Chapitre 5 : A Jamais, Pour Toujours


Lorsque tu franchis cette barrière séparant l'incompris de l'élu, tu deviens, tout simplement, humain et uni avec tes semblables par le sang qui coule dans tes veines.

Kanon.


L'allure des Surplis du Spectre d'Hadès ne passait nullement inaperçue au milieu de la verdoyante prairie. Les Surplis avaient repris tout leur éclat et leur forme. La couleur rougeâtre donnait la sensation que cet homme avait beaucoup de sang sur les mains, et sur son armure. Mais était-ce celui des ses victimes ou le sien ? Même Rhadamanthe n'en connaît la réponse. Puisque son Dieu est…non. Il ne peut penser à une chose pareille à un tel moment. Rhadamanthe est avant tout un homme de devoir, un homme de parole, de vertu. Plus qu'une dette, il doit la vie à son ami ennemi. Horus lui conta la fin de la Guerre Sainte et toute cette tragédie. Il savait parfaitement que, sans l'intervention de Kanon, il serait mort. Il aurait accompagné les derniers spectres dans le vortex au péril de son existence. Il le savait.

Bien pire qu'une Guerre Sainte, une espèce de guerre fantôme planait sur le domaine des Dieux. La vérité, il la détenait. Peu importe celui qui se dresse en travers des lois de l'univers, peu importe la force et le nom du coupable, le Juge avait rendu sa sentence. Il allait donner sa vie pour son idéal.

Il ralentit le pas. S'arrêta. Regarda autour de lui. Une multitude de cascades d'eau pure et cristalline terminaient la prairie. " C'est donc cela le domaine de Dieux " pensa-t-il. Il se rapprocha des cascades. De l'eau baignaient des couleurs d'arcs en ciel. Jamais il ne pût entrevoir de telles choses. Toute cette beauté ne pouvait qu'effleurer la sensibilité du fier Juge des Enfers. Il n'esquissait pas un sourire, mais son esprit fût radieux et saisi par l'enchantement de la nature. " La Cité de Delphes se trouve derrière cette fine couche d'eau " se dit il. Il traversa la chute d'eau qui, entrée en contact avec ses Surplis, lui donna des lueurs de cristal. Une grotte, comme indiquée par Horus, donnait sur un passage humide. Il s'engouffra dedans. Des gouttes tombaient et raisonnaient sur le sol. Des stalagmites et stalactites lui barraient le chemin. Mais le guerrier n'avait pas l'habitude de perdre du temps avec des détails. Le moindre obstacle est aussitôt détruit.

Après des heures d'expédition dans la caverne, il vît une épaisse couche de fumée s'échappant des différents trous du mur. L'odeur, quand à elle, rappelait la terre fertile. L'humidité faisait couler des gouttes sur son visage. Il enleva son casque, rangea un peu les ailes de sa cuirasse, passa la main dans ses cheveux et entra dans la fumée. Il poursuivit encore pendant des minutes interminables. D'ailleurs, le temps dans les Cieux paraissait ralentir et s'étendre selon les situations. Les minutes passaient pour des heures, et les secondes se reflétaient dans les gouttes des stalactites. Tandis que, les heures de bonheur passaient pour des secondes…

Rhadamanthe suivait un chemin étroit, sur un territoire inconnu. Lui, qui avait pris ses aises sous terre, s'habituait à combattre sur son terrain. Dans la fumée il passait pour une proie. Il vît, enfin, une lueur lointaine, comme la sortie d'un tunnel. La lueur devint lumière, la lumière passa au flash, et sa route était toujours aussi masquée. L'aveuglant éblouissement se dissout. Le Juge releva sa tête. Il aperçu, non loin de lui, un casque. Puis une armure. Elle recouvrait un combattant prêt à agir. Ses pupilles se réhabituèrent peu à peu à voir. Et par delà cet homme, il vît d'autres cuirasses, d'autres armures, encore plus noires, encore plus sombres, ils se multipliaient, il compta d'abord une dizaine, puis une quinzaine…Non, derrière ceux-là en restait d'avantage ! ! ! Une trentaine, une quarantaine, une cinquantaine…au total ils se comptaient par plus de cents ! ! !

Le passage s'élargissait, on aurait dit qu'il tombait dans une Cité de fourmis. Paraissant tous semblables telle une armée noire, ils peuplaient l'antre de la grotte. De leurs armures ne ressortaient que les ténèbres. Et leurs âmes les avaient, sans doute, quittés ne laissant que des chairs de zombie assoiffés du sang des vivants. Ils portaient aussi des armes. Des chaînes, des épées, des lances, des tridents dansaient entre leurs mains, tels des instruments de torture.

Venu des Enfers à l'Olympe, le royaume sous terrain l'avait finalement rejoint. Rhadamanthe observa et en conclut qu'il avait atteint, par le passage secret, le fond d'un Gouffre. Un escalier montait vers le sommet, semblait-il, à quelques 200 mètres de distance dans lesquelles se trouvaient des espèces de soldats. Leur attitude était comparable à des rats.

_Des rats ! ! ! leur cria Rhadamanthe, une horde de rats perdus entre la haine et les désillusions ! ! Voilà, tout ce que vous êtes ! C'était donc vrai…Athéna a crée une armée rebelle ; tous les apprentis qui ne se sont pas montrés dignes de revêtir une armure de bronze, ou d'argent, ont cultivé leur haine jusqu'à crée les armures des ténèbres, par ces mêmes alchimistes reniés par la Déesse. Il en va ainsi de même pour les autres Dieux. Tous ceux rejetés, humiliés se sentent trahis et, par le culte de la vengeance, en perdent leur volonté et dignité !Vous avez formé cette armée ridicule ! ! ! Et vous êtes à la merci de n'importe quel esprit plus fin que le vôtre ! ! Vous êtes aussi répugnants que des rats ! ! !

Les hommes rebelles et sauvages, d'abord surpris par ces paroles, s'arrêtèrent de bouger et grogner. Un silence d'un temps nécessaire à la réflexion s'imposa. Rhadamanthe avait envers eux un regard, tant de mépris que de colère. Il savait pertinemment la suite des événements. Le cosmos s'embrasa, une aura rouge entoura le Spectre d'Hadès.

_J'ai rendu ma sentence ! ! ! poursuivi sévèrement le Spectre, puisque seul le goût et la vue du sang vous réjouit, je vous condamne à l'Azura ! ! ! Hors de ma vue ! ! !

Sentant l'agressivité et le sang de la proie bouillir, les hommes rebelles l'assaillirent par dizaines. Des flèches et des lances fusèrent, puis se brisèrent en contact des flammes de son cosmos.

_Comment osez-vous attaquer celui qui vous libérera des chaînes de l'horreur ? ? ! ! !leur lança le Juge.

L'aura de ce dernier grandissait. Elle s'intensifiait dangereusement pour ses adversaires. La première vingtaine allait sentir, en premier lieu, l'attaque inédite du Spectre. Les bêtes s'approchaient, se ruaient, bavaient, attaquaient, hurlaient des cris assourdissants.
Rhadamanthe explosa sa colère ;

_Je vous libère des chaînes de la corruption! ! ! Jugement Dernier ! ! !

Un tourbillon, plutôt un tornade, saisit la centaine d'êtres perdus. Et des jets lumineux se joignaient à l'attaque déclenchée. La vitesse augmenta jusqu'à la disparition totale. Et aucune des créatures ne survit au pouvoir immense de Rhadamanthe du Wyvern.

Pourtant un homme, un seul, l'observait du haut des marches, menant sans doute à la destination du Juge. Une matière scintillait et raisonnait dans l'antre, le Juge la sentit malgré la distance, c'était le Lapis-Lazuli.


Dans le Colisée d'Héraclite ;

Shiryu pensait revivre son rêve, ou cauchemar. Les environs de cadavres, le ciel recouvert, les éclairs nourrissaient sa peur. Il connaissait l'image de l'horreur. Ses nuits furent hantées par l'abomination. Mais jamais il ne se croyait vivre cette angoisse. Cependant, au milieu de cette scène, un femme éblouissait le Colisée par sa chevelure éclatante.

La sublime jeune femme se tenait telle une statue. On aurait dit qu'elle posait pour un peintre de la Cité. La peinture avait d'ailleurs tout du rêve. Parmi les horreurs gisant à ses pieds, elle brillait de sa beauté fatale. Sa chevelure blonde, parsemée de mèches argentées, recouvrait les formes de sa poitrine. Ses yeux, d'un vert d'herbe de printemps, ciblaient le chevalier d'or. Elle tenait une posture des plus féminines. Son armure, du même vert que ses yeux avec des éclats blancs et bleus, se dessinait comme une œuvre d'art exposée à la lumière.

" Quel être magnifique " en resta sans voix Shiryu. Pendant l'instant ou il la dévisageait, le brouillard se dissipa complètement. Les éclairs cessèrent toute activité. Les cadavres brûlèrent et de cendres ils devinrent. Le vent faible qui fût pris dans l'enceinte créa des tourbillons qui dansèrent avec les chevelures de Shiryu et de la femme mystérieuse. Le soleil revint. Les lunes régnaient à nouveau sur l'Olympe.

Dans la forêt de l'oubli ;

Kanon tourna sa tête de façon à montrer son profil à Actéon, du coin de son œil il le scruta. Le Gardien légendaire d'Artémis ne souffrait pas des coups qu'il reçu, mais des mots prononcés. Agenouillé et les mains posés sur le sol, il se figea, dans la position du dépit.

_Les souvenirs sont les merveilles de l'esprit, soupira-t-il. La tristesse fait partie de cette nostalgie, dedans nous nous retrouvons, parfois en perdant les repères, mais nous en ressortons toujours soulagés, rassurés de ce que nous étions et ce que nous sommes, finalement.
_Un homme se définit par ses actes et non par ses souvenirs, lui répliqua Kanon. Même si tu essayes d'effacer le conscient, l'autre partie prendra le dessus. Cette partie du subconscient est indestructible, tout comme cette forêt, tu me l'a toi-même dis. En m'attaquant de la sorte tu ne fais qu'accroître mes liens. Mon vécu de la guerre des deux côtés m'a rapproché des miens, de mes compagnons d'armes, mes frères ; les chevaliers d'or. Lorsque tu franchis cette barrière séparant l'incompris de l'élu, tu deviens, tout simplement, humain et uni avec tes semblables par le sang qui coule dans tes veines.

Actéon écarquilla ses yeux remplis d'émotion par les dires de Kanon. Il leva sa tête et, en soufflant d'inquiétude, vît Kanon s'approcher de lui. Il lui tendait la main.

Pendant ce court instant, le combattant de l'oubli se projeta des milliers d'années en arrière. Il voit sa déesse, Artémis. Si belle, si douce et pourtant elle dégageait ce qu'il y avait de plus froid et de plus sauvage. Elle était la Déesse de la fertilité, de la chasse et de la nature. Elle avait juré de faire vœu de chasteté. C'était une sorte de vierge guerrière, privilégiant l'intimité. Elle prévenu tous les autochtones de sa cité que celui qui la trahirait se verrait infliger une sanction des plus sévères.

Actéon, admiratif, ne se lassa pas de dévisager l'idole de sa Cité, celle qui par son seul regard provoquait en lui des sensations nouvelles de jeune adolescent. Il rêvait d'Artémis, jour et nuit, lune comme soleil lui rappelait la splendeur et l'éclat de sa Déesse.

Il savait qu'Artémis avait pour habitude de prendre le bain dans le lac de la forêt, entre la Cité d'Athéna et celle de sa Déesse. Il décida, malgré les mises en garde, de s'y aventurer. Car le jeune homme, n'avait alors rien d'un Dieu. Il s'imaginait qu'il fallait en être un pour impressionner sa conquête. Il lui fallait prouver sa valeur de guerrier et de chasseur, ainsi il prétendit être meilleur chasseur qu'Artémis. Il savait qu'elle partait en chasse dans les régions montagneuses de l'Olympe. La Déesse est accompagnée de ses Cinquante chiens, elle s'en est allée vers la face Nord du Mont Cynthe.

Bien qu'elle vécut un temps sur la Terre, elle aimait revenir en Olympe, parmi les siens. Elle se baignait dans le lac de la forêt, la forêt du lac de cristal. Le jeune chasseur et guerrier se posa, après de longues heures de poursuite de gibier, dans les environs d'un lac. Il entendit, alors, un chant. Et il sentit l'aura de sa bien-aimée, et rivale d'un jour, se baignant paisiblement dans les eaux pures des bois.
Actéon hypnotisé par son obsession l'observa, derrière les arbres, nue et désarmée. Mais la Déesse ne fût pas dupe et le surpris. Elle le transforma en cerf. Perdu et désorienté, le jeune cerf tomba à terre dans sa nouvelle enveloppe charnelle. Artémis, prise de folie incontrôlable, déserta à jamais la forêt du lac de cristal. Plus tard, elle donna la rage à ses chiens et les envoya dans les bois. Actéon fût dévoré. Rongé par son amour, il perdit la vie.

Personne ne s'aventura dans ces bois qui devinrent sombres et brumeux. Seul un esprit y habitait. L'esprit des limbes.

Revenu à lui, il ne vît le flou. Les larmes envahissaient ses yeux. Depuis ce jour, il savait qu'il n'avait jamais été vivant. Les arbres et la blancheur grisâtre, c'était lui. Tous ces millénaires de guerres entre les Dieux, où son esprit avait été rappelé, pour servir de machine de guerre…et sa demeure, puis son corps sont nés des larmes qu'il avait versé.

Il accepta l'aide de son adversaire pour se relever. Il prit le chemin de la direction opposée. S'arrêta. Scruta le ciel. Une dizaine de mètres séparaient les deux guerriers. La forêt n'en portait de lieu que le nom. Car c'est le morbide qui hantait ces lieux, telle une brume de l'aurore ancrée dans l'éternité de la mélancolie. Ces arbres noirs, comme les méandres de ses souvenirs, le tenaient pour prisonnier. Il levait ses yeux, cherchant une lueur d'espoir. L'issue fût irréversible.

Les astres Olympiens dégageaient la lumière. Symboles de la liberté des Cieux, pour Actéon la réponse se trouvait dans leur légende. Et puisque les Dieux ont fait leur choix. Le cycle de sa punition n'avait plus de sens. Il l'attendait cette main. Ce geste. Une main humaine pour le relever. Le sortir de la brume de l'ennui qui paralyse ses membres dans l'exécution des crimes. Il fallait un humain. Il comprit le sens du mot " humain ". Et ce qui les unit par le sang bouillant de leur corps. " Tous les discours sur la justification d'une bataille ne sont que masques. "

" Le véritable ennemi est celui qui sommeille au fond de nous. Celui qui nous ronge jusqu'aux entrailles. Celui qu'on déteste. Celui que l'on hait. Celui qui a signé le pacte avec l'immonde. Celui-ci se doit d'être purifié par la main d'un homme pur. Importe peu cette Cité de Delphes où le frère d'Artémis, Appollon, dicte ses lois. Les êtres suprêmes qui sont sensés représenter les Cieux valent bien moins qu'un simple mortel, ayant réussi à percer celui qui est enfoui au fond, dans les abysses de l'âme.
La main humaine, par laquelle, deux hommes se trouvent unis au milieu de nulle part est l'échappatoire. L'angoisse n'est plus. La peur, source de colère et de folie obsessionnelle, se dissout. Et tout redevient clair par un seul geste. Un seul. L'acte de la fraternité qui libère les chaînes du désespoir. Qu'il puisse en libérer plus d'un, prisonnier de ses démons. Qu'il sorte de cette forêt. Qu'il vive. Qu'il vive… "

Le Gardien d'Artémis parla à haute voix :

_Kanon ! ! Je vais te porter une ultime attaque ! ! Tu es prêt ? ! !

Kanon comprit de suite ses intentions. " Personne n'a le droit de prendre l'esprit en otage. Qu'a-t-il donc fait ? La justice du passé n'est, en aucun cas, celle de l'avenir. Cet homme est victime des ses obsessions. Il ne mérite pas d'errer dans ses propres atrocités. Les astres de l'Olympe…mais pourquoi donc ? Le sacrifice inutile n'est pas digne d'un demi-dieu. Je n'ai pas le temps de rester ici d'avantage, et il le sait très bien. Aussi, allons nous en finir ! De toutes les peines que tu as subies, par la faute de celle qui t'as pris ton corps, par son orgueil, en rejetant ton âme dans l'oubli, tu seras sorti. Jamais plus tu ne vas demeurer dans ces limbes, qui ont fait de toi un pion de plus. " Il se mit en posture…

_Oui ! dit Kanon.

Les deux cosmos s'intensifièrent. De toute l'Olympe on pouvait sentir la terre trembler, les arbres bouger, les cieux gronder, les lunes cachées, les fleurs pleurer…

Dans les bois de l'oubli, deux êtres, deux hommes seuls allaient décider de leur sort. Le sort du combat. L'issue de leur rencontre. Cette issue-là n'est certainement pas le fruit d'une illusion. Chacun ayant reprit sa place au-delà du rêve. Bien plus qu'une manipulation de l'esprit, l'un et l'autre faisaient face à la réalité. Cette réalité dont la terre de l'Olympe pris elle-même la peur. Les éléments se cachaient derrière leur colère venimeuse, en réaction à l'énergie déclenchée. L'univers a choisi. Mais les astres ne sont que des corps inertes, si l'on se fie au destin, tout redevient poussière. Non. Le destin n'est pas maître d'une vie. La volonté seule, conjuguée par deux hommes face à face, est seule à décider. N'en ressortira que la vérité.

_Adieu ! ! Chevalier de l'espoir ! ! Blaster Mind Destruction ! ! !
_Galaxian Explosion ! ! !

L'énergie destructrice envoyée par le Gardien de la Cité d'Artémis rencontra celle de Kanon. Mais l'attaque du Gold Saint dévastait tout, et le " Blaster Mind Destruction " se retourna sur Actéon. Un flash d'une blancheur purificatrice se produisit. Une explosion gigantesque suivit. Gemini vît tout de blanc, tout de néant. Un tourbillon, plutôt une tornade, se déclencha. Le Gardien de la forêt avait disparu…effacé… destitué…et libéré…

La décharge s'éleva vers le ciel, et Kanon avec. Il s'envola vers les cimes de l'Olympe, puis revint, à la vérité.

Le chevalier de l'espoir retrouve tous ses sens et son esprit. Il est entouré d'une forêt Divine de couleurs et de lumières, de chants et de musiques des formes vivantes qui repeuplèrent les bois. Une musique envahit les lieux. Cette partition composa, jadis, la mélodie de la vie. Celle née d'une explosion. D'une débauche d'énergie, par laquelle s'échappe tellement de réactivité que la nature ne peut en rester indifférente. Oui. Les liens qui unissent les hommes sont les plus forts. Ils peuvent aussi reprendre une vie, ainsi que la donner, car issus de cette même nature.

Il se redresse. L'armure des Gémeaux est intacte. Quelques égratignures sur son visage le laissaient totalement indifférent. Il tourna la tête de tous les côtés. Il lève sa main. Son doigt indique un arbre. Ses yeux indiquent le Sanctuaire. Il est temps de quitter cet endroit.
De son doigt s'échappe un rayon lumineux qui vient à la rencontre d'un arbre resplendissant du vert de l'espoir. Kanon se mit en route. Le sanctuaire d'Athéna…celui des frères, il n'est plus très loin.

En chemin, il croisa un cerf. Il s'arrêta quelques secondes. Il quitta la forêt. Ce n'était guère plus la Forêt de l'Oubli, elle devint la Forêt de la Vie.

Et parmi ses chants et ses joyaux de végétation, un cerf somptueux de beauté scrutait un arbre portant une dernière épitaphe :

A JAMAIS,
DANS L'OUBLI
DE LA NUIT.

POUR TOUJOURS
DANS LES CIEUX
DE L'AMOUR
UNISSANT VOS AMES.

*
* *


Dans le Colisée ;

Les pierres, les tribunes sculptées de sièges marbrés furent les spectateurs de la scène. Deux puissances. Deux guerriers, encore., et toujours, ont animé ces lieux. Le doute incarnait les pensées de Shiryu. Mais le temps n'était plus au mystère. Le temps se remit à tomber ses grains de sable fin. Et la guerre, ou la guerrière, parla ;

_Tu es un enfant, dit subitement la jeune femme au parfum exotique.
_Que dis tu ? la reprit Shiryu.
_Tu penses, peut être, que les armes de ton armure sont des jouets ? Il me semble que celui qui porte l'armure de la Balance est sensé être le plus juste de tous les Saint. Je me trompe ?
_Mais enfin, qui es tu ? s'exclama Libbra Saint. En tant que chevalier je connais mon devoir. Je n'ai que faire de tes sarcasmes !
_Si tu connais ton devoir que fais tu ici ? Sais tu au moins la raison de ta présence dans le domaine sacré des Dieux ?
_J'obéis à mes supérieurs, un point c'est tout, Athéna a besoin de nous et je n'ai pas de comptes à te rendre !
_C'est bien ce qui me semblait…tu es un Janissaire !
_Comment ? Que veux tu dire ?
_Il y a bien longtemps déjà, l'Empire Ottoman voulait dominer le monde. Mais pour dépasser les frontières et envahir les autres peuples, il fallait une armée d'assassins, ceux qui ne connaissent ni la peur, ni la douleur ; les Janissaires. Ils étaient tous orphelins et élevés dans le seul et unique but de la guerre. Ils obéissaient à l'Empereur Mohamed, deuxième du nom, de l'Empire d'Ottoman. Ils n'avaient jamais connu autres sentiments que l'aveugle haine qui faisait d'eux des soldats infaillibles et efficaces. Et jamais, jamais ils ne remirent en cause ceux qui les recueillirent, même s'ils firent d'eux des machines à tuer. Et je suppose que tu sais comment tout cela s'est terminé ?
_Je le devine…
_Oui, ils furent tous décimés jusqu'au dernier…tel est le destin de ceux qui font le vide dans leurs têtes…et ce sera aussi le tiens, que tu le veuille ou non, chevalier de la Balance.
_Je ne vois pas en quoi je suis semblable à des soldats assoiffés de sang ! Tu ne sais pas ce que tu dis ! Nous, les chevaliers d'Athéna, nous avons par maintes fois sauvés la Terre des inepties des Dieux ! Et tant que les vies humaines seront menacées, nous nous mettrons en travers des chemins de l'inhumanité ! Ni Poséïdon, ni Hadès n'ont su faire face, aux protecteurs d'Athéna !
_Tu crois ça ? Tu ne connais rien des précédentes Guerres Saintes, mon pauvre ami…Tu ne crois que ce qu'on a bien voulu te faire croire ! Pour celui sensé posséder la sagesse, tu es aussi décevant que naïf. Je ne vais pas perdre mon temps dans des discours, sans intérêt, avec toi. J'ai pour ordre de ramener la tête de ton " Grand Pope ", à qui tu obéis aveuglement, mais apparemment je vais devoir me débarrasser de toi !
_Je reconnais ton armure ! s'écria Shiryu. Elle appartient au Sanctuaire, serais-tu l'une des nôtres ? Bien que je peine à la croire !
_Parfaitement ! dit la femme aux cheveux blonds et d'argent, je porte les vêtements de la Reine d'Ethiopie.
_Alors tu serais…
_Je me nomme Cassiopée !


Sanctuaire Céleste d'Athéna ;

Melkor stoppa sa progression dans la deuxième maison du Zodiaque. Intrigué par le spectacle devant lui, il recula de deux pas. Il crût voir, un instant, un chevalier d'or. Mais sa vue distinguait, bien que dans la pénombre, la couleur or d'une armure portée par une…statue !

La statue d'Aldébaran portant son ultime attaque, lors de la Guerre Sainte contre Hadès, était centrée au milieu de la demeure. Il avait souvent écho des mérites et du courage de ces Gold Saint. La folie des actes de Melkor semblait se dissiper. Quand soudain une douleur frappa encore son cerveau. Il se prit la tête à deux mains et tomba, encore, à genoux.

Il se releva, une nouvelle fois. Et il reprit sa quête. Un mot, un seul, raisonnait dans son esprit et dans son âme, vaincue ; " Hésychias…Hésychias…Hésychias…. ".

Il s'approchait de la sortie, quand un chevalier d'Athéna lui barra le passage. Auron avait resurgi.

_Je te défie, au nom du Sanctuaire et de sa Déesse , Melkor ! Maudit soi tu, toi et ta folie !

Un rire éclata de la gorge du protecteur Divin. Ce rire infâme se propagea dans toute la demeure du Zodiaque. Il mît un pied devant l'autre et entama sa marche, telle une marche funèbre, en direction du prochain qui allait subir ses vices. L'armure ne raisonnait plus d'un son harmonieux, elle ne brillait plus de son éclat d'étoiles. Son épaulette dessinait une Lune de colère. Des ses habits bleus, blancs et dorés se propageait une aura sombre. Il n'arrêta sa marche que pour hurler son châtiment ;

_DI-STOR-TION ! ! !

A ce moment l'armure d'Auron lui paraissait d'aucune utilité. Ses membres se voyaient pulvérisés et déformés. L'attaque qu'il subissait traversait son armure. Il comprit, maintenant, pour quelles raisons le " Crystal Wall " de Mû ne teint pas face à cette arcane. " Distortion " consistait à broyer le mouvement des atomes par des électrons qui troublent son mouvement normal et modules ensuite la fréquence et l'équilibre des plus et des moins.

Il sentait ces os perdre leur solidité, il doutait que ses muscles se déchiraient. La douleur provoquée par ce châtiment est aussi lente qu'insupportable. Pourtant, un sourire se figeait sur la bouche de son adversaire. Un sourire démoniaque, et un souffle monstrueux accompagnaient Melkor dans sa cruauté.


Dans le temple Céleste de Poséïdon ;

Fenrir scruta, lui aussi, les lieux. Impressionné. Ebahi. Il enleva son casque. La Cité de Poséïdon et son Sanctuaire se situaient au pied de montagnes. Et des roches s'échappaient des cascades d'eau. Une baie entourait le Sanctuaire. Il était comparable à un îlot, tel un château fort et ses pont-levis. Des statues représentant le Dieu des Mers partant en croisade, armé de son trident, dans des Guerres Saintes, arboraient le sanctuaire.

" L'histoire se répète toujours et dans l'éternité. Hilda…j'espère que tu es en sûreté. Puissent les Guerriers Divins qui sont restés protéger le Royaume d'Asgard veiller sur toi. Qu'adviendra-t-il si le malheur se réveille ?…Je ne préfère pas y penser pour le moment. Je n'ai pas oublié la tâche qui m'a été confiée ; Empêcher par tous les moyens l' " Hésychias " !
Je ne ferais que mon devoir ! Je fus, jadis, un instrument de guerre, je suis maintenant le messager de la paix. "

_Cette Cité est magnifique n'est ce pas ? se prononça un Général.
_Sorente…dit Fenrir en se tournant vers lui, tu connaissais l'existence des Cités de l'Olympe ?
_Non, je découvre les lieux tout comme toi, mais j'ai le sentiment d'avoir déjà foulé le sol de l'Olympe…il y a de cela des siècles peut-être…
_Ecoute Sorente, j'ai quelque chose à te dire.
_Je sais. C'est au sujet de Siegfried, je le devine…
_Oui, il aimerait te rencontrer…un jour…
_Je compte le rencontrer aussi, lorsque tout sera terminé, je lui rendrais visite dans cette contrée du Nord, qui est aussi ton lieu et ta demeure.
_J'espère qu'un être comme toi ne perdra pas la vie…
_Non, je le dois à Thétis.
_Cela voudrait dire que…

Thétis surgit de nulle part. Les deux hommes se tournèrent brusquement vers elle. Elle semblait avoir parcouru des kilomètres et épuisée. Sur un ton ferme, la Marina vêtue d'écailles rouges s'adressa aux rêveurs de jours nouveaux ;

_Je viens avec de terribles nouvelles ! Il ont décidé de passer à l'action ! Fenrir, Sorente il va falloir agir ! Sorente tu vas te rendre à la Cité de Delphes, c'est urgent ! Guerrier Divin, tu viens avec moi à la Cité d'Héraclite ! Le reste de la garde des Généraux va veiller sur le Sanctuaire.

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Cette fiction est copyright Eldar Fattakhov.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.