Chapitre 4 : Révélations (1)


25/09/2001

Sakura déambulait dans les rues de Médina. Elle n'était pas très fière d'elle car pour la première fois elle séchait les cours. Cependant, il fallait qu'elle puisse réfléchir calmement. Entre le lycée et l'entraînement, elle n'arrivait pas à penser au problème qui se posait à elle depuis deux semaines.
Sakura : Pourquoi est ce que je n'arrive pas à parler au psy ? Je sais très bien qu'elle veux m'aider, mais chaque fois que je la vois, j'ai l'impression de replonger dans mon mutisme. La seule chose que je peux lui dire c'est "bonjour", "merci" et "au revoir". D'ailleurs la fois où je lui ai dit "à demain" , elle a affirmé que j'avais fait des progrès. Je ne sais pas si elle était sérieuse ou si elle faisait de l'ironie.
Cependant, ce qu'elle m'a conseillé hier est intéressant. Me confier à n'importe qui voire même un inconnu. D'après elle, mon silence est du au fait qu'elle est une professionnelle et qu'inconsciemment, je suis certaine qu'elle ne s'intéresse pas réellement à moi. Elle a sûrement raison.

Sakura s'arrêta à la terrasse d'un café et commanda un chocolat chaud. Pendant qu'elle buvait, elle ne pût s'empêcher d'écouter la discussion à la table voisine.

Homme : Mais tu es complètement folle ! Tu ne sais pas ce qui est arrivé aux autres ?
Femme : Ce n'était pas des journalistes mais des charognards. Les questions qu'ils posaient étaient d'une indécence.
Homme : Peut être mais j'espère qu'on ne tombera pas sur le père.
Femme : D'après mes informations, sa femme est encore plus agressive.
Homme : Le mieux serait d'aller trouver la fille à la sortie des classes.
Femme : Il n'en est pas question ! Nous ne ferons rien sans l'autorisation de ses parents. Cette pauvre Sakura est peut être encore sous le choc. Tu ne sais pas ce que c'est de voir quelqu'un mourir à cet âge, moi si. J'avais dix ans quand j'ai vu mes parents périr dans un incendie. Il m'a fallut cinq ans de psychanalyse pour m'en remettre.
Homme : Je, je ne savais pas.
Femme : Ce n'est rien.
Sakura : Excusez moi ? Est ce que par hasard vous parleriez de Sakura Doki ?
Femme : C'est exact. Vous la connaissez ?
Sakura : Nous sommes très proche. J'ai suivi votre discussion et si j'ai bien compris, vous êtes journalistes ?
Femme : Journaliste est un bien grand mot.
Homme : Nous travaillons pour un petites chaîne du câble, elle s'appelle Homo-News.
Femme : Vous ne le savez peut être pas, mais la mort de Shinji Hazuki a fortement ému notre communauté. Malheureusement, nous ne savons rien de lui. Ils est hors de questions d'interviewer son père, sa mère refuse, et c'est compréhensible, de nous parler quant aux autres, ils veulent monnayer leurs renseignements.
Homme : Tout cela nous oblige à nous rabattre sur le témoin du meurtre. Malheureusement, elle est sûrement encore fragile psychologiquement et ses parents ne semblent pas commodes.
Sakura : Puisque vous me semblez sympathiques, je peux vous arranger une entrevue si vous voulez ?
Homme : Sans blague ?
Sakura : Bien sur, mais j'y pense, nous ne nous somme pa présentés.
Femme : Vous avez raison. Je m'appelle Momiji Haraki, et lui c'est Shiguéru Suzuki mon cameraman.
Sakura : Enchantée, je me nomme Sakura, Sakura Doki.

Momiji et Shiguéru se demandaient si la jeune fille en face d'eux n'était pas en train de leur faire une farce. Voyant l'air septique de ses interlocuteurs, Sakura leur montra sa carte d'identité. Shiguéru l'examina pour vérifier si elle n'était pas fausse. Il ne pût que confirmer les dires de Sakura.

Momiji : Je peux savoir ce qui vous pousse à vous confier à nous ?
Sakura : Je pense que le fait que vous ayez vous aussi vécu un moment tragique, me pousse à vous faire confiance. De plus, mon psy m'a recommandé...
Momiji : De vous confier à quelqu'un même un inconnu. J'ai connu ça moi aussi.
Sakura : Et c'est efficace ?
Momiji : Personnellement, il m'a fallu une semaine pour me rendre compte que je me portais mieux. Mais cela doit varier selon le caractère de chacun. Cependant, j'ai du attendre trois ans pour pouvoir me confier. Vous semblez surmonter votre traumatisme très rapidement.
Sakura : C'est un de mes défauts, je ne supporte pas attendre.

Sakura avait dit cela sur le ton de la plaisanterie, mais Momiji remarqua tout de suite que son sourire était forcé.



Quelques instants plus tard, dans le café.

Shiguéru avait marchandé avec le gérant pour pouvoir tourner l'interview dans son commerce. Il finit par accepter à condition que son enseigne soit citée.

Momiji : Vous êtes sur que vous voulez le faire ?
Sakura : Non, mais je ne vais pas fuir mes démons toute ma vie.

Momiji s'assit en face de Sakura son micro à la main.

Momiji : Mademoiselle Doki, pourriez vous vous présenter à nos téléspectateurs.

Sakura prit une grande inspiration.

Sakura : Et bien j'ai quatorze ans, je suis en terminale au lycée de Médina et je suis la meilleure élève de mes parents au dojo.
Momiji : Est ce que vous vivez bien votre situation de surdouée ?
Sakura : Je n'aime pas le terme surdoué. Je préfère dire que je suis plus éveillée que les enfants de mon âge, ou bien que j'ai une grande faculté de compréhension.

Momiji : Voilà des paroles bien humbles. Avez vous des matières de prédilection ? Sakura : Les langues, l'histoire et la littérature. Pour le sport, bien que j'y excelle, je le mets dans le cadre de mon entraînement martial. J'ai plus de mal avec les matières scientifiques, mais je n'ai jamais eu de notes en dessous de la moyenne.
Momiji : Combien de langues maîtrisez vous.
Sakura : Mes parents m'ont appris le grec et l'italien, sinon je suis très bonne en français et je baragouine un peu l'anglais que j'ai appris au lycée. Ce qui fait quatre en tout.
Momiji : Ce sont exclusivement des langues européennes ; vous êtes fascinée par cette partie du monde ?
Sakura : En fait ma mère est italienne et mon père a passé une partie de sa vie en Grèce. C'est d'ailleurs là bas qu'ils se sont rencontrés. Je me suis intéressée au français après avoir entendu une chanson dans cette langue à la radio. Je trouvais la musique jolie, mais je voulais absolument comprendre les paroles. C'est ce qui m'a poussé à apprendre la langue de Molière. Quant à l'anglais, c'est une des langues les plus parlées au monde et je compte bien voir du pays un jour.
Momiji : Hormis les arts martiaux, vous avez d'autres centres d'intérêt ?
Sakura : Je me passionne pour les dessins animés français et j'adore traduire les textes des chansons de ce pays.
Momiji : Vous êtes une fille aux multiples talents, mais assez parlé de vous. Pourriez vous nous dire comment vous avez rencontré Shinji ?

Sakura marqua un silence.

Sakura : C'était il y a deux ans, un lundi si je me souviens bien. Shinji était un élève de mon père. Il n'était pas très bon, pour ne pas dire complètement mauvais. Hors un jour, j'ai surpris une discussion entre mon père et le sien. Monsieur Hazuki lui reprochait les prestations déplorables de son fils. Mon père a bien essayé de lui faire comprendre que Shinji manquait de volonté, rien n'y faisait. Monsieur Hazuki l'a même menacé de le traîner devant les tribunaux pour escroquerie si Shinji ne faisait pas de progrès d'ici la fin de la semaine. Cette discussion m'avait choquée et je décidais de réagir. Avant de commencer les exercices, nous avions toujours une heure d'échauffement. Mon père n'y assistait pas, il laissait les novices aux soins des élèves les plus expérimentés. Habituellement, je m'occupais de Kaidé, une fille de mon âge. Je lui ai fait comprendre que je désirais m'occuper d'un autre élève. Je l'ai confiée aux bons soins de Toji qui était, après moi, le meilleur élément du dojo. Je me suis ensuite dirigée vers Shinji qui, comme d'habitude, ne faisait rien, et préparais ma vengeance. Je me rappelle encore de notre discussion.


Flash back


Sakura : Dis donc feignant, t'es pas là pour te reposer. Alors tu vas me faire le plaisir d'aller sur le tatami et en quatrième vitesse.

Shinji n'obtempéra pas. Sakura le projeta alors sur l'aire de combat.

Shinji : Mais t'es complètement folle !
Sakura : Enfin une réaction. Bien, on va faire un petit jeu, il durera toute la semaine. Je te donne une heure pour me porter un coup. Chaque fois que tu rateras, je t'humilierais, si ta performance est vraiment déplorable, je te frapperais. Si à la fin du temps imparti tu échouais, je te passerais à tabac. Si tu refuses, le résultat sera le même que si tu perds.
Shinji : Et si je réussis à te toucher ?
Sakura : Si tu réussis cet exploit, je serais ton esclave une semaine durant.
Shinji : Marché conclu.


Le présent


Momiji : Vous n'aviez pas peur de perdre ?
Sakura : J'étais sûre de ma victoire. J'évitais tous ses coups avec aisance et me moquais de lui à chaque fois que j'esquivais. Comme promis, je le frappais chaque fois que le coup qu'il me portait était déplorable. Au bout d'une demi heure, il était à bout de nerf, il ne parvenait plus à se concentrer. Il m'envoya un coup tellement lent, que je décidais de contre-attaquer tout de suite. Je me suis retrouvée au tapis en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.
Momiji : Comment vous a t'il touché ?
Sakura : Il avait fait une feinte tellement évidente que je ne l'avais même pas vue. Shinji avait compris que les insultes et les coups que je lui donnais, étaient inversement proportionnels aux siens. Il a donc sciemment porté un coup très faible pour me forcer à attaquer. Il m'a ensuite empoignée le bras et mis à terre. Mon père est arrivé à ce moment là et a vue que j'étais au tapis. Il m'a demandé et je le cite : "quel demi-dieu" avait réussi cet "exploit".
Momiji : Vous étiez si forte que ça ?
Sakura : Avant Shinji, aucun élève n'avait réussi à me faire tomber. Mon père fût plus qu'étonné en reconnaissant mon adversaire.


Flash back


Shun : Et bien Shinji, on dirait que tu cachais bien ton jeu, ou alors ma fille est un meilleur professeur que moi.
Shinji : Il y a un peu des deux senseï Jubeï.
Shun : Sakura, je veux qu'à présent tu t'occupes de la formation de Shinji.
Sakura : Bien père.


Le présent


Momiji : Est ce que vous avez tenu la parole que vous aviez donnée à Shinji ?
Sakura : Bien sur ! Mais il a refusé. Il m'a expliqué que si il ne faisait aucun effort, c'était en signe de protestation envers son père qui l'avait inscrit de force dans le dojo. Je lui racontais alors la discussion que j'avais surprise entre nos paternels. Il s'excusa en me disant qu'il ferait tout pour rattraper son retard. Cependant, il remarqua bien vite que lors de notre première confrontation je ne m'étais pas battue à fond. Il a eu du mal à résister à mes assauts mais il a tenu bon jusqu'à la fin de la journée. Mon père est ensuite venu le voir et lui a proposé de suivre une formation plus poussée.
Momiji : Qu'entendez vous par "plus poussée" ?
Sakura : Ça consiste à rester une heure de plus au dojo ainsi que venir le dimanche. De plus, les cours supplémentaires son dispensés par ma mère. Comme elle est un peu plus agressive que lui, il choisit toujours des élèves ayant une très bonne défense. C'est d'ailleurs le principe même du style de mon père, il l'a nommé le "rolling défense".
Momiji : Y avait il beaucoup d'élèves dans ce cour renforcé ?
Sakura : A cette époque, Shinji fût le seul à en bénéficier. Il y a bien eu Ozamu Naka mais il avait déjà déménagé depuis trois ans.
Momiji : Je suppose que vous participiez aussi à ces entraînements.
Sakura : C'est exact, en plus la présence de Shinji m'a permis d'apprendre à modérer mes efforts. Car pour tenir tête à mes parents il fallait que je donne tout ce que j'avais dans le ventre. Je ne les ai d'ailleurs jamais battus. C'est lors de ces cours particuliers qu'une solide amitié s'est forgée entre Shinji et moi. Cela se ressentait dans la façon de nous battre.
Momiji : C'est à dire ?
Sakura : Et bien au début, nous gardions nos distances, les assauts étaient brefs et consistaient surtout à projeter l'adversaire au sol. Mais à mesure que Shinji progressait les combats duraient plus longtemps et étaient plus physiques. En six mois, il était devenu mon égal. Nous pouvions combattre près de trois quart d'heure sans que l'un ne prenne l'avantage sur l'autre. Quand l'entraînement cessait, nous nous amusions à compter nos bleus, à parier sur le vainqueur du prochain combat ou même à parler de tout et n'importe quoi.
Momiji : Quels étaient vos rapports hors du dojo ? Au lycée par exemple.
Sakura : Shinji n'allait pas a mon lycée, ses parents ou plutôt son père, l'avait inscrit dans une école privée. Nous ne nous sommes jamais vu hors du dojo.
Momiji : Votre amitié était du genre "virile" si je puis m'exprimer ainsi.
Sakura : Je n'ai moi-même jamais trouvé une meilleur définition à notre relation à ce moment là. Mais au bout d'un moment, j'ai remarqué que quelque chose changeait. Je devenais de plus en plus distraite, je prenais plus de coups mais ça ne me gênait pas. Au contraire, je ressentais une sorte de plaisir et lorsqu'il parvenait à m'empoigner je perdais tout mes moyens et me laissais mettre à terre. Il m'a fallu deux semaine pour que je me reprenne et fasse abstraction de ces nouveaux sentiments.
Momiji : Vous ne saviez pas encore qu'il était homosexuel ?
Sakura : Non, en fait, je pensais qu'il ressentait la même chose et qu'il était comme moi trop timide pour le dire. Je n'ai appris la vérité que (sanglot) que ce jour là. Je n'avais pas dormi de la nuit, il était venu pour me voir afin de me confier un secret. (sanglot) J'était certaine qu'il allait me faire sa déclaration ; Quand il m'a avoué qu'il était gay, je l'ai très mal pris, j'ai eu l'impression que le monde s'écroulait autour de moi. Et lorsqu'il m'a demandé si il devait se confier à ses parents, (sanglot) je lui ai dit oui en sachant qu'ils le prendraient mal. C'est moi qui l'ai envoyé chez lui, c'est moi qui ai tué Shinji.
Momiji : Est, est ce que vous l'aimiez ?
Sakura (en sanglotant) : Non, je ne l'aimais pas, je l'aime, je l'aime toujours. Même en sachant ce qu'il est, je l'aime. Je l'aime et je lai envoyé à la mort. Je l'aime et je n'ai rien pu faire pour le sauver. Je l'aime et je ne pourrai jamais plus aimer.

Sakura se mit à pleurer tout son soûl. Momiji arrêta l'interview un instant car elle sentait aussi les larmes lui monter aux yeux. Shiguéru était dans le même état ainsi que le patron du café. Lorque Sakura sembla calmée, elle décida de reprendre.

Momiji : Puis je savoir pourquoi vous vous êtes rendu chez lui ?
Sakura : Mon père avait surpris notre conversation, il a mis en garde Shinji à propos de ses parents et lui a révélé mes véritable sentiments à son égard. Il est ensuite venu me voir pour me mettre au courant de son action et m'a conseillé de livrer moi aussi un grand secret à Shinji. J'étais venue lui livrer mon plus grand secret. Mais il ne le saura jamais, personne ne le saura jamais.
Momiji : Mademoiselle Doki, je vous remercie pour cette interview. Mais ne vous en faites pas, vous êtes jeune et belle, vous trouverez sûrement quelqu'un d'autre.
Sakura : Ou quelqu'une qui sait ?

Momiji fit signe à Shiguéru d'arrêter la caméra. La dernière réflexion de Sakura l'avait troublée, elle n'avait décelé aucune trace d'ironie. Les deux journalistes partirent laissant Sakura seule un instant. Le patron lui offrit un café. Sakura accepta bien qu'elle aurait préféré un chocolat.
En sortant, elle sentit une sensation bizarre. Elle ouvrit machinalement la bouche et se mit à rire. Elle n'avait plus ri depuis la mort de Shinji.

Sakura : Ca commence déjà à faire effet, décidément, je ne supporte pas d’attendre.

Après cette réflexion, Sakura se mit à rire de nouveau.

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Cette fiction est copyright Benjamin Gelbard.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.