Chapitre 2 : A toi mon Frère


La nouvelle terre semblait baigner dans une magie étrange qui assurait une force et un moral exceptionnels aux hommes qui en foulaient le sol et qui y œuvraient pour leur déesse. De grands sculpteurs et architectes dont les plus renommés, tel le jeune Phidias, firent don de leurs talents à Athéna. Mais ce n'était qu'un juste retour des choses, une reconnaissance légitime envers celle qui a tant ouvert les hommes au savoir et à la compréhension des sciences. Voilà seulement trois semaine que l'olivier avait germé des ruines de l'ancien fort et déjà, il avait disparu derrière les murs protecteurs de l'immense palais royal où siègera Cécrops, le désormais souverain d'Athènes et Grand Pope d'Athéna. Le fier Parthénon, l'édifice dédié à la grande déesse, se dressera bientôt dans toute sa splendeur au sommet de la colline. Les murailles étaient en train de s'élever progressivement autour de la cité, au rythme du martèlement des tailleurs de pierre et des charpentiers. En contrebas de la colline, des casernes de fortune furent dressées rapidement afin de mener aussitôt que possible l'entraînement des futurs combattants d'Athéna. De nombreux soldats égyptiens et mésopotamiens s'y étaient ralliés. Mais l'armée d'Athéna était surtout formée par des jeunes garçons des villages voisins, et aussi de terres plus éloignées, car beaucoup virent en la venue de la déesse la flamme de l'espoir traversant les limbes du désespoir. Beaucoup en effet, s'engagèrent dans le désir de voir apparaître un monde plus juste, où la société serait fondée sur le savoir des sages et la fraternité des citoyens et non sur l'avidité des tyrans qui les oppressaient depuis toujours. Cependant, faire partie de l'armée d'Athéna représentait un mérite non négligeable car si l'espoir était nécessaire dans le cœur de ces hommes, c'était aussi pour alimenter un courage et une volonté hors du commun.

Au milieu d'une cour, une quarantaine de jeunes hommes s'exerçaient aux manœuvres groupées. Il s'agissait de futurs hoplites et ils étudiaient les tactiques de défense face à une charge de cavalerie. Ils s'y exerçaient depuis l'aurore. Le soleil se tenait au plus haut dans le ciel d'azur et la chaleur était devenue intenable sous les casques et les cuirasses. Le sable brûlait les pieds nus des soldats.

" Défendez-vous mieux que ça ! Avez-vous l'intention de tomber à la première escarmouche ? On reprend tout l'exercice ! Je veux plus de conviction dans vos actes ! Vous devez dès maintenant considérer que vos vies sont en danger ! "

Les hommes s'entraînaient avec ferveur. Mais la plupart étaient à bout de force. En plus d'un renforcement physique, l'entraînement était aussi une mise à l'épreuve de l'esprit. Le désir d'abandonner, de plier sous la douleur… tels sont les obstacles à surmonter et les soldats le savaient pertinemment. La sueur s'écoulait hors de leurs casques puants et trempait leurs visages torturés par l'effort et les rayons suffocants de midi. Sur leurs peaux collantes se mêlaient sable, poussière et crasse. Leurs lèvres étaient ponctuées d'écumes blanchâtres et certains avaient la langue pendue. Un des jeunes hommes fraîchement recrutés finit par s'écrouler au sol, inconscient. Son casque roula sur le sable. Saga s'avança vers lui et lui flanqua un coup de pied.

" Debout ! "

Le jeune homme demeura inerte. Ses compagnons les plus proches suivirent la scène du regard tout en continuant l'exercice. Mais même cela était répréhensible. Car un guerrier qui s'entraîne ne doit rien laisser venir le troubler. Saga leur jeta un regard sévère. Il n'en fallait pas plus pour que les jeunes garçons regardèrent à nouveau droit devant eux.

" Quant à toi, que décides-tu de faire ? Tu comptes te reposer avant de reprendre le combat ? As-tu idée de ce qu'est une guerre ? "

A ces mots, le jeune garçon rouvrit les yeux. Il répondit faiblement.

" Oui… je sais ce que c'est… la guerre… comme la plupart de mes frères d'arme… qui ont rejoint Athéna… "

Il était encore très jeune. Certainement plus jeune que la plupart de ses camarades. Et son visage évoquait la douceur d'une femme et l'innocence d'un enfant. Pourtant, l'amertume était gravée dans ses yeux qui virent bien des choses qu'un enfant n'aurait jamais dû voir. Il tenta, en prononçant le nom de sa déesse, de se relever, mais ses bras tremblants cédèrent.

" Tu perds ton temps. Ta place n'est pas ici, il vaut mieux que tu t'en ailles. Amenez-lui de l'eau ! "

L'un de ses compagnons se pencha sur lui une gourde à la main.

" Non… attendez… " fit le jeune garçon.

Comme il semblait pris de convulsions, son ami le maintint.

- Allons calme-toi, tiens, prend ça, tu te sentiras mieux…
- Non je n'en veux pas… Je veux rester ici…
- Voyons, cesse de bouger…
- Laisse-le ! fit Saga.

Il y eut presque comme un air indigné qui se marquait sur le visage du deuxième soldat. Mais celui-ci s'inclina devant son commandant et recula. Péniblement, le jeune garçon à terre parvint à prendre appuis sur ses mains et à se mettre à genoux. Le regard de Saga perdit un peu de sa dureté. Le jeune soldat reprit sa lance et s'en aida pour se redresser complètement. D'un pas tremblant, il alla rejoindre les rangs. Mais à peine reprit-il l'exercice que ses jambes vacillèrent et il s'effondra à nouveau. Saga se dirigea vers lui, le prit dans ses bras pour redresser son buste et porta la gourde à ses lèvres. Il vit alors que les yeux semi-fermés du jeune adolescent étaient trempés de larme.

" Commandant… Gardez-moi auprès de vous… Il n'y a plus rien qui me pousse à vivre au dehors… Lorsque j'ai vu la déesse Athéna, j'ai… j'ai… j'ai cru…"

La plupart des artisans s'était arrêtés d'œuvrer à leur besogne pour préparer le repas. Il s'agissait essentiellement de femmes. Un petit feu était allumé non loin de la cour des soldats et des paysans vinrent chercher de l'eau au puits. Quelques hommes commençaient à s'asseoir autour du feu, bientôt rejoint par leurs collègues dont les visages s'illuminaient de gaieté. Sous ce soleil de plomb, ils n'étaient effectivement pas mécontents de laisser leurs outils l'espace d'un instant pour passer à table. Des rires commençaient à s'échapper du groupement, accompagnés d'une appétissante odeur de viandes et de poissons grillés. Quelques-uns toutefois, intrigués, regardèrent dans la direction de l'étrange remue-ménage qui animait la cour des soldats. Saga baissa la tête et ferma les yeux.

" Ton corps n'est pas celui d'un guerrier… Et pourtant ton courage en vaut tellement... Tu resteras avec nous si tu y tiens. En attendant, bois. "

Puis il porta le jeune homme à l'ombre d'un préau et l'y allongea. Se retournant vers les autres soldats, il leur lança d'un léger sourire :

" Il suffit ! Prenez un peu de repos, vous avez fait des progrès remarquables. Je suis content de vous. "

La plupart des hommes se laissèrent tomber au sol, totalement épuisés. D'autres jetèrent leur casque et coururent au puits. Au bout de quelques instants, tous semblèrent soulagés et réjouis de la récréation qui leur a été accordée. Certains s'étaient endormis sur le sable tandis que leurs camarades leur jetaient de l'eau à la figure. Probablement pour leur faire une farce mais aussi et certainement pour leur plus grand bien. Saga laissa ceux qui le pouvaient encore rire et s'amuser et s'éloigna d'un air pensif après avoir regarder une dernière fois le jeune garçon qu'il venait de porter.

" Un enfant, rien qu'un enfant… Une sensibilité si accrue… et pourtant quel courage… De toute évidence il n'a de pensée que pour Athéna. Les autres garçons ne sont pas affectés à ce point… Aurait-il ressentit quelque chose de fort et d'inexplicable en apercevant la grande déesse ? Serait-il particulièrement réceptif à sa douce émanation ? Serait-il… lui aussi… "

Le bruit d'un choc métallique le tira hors de ses songes. Saga arriva dans la cour d'à côté où Ayoros formait ses hommes au maniement du glaive. Celui-ci mettait à l'épreuve un de ses élèves avec de vraies armes tandis que les autres s'entraînaient avec des épées en bois. Non loin de là, Aiolia initiait un troisième groupe à la lutte et au combat à main nue.

Du haut d'une balustrade du palais, vêtue d'une simple tunique légère, Athéna fixait calmement l'horizon en direction du nord. Cécrops se tenait à ses cotés et scrutait lui aussi. Soudain, elle se retourna vers le Grand Pope et lui dit en souriant :

- Ils arrivent.
- Tous ? Ils sont tous là ?
- Non… pas tous…

Cécrops ferma les yeux quelques instants.

- Oui, je commence à ressentir leur présence moi aussi. Ils se rapprochent à vive allure.
- En effet, je sens l'impatiente qui les anime.

Ayoros bloqua le glaive du jeune homme et son regard soudain surpris se porta au-dessus des remparts.

- Saga ! …
- Oui, j'ai senti.

Sur ces mots, Saga grimpa sur les échafaudages, se faufilant entre les artisans à l'ouvrage et atteignit les coursives du rempart. Il fixa longuement en direction du nord. Ayoros fit signe à Aiolia de suspendre l'entraînement de ses hommes. Saga tenta d'identifier les intrus.

- Je ne sais combien ils sont. Mais ce que je ressens est gigantesque. De redoutables guerriers se rapprochent.
- Des soldats de Poséidon ? … Hadès ? S'interrogea Ayoros qui venait de le rejoindre.
- Je l'ignore Ayoros. Mais il ne s'agit pas d'émanations violentes ou agressives quoique, assez anxieuses.
- Ne devrait-on prévenir la déesse Athéna ? lança Aiolia depuis le pied du mur.

Ayoros se retourna et aperçut la lointaine silhouette de la déesse qui se tenait droite sur la balustrade du palais.

" Il est certain qu'elle a perçu leur présence bien avant nous. Et sa quiétude m'inspire confiance. "

Sur ces mots, il affûta son regard.

- La bas !
- Oui, je vois.

Un nuage de poussière s'élevait derrière les vallonnements recouverts d'herbes sèches. Soudain, apparut un cavalier, puis deux, et trois… Ils étaient cinq. Saga et Ayoros ressentirent une étrange émotion en les apercevant. Les cinq cavaliers s'arrêtèrent. Etait-ce les deux hommes ou les murs de la grande cité en devenir qui les interpellaient ?

" La toute jeune Athènes… "

Le cavalier de tête portait une cuirasse crétoise. Il semblait être un militaire haut gradé. Ses longs cheveux dorés étaient semblables à ceux de Saga. Mais son visage était plus endurci. Sur l'arrière de sa monture était attachée une très grande lance acérée.

" Nous l'avons donc trouvé. "

Le deuxième homme semblait d'origine ibérique. Une longue épée était attachée à sa hanche. Ses cheveux noirs soulignaient la blancheur de sa peau malgré le soleil de sa terre natale. Il était visiblement de haut rang de par sa tunique de tissu renforcé de cuir et la boucle de son ceinturon richement décorée.

" Oui… Cela n'était pas un simple rêve… "

Le troisième était torse nu et portait un pantalon en peau de cerf. Son corps était toutefois recouvert d'une épaisse cape. Un torque d'or cernait son cou. Une hache était accrochée à son ceinturon. Ses longs cheveux étaient de la couleur des feuilles d'automne qui abondaient sur les froides terres de sa contrée. A n'en pas douter, il venait des pays celtes, très au Nord.

" Mais plutôt l'essence d'une réalité manifestée en rêve. "

Les yeux tirés du quatrième homme rappelaient ceux des Huns et des mongols cavalant sur les hautes plaines de l'Est, au-delà du pays wisigoth. Cependant, son accoutrement n'était point fait de fourrure ou de peau, mais de tissus finement brodés qui révélaient son appartenance à une toute autre civilisation. Un long bâton se tenait horizontalement sur l'arrière train du cheval.

" Quoi qu'il en soit, il nous reste encore à achever ce que nous avons commencé. Allons jusqu'au bout de notre chemin. "

Le cinquième était un colosse à la musculature herculéenne et à la peau brunie par le soleil. Ses yeux étaient à peine visible cachés sous ses épais sourcils noirs. Lui aussi semblait originaire de la péninsule ibérique, mais ses vêtements fatigués par le temps rappellelait ceux d'un paysan. Il n'y avait ni arme ni bouclier sur sa monture dont la carrure était conséquente à la sienne.

" Allons-y. Je sens que l'on nous y attend. Yiiaa ! "

Les cinq cavaliers franchirent les portes de la cité. Ils descendirent de leur monture d'un geste assuré sous le regard étonné des tailleurs de pierre et des gardes à qui l'ordre de demeurer passifs semble avoir été donné. Trois hommes se tenaient en face d'eux et les fixaient attentivement du regard. Les cinq voyageurs se rapprochèrent de leurs hôtes. Leurs visages souriaient. L'homme d'orient dit alors à ses compagnons d'un ton amusé :

- En voici trois qui nous ont devancés. Voilà une admirable démonstration de promptitude.
- Vu la distance que tu as traversée au préalable, il me semble tout de même que ce soit toi qui ais possédé les plus fines oreilles, lui rétorqua le Crétois.

Cinq intrus étaient arriver au milieu de la cité d'Athènes et plaisantaient sans tenir compte le moins du monde des gardes qui les entouraient, prêts à pointer leur lance à tout instant. Les trois gardiens d'Athéna tentèrent alors de comprendre les sentiments qui les envahissaient. Ils tentèrent d'entrer en contact avec la pensée des inconnus en lisant sur leurs visages et sur le rayonnement de leurs puissantes cosmo-énergies… Non… A bien y réfléchir, ce n'était pas des rires d'arrogance. Point d'arrogance dans tout cela… juste une totale confiance… Ces sourires leur étaient adressés, tel le salut chaleureux de parents qu'ils avaient oubliés mais qui eux, les reconnaissaient. Alors Ayoros et Saga se souvinrent. Ce fut la même émotion qu'ils ressentirent lors de leur première rencontre, mais la haine et l'ignorance l'avaient, à ce moment là, fortement voilé. Aujourd'hui cependant, plus rien n'obstruait la pureté du sentiment et celui-ci se manifesta au grand jour en une révélation aussi puissante que celle d'Athéna. Car Athéna était la source de leur lien à tous. Plus que des frères de sang, ils étaient les frères de la destinée. On eut cru entendre au cœur de cet intense et doux rayonnement comme des rires d'enfants. Les portes du palais s'ouvrirent du haut de la colline et une douce voix s'éleva dans leurs esprits.

" Les murs de ce lieu sont imprégnés de bienveillance pour celui qui sait la ressentir. Soyez les bienvenus. "

Ayoros ouvrit la marche.

" Venez, suivez-moi. "

Aiolia fit signe aux soldats de prendre une pause. Puis il ferma le cortège. Les huit hommes montèrent le long escalier qui serpentait sur les courbes de la colline et qui menait jusqu'au palais. Leurs visages étaient mêlés de fatigue et d'enthousiasme. Leurs allures, malgré des vêtements hétéroclites, semblaient mues par une seule et même fierté, comme s'ils partageaient dans leurs veines le même sang noble. Eblouis par la grandeur qu'ils inspiraient, les artisans et bâtisseurs s'inclinèrent respectueusement à leur passage. A mesure qu'ils avançaient, les battements de leurs cœurs se firent de plus en plus intenses. Même Saga, Aioros et Aiolia partageaient cette émotion, car si ce n'était point la première fois qu'ils empruntaient ce chemin pour se présenter à Athéna, ils pressentaient qu'aujourd'hui, une chose importante allait leur être révélée.

Alors qu'ils franchissaient les hauts murs du palais, ils découvrirent un vaste jardin fort étrange qui n'était fait que de terre caillouteuse parsemée ici et là de touffes d'herbes brunes. Pourtant, au milieu de tout cela, pouvait-on apercevoir un superbe olivier qui illuminait de sa tendre jeunesse un lieu où tout semblait mourir sous l'usure du temps. A ces pieds, l'herbe était magnifiquement verte et agrémentée de petites fleurs blanches. A cette vue, les cinq voyageurs ne purent s'empêcher de se rapprocher de l'arbre et de contempler cette chose à la fois si commune et si unique… Ils baissèrent la tête et semblèrent plongés dans un profond recueillement.

" Ce sol s'est trop longuement gorgé de sang et de larme. " fit doucement une voix féminine.

Les cinq hommes revinrent à eux et se retournèrent.

" Athéna ! "

Ils se mirent à genoux. Saga, Ayoros et Aiolia s'inclinèrent devant la déesse et le Grand Pope qui se rapprochaient doucement. Athéna reprit.

" Certaines cicatrices demeureront éternelles. La terre n'oublie jamais ce qu'elle a vu ou enduré. Et moi, déesse dont la mission est de la défendre, je ne peux que m'en remettre aux hommes, en leur offrant la possibilité de penser ces plaies. Cette possibilité, c'est l'espoir. "

Sur le dernier mot d'Athéna, Ayoros porta son regard sur l'olivier. Des larmes s'écoulaient des yeux des cinq voyageurs.

" Lors de ma venue en ces lieux, mon premier acte fut d'y faire germer l'espoir. Mais ce geste aussi beau soit-il a ses limites. L'espoir est plein de force et ne demande qu'à s'épanouir, illuminant tout autour de lui. Cependant, il n'est pour l'instant qu'une flamme minuscule au milieu d'une étendue de désolation… "

L'homme d'orient prit alors la parole.

- La flamme est certes minuscule, mais la force qu'elle contient est infinie… Et puiser dans cette force peut faire de l'espoir une réalité.
- Oui c'est exact. C'est pour cela que vous êtes ici, pour devenir les porteurs de cette flamme.
- Princesse Athéna, je sens dans vos paroles un dessein qui va bien au-delà de la mission que le puissant Zeus vous a confiée.

Athéna sourit.

" J'ai longuement enseigné aux hommes tous les savoirs dont j'ai hérité de mon ascendance divine, des mathématiques à l'art du tissage, de l'art militaire à la conscience du civique. Pour moi, les hommes sont les meilleurs porteurs de l'espoir car ils sont capables de choses que bien des dieux ne peuvent comprendre ou ont oublié depuis fort longtemps. Il viendra un jour où ces derniers devront réaliser que le rêve d'éternité et d'invulnérabilité qu'ils ont façonné ne pourra que retourner au néant. Le cœur d'Hadès est tombé sous le poids du terrible fardeau de l'éternité. Son acte insensé n'est que la traduction de son propre espoir, celui d'éradiquer la souffrance d'une vie éternelle… Mais il court là derrière un espoir chimérique… En revanche, l'espoir de certains hommes qui est de devenir justes et bons, et ce malgré une vie remplie de souffrance, cet espoir là est bien légitime. "

Du silence s'éleva le souffle du vent. Les serviteurs d'Athéna aperçurent dans le regard de leur déesse, à travers ses longs cheveux bruns dansants devant son visage, un mélange de joie et de tristesse. Son regard était humide ce qui était fort impropre à une déesse se présentant devant de pauvres mortels. Doucement, elle reprit :

" Ne croyez pas qu'il ne s'agisse là que d'une guerre entre des dieux pour qui les humains ne seraient que des pions. Pour vous, c'est manifestement une lutte pour l'humanité qui s'engage. Et croyez bien qu'elle sera longue, bien plus longue que vous ne pouvez l'imaginer. L'humanité est mon espoir à moi. Puissiez-vous ne jamais suivre le chemin des dieux. "

Leurs cosmo-énergies irradiaient doucement le lieu et entouraient celle d'Athéna. C'est comme si elles cherchaient à se mêler à celle de leur déesse, tentant de trouver les portes d'entrée qui les mèneraient vers une compréhension supérieure.

" Parmi tous les hommes de ce monde, il en existe douze élus par le destin. Chacun d'eux est venu au monde sous la protection de l'une des douze constellations du Zodiaque, celles traversées par la course du soleil. Vous êtes huit des douze élus. Huit des douze Saints que les constellations ont désignés. Vous êtes les Chevaliers du Zodiaque. "

Athéna se tut et porta son regard vers le Grand Pope. Celui-ci s'inclina puis prit la parole. Sa voix grave et puissante semblait faire vibrer la terre.

" Les innombrables combats que vous avez menés durant votre vie de soldat et de mercenaire vous ont éveillé à la conscience d'une formidable énergie s'écoulant dans vos veines. Mais cela n'est qu'un aperçu succinct de la véritable nature du cosmos. Vous devez désormais apprendre à puiser votre véritable puissance au sein de votre constellation gardienne. "

- Mais comment savoir à quelle constellation nous sommes liés, votre excellence ?
- C'est celle qui se manifeste dans toute sa splendeur chaque fois que le destin vous place devant l'épreuve. Faite taire toutes pensées, aiguisez vos sens, apprenez à entendre l'appel de la constellation et vous serez à même de l'appeler.

Sur ces mots, Cécrops se mit en retrait. Athéna ferma les yeux et laissa irradier sa puissante cosmo-énergie. Les huit saints en firent autant et laissèrent leur corps submergé sous cette aura douce et chaleureuse. Alors tous sentirent comme une aspiration vers les cieux, comme si leurs âmes étaient prêtes à quitter leur corps en s'éjectant de leur crâne pour s'envoler vers des hauteurs infinies. Dans un premier temps, pris de vertige, ils tentèrent de résister à cette aspiration. Puis, se souvenant de la présence d'Athéna et de la confiance absolue qu'ils ont choisie de lui témoigner, ils se laissèrent emporter… Nul ne put dire quel laps de temps cela a duré. Lentement ils rouvrirent les yeux comme au sortir d'un rêve. Le soleil se voila derrière les nuages du crépuscule.

" Vous êtes plus que des frères de sang. Vous êtes les frères de la destinée. Rien de ce qui a mené vos vies n'était dû au hasard. Eveillez votre véritable identité ! "

- Moi, Ayoros de Macédoine du signe du Sagittaire…
- Milo de la Crète du signe du Scorpion…
- Aldébaran d'Ibérie du Taureau…
- Camu de la Gaule du signe du Verseau…
- Dohko du royaume de Chine de la Balance…
- Shura d'Ibérie de la constellation du Capricorne…
- Aiolia de Macédoine du Lion…
- Saga de Thessalie du signe des Gemmaux…

" …Nous te jurons solennellement que nous combattrons fidèlement à tes côtés au mépris de notre vie, pour que survive et grandisse la flamme de l'espoir. "

Il y eut comme le bruit assourdissant d'une cloche gigantesque qui se répétait dans un écho sans fin. Une détonation divine accompagnée d'un rayonnement aveuglant. Le cosmos d'Athéna venait d'entrer en résonance avec ceux de huit de ses plus puissants gardiens. Lentement, le rayonnement s'adoucit puis finit par disparaître, laissant la place à une profonde quiétude. Soudain, Milo ne put réprimer un questionnement.

- Pardonnez-moi princesse Athéna, mais si nous sommes douze, pourquoi quatre d'entre nous n'ont-ils pas entendu votre appel ?
- Il est des choses qui échappent aux dieux et aux plus sages des hommes. Et le destin est de ceci. Je sais que, où qu'ils soient, ils ont assurément entendu mon appel. Mais pour une raison que l'avenir seul nous révèlera, l'heure n'est pas encore venue pour eux de monter sur la scène du théâtre.

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Le crépuscule touchait à sa fin, laissant l'horizon flamboyant recouvert par le froid manteau de la nuit. Ils quittèrent les enceintes du Sanctuaire et arrivèrent sur la plage, marchant jusqu'au bord de l'eau. Milo, Aldébaran et Aiolia partirent vers les bois pour trouver des branches mortes. Les nouveaux chevaliers souhaitaient allumer un grand feu en l'honneur de leur rencontre. Shura contempla la danse des vagues à travers le scintillement que laissaient les étoiles à la surface de la mer.

" Chacun de nous a fait un voyage extraordinaire qu'aucune raison ne pouvait justifier. Seul nos cœurs nous ont guidés durant toute cette traversée. Nous avions chacun un passé et une vie qui auraient du nous maintenir là où nous étions sans que jamais nos routes ne puissent se croiser. Moi guerrier d'une riche famille d'Ibérie, bretteur de renom, mon destin semblait tout tracé… Et pourtant, un jour, j'ai décidé de partir, motivé par le désir de voir le monde. Peu après, j'ai rencontré Aldébaran. Mais ça c'est une autre histoire… "

Camu s'assit sur le sable. Tous en firent autant.

- Pour nous tous ici, les premiers pas hors de nos foyers furent poussés par des signes quasiment imperceptibles. Peut être à l'exception de Dokho, nous ignorions tous que ce put être le premier pas d'un si long chemin. Quoi de plus naturel qu'un jeune gaulois écoute les sages paroles d'un druide et désire explorer les terres lointaines, peut être rencontrer Cernunnos, trouver l'œuf de serpent, ou plonger dans les larmes de Sequana…
- Il était effectivement difficile de se raisonner et de se comprendre soi-même, lança Saga. Arriver si loin de chez soi, poussé par je ne sais quelle déraison… Cette quête pouvait être par moment une grande souffrance pour celui qui tentait de s'expliquer les choses.
- Cette errance était aussi une épreuve face au doute, dit calmement Dohko. Le doute nous a assaillit à maintes reprises. Chacun de nous pensait ou bien qu'il sombrait dans la folie, ou bien qu'il était encore temps de se raisonner et de rentrer chez soi. Mais chaque fois que nos pas semblaient nous ramener en arrière, nous avions ressenti comme une incroyable émotion nous implorant de ne pas faire cela, comme l'appel d'une personne que nous affectionnons plus que tout et en qui nous avions une entière confiance…
- Le jour où l'olivier sortit de la terre d'Athènes, repris Shura nous tombâmes tous les cinq face à face devant une taverne. Inutile de vous expliquer ce qui nous traversa l'esprit à ce moment, mais il était alors certain que tous les pressentiments inexplicables que nous avions eus n'étaient pas de la folie. Il était désormais certain que nos voyages étaient au cœur d'une énigme dont il valait la peine de chercher et de trouver la clef.
- Tels des navires guidés par la lumière lointaine d'un phare, nous avons su trouver la cité d'Athènes, et sa noble gardienne, conclut Aioros.

Milo était revenu, les bras chargés de branchage. Il était demeuré immobile et silencieux derrière le groupe. Ayoros se retourna et l'aperçu. Il se rapprocha alors, le regard vide.

" Ecouter son cœur au-delà de toute raison… Etait-ce donc cela le message d'Athéna ? "

Les branches qui tombaient au sol soulevèrent un léger nuage de sable. Dohko ne put s'empêcher de voir à travers ce spectacle la brume troublant le cœur de Milo.

" Disons, je crois, qu'écouter son cœur peut nous permettre d'accomplir des miracles lorsque son appel est exceptionnellement puissant comme cela a été le cas. Il faut alors toujours garder espoir, car n'est ce pas une sorte d'espoir qui nous a tous guidé jusque là ? "

Il y eut un instant de silence, à peine troublé par le chant de la mer. Dohko et Milo se regardèrent fixement. L'un pour comprendre le message, l'autre pour percevoir ce qui tourmentait son compagnon. Alors Dohko le sage comprit.

" Milo, nous avons tous déserté notre ancienne vie pour nous rassembler ensembles sous l'égide d'Athéna. "

Un bruit de bois s'entrechoquant surprit tout le monde. Aldébaran se passa la main derrière la nuque et s'excusa en souriant du sursaut qu'il avait causé. Puis il dit à son tour :

" Alors puisse la flamme de l'espoir éclairer nos âmes ! "

Se retournant vers Aiolia qui arrivait enfin il rajouta :

- C'est à toi notre cadet, qu'il revient l'honneur d'allumer la flamme de l'espoir. Allez, et ne nous déçois pas !
- Comment pourrais-je me permettre de vous décevoir quand un tel honneur m'incombe ? lança Aiolia, le visage radieux.

En un éclair, son poing droit frôla les brindilles à une telle vitesse que certaines s'enflammèrent sur-le-champ. Puis le poing gauche frappa à son tour et une énorme flamme s'éleva dans le ciel, sous un énorme bruit de vent et de crépitement.

Dohko se retourna alors vers Ayoros.

" Et toi Ayoros du Sagittaire, ne m'a-t-on pas dit que tu étais un des meilleurs archers de la région ? Pourquoi ne pas éclairer le chemin de la destinée ? "

Ayoros prit son arc, tira une flèche de son carquois et noua un ruban de tissu autour de la pointe.

" Cette flèche, qui autrefois fut le venin de la vengeance, pour Athéna, moi Ayoros du Sagittaire, j'en ferais la flèche de l'espoir et de la justice. "

Ayoros banda l'arc à son maximum. Milo apporta une branche du brasier et la pointe de la flèche s'enflamma.

" Oui, la flèche d'or de la justice… "

Il décocha la flèche qui scinda la nuit telle une étoile filante. Et finalement, le trait de lumière disparut dans le ciel.

" Quel tir prodigieux ! s'exclama Shura. La flèche ne retombera plus sur Terre. Je suis certain que les dieux ont accepté ta requête Ayoros. J'ai confiance en l'avenir. "

Milo tenait la branche enflammée et la lumière rougeâtre illuminait son visage quelque peu maussade. Dohko qui l'aperçut ferma les yeux quelques instant puis il dit :

" Aussi nous garderons espoir en l'avenir tant que nous garderons espoir en Athéna et en nous-même. Car s'il est possible que le destin soit écrit quelque part, il n'est cependant donné à personne d'en faire clairement la lecture. Le destin est ce qui se manifeste devant nous à chaque instant, en fonction de nos pensées et de nos actes. "

Camu rajouta :

" Dohko a raison. Il y a tant d'interrogations sans réponses… Mais s'il existe une certitude, c'est que nous avons fait don de nos vies à la déesse Athéna, et que la seule chose que nous ayons à faire désormais est de la suivre fidèlement. "

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Le soleil qui se levait ce matin là sur Athènes était violemment rouge, comme si la cité s'embrasait déjà dans la guerre. Athéna ouvrit doucement les yeux sous la lueur du jour. Etrange fut cette nuit où elle crut voir couler une quantité innombrable de sang au point que l'air matinal en portait encore l'odeur sur tout l'Attique.

" Athéna, pardonne mon intrusion mais j'apporte de bien sombres nouvelles. "

Elle tourna la tête vers la fenêtre où une silhouette en contre jour était assise sur la balustrade.

" Hermès ? "

L'homme descendit de son perchoir et s'inclina respectueusement devant la princesse.

" Ephaïstos… Celui pour qui le marteau et l'enclume n'ont aucun secret, celui qui sait transformer l'heben la pierre de la nuit, ainsi appelé à cause de sa couleur et de sa valeur inestimable, en un métal aussi tranchant qu'indestructible… "

Athéna se leva hors du lit.

- Tu veux parler de ce minerai sacré dont on ne trouve les gisements que dans les terrifiantes profondeurs de Lemnos ? On dit de ce métal extrêmement rare qu'il devient poussière s'il n'est pas travaillé par des mains expertes… A ce jour, seuls Ephaïstos et une poignée de ses plus fidèles disciples sont capables d'en tirer les vertus…
- Oui, il s'agit bien de cela…
- Ephaïstos a toujours choisi la neutralité. Il avait clairement déclaré qu'une guerre fratricide entre les dieux serait bien le dernier de ses soucis. Alors que ses talents sont reconnus de tous, il n'a jamais répondu aux sollicitations de l'Olympe et s'est maintenu dans l'exile.
- En effet princesse, sa rancœur ne l'a jamais quitté. Il n'a qu'hostilité et mépris envers les autres dieux, et une haine toute particulière envers sa mère, Héra notre reine à tous, qui le jeta par-dessus les remparts de la citadelle d'or dès sa naissance à cause de sa laideur. Nul ne sut alors comment l'enfant survécut à la chute mais ce fut bien le cas. Ils devint alors le dieu des forgerons qui n'ont nul besoin de grâce dans leur corps mais de force et d'habileté et dont la valeur se mesure simplement à la perfection du travail.
- Et le seigneur des forgerons aurait rejoint les rangs de l'ennemi pour se venger de l'Olympe ? Je ne pourrais le croire…
- Non, ce n'est pas tout à fait cela. Il n'a pas plus d'amitié pour Hadès que pour Héra. De tous les dieux de l'Olympe, il n'y a qu'une seule personne qu'il porte dans son estime.

Athéna resta silencieuse. Hermès reprit.

- Oui, tout comme Prométhée et bien d'autres personnes nourries par la rancœur et l'amertume envers les dieux, Héphaïstos te considère comme une amie… Et je suis certain que s'il avait du choisir, il aurait su taire ses sentiments à l'égard de sa mère pour prêter main forte à la seule personne qu'il estime dans ce conflit.
- Aussi, quelle est donc la mauvaise nouvelle ?

Hermès prit un air grave.

" La cité de l'Enclume, royaume d'Ephaïstos incrusté dans les profondeurs de Lemnos où se déversent les gisements d'heben, est tombée aux mains d'Hadès. Le maître forgeron s'est laissé duper par la traîtrise de l'un de ses plus fidèles disciples, Numenos. Celui-ci a ouvert une brèche entre le monde des ombres et celui de la lumière au cœur même de l'Atelier de son maître. Les fantassins d'Hadès, ceux que l'on nomme les squelettes, ont alors déferlé tel un ras de marée, ou plutôt un essaim de guêpes, prenant totalement au dépourvu les soldats d'Ephaïstos. Bien qu'avec ses terrifiants marteaux de guerre, la prestigieuse garde rapprochée se soit avérée redoutable, et nombreux furent les crânes ennemis fracassés, par le surnombre, l'armée d'Hadès finit par les submerger. Ainsi sont tombés sur l'autel de l'honneur les glorieux disciples d'Ephaïstos, fiers guerriers à la puissance flamboyante, abattus par la traîtrise d'un ancien frère. "

Le regard d'Athéna devint vide. Aucune émotion ne semblait en sortir. Hermès poursuivit.

" Rien ne nous permet de dire qu'Héphaïstos soit lui-même tombé. Nous ignorons totalement ce qu'il lui est advenu. Cependant s'il vit encore, il est plus que probable qu'il se soit fait capturé. Toujours est-il que désormais, Numenos dispose librement des réserves d'heben qu'il sait travailler presque aussi bien que celui dont il a été le disciple. Dans les jours et les mois qui viennent, Hadès disposera sans le moindre doute d'une armée invincible. Aucune arme ne saura l'inquiéter et aucune armure ne saura lui résister. "

Athéna se retourna et prit une voix solennelle.

" Alors le cours des choses est bien plus avancé que je ne le pressentais. Les Chevaliers du Zodiaque ne sont pas en mesure de livrer bataille pour l'heure. Le moment n'est pas encore venu pour eux, et pourtant… J'ai fait une grave erreur en oubliant que le temps pouvait être l'allié de l'ennemi… Hermès, je te remercie, merci pour les informations que tu m'as apporté malgré ton état. J'espère que tu t'es un peu rétabli avant d'entreprendre ce voyage… Tu me sembles très exténué. "

**************************

Peu après le départ d'Hermès, les huit Chevaliers arrivèrent à la suite du Grand Pope dans la salle du trône où se tenait Athéna. Cécrops les a fait venir et leur a prestement expliqué la situation.

" Je vous demande désormais de vous tenir prêt au combat, avec tous les hommes qui constituent l'armée athénienne. "

A peine venaient-ils d'arriver que la consigne d'Athéna était on ne peut plus clair.

" Saga, approche. "

Saga sortit du groupe et se mit à genou devant sa déesse. Athéna prit un rouleau de parchemin scellé et le plaça dans une petite boîte.

" Prends ceci. Je veux que tu te rendes au sanctuaire sous-marin et que tu le remettes à Poséidon. Bien que je ne l'apprécie pas particulièrement, il demeure néanmoins notre seul allié disponible et doit être informé de la situation. Il devrait lancer sans perdre de temps une offensive d'envergure sur Lemnos afin de couper à Hadès tout approvisionnement en heben. Hermès aurait dû s'occuper de cette tâche mais je crains qu'il ne soit pas en mesure de le faire. C'est donc à toi que je la confie, mon fidèle Chevalier. Tu partiras sur-le-champ. "

Athéna remit la boîte à Saga. Puis le Grand Pope prit la parole.

" Non loin d'ici, au pied de la falaise, se trouve une caverne inondée à marée haute. Ce lieu se nomme le Cap Sounion. Au cœur de cette caverne, tu y trouveras un trou en forme de puits dans le roc qui te mènera tout droit au royaume de Poséidon. "

Saga acquiesça et attendait la suite.

" Cependant tu dois prendre garde… Un homme ordinaire mourrait de noyade s'il se jetait dedans. Tu dois résister coûte que coûte jusqu'à ce que tu atteignes le bout du chemin. Brûle ta cosmo-énergie pour maintenir la vie dans ton corps. Lorsque tu sentiras que l'aspiration glaciale de la mort se fait de plus en plus forte, soit réceptif à l'appel d'Athéna. Elle seule saura guider ton âme vers la lueur de la vie, et éviter qu'elle ne sombre dans les limbes de l'oubli… "

Saga n'exprima pas la moindre peur. Il regretterait certes de mourir sans pouvoir servir utilement Athéna, mais au fond, il était tout à fait confiant.

" Viens, nous allons tous t'y mener. La déesse Athéna souhaite t'accompagner jusqu'au puits. "

Le Grand Pope et Athéna ouvrirent la marche, suivit de Saga. Ses frères d'arme fermèrent le cortège.

Les vagues heurtaient avec rage les rochers du Cap Sounion. L'entrée de la grotte était à peine visible car elle était déjà semi-inondée. Athéna s'avança et l'eau se retira devant elle. Ils entrèrent tous dans la grotte et marchèrent longuement aux rythmes des ruissellements et des gouttes d'eau qui tombaient du plafond. Peu à peu, le bruit de ce qui semblait être un violent cours d'eau se fit entendre. Plus ils avançaient, et plus le bruit se faisait puissant. Finalement, le puits apparut. Il s'agissait d'un énorme cratère béant dont le diamètre faisait environ dix fois la taille d'un homme. Des écumes blanchâtres en jaillissaient, tel la lave d'un volcan. En s'approchant du rebord, on pouvait deviner que très en profondeur, se cachait dans l'ombre un immense et violent tourbillon d'eau. Bien peu d'hommes auraient été amusés à l'idée d'y faire un plongeon. Ce n'était pas tant l'air glacial qui en jaillissait qui était si décourageant, ni l'obscurité qui empêchait de voir les rochers tranchants comme des couteaux. Si déjà on survivait à la chute, car il fallait bien reconnaître que le puits était très profond, il fallait encore lutter contre le courant qui aurait aisément broyé contre les parois rocheuses le plus robuste des colosses. Saga prit son souffle.

" Bien, je suis prêt. "

La main du Grand Pope se posa sur son épaule.

" Saga, c'est moi qui ai suggéré à la déesse Athéna de te choisir pour cette mission. Je te connais parfaitement et je n'ai aucun doute sur l'issue de ton voyage. "

Saga posa sa main par-dessus la sienne.

" Maître Cécrops, vous avez toujours été bon envers moi. J'ai parfaitement confiance en vous et en notre Déesse. "

Il s'avança vers Athéna et s'inclina en guise d'au revoir. Elle lui dit alors :

" Où que tu seras, tu recevras ma bénédiction. Ma cosmo-énergie ainsi que ceux de tes frères t'accompagneront partout, et jamais tu ne seras seul. "

Saga regarda alors ses compagnons qui lui adressèrent tous un sourire.

- Bien, j'ai assez traîné comme ça. Le temps presse.
- En effet… fit Ayoros. Ne traîne pas trop là bas et reviens-nous vite !
- Il me tarde de pouvoir combattre à tes côtés, compléta Shura.

Saga leur adressa à tous un dernier sourire.

" Comptez sur moi ! "

D'un bond, il prit son élan et se jeta dans le puits. Ses compagnons se précipitèrent vers le rebord. Il avait totalement disparu. Seul demeurait le puissant crie enragé du tourbillon. Mais Saga avait quant à lui basculé dans le monde du silence…

Le silence…
Juste une absence de manifestation
L'obscurité…
Juste une absence de manifestation
Tout n'est qu'absence
Il n'y a rien
Où suis-je ?
Nulle part, un lieu impossible à définir…
Un lieu qui n'existe pas
Que suis-je ?
Quelque chose qui ne peut plus se définir…
Quelque chose qui n'existe plus
J'ai froid…
J'ai tellement froid
Je deviens le froid
Je ne suis rien d'autre que le froid
Rien d'autre ?
Rien d'autre ?

" Ah, oui ! J'avais oublié tes talents de sorcier. C'est pour cette raison que notre Pharaon a fait de l'esclave que tu es toujours un commandant. Mais n'oublie pas ton véritable rang ! "

Rang ?
Quelque chose qui me définit
Par rapport aux autres
Mais qu'est ce que les autres ?

" Saga est devenu un commandant par ses mérites ! "

Mérites ?
Quelque chose que j'ai accompli
Quelque chose qui me définit
Qui me lie à un passé
Mais à présent je n'ai plus de force

" Saga ! La force, oui ! Mais ne crois-tu pas que notre force devrait être mise au service de ce qui a toujours manqué dans notre vie ? A quoi bon posséder une force qui ne sert à répandre que du malheur ? "

Servir ?
Ce qui donne un sens à la vie
Ce qui fait naître la force
Ce qui permet de poursuivre le combat
Brûle mon cosmos ! Enflamme-toi ! L'heure n'est pas encore venue de s'éteindre !

" Je n'ai aucun doute sur l'issue de ton voyage. "

" Où que tu seras, tu recevras ma bénédiction. Ma cosmo-énergie ainsi que ceux de tes frères t'accompagneront partout, et jamais tu ne seras seul. "

Des petits ruisseaux serpentaient entre les récifs coralliens dans un joli tintement cristallin. D'étranges poissons sur pattes se faufilaient entre les recoins de ce magnifique labyrinthe multicolore parsemé ici et là de strate de sel qui donnait presque l'illusion d'un paysage hivernal. L'une de ces créatures passa rapidement sur le visage d'un homme allongé… Saga ouvrit lentement les yeux. L'espace d'un instant, sa tête était totalement vide puis soudain il se rappela sa mission et écarquilla les yeux. Il se redressa d'un bond et sentit alors que son corps était terriblement douloureux. Il se mit aussitôt à genou et regarda aux alentours. Est-ce bien le royaume de Poséidon ? Levant la tête, il aperçut qu'en guise de ciel, l'eau se tenait en suspension, à une hauteur vertigineuse. Pas de doute, il avait atteint le bout du voyage. Il était bel et bien arrivé au fond de l'océan, au cœur du sanctuaire sous-marin.

" Halte, étranger ! Que viens-tu faire par ici ? "

Saga se retourna et aperçut six hommes en uniforme. Leurs côtes de maille argentées ressemblaient à des écailles de poisson. Leurs casques avaient en guise de protection pour les oreilles, des nageoires. Ils portaient tous une lance et un bouclier ovale, orné d'une tête de cheval blanc.

- Je suis un émissaire d'Athéna. Je souhaite vivement et dans les plus brefs délais délivrer un message à l'empereur Poséidon.
- Poséidon n'a que faire d'Athéna ! Il prépare seul la défense du monde. Les Athéniens seront anéantis dans les jours à venir et ne serviront à rien. Par ailleurs nous devons nous méfier de toute intronisation étrangère sur notre territoire ! L'Etat de guerre est décrété et rien ne nous prouve que tu n'es pas un espion d'Hadès !

Les soldats commencèrent à pointer leur lance en direction de Saga lorsqu'une autre voix surgit derrière eux.

" Cela m'étonnerait fort qu'il s'agisse là d'un spectre. Il n'y a que les prétendus chevaliers d'Athéna pour paraître aussi pitoyables ! Voyons ce que ce malheureux a à nous dire. "

Les soldats se retournèrent et s'inclinèrent devant le nouveau venu. Celui-ci était visiblement un officier supérieur à en juger par sa tenue. Drapé dans une grande cape bleu marine, son armure qui recouvrait presque tout son corps était essentiellement faites de petites écailles dorées. De riches ornements serpentaient sur ses épaulettes, ses jambières et ses bras. Les cuisses étaient cachées par une toile noire aux bordures d'or. Un long sabre courbe était fixé à sa ceinture. Le heaume, surmonté d'une longue crête blanche qui se deversait sur l'arrière, protégeait presque tout son visage, laissant à peine voir ses yeux.

" Je suis l'un des sept généraux gardiens de l'empire de Poséidon. Quel vent t'amène ici Saga ? "

Le marina retira son casque et ses longs cheveux blond déferlèrent sur son torse et cachèrent son visage. D'une main, il se dégagea la vue.

" Kanon ? Mon frère… Tu es… vivant ? "

************************

A toi mon frère
Sache que j'ai confiance en ta sagesse
Où que tu sois
Ne laisse pas le monde dans la détresse
Entend moi

Quelque part, très loin de l'Attique, au-delà du grand fleuve Indus, une haute chaîne de montagnes s'élançait par-dessus les nuages. Les villageois qui vivaient dans la région nommaient ce lieu le toit du monde, car les montagnes s'élevaient si haut qu'elles semblaient traverser la voûte céleste. Nul n'était parvenu à atteindre le sommet et la plupart de ceux qui tentaient l'aventure disparurent à jamais dans les neiges éternelles. Aussi le lieu était emprunt de légendes qui inspiraient crainte et respect. Un grand rire sinistre et moqueur déchira soudain le silence de la nuit et se répéta dans un écho sans fin. Au pied de la montagne le vent se leva et devint rapidement une tempête de neige. Les bouquetins se rassemblèrent et se serrèrent les uns contre les autres. Si quelques hommes avaient été présents, nul doute qu'ils seraient terrifiés. Pourtant, au-dessus des nuages, le ciel était parfaitement limpide.

Et toi, ma plus fidèle amie…le prolongement de mon âme…

Sous le clair de lune, du haut d'un rocher, une magnifique chouette blanche prit alors son envol. Le rire semblait lui être adressé mais manifestement l'oiseau n'en avait cure et poursuivit son chemin.

Jusqu'où es-tu allée ? Qu'as-tu donc vu que ni mes yeux ni ma conscience ne peuvent atteindre ?

Les battements fantasmagoriques de ses ailes paraissaient irradier d'une pâle luminescence sous la douce lumière d'Artémis. L'oiseau volait sans s'arrêter, sans relâche et sans fatigue, en direction de l'ouest. Il volait très vite. Beaucoup trop pour un oiseau ordinaire. Bientôt il survola le delta du Nil, et l'immense palais d'Osiris, qui s'illuminait de mille feux toute la nuit. La flotte amarrée venait visiblement de rentrer. Il était certain que Pharaon fût désormais mis au courant de l'arrivée d'Athéna.

Que m'apportes-tu donc ? Que veux-tu me dire ?

L'oiseau poursuivit son envol. Il semblait fuir le soleil, préférant l'hostilité des ténèbres glaciales comme pour se cacher du regard de quelques témoins indésirables. Mais la lumière du jour finit par le rattraper. Bientôt, les éclats de diamant scintillant sur le manteau de la nuit disparurent lorsque la terre et le ciel se scindèrent dans un mélange de bleu et de rose. Au petit matin, il atteignit l'Attique. Il survola encore Rhodes, puis un aggloméra de minuscules îles telles que Amorgos, Naxos, Mykonos, et finalement, il atteignit Athènes. Le bruit énergique de martèlements et de sciage, accompagnés occasionnellement de petites chansons, était typique du lieu depuis quelques temps. L'oiseau avait quitté la haute altitude et rasait presque le sol athénien. Il passa habilement entre les travailleurs comme pour les saluer. Ces derniers furent amusés et rirent de bon cœur. Peu furent surpris du spectacle car ils commençaient à bien connaître leur déesse. Alors certains lâchèrent :

" Il est de retour ! Il est de retour ! "

La magnifique créature vint se poser sur le rebord d'une fenêtre où la douce main d'une femme se posa délicatement sur son dos pour la caresser.

" Te revoilà enfin toi… Je commençais vraiment à m'inquiéter tu sais… Alors… Que m'apportes-tu là… "

Doucement, Athéna détacha le parchemin fixé sur la patte de sa chouette et le déplia. Elle ne put refouler la surprise qui s'exprima sur ses yeux.

" Princesse Athéna ? "

Cécrops était curieux de savoir ce qui retenait à ce point l'attention de la déesse. Sa garde rapprochée, au nombre de trois ce matin là, attendaient impassiblement la suite des événements. Athéna relava la tête et interrogea ses Chevaliers.

- Où sont donc Shura, Aiolia, Milo et Aldébaran ?
- Shura et Aldébaran dirigent des exercices pour nos troupes. Quant à Milo et Aiolia, je crois qu'ils sont partis depuis l'aube s'entraîner tous les deux sur la falaise, répondit Ayoros.
- Ayoros, Camu, allez les chercher, je vous prie.
- Tout de suite Athéna.

***********************

" Lightning bolt ! "

Dans une puissante décharge d'énergie, Aiolia s'élança comme une flèche vers le vieux pin. Quelques brindilles d'herbes noircirent sur son passage. Au contact de son poing, le tronc éclata et la sciure de bois se répandit dans l'air.

-Voilà qui est tout à fait impressionnant à voir… Maintenant, attaque-moi ! De toutes tes forces !
- Mais… Vous en êtes sûr ?
- Si je te le dis… Faits le et ne te soucie de rien. Mets-y toute ta force.

Aiolia serra les poings pour se déterminer… Après tout son interlocuteur était un élu d'Athéna et devait être aussi fort que son frère et Saga.

" Lightning bolt ! "

La décharge d'énergie se répandit à nouveau dans l'air, aveuglant tout spectateur éventuel. Mais lorsque la lumière se dissipa, Aiolia était immobile, arrêté net dans sa course, le poing de Milo enfoncé dans son abdomen. Le jeune Lion ferma un œil et fit trois pas en arrière manquant de chanceler. Il était autant déstabilisé par la surprise que par le choc. Il posa un genou à terre, puis reprit lentement son souffle. Milo s'avança.

" Tu mets beaucoup d'ardeur au combat et cela est une bonne chose. Cependant, tu fais aussi preuve d'une fougue qui frôle l'inconscience. Lorsque tu déclenches ton attaque, tu te jettes en avant et la puissance de ton énergie te masque pratiquement la vue de ton adversaire. Cela a pour conséquence que l'attaque, bien que très agressive, manque de précision et t'expose dangereusement à un contre coup. Tu dois apprendre à mieux canaliser ton énergie vers une cible précise. Ne la gaspille pas en la répandant ainsi. "

Aiolia se remémora alors son combat contre Saga… Il n'y avait aucun doute, son attaque perdait trop d'énergie à se répandre dans tous les sens, aussi la boule de feu elle-même devenait trop lente pour des adversaires comme Saga ou Milo… Ils n'avaient aucun mal à l'esquiver, et Saga aurait pu le tuer sans le moindre problème à ce moment là. Attaquer de tels adversaires avec cette lenteur et cette ouverture, c'était manifestement du suicide.

" Regarde ! "

La voix de Milo le tira hors de ses pensées. Le Chevalier du Scorpion saisit sa redoutable lance et la pointa vers un rocher. Son regard était totalement fixé sur l'objectif. Sa garde inspirait une parfaite stabilité, et une défense quasi impossible à traverser. S'il demeurait ainsi, personne ne se serait risqué à l'attaquer ni même à approcher la pointe acérée de sa lance. Aiolia attendait le moment où il allait frapper. Ce bref instant durant lequel il tenterait d'y déceler la faille, l'ouverture… La lance fila comme un éclair et revint aussitôt à sa position initiale. La garde était à nouveau parfaite. Un humain ordinaire aurait pratiquement dit que Milo était demeuré immobile. Pourtant, un point de lumière apparut sur le rocher très rapidement suivi par des fissurations abondantes. La pierre explosa, non pas en cailloux, mais en une fine poussière… Aiolia n'en revenait pas… Aucune faille apparente dans la technique, une concentration absolue, une offensive qui n'a rien altéré aux alentours, pas même incommodé la moindre fourmille… Mais qui a tout simplement pulvérisé sa cible à la vitesse de l'éclair… Cela était bien différent de l'attaque dévastatrice de son frère Ayoros qui usait lui aussi du " lightning bolt " mais d'un niveau bien supérieur au sien. Milo n'avait en tout cas rien à voir avec un lion enragé se jetant sur sa proie… Lui était aussi froid que mortel.

" Aiolia, tu es le Chevalier du Lion et il ne s'agit pas pour toi de faire comme moi… Tu dois trouver l'écho de ta propre constellation… Cependant je voulais simplement que tu saches que… qu'avec la technique que tu as utilisé contre moi, je t'aurais tué sans la moindre difficulté… "

Aiolia s'inclina respectueusement devant son professeur improvisé. Il était à la fois déçu par sa faiblesse au combat et enthousiaste à l'idée de s'entraîner d'avantage afin de développer son potentiel.

" Il est encore jeune… De toute façon aucun d'entre nous ne doit sous estimer l'ennemi. Il se peut qu'il soit bien plus terrible que ce que nous puissions imaginer… "

Ayoros se rapprocha des deux hommes.

" Milo, ta technique est tout à fait remarquable. J'espère que nous pourrons très bientôt nous entraîner tous ensembles… Pour le moment Athéna requiert notre présence à tous. "

***************************

Les Saints se rassemblèrent une nouvelle fois autour d'Athéna et du Grand Pope.

- Héphaïstos le dieu forgeron, est en vie. Il s'est réfugié avec les survivants de Lemnos dans une contrée reculée située entre l'Inde et la Chine.
- Mais alors… Il doit sûrement désirer se venger de l'agression d'Hadès ! Qu'il le veuille ou non, il est désormais impliqué dans le conflit ! s'exclama Dohko.
- Et bien… J'ai un pressentiment à ce sujet… Le message qu'il m'a envoyé est somme toute énigmatique. Il m'invite à lui rendre visite dans son deuxième sanctuaire.
- Mais… Votre place n'est-il pas à Athènes, le bastion dont vous êtes la gardienne ? Pourquoi ne pas lui envoyer une délégation ? suggéra le Grand Pope.
- Ephaïstos est d'une nature très susceptible. Il sait ce qu'il veut. Il me demande en personne… Quitter le sanctuaire est sans doute périlleux pour moi comme pour Athènes… Mais je pense qu'il faut désormais aller de l'avant. Nous avons laissé trop d'événements nous rattraper. Il faut agir tant que nous le pouvons, choisir tant que nous avons des choix… Cécrops saura diriger le sanctuaire en mon absence, il est mon Grand Pope et j'ai toute confiance en lui. Il se montrera à la hauteur de sa mission…

Athéna porta son regard vers Cécrops et celui-ci s'inclina le visage grave, car il était fortement anxieux pour sa déesse. Elle lui adressa alors un sourire réconfortant. Puis le quittant des yeux, elle vit les autres jeunes garçons, eux aussi, visiblement très inquiets.

" Et j'ai confiance en vous mes fidèles Chevaliers. "

Ayoros sortit brusquement du groupe.

" Athéna ! Laissez-moi venir avec vous ! "

La déesse le toisa comme pour l'inciter à reculer. Mais le Chevalier du Sagittaire soutenait son regard tant sa détermination était grande.

- Chevalier, sache que ton absence au sanctuaire serait autant d'atout pour l'ennemi.
- Et votre perte serait infiniment plus inestimable.

Il y eut un silence… Puis Athéna prit une inspiration.

- Rappelez-vous de ce que je vous ai dit… L'humanité est le véritable enjeu de cette lutte. Ayoros, réfléchis bien avant de prendre ta décision… Je te laisse libre de choisir.
- Je viens avec vous.
- Alors qu'il en soit ainsi.

Visiblement, les autres Chevaliers parurent quelque peu soulagés, même s'ils auraient de loin préféré ne pas voir leur déesse les quitter pour une destination si lointaine et qui plus est, pour un délai inconnu. Ceci était un nouveau départ, qui faisait suite à celui de Saga. Comme pour celui de Saga, il avait lieu dans la matinée, à un moment où un jour nouveau se levait, telle la page vierge d'un livre sans auteur. L'histoire restait à écrire et nul ne pouvait anticiper sur les chapitres à venir. Le destin était en marche et rien ne saurait en inverser le cours. Le bastion d'Athéna, à la fois débordant d'énergie et frêle comme l'arbre de l'espoir semblait plus vulnérable que jamais.

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Cette fiction est copyright Vitony Y.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.