Chapitre 1 : Enfance


Les cavaliers étaient enfin partis. Transie de peur et de froid, la petite fille sanglotait, cachée derrière un buisson que le feu avait épargné. Ils étaient arrives au village quelques heures plus tôt, amenant avec eux la mort et la désolation. Ils avaient demandé à son père ou vivait l'homme du nom de Obi. " Quel étrange nom, avait-elle pense ". Son père avait répondu qu'il ne connaissait personne de ce nom, ce qui avait mis l'homme dans une rage folle. Un de ses compagnons, un homme portant une armure si noire que même le soleil ne pouvait s'y refléter, avait alors réagi pour la première fois. " Il est tout près, je sens sa cosmo-energie ". Il s'était alors dirige vers la cabane du vieux Wan, un vieillard étrange vivant a l'orée du village. Il avait pénétré à l'intérieur pour en ressortir quelques secondes plus tard. Apres être remonte à cheval, il ordonna la destruction du village. L'un des cavaliers avait alors jeté un javelot dans la poitrine du père de la petite fille. A partir de cet instant, elle ne se souvenait plus très bien. Les cavaliers ne prêtant pas attention à elle, elle avait trouve refuge derrière ce buisson, d'où elle avait pu observer le massacre, dans n effort surhumain pour ne pas faire de bruit. A présent ils étaient partis, mais elle n'osait toujours pas sortir de sa cachette. Ils avaient tué son père et emmené sa mère, et elle espérait qu'ils n'avaient pas trouve son frère, qui était allé dans la montagne pour la journée. Il lui fallut plus d'une heure pour se décider à sortir. Elle pleurait sur la dépouille de son père lorsque son frère la trouva.

" Alia ! Que s'est - il passe ?
- Des hommes avec des chevaux, ils ont tue papa !
- Ou est notre mère ?
- Ils l'ont emmenée. Ils ont emmené toutes les femmes.
- Comment étaient-ils ?
- Ils avaient des armures noires, l'un d'entre eux en avait une différente, avec des cornes et des pointes ! Ils cherchaient un homme appelé Obi ! Il a dit que c'était le vieux Wan !
- Nous ne pouvons pas rester ici, c'est trop dangereux, il faut partir !
- Mais partir ou ? Je n'ai jamais quitte le village !
- Le vieux Wan m'a un jour parle d'un maître qui vivait dans les montagnes a l'est. Si nous pouvons le trouver, j'apprendrai à me battre, et alors je les rechercherai, afin de venger notre père et peut-être retrouver notre mère.
- Usul...
- Pour l'instant, apporte-moi une pioche, je vais creuser des tombes. Pendant ce temps, tu prépareras nos affaires pour le voyage. "

*

" Nous n'aurions jamais du pénétrer dans cette foret, Usul. La nuit commence a tomber et nous n'avons toujours pas vu une seule clairière.
- C'est trop tard pour faire demi-tour. Il faut continuer a marcher jusqu'à ce qu'il fasse nuit noire. Si nous n'avons pas trouve un abri d'ici là, nous nous arrêterons. Tu dormiras et je veillerais pour te protéger ."

Cela faisait plus de trois semaines qu'ils étaient partis. Marchant environs dix heures par jour, ils étaient a présent très loin de leur village natal. Le voyage s'était déroulé sans encombres, bien qu'ils aient eu quelques difficultés pour manger et dormir, volant du riz et couchant dans des étables, en faisant attention a se réveiller tôt afin de ne pas se faire surprendre. Ils avaient pénétré dans la foret au matin, pensant ne traverser qu'un petit bois, mais la foret n'avait fait que s'épaissir. Usul s'inquiétait pour sa soeur, car bien qu'elle fut plus forte que les autres filles de son âge et même la plupart des garçons, elle n'avait que cinq ans et il se devait de la protéger. A sept ans, il avait déjà un solide entraînement, qu'il avait reçu du vieux Wan a l'insu de ses parents, mais bien qu'il fut parfaitement capable de tuer un chien a mains nues, il ne savait pas s'il serait capable de protéger sa soeur si un animal tel qu'un tigre les attaquait. Il était plonge dans ces pensées lorsque Alia attira son attention sur une grotte toute proche qui ferait un excellent abris. Il hésitait cependant a y pénétrer, pensant que l'endroit était peut-être habité par un ours. Il décida d'y aller seul, laissant sa soeur dehors pour déterminer si l'endroit pourrait les accueillir. Il venait d'atteindre le fond de la grotte et, n'ayant vu nulle trace d'aucun animal susceptible d'habiter l'endroit, s'apprêtait a appeler Alia pour lui dire de venir lorsqu'il l'entendit crier. Il se mit alors a courir vers la sortie, ou il trouva sa soeur tremblant de peur, un loup mort gisant a ses pieds. L'animal avait une blessure sur le flanc, comme si un javelot l'avait transperce.

" Tu n'es pas blessée ? Que s'est il passé ?
- Je n'ai rien. Je regardait les étoiles lorsque ce loup est arrive. Il a voulu me sauter dessus, mais un étrange cheval blanc, majestueux, avec une corne sur le front est arrive et il a tue le loup avec sa corne. Il est ensuite reparti sans se retourner.
- Etrange. Je n'ai jamais entendu parler d'un tel animal.
- Il était magnifique. Il avait l'air si bon, si plein de grâce...
- Peut-être était-ce l'incarnation d'un dieu qui pensait que ton destin n'était pas de mourir... Je m'en veut terriblement de n'avoir pas pu te protéger. J'ai commis une erreur impardonnable. Si cet animal n'avait pas été la, je crois que je ne me serait jamais pardonne mon inconscience.
- C'est oublie. La grotte est-elle habitable ?
- Elle sera parfaite pour cette nuit. Aide moi a ramasser du bois, on va faire un feu. "

*

Ils sortirent de la foret le lendemain, après plus de quatre heures de marche. La foret semblait plus touffue que jamais, lorsqu'au détour d'un chemin elle s'arrêta d'un seul coup, en haut d'une falaise d'une trentaine de mètres.

" C'est magnifique. Toute cette étendue d'eau... tu as vu comme ces montagnes en sortent, Usul ?
- Oui. Quelle merveille. Regarde cette île, là-bas au fond. Je compte cinq pics disposes régulièrement. Ca doit être la fin de notre voyage, je me rappelle avoir déjà entendu le vieux Wan parler des cinq pics de Rozan. Ca doit être l'endroit que nous cherchons. "

Un chemin descendait du haut de la falaise jusqu'à un village de pécheurs au bord de la mer. Apres l'avoir emprunte, ils réussirent a voler un barque qui les emmena jusque sur l'île.

" Nous devons maintenant trouver la demeure de ce maître. Je pense qu'elle doit être située au centre des cinq pics, ou alors adosse a l'un d'entre eux. Nous n'irons pas tout de suite voir le maître, je prefere attendre demain matin, une fois reposes.

- D'accord. "

*

" Alors comme ca, tu voudrait que je t'entraîne... Qui me dit que tu seras capable de supporter cette formation ?
- Je suis fort. J'ai déjà subi un entraînement très lourd avec le vieux Wan.
- Le vieux Wan ? Qui est-ce ?
- Les hommes qui l'ont tue l'appelaient Obi, intervint alors Alia qui venait d'entrer dans la pièce.
- Qui es-tu, petite ?
- Mon nom est Alia. Je suis la soeur d'Usul.
- Et que fais-tu ici ? cette pièce est réservée aux chevaliers, aux apprentis et exceptionnellement a ceux qui souhaitent entrer en formation.
- Justement, je souhaite que vous m'entraîniez.
- Alia ! Ne dit pas de telles bêtises devant le maître ! Tu sais très bien qu'un fille ne pourra jamais devenir chevalier !
- Mais je sais que je suis assez forte pour ça ! Je suis sure que ce cheval qui m'a sauvée était un présage, un message des dieux ! Il ne voulait pas que je meure pour que je puisse accomplir mon destin, et je sens que celui-ci est d'être la première femme chevalier !
- Et tu dis que ce cheval t'as sauve la vie ? comment était-il ?
- Il était magnifique, d'une blancheur éclatante, avec une corne longue comme mon bras placée sur le front ! Vous savez peut-être quelque chose sur lui ?
- Je pense qu'il peut s'agir de la licorne. C'est un animal fabuleux des légendes occidentales. Il existe une constellation, et donc un chevalier de la licorne... Mais je me demande pourquoi elle t'a sauve la vie... Peut-être as-tu raison, et alors ce serait un présage... Mais es-tu sure de vouloir devenir chevalier ? Se battre, même pour la justice, n'est pas facile, et l'entraînement est long et rude, et je doute qu'une fille puisse parvenir a le surmonter.
- J'en suis certaine. Je veut retrouver les assassins de mon père, et les empêcher de faire a d'autres ce qu'ils ont fait a mon village.
- Petite, tu as de la chance. Ton histoire m'intrigue, aussi je te laisserai, ainsi que ton frère, passer les épreuves qui feront peut-être de vous des apprentis.
- Merci, maître.
- Il y a trois épreuves pour devenir un de mes apprentis. La première, vous venez de la passer avec succès. La deuxième épreuve teste votre force physique et la troisième votre mental. Vous passerez la deuxième épreuve ici même, demain a l'aube. Le moindre retard réduira a néant vos espoirs d'être un jours chevaliers."

*

" Mais tu es folle, Alia ! Qu'est-ce qui t'as pris tout a coup de vouloir devenir chevalier ?
- C'est la licorne qui m'a dit de le faire. Si je ne t'en ai pas parle avant, c'est uniquement parce que je savais que tu t'y serais opposé.
- Et j'aurais eu raison ! Tu imagines peut-être que tu vas pouvoir passer les épreuves ? C'est impossible ! Tu n'as aucun entraînement, comment veux-tu réussir ? Il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais de femme chevalier !
- Demain, je te ferais changer d'avis sur ce point. "

*

" J'apprécie votre exactitude. Le soleil n'est pas encore levé et vous êtes déjà la là. Nous allons donc commencer. Vous voyez ces deux poutres ? Vous allez devoir les briser à mains nues. Vous avez droit a trois essais chacun.
- Mais c'est impossible ! Elles font au moins quarante centimètres de diamètre !
- Rien n'est impossible pour un futur chevalier, et tu vas me le prouver tout de suite, Usul.
- Bien, Maître.
- Non, je veux passer en premier.
- Pourquoi ? Es-tu donc si pressée de voir si une femme peut devenir chevalier ? Cela ne fera surement qu'avancer l'heure de ta déception...
- Je veux prouver à tout le monde ici que je peux devenir Chevalier. Et je pense que le plus tôt sera le mieux.
- Comme tu voudras... Vas-y, frappe la poutre. "

Elle s'approcha du morceau de bois. Il était à environs un mètre du sol, encastre entre deux murets éloignés d'environs deux mètres. Elle se plaça à cinquante centimètres du milieu de la poutre et ferma les yeux. Puis elle frappa.
La douleur était atroce. Quatre taches de sang étaient visibles sur la poutre, aux endroits ou les quatre phalanges d'Alia avaient éclaté sous la violence de l'impact. Elle n'avait pas crié, mais serrait les dents en tenant son poing dans sa main. Le maître voulut la dissuader d'aller plus loin :

" Tu peux toujours abandonner, si tu veux, il n'est pas encore trop tard.
- Jamais. Vous m'avez donne trois essais, j'irais jusqu'au bout. "
Elle releva la tête et fixa la poutre, et ses yeux exprimaient toute la volonté d'une enfant déterminée a venger un jour ses parents. Elle resserra le poing et s'apprêta a frapper. A l'instant ou son poing toucha la poutre, un terrible craquement se fit entendre. Le morceau de chêne massif n'avait pas bouge, mais tous les os de la main d'Alia étaient en miettes. Les larmes lui montèrent aux yeux. Elle cria, et frappa de son poing gauche en suppliant la licorne de lui venir en aide. Usul ne vit pas le coup partir. Le maître lui-même fut étonné de la rapidité avec laquelle le poing d'Alia avait traverse la poutre et était revenu en place. Elle se tourna vers son frère :

" Je savais que je réussirais. "

Et la poutre tomba en morceaux.

" A ton tour, Usul. Montre-moi que tu es aussi fort que ta soeur.
- Bien. "

Il s'approcha de la poutre, tout en se demandant comment Alia avait fait pour détruire la première. Ses muscles étaient tout a fait incapables d'un tel exploit. Mais ce qu'elle venait de faire l'aidait a avoir confiance en lui-même. Il pensait que si elle avait réussi, il devait également en être capable. Il frappa de toutes ses forces dans la poutre. Celle-ci resta intacte, mis a part une légère trace a l'endroit ou il avait frappe. Pour son deuxième essai, il ferma les yeux et pensa a ses parents. Il se retrouva de l'autre cote de la poutre, celle-ci ayant vole en éclats sous la force inouïe de l'impact. Ses pensées étaient confuses. Jamais il n'aurait pense détenir une telle puissance. Il était le premier étonné de sa performance.

" Bravo. Vous avez franchi avec succès la deuxième étape. Vous passerez la troisième épreuve dans quelques heures. Revenez ici lorsque le soleil sera a son zénith. "

*

Bao était troublé. Il venait de faire passer la deuxième épreuve aux deux enfants qui étaient venus le voir la veille. Il avait laissé la fille essayer, persuadé qu'elle allait échouer, parce qu'il préférait qu'elle se rende compte elle-même du fait qu'elle ne pourrait jamais être chevalier, plutôt que de l'entendre de sa bouche. Mais elle avait réussi. Et il n'avait plus le droit de la refuser, son honneur de chevalier le lui interdisait. Seule l'épreuve du mental pourrait l'empêcher de devenir son apprentie. Et il était certain qu'elle ne réussirait pas. Comme il avait été certain qu'elle ne réussirait pas l'épreuve de la poutre ! Habituellement, les deux épreuves se déroulaient a la suite l'une de l'autre, mais aujourd'hui, il avait besoin de quelques heures pour mediter sur ce qui se passait.

*

" Vous allez maintenant passer la troisième épreuve. Si vous réussissez, vous deviendrez mes apprentis. Cette épreuve teste votre mental. Pour la passer, vous serez enfermés pendant une semaine dans une prison, avec juste une petite ouverture. Vous n'aurez que très peu a boire et a manger. En face de l'ouverture se trouvera un Gong, et a l'intérieur de chaque prison se trouvera une balle. Si vous voulez sortir, il vous suffira de faire sonner le gong en jetant la balle dessus. Mais sachez que si vous le faites avant la fin de la semaine, vous aurez abandonne et ne pourrez plus jamais devenir chevaliers. "
- Nous irons dans ces prisons, et nous y passerons la semaine."

*

Les prisons étaient taillées dans le roc de chacun des cinq pics. Elles étaient constituées d'une petite pièce d'environs deux mètres sur deux, avec une ouverture d'environs dix centimètres de diamètre située a un peu plus d'un mètre du sol. La paroi dans laquelle était pratiquée cette ouverture était épaisse de plus d'un mètre. Toute la pièce était en granit brut, et la porte était une ouverture fermée par un énorme rocher. Très peu de lumière arrivait a pénétrer par l'ouverture, et le seul paysage observable était l'énorme gong place a presque deux mètres de la prison, qui obstruait entièrement le champ de vision lorsque l'on regardait par l'ouverture.

Usul avait été conduit par Tori, un autre apprenti, jusqu'à la prison du pic nord, tandis qu'Alia avait été conduite par le maître Bao lui-même jusqu'à la prison du pic sud-ouest. Bao n'avait pas voulu la laisser a quelqu'un d'autre, pensant que nul ne devrait savoir qu'il avait laissé une fille passer les épreuves. Sur le chemin, Usul apprit de Tori que rares étaient les apprentis qui supportaient l'entraînement plus d'un mois. De nouveaux élèves arrivaient régulièrement, mais depuis six mois qu'il était la, Tori les avait tous vu repartir. Il avait grandi dans un village de bord de mer a deux semaines de marche de Rozan, vers le nord. Il avait été banni du village avec sa mère lorsque son père avait disparu après avoir tue le fils du chef. Sa mère avait été tuée par des loups non loin de l'île de Rozan, ou il avait trouve Bao et réussi les épreuves.

" La dernière épreuve est la pire. Il faut être extrêmement solide mentalement pour passer une semaine dans le noir, sans presque boire ni manger. Il y a environs un mois, un apprenti est devenu fou au bout de deux jours. Il a tout de même pu lancer la balle sur le gong, mais quand on est allé le chercher, il n'était pas beau a voir. Ses yeux exprimaient un désespoir intense, et il était incapable de construire une phrase intelligible. Le maître l'a soigne, et il est reparti il y a trois jours, mais il ne se souvenait de rien entre le moment ou il est entre dans la prison et jusqu'à deux semaines avant son départ. J'entend encore ses cris de frayeur, lorsqu'il se réveillait la nuit. J'espère que tu t'en sortira mieux que lui.
- J'espère aussi. "

*

Une fois enferme, Usul commença par observer chaque recoin de la prison afin de connaître cet endroit ou il allait rester pendant une semaine. Au bout de quelques minutes, il dut se rendre a l'évidence : Mis a part quelques traces de poings sur la paroi du fond, il n'y avait la rien qui soit digne d'intérêt. Il décida de passer cette semaine de solitude a s'entraîner contre le mur du fond, comme l'avaient probablement fait des dizaines d'apprentis chevaliers.

La réaction d'Alia fut fondamentalement différente. Apres avoir également inspecte la pièce, elle s'assit au centre de celle-ci, face a la seule ouverture existante, et commença a méditer sur le massacre de son village, et sur les implications de sa décision de devenir chevalier. La première journée se passa plutôt bien de chaque cote. La solitude était pesante, mais les activités d'entraînement d'Usul et de réflexion d'Alia les aidait a surmonter leurs difficultés a s'adapter a cette solitude. L'unique repas de la journée fut déposé le soir, dans l'ouverture qui donnait sur le gong. Il était compose d'un bol de riz et d'un pichet d'eau fraîche. Aucun des deux ne vit qui avait apporte ce repas, mais ils le remercièrent mentalement de tout leur coeur, la faim ayant déjà commence a se faire sentir depuis un long moment. Au coucher du soleil, la faible lumière qui pénétrait dans les prisons disparut. Seul subsistait le pale reflet de quelques étoiles sur la paroi du gong ainsi que, pour Alia, celui de la lune, déformé par la courbure du métal. Ils s'endormirent sur la pierre froide a quelques minutes d'intervalle, pour ne s'éveiller qu'une dizaine d'heures plus tard. Apres quelques minutes d'oisiveté destinées de chaque cote a s'éveiller totalement, Usul reprit son combat contre le mur nord, tandis qu'Alia essayait de trouver une activité susceptible de l'occuper quelques heures. Apres avoir passe près de deux heures a essayer de trouver toutes les inégalités du sol a l'aide de la balle, elle se décida a commencer a s'entraîner un peu, pensant que cela tuerait le temps et lui serait certainement utile, et elle commença a faire des pompes. Le troisième jour se déroula également ainsi, chacun cherchant des moyens de faire passer le temps plus vite. A partir du quatrième jour, la solitude commença a peser de chaque cote. Ils avaient tous deux commence depuis la veille a parler tous seuls de plus en plus souvent, le simple fait d'entendre une voix humaine, même si c'était la leur, les réconfortait et leur permettait de s'assurer qu'ils étaient toujours en vie. Leur sommeil était de plus en plus court et de moins en moins régulier, ils dormaient moins de deux heures et plusieurs fois par jour, et commençaient a perdre la notion du temps. Alia avait perdu le compte de ses pompes et de ses abdos aux alentours de trois mille, et Usul avait les poings ensanglantes a force de frapper la roche. Il lui arrivait de plus en plus souvent de hurler a la mort, lorsqu'il sentait qu'il commençait a perdre la raison, afin de se calmer, et il se concentrait sans cesse sur le fait qu'il ne lui restait plus que trois jours a tenir, courant en cercles dans sa prison de pierre. Alia n'entendait pas ses cris, sa prison étant trop éloignée, mais elle ressentait la même détresse que son frère. Elle ne hurlait pas, mais délirait dans son sommeil, ses rêves se peuplant de cavaliers en armures noires, de loups et de monstres psychédéliques. Son esprit commença a sombrer réellement dans le chaos au matin du sixième jour. Cela commença par une sensation de mouvement de la pièce, puis elle fut rapidement prise d'hallucinations. La solitude et le confinement avaient eu raison de son esprit. Elle vit l'homme en armure noire réduire son corps et celui de son frère en particules. Au même moment, Usul s'acharnait contre le mur nord en criant a chaque fois que son poing percutait la roche. Le sang coulait sur ses doigts et sur le granit, mais il ne s'en souciait plus depuis déjà plusieurs heures. Seul son combat contre cet adversaire immobile lui permettait de se convaincre de ne pas jeter la balle sur le gong. Tandis qu'il frappait la pierre, il se rappelait sans cesse qu'il ne lui restait plus que deux jours a tenir. Il s'arrêta un instant, et aperçu sur la paroi une fissure qu'il n'avait jamais remarquée, et il réalisa tout a coup qu'il devait avoir la capacité de briser ce granit. Maintenant que ce combat avait un objectif, il savait qu'en se concentrant sur celui-ci, il triompherait de cette épreuve. Dans un sursaut de conscience, Alia attrapa la balle et s 'apprêta a la lancer sur le gong, lorsque quelqu'un vint s'interposer. Elle crut tout d'abord que c'était Bao, mais réalisa tout a coup que ce n'était pas un être humain. Devant elle se trouvait la licorne, blanche et magnifique, et elle lui parla avec la voix de son père. Alors qu'elle se demandait si elle était encore en proie a des hallucinations, la licorne lui rappela quel était son devoir envers son père, et envers tous ceux qui étaient morts lors du massacre de son village. Elle parlait lentement, et chacun de ses mots touchaient Alia au fond d'elle-même, comme si c'était elle qui projetait son inconscient dans les paroles de la licorne. Le discours lui sembla durer une éternité, puis d'un coup la licorne ne fut plus dans la pièce. Alia savait que ca n'avait certainement été qu'une hallucination, mais cela lui redonna son courage et elle s'endormit calmement, d'un sommeil profond et sans rêves. Lorsqu'elle se réveilla, elle vit qu'il y avait deux repas non entames dans l'ouverture. Cela signifiait qu'elle était arrivée au terme de l'épreuve, puisqu'elle se rappelait avoir mange cinq fois avant de sombrer dans le délire. Elle n'y toucha pas, et alla s'asseoir contre une paroi en attendant l'heure de la délivrance. La fissure dans le mur de la chambre d'Usul s'était agrandie jusqu'à toucher le plafond et le sol. Il n'avait pas non plus touche a la nourriture des deux derniers jours, et s'apprêtait a donner le coup de grâce a l'imposant bloc de granit qui se trouvait devant lui. Les yeux fermes, il était immobile depuis déjà plusieurs minutes, la main gauche dirigée vers le mur, le poing droit serré, prêt a frapper. Il avait décidé de ne plus donner qu'un seul coup, et se concentrait au maximum pour que ce coup soit fatal. Tout son corps jusque la tendu a l'extrême se détendit tout a coup, et son poing vint percuter la roche. Des éclats volèrent dans toute la pièce. Exténué mais satisfait, il tomba a genoux, puis s'allongea et s'endormit aussitôt. Bao vint les chercher au crépuscule du septième jour. Ayant entendu le craquement de la roche, il se dirigea tout d'abord vers la prison nord ou était enferme Usul, curieux de savoir ce qui s'était passe, et quel avait été ce bruit qu'il avait entendu quelques heures plus tôt. Il le trouva allonge par terre au milieu des gravats, dormant comme un nouveau-né. Il y avait un trou d'un mètre de diamètre sur cinquante centimètres de profondeur dans le mur du fond.

" C'est extraordinaire, pensa-t-il. Même si la pierre a été extrêmement fragilisée par les centaines d'apprentis qui sont passes par la , il vient de réaliser un véritable exploit. Et ce n'est certainement pas entièrement imputable a la drogue hallucinogène dans la nourriture, même si j'en ai mis plus que d'habitude... Ce garçon a un potentiel absolument incroyable. Il deviendra surement un chevalier très puissant. "

Il le prit sans le réveiller et le ramena se reposer. Puis il alla chercher Alia dans la prison sud-est. Il la trouva assise au centre de la pièce. Elle sourit lorsqu'elle le vit entrer.

" Je savais que j'y arriverait. Je suis donc votre apprentie, a présent.
- Effectivement. Je dois avouer que je ne pensais pas te voir venir a bout de cette épreuve, et encore moins te trouver aussi consciente. Mais je dois te dire une chose : Comme tu le sais, il ne peut théoriquement pas y avoir de femme chevalier, ni même apprentie. J'ai beaucoup réfléchi a cette question durant cette semaine, et je suis parvenu a la conclusion que personne ne devrait jamais savoir qui tu es. Tu portera donc un masque pendant toute la durée de ton apprentissage, et pendant toute ta vie de chevalier, si tu parviens jusque la. Sache que s'il te prenait l'envie de révéler ton identité a qui que ce soit, j'arrêterait immédiatement ton entraînement.
- Bien, Maître. Peu m'importe de porter un masque , si je peut devenir chevalier et me battre pour la justice. "

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Cette fiction est copyright Ronan Leroy.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.