Chapitre 10 : Relève-toi guerrier divin !


Hilda de Polaris

Depuis un moment je remuais toutes ces questions sans réponse dans ma tête. Il devait bien y avoir un lien logique entre tous ces évènements qui s'étaient succédés ces derniers jours.
Il y avait d'abord eu l'assaut contre le Sanctuaire puis la mort d'Athéna, à ce moment j'avais craint le pire et j'avais commencé à prendre mes dispositions pour contrer un éventuel assaut contre Asgard mais les affrontements qui avaient suivi m'avaient prouvé que le dénouement final n'aurait pas lieu sur Terre…
En un sens cela m'avait rassurée : les asgardiens n'auraient pas à souffrir des rigueurs de la guerre ajoutées à celles de l'Hiver.
Ensuite j'avais assisté à ce phénomène étrange qu'était une éclipse de soleil, j'avais bien senti qu'il se passait quelque chose d'anormal mais au fond cela ne nous changeait pas beaucoup dans un pays où la nuit peut durer plusieurs jours…
NON ce qui m'avait réellement effrayée c'était l'intervention de Poséidon si peu de temps après qu'Athéna l'ait renfermé dans son urne, à la seule évocation de ce monstre qui m'avait fait tant de mal mon cœur se glaçait d'effroi.
Allait-il profiter des difficultés présentes d'Athéna pour partir à la conquête du monde ?
Et si oui quel sort allait-il réserver au royaume d'Asgard ?
Comment aurions-nous pu résister à une attaque divine ? Je n'avais moi-même aucune compétence guerrière et nous étions toujours sans nouvelle de Bud, le guerrier divin de Dzeta prime, qui seul aurait pu porter l'armure d'Odin.
Ah ! L'armure d'Odin, depuis qu'elle avait ressuscité elle ne nous était pas d'une grande utilité, quoique… Il est vrai que depuis qu'elle était revenue on l'avait transportée dans la grande salle du palais, c'était moins encombrant que la statue qui était dans la cour et ça permettait aux asgardiens de prier dans une salle chauffée, parce qu'aller prier dehors tous les jours par - 30 à l'ombre…
Mais je m'égare... Toujours est-il que j'envisageais le futur avec appréhension quand une voix familière me fit sortir de mes réflexions.

- Hilda

Cette voix je l'aurais reconnue entre milles c'était celle de ma sœur Freya (Flamm pour les frenchies). Elle était comme toujours habillée avec simplicité, on aurait dit qu'elle n'avait pas changé de vêtements depuis la bataille d'Asgard. Je dois avouer que sa présence me ravissait : elle était toujours si pétillante de vie, après une période de froid dans nos relations (qui ne s'expliquait pas uniquement par l'absence de chauffage électrique) nous nous étions retrouvées et passions toutes nos journées ensemble, nous consolant l'une l'autre de la perte de nos amis.

- Grande sœur.
- Oui Freya.
- Je suis inquiète il se passe des choses étranges au palais.
- Si tu veux parler du cuisinier il est en effet étrange que je ne l'aie pas encore remercié.
- Il ne s'agit pas de çà voyons.
- Tu es sûre parce que moi j'aimerais bien changer de menu.
- Sois un peu sérieuse, dit-elle en faisant la moue.
- Cela fait 16 ans que je le suis pour toi et regarde où ça nous a conduits : il fait de plus en plus froid, nous avons perdu tous nos amis et en prime nous voilà devenus des vassaux d'Athéna, c'est quand même beau le progrès. Alors maintenant j'ai décidé de retrouver l'insouciance de mon enfance et de laisser les choses suivre leur cours, après tout on peut difficilement tomber plus bas.
- Tu es injuste grande sœur et tu sais très bien que tout cela est la faute de Poséidon et non la nôtre. De plus j'ai moi aussi perdu un ami cher en la personne de Hagen…Mais tu vas entendre ce que j'ai à te dire que tu le veuilles ou non !
- Eh bien dis toujours cela nous changera peut-être de notre médiocre quotidien lui répondis-je avec une certaine mélancolie.
- Eh bien voilà : un homme au visage couvert d'un capuchon s'est présenté aux portes du palais, il prétend être le porteur de nouvelles graves et ce n'est pas tout : l'armure d'Odin a commencé à vibrer comme si elle appelait son maître.

Ma tranquille existence prenait maintenant fin, il me fallait prendre des mesures pour éviter que ces deux évènements n'inquiètent les asgardiens mais aussi pour découvrir le fin mot de cette histoire. Ah ! Siegfried pourquoi n'es-tu pas là pour m'assister en cet instant tragique ? Je ne peux aujourd'hui compter que sur moi-même, c'est maintenant la souveraine qui doit parler et non plus la jeune fille mélancolique.
Mes ordres fusent très vite :

- Freya, vas t'occuper de ce vagabond et tâche d'apprendre son identité.
- Je m'en occupe tout de suite grande sœur.
- Bien, de mon côté je vais réunir les prêtres d'Odin pour connaître leurs prévisions, ensuite j'enverrai des hommes de confiance dans tout le pays, il ne s'agirait pas que les seigneurs profitent des troubles pour s'arroger plus de pouvoirs au détriment des paysans…
- Là je te reconnais grande sœur.
- Une dernière chose Freya, quand tu en auras fini avec le vagabond envoie un message au sanctuaire, je veux savoir ce qui s'y passe.
- Mais un messager va mettre un temps fou à arriver !!
- Et le télégraphe, c'est pas pour rien que je l'ai fait installer !

Ce que les asgardiens peuvent manquer de sens pratique parfois.

Freya


Hilda avait peut-être été un peu rude avec moi mais je sentais que cette rudesse apparente masquait son inquiétude profonde pour le sort du royaume qu'elle avait cru un moment hors de danger.
Quoiqu'il en soit elle m'avait confié une mission dont j'entendais bien m'acquitter : cuisiner ce vagabond aux airs mystérieux.
Je me rendis donc dans la cour du palais où j'avais demandé aux gardes de le faire patienter de façon à l'affaiblir quelque peu, vu que la température ambiante était d'environ - 30°C, et par la même à faciliter ses révélations.
A ma grande surprise, cet homme de haute stature, dont la fine cape de voyage ne dissimulait pas une épaule cassée, ne semblait nullement incommodé par le froid ambiant, bien au contraire il semblait prendre un malin plaisir à ignorer les questions des gardes qui espéraient se réchauffer un peu en parlant.
Je m'approchai de cet individu et lui adressai la parole

- Vous insistez toujours pour rencontrer la princesse de Polaris ?
- Oui mais permettez à vos nains de jardin de rentrer se mettre au chaud, ils risquent d'attraper froid, dit-il à l'intention des gardes qui faisaient en effet pâle figure en face de lui.
- C'est juste, ils peuvent rentrer… Mais que répondriez-vous si je vous disais que ma sœur ne peut vous donner audience car elle est aux prises avec les plus graves difficultés ?
- Il me suffirait alors de montrer mon visage.

Ayant parlé ainsi il rabattit son capuchon en arrière de sorte que je pus voir son visage.
Je ne pus retenir un cri de surprise. L'homme qui se tenait devant moi avait les cheveux verts, les traits nobles et surtout le sourire carnassier d'un ami d'enfance.

- Sy…Syd de Mizar !! Mais je te croyais mort !! Comment est-ce possible ? J'ai vu de mes yeux s'éteindre l'étoile de Mizar !

L'homme qui se tenait en face de moi baissa les yeux.

- Vous vous trompez princesse, je ne suis pas le guerrier divin de Dzeta pas plus que je ne mérite de porter son nom. Mon nom est Bud d'Alchar, guerrier divin de Dzeta prime. A en juger par votre surprise j'en déduis que sa majesté la princesse Hilda n'a pas jugé bon de vous faire savoir que l'étoile jumelle de Syd était aussi son frère.
- Comment ?
- Oui, je comprends votre étonnement mais il n'est plus temps ici de revenir sur les tours que le Destin nous joua à Syd et à moi.
- Ainsi tu as survécu à la bataille contre les chevaliers d'Athéna.
- Mon intention première était de me laisser mourir avec mon frère dans la maison qui nous a vu naître mais au moment où je m'enfonçais dans les limbes de l'oubli des voix m'ont réveillé.
- Quelles étaient-elles ?
- Seule la princesse Hilda doit recevoir le message qu'elles m'ont confié.
- Mais que veux-tu à ma sœur ?
- Votre inquiétude est légitime et j'aurais mauvaise conscience de vous laisser dans l'ignorance. Sachez seulement ceci : J'ai reçu l'ordre d'emmener la princesse Hilda avec moi en Enfer.

Quelques jours auparavant

Château d'Helstein

Hadès


Cette scène je l'avais vécue mille fois.
Athéna était devant moi courbée dans un état d'impuissance quasi total, le sang qui s'écoulait de sa tempe laissait une traînée rouge sur son beau visage.
Dans ses yeux je lisais la peur. Tenant mon épée en dessous de son cou je n'avais qu'un geste à faire pour lui trancher la gorge. La victoire était à portée de mon épée.

- Athéna, même si tu es une déesse je ne peux admettre que tu protèges les hommes.

Une lueur sauvage passa dans mes yeux, à cet instant j'étais redevenu le fils du sauvage Cronos.

- Tu vas mourir pour les hommes !

Brandissant mon épée je m'apprêtai à la lui passer au travers du corps quand l'impensable se produisit.
Le chevalier Pégase, ce misérable qui avait osé me blesser avait fait éclater la bulle de vie dans laquelle Athéna l'avait enfermé et fonçait sur moi.
Faisant écran avec son corps il empêcha mon épée de toucher Athéna.
Je sentis la lame froide de mon épée le transpercer de part en part et je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire de contentement bien que je réalise à peine ce qui arrivait. Mon sourire mourut sur mes lèvres : le poing de Pégase avait heurté mon plastron avec une force prodigieuse m'envoyant m'encastrer dans le pilier principal de mon temple. Je gémis de douleur mais encore plus d'humiliation :

- Ce n'est pas possible, subir une telle chose de la part d'un mortel.

Je me réveillai brusquement. Tâtant instinctivement ma poitrine je pus me rendre compte qu'elle ne portait aucune blessure.
J'essuyai alors la sueur froide qui coulait de mon menton.
" Ce n'est pas possible ! Moi, Hadès, l'un des maîtres de l'univers je fais des cauchemars ! "
Je me levai alors de mon lit et me dirigeai nu comme une statue grecque vers le miroir le plus proche.
Je m'y regardai attentivement, ce que j'y vis me fit sourire.
Mes pouvoirs magiques me permettaient de conserver l'apparence de mon vrai corps.
Ma chevelure était toujours aussi opulente et aussi sombre, mes épaules étaient larges, mes yeux étaient toujours aussi verts. Tout en mon corps évoquait la perfection, le divin.
Tandis que je me regardais de manière un peu narcissique j'entendis une voix qui m'était familière.
" Hum, il est toujours aussi agréable d'admirer ton corps, tu es la chose la plus belle que Dieu ait fait sur cette Terre "
Mon regard s'assombrit tandis que dans le miroir je distinguais l'ombre d'un visage. C'était un visage grave parcourus de petites cicatrices, ses yeux étaient aussi verts que les miens mais pétillaient de malice.

- Ne dis pas de bêtises Odin, ce n'est pas de Dieu que je tiens ce corps car nul autre que moi ne saurait porter ce nom.
- En es-tu si sûr Hadès ? Tes parents Cronos et Rhéa étaient vénérés comme des dieux par leurs semblables.
- Le cœur de Rhéa était rongé par la haine et la crainte quant à Cronos chacune des nuits qu'il passait en compagnie des Erynies le faisait basculer dans la folie, il était prisonnier de ses rêves. Dieu ne doit pas connaître de tels sentiments.
- Mais tes nuits aussi sont hantées de fantômes, même avec un autre corps tu ne parviens pas à extirper la marque du poing de Pégase de ton âme.
- Espèce de ! Comment ? ! … Non… Tu as raison. Comment pourrais-je continuer à porter le nom de Dieu si je ne puis me débarrasser de mes fantômes ?

Un silence suivit mes dernières paroles.
Dans le miroir le visage d'Odin se crispa.

- Hadès, tu dois bien te douter que si je me permets de te réveiller en pleine nuit c'est pour une bonne raison.
- Je m'en doutais en effet. Que veux-tu de moi ?

Sur le miroir je pus constater que mon visage exprimait la lassitude.

- Que tu tiennes ta promesse : Ramener à la vie ces 7 hommes dont je t'ai parlé.
- Pourquoi ferais-je cela ?
- Je pourrais te répondre : parce que tu m'en as fait la promesse mais je désire te montrer que c'est dans ton intérêt.
- Comment ça ?

Le visage d'Odin se fit moins dur, on aurait dit qu'il rajeunissait, dans ses yeux on pouvait lire l'excitation de la bataille.

- Tôt ou tard tu devras révéler ta présence aux autres dieux, je ne sais pas exactement ce qui se trame avec Athéna mais je suis sûr d'une chose : la Terre va changer de main. Or tu sais comme moi que pour te saisir de la Terre il te faudra des troupes, même si tu ressuscites les étoiles maléfiques ce ne sera pas suffisant, mes guerriers divins te permettront de l'emporter.

La dernière déclaration d'Odin éveilla en moi de la méfiance plus que tout autre sentiment.

- D'où te viens cette soudaine sollicitude à mon égard ? Je la trouve assez déplacée de la part de quelqu'un qui doit la sauvegarde de son royaume à Athéna.

Le visage d'Odin s'assombrit.

- Ne crois pas que ce soit de gaieté de cœur que j'abandonne Athéna à son sort, je lui suis redevable de son aide face à Poséidon mais mon intuition me dit que les jours sombres ne sont pas finis. Pour rien au monde je ne veux qu'Asgard soit à nouveau au cœur de la tourmente… Et tu es un allié puissant.
- Qu'est-ce qui te fait croire qu'une fois ma puissance restaurée j'aurai encore une dette envers toi ?
- Je suis prêt à prendre ce risque. Un tour du destin a lié mon corps et ton âme, mon destin est maintenant lié au tien et je suis prêt à mettre mes guerriers à ton service si cela peut éloigner le malheur d'Asgard.

Le visage d'Odin se fit plus humble tandis que le mien s'adoucit.

- Quel courage, je t'admire pour ça et accepte les services de tes guerriers.

Le visage d'Odin se décontracta, visiblement soulagé.

- J'en suis heureux.
- Mais il me semblait que tous les guerriers divins étaient morts.
- C'est exact mais tu es bien placé pour savoir que la mort n'est pas la fin de tout. Il reste un guerrier divin encore en vie, grâce à lui nous pourrons reconstituer l'ordre entier. La quête que nous lui confierons sera sans doute divertissante.

Odin s'interrompit.

- … Et peut-être comprendras-tu ainsi qu'il existe des hommes qui ne vivent pas pour eux-mêmes.

A cela je ne répondis pas car la haine qui submergeait mon cœur en pensant aux chevaliers d'Athéna m'aurait fait dire des mots que j'aurais sans doute regrettés.

Me dirigeant vers la penderie j'en ouvris la porte et en sortis vêtu d'une tunique noire aux reflets bleus comme la nuit.
Je m'adressai alors à Odin.

- Il est temps de partir.
- Tu vas partir comme ça, sans dire au revoir à Pandore ?
- Je ne veux pas la troubler, pour l'instant les elfes l'entourent tellement que je doute qu'elle s'aperçoive de quelque chose.
- Tu as sans doute tort mais fais comme bon te semble. Toutefois, laisse-moi te rappeler ceci : tu es à la fois Hadès et Odin, il est juste que tu me ressembles un peu.

Je fus alors saisi d'un doute affreux et me précipitai vers le miroir pour constater que j'étais… borgne !

- Odin ! Espèce de…
- Calme-toi, ce n'est qu'un petit prix à payer pour la jouissance de mon corps après tout.

Je rougis, cette ordure avait osé m'affubler de sa propre infirmité, ça se paiera cher le moment venu !
Je m'élançai alors par une fenêtre de ma chambre.

- Allons-y Odin, vers Asgard, le pays des glaces.

Chambre de Pandore

Au moment où le cosmos d'Hadès s'éleva dans les airs pour se diriger vers Asgard, ce fut comme si une rafale de vent d'une puissance incalculable avait déferlé sur le château d'Helstein.
A ce moment une belle jeune femme aux cheveux très bruns du nom de Pandore s'éveilla en sursaut comme tirée d'un cauchemar horrible.
Le rosaire de 108 perles qu'elle tenait toujours entre ses mains tomba sur le sol marbré du château, chaque perle rebondit au moins quatre fois avant de cesser de retentir.
Ce tintamarre éveilla une elfe du nom de Teiris qui veillait sur Pandore, elle eut la surprise de voir sa maîtresse seulement vêtue d'une chemise de nuit penchée sur le balcon de sa chambre.
Teiris se précipita vers Pandore et jeta une cape de zibeline sur ses frêles épaules.
Pandore ne réagit pas. Inquiète de ce mutisme persistant Teiris lui adressa doucement la parole :

- Majesté vous ne devriez pas rester ainsi, vous allez attraper du mal.

En regardant Pandore de profil elle eut la surprise de voir perler une larme à son œil tandis qu'elle fixait intensément une étoile filante qui avait disparu près de la Grande Ourse.

- Hadès, il est parti. Parti pour une nouvelle bataille.

Teiris saisit Pandore par les épaules et la ramena doucement vers sa couche en lui murmurant que sa majesté Hadès l'aimait trop pour partir sans lui dire au revoir.

- Voyons majesté, votre frère n'agirait jamais ainsi.
- Oui il ne me ferait jamais ça et pourtant il l'a fait.

Asgar

Un homme aux cheveux bleus comme l'azur, et dont les yeux faisaient penser à ceux d'un prédateur féroce, tenait dans ses bras un homme revêtu d'une armure sombre aux reflets bleus qui aurait pu être son frère jumeau.
En face de lui se tenaient trois défenseurs d'Athéna, dans leurs regards se lisait plus de tristesse que tout autre sentiment.
Bud d'Archar, puisqu'il faut bien l'appeler par son nom, se leva tout en évitant de croiser le regard éteint de son défunt frère qu'il portait dans ses bras.
Avec une noblesse assez inattendue de la part d'un homme des bois il fit quelques pas vers la sortie du palais sous le regard rempli d'estime de ses opposants.
Au moment de dépasser le groupe des chevaliers, Bud dédia un dernier adieu au chevalier Phénix :

- Chevalier, tu disais que tu croyais que tu croyais en un monde où les frères qui ont eu le malheur de naître sous une mauvaise étoile pouvaient vivre ensemble et heureux, et que tu te battais pour le construire. Aujourd'hui sache que je veux partager ton rêve.

Les paroles de Bud résonnèrent longtemps dans le couloir du palais mais finalement les chevaliers d'Athéna se dirigèrent d'un pas assuré vers l'épreuve qui découle toujours d'une victoire : une autre bataille.

Bud quitta alors la scène de la bataille d'Asgard pour aller vers ce qu'il croyait être sa destinée. Sous le vent glacial, seuls les renards des neiges purent entendre ses paroles :

- Syd je t'en prie pardonne-moi, pardonne-moi de t'avoir mal jugé, ma haine m'aveuglait. Je vais te conduire là où nous avons tous deux vu le jour, dans cette maison où l'amour nous réunissait, et si nous devons renaître à nouveau je souhaite de toute mon âme que nous soyons encore frères et que nous puissions nous aimer dans un monde sans guerre et sans haine.

A ce moment l'histoire de Bud se confond avec celle d'un dieu au cœur sombre qui voulant devenir le dieu suprême était à la recherche de guerriers au cœurs purs.

Bud d'Alchar

Tu vois chevalier Phénix j'ai fini par croire à ton idéal : je crois de tout mon cœur que les frères qui ont eu le malheur de naître sous une mauvaise étoile pourront un jour vivre heureux dans un monde sans guerre et sans haine. Mais je suis trop las pour me battre pour réaliser cet idéal, pardonne-moi.
Après avoir marché plusieurs jours sans dormir j'arrivai finalement devant un manoir du style XVIème siècle. Je n'y vois nul domestique mais sur la porte d'entrée je distingue, à moitié recouvert par le givre un blason qui m'est familier, il représente deux tigres, un blanc, l'autre noir se disputant une couronne, c'est l'emblème des Mizars.
Je regarde Syd puis après avoir fait éclater les portes, je me rends dans cette chambre qui a été celle de ma mère et où nous avons vu le jour Syd et moi.
" Il n'est pas de meilleur endroit pour mourir mon frère " pensé-je à voix haute.
Je pose délicatement Syd sur le lit de notre mère puis ayant rassemblé mon cosmos fais éclater le toit du manoir. La neige s'engouffre par cet orifice et commence à envahir la pièce. Je jette un dernier regard à Syd, puis je me laisse tomber à terre.
La neige, je la sens pénétrer sous mon armure, elle se pose sur mes blessures, elle recouvre mon corps et celui de mon frère…
Ca y est, je sens la mort qui arrive enfin, déjà mes membres se sont figés, ma respiration se fait plus courte, je ferme les yeux et je sens la neige accumulée sur mes cils me brûler les pupilles. Ce n'est pas désagréable, je plonge dans un état que les médecins du continent doivent appeler l'hypothermie, la mort viendra bientôt me chercher et j'en suis ravi, cela aura sans doute pris plusieurs jours voire plusieurs semaines mais qu'importe je vais retrouver mon frère. Le néant, plus rien, plus de toucher, plus de goût, d'odorat, d'ouïe ou de vue mais une voix dans ma tête.

" Est-ce toi qui appelle la mort ?
- Oui, c'est moi
- Pourquoi ?
- Car elle me permettra de retrouver mon frère.
- Tiens donc, alors tu penses que les choses sont aussi simples, que parce que tu le veux tu vas être envoyé au même endroit que ton frère.
- Cela me semble la moindre des choses, ne serait-ce qu'au nom de la justice.
- Apprends que la mort n'a pas de préférences et que si tu as commis cet acte lâche qu'est le suicide tu iras à coup sûr dans la 2ème vallée où vont les suicidés.
- Peu m'importe mon sort du moment que je partage le sort de Syd.
- Parce que tu crois avoir le droit de choisir, apprends que ton frère Syd a accompli une des actions les plus nobles aux yeux du seigneur des ténèbres : sacrifier ce qui lui restait de vie pour permettre à un autre d'accomplir ses rêves et pour cet acte d'abnégation il sera probablement invité à séjourner à Elision.
- Mais alors nous ne nous retrouverons jamais !!
- Exact !! Et si tu veux un jour mériter de le revoir lève-toi et utilise la vie que Dieu t'a donnée sans quoi tu ne mérites plus le nom de guerrier divin.
- Je suis las de combattre, mes membres sont gelés et je n'aspire plus qu'au repos éternel.
- Eh bien crois-moi il ne viendra pas de si tôt !! Et cela pour une raison bien simple : je n'autoriserai pas la mort à te prendre tant qu'une once de cosmos brûlera encore en toi !!
- Pourquoi un tel acharnement ? Qu'est-ce que je représente pour vous ?
- Ce que tu représentes pour moi ? A vrai dire pas grand chose, toi et les autres guerriers divins faites partie d'un jeu qui vous dépasse, sache seulement qu'en ranimant la vie qui brûle encore en toi je ne fais que tenir une promesse que j'ai faite au seigneur Odin.

Bud fronça les sourcils, être une part d'un marché dont il ne connaissait que l'un des contractants ne lui plaisait guère, de plus il avait été manipulé toute sa vie comme un pantin et il ne voyait pas l'intérêt d'échapper à la mort si c'était pour continuer à jouer ce rôle pathétique.

- Non décidément je ne vous crois pas, si j'étais une part d'un marché vous auriez pu exercer un chantage sur moi, or vous ne l'avez pas fait. J'en déduis qu'il doit exister une raison plus profonde à votre comportement et tant que vous ne me direz pas de quoi il retourne vous ne tirerez rien de moi.

L'interlocuteur de Bud se tut un moment, il devait peser le pour et le contre, le pour dut l'emporter car il se décida à parler.

- Crois-tu en quelque chose Bud ?

Bud ne répondit pas tout de suite, il avait honte de ce qu'il avait été pendant des années : un monstre d'ambition. Depuis sa rencontre avec Syd et ses parents il s'était mis à haïr tout ce qui symbolisait le pouvoir et la richesse. Pendant longtemps il avait erré dans les contrées du nord d'Asgard comme un loup assoiffé de sang, cherchant à tuer le plus grand nombre de nobles possibles pour leur faire payer d'appartenir à la même race que son frère. Il avait erré ainsi comme une bête sauvage uniquement mue par sa haine des puissants. Un jour il apprit que Syd de Mizar s'entraînait pour être digne de porter une des armures des conquérants, ce jour-là il avait décidé de s'entraîner lui aussi pour dépasser celui que les dieux lui avaient préféré. Seul dans l'immensité des forêts il était devenu un prédateur vorace craint de tous pour sa force et son agressivité.
Son cosmos s'était accru avec sa haine pour son frère au point de surpasser celle des plus grands guerriers de son temps.
Un jour il avait senti l'appel d'une puissante cosmo énergie qui lui avait ordonné de se rendre dans un lac glacé pour y prendre possession de l'armure du conquérant d'Alchar, elle représentait un tigre blanc aux dents tranchantes. A l'instant où il la revêtit sa fierté était à son comble, il était prêt à oublier toutes ces années où la haine avait empli son cœur.
Mais le destin est cruel et lorsque la princesse Hilda lui avait annoncé qu'il serait condamné à être l'ombre de son frère qui en plus était moins puissant que lui, il avait été tenté de la tuer sur place. Par la suite le marché qu'elle lui avait proposé et qui consistait à guetter la mort de son jumeau lui avait rendu l'attente supportable.
Mais au fond de lui il n'avait pu complètement abandonner cet amour qu'il avait pour son frère, et lorsque Shun avait lancé contre Syd la tempête nébulaire il avait tout fait pour sauver la vie de Syd sans révéler sa présence. Il se souvenait de son combat contre Phénix, pourquoi ce pantin en armure avait-il gagné ? Ses techniques n'étaient sûrement pas supérieures aux siennes alors comment se pouvait-il que pendant une seconde son cosmos ait été supérieur au sien ? La réponse s'imposa à lui assez naturellement : parce-que Phénix croyait en la justesse de sa cause alors que lui n'avait jamais complètement réussi à détruire les liens du sang qui le rattachaient à Syd.
Bud se décida finalement à répondre :

- Pendant de nombreuses années je n'ai cru qu'en moi-même, en ma propre force mais j'ai fini par comprendre que celui qui se bat pour la gloire ou pour le plaisir de se battre ne peut l'empoter sur celui qui se bat pour les autres et qui croit en la justice de sa cause.

Un lourd silence tomba sur les étendues glacées d'Asgard. L'interlocuteur de Bud hésitait, de tout son être se dégageait une mélancolie presque palpable.

- Nos chemins se ressemblent : toi poussé par la haine de ton frère et moi par ma haine du genre humain nous avons tous deux échoué. Vois-tu Bud, pendant des millénaires je n'ai vécu que pour moi, j'étais convaincu que mon essence divine me conférait une supériorité sans conteste sur tous les autres êtres vivants. La vie, la mort m'indifféraient totalement. Je détestais les êtres humains pour la raison qu'ils n'étaient pas d'essence divine et qu'ils avaient tous les défauts de leurs créateurs les Titans. J'ai longtemps herché à les rééduquer mais Athéna s'est constamment mise en travers de mon chemin de sorte que je n'ai jamais pu savoir si cela aurait été possible.

- Et vous avez fini par douter ?
- Pas exactement. Du moment que je n'utilisais que des corps d'emprunt, la souffrance de mes soldats, du fait que je ne la ressentais pas moi-même, m'indifférait. Il y a peu de temps j'ai fait ce que je n'avais jamais fait depuis les temps mythiques : réintégrer mon enveloppe charnelle pour venir à bout de mes ennemis. Dans mon esprit le doute ne subsistait pas, je ne pouvais que l'emporter : que pouvaient faire de simples mortels face à moi ? J'ai combattu les chevaliers de tout mon cœur jusqu'à la limite de mes forces et au moment où je pensais l'emporter, le cosmos à l'agonie de ces hommes a grandi jusqu'à dépasser le mien et à ce moment mon cosmos a faibli et j'ai été vaincu. Pour la première fois de ma vie j'ai senti le doute s'insinuer en mon esprit.

Il s'arrêta une seconde puis reprit.

- Le cœur d'un dieu ne connaît pas le doute et si cela arrive cela veut dire… Cela veut dire que sa foi a été ébranlée ! Tu comprends Bud ? Ce sentiment m'est insupportable. Comment pourrais-je devenir le dieu suprême si je doute de moi-même ? J'ai besoin de savoir ce qui a permis à ces hommes de me vaincre car s'il s'avérait que c'est leur amour qui les a rendus supérieurs à moi, cela voudrait dire qu'Athéna avait raison…
- Pourquoi vouloir me sauver ?
- Odin m'a permis de survivre, sans lui je n'aurais sans doute jamais pu me remettre en question, je lui dois bien cela. Je suppose aussi qu'une guerre est imminente, cette guerre sera pour moi l'occasion de mettre ma foi à l'épreuve. Et puis j'ai envie de savoir jusqu'où votre amour pour votre patrie et votre foi en l'avenir vous mèneront.

Les dernières paroles de son vis-à-vis lui rappelèrent celles que Ikki avaient prononcées à l'intention de Mime lors de leur affrontement auquel il avait assisté, aussi risqua-t-il :

- Des hommes qui ont foi en l'avenir ? Voulez-vous parler des chevaliers d'Athéna ?

Un silence très court suivit, puis dès les premières paroles, Bud sentit qu'il avait déchaîné un océan de colère et de haine chez l'homme qui voulait lui sauver la vie.

- NON !! Ceux-là n'ont été leur vie durant que des jouets entre les mains de leur déesse, pour la protéger ils ont fait encourir des dangers dont ils n'avaient même pas idée à l'humanité, ils ont rompu l'équilibre de l'univers en détruisant l'Enfer et ils ont abattu des hommes au cœur pur sans éprouver autre chose que des remords passagers. Ils avaient la puissance indomptable d'un fleuve en cru, leur bras devait toujours être guidé mais les circonstances aidant ils ont fini par agir de façon autonome tant et si bien qu'entre les mains d'une jeune fille qui avait encore du mal à accepter son destin ils sont devenus des sortes de machines à tuer sans que le moindre doute sur les conséquences à long terme de leurs actes ne les effleure à aucun moment. L'homme qui pense avoir raison parce qu'il est sorti vainqueur de tous les combats qu'il a livrés commet une énorme erreur.
- Laquelle ?
- Celle de croire qu'il détient le monopole de la Justice ! Ce qui leur a permis de l'emporter c'est plus l'imprudence de leurs ennemis que leur courage et leur force. Ils ont été vaincus des dizaines de fois mais ils n'ont jamais accepté leur défaite, ils ont communié et uni leurs forces pour venir à bout d'ennemis cent fois plus puissants qu'eux et se sont imaginés que c'est la justice de leur cause qui leur a permis de triompher, sottises… S'ils ont toujours vaincu c'est parce qu'ils ont souvent rencontré des adversaires rongés par le doute ou tout simplement respectueux de la vie humaine. Dans les batailles les plus disputées c'est toujours le nombre qui leur a permis de l'emporter, où est l'honneur dans tout çà ? Qu'ont-ils fait du noble principe de la chevalerie qui poussait le vainqueur à tendre sa main au vaincu et celui-ci à reconnaître sa défaite ? Les guerriers divins, eux, ont su reconnaître leurs erreurs voire les réparer. Les chevaliers en auraient été bien incapables, persuadés que leurs actes même les plus violents trouveraient un jour leur justification, partant de là ce n'est même plus la peine d'avoir mauvaise conscience !

Un silence lourd de sens suivit ces dernières paroles. Bud se décida finalement à rompre le silence, rongé qu'il était par la curiosité d'apprendre l'identité de son interlocuteur.

- Qui êtes-vous ? Etes-vous la mort ? Etes-vous le seigneur Odin ?

Si Bud n'avait pas eu les paupières si alourdies il aurait pu voir une lueur de malice pétiller dans l'œil unique de son interlocuteur.

- En vérité il y a un peu des deux : même si je ne donne pas la mort certains m'en croient le maître, bien que je ne sois plus le seigneur Odin je sens qu'il sommeille au fond de moi.
- Dans ce cas je dois vous dire que mon devoir de guerrier divin m'interdit de servir tout autre que le seigneur d'Asgard.
- Il n'existe aucune vérité absolue en ce bas monde et celui que tu vénères comme le seigneur d'Asgard peut selon les mythologies confondre son image avec la mienne, n'oublie pas que le Wallahall n'est qu'une réplique parmi d'autres de mon Elysion, c'est peut-être pour cela que nous nous entendons si bien. Quoiqu'il en soit je vois bien que pour te convaincre de rallier ma cause il te faudra entendre une autre voix que la mienne.
- Mais enfin de quoi parlez-vous ?

L'interlocuteur de Bud prit une profonde inspiration, il parut se recroqueviller sur lui-même pendant un moment. Bud, pris d'une inquiétude aussi soudaine qu'irraisonnée, parvint au prix d'un effort surhumain ( mais quoi d'étonnant de la part d'un guerrier divin ?) à se retourner et à faire face à son interlocuteur.
Un craquement sourd. L'épaule de Bud déjà entaillée par l'envol du Phénix se brisa comme du verre au contact du sol. Pas de hurlement de douleur, juste un cri étouffé.
Bud assistait à ce moment à un spectacle pour lequel des hommes auraient vendu leur âme.
L'homme qui lui faisait face était courbé, un genou à terre mais même dans cette position il semblait d'une taille peu commune, ses longs cheveux noirs ondulés étaient en train de changer : ils devenaient transparents et ce qu'on pouvait y voir c'était l'UNIVERS, d'abord les planètes : Saturne, Neptune et Pluton puis les constellations : la Grande Ourse, la Petite Ourse… Plus la transformation semblait se prononcer plus les étoiles se précisaient : c'étaient alternativement les étoiles de la Grande Ourse : Phedca, Alioth, Merak, Venetash, Mergrez, Mizar, Alchar et Dubhe et des étoiles que Bud avait du mal à distinguer… Elles étaient une centaine, non 108 exactement, bizarrement elles ne brillaient pas du même éclat que les étoiles de la Grande Ourse, elles étaient, comment dire ? Sombres, elles dégageaient une aura qui s'apparentait à celle d'un Trou Noir, l'aura des ténèbres.
Bud sentit un frisson lui parcourir l'échine : il n'y avait pas que le physique de son interlocuteur qui était en train de changer, l'espace autour de lui changeait aussi : le ciel d'Asgard si sombre tout à l'heure était maintenant traversé par une magnifique aurore boréale qui semblait commencer aux pieds de celui dont Bud ne pouvait plus douter maintenant qu'il était un dieu.
Puis, aussi brusquement qu'il avait commencé le phénomène sembla prendre fin : Les doigts du dieu se décrispèrent de sa chevelure en même temps qu'il fit volte-face de sorte que Bud ne le vit plus que de dos.
Le dieu s'était relevé. Ses longs cheveux ondulés se raccourcirent jusqu'à n'être plus qu'une crinière, leur couleur changea aussi : du noir ténébreux ils passèrent au bleu turquoise mais le plus impressionnant était peut-être l'aura de ce nouveau personnage : Au-dessus de sa tête deux cosmos se disputaient, curieusement ils avaient forme humaine : un guerrier en armure d'Archange (Hadès) tenait son épée levée au-dessus de son front tandis qu'un vieux marin borgne (Odin) au casque ailé et à la ceinture bouclée semblait tendre la main pour saisir cette épée. Quand sa main se referma sur le pommeau de l'épée Bud perçut un son " Balmung " puis un éclair aveuglant tandis que la figure du vieux marin et celle de l'Archange se superposaient pour former une créature formidable ! Quand Bud rouvrit les yeux plus aucun doute ne subsistait en lui : la personne qu'il avait maintenant devant lui ne pouvait être autre que le seigneur Odin.
Celui-ci murmura des paroles incompréhensibles " Merci mon frère, merci de m'avoir permis de reprendre mon corps pour exhorter le courage de mes guerriers ".
Bud risqua une parole " Seigneur Odin, je suis votre serviteur "

- Je l'espère bien guerrier divin, il ne manquerait plus que la souffrance de mon frère ait été inutile.
- Votre frère ?
- Hadès ne t'a-t-il pas dit tout à l'heure que nous confondions parfois nos images aux yeux des peuples qui nous vénèrent ? Il est donc normal que je l'appelle ainsi.
- Hadès, c'était donc lui.

Odin regarda l'horizon, à l'évocation d'Hadès par Bud il se rendait compte que le nom de son frère était synonyme de ténèbres et d'ombre. Dans la mémoire collective des hommes la lumière était toujours assimilée au bien et l'ombre au mal. Quelle que soit la couleur de l'âme de celui qui vit dans les ténèbres il est naturellement assimilé au malin, décidément les hommes jugent sur des apparences. Un voile de tristesse passa devant ses yeux avant qu'il ne consente à reprendre.
- Oui c'est bien d'Hadès qu'il s'agit mais ne t'avise pas de le comparer au mal incarné ! Car il arrive en creusant dans les ténèbres… qu'il s'y trouve plus souvent de la lumière… que l'inverse… Quoiqu'il en soit, je t'ordonne de te lever guerrier divin de Dzeta prime !
- Je suis bien faible.
- Balivernes ! Même à l'agonie il restera toujours à l'homme qui garde la foi la force de déplacer les montagnes.

Bud : Je songe alors à mon frère Syd qui s'est relevé de la tempête nébulaire de Shun pour me venir en aide, je pense à cette promesse que j'ai faite au chevalier Phénix de l'aider à combattre pour un monde meilleur. Je cherche au fond de moi cette étincelle de cosmos qui y brûle encore.

" Allons debout Bud aux crocs et aux griffes tranchantes, réveille-toi et mets ton armure divine de Dzeta au service de ton peuple ! "

Cette voix c'est celle de la princesse Hilda ! Je lui dois à elle, mais aussi à Syd et à Phénix de me relever et de reprendre le combat.
Je sens que mon cosmos fait se mouvoir mon corps, je ne sens plus mes blessures et je m'entends hurler à m'en arracher les poumons " Brûle mon cosmos, brûle !! "
Sans que je ressente la douleur mes pieds trouvent naturellement leur point d'équilibre dans la neige, mes jambes se déplient bien que mes muscles soient engourdis.
C'est tout mon corps qui s'élève vers le haut mû uniquement par ma volonté. A mesure que je me relève je sens mon cosmos déferler comme une lame de fond dans tout mon corps, inondant chacun de mes muscles de son énergie infinie. Je me retrouve donc debout, les poings serrés, mes yeux s'ouvrent mais cette fois je ne sens plus la morsure de la neige. Dans un ultime effort pour purger mon corps de son engourdissement j'enflamme mon cosmos puis le projette vers le ciel comme pour assener un coup.
La colonne de lumière soulevée se dirige droit vers la Grande Ourse et l'atteint au point où les étoiles de Mizar et d'Alchar se confondent, une explosion de lumière suit mon attaque, je souris : les étoiles de Mizar et d'Alchar brillent à nouveau.

" Syd je suis vivant et nous nous reverrons bientôt ".
- Félicitations guerrier divin, tu es digne de ton frère et de ton pays ! Mais maintenant est venu le temps de te révéler ta mission qui sera en fait une quête.
- Ton verbe est mon ordre ô seigneur d'Asgard.
- Je n'en attendais pas moins de toi ! Je t'ordonne donc de te rendre dans l'Enfer du Niffheim en compagnie de la Princesse Hilda pour en ramener les âmes des guerriers divins tombés au combat.

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Cette fiction est copyright Diego Jimenez.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.