Chapitre 7 : Un combat fratricide


Ce fut une masse grouillante de crocs, de griffes et de poils qui fondit sur le guerrier divin de Delta. Juste avant le point d'impact, il esquiva d'un saut vertical tout en effectuant de grands arcs de cercles avec son épée, créant plusieurs rideaux de flammes dans lequel les loups se jetèrent malgré eux, ne pouvant stopper leur élan à temps. C'est dans un concert de hurlements et de gémissements que Fenrir, qui lui avait réagi rapidement, vit ses derniers compagnons disparaître à jamais dans le brasier.

-Hahahaha !! S'esclaffa bruyamment Albérich. Ces fourrures ambulantes étaient encore plus idiotes que je ne le pensais. Périr de la sorte dans un piège aussi grotesque, tu avais décidément bien mal dressé tes animaux de compagnie. Et maintenant prépare-toi, car tu es le dernier de ces bestioles nuisibles.

Fenrir poussa un hurlement de douleur et de colère plus proche de celui d'un loup que d'un humain. Il fixa son adversaire avec un regard bestial, ressentant une haine d'une telle intensité qu'il en fut lui-même surpris. Jamais il n'aurait imaginé un jour haïr quelqu'un plus que les lâches qui l'avaient abandonné, lui et ses parents, devant cet ours sanguinaire. Et pourtant, c'était le cas. Ce qu'il ressentait envers cet homme était tellement fort et violent qu'il en avait mal physiquement et qu'il en tremblait de tout son être, comme s'il était secoué de spasmes violents. Même Albérich recula inconsciemment d'un pas devant ce spectacle et son sourire fondit rapidement. Pour la première fois, il prenait son adversaire au sérieux et se mit en garde, attendant son assaut imminent.

-Que la griffe du loup te déchire !! Hurla Fenrir tout en projetant son attaque avec toute la force de sa haine. Comme précédemment, Albérich fit tournoyer son épée afin de créer un bouclier de flamme qui eut pour effet de ralentir suffisamment Fenrir pour lui permettre d'esquiver l'attaque en reculant d'un saut. Enfin, c'est ce qu'il crut.

-Arghh !! Ne put s'empêcher de réprimer Albérich lorsqu'il sentit une douleur aiguë au niveau du flanc. Il remarqua une large entaille d'une dizaine de centimètre juste en dessous de son plastron. Un filet de sang s'en écoulait et rougissait quelque peu la neige sous ses pieds.

-Comment as-tu osé faire couler mon noble sang, espèce de misérable va-nu-pieds répugnant ?! S'exclama Albérich dans un souffle de rage. Un pauvre vagabond de ton genre devrait déjà s'estimer heureux qu'une personne de la haute société comme moi daigne disputer un combat d'égal à égal avec toi ! Tout en toi me répugne, qu'il s'agisse de ta saleté ou de ton odeur bestiale sans doute due à ces infectes bestioles que tu préférais côtoyer au lieu d'êtres humains ! Je pensais te donner une mort digne de celle d'un guerrier divin mais finalement, je vais te saigner comme l'animal vulgaire que tu es !
-Tu te trompes à mon sujet, Albérich, répondit Fenrir d'un ton plus posé que son adversaire.
Je suis moi aussi de souche noble mais j'ai préféré renier mes origines lorsque j'ai constaté la lâcheté de tes prétendues personnes de la haute société. Ce ne sont pas mes loups qui sont misérables et infects mais bel et bien ces traîtres qui m'ont abandonné moi et mes parents devant cet ours affamé il y a de cela bien longtemps.
-Oh ! Réagit Albérich. C'était donc toi ce petit garçon porté disparu il y a plusieurs années ! Je me souviens de cette histoire, de ces deux nobles tués par un ours. Plusieurs recherches avaient été conduites durant des jours et des jours afin de te retrouver. Je n'y avais pas participé bien sûr en raison de mon jeune âge mais je n'ai pas oublié. Au bout d'une semaine, nous les avons cessées, persuadé qu'un enfant ne pouvait survivre seul aussi longtemps. Jamais je n'aurais imaginé le rencontrer bien vivant des années plus tard !
-Je n'étais pas seul justement ! Ce sont les loups qui m'ont sauvé de l'ours et ce sont aussi eux qui m'ont accueilli dans leur meute et permis de survivre ! Voilà pourquoi je ne peux te permettre de parler d'eux comme des animaux nuisibles et aussi pourquoi je vengerai leur assassinat !
-Ha ! Il te suffisait de ne pas les faire participer à notre combat si tu voulais qu'ils soient épargnés ! Mais j'y songe tout à coup, nous nous trouvons donc dans ta propriété si je ne m'abuse ?
-Effectivement, il s'agit des ruines de mon ancienne maison. Pourquoi cette question ?
-Je viens de changer d'avis quant à la mort que je vais t'offrir. Tu auras droit à la plus belle des sépultures en améthyste pur, ici même ! Ainsi, tu pourras demeurer en paix pour l'éternité avec tes ancêtres et même tes parents puisque nous les avons enterrés ici. Et inutile de me regarder avec cet air ! Tu ne croyais tout de même pas que la vérité sur tes origines allait me faire changer d'intention à ton égard tout de même ?
-Non, je sais de quoi vous êtes capables toi et tes semblables. Vous n'êtes rien d'autre que des monstres sans cœur ni scrupules.
-Exact ! Voilà ce qui fait de moi un gagnant et de toi un perdant, c'est inéluctable ! Maintenant, trêve de paroles, place au combat !!

Sur ces mots, Albérich se jeta sur son adversaire son arme de feu à la main.

-Prépare-toi à goûter à la morsure incandescente de mon épée flamboyante ! Hurla-t-il.

Il l'abattit violemment sur le sol enneigé à l'endroit exact où se trouvait Fenrir une seconde auparavant avant qu'il n'esquive d'un saut arrière. L'impact souleva des gerbes de flammes hautes de plusieurs mètres qui firent fondre instantanément la neige sur une large zone. Albérich se remit immédiatement à l'attaque et enchaînait les coups circulaires et directs sur un Fenrir dépassé par les évènements.

-Le chevalier du scorpion m'a laissé dans un état beaucoup plus critique que je ne le pensais, songea-t'il tout en esquivant. Le moindre muscle me fait mal, je ne tiendrai pas longtemps à ce rythme…

Comme pour justifier ses pensées, il fut à l'instant même atteint par un coup d'épée sur le flanc gauche, ce qui lui arracha un cri de douleur. Albérich enchaîna par un revers qui lui entailla le haut de la cuisse. Cette fois, c'est un véritable hurlement qu'il poussa car l'épée s'était enfoncée profondément dans la chair tout en brûlant les tissus autour de la blessure. Fenrir perdit l'équilibre et tomba en arrière en se tenant la cuisse de ses deux mains.

-Tu ne pensais tout de même pas parvenir à m'échapper indéfiniment. Te voilà déjà bien mal en point, le dénouement approche. Quoi qu'il en soit, il faudra que je pense à remercier le chevalier du scorpion pour son aide. Non seulement tu n'es pas en mesure physiquement de te battre mais ton armure divine ne constitue plus qu'une piètre protection à présent.
-Quoi ?! S'exclama Fenrir. En se regardant au point d'impact de l'épée sur son flanc, il vit qu'une partie de son armure avait volé en éclat.

-Impossible ! Les armures d'Odin sont invulnérables !
-Sottise ! Le contredit Albérich. Aucune protection n'est insurpassable, sauf peut-être l'armure d'Odin lui-même… Ton armure porte déjà les marques infligées par le chevalier d'or, son seuil de protection a déjà été dépassé bon nombre de fois. Te voilà nu comme un ver face à mon épée flamboyante ! Son baiser est à ton goût j'espère ? Ajouta-t-il avec cynisme.
-Tu…tu vas me le payer !! Dit Fenrir tout en tentant de se relever.
-C'est inutile, tu ne pourras plus esquiver à présent, autant t'achever maintenant !!

Tandis que Fenrir se relevait, Albérich fonça sur lui et projeta son épée en avant pour tenter de l'embrocher. Dans un geste désespéré, Fenrir tenta de bloquer l'épée en joignant ses deux mains sur le plat de la lame, à la manière des samouraïs. Il réussit à bloquer la progression de l'épée tout en reculant de plusieurs mètres sous la force de l'impact. Mais Albérich ne lâchait pas prise et continuait à avancer et à tenter de le transpercer.

-Imbécile ! L'insulta Albérich. Saisir à mains nues la lame de mon épée !! Autant prendre un bloc de magma incandescent dans la main, cela revient au même !

Effectivement, Fenrir vit avec horreur que ses mains commençaient à s'enflammer à tel point que la douleur en était insupportable. Mais il tenait bon malgré tout sans pousser le moindre cri de douleur, bien que celle ci soit aisément visible sur son visage défiguré. Albérich semblait s'en délecter infiniment et son visage à lui au contraire arborait un large sourire satisfait.

-Héhé ! Combien de secondes encore penses-tu tenir ainsi ? L'invectiva Albérich.
-Je…je n'abandonnerai jamais…Répondit Fenrir dans un souffle entre deux grimaces. Plutôt…mourir que de céder…
-Ne t'en fais pas pour ça, il s'agit de la prochaine étape… Chuchota Albérich, dont le sourire s'élargit à cette perspective.

Fenrir tenait toujours bon, bien que ses doigts ne soient bientôt plus que cendres…Il plongea son regard dans celui d'Albérich et n'y vit rien d'autre que du plaisir et de la folie…une folie meurtrière…Mais pas d'espoir, rien… Arrivé à l'ultime limite de son cosmos, ses mains à vif lâchèrent prises et la lame acérée rougeoyante atteignit le torse. Elle pulvérisa d'abord l'armure divine d'Epsilon et pénétra ensuite le thorax du guerrier divin qu'elle traversa de part en part avec une facilité déconcertante. Les yeux de Fenrir se voilèrent lentement et se fermèrent à jamais dans un silence éprouvant. Pas un cri, pas un hurlement de sa part ne vinrent perturber le dénouement de ce combat inégal. Son corps tomba lourdement dans le sol enneigé qui devint rapidement écarlate.

-Et voilà une bonne chose de faite, affirma Albérich. Maintenant, allons récupérer ce pourquoi je suis venu.

Il s'approcha de la dépouille du guerrier d'Epsilon et s'agenouilla à son coté. Il passa nonchalamment la main sur l'endroit où devait se trouver le saphir d'Odin mais…

-Quoi ?! Où est-il ? C'est impossible !!! S'enquit Albérich. Il est forcément quelque part !!

Il se mit à chercher frénétiquement aux alentours lorsqu'un éclat dans la neige attira son attention. Il se précipita dessus et découvrit, rasséréné, qu'il s'agissait bien de ce qu'il cherchait, le saphir d'Epsilon.

-Ouf ! Fit-il, rassuré. Je me demande quand il a pu se détacher ainsi… Au moment de la mort, peut-être… Dans ce cas, ça signifierait que les saphirs sont liés au cosmos de leur porteur ? Je n'ai rien lu dans mes manuscrits qui parle d'un tel lien entre le saphir et son porteur… Enfin, je verrai bien si le saphir de Thor s'est lui aussi détaché ou pas. Quant à toi, dit-il en se tournant vers Fenrir, je vais tenir ma promesse et te faire une belle sépulture. Et après, on osera encore dire que je suis sans cœur…

Albérich s'approcha du cadavre de son camarade et en retira violemment l'épée. Il se plaça devant lui et concentra sa cosmo-énergie. Il étendit ses deux bras vers le ciel et le cosmos qui les entourait semblait se matérialiser et se cristalliser en une matière transparente de couleur violette.

-Repose à jamais dans un cercueil d'Améthyste, guerrier divin !

Il projeta soudain tous les cristaux matérialisés par son cosmos sur le corps de Fenrir lequel fut d'abord soulevé par le souffle prodigieux. Puis tous les cristaux se fondirent dessus en un ensemble parfait comme s'il s'agissait d'un seul et même cristal unique. Le cercueil géant luisait et reflétait la lumière magique et Fenrir avait une expression sereine.

-Hum…je n'aime pas cette expression sur son visage, c'est en contradiction totale avec le principe de mon cercueil… Si tu m'entends, estime-toi heureux que j'aie pratiqué cette technique alors que tu avais déjà péri, je t'ai épargné énormément de souffrance en agissant ainsi, tu peux m'en être reconnaissant ! Je suis décidément trop bon, ça finira par me perdre, dit-il dans un dernier sourire.

Il ramassa son épée, se re-vêtit de sa cape et quitta les ruines de cette famille au destin funeste et dont le dernier représentant avait finalement lui aussi succombé suite à la trahison d'un des siens…



Pendant ce temps, Albébaran continuait à se rapprocher à bonne allure du palais, du moins c'est ce qu'il lui semblait car tout se ressemblait dans ce paysage enneigé. Il sentit soudain une faible présence à quelque dizaines de mètre de lui, une présence qui lui semblait familière mais il n'en était pas sûr.

-Qui va là ! Hurla-t-il. Montre-toi, je sais qu'il y a quelqu'un ici !

Il attendit quelques secondes seulement avant qu'une forme sorte des arbres et se montre au grand jour. Une armure dorée, une longue cape blanche, des cheveux de couleur bleuté…

-Milo ! S'exclama Aldébaran dans un éclat de rire. On peut dire que tu m'a surpris ! Depuis combien de temps me suis-tu ? Il faudrait décidément que je sois plus attentif de temps à autres !
-Ca fait plaisir de te voir Aldébaran, répondit-il avec le sourire. Je ne te suivais pas en fait, je n'ai senti ta présence qu'il y a peu. A priori, si nous nous rencontrons, c'est que nous sommes dans la bonne direction. Je suis content de voir que tu as échappé à l'avalanche et à ce géant des neiges en tout cas. Même si, d'après par l'état de ton armure, ça n'a pas du aller tout seul.
-Effectivement, c'était un rude adversaire et il m'a opposé une farouche résistance. J'ai même cru un moment que je n'en viendrai pas à bout, je n'avais jamais vu quelqu'un d'aussi résistant. Et toi, demanda-t-il ? Tu as aussi combattu un guerrier divin, n'est-ce pas ? Tu as l'air de t'en être sorti mieux que moi en tout cas, constata-t-il en vérifiant l'état de son armure, si on excepte les vilaines coupures que tu as au visage.
-J'en ai rencontré un, en effet. Mais il n'était pas véritablement un guerrier divin en fait, ses motivations étaient complètement différentes. Je n'ai pas eu beaucoup de mal à le convaincre d'arrêter ce combat, ça m'a évité d'avoir à le tuer ainsi.
-Excellente nouvelle ! Voilà qui rassurera la jeune princesse Freya ! J'ai tenté pour ma part de convaincre aussi Thor mais il n'a rien voulu entendre, quel entêté ! Il est dommage que j'aie été forcé de le tuer.
-Ca ne m'étonne pas forcément en fait… As-tu réfléchi à la façon dont nous agirions si les rôles étaient inversés ? Serions-nous assez clairvoyants et assez audacieux pour oser contredire Athéna si elle se mettait soudain à agir de la sorte ? J'en doute fort… Et si des étrangers arrivaient de l'autre bout du monde pour nous dire que notre déesse est possédée et qu'elle est devenue folle, nul doute que nous les trouverions effrontés et les traiterions de menteurs également, affirma gravement Milo.
-Peut-être as-tu raison…Admit Aldébaran. Après tout, nous n'avons pas su voir nous-même la traîtrise de Saga alors qu'elle était sous nos yeux. Si ces courageux chevaliers de bronze n'avaient pas été là, quand même…En fait, nous sommes bien mal placés pour faire la leçon aux guerriers divins !
-Certes ! Mais il s'agit de notre devoir, et digne ou pas de cette mission, nous devons l'accomplir !
-Tu as senti aussi pour Aiolia ?
-Oui, il vient de commencer un combat, prions Athéna pour qu'il l'emporte. Ou bien qu'il…

Milo s'interrompit et se retourna brusquement.

-Eh bien, que t'arrive-t-il ? Demanda Aldébaran.
-J'ai senti une disparition…
-Une disparition ? De qui donc ? S'étonna Aldébaran.
-Celui que j'ai affronté… Fenrir d'Epsilon… il vient de mourir à l'instant. Son cosmos s'est enflammé puis a disparu.
-Etrange en effet. Qui donc aurait pu le tuer, si ce n'est l'un d'entre nous ?
-Je ne sais pas. Si nous avions plus de temps, j'irais voir ce qu'il en est, car sa mort me chagrine, il ne la méritait pas…
-Je te comprends, mais nous n'avons effectivement pas le temps de rebrousser chemin. Allez viens, faisons route ensemble jusqu'au palais !
-Oui, allons-y, répondit Milo.

Les deux chevaliers d'or reprirent leur course rapide en direction du palais d'Hilda au travers des chemins et des forêts enneigés du pays d'Asgard.



-Ah, j'enrage de devoir rester à ne rien faire !! S'écria Jabu. Sauf votre respect, mademoiselle, ajouta-t-il précipitamment, de peur de blesser Freya.
-Je comprends ton impatience, jeune chevalier. En fait, tu me rappelles Hagen, vous êtes aussi impétueux l'un que l'autre, dit-elle en riant.
-Ah… Si vous le dites…admit-il, ne sachant s'il devait le prendre comme un compliment ou pas.
-Que voudrais-tu faire de toute façon ? Demande Ichi. On est pas si mal que ça dans cette grotte volcanique. Il y fait bon, on ne risque pas d'attraper froid au moins.
-Je te signale que le sort du monde se joue là dehors !! Et que nous sommes bloqués ici ! Et toi, tu me dis qu'on est bien et qu'on a pas froid ! Le blâma durement Jabu. Es-tu vraiment un chevalier d'Athéna ??
-Oh ça va, ne le prends pas comme ça, répondit calmement Ichi, habitué aux sautes d'humeur de Jabu. De toute façon, on a une mission, nous devons veiller sur la princesse Freya. Et puis il faut se rendre à l'évidence, on est pas de taille à affronter ces guerriers divins…
-Evidemment, avec une mentalité comme ça, tu ne risques pas de gagner ! Regarde Seiya et les autres !! Tu crois qu'ils avaient ce genre de pensées lorsqu'ils ont affronté les chevaliers noirs ? Les chevaliers d'argent ? Les chevaliers d'or ?! Non, justement, ils ont toujours cru jusqu'au bout en la victoire, même lorsque ça semblait désespéré, même lorsque leurs adversaires étaient plus forts qu'eux !
-Je sais, mais justement, ils ont affronté des adversaires plus forts progressivement, tandis que là, on parle des guerriers divins qui rivalisent quasiment avec les chevaliers d'or ! Ca fait trop d'un coup pour nous, tu ne crois pas ? Tenta d'ajouter Ichi.
-Je sais que tu as raison, se calma Jabu. Mais quand même… Je maudis notre impuissance. Et toi Seiya, pourquoi es-tu mort ?! Tu aurais pu nous dire quel chemin tu pris pour pouvoir tenir tête à tous tes adversaires, même les chevaliers d'or ! Nous aurions tant besoin de toi et des autres maintenant…

Une larme coula sur sa joue tandis qu'il s'adressait à son ancien rival par delà la mort. Cette scène émut Freya qui saisi la main de Jabu dans les siennes. Celui-ci en fut ravi, même s'il pensa soudain à un certain Hagen en furie s'il avait le mauvais goût de revenir à cet instant précis. Déjà qu'il avait été furieux lorsque c'était Jabu et non lui qui avait tiré Freya des griffes du gardes, s'il le surprenait main dans la main avec sa princesse, il le tuerait assurément !

-Allons, reprends-toi, chevalier de la licorne, dit-elle d'une voix apaisante. Moi, je ne doute pas de ton courage car il en faut pour oser s'interposer devant Hagen ou encore devant les gardes du palais comme tu l'as fait tout à l'heure.
-Vous le pensez vraiment ? C'est gentil de votre part, répondit Jabu, quelque peu rougissant.
Mais c'est faux, je n'ai aucun courage. J'ai laissé Seiya et ses compagnons combattre seul le Sanctuaire alors que j'aurais du être avec eux moi aussi et je devrais être mort aussi.
-Nous aurions tous du être avec eux, rajouta Ichi.
-Allons, si vous êtes vivants aujourd'hui, c'est que votre destin n'était pas de mourir. Vous avez sûrement de grandes choses à accomplir, vous ne pensez pas ? Affirma avec foi Freya.
-J'en doute… En n'étant pas présent lors de cette bataille, notre puissance n'a pas augmenté. Et elle est dérisoire aujourd'hui face à celle de nos adversaire, répondit Jabu d'un air abattu.
-Allons, je me suis toujours laissé dire que le cosmos d'un chevalier tirait sa force dans sa foi et son cœur. Si vous croyez en votre déesse et que vous avez du courage, je suis sûr que vous aussi pourriez accomplir des miracles !
-Vous avez peut-être raison… Non, vous avez raison ! Dit Jabu avec force.
-Je préfère vous voir comme ça ! Ca ne vous dirait pas de mettre tout ça en application d'ailleurs ?
-Quoi ?! Réagit Jabu, interloqué. Vous voulez aller à l'extérieur ?!
-Oui ! J'en ai plus qu'assez de rester ici loin de tout et de m'inquiéter pour ceux que j'aime. Je veux être à leur coté si ça tourne mal. Et vous ? Vous n'avez pas envie d'aider vos compagnons ? Aussi forts soient-ils, ils ne sont que trois, ils pourraient avoir besoin de votre aide, vous ne croyez pas ?
-Si si, bien sûr… mais je ne sais pas…Et le froid ?? Vous pourriez tomber malade !
-Allons, allons, Jabu, j'ai toujours vécu ici, je suis depuis longtemps habitué au froid ! C'est plutôt vous qui risquez d'attraper mal, ajouta-t'elle avec un sourire malicieux.
-Dans ce cas…allons-y . Mais nous resterons discrets, pas question de vous mettre en danger ! Avertit Jabu.
-Je vous obéirai en toute circonstance, dit-elle solennellement.
-Excellent, affirma Jabu satisfait. En route donc !

Les trois personnages reprirent la marche en direction de la sortie de la grotte et du froid quand soudain Jabu eut une horrible pensée :

-Hagen ! Dit-il à voix haute. Il me tuera s'il l'apprend ! J'ai juré de vous garder à l'abri dans cette grotte !!
-Ne t'en fais pas pour lui, j'arriverai bien à le convaincre de ne rien tenter contre toi, dit-elle en riant. De toute façon, je lui dirai que c'est moi qui ai eu l'idée.
-D'accord, dit-il, penaud.

Cependant, Jabu n'arrivait pas à chasser de son esprit l'image d'un Hagen fou de rage le martelant de coups ou pire, le transformant en statue de glace. Il se secoua violemment la tête et se concentra sur sa mission actuelle en se disant qu'il aviserait sur place s'il le rencontrait et en priant Athéna de ne pas le croiser déjà en sortant de la grotte…



Deux cosmos, l'un doré, l'autre infiniment blanc… Deux guerriers, l'un en armure dorée et qui semblait aguerri et redoutable, et l'autre frêle et délicat en armure rouge sang. Deux opposants qui se regardaient droit dans les yeux. Puis Mime sourit soudain et l'intensité de son cosmos diminua, il paraissait s'être calmé. Il se remit à jouer de sa lyre et semblait la sérénité même, ce qui n'était pas sans rappeler Shaka, l'énigmatique chevalier de la Vierge, à Aiolia.

-Je suis prêt à commencer le combat, tu n'as plus qu'à donner le signal du départ, dit Mime d'une voix doucereuse.
-Il dit être prêt ainsi à commencer ? C'est une plaisanterie ! Songea Aiolia. Tant pis pour lui, s'il s'imagine que je ne vais pas attaquer parce qu'il joue de son instrument ridicule, il se trompe !
En garde, Mime de Benetnash ! Dit-il à voix haute. Par le plasma foudroyant !!

Aiolia concentra son cosmos et étendit simplement son bras droit en direction de son adversaire. C'est alors qu'une multitude de rayons lumineux apparurent instantanément et lacérèrent le guerrier divin ainsi que le rocher sur lequel il était assis. Celui-ci vola en éclat sur le coup. Aiolia laissa un petit sourire apparaître, persuadé d'avoir déjà fait un grand pas vers la victoire, ou même d'avoir déjà gagné. Mais son sourire s'effaça bien vite lorsqu'il constata que son adversaire n'avait pas bougé d'un fil. Il semblait suspendu dans le vide au-dessus de ce qui restait du gros rocher et le même air de musique aussi envoûtant, hypnotisant même, se faisait toujours entendre.

-Une illusion !! S'écria Aiolia. Quand a-t-il réussi à réaliser ce prodige, je ne l'ai pas quitté des yeux depuis mon arrivée ici ! Ou alors, c'en est une depuis le début. Mais même dans ce cas, il n'est pas loin, car j'ai parfaitement senti son cosmos et l'air de sa lyre est aussi bien réel !

C'est en regardant autour de lui pour le chercher qu'Aiolia réalisa l'étendue des pouvoirs de son adversaire. Car ça n'était ni deux ni trois mais bien des dizaines de doubles de Mime qui se tenaient tous de façon nonchalante en jouant de leur instrument. L'un était assis sur un rocher, l'autre adossé contre un arbre, un troisième était allongé sur une branche, et ainsi de suite. La musique semblait provenir de tous et de personne à la fois de telle sorte qu'il était impossible de localiser le vrai guerrier divin.

-C'est impossible ! Je n'imaginais pas qu'un tel maître en illusion existait ! Il pourrait peut-être rivaliser avec Mû ou Shaka eux-mêmes ! Impossible de détecter qui est le vrai ! Mais même s'il me faut tous les frapper pour le trouver, je le ferai !

Avec rage, Aiolia lança son attaque sur un, deux, trois doubles sans que ça n'ait aucun effet mais il ressentit alors une explosion de cosmos derrière lui. Il eut à peine le temps de se retourner qu'il se retrouva devant un véritable rideau de rayons lumineux. Son adversaire semblait posséder exactement la même technique que lui, des rayons de cosmos pur à la vitesse de la lumière n'offrant nulle chance à l'adversaire de s'échapper. Aiolia fut frappé de plein de fouet par l'attaque de Mime. Sa cape majestueuse fut complètement mise en lambeaux mais son armure encaissa plutôt bien les coups, ne montrant que quelques éclats sans grande importance. Aiolia fut cependant emporté avec force et s'écrasa contre arbre avant de s'effondrer dans la neige. Il se releva immédiatement, alors qu'un filet de sang s'écoulait de ses lèvres.

-On dirait qu'il possède exactement la même technique que moi, voilà qui est troublant. Qui plus est, il atteint largement la vitesse de la lumière ! Voilà un adversaire qui se révèle peut-être comme étant le plus dangereux que je n'ai jamais eu. Il faudrait que j'arrive à le faire parler…Pensa-t-il. Dis-moi ! Dit-il à voix haute. Il s'agit de ma technique que tu as utilisée à l'instant ! Tu es donc capable de copier les techniques des autres simplement en les regardant une seule fois ?
-Il ne s'agit que d'une malheureuse coïncidence, répondit une voix proche et lointaine à la fois. Cette technique de rayons lumineux est mienne depuis toujours, elle n'a aucun secret pour moi. Tu auras du mal à me battre en utilisant toi aussi cette technique…
-Là-bas !! S'écria Aiolia. Par le plasma foudroyant !!

Cette fois, Aiolia dirigea son attaque en direction des arbres d'où il lui avait semblé que la voix provenait. Et comme tout à l'heure, il pulvérisa l'arbre mais ne toucha pas Mime. Au moment même où son double était touché, Mime lança lui aussi son attaque et Aiolia fut cette fois frappé de dos par la multitude de rayon et mordit la poussière à nouveau.

-Argh !!! Réagit-il. Je me suis encore fait avoir ! Pourtant, j'étais persuadé que la voix venait de cette direction tout à l'heure…C'est à cause de cette maudite musique, elle brouille complètement mes sens. Mon armure tient bien le choc, mais ses rayons sont d'une violence inouïe ! Elle ne résistera pas indéfiniment, il faut que je trouve le moyen de riposter ! Une seule fois, il faut que je le repère et que je le frappe ! Je pourrai alors l'enchaîner et l'empêcher de jouer de sa lyre ! Et la victoire sera à moi !
-Ton armure d'or est extraordinaire, tu sais, dit-il toujours de sa voix monocorde et douce. Un être normal aurait déjà eu le cœur déchiré par mes rayons lumineux mais toi, tu es toujours là, prêt à continuer à te battre inutilement.
-Inutile de revenir sur ce sujet, tout a déjà été dit, répliqua Aiolia. Je t'ai donné une chance de me laisser passer sans que nous nous affrontions et tu as refusé. Dès lors, tu es devenu mon adversaire et je t'abattrai !
-Dans ce cas reprenons ce combat à sens unique puisque tu y tiens tant, fit Mime froidement. Je t'attends, chevalier d'or !

L'air de lyre de Mime retentissait plus que jamais et le nombre de ses doubles semblait croître sans arrêt. La situation devenait de plus en plus compliquée pour Aiolia qui pourtant ne perdait pas espoir. Pratiquement une minute se passa ainsi sans qu'aucun des deux adversaires ne tente quoi que ce soit.

-Il n'attaque pas…pensait Aiolia. C'est bien ça, il attend que j'attaque le premier pour être sûr à cent pour cent de me toucher. Si je continue à agir de la sorte, je perdrai à coup sûr. Comment le forcer à attaquer ? J'aurais peut-être une chance d'anticiper et de le repérer parmi tous ses maudits doubles…
-Eh bien chevalier, ma musique t'a ôté toute velléité offensive ? Ou bien peut-être attends-tu que j'attaque le premier ? Ironisait Mime en riant.

Aiolia ne répondit pas à la provocation. Une idée commença à germer dans son esprit. Il se déplaça de sorte à avoir le plus de doubles possibles dans son champs de vision et se mit en position d'attaque.

-Bien, c'est le moment où jamais, j'espère que ça va marcher ! Pensa-t'il, alors que son cosmos irradiait à nouveau. Prends-ça, par le plasma foudroyant !!

Aiolia levait à peine son bras pour portait son attaque que déjà tous les doubles de Mime levaient le leur, prêts à riposter instantanément…

Chapitre précédent - Retour au sommaire - Chapitre suivant

www.saintseiya.com
Cette fiction est copyright Thomas Lafargue.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.