Annexe 2 : Articuno


" En ce qui concerne la constitution du groupe qui ira au temple d'Hermès, s'il y a des volontaires, qu'ils le fassent savoir immédiatement. "

Cette phrase, c'est une femme, ou plutôt une déesse, qui vient de la prononcer, assise sur son trône, en face duquel se tient l'assemblée au milieu de laquelle je me trouve, un genou à terre et la tête baissée. J'hésite un peu avant de lever la main. Ceux qui n'ont pas fait ce geste partiront vers le nord combattre les forces de Poséidon, qui a déjà tué l'un des nôtres.
Mais moi, je partirai vers l'est, en compagnie des quatre autres chevaliers qui ont également levé la main. Nous serons accompagnés par l'un des guérisseurs sacrés présents actuellement au sanctuaire. Parmi les 25 guérisseurs ayant survécu à l'attaque du temple d'Asclépios, 12 sont en train de soutenir les troupes d'Aphrodite et d'Eros, tandis que les 13 autres, ainsi que le dieu Asclépios lui-même, se trouvent au sanctuaire.
Parmi les autres, ceux qui sont morts lors de l'attaque d'Hermès, se trouvait mon frère, Gaverra. C'est pour lui que j'ai choisi de faire partie du groupe qui ira au temple du dieu messager. J'aurais voulu faire partie du premier groupe qui est parti il y a deux jours, mais je n'étais pas encore au sanctuaire lors de leur départ. Je ne suis arrivé ici qu'hier au soir. Pourquoi ? c'est une longue histoire. Je vais reprendre depuis le début.
Je suis né il y a un peu plus d'une quinzaine d'années, sur une petite île au large de la Grèce, où mes parents vivaient de la pêche et de l'élevage d'une dizaine de moutons. Deux ans après m'avoir mis au monde, ma mère mourut en donnant naissance à mon frère, Gaverra. Mon père nous éleva durant plusieurs années, jusqu'au jour où une tempête l'emporta alors qu'il était parti pêcher.
Du haut de mes huit ans, je réussis tant bien que mal à utiliser les ressources de l'île pour nous permettre de survivre.
Un jour apparut un guerrier, vêtu d'une brillante armure jaune orangée. Il était tombé du ciel, creusant un profond cratère à son point de chute. J'étais en train de rassembler les moutons lorsque c'est arrivé. Attiré par le bruit, je suis arrivé en courant. Lorsque j'ai vu cet homme en armure, qui se relevait d'un choc auquel les dieux eux-même auraient eu du mal à résister, je me suis enfui, craignant cet homme dont je ne savais rien. Fort heureusement, j'étais arrivé derrière lui, et il n'avait pas pu me voir.
La curiosité étant trop forte, je fis cependant demi-tour et vint me cacher derrière un arbre pour regarder cet être étrange. Juste à temps pour voir un deuxième homme arriver. Portant une armure dorée plus brillante encore que celle du premier homme, il s'avança vers ce dernier en lui demandant d'abandonner le combat.
Quel combat ? et qui étaient ces hommes ? les ayant vu descendre du ciel, je les prit tout d'abord pour des dieux. Leurs armures étincelant ne pouvaient avoir été crées que par Héphaïstos lui-même, pour ainsi dégager une telle splendeur.
L'homme - le dieu, pensais-je alors - qui était arrivé le premier se releva alors indemne de sa chute. C'est alors que l'extraordinaire solidité de son armure m'apparut : après un choc d'une violence telle que la roche composant le sol s'était littéralement désintégrée, ce métal semblait n'avoir même pas été endommagé.
N'ayant pas l'air de vouloir obéir au second arrivant, l'homme s'avança, et répondit qu'il n'abandonnerait pas avant d'avoir éliminé son adversaire.

" Tant pis pour toi, Stet de l'hippocampe, Répondit l'homme en armure dorée. Tu vas connaître la lente agonie de ceux qui ont été frappés par l'aiguille écarlate. "

Il leva alors son index droit et le pointa en direction de celui qui s'appelait Stet. Je ne vis pas partir le coup. Je remarquai seulement dans cette armure qui m'avait paru indestructible un minuscule trou d'où perlait une goutte de sang.
L'homme demanda alors encore une fois à son adversaire de se rendre. Devant le refus de ce dernier, il frappa à nouveau, perçant un deuxième trou dans l'armure. Il fit ainsi 14 trous minuscules dans le corps de Stet, proposant à chaque fois la reddition. Mais son adversaire avait apparemment un sens de l'honneur trop développé pour abandonner, et bien qu'une souffrance atroce l'enveloppait, il se résignait à son sort.

" Puisque tu es si borné, reçoit donc l'Antarès, le dernier coup de l'aiguille écarlate, et meurs. "

La détermination d'un tueur expérimenté se lisait dans ses yeux tandis qu'il levait son doigt pour la quinzième fois. Mais avant qu'il ait pu achever son geste, j'aperçut quelqu'un arriver derrière lui, et une voix se fit entendre.

" Non. Ne le tuez pas. Il ne faut pas tuer les gens. Ce n'est pas bien. Même s'il l'a mérité, il faut savoir pardonner. La vie est trop précieuse pour être détruite. "

Je bondis tout à coup hors de ma cachette. La personne qui avait prononcé ces mots… c'était Gaverra, mon frère. Je lui criai de s'enfuir, qu'il était trop dangereux pour lui de rester ici.
Les deux hommes ne bougeaient plus et nous observaient, étonnés de cette intervention d'un enfant de sept ans. J'ordonnai une nouvelle fois à Gaverra de s'enfuir, mais celui-ci ne m'écouta pas, continuant à s'adresser aux deux hommes en armure :

" Trop de gens sont déjà morts sur cette île. D'abord ma mère, que je n'ai jamais connu, puis mon père, dont le bateau a sombré alors qu'il allait pêcher. "

L'homme en armure dorée prit alors la parole :

" Tu dis que c'est la mer qui a tué ton père ? tu devrais donc plutôt te réjouir de voir cet homme mourir. Il s'agit d'un des généraux de Poséidon, Le dieu des océans.
- Je ne cherche pas la vengeance. Je n'en veux pas à Poséidon, mais à la mort elle même. Je vous en supplie, épargnez-le.
- Impossible. Cet homme est un ennemi de la paix. Il est de mon devoir de l'empêcher de nuire.
- Nuire à qui ? comment ? les coups que vous lui avez infligés l'ont considérablement affaibli. Il n'est plus en état de se battre. Seriez-vous assez cruel pour tuer un homme sans défense ? "

Je regardai alors l'homme qui s'appelait Stet. Bien que je ne l'avais pas remarqué auparavant, il avait effectivement l'air d'avoir été gravement atteint par les coups de son adversaire. Il tremblait légèrement, et semblait avoir du mal à se tenir debout. Ses yeux, bien que gardant toute leur détermination, ne dégageaient plus la même force qu'auparavant. Mon regard se tourna vers son adversaire. Il avait abaissé son bras, et commença à parler au général de Poséidon :

" Tu as de la chance. Je vais épargner ta vie. Va t'en rejoindre ton dieu sous-marin.
- Jamais. Notre combat n'est pas terminé. Il ne le sera que lorsque l'un d'entre nous sera mort.
- Tu ne me laisses donc pas le choix. Reçois donc ce coup. "

Il leva un doigt et le dirigea vers Stet. Comme les précédents, je n'eut pas le temps de voir le coup partir. Je put juste voir le minuscule trou qui avait transpercé l'armure et la chair. Gaverra poussa un cri d'effroi en voyant cet homme s'effondrer à terre.

" Ne t'inquiètes pas, je ne l'ai pas tué. Ce coup l'a simplement plongé dans un sommeil extrêmement profond. Toutes ses fonctions vitales sont ralenties à l'extrême, et il ne s'éveillera que d'ici cinq où six ans, très diminué physiquement. Je pense qu'il vaut mieux le cacher quelque part en attendant ce moment. Mais pour l'instant, j'ai une proposition à te faire, dit l'homme en regardant mon frère. Tu m'as paru très courageux et d'une générosité sans pareil. La terre manque de gens comme toi. Je te propose de te prendre comme disciple, afin que tu devienne un chevalier d'Athéna, et que tu combattes pour faire triompher la justice et la paix.
- Je ne peut pas accepter une telle chose, répondit Gaverra. La guerre ne me paraît pas être le meilleur moyen pour obtenir la paix.
- Tu es encore meilleur que je ne le pensais. Ce serait dommage qu'une telle bonté soit gâchée sur cette île, je vais donc te faire une autre proposition. Je peux t'aider à devenir guérisseur sacré d'Asclépios. Viens avec moi à Athènes, et ainsi tu pourrais œuvrer à la paix en sauvant des vies.
- Je serais très honoré d'accepter, mais je ne peut quitter cette île. Mon frère n'a plus que moi et je n'ai plus que lui. Je ne veux pas que nous soyons séparés. "

Le chevalier se tourna alors vers moi. Il me regarda quelques secondes puis ramassa une pierre qu'il me lança :

" Tu vois ce caillou ? peux-tu le frapper aussi fort que possible ? "

Je fis ce qu'il me disais, me brisant les phalanges, sans toutefois faire apparaître la plus petite fêlure sur la roche.

" C'est normal que tu n'y parvienne pas. Il faut au moins un an d'entraînement à un apprenti chevalier pour briser une telle pierre. Cependant j'ai vu que tu n'as pas hésité à frapper de toutes tes forces. C'est un bon début.
Venez tous les deux avec moi en grèce. Vous subirez l'entraînement, toi pour devenir chevalier, dit-il en me regardant, et toi pour devenir guérisseur, ajouta-t-il en tournant la tête vers Gaverra. Cela ne veut pas dire que vous y parviendrez, mais que je vous donne une chance de réussir. Ce sera à vous de faire en sorte d'y parvenir. "

Nous sommes donc partis pour la grèce. La-bas, je m'entraînais à devenir chevalier au sanctuaire d'Athéna, tandis que Gaverra suivait sa formation de guérisseur sacré au temple d'Asclépios. Nous nous voyions régulièrement. Je n'avais au départ aucune raison de devenir chevalier, mais Gaverra semblait tellement enthousiaste lorsqu'il parlait des guérisseurs sacrés, que je n'eut pas le cœur d'abandonner et de retourner à la vie sur notre île, sachant que si je le faisait, il voudrait me suivre pour rester avec moi.
Je mis donc toute ma volonté dans l'objectif de devenir chevalier, et redoublai d'effort pour suivre l'entraînement que me faisait subir Scipion, chevalier d'or du signe de scorpion. Il y a environs six mois, je reçut l'armure de l'Oiseau de Paradis, quelques jours seulement après que Gaverra eut obtenu celle du guérisseur de l'Olivier. En tant que chevalier récemment promus, je fut assigné à la protection du sanctuaire pendant plusieurs mois.
Jusqu'à ce qu'il y a un peu plus d'une semaines de cela, j'eut à exécuter une mission : une cosmo-énergie de puissance moyenne était soudain apparue sur l'île où nous avions vécu notre enfance. Je devais découvrir d'où venait cette énergie. Le choix s'était porté sur moi car en raison de mon origine, je connaissais bien le terrain.
Je retrouvais notre maison en ruine, les moutons avaient disparut, la végétation envahissait tout. Je fouillais l'île pour trouver des trace de cette énergie mystérieuse, mais je ne découvrit rien. Jusqu'à ce qu'au bout de quelques jours, il me vint l'idée de fouiller l'endroit où avait été caché le corps endormi du général de Poséidon. Je ne le trouvais pas, et des traces conduisant à la mer me confirmèrent qu'il s'était réveillé et avait du retourner chez son maître.
Cependant il n'en était rien, et au moment où je tournais le dos à la plage où menaient les traces de pas, je fut frappé par derrière par un coup d'une violence extraordinaire. Malgré la protection de mon armure que je transportait dans sa boite, je perdis conscience durant quelques secondes, et me réveillais à plusieurs mètres de mon point de départ. Jetant un coup d'œil vers la mer, je put voir Stet de l'hippocampe, portant son écaille et me faisant face. J'enfilai rapidement mon armure, et je m'avançai vers lui.

" Je te reconnais, dit-il. Tu étais là… mais tu étais beaucoup plus jeune. Il a du se passer pas mal d'années. Scipion est toujours en vie ? je lui avais promis que je le tuerais…
-Il faudra d'abord que tu parvienne à me vaincre. Je sais que dans ton etat normal tu n'aurais aucun mal à le faire, mais le coup que mon maître t'a porté il y a six ans agit toujours à l'intérieur de ton corps. Même un chevalier de bronze comme moi n'aura aucun mal à te battre. "

Cette dernière phrase n'était pas vraiment exacte, je m'en rendis compte par la suite. Bien que sa puissance après ces années de léthargie ait diminué au point d'être proche de la mienne, il gardait tout de même l'expérience d'un vétéran du combat. Je me retrouvais rapidement submergé sous les coups et en bien mauvaise posture. Je réussis cependant par miracle à le vaincre d'un coup de pied dans la tête. Ayant perdu beaucoup de sang, je mis plusieurs jours pour rejoindre le sanctuaire.
J'arrivais hier afin de faire mon rapport, et j'appris l'horreur de ce qui s'était passé pendant mon absence : Hermès avait attaqué le temple d'Asclépios, et beaucoup de guérisseurs sont morts, dont mon frère Gaverra.
C'est pourquoi je me suis porté volontaire pour participer à cette deuxième expédition, malgré les blessures qui me font toujours souffrir. Je trouverais l'assassin de mon frère, et je reviendrais avec sa tête.

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Cette fiction est copyright Ronan Leroy.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.