Epilogue : Arion, le Fils Meurtri


Un homme seul, agenouillé et les bras reposant contre le manche en or d'une épée dorée plantée à terre, regarde la Grèce du haut d'une colline. Le soleil se couche, et un vent provenant de nulle part fait danser ses fins cheveux bruns. Ses yeux, du même brun profond que ses cheveux, sont embrumés de mélancolie et de détermination… Une larme perle le long sa joue, laissant une trace scintillante sur son visage contrastant avec le caractère sombre de cet homme.

Son armure légère et brillant d'un vert émeraude semble en totale harmonie avec l'impression de puissance et de tristesse qui émane de cet homme. Sur son torse lisse se reflète le soleil orange qui se couche au loin, teintant le ciel de la couleur du sang qui semble avoir déjà tant coulé dans la vie et le cœur de ce jeune et beau garçon.

Il parle. Il parle au vent qui s'écrase sur les arbres fruitiers et les oliviers, à la plaine qui s'étend devant lui à perte de vue. Il parle aux 10 guerriers qui l'accompagnent, se tenant discrètement derrière lui, sans bruit. Certains sont assis sur leurs casques ou contre leurs armes, d'autres se tiennent apposés à la roche. LEux ne parlent pas, ne se parlent pas. Ils écoutent ce beau chevalier qui parle au vent et aux Dieux qui daignent bien vouloir écouter sa complainte, ses blessures, le chagrin de son âme.

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Père, elle t' a finalement battue toi aussi. Terrassé, humilié, toi et tes fiers guerriers. Et l'idéal que tu voulais construire est tombé en ruine accompagnant ton royaume et ta puissance.

Une nouvelle fois, les Dieux de l'Olympe ont bafoué notre famille… Après avoir assassiné ma très chère et bien aimée mère, les voilà qui vous ont mis plus bas que le fond des océans, toi et ta redoutable armée marine dont moi et mes fidèles guerriers sont les derniers survivants…… La fille de Zeus, encore elle, t'a terrassé et enfermé dans cette jarre scellée. Quelle suprême humiliation pour un Dieu de ta trempe !

L'épée divine que je tiens à la main me permettra d'assouvir ma vengeance. Venger mon père, bafoué par Athéna. Venger ma mère, froidement abattue par Athéna. Vaincre ce destin maudit cent fois éprouvé par Athéna.

Athéna, Athéna, l'unique objet de mes tourments, l'unique pensée présente dans cet esprit marqué et empreint de peine et de haine. Cette haine - le mot n'est pas suffisamment fort - envers cette vie qui m'a tout fait perdre, envers ce monde qui n'a toujours rejeté ma famille et ce que j'aimais, finalement pour les hommes auteurs d'une exécrable ingratitude envers l'amour que leurs a pourtant délivré ma bien aimé mère Déméter. Pour n'avoir finalement qu'un seul et unique objectif : Venger l'honneur de ma famille…

Mes pensées ont beau se perdre dans d'innombrables chemins, mon esprit en revient toujours à celle qui a défié et vaincu mon père… Toujours cette même arrogance dans ses actes, dans sa façon d'être. Je te déteste, Athéna…

Je te hais.

Pourquoi t'en es tu toujours prise à ma famille ? D'où te viens cette haine, tu qui prétends représenter la justice et la sagesse… Tu parles, les Dieux de l'Olympe sont bien tous les mêmes, abreuvant l'esprit des mortels de belles paroles pleines de beaux et loyaux sentiments, alors qu'eux même ne sont rien de plus qu'orgueil, cupidité, violence et envie de conquête et de grandeurs. Athéna cristallise en elle toute cette hypocrisie typiquement Olympienne que je réprouve et qui me dégoûte…

Athéna déesse de la guerre et de la sagesse… Elle a en plus voulu le titre de protectrice et responsable des humains, excluant par là même ma pauvre mère. Elle préfère le prestige et les dorures, laissant le travail et le labeur à ma mère. Ce devrait être elle la sagesse et la déesse des humains, mais Athéna a joué de tout son charme devant son père, qui est bien malheureusement pour le compte de tous les êtres vivants ou non de cet univers le Dieu des Dieux.

Lui aussi devra payer…

Athéna, déesse qui devait se contenter de sa tache de protéger les humains a outrepasser ses fonctions en éliminant ceux qui voulaient se mettre en travers de sa route et de son ambition dévorante. Sagesse, tu parles ! Elle a abattu ma tendre mère que tant d'humain idolâtre pour sa bienveillance et son amour -réel celui là - des hommes, elle a terrassé mon père pour prendre le contrôle des océans. Mais que lui faut il de plus ? Les enfers ? Le Ciel ? L'univers tout entier ? ?

Et est venu le moment où Athéna a voulu prendre le contrôle du Royaume dirigé par mon père et l'a attaqué par surprise… Les généraux des mers, qui n'étaient pas au complet au moment de l'assaut, se sont fait attaquer en traître et malgré leur puissance et leur bravoure, ils ont péri… Enfin, presque tous… Deux généraux ont survécu de la bataille. Enfin, généraux…

Athéna a continué ses méfaits en allant jusqu'à débaucher les fidèles généraux qui ont servi loyalement mon père. Je ne sais quoi trop penser de l'attitude de Sorrento. Sans doute lui-même ne sait pas trop quoi penser de son attitude… Il reste avec Julian Solo, l'homme qui avait accueilli l'essence sacrée de mon bien aimé père et passe son temps à observer la mer et à l'honorer de sa divine mélodie. Il reste fidèle à Poséidon, c'est normal, et ne doit rien à son fils, ce que je peux comprendre. Mais ce qui me gène, c'est son affection soudaine pour la femme qui a vaincu et annexé son royaume…

Quoique son attitude n'est rien par rapport à celle du dragon de mers… Il a tous simplement trahis mon père après l'avoir valeureusement servi. Un grand guerrier ce Kanon. Un destin tragique, un peu comme le mien. Je le comprends quelque part, et je l'apprécie.

Je l'aime.

Sans doute est ce la raison pour laquelle notre rencontre fut un grand moment pour moi. Il m'a fait entrevoir ce que je ne voyais plus, et a enterré ma tristesse et mon dépit pour réveiller en moi la colère et l'ambition. L'orgueil de venger et de faire respecter l'honneur de mon illustre famille, la volonté de me battre pour mes parents et la puissance pour prétendre à la victoire et au respect des Dieux.

Mais Athéna a usé de ces charmes maléfiques pour faire douter Kanon et le corrompre. Non, évidemment que je ne pourrais jamais pardonner ces actes à cet homme que j'ai considéré - et que quelque part je considère toujours - comme un parrain ou un oncle - mon père ne pouvant être égalé.

Je dois pratiquement tout à Kanon. Il m'a montré la voie de la puissance, m'apprenant à contrôler cette part d'essence divine qui est en moi. Il m'a protégé de ceux qui pouvaient attenter à ma vie ou celle des gens que j'aimais. Et quand bien même il n'a pus sauver ceux qu'Athéna a tué, il m'a aidé à préparer ma vengeance en me préparant et en me communiquant ce savoir qui était en lui. Quelque part, je suis l'élève de Kanon, le dragon des mers. Qui ne fut finalement qu'un traître qui a cessé de servir mon père pour je ne sais quelle raison. Et je m'en fous en fait de la raison !

Cette trahison me fait atrocement souffrir et m'apporte bien plus de larmes que de haine et de colère - je n'en manquais pas avant l'acte de Kanon de toutes manières. Et je sais que cette douleur infligée ne sera guérie qu'après lui avoir montré que ses enseignements ont porté leurs fruits. Tu constateras par toi-même la qualité de ton entraînement, l'étendue de ma peine… et de mon pouvoir.

Car je suis maintenant le chef de file d'une armée de 10 guerriers qui sont comme moi, des revanchard envers une vie faites d'épreuves et de détresses, de rejets et de mépris de la part des autres, de haine et de besoin de revanche vis à vis de ce destin impitoyable.

Car je suis maintenant le digne successeur de l'Ebranleur des Océans, ennemi ouvertement déclaré d'Athéna, vis à vis de qui je n'éprouve que besoin de sentir son sang humecté mon armure et abreuvé mes entrailles.

Car je suis maintenant Arion, fils de Poséidon et de Déméter, général en chef de cet armée de mercenaires composée d'hommes de grande valeur. D'ancien lieutenant de Poséidon méprisé pour leur grade par certains, d'ancien chevaliers d'Athéna déchus et rejetés par elle pour avoir continué à servir ma mère Déméter, d'anciens chevaliers d'autres sanctuaires survivants vaincus par Athéna ou bien rejeté par les leurs. Mais chacun ont en commun cette rancœur envers leur destin et cette envie de revanche vis à vis d'Athéna, responsable attitrée de leur sort et de leurs malheurs, qui devra payer de sa vie son comportement hégémonique.

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La légende que m'a rapporté Dragon des mers dit qu'il faut terrasser les 12 chevaliers gardiens du temple d'Athéna avant de pouvoir la rencontrer et l'affronter… L'enfant Dieu que je suis est prés à relever ce défi, et à le gagner.

Athéna, tu vas mourir de la main d'Arion, fils de Poséidon et de Déméter, nouveau Dieu des océans.

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Un homme bourru, grand et velu, portant une armure violette et brune à fourrure évoquant un ours sibérien, s'approcha de l'enfant Dieu et apposa sa lourde main sur sa jeune et énergique épaule, comme pour lui confirmer que les guerriers qu'il a emmené avec lui le soutiennent profondément et l'aiment.

De l'amour. Peut être est ce sentiment qu'on les 10 guerriers envers leur chef. Un amour mérité. Un amour qui le permettra, ils l'espèrent tous, d'assouvir leur vengeance et de vaincre. Pour l'honneur de leur chef, pour la gloire d'Arion, fils de Poséidon et Déméter, Dieu des Océans.

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Cette fiction est copyright Fabien Chaffard.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.