Chapitre 2 : Partir ou rester ?


Athéna secoua lentement la tête et tourna le dos à ses chevaliers. Elle-même se posait la fatale question. Que fallait-il faire ? Qu'est ce qui serait le plus sage finalement ? Elle se contenta de soupirer. Ses chevaliers ne disaient aucun mots par respect. La déesse regarda le ciel d'un air morose. Elle se retourna enfin, après mûre réflexion. Peut-être ne prenait elle pas la bonne décision, mais elle la fit partager.

- Si c'est ce que nous devrions faire, alors... nous le ferons...

Les chevaliers relevèrent leurs têtes. Ils avaient tous compris. Devant leurs mines consternés, Athéna se dit qu'après tout, il valait mieux fuir plutôt que de mourir, même si cette attitude n'était, en aucun cas, digne d'une déesse.

- Je préfèrerais que vous perdiez vos honneurs au lieu de vous faire tuer... si mes protecteurs périssent, la déesse que je suis ne pourra pas se défendre seule. J'espère que vous en êtes conscients !

Les chevaliers hochèrent la tête, mais ils bouillonnaient en silence. Qu'est ce que cette soi-disant déesse avait-elle prévu en les faisant s'en aller ? ! Comme elle-même l'avait dit, ils perdraient leurs honneurs !
Mais Athéna, restait campée sur sa décision. Elle ne disait rien et tripotait ses doigts, comme attendant une réponse. Elle l'eut... Mû se leva, et, fronçant les sourcils, prit la parole.

- Déesse, je ne suis pas d'accord ! Autant ne jamais être devenu chevaliers si nous ne sommes pas capables de défendre notre Sanctuaire, et prouver notre valeur !
- Votre valeur... s'exclama Athéna, vous l'avez suffisamment mise en évidence lors de la bataille contre les chevaliers de bronze !

Dans ses paroles, on pouvait discerner un ton de moquerie et d'ironie.

- Ecoutez, grogna Mû, cette bataille sera peut-être la dernière que nous pourrons disputer ! Si vous ne nous permettez pas de nous battre, autant mourir tout de suite !
- Pauvre fou ! s'énerva Athéna, c'est justement pour cela que je vous fais fuir ! Vous avez encore votre vie entière devant vous !
- Mais... commença Mû, au bord de la crise de nerfs, nous, nous voulons défendre le Sanctuaire au prix de notre vie ! C'est ça le rôle des chevaliers !
- Je ne céderais pas, fit Athéna.
- Mais... !
- J'ai dit ! conclut Athéna avec un geste d'impatience.

Mû serra les dents.

- Dans ce cas, je vais retourner dans ma maison...

Il fit demi-tour. Il s'arrêta en entendant Athéna l'interpeller.

- Tu devrais t'agenouiller, lorsque tu me quittes !
- Pourquoi ? fit Mû, avec un soupçon d'effronterie.
- Parce que je te l'ordonne ! continua Athéna.

Mû se retourna, et dévisagea la jeune femme. Il resta de glace... et son regard aussi. Sa seule réaction fut de prononcer ces quelques mots à voix à peine audible, mais assez pour que la déesse comprenne :

- Mais, moi, je n'en ai aucune envie, après tout... bonsoir, déesse Athéna.

Il descendit les escaliers pour traverser les maisons jusqu'à la sienne. Outrée, Athéna remonta dans la Salle du Pope, en compagnie des autres chevaliers. Lorsqu'ils entrèrent, les chevaliers constatèrent que Seiya avait été couché sur l'autel en pierre et recouvert d'un drap blanc, assez crasseux. Athéna s'assit sur le trône du Pope, comme d'habitude, et contempla le caisson de l'armure de Pégase.

- Il va falloir trouver un second pour remplacer le chevalier Pégase, à qui donner l'armure ?

Elle pensait tout haut. La voix de Seika la fit sursauter.

- Ce sera mon armure, désormais... après tout, elle me revient de droit...

La jeune fille s'agenouilla devant Athéna, solennellement. La déesse hésita, puis hocha la tête.

- Eh bien, soit. Puisque tu la réclames, je t'en fais don. Mais, saches que cet armure ne doit pas être utilisée à la légère. Rappelles-t'en !
- Oui, fit Seika d'une voix tremblante d'émotion.

Athéna posa les mains sur le front de Seika.

- Seika, je te proclame, aujourd'hui, chevalier Pégase. Tu fais maintenant partie de ma garde. Soit la bienvenue dans les rangs d'Athéna !

Sur ces paroles, l'armure sortit du caisson dans une lueur éblouissante, et se posa sur le corps de Seika, épousant parfaitement ses moindres formes. Les chevaliers d'or applaudirent à tout rompre et, après avoir félicité Seika, s'en retournèrent dans leurs maisons.
Il devait être une heure passée du matin, lorsque les chevaliers de bronze se décidèrent à partir, eux aussi. Ils avaient besoin de repos. Seika repartit avec eux, portant sur son dos, l'armure de Pégase. Le caisson était encore chaud. Lorsqu'ils eurent disparus dans la pénombre du crépuscule, Athéna resta seule dans la salle du Pope. Elle serra sur son coeur le collier ayant appartenu à Seiya. Se levant de son trône, elle se dirigea vers l'autel. Soulevant le drap blanc qui recouvrait le corps de son chevalier préféré, les larmes lui montèrent aux yeux, et elle posa sa tête contre le torse de Seiya avant d'éclater en sanglots.

- Je te félicite Seika ! Tu fais maintenant partie des chevaliers de bronze.
- Oui, j'en suis toute retournée. Cela me fait bizarre.

Seika et ses compagnons étaient sur le chemin de l'appartement de Seiya. Seika allait y habiter, désormais.

- J'espère que j'aurais le temps de m'entraîner... dit Seika.
- Je ne sais pas si deux jours suffiront, lui répondit Ikki, tu ne devras peut-être pas participer à la bataille...
- Qu'est ce que tu racontes ? bredouilla Seika, je viendrais ! Je n'ai pas voulu devenir chevalier pour rien !
- Dans ce cas... commença Ikki, je me porte volontaire pour t'aider à t'entraîner si tu le veux bien... ?

Les yeux de Seika se mirent à briller.

- C'est vrai ?
- Evidemment.

Le petit groupe arriva devant l'appartement de Seiya.

- Eh bien voilà... nous sommes arrivés... dit Shiryu à l'adresse de Seika.

Il y eut un drôle de silence. Les chevaliers s'étaient arrêtés pour contempler la mer somptueuse qui s'étalait devant leurs yeux. C'était peut-être la dernière fois qu'ils la verraient de la sorte, avant de quitter la Grèce pour un endroit plus sûr. Seika pleura en silence. Elle pensait à son frère, il lui manquait. Hyoga passa son bras autour de ses épaules.

- Ne t'en fais pas... il est toujours quelque part, mais on ne sait où... dit-toi simplement une chose... il n'est pas vraiment mort... son âme réside dans nos coeurs.
- Tu as raison, approuva Seika, en essuyant ses larmes.
- Il est maintenant temps de se quitter, conclut Shun, Passe une bonne nuit, Seika.
- Vous aussi.

Les quatre garçons la quittèrent pour rentrer à l'hôtel. Elle resta encore un moment à regarder l'océan. La lune se reflétait dans l'onde claire, et bleu sombre. Mais la beauté de cette image ne consolait pas cette jeune fille qui ne pensait qu'à son frère en ce moment.
Elle se décida enfin à rentrer dans l'appartement. Elle monta dans la chambre de Seiya. Tout avait été laissé comme la dernière fois qu'elle été venue. Sauf que le lit était fait. Seika échappa un gloussement avant de poser délicatement le caisson de l'armure sur le sol. Il faisait horriblement chaud. Seika ouvrit la fenêtre, pour rafraîchir la pièce. Elle se coucha sur son lit, et repensa longuement aux paroles de Xérès : " Le roi vous donne quarante-huit heures pour quitter ce lieu, ce délai dépassé, il accomplira son projet... " Peu à peu, elle s'évada de ses pensées et s'endormit.

- Maître, vous m'avez fait quérir ?
- Oui... j'ai une requête à te proposer.
- De quoi s'agit-il ?

Skalos déplaça lentement son pion sur l'échiquier, et passa sa main dans ses longs cheveux bleu avant de reprendre la parole.

- Echec et mat ! Tu as perdu Myas !

Myas fit une moue de dégoût et croisa ses bras. Ses yeux d'ambre, rouges, comme ses cheveux, flamboyèrent de colère. Xérès attendait toujours, agenouillé, devant les deux rois. Skalos prononça trois noms et trois chevaliers apparurent en déplaçant une tenture silencieusement. Ils s'agenouillèrent à leur tour.

- Je ne vois pas où vous voulez en venir. déclara Xérès.
- J'aimerais que toi et ces chevaliers vous rendiez au Temple d'Apollon, à Delphes, pour consulter la Pythie.
- Est-il nécessaire d'y aller à quatre ? s'étonna Xérès en dévisageant les trois chevaliers d'un air méfiant.

Les yeux azur de Skalos fixèrent Xérès pendant un moment, alors que Myas remettait les pions en place. Skalos soupira :

- Non, mais... ces trois chevaliers sacrés seront là pour te protéger et te surveiller, au cas où...

Xérès se releva, indigné.

- Maître ! Pourquoi ? Est-ce que cela voudrais dire que vous n'avez pas confiance en moi ? Je ne suis nullement d'accord ! Vous pouvez prendre congé vous autre ! ajouta-t-il en pointant les trois chevaliers du doigt, je n'ai pas besoin d'eux ! J'espère que vous vous en rendez compte, Maître !
- Silence ! l'interrompit Skalos en frappant son poing sur l'accoudoir de son trône, n'oublie pas que c'est moi qui t'ai ressuscité ! Et je peux te détruire, si j'en ai le désir...

Xérès se tut. Il se remit à genoux, sous le regard de braise de Skalos.

- Voulez-vous que je m'occupe de lui ? demanda soudainement un des trois chevaliers, qui étaient restés silencieux jusque là.
- Ce n'est pas la peine, Atlas. Je crois qu'il a compris...

Il fixa une seconde fois Xérès, qui fixait son reflet dans le carrelage, avant d'ajouter :

- Tu te rendras donc à Delphes, Xérès, et tu demanderas à la Pythie, si ma victoire sera complète ou non !

Les chevaliers sacrés gloussèrent discrètement. Eux, ils savaient que la victoire serait inévitable.

- Et j'espère pour toi que tu me rapporteras de bonne nouvelles... dans le cas contraire, c'est toi qui en fera les frais...

Il éclata d'un rire sarcastique, pendant que Myas avançait son pion sur la table de jeu. Xérès déglutit bruyamment avant de se relever, et de s'incliner devant son Roi.

- Bien, Maître.
- Un bateau t'attends pour partir. Bon voyage... conclut Skalos en souriant.

Xérès quitta la salle avec Atlas et les deux autres chevaliers. Une fois dehors, ceux-ci se présentèrent à Xérès.

- Je me nomme Jaoh, fit le plus grand, aux cheveux brun rouge.
- Quant à moi, mon nom est Bélanger, continua le second, un homme moyen, aux cheveux blonds.
- Nous sommes, les chevaliers sacrés, au service de la justice, reprit Atlas.
- Heureux de vous connaître, dit Xérès d'un ton amer, sans enthousiasme.

Il les dévisagea très longtemps, et se rendit compte qu'ils portaient des armures semblables à des kamuis, mais elles n'en étaient pas.

" Quelles sont donc ces armures étranges... ? Quels noms portent-elles ?pensa Xérès en fixant la genouillère de Jaoh. "
- Quelles questions sordides es-tu encore en train de te poser ? répliqua Bélanger sur un ton de reproche.

Xérès lui jeta un regard noir et fit volte-face, sa cape s'emmêlant avec le vent froid qui couvrait tout le palais. La conversation s'arrêta là, et Xérès et les chevaliers sacrés descendirent sur le port, pour partir à destination de Delphes. Le bateau tanguait énormément et ils eurent beaucoup de mal à y rentrer, vu que la passerelle n'était pas aussi solide qu'elle prétendait l'être. Jaoh failli tomber dans l'onde glacé car le ponton craqua sous son poids. Heureusement, il eut le temps de se rattraper.
Le voyage se déroula dans un silence complet. Seul les bruits des rames clapotant sur l'eau demeuraient. Xérès restait sur le pont supérieur, à regarder le palais de Skalos s'éloigner lentement, pendant que les chevaliers sacrés faisaient des allers-retours sur le pont inférieur. La route fut tellement monotone qu'elle parut durer une année à Xérès. Heureusement, ils arrivèrent vite, et Xérès se fit une joie de retrouver la terre ferme. Il descendit le premier. Il examina les environs en attendant les autres chevaliers. Delphes, c'était beau, il aimait manifestement cette petite ville. Tout en haut de la colline sur laquelle était battie les maisons, se dressait le Temple. Des personnes encapuchonnées en robe blanches entraient et sortaient par la porte centrale, et Xérès put apercevoir, mais avec moins de précision que le reste, un autel à l'intérieur de la maison d'Apollon. Peu après, Jaoh le rejoint en se faisant soutenir par Bélanger et Atlas. Il était pâle, et vacillait sur la passerelle qui reliait la terre à l'embarcation.

- Il a toujours eu le mal de mer... exliqua Bélanger devant l'air interrogateur de Xérès, avant d'asseoir Jaoh sur une pierre pour qu'il reprenne ses esprits.

Atlas sourit... sourire qui s'estompa lorsqu'il constata avec effroi que les rues de Delphes étaient bondées. Il était agoraphobe, mais, ni Jaoh, ni Bélanger, ni-même Xérès ne le savaient. Il avait toujours gardé ce lourd secret pour lui. Il essaya donc de se comporter on ne peut plus "normalement". Car la seule pensée qu'il était seul dans cette foule le rendait fou.
Il prit peur en s'apercevant que Xérès et ses compagnons étaient partis devant. Il les rejoints en trottinant. Il monta les premières marches tranquillement, mais lorsqu'il pénétra dans la rue, il eut soudainement très chaud. Toute cette foule, toutes ces personnes... Atlas passa sa main froide dans son cou brûlant. Il transpirait à en perdre toute son eau. Ses dents claquaient, et ses mains tremblaient. Il devint subitement pâle, et sa tête lui tourna au point que toutes les personnes qui se trouvaient dans cette minuscule rue étroite devinrent des ombres informes qui se déplaçaient en glissant sur le sol. Atlas resta figé, et avait trop peur pour avancer ne serait-ce qu'un pas de plus. Devant ces horreurs, le chevalier était impuissant, c'était sa seule faiblesse. Une des ombre se détacha soudain de la masse noire et s'approcha de lui. Atlas distingua seulement deux yeux de couleurs vert émeraude. Le bras de l'ombre voulut se poser sur son épaule, mais Atlas recula d'un pas et cria :

- Ne... ne me touchez pas !

L'ombre resta sur place. Une voix grave d'homme se fit entendre :

- Je peux faire quelque chose pour vous ? Vous semblez apeuré, et vous êtes pâle comme un linge !
- Ne... ne vous approchez pas de moi, bredouilla Atlas, Je vous interdis de me toucher ! ajouta-t-il en voyant le bras se diriger à nouveau vers lui.
- Je veux juste vous aider, rectifia "l'homme".

La vue d'Atlas se troubla de plus en plus. Sa tête lui tourna au point de lui donner une nausée abominable, mais en faisant un effort considérable, il se contenta de rejoindre en courant ses compagnons qui étaient déjà au Temple d'Apollon, sous le regard interrogatif de l'homme.

- Cette forêt est vraiment trop sinistre...
- Arrête un peu de te plaindre !
- Aïe !
- Quoi encore ?
- Tu m'as envoyé cette fichue branche dans l'oeil !
- J'en ai assez, d'être là-dedans ! Rentrons !
- Non ! Vous êtes vraiment insupportables tout les deux... tant qu'on n'aura pas trouvé ce que le Roi Myas nous a demandé d'aller chercher, on ne fera pas demi-tour ! C'est clair ? !
- Et pourquoi n'y va t-il pas lui-même ? Nous ne sommes pas ses chiens.
- A quoi cela lui sert-il d'avoir des chevaliers si nous n'exécutons pas ses ordres ?

Les trois chevaliers de Myas, des chevaliers morts, bien-sûr, étaient à la recherche du Tombeau du dieu Arès. Myas leur avait demandé de lui rapporter son épée, dans le plus grand secret bien sûr, Skalos n'en savait rien. Selon une légende très ancienne, cette épée avait le pouvoir de transmettre la force et l'esprit de la divinité à celui qui s'en servait, pour tuer évidemment. Myas l'avait appris dans le Royaume des Morts, par trois spectres. Et il était sûr que ce serait cette arme qui le mènerait à la victoire ! Pas question de partager la Grèce avec Skalos, même si il l'avait sauvé ! Le seul indice que Myas avait reçu des trois spectres, était que le tombeau d'Arès se trouvait dans cette forêt, la forêt d'Almash. Malheureusement, le tombeau du dieu de la guerre était caché dans un endroit secret, difficile à trouver, et dans ces monceaux de branches cassées et de feuilles mortes, il était dur de se repérer et qui plus est, la nuit était tombée... Mais les trois chevaliers continuaient leurs recherches. Habere, un des chevaliers, trouva soudain une brèche dans un arbre centenaire.

- J'ai trouvé quelque chose ! fit-il à l'adresse de ses compagnons.
- Qu'est ce que c'est ? questionna Aquila.
- Il y a une brèche, là... répondit Habere en effleurant avec ses doigts le tronc.

Comme si Habere avait mit sa main au bon endroit, la brèche s'élargit et des escaliers humides apparurent devant les trois chevaliers, restants malgré tout stupides, devant cette découverte.

- Eh bien ! dit Sierra, faisant sursauter Habere et Aquila, qu'attendons-nous pour descendre ?

Les chevaliers acquiescèrent et descendirent prudemment les escaliers. Ils arrivèrent enfin dans une salle froide, et vide... enfin... c'est ce qu'ils croyaient jusqu'à maintenant ! Ils découvrirent avec stupeur, le tombeau du Dieu Arès. Il trônait au milieu de la salle. Le tombeau était en pierre mince, craquelée par endroit.

- Quel endroit, pour un dieu... je pensais qu'il aurait eu plus d'honneur que ça !
- C'était le dieu de la guerre, pauvre idiot ! Ca m'aurait étonné qu'il ait reçu beaucoup d'éloges de la part de Zeus... c'est pour ça qu'il l'a enterré là...
- ...

Habere s'approcha doucement du cercueil. Il regarda le couvercle d'un air perplexe, puis souffla dessus. En lettres grec, on pouvait lire :

"Ici, gît Arès, dieu de la guerre, traître auprès de l'Olympe et de ses occupants. "

Et en dessous, en minuscules gravures, Habere lit à haute voix :

"Celui qui ouvrira cette tombe sera soumit au châtiment imposé par Arès lui-même :la Mort. "

Aquila et Sierra frissonnèrent après ces phrases.

- Peuh ! s'esclaffa Habere, ce ne sont que des avertissements stupides !

Sur ce, il mit ses mains sous le couvercle et essaya de le soulever.

- Venez m'aider vous autre ! cria-t-il à Sierra et Aquila.
- Je ne sais pas si c'est très prudent... bredouilla Sierra, on est en train de profaner un lieu sacré !
- Qu'est ce que tu racontes ? Ce cachot ? Un lieu sacré ? Ne me fais pas rire !

Sierra se résigna enfin à les aider. A eux trois, ils réussirent à enlever le couvercle de la tombe. Ils le poussèrent sur le sol et le couvercle se brisa. Le mort reposait à l'intérieur de la tombe, recouvert d'un drap poussiéreux. Aquila souleva délicatement le drap. Il s'attendait à découvrir quelque chose d'ignoble, mais ce qu'il y vit le surpris encore plus. Malgré les siècles passés, le cadavre n'était même pas en décomposition !

- C'est donc lui, Arès... murmura Aquila.

Le dieu, couché dans le cercueil avait les yeux clos, la bouche fermée et un teint pâle. Ses cheveux, mi-long et blonds, presque blanchâtre lui donnait plutôt l'air d'un ange. Il était vêtu d'une robe bleu très clair déchirée, et autour de son cou était attaché un rosaire formés de perles de plusieurs couleurs. Il tenait dans ses mains la fameuse épée. Elle brillait d'un cosmos verdâtre qui s'éteignait presque.

- Voici donc cette arme si redoutable... elle dégage un cosmos aussi faible que celui d'un enfant ! s'exclama Habere, presque déçu.

Pour toute réponse, Sierra lui répondit qu'il avait un mauvais pressentiment, et il regarda autour de lui, effrayé. Habere haussa les épaules.

- Je ne vois pas de quoi tu as peur... nous n'avons qu'à prendre l'épée et nous en aller...

Sur ces mots, il attrapa la poignée et fit glisser la lame entre les mains d'Arès pour la prendre. Avec horreur, il découvrit que les doigts du dieu s'étaient mit à saigner d'un sang rouge foncé, presque noir. Il poussa un cri et hurla :Il est vivant ! Cet homme est encore vivant !
L'épée se mit soudain à briller d'un cosmos intense, mais Habere ne voulait pas la lâcher... ou du moins, il ne pouvait pas... car l'épée était comme incrustée dans sa peau, il ne s'en était même pas rendu compte, et la douleur l'écoeura. Dans une panique totale, les trois chevaliers voulurent remonter les escaliers, mais une porte les coinça. Une voix retentit dans la pièce :

- Vous avez osé profaner ce lieu pour me dérober mon épée ? !
- Votre épée ?, balbutia Habere, quelle épée ?
- Comment osez-vous le nier ! Je le ressens, je sens mes mains vides et sanglantes, cette lame m'a coupé lorsque vous l'avez prise...

La voix était grave, et effrayante. C'était sans nul doute celle du dieu Arès ! Les trois chevaliers restèrent silencieux. Ils avaient trop peur pour dire quoi que ce soit, mais les gémissements douloureux de Habere rompaient ce silence. Soudain, la terre s'ébranla, et dans un vent glacial, le dieu de la mort se réveilla. Ses yeux verts s'ouvrirent, mais son teint resta pâle. Il se leva, et contempla d'un air furieux ses mains coupées, avant de tourner son regard vers les trois chevaliers, collés contre le mur. Son regard vert les fixa d'une intelligence malveillante, et un rictus se forma sur son visage. Dés qu'il vit l'épée dans les mains d'Habere, il serra les dents.

- Vous paierez pour cet affront, mortels !

Il sortit de sa tombe et s'approcha d'Habere, toujours gémissant de douleur, au contact de la poignée sur sa main. Aquila et Sierra s'étaient cachés.

- Rendez-moi cette épée... marmonna Arès.

Habere pleurait. Il avait horriblement mal, et il redoutait de mourir encore une fois. Il sentit soudain le souffle froid d'Arès dans son cou. La main presque griffue du dieu s'approcha lentement de sa nuque. Habere ferma les yeux.

- Tu vas subir le châtiment réservé aux infâmes comme toi... murmura Arès dans son oreille, avec une voix rauque, la mort...

L'aube se leva lentement sur la ville de Grèce. Le soleil rougeoyant éclairait faiblement d'une lueur orangée le Sanctuaire et le ciel était rose. Debout devant sa maison, Mû méditait en silence. Il pensait au départ fatal que la déesse Athéna avait prévu. Il s'interrompit en sentant une main sur son épaule. C'était Aldébaran.

- Qu'est ce que tu fais ? demanda-t-il au chevalier du Bélier.
- ...
- Viens vite ! Cela fait longtemps qu'Athéna nous a convié dans la Salle du Pope... et elle veut que tout les chevaliers d'or soient là... ajouta-t-il en voyant l'expression de Mû qui semblait dire : "Pourquoi irais-je ?"

Mû soupira un gros coup.

- Très bien, très bien...

Aldébaran fit volte-face et s'apprêtait à monter les escaliers, mais Mû l'arrêta.

- Je ferais mieux de nous téléporter... nous arriverons plus vite...

Aldébaran acquiesça. Il s'accrocha à Mû et ils disparurent. Ils réapparurent tous deux dans la Salle du Pope... accompagné d'un silence de mort. Les autres chevaliers les dévisageaient, ainsi que la déesse Athéna. Mû ne dit rien et se contenta d'aller s'asseoir à sa place habituelle, sans prêter attention aux regards des ses congénères. Aldébaran fit de même.

- Tu es en retard... scanda Athéna.
- ...
- De vingt minutes... précisa la déesse.

Après la dispute de la veille, Athéna ne parlait plus qu'à Mû sur un ton ignoble, incroyablement hautain et méprisant. C'était à croire qu'elle le détestait ! Elle prenait à présent considérablement ses distances envers Mû, et à chaque fois qu'elle le voyait, elle l'évitait soigneusement. Le silence avait reprit. Athéna ce décida enfin à continuer ce qu'elle avait à dire.

- Comme je le disais tout à l'heure, avant qu'un certain chevalier ne m'interrompe...

Mû lâcha un juron dans sa barbe.

- Un bateau nous attendra demain pour partir, même si cela ne plaît pas à tout le monde...

Elle appuya fortement sur cette phrase puis regarda Mû qui détourna la tête.

- J'ai proposé que nous partions à Jamir... j'espère que cela vous convient chevaliers.

Au mot "Jamir", Mû écarquilla les yeux. Il serra les dents.

- Non... commença Mû.
- Je te demande pardon ? s'efforça de demander Athéna poliment.
- Je n'irais pas à Jamir...
- Et pourquoi je te prie ? questionna Athéna, dont l'humeur commençait à chauffer.
- Nous n'y serons pas en sécurité, et puis...
- Continue...
- Jamir a été détruite... il y a maintenant huit ans...

Le ton de Mû était froid, mais on ne lisait aucune traces de mensonges dans ce qu'il disait. Tous les chevaliers s'étaient arrêtés et le dévisageaient.

- Que... que veut tu dire par "détruite" ? demanda Athéna, stupide.
- Je veux dire qu'elle est sortie de l'existence de tout le monde ! Il n'en reste que des ruines enfouies dans la mer... j'ai vu ma ville sombrer dans un néant complet... et j'étais le seul survivant !

Tout les chevaliers, y compris Athéna, restaient interdits. Mû s'arrêta pour respirer.

- Je vous dis qu'il vaut mieux rester là... et nous battre... conclut-il.

Les chevaliers s'accordèrent quelques minutes de réflexion. Puis, Shaka prit la parole :

- Peut-être qu'il a raison...
- Que dis-tu ?, s'indigna Athéna, tu te rangerais du côté de ce chevalier plutôt que du mien ? !
- Effectivement... se résigna à dire Shaka.

Il se leva et alla se mettre derrière Mû. Athéna restait consternée. Elle regarda les autres chevaliers.

- Et... et vous ? bredouilla-t-elle.

Ses récepteurs lui lancèrent des regards dépités, et se levèrent à leur tour, pour se mettre derrière Mû.

- Tu es à l'unanimité, Athéna... lui rappela Mû, d'un air presque triomphant.

Athéna le savait, bien entendu. Mais elle ne comprenait pas pourquoi ses chevaliers se retournaient subitement contre elle. Voulaient-ils mourir à ce point ? Elle secoua la tête.

- Eh bien, soit... dit-elle, vous faites ce qui vous semble le plus juste...

Elle se leva de son trône avec un air déçu, et voulut partir, mais Camus la retint en lui attrapant le bras.

- Ecoutez... nous essayons juste de conserver notre honneur !
- Oui, oui... je sais... répondit Athéna.

Elle quitta la salle du Pope en soupirant.

- Qu'est ce que tu faisais ? demanda Jaoh à Atlas lorsqu'il les rejoint.
- Moi... ? Rien de particulier... fit Atlas d'un air innocent.
- Bienvenue à vous, honorables visiteurs ! Que puis-je faire pour vous ? les interrompit un homme encapuchonné dans un manteau de lin blanc.
- Nous voulons voir la Pythie, répondit Xérès.

Le moine secoua la tête.

- Pour le moment, elle est occupée... voulez vous faire autre chose en attendant ?
- Non, nous voulons consulter la Pythie, reprit Xérès, décidé.
- Oui, mais, puisque je vous dis qu'elle ne peut vous recevoir pour le moment...
- C'est urgent, nous avons besoin de la consulter !
- C'est à quel sujet... ? marmonna le moine.
- Les raisons qui nous amènent sont strictement confidentielles.
- Dans ce cas, je ne peux rien pour vous. Il vous faut attendre...

Xérès s'impatienta. Il tapait du pied sur le sol, mais l'homme n'y prêtait pas grande attention. Il allait faire demi-tour et repartir, mais Xérès l'attrapa par son manteau. Il souleva le moine par le col.

- Maintenant, écoute moi-bien espèce de vieillard sénile ! Je dois consulter la Pythie, et je n'ai pas que ça à faire ! Alors tu vas me faire le plaisir d'aller l'avertir que nous avons besoin de lui parler, et si elle fait autre chose, ce n'est pas mon problème, tu lui dis que c'est urgent ! Compris ?

Le moine, dont la capuche était tombée, laissant découvrir sa calvitie naissante, hocha la tête pour montrer qu'il avait bien comprit. Xérès le reposa et il rentra dans le Temple en courant et hurlant : Ce sont des fous ! Des fous !
Quelques minutes plus tard, il revint, la capuche remontée sur sa tête.

- Elle vous attends... veuillez me suivre...

Le moine les précéda et ils le suivirent dans le Temple. Ils entrèrent en silence. Le carrelage brillait tellement que les quatre chevaliers se voyaient dedans. Le Temple était soutenu par des colonnes visiblement de nature ionique. Au centre, il y avait un bassin rempli d'eau et derrière lui, à quelques mètres, se tenait un autel sur lequel était posé diverses offrandes pour Apollon, dont la statue en pierre reposait au fond de la salle. Un peu plus loin, une ouverture de la taille d'une porte était taillée dans le mur, et un rideau rouge vif cachait l'intérieur de la pièce. Le moine y conduit les chevaliers, mais avant d'entrer, il leur fit signe de s'arrêter.

- Un seul homme est suffisant...

Xérès devait, de toute évidence, être choisi. Le moine écarta le rideau. Xérès hésita.

- Entrez... l'incita le moine.

Xérès passa le rideau et rentra. Il se trouvait à présent dans une minuscule pièce, éclairée par une lampe à huile. Un second moine lui fit signe de descendre.

- Descendre ? demanda Xérès, comment... ?

Le moine l'attrapa et le poussa devant des escaliers. Xérès descendit prudemment. En bas l'attendait sûrement la Pythie, mais il ne la vit pas. Il ne la vit pas non plus pendant sa consultation, étant donné qu'ils étaient séparés par un mur. Un tout petit tabouret aux pieds fins comme des herbes l'attendait. Il s'y assit, et resta silencieux. Il somnolait presque lorsqu'une voix horriblement aigu et chevrotante le fit sursauter, le faisant tomber de son tabouret. Il se rassit dessus en grognant lorsqu'il entendit le petit ricanement de la Pythie.

- Que veut-tu ?... lui demanda celle-ci une fois son ricanement cessé.

Xérès n'osait pas parler.

- Je sais que tu es envoyé par le Roi Skalos... mais que veut-il savoir, exactement... ?
- Il prépare une guerre au Sanctuaire, et...

De l'autre côté du mur, la Pythie ouvrit des yeux ronds. Elle voulut hurler, mais elle écouta jusqu'au bout ce que Xérès avait à dire.

- Il voudrait savoir... si sa victoire sera complète, ou non... gagnera-t-il ?

Pendant un moment, il n'entendit que le râle de la vieille femme. Puis ce râle s'accéléra et la Pythie, saisie par la possession divine, se mit à pousser des cris effrayants. Xérès restait paralysé de stupeur. Et soudain, d'une voix rauque et grave, la Pythie lui transmit ses mots : Par la mort déchaînée sur les hommes infidèles, la Grèce sera purgée d'une défaite certaine.
Puis le silence se fit. La Pythie avait cessé de parler. Xérès restait interdit. Il n'était pas sûr d'avoir bien compris. Il voulut lui redemander, mais la Pythie semblait à présent dans une profonde méditation. Le second moine le rejoint et le pria de se lever.

- C'est... c'est tout ? murmura Xérès, abasourdi.
- N'est ce pas suffisamment clair ? lui dit le moine.

Xérès remonta les escaliers.

- Vous êtes sûr qu'il n'y a aucune autre réponses ? redemanda-t-il lorsqu'il se retrouvèrent dans la minuscule pièce.
- Seuls les sages comprennent les paroles des dieux... il n'y a que les sots qui sont incapables d'interpréter les messages limpides... répondit le moine sur un ton sec.

Il ouvrit le rideau, pour montrer à Xérès qu'il devait partir. Celui-ci, encore effaré par les paroles de la Pythie, sortit, la bouche à demi-ouverte. La lumière l'ébloui lorsqu'il sortit. Il trouva Atlas, Jaoh et Bélanger agenouillés devant la statue d'Apollon. Ceux-ci se relevèrent, lorsqu'ils le virent arriver.

- Alors ? demanda Bélanger.

Xérès était complètement consterné. Il fit une moue et cligna trois fois des yeux avant de murmurer : Tout ça, pour... ça ?

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