrice.
L'empereur ouvrit brusquement les yeux et sa peau diaphane prit une teinte encore plus livide.
-Icare? Non... ne reste pas ici...
Faisant fi de l'ordre de celle que je devinais sa mère, il se précipita vers elle malgré ses mouvements patauds et se laissa tomber dans ses bras. Elle l'embrasse avec rapidité dans les cheveux et le poussa sur le côté, alors que je voyais des larmes emplirent ses yeux.
-Éloigne toi, mon chéri, ce n'est rien... ton père va venir te chercher, Icare, tu lui diras... tu lui diras que je l'aime.
Écho retenait les sanglots qui faisait vaciller sa belle voix et je sentis mon cœur battre avec plus de rapidité dans ma poitrine. Comment pouvais-je trouver en moi le courage d'abattre cette jeune fille de seize ans sous les yeux même de son fils?
Pourtant, sur mon visage, aucun trait ne laissait entrevoir la manière dont j'étais ému. J'avais un devoir à accomplir, aussi dur soit-il et je comptais bien le faire jusqu'au bout. J'étais Shura, et je n'allais pas vaciller. Des millions d'hommes comptaient sur moi.
Je levais, pour la dernière fois de ce combat, mon bras au-dessus de ma tête.


Milo

Shura avait le bras bien en vue et s'apprêtait à l'abaisser à toute allure vers sa victime, une jeune fille à la beauté aussi gracieuse qu'émouvante.
-Exca...
-Noooooooonnnnnn! m'entendis-je hurler.
Le chevalier du Capricorne se retourna et je fondis sur lui en une fraction de secondes, le faisant rouler en même temps que moi sur le côté.
-Milo! Milo, qu'est-ce que tu fais là? Qu'est-ce que tu fais tout court? s'exclama Shura partagé entre la joie intense de me revoir et la fureur de me découvrir en train d'arrêter son combat.
-Ne t'occupe pas, articulai-je en me remettant debout. Je suis ici à cause de l'empereur que je viens d'affronter, qui était autrefois mon meilleur ami... il m'a demandé de sauver sa femme et son fils de la mort... et je constate que je suis arrivé à temps. C'est une longue histoire que je te raconterai plus tard. Pars plutôt rejoindre Athéna face à Arès, je crois que le combat n'a pas encore commencé, ton devoir est terminé ici.
Le chevalier du Capricorne me dévisagea, avant de saisir à mon regard dur et impassible, que j'avais la situation en main.
J'attendis quelques secondes qu'il se fut éloigné en courant avant de m'accroupir près d'Écho, qui tenait son fils dans ses bras et pleurait silencieusement. Je ne savais pas vraiment comment me comporter.
-Dédale m'a envoyé ici, dis-je, tu comprends...
La jeune fille hocha lentement la tête... je n'avais pas besoin de lui expliquer ce qui c'était passé pour qu'elle le saisisse. Et puis, elle m'avait sans nul doute entendu parler avec Shura.
Une larme de cristal roula sur sa joue et je me rapprochais d'elle, tentant de la consoler alors que je n'étais décidément pas homme à faire cela. Mais Ménélas n'aurait pas voulu voir son épouse dans cet état, j'en étais certain, et il m'avait demandé de jouer son propre rôle.
-Je suis Milo, dis-je, sans grand espoir qu'elle me réponde.
-Milo? répéta-t-elle en relevant son beau visage vers moi. Comme l'île? Dédale a vécu là-bas.
Elle articulait avec difficulté car ses sanglots lui nouaient la gorge.
-Oui, je ne sais si ton mari t'a parlé de moi... je suis le petit garçon qu'il a rencontré sur cette même île dont je porte à présent le nom.
-Oui, je te connais.
-Ménélas est mort en me sauvant la vie, et il m'a demandé de m'occuper de sa famille, c'est pourquoi je suis arrivé du plus vite que je l'ai pu. Il faut que tu me suives, tu ne dois plus combattre pour Arès.
-Je ne le veux pas, me répondit Écho d'une voix chevrotante. C'est à cause de lui que Dédale est mort, et pour cela, pour cette guerre ridicule, je le déteste. Moi... je ne sais pas vivre sans Dédale, je ne sais pas ce que je vais faire avec Icare, je...
Sa voix se brisa et je la pris dans mes bras.
Je n'avais aucun mot pour la consoler, pour adoucir sa peine et pourtant, j'articulais sans m'en rendre compte :
-Je me souviens lorsqu'il a quitté l'île où je vivais, pareil à un sauvage, la douleur que cela a été. Ménélas a été celui qui m'a fait aimer l'humanité, qui m'a appris à voir les qualités de l'homme même s'il n'en reniait pas les défauts... j'ai cru mourir quand il s'en est allé avec ses parents. J'ai cru que plus jamais je ne pourrais avoir un ami, et pourtant, je suis ici maintenant. Je peux dire qu'il m'a sauvé deux fois la vie, en me faisant aimer les autres et aujourd'hui. Je lui dois tout, et surtout, ma manière de penser. Tu verras Écho, tu l'aimeras toujours, tout comme il restera à jamais mon ami et mon frère, mais tu apprendras doucement à vivre sans lui.
-C'est impossible...
-C'est ce que je croyais aussi, mais pour sa mémoire, tu réussiras comme j'y suis parvenu.
Je sentais qu'elle hochait la tête contre ma poitrine. Je la serrais en même temps que son fils dans mes bras... je n'arrivais pas à croire à la scène à laquelle j'étais en train d'assister et dont j'étais moi-même l'un des acteurs.
J'attendis quelques instants où le silence se fit entendre, avant de prendre la parole.
-Il faut que l'on se rende devant Arès... pour venger Dédale.
Écho releva son visage vers moi. Elle avait calmé ses larmes et son visage avait repris une fraîcheur dont elle devait être coutumière... je me rendais parfaitement compte qu'il n'y avait qu'un combattant pour changer si vite d'attitude. Son regard se faisait maintenant dur et tranchant.
-S'il n'y avait qu'Arès, tout irait bien...

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Cette fiction est copyright Caroline Mongas.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.