Chapitre 12 : L'heure des comptes


La bataille d'Asgard est donc terminée. La neige balaye inlassablement le sang et les corps des nombreuses victimes Poseidonienne, pendant que le pays nordique dirigé par Odin se lève chaque matin sous la coupe insidieuse et sournoise du Dieu des mers. De cette périlleuse bataille, Dragon des mers en sort le vainqueur indiscutable. Il a permis la mise sous tutelle marine du peuple d'Asgard par le biais de l'anneau maléfique des Nibelungen. Et il a surtout réussi a ruiné la réputation montante d'Arion au sein même de ces propres troupes, devenant ainsi le représentant incontesté du Dieu Poséidon, surclassant de part là même son propre fils. Etonnamment ingénieux cet imposteur de Dragon des Mers, il me surprendra toujours…

Ne reste finalement que des morts et des personnes moralement et physiquement en bien mauvaise position. Commençons par le chef " désavoué " de cette opération, mon poulain Arion. Quand bien même les dix lieutenants rescapés lui renouvellent continuellement amitié et respect, sa côte est au plus bas chez les Généraux marins. Ceux ci, Isaack en tête, témoin privilégié de la bataille, lui reprochent son manque de responsabilité et de sens de la guerre. En quelque sorte, il lui reproche de se battre non pas pour la grandeur de son père mais pour assouvir ses caprices de gosses, en un mot comme en cent sa vengeance vis à vis d'Athéna. Et entre nous, ils n'ont pas tout à fait tort il faut reconnaître.

Ensuite restent vivants de ce charnier neigeux les trois chevaliers d'argent feu de la communauté Ukrainienne de Gertazé. Chacun sauvé d'une mort atroce - mais qui aurait été logique au vu de la suprématie de leurs adversaires - par une intervention que l'on ne peut que qualifier de divine. Cela ne m'amuse pas ça par contre ! Et cela même jusqu'à contrarier mes objectifs. Ce qui m'ennuie, ce n'est pas le fait qu'ils demeurent en vie, c'est finalement très bien pour Arion, donc pour moi, mais c'est leur survie miraculeuse (je ne vois pas d'autres termes). Ils auraient dû périr des mains de Tholl (pour Darko de la petite Ourse), de Fenril (pour Igor du Toucan) et d'Albéric (pour Hristo du triangle austral). Mais non, ils furent sauvés par cette présence dont j'ai malheureusement une petite idée sur l'identité. Et cela m'embête… Enfin, essayons de positiver et de se réjouir de la survie de ces trois lurons. Mais merde quand même…

Ensuite, j'ai pu mesurer la grande force de mes camarades Kaba du cobra (facile vainqueur de Jonas), Kamaté de la Chimère (éliminant sans problème le modeste Frédérik de Béta), et Nasser du fennec (vainqueur de Bud d'Alcor, qu'il ne put tuer faute de temps…). Je les savais brillant, ils le sont. Je les considère comme égaux aux chevaliers d'or. Sachez avant de me contredire que je connais aussi bien ces défenseurs divins d'Athéna et ces trois combattants qui ne demeurent mystérieux que pour vous.

Enfin, les lieutenants rescapés. Commençons par Trevor de la Pieuvre. Que dire de lui sinon qu'il n'est pas mort… Il est irrémédiablement brûlé pour ne pas avoir voulu achever Sylphia, sœur d'Albéric, qu'il dominait pourtant, mais il est vivant. Et elle aussi d'ailleurs. Très bien…Ensuite le courageux Hossim du Crocodile, qui a résisté (et le mot est faible) au brave Syd de Myzar. C'est une surprise, je le voyais facilement dans la charrette des nombreux disparu, mais non, il est physiquement au plus bas, mais il n'est pas mort. C'est un dur à cuire que personnellement j'ai tendance à respecter. C'est dire… Puis pour finir Duncan du Loch Ness, écossais au poing légendaire, et Marino du Requin, rapide Floridien belle gueule. Ils ont résisté à Hagen de Mérak, jeune guerrier divin de Béta. Ils sont loin d'être brillant eux aussi, mais leur survie est à louer et prouve leur relative valeur. Ils seront autant de fidèles éléments de valeur pour mon petit Arion.

Et moi, quelle est mon opinion sur ces évènements me demandez-vous ? Je suis satisfait. N'oubliez jamais qu'Arion et moi parcourons le même but, quand bien même les objectifs soient légèrement différents. Ce dernier reste actuellement cloîtré dans sa chambre, à réfléchir et ressasser sans cesse les évènements passées. De son coté, Dragon des Mers sait qu'il a éliminé par la même son plus dangereux rival auprès et de Poséidon, et de ses armées. Par conséquent, l'écart entre eux ne va cesser de s'accroître, ce qui conduira je ne sais où, mais cela ne me dérangera pas. Le face-à-face Athéna - Arion est imminent. Le petit a démontré tout son pouvoir et s'est élevé au rang de Dieu, ce qui implique qu'il peut vaincre Athéna.

Parlons d'Athéna d'ailleurs. J'ai la chance d'avoir plusieurs points de vue, et cette dernière se trouve actuellement empêtrée dans une guerre civile qu'elle ne maîtrise pas. Comme quoi dans la famille Saga - Dragon des Mers, la manipulation est inscrite dans le code génétique. Après la mort de nombreux chevaliers d'argent de part les mains de ces surprenants chevaliers de bronze, se prépare la bataille finale. Athéna en personne, ou plutôt la réincarnation de celle ci, se prépare à rendre visite à celui qui se doit logiquement de la représenter au niveau de ses armées. C'est cocasse de voir que les deux représentants divins " ennemis " sont frères et fourbes.

C'est donc la " panique " actuellement dans les deux sanctuaires : marin et terrien. Par conséquent, il y a fort à parier que les deux vont bientôt s'affronter. Que fera Arion pendant ce combat ? Nous verrons bien, mais j'ai ma petite idée là dessus. Une idée qui par ailleur m'arrangerait bien. Mais pour l'instant, je ne suis vraiment pas malheureux.

Tout se passe pour moi comme sur des roulettes.


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J'ai mal à la tête.

Je viens de me réveiller et mon crane me fait souffrir à hurler. Je suis actuellement allongé sur mon lit, observant avec indifférence la fine lumière qui essaie de pénétrer ma chambre. Je suis fatigué, mais il a être temps pour moi de me lever et de sortir. Une semaine que je suis rentré d'Asgard. Une semaine que je ne suis sorti de ces quelques mètres carrés qui forme n'espace dans lequel j'ai établit ma chambre. Une semaine que j'ai définitivement tué Svobodan pour laisser la place à Arion, le fils de Poséidon. A présent, je suis un Dieu, je suis Arion, fils de Poséidon et Déméter, et je vais me comporter en tant que tel.

Bien sur, atteindre une puissance divine avec le cosmos adéquat n'est pas un prétexte suffisant pour prétendre s'astreindre de sentiments. Et ceux qui viennent à l'esprit lorsque je pense et que je revois, en fermant mes yeux, les images de mes - je dis " mes " car ils étaient sous ma responsabilité - lieutenants sans vie, décharnés sous les attaques répétées et sanglantes de nos adversaires nordiques, je ne peux rester indifférent. Tous ces gens sont morts pour me servir, et sans doute inutilement. Cela ne peut que me faire réfléchir, et je refuse d'ignorer cet élément.

J'ai dis qu'ils étaient morts inutilement. Et je le pense. Car, malgré toute cette semaine que j'ai passé seul (je n'ai vu que Darko il y a trois jours, et encore l'entretien fut d'une dizaine de minutes tout au plus) à faire le point sur cette offensive aussi brève que meurtrière, je n'ai toujours pas vu de point positif qui peuvent argumenter sur notre prétendue victoire. Dragon des Mers a décrété que Poséidon avait gagné, et je ne sais pas pourquoi. Tout ce que je sais, c'est qu'Arion a perdu ! J'ai perdu des amis, j'ai perdu des convictions. J'ai surtout perdu la face, et j'avoue bien narcissiquement que cela m'ennuie.

Oh, ne vous inquiétez pas, je n'ai pas atteint le niveau de narcissisme de Dragon des Mers. Cet homme, malgré l'immense respect et affection filiale que j'éprouve pour lui, ne se sert des yeux de son interlocuteur que pour se voir refléter son immense supériorité. Il est Narcisse plus que Dragon, et je pense qu'il s'est servi de moi pour satisfaire son ego surdimensionné.

Pourtant, mon père a cautionné cette expédition. Mais à l'époque, je n'ai pu et n'ai su m'opposer. Là aussi, je me vois en totale contradiction avec les desseins de mon père. Pour moi, la vie des hommes est importante. Pour lui, apparemment, c'est beaucoup moins le cas. Il est, à ce niveau là, semblable à Athéna. Il est un Dieu de guerre qui ne vit qu'à travers elle pour démontrer toujours et encore sa puissance. Je comprends qu'ils se complètent à merveille avec Dragon des Mers…

Sauf que j'ai déjà vu trop de morts. Souvent inutilement, toujours à cause de moi. Ca a commencé très - trop - tôt avec Tomislav, sur lequel j'ai récupéré cette épée qui repose paisiblement au pied de mon lit, et qui m'accompagne dans chacun des mes actes et déplacements. Ensuite, ce fut ma mère, Démétra, que j'ai su plus tard être la réincarnation humaine de la Déesse Déméter. Puis encore plus tard Torben, le Général de l'Arctique, que j'ai du assassiner en combat singulier pour acquérir le droit de revêtir cette armure divine. Armure, soit dit en passant, dont la capacité de régénération m'a impressionné. On aurait dit, quelques minutes à l'issue de mon combat contre Siegfried, que rien ne s'était jamais passé. Enfin, les trop nombreux lieutenants massacrés au combat. De Mendoza à celui que je ne connaissais pas, ils ont tous donné leur vie pour moi, sinon pour la quête que je menais.

Une fois de plus, je me dois, je m'oblige, à en tirer les conséquences. Rapidement et efficacement. C'est ce que j'ai fait en premier lieu en donnant à chacun de ces garçons rescapés ce que j'ai de plus personnel, mais qui pourra leur faire le plus grand bien : c'est à dire mon sang. Un bien modeste présent en récompense de tant d'efforts fournis.

Mais avant toute chose, il ma faut régler un dernier point. Régler les comptes avec celui que, sans doute, j'ai le plus aimé et respecté au monde. Celui grâce à qui je suis devenu celui que je suis. Celui qui m'a donné les armes pour arriver à atteindre mon but qui reste le même : venger Tomislav, venger Déméter, faire payer Athéna !

Athéna ! Encore elle… La responsable de tous mes tourments, c'est elle, inutile d'aller chercher plus loin. Athéna, je t'ajoute une nouvelle ligne à ta facture : les morts d'Asgard. Tu ne payeras pas pour rien, je te le promets. Mais tu paieras cher ! Toi et tes chevaliers d'or, le chevalier du Capricorne à Excalibur en tête, je vous ferai payer la note très chèrement ! Je le jure sur Tomislav et sur ma mère Déméter !

Il me faut solder ce qui me reste d'amertume et de tristesse, il faut rendre les morts d'Asgard utile au moins à quelque chose. Je vais sortir et je verrai Dragon des Mers. Et à la suite de cet entretien, l'histoire continuera. Et sans doute serais-je seul.

Car pour l'instant, tout est figé dans l'amère viscosité de la rancœur.

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Voilà une semaine que les lieutenants et chevaliers rescapés de la terrible et mortelle campagne d'Asgard étaient rentrés au sanctuaire sous-marin. Chacun avec des activités finalement très proches. Proches, dans le sens où la première priorité était de se reposer, de se remettre autant physiquement que moralement de ces combats éprouvants en face de ces terriblement puissants guerriers divins.

Physiquement, cela allait de soi. La violence des combats et la valeur de leurs adversaires étaient autant d'éléments nécessitant un profond repos. Moralement, car la perte de leurs amis, et ce sentiment amer de sacrifices inutiles et incompréhensibles les traumatisaient. Surtout le lieutenant Trevor de la pieuvre, terriblement atteint par tous ces combats, brûlés mortellement (lors de son combat contre Sylphia, sœur d'Albéric), qui subit des soins intensifs, et qui est profondément marqué par la mort de ces quelques quarantaines de lieutenants.

Outre les corps et les âmes, il fallait tenter de réparer ce qui était réparable des armures et écailles de ces valeureux combattants. Darko, de par son savoir, indiqua la marche à suivre pour la régénération de celles ci. Il fallait du sang. Si possible divin… Et là, évidemment, tous les regards se sont tournés vers le petit Arion qui n'a pas fait d'histoires… Et ensuite, Hristo acheva le travail. Hristo avait reçu, de part l'enseignement par Assalbank, l'ancien chevalier du triangle austral mort de part les mains de son propre disciple, les notions nécessaires à la bonne réparation des armures d'Athéna. Et étant donné la grande similitude entre les écailles et les armures, la tache avait également pu être effectuée sur les écailles des lieutenants de Poséidon.

Avant de parler de cette scène de réparation des armures, arrêtons-nous un peu sur Arion. Voilà une semaine qu'il n'a pas quitté sa chambre. Seul Darko, qui l'a vu et s'est entretenu avec lui, a eu l'honneur de son contact. Notamment pour lui soutirer ce sang divin qui redonnera une vie nouvelle à ces armures et autres écailles éprouvées et meurtries. Sinon, le petit n'a vu et n'a voulu voir personne. Son état mental n'est pas très bon d'après le chevalier de l'ourse, quand bien même son physique soit excellent.

Arion se sent responsable de la mort de nombreux lieutenants. Lorsqu'il ferme les yeux lui revient, violente et affolante, l'image de son lieutenant Mendoza des Galapagos emprisonné dans ce cercueil d'améthyste lors de son rude combat contre le redoutable Albéric de Mégress. Et seul, dans son grand lit froid, Arion se recueille et se morfond. Et ses rancœurs vont évidemment en direction d'Athéna, à cause de qui il est là, dans cette situation.

Pourtant, cette campagne nordique est victorieuse. Semble t'il seulement. Dragon des Mers semblait satisfait, mais il n'y eut aucune marque de félicitation à l'encontre du fils de Poséidon qui a mené cette offensive. De là à croire qu'il a été court-circuité ou tout au moins penser qu'il ne possède pas en main toutes les informations… D'où cette ribambelle de questions, nombreuses et mais surtout dramatique comme celle ci, lancinante : Dragon des mers ne se serait il pas foutu de moi ?

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Les armures justement, parlons-en. Elles sont dans un état dramatiquement mauvais. Celle de Darko, chevalier de la petite ourse, par exemple, au trois quart détruites par la violence du poings du guerrier divin Tholl de Phecda. Celle d'Igor du Toucan, déchiquetée de toutes parts par les griffes et mâchoires de ces loups assoiffés de sang ennemi. Ou encore l'écaille de Trévor de la pieuvre, calcinée par les flammes du démon en Sylphia. Mais les habits de protection de Hristo du triangle austral (adversaire d'Albéric) ou Hossim du crocodile (adversaire remarquable et courageux de Syd) n'en ont pas moins été éprouvées. En conclusion, il n'y a guère que les armures des trois mystérieux lieutenants " recrutés ", à savoir Kamaté de la chimère (bourreau de Frédérik), Kaba du cobra (Jonas) ou encore Nasser du Fennec qui soit en assez bon état.

Darko de la petite ourse est un garçon érudit. Son expérience passée au service du Grand Pope en tant qu'espion messager lui a procuré une forte connaissance de différents points concernant la vie et l'évolution de la chevalerie d'Athéna. Notamment un point qui s'applique parfaitement aux armures d'argent et aux écailles, c'est à dire leur réparation et régénération des armures. Savoir bien utile en pareille circonstance. Il est donc d'une aide plus que précieuse au courageux Hristo, qui possède justement quelques rudiments de cette science tellement particulière qui est celle de la réparation des armures.

Une armure, c'est un être vivant qui vit, respire, évolue, puis meurt. Se fatigue, mais également se repose et se régénère. Et si elle pouvait, elle jouerait même aux cartes. Le résultat est qu'il est possible de soigner une armure, de la régénérer avec ce qui permet la vie du corps humain, c'est à dire le sang. Malheureusement, vu l'état de délabrement profond des armures et écailles de nos pauvres guerriers, cela aurait été des océans de sang qu'il aurait fallu pour pouvoir espérer faire revivre un tant soi peu ces pauvres habits de lumières…

Sauf si un Dieu donnait - une infime partie - de son sang divin, qualitativement exceptionnel pour ressusciter des armures mortes. Darko le savait, tout comme en fait, et ce fut la surprise pour toute la petite bande de combattants d'Asgard, le chevalier Hristo du triangle austral. Ce dernier étonna tout le monde en s'affirmant des compétences de réparations d'armure. Compétences données par son feu maître Asselbank sur l'Ile Samoa. Il est vrai que ce talent surpris - agréablement il faut reconnaître - et intrigua toute la petite bande de rescapés, y compris le pourtant très érudit Darko, mais Hristo refusa d'en dire, plus, le souvenir de son Maître le gênant particulièrement (cf chapitre 6).

Donc l'accumulation du sang divin d'Arion et des quelques modestes mais largement suffisantes compétences de Hristo put permettre la renaissance des trois armures d'argents rayonnantes de puissance, des 4 écailles (pieuvre, Loch Ness, Crocodile et Requin) neuves et éclatantes, et enfin de trois autres armures difficilement définissables (Chimère, Cobra et fennec) encore plus puissantes qu'avant la campagne d'Asgard.

Mais à présent, chacun savait ce qu'il devait à Arion de reconnaissance et de loyauté. Son sang circulait en chacun d'entre eux, ce qui leur conférait un devoir à présent indiscutable vis à vis de leur Dieu, Arion, fils de Poséidon et Déméter.

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Dragon des Mers est satisfait. Il a officiellement reçu, tour à tour, chacun des 6 Généraux des Mers composant, avec lui, la garde rapproché de Poséidon. Le but de ces entretiens était de réaffirmer son autorité à chacun après cette victoire qui mettait Asgard sous le joug de l'Empire des Mers.

Isaack fut le premier à être reçu. Pour lui, il ne faisait aucun doute que Dragon des Mers était le plus à même de mener les troupes de l'Empereur des Mers à la victoire. Il vouait une haine certaine à Athéna (eu égard à une enfance assez tragique…), tout comme Arion, mais il se considérait comme complètement étranger au combat " égoïste, solitaire et perdu d'avance " du fils des Océans. En un mot, il ne l'aimait pas, et son comportement qu'il jugeait complètement désorientant, irresponsable et surtout dangereux pour ses troupes l'en a convaincu. En voilà un acquis à ma cause considérait Dragon des Mers, qui ne manqua pas de féliciter chaleureusement mais toujours très fermement ce nouveau Général de sa bonne tenue lors des événements d'Asgard.

Le deuxième Général reçu également les compliments de Dragon des Mers. Il s'agissait de Kasa des Lumnyades. Grandement satisfait de sa prestation et du pouvoir de manipulation que possédait à présent Poséidon sur Asgard (Kasa aime bien la manipulation), il ne pouvait que soutenir Dragon des Mers pour son ingéniosité, mais également pour sa confiance. En tous cas, en voilà un que le Général en chef des armées a su habilement mettre dans sa poche.

Ensuite est venu le discret Io de Scylla. Discret car ne prenant que très peu part aux diverses discussions qui concernent le sanctuaire. Son domaine de compétence se limite, à son avis, au combat, à la garde de son pilier du Pacifique et au service exclusif de Poséidon. Donc, par conséquent, de celui qu'il a choisi pour le représenter. Sans discussion possible. C'est dans cette optique qu'il suivra sans problèmes et sans états d'âme Dragon des Mers si c'est celui que Poséidon a choisi pour le représenter. De même, si ce dernier choisissait Arion, il le suivrait également sans broncher, avec la même fougue et les mêmes convictions. " En voilà un qui ne m'emmerdera pas peut " légitimement penser Dragon des Mers.

Nous connaissons déjà bien le quatrième à être accueilli par le respectable Dragon des Mers. Il s'agit du loyal Bian du l'hippocampe. Fidèle parmi des fidèles, ce dernier voue une admiration sans bornes à Dragon des mers, qui le lui rend bien. Il a été un des premiers à rejoindre le sanctuaire sous-marin, en même temps que le regretté Torben, ce qui lui confère une place à part dans l'ordre du sanctuaire sous-marin. Un subtil et harmonieux mélange de respect et de crainte, car malgré des allures assez pataudes, ce Général sait ce battre et possède une violente puissance qui le rend fort logiquement respecté. Peu d'éléments à rajouter, sinon que si Dragon des Mers doit se reposer sur quelqu'un, si il ne doit n'en rester qu'un, ce sera Bian.

Plus délicate fut l'entretien avec le redoutable et mystérieux Krishna de Krishaor, Général à la lance divine. Cet homme fait preuve d'un mépris rampant envers les lieutenants et autres Généraux, ce qu'il parvient à dissimuler en restant seul, à méditer et à intensifier une cosmo-énergie de déjà grande qualité. Il n'en demeure pas moins d'une arrogance considérable envers le reste des hommes peuplant ce sanctuaire, et envers la race humaine en général, qu'il considère salie et dérisoire. Seul les Dieux méritent pour lui droit de cité, ainsi que ceux qui tentent de s'en approcher de par la sagesse et la puissance. Comment considère t'il Dragon des Mers ? A l'issue de cet entretien, le Général en chef des forces armées de Poséidon se pose toujours la question…

Reste enfin le cas le plus épineux et ennuyeux pour le Général de l'Atlantique Nord. Sorrento de la sirène. Pourquoi épineux ? Car c'est sans doute celui qui actuellement possède le plus de doutes envers sa personne. Sorrento est un combattant remarquable, mais humainement trop justement humain. Son engagement envers Poséidon répond plus à une utopie chimérique qu'a une réelle volonté de pouvoir. Pour lui, la race humaine est corrompue et seul un Dieu puissant et miséricordieux peut remettre de l'ordre dans ce maelström de vices et de servitudes. Et le Général de la Sirène pense que Poséidon est cet être supérieur qui peut permettre de ramener la sagesse et paix sur ce monde taraudé par l'immoralité et la haine.

Sorrento ne manquait pas, durant cet entretien, de remettre une nouvelle fois en cause la stratégie de Dragon des Mers sur Asgard. Quand bien même cette campagne fut sanctionnée par la main mise sur le royaume par l'emprise sur Hilda grâce à l'anneau des Nibelungen, le nombre de mort et l'envoi à l'abattoir d'Arion et ses troupes restent toujours au travers de la flûte de la Sirène. L'échange entre les deux hommes fut vif, chacun ayant sa cosmo-énergie en éveil pour tenter d'infléchir l'autre. Mais au jeu de l'intimidation et de la puissance cosmo-énergétique, Dragon des Mers demeurait, et de très loin, le plus fort. Les deux hommes se quittèrent donc sur des positions inchangées, sinon que le Général en chef sait ce qu'il savait déjà : Sorrento deviendra incontrôlable et dangereux s'il n'y prend pas garde. Mais il avait déjà en tête une idée pour efficacement se remettre cet indispensable guerrier dans sa poche. Ce qui explique qu'il ne se dépareillait pas son toujours mystérieux et inquiétant sourire.

Mais en toute honnêteté, l'entretien avec ce Général n'était pas celui qui inquiétait le plus Dragon des Mers. En effet, il savait à quoi s'attendre avec ce capricieux guerrier… Par contre, il n'a pas revu Arion depuis la fin de la campagne Nordique, et il ne sait pas quel sera son comportement à l'issue de celle ci. Avant, Dragon des Mers était considéré, aux yeux du petit, comme son guide. Mais maintenant ?

Reste enfin Poséidon. Celui ci s'est incarné en la personne de Julian Solo, et son réveil est imminent. Lors de ses dernières discussions avec Dragon des Mers, le Dieu des Océans était clair : si Arion était son fils et son second, le chef incontesté et incontestable des armées de marinas et de Généraux restait Dragon des Mers. Et cela lui convenait parfaitement pour assouvir sa soif de pouvoir.

Maintenant, rester à convaincre Poséidon, lorsque celui ci se réveillera, qu'il demeure le seul et unique réalisateur et instigateur de la victoire d'Asgard. Ce qui ne lui pose en fait aucun souci. Arion ? Il n'est qu'un élément dont il a fallu réparer les erreurs à cause de qui il fut nécessaire de réparer une situation extrêmement mal engagée. En définitive, sortir comme étant le seul bénéficiaire de cette campagne.

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Tout est bizarrement calme dans ce sanctuaire sous-marin. Presque tous les lieutenants ont péri. Les rares survivants étant trop atteints physiquement et psychologiquement pour changer cette tendance. D'autres parts, les marinas étaient sur le pied de guerre. A cause d'Athéna…

La situation au sanctuaire est actuellement explosive. A la grande satisfaction de Dragon des Mers qui observe goulûment la suspicion croissante autour du Grand Pope. En premier lieu, ce tournoi organisé par des chevaliers dissidents, puis le réveil de celui qui se fait appeler " Phénix ", légendaire chevalier de bronze rescapé de l'enfer de l'Ile de la Reine Morte. Le premier titulaire connu de cette armure tellement mystérieuse et évoquant à la fois crainte et puissance incontrôlée. Ensuite, la situation actuelle : un nombre impressionnant de chevaliers d'argent qui se font tuer par ces justement " rebelles " au Grand Pope.

Donc quid de cette mise en position de défense des armées de Poséidon ? Tout simplement parce que, en bon stratège qu'il est, Dragon des Mers remarque que les temps et les évènements sont en train de s'accélérer dangereusement, ce qui provoquera inévitablement l'entrée en guerre officielle d'Athéna et Poséidon. Le dieu des Mers se réveillera lorsqu'il se jugera en position de force. Ce qui risque de se produire très prochainement. Ou bien Athéna attaquera, considérant que ces rebelles matés, il est temps de passer à l'offensive, pendant que ses troupes sont encore " chaudes ". En conclusion, il est opportun pour Dragon des Mers et Poséidon d'avoir pu rallier Asgard à sa cause aussi vite et aussi tôt.

Ajoutant à ce relatif calme donc, une tension exacerbée qui ne demande qu'à exploser. Arion, pourtant si jovial et tellement semeur de bonne humeur, de courage et d'enthousiasme, restait cloîtré dans son bâtiment. Si bien que cela ne faisait qu'amplifier un sentiment oppressant de tension et de tristesse.

Soudain, car cet évènement ne pouvait être que soudain, la porte du Palais de la Méditerranée où résidait Arion s'ouvrait, laissant apparaître le jeune garçon au grand jour. Et à la différence d'un temps passé mais proche, ce n'est pas une figure souriante et d'une insouciante jeunesse qui venait de sortir, mais un visage fermé, pâle, dont la tristesse se mêlait bizarrement à une sorte de colère froide et déterminée. Athéna avait tué Svobodan, la mort de Torben avait fait naître officiellement Arion, on peut à présent dire qu'Asgard a totalement achevé l'enfant qui pouvait se cacher derrière cette silhouette fine et adolescente. " A présent, tu connais le poids des morts que tu portes " lui avait tendrement soufflé Darko alors que les rescapés accompagnés de Dragon des Mers quittait Asgard. Oui, il avait assimilé sa réelle fonction à présent. Et en face de Dragon des mers va se tenir Arion, fils de Poséidon, guerrier à l'épée divine.

Autour de ce jeune garçon brûle une aura pleine de calme, d'aisance, de chaleur aussi, mais également empreinte de détermination et de colère. Aura différente de celle qui l'embaumait avant Asgard. Il a changé. Pendant une semaine, il a réfléchit, fait le point sur ce qui lui est arrivé, sur les évènements qui ont fondé son existence, et finalement sur ce but à atteindre qu'il ne perd toujours pas de vue : abattre Athéna !

Arion répond à la convocation de Dragon des Mers. Et chacun de craindre ce face à face entre l'élu et l'héritier. Entre les deux des plus puissants êtres de ce Royaume, entre deux des plus puissants de cette terres.

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Dragon des mers est seul dans une grande salle vide de fioritures. Seuls subsiste ce trident incarnant la toute puissance divine de Poséidon. Plus quelques statues d'or ou de marbre, et quelques toiles… Finalement une salle pas si épurée que cela quand même. Une salle divine sans nul doute.

C'est dans ce qui est en fait un des nombreux salons du Main Blade Winner que Dragon des Mers a choisi de recevoir ses " invités ". Et le dernier d'entre eux est donc Arion. Lorsque le Marina annonce au Maître des Lieux, et finalement du sanctuaire sous-marin à présent, la présence d'Arion, le Dragon des Mers intensifia lumineusement son cosmos de telle façon à inonder la pièce de son aura quasi divine. Il eut comme réponse, un étincellent et flamboyant cosmos vert qui engloba également tout l'espace, entoura un petit garçon qui n'était plus tout à fait un gamin. Le début de la rencontre était donc une séance d'intimidation…

L'adolescent s'assied. La discussion peut commencer. Elle durera 1 heure…

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Dehors, Darko vient visiter Hristo, qui travaille âprement et durement pour essayer de retaper les armures. Le tout dans une ambiance aussi glauque (très agréable de tremper ses doigts dans un bol de sang appartenant à son ami) et très fastidieuse. Hristo possède quelques rudiments de réparation des armures, certes, mais pas plus.

DARKO (lui tapant amicalement dans le dos) - Alors Hristo, comment ça avance…
HRISTO (épuisé et énervé) - Ben j'ai du mal… Je ne suis qu'infirmier de collège que vous voudriez que j'opère un gosse de l'appendicite… Les armures se régénèrent, et c'est très bien. Et je ne peux pas faire plus.
DARKO (voyant sa protection briller, comme au presque premier jour) - Dis ! Mais tu as fait du super boulot…
HRISTO - Tu sais, c'est à cause du sang divin du petit. C'est un remède formidable qui ne nécessite pas beaucoup de main d'œuvre… (se levant) Bon, les autres finissent de tremper dans le sang d'Arion et basta !

Hristo se leva et alla s'allonger un peu plus loin, sur un talus donnant une magnifique vue sur le Main Blade Winner, lieu d'actuelle rencontre entre Arion et Dragon des Mers.

HRISTO (inquiet) - Comment va le petit ? Tu es le seul qui l'ait vu.

Pendant toute cette semaine, il ne se passait pas une heure sans qu'une personne vienne s'enquérir auprès du chevalier d'argent de l'Ourse de nouvelles d'Arion. Et comme à chaque fois, son caractère bourru et fataliste reprenait le dessus. Il devenait sombre et fermait les yeux, comme pour se protéger et signifiait aux autres qu'ils seraient bien inspirés d'aller voir ailleurs… Pourtant, il se résignait à donner à son ami des nouvelles du gamin.

DARKO - Il va mal. Moralement, je le sens atteint… Profondément atteint. Pourtant, lorsque je l'ai vu sortir, je l'ai senti, comment te dire… nouveau.
HRISTO (surpris) - Nouveau ?
DARKO (grave) - Il a remis énormément de choses en questions. Il a également compris et appris beaucoup. A vrai dire, je pense que nous avons définitivement perdu le garçon que nous aimions bien. Il faut s'y faire, c'est à présent un Dieu, et c'est à un Dieu que Dragon des Mers va avoir à faire.

Sur cette phrase, un silence se posa sur cette scène… Un Dieu, le mot était lâché. Pour les trois chevaliers d'argent, Arion restait inconsciemment le sympathique petit Svobodan. Mais plus maintenant. C'est terminé, Arion a atteint sa totale maturité, c'est ce qu'a vu, ce matin, Darko dans les yeux de ce jeune adolescent qui est en train de jouer gros contre Dragon des mers.

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Dragon des Mers accueillait son invité avec son cosmos brûlant qui se répandait hégémoniquement dans cette grande salle de réunion. Arion, de son coté, fixait durement et fièrement celui qui est - ou fut - son Maître et son guide durant ces 5 années d'apprentissage et d'éveil. Et pour répondre à celui ci, le divin adolescent embrasa son chaud et vert cosmos, illuminant cette jaune pièce d'une teinte verte cristalline qui résonnait contradictoirement et harmonieusement avec l'aura or de Dragon des Mers. Le ton était donné…

Le début de cette rencontre se révélait n'être qu'un face à face entre un Maître dominateur et un élève au paroxysme de son éveil. Entre le chef des armées désigné et auto-proclamé et l'héritier filial de Poséidon, le climat était tendu. Rien à voir avec cette affection respectueuse apparemment réciproque d'il y a quelques jours, où le fils du Dieu écoutait religieusement et consciencieusement les conseils prodigués par le puissant Dragon des Mers. Mais maintenant, il n'est plus question de ces bons sentiments entre le maître et le disciple. C'est un affrontement verbal entre les deux plus puissants personnages du sanctuaire sous-marin.

DRAGON (accueillant et souriant) - Mon cher petit… Je suis heureux de te revoir. Viens donc t'asseoir…

Arion pris un siège en face de Dragon des Mers sans dire mot, le visage fermé et sévère, dont la pâleur contrastait avec la chatoyance de son aura verte flamboyante. Il s'assit sans un regard vers son formateur. Son regard d'ailleurs, parlons en… Vide mais déterminé, inerte mais habité par une flamme et une rage qui n'avait rien d'habituelle. Sa pupille brune n'évoquait rien d'autre que détermination et sens des responsabilités accrues : il était un Dieu à présent et se comportait en tant que tel. Il était finalement presque parvenu à refouler ses sentiments humains pour ne laisser transparaître que sa détermination à assouvir son unique objectif : Athéna…

DRAGON (voyant l'indifférence de son vis à vis) - Arion, mon petit Arion… Je vois que tu t'es bien reposé de ton périple Asgardien… C'est une bonne nouvelle…

A chaque mot que disait Dragon des Mers, le doux mouvement de la respiration d'Arion lui faisait mal. Il revoyait en flash les haches de Tholl dévastées son armée, il voyait les loups de Fenril dévorer les survivants, il voyait le cristal d'Albéric se refermer sur Mendoza des Galapagos. La couleur rouge teintait son regard, un rouge de ce sang qui tache la pure neige d'Asgard, un rouge de cette colère latente qui ne demande qu'à exploser… Ce rouge dans lequel baignait Tomislav du Lynx et sa mère Déméter…

Et pendant ce temps, Dragon des Mers se répandait en banalités verbales que n'entendait plus Arion.

DRAGON - … et que la campagne d'Asgard soit…
ARION (voix sourde mais ferme) - Pourquoi m'as tu fait venir ?

La réplique fut cinglante et coupa la longue tirade de Dragon des Mers. Ce dernier n'en fut nullement choqué. Il en était même plutôt satisfait : enfin les choses sérieuses allaient pouvoir commencer…

DRAGON (voix toujours calme mais plus sévère) - Que compte tu faire maintenant ?
ARION - Je ne sais pas.

Un grand silence ajoutait à ce malaise ambiant. Plus on allait avant dans cette discussion, plus la rancœur d'Arion allait crescendo. De même, Dragon des Mers ne se déridait pas et refusait d'apaiser l'atmosphère. Etant loin d'être idiot, il s'était évidemment rendu compte de l'amertume d'Arion, mais aussi de son impossibilité à prononcer ses phrases qui le soulageraient. Peur, timidité, ou tout simplement attente stratégique ? Le Général de l'Atlantique n'allait pas tarder à le savoir…

DRAGON (enfonçant volontairement le clou) - J'aimerais te parler d'Asgard.
ARION (sourire nerveux) - J'espérais… (regardant Dragon dans les yeux) Alors ? Qu'as tu à me dire ?
DRAGON - Et toi, que veux tu entendre ?

Les collisions provoquées par les deux cosmos se percutant ajouter des étincelles qui rajoutaient encore à cette ambiance tendue qui ne demandait qu'à exploser, tel ce temps chaud et oppressant avant que l'orage n'éclate.

ARION (calme) - Ce que j'aimerais entendre ? Si je te disais des excuses, sans doute m'en voudrais tu…

On y vient se disait en son for intérieur Dragon des Mers… Le petit va balancer tout ce qu'il sur le cœur, le couvercle a sauté…

ARION - Alors je vais te dire ce que je veux entendre… Des explications, tout simplement. Pourquoi as-tu envoyé mes hommes à une mort que tu savais certaines ? Pourquoi m'as-tu fait arrêter les combats ? Pourquoi m'as-tu trompé ? Pourquoi n'ai je été tenu au courant d'aucun de tes plans ? Pourquoi avoir envoyé à l'abattoir 50 des hommes de mon père ? Pourquoi Isaack était là, quel était son rôle ? Et ce putain d'anneau, qu'est ce que c'est ? Quel était ton but ? (cosmos irradiant de plus en plus fort) Et quelles sont tes ambitions, Dragon des mers ? (cosmos à son paroxysme) Pourquoi m'as tu joué ce tour de pute Dragon des mers (tapant du poing sur la table) Dis moi !

Il n'est pas content. Voilà la première pensée de Dragon des Mers au vu de la rage montante du fils de Poséidon. Bon, il s'en doutait, et on ne peut pas dire qu'il soit terriblement ni surpris, encore moins atteint par cette confirmation. Mais devant la colère qui est en train d'exploser littéralement, le Général le L'Atlantique ne se dépareille pas de son calme témoignant d'une confiance en soi et en sa puissance inébranlable. Le véritable combat va commencer maintenant…

DRAGON (entendant quelques secondes de silence) - C'est bon, tu as terminé ?

Pas de réponse.

DRAGON (calme mais brûlant majestueusement et de manière menaçante son cosmos) - Alors je vais essayer te répondre à chacune de tes questions. En premier lieu, tu as été mauvais…

Juste un rapide regard sur les bras d'Arion paisiblement posés sur le rebord du fauteuil pour se rendre compte que les poings de l'adolescent étaient en train de se serrer très fort sur les accoudoirs, preuve de l'agacement provoqué par cette anodine phrase.

DRAGON - C'était toi le responsable des opérations je te ferais remarquer. Et c'est donc toi qui est responsable de la mort de cette quarantaine de lieutenants… Entièrement responsable. Alors ne m'accuse pas d'éléments qui sont à ton compte.

Arion ne répondit rien à cette accusation car il était déjà suffisamment conscient de sa lourde et mortelle responsabilité sur ce point là. Il y avait déjà suffisamment réfléchi et l'avait assimilé et assumé.

DRAGON (voix posée et assez monocorde, n'élevant jamais la voix) - Ensuite, si je t'ai caché des choses ? Sûrement pas. Je souhaitais que tu parviennes sans encombre au Palais de la prêtresse d'Odin pour lui imposer la capitulation de son peuple sans condition. Tu en as été incapable. C'est la raison pour laquelle, dans le but de tenter de rattraper un coup bien mal engagé, j'ai pris la responsabilité et le risque d'envoyer un de mes généraux que tu connais bien, Kasa des Lumnyades, pour utiliser cet artéfact redoutable. Mais dis toi bien que si tu avais été plus performant, je n'aurais jamais eu à prendre ce risque car enfonce toi bien ça dans le crane, j'ai pris un risque assez énorme… pour rattraper le coup !
ARION (voix apaisée, beaucoup plus calme) - Et Isaack ? Son rôle était de " prévoir un éventuel rattrapage de l'opération au cas où je me planterais " ?? Dis-moi Dragon des Mers, tu n'aurais pas le sentiment de te foutre de moi en ce moment ??

L'ambiance était électrique. Mais Arion s'étant calmé, les deux interlocuteurs faisaient preuve d'une sérénité et d'une pondération qui contrastaient avec cette tension divinement explosive.

DRAGON - Je me suis foutu de toi tu dis… (soupirant de dépit) Isaack, heureusement qu'il était là, Isaack. Sans lui, je ne sais pas jusqu'où tu serais arrivé, mais pas bien loin je pense (nouveau soupir). Mon pauvre ami, tu fais preuve d'autant d'ingratitude que de naïveté. Je te sauve la mise et tu me dis que je me moque de toi… Mais pour qui me prends tu ?
ARION (ironique et triste) - Je ne sais pas pour qui je dois te prendre. Mon cœur te considérerait toujours comme le père que je n'ai pas eu, mais ma raison… Ma raison m'oblige à te demander des comptes. Alors ? Tu ne pas correctement répondu pour Isaack, pour tous ces morts, pour…
DRAGON - Et toi, tu ne m'as pas répondu à ma première question. Que comptes tu faire maintenant ??

Nouveau silence pesant. Le regard de l'adolescent trahissait une colère envers son professeur particulièrement intense.

ARION - Et toi ? Maintenant que comptes tu faire ? Continuer à jouer avec la vie des gens ? Continuer à te moquer de moi ?
DRAGON - Je ne me suis jamais moqué de toi, et tu le sais bien ! Je te rappelle que j'ai passé quelques longues années à essayer de t'entraîner et de te faire atteindre le niveau qu'aujourd'hui tu possèdes. Dois je te faire remarquer que, sans moi, Siegfried de Duhbe t'aurais laminé et envoyer chez ton oncle Hadès bien plus vite qu'il n'en faut pour le dire !

Quand bien même son impassibilité ne laissait transparaître aucune autre émotion que la confiance en soi et la froide colère, Arion était gêné. Doublement gêné. Gêné car il se sentait ingrat vis à vis de la personne à qui il doit énormément. Dragon des Mers s'est occupé de lui à la mort de Déméter et Tomislav, et lui a insufflé ce pouvoir qu'il possède et les armes pouvant lui permettre de vaincre Athéna. Mais il était également gêné par l'attitude du Général. Pleine d'ambiguïté. Essayant de jouer sur une fibre sensible dans un but inavoué. Non, un comportement qui le gênait au plus haut point.

ARION - Ecoute, Dragon des Mers… je sais ce que je te dois. Mais je ne suis pas d'accord avec les méthodes que tu utilises et les buts que tu poursuis.
DRAGON - Et tu as tort… dis-moi petit, quelle expérience as tu pour me dire ce qui est bon ou pas comme stratégie ? Dois-je te rappeler que tu as envoyé à l'abattoir 40 lieutenants ? Alors sois gentil et ne me donne pas de leçons…
ARION - Attends ! J'ai suivi la stratégie que tu m'avais commandé ! Si ensuite tu changes de méthode car tu vois que…
DRAGON (sec) - Je pensais que tu étais capable d'aller au bout et je me suis trompé ! C'est tout et c'est la seule erreur que je reconnais. Celle de t'avoir fait confiance…
ARION (cosmos étincelant, signe que la colère monte) - Tu dis que tu m'as fait confiance… J'ai peine à croire, mais c'était ton truc de nous envoyer à l'abattoir…
DRAGON - Et toi tu n'as rien fait pour inverser la tendance… Je t'ai observé. A part pleurer les morts et t'engueuler avec Isaack, tu n'as rien fait pour mener à bien cette mission, alors il a fallu que j'agisse. Et si tu veux le fond de ma pensée, que 40 gars soient morts m'importe peu tant que nous avons Asgard sous notre coupe. Et c'est parce que tu es trop attaché à des conneries humaines que tu n'as pu réussir cette mission. Tu en aurais sacrifié 10, cela aurait fait 30 de sauver. Mais non, il a fallu que tu joues au Lemming et que tu les sauves tous en oubliant le sens de ta mission. Résultat : tu t'es personnellement et brillamment planté. Et 40 lieutenants sont morts par dessus le marché. Des questions ?

Mais non, Arion n'avait pas de questions. Sinon des réponses. Décidément, il ne s'entendrait pas avec Dragon des Mers sur ces méthodes de combat. Et autant il pensait avoir les mêmes objectifs que lui, autant des doutes sérieux commençaient à lui surgir.

ARION - J'aurais une question, en effet… Que comptes tu faire maintenant ? De moi et des troupes de mon père…
DRAGON (bras croisés) - Tu as échoué Arion… En ce qui me concerne, je reste sur le pied de guerre car je pense qu'Athéna va bientôt attaquer. Je reste prés avec les Généraux pour l'offensive. Et avec toi si tu veux bien entendu…
ARION - Et les autres ?
DRAGON (méprisant)- Quels autres ?
ARION - Mes chevaliers et lieutenants…
DRAGON (rire) - Tu me parles de ça ? Ils ont été incapables de vaincre les guerriers divins, alors tu sais… Tu as vu de quoi étaient capables les chevaliers d'Or ? Et j'espère que tu as constaté de quoi étaient réellement capables tes guerriers…
ARION - Mais tu es vraiment…
DRAGON - Un gagneur. Mon objectif, c'est de gagner, pas de faire du sentiment ou une quelconque bataille sur des considérations personnelles. Ton objectif est égoïste et personnel. Quant à moi, je me bats pour Poséidon et sa grandeur (Une personne attentive pourrait observer un rictus moquer chez Dragon des Mers… Quel bel acteur…).
ARION - Tu parles de moi, c'est ça ?
DRAGON (haussant la voix) - Non, je parle de ma belle-sœur, crétin ! Evidemment que je parle de toi ! Quand vas tu enfin t'élever à un rang divin, bordel de merde ! Toujours en train de ressasser le passé… Toujours en train de te lamenter sur ton sort. Je te rappelle que notre objectif n'est pas vaincre Athéna pour le seul plaisir de la vengeance, non. C'est de la vaincre pour que ton père soit le Maître incontesté de cette terre ! Attend, tu es un Dieu et tu te comportes en humain bête et con.
ARION (se levant) - Je pense plutôt que c'est toi qui n'est qu'un simple humain méprisable et qui te croit un Dieu…
DRAGON (regardant Arion partir) - Tu vas où ?
ARION (de dos) - Je sais pas.
DRAGON - Je te propose, pour te racheter, de t'occuper de la gestion d'Asgard et d'Hilda…

Un grand silence se recréa. Dragon des Mers avait gardé cette proposition à la fin, pour s'éviter de voir tout de même partir le fils de Poséidon. Quand bien même sa présence, vu l'état d'esprit dans lequel il était, commencer à le gêner et à l'exaspérer. De toutes manières, il aurait bien assez de ses Généraux pour venir à bout d'Athéna.

ARION - Je… Je pense que je vais refuser.
DRAGON (ferme) - Alors dans ce cas tu n'as plus rien à faire ici !
ARION - Que va dire mon père ?
DRAGON - Il dira la même chose que moi… Qu'il s'est trompé. Ton père n'a rien à faire d'une lavette. Je suis navré, mais si tu veux partir, pars ! Réfléchi toutefois… Je ne te ferme pas la porte, tu es ici chez toi. Ton départ me peine, mais ne reste pas en ces terres si tu t'imagines en total désaccord avec moi et avec ton père Poséidon.
ARION - Alors salut.

Et Arion quitta la salle de réunion où il voyait Dragon des Mers pour la dernière fois… Il avait toujours le visage fermé, résolu à se battre seul contre Athéna. Mais donc sans celui qui l'avait formé, aimé, respecté et éveillé au sens divin.

Il marchait dans ce long couloir qui menait dehors sans trop savoir où il allait, ni pourquoi il tout était terminé… Le cordon était totalement et inexorablement rompue avec Dragon des mers. Et ses relations avec les autres Généraux étaient mauvaises, voire irréversible avec certains. Probablement étaient ils jaloux ou méprisant ? Enfin, après des dernières pensées pour son Dieu de père qu'il n'a rencontré qu'une fois, Arion se dirigea vers cette grande porte donnant à l'extérieur du Main Blade Winner, et voir ce sanctuaire qu'il allait, qu'il devait quitter. Seul !

Seul, car Dragon des mers avait raison sur un point. Et c'était un point auquel il avait longuement réfléchit. Son égoïsme l'avait poussé à poursuivre justement un objectif uniquement personnel, et cela a suffit pour mettre en grand danger ses chers amis de Gertazé, et les lieutenants qui lui ont gratifié de leur amitié. A cause de lui, Torben est mort, Mendoza est mort, 40 lieutenants anonymes mais oh combien humains et respectables sont morts. Et surtout Déméter et Tomislav sont morts. Trop, c'est trop.

Alors il va partir, pour affronter seul Athéna. Ce sera dur, mais il s'est étalonné contre Siegfried, il a même réussi à prendre le dessus sur lui. Et il se sent fort comme jamais, apaisé, résolu, prêt à se battre contre ce Shura, à prendre sa revanche. Mais il sera seul. C'est fini, il ne doit pas ni s'encombrer de gens auquel il tient (encombrer est un verbe légitimement choisi), ni leur faire prendre des risques finalement pour un combat qui finalement n'est pas le leur.

C'est l'heure du départ.

*
**

Arion sortit. Et la surprise fut de taille. Ils étaient tous là, les 10 survivants de la bataille d'Asgard. Au premier rang d'entre eux se tenaient Darko, chevalier d'Argent de la petite Ourse. A ses cotés les deux fidèles frères Igor du Toucan et Hristo du triangle austral. Et derrière, les lieutenants de Poséidon rescapés, englobant les trois mystérieux Kamaté de la Chimère, Kaba du cobra et Nasser du fennec, le sympathique Trevor de la pieuvre, et les courageux Duncan du Loch Ness, Marino du requin et Hossim du crocodile.

Tous étaient silencieux, dans leurs armures ou écailles fraîchement régénérées grâce au divin sang du fils de Poséidon. Chacun semblait vibrer en harmonie avec le cosmos toujours en éveil d'Arion. Le spectacle était solennel, entre le Dieu adolescent en haut des marches donnant dans le Pilier Central, et son armée à ses pieds, en bas des escaliers, illuminant la scène de leurs auras courageuses et amicales. Et Arion les regardait, il ne disait rien. Ses yeux n'exprimaient rien, ils se contentaient juste de les regarder, en silence, comme pour profiter un dernier instant de ce bonheur simple et beau.

Puis il commença à descendre les marches une à une, doucement, en continuant à les toiser un à un du regard. Il regardait Darko, qu'il avait cru mort contre Tholl de Phecda et dans les bras duquel il est allé se réfugier à l'issue de la campagne d'Asgard. Il regardait Igor et Hristo, les deux frères de Gertazé, à ses cotés depuis le début.

Puis ses yeux s'arrêtèrent sur le corps encore brûlé en de nombreux endroits de Trévor, ce courageux garçon à l'immense cœur, dont les stigmates lui rappelaient fatalement son égoïsme et ses nombreuses erreurs passées. Serviable et toujours présents. La puissance et le mystère, mais aussi l'amitié entourant Kamaté, Nasser et Kaba caressait doucement Arion alors que ses yeux passaient devant eux. Puis enfin, Duncan, Marino et Hossim, garçons qu'il connaissait peu mais dont il avait pour eux beaucoup de respect et d'amitié, sentiments accrus après le courage dont ils firent preuve en Asgard, refusant de baisser les armes devant Syd de Myzar et Hagen de Merak.

Maintenant, je dois vous quitter pensait il. Il marcha entre eux, les traversa, mais cette fois ci le regard au loin, regardant des ses yeux bruns et froids cet horizon qu'il allait rejoindre, ce futur qui devait n'être que sien et dans lequel il ne voulait pas et ne devait pas impliquer ses amis. S'il doit mourir, ce sera seul. Seul avec cette épée ramassée sur le corps de Tomislav qui garde résidence dans ce fourreau dorsal.

C'est alors qu'ils les avaient dépassé sans un mot, sans une larme, que la voix rude et grave de Darko se fit entendre.

- Tu ne vas quand même pas partir sans nous ?

Arion marqua un arrêt et ne put s'empêcher de sourire. Un sourire triste et nerveux. Il remarqua cependant quelque chose de très inhabituel chez lui en pareil cas. Aucune larme ne vint perler sur sa joue, et si ses yeux étaient embués par quelque chose, ce n'était que de la détermination et de la joie de se sentir soutenu par ses amis. De vrais amis pensa t'il…

ARION (ferme, de dos) - C'est fini. Vous êtes libre ! Libre de vivre votre vie. Poséidon ne veut pas de vous, car il vous méprise. Et moi, je ne veux pas vous… parce que je vous aime !
DARKO (encore plus ferme) - Je te rappelle pour information que nous sommes tes chevaliers ! (Hristo et Igor s'avancèrent à la hauteur de l'actuel orateur) Et en ce sens, nous t'avons juré, devant ton père, fidélité et allégeance. Nous avons fait le serment de te servir, de te protéger et de mourir pour toi et avec toi !
ARION - Je te remercie Darko mais… Mais c'est impossible. Trop de gens sont morts par la faute de mon seul égoïsme. Je refuse de tuer plus de gens que j'aime…
HRISTO (voix froide) - Et nous, nous refusons de ne plus vivre pour toi ! Nous sommes là depuis le début, nous serons là jusqu'à la fin !
IGOR (voix chaleureuse et déterminée) - Nous aussi avons vécu et souffert de la mort de Déméter et Tomislav. Nous avons juré de te suivre pour aussi venger la mort de nos amis. Et… (gêné), j'ai également la mort de mon Maître à venger…
DARKO (ferme) - Ce combat n'est pas exclusivement le tien ! C'est aussi le nôtre ! Nous avons été comme toi trahi par Athéna ! Tu ne te battras pas seul !

Silence dans l'assemblée. Mais Arion restait dos tourné à ceux qui se voulaient être ses amis. Il gardait le poing droit dans lequel habituellement il manipulait cette épée sacrée nerveusement serré. Mais son regard ne trahissait aucun doute ni aucune tristesse. Il voulait partir, seul, et volontairement quitter ce sanctuaire, Kanon, les Généraux, ses amis et son père…

ARION - Ma décision sera irrévocable. Vous méritez mieux que de mourir pour une cause personnelle et égoïste… Adieu…

Un immense flot d'énergie débordant de chaleur et de puissance de s'éveiller violemment. Et toute l'assemblée d'avoir les yeux rivés sur le costaud chevalier d'argent de la petite ourse.

ARION - Darko… Que fais tu… ?
DARKO (cosmos flamboyant) - Si tu ne veux plus de moi, il faudra alors me tuer ! Je t'ai juré fidélité et ai promis, sur les dépouilles de mes amis Tomislav et Démétra, de donner ma vie pour toi. Elle t'appartient Svobodan, elle t'appartient ma vie, notre vie !
ARION (souriant, la tête se baissant) - Darko… Ne dis pas de sottises…
DARKO - Alors comme ma vie t'appartient, tu es libre de la prendre si elle ne te convient pas ! En garde, fils de Poséidon !

Darko faisait vibrer ce cosmos qui s'était accru à des niveaux exceptionnellement élevés contre Tholl de Phecda. Ce cosmos mauve entraînait avec lui de nombreux et massifs cristaux de glaces, prêt à déferler tel un torrent de glace et de piques sur son ami...

Mais Arion ne se mit pas en garde et se contenta juste de tendre le bras droit derrière son dos. Un flash lumineux au bout duquel jaillit une sorte de lynx qui vint tracer une épaisse coupure sur la joue de Darko, sans que ce dernier ne puisse réagir.

DARKO (sueur le long de sa tempe) - C'est… incroyable…
HRISTO - Arion a atteint la plénitude de ses pouvoirs… Quelle rapidité !
ARION (a voix haute) - Et vous, les marinas ? Trevor, Kaba… Vous voulez vous battre aussi contre moi ?
KAMATE (s'avançant au niveau de Darko, bras croisés au niveau de son imposante armure) - Tu veux jauger notre fidélité ? Et bien soit… (concentrant son cosmos au niveau de son index droit) J'utiliserai contre toi ma plus puissante arcane…
ARION (aura verte pomme commençant à envelopper son corps) - Vas y…

Devant une assemblée prête à prouver sa fidélité et sa dévotion à la cause d'Arion, Kamaté de la Chimère leva, en un flash cosmique, son index droit au ciel en hurlant : " Dreamworld !!! ". Cependant, alors que normalement toute l'âme et l'esprit d'Arion auraient du basculer dans ce monde des rêves, seuls une multitude d'étincelles au niveau de la silhouette du fils de Poséidon apparurent, témoignant du choc entre les cosmos du lieutenant et du Dieu.

Doucement, Arion se retourna pour faire face à ce que l'on peut appeler ses amis. Ses yeux étaient d'un marron clair, effacés de tous sentiments et tristesse. Il fixa Kamaté, en lui prononçant ses quelques mots : " cela fait bien longtemps que je ne rêve plus… "

Cette phrase fut conclut par une vague d'énergie verte qui émana de l'ensemble de la silhouette du jeune Dieu. Kamaté parvint à rester en équilibre, mais ne put se retenir de reculer, devant la folle violence de ce vent tourbillonnant qui provenait d'Arion.

La démonstration de puissance ne s'arrêtait pas là. Devant une assemblée médusée, Arion intensifia son cosmos de manière à le rendre aussi divin que possible. La mer semblait s'arrêter de bouger en surface, toute vie paraissait devoir s'évanouir. Un cosmos alliant chaleur et puissance émanait du corps de cet enfant que la communauté de Gertazé avait recueilli il y a de cela plus de dix ans. L'univers paraissait tourner autour d'Arion à ce moment précis, et aucun ne pouvait ne serait ce que détacher son regard de ce garçon.

ARION (toujours le centre de ce déferlement de cosmos) - Vous êtes donc prêt à venir mourir à mes cotés…

Un grand silence… Puis Darko…

DARKO - Nous sommes prêts…
ARION (abaissant aussi rapidement qu'il l'avait augmenté son cosmos) - Bien… (souriant) Allons y alors… Quittons ce lieu
DARKO (s'avançant au niveau d'Arion, lui posant fraternellement la main sur l'épaule) - Nous allons venger nos amis, Arion !
TREVOR - Tu peux compter sur nous…
ARION - Je sais… Je l'ai toujours su. Quittons à présent ce sanctuaire qui ne veut plus de nous ici… Le combat de Poséidon ne nous concerne plus…

Et le fils de Poséidon de quitter le domaine de son père, amenant avec lui son armée prête à croiser le fer avec les armés d'Athéna…

*
**

Le casque cachant des yeux déterminés et sur de lui, la cape et les cheveux volant en harmonie avec ce vent marin saluant cérémonieusement le départ du fils du Maître de ces lieux, Dragon des mers regardaient cette armée partir. Les sentiments qui animaient, à ce moment là, cet être empli de soif de pouvoir et de puissance, n'étaient pas bien clairs. Un mélange subtil de satisfaction de s'être débarrassé d'un être gênant et capricieux et de peine de voir partir un enfant qu'il a élevé quasiment au rang de surhomme, pour ne pas employer le terme pourtant plus juste de Dieu.

Mais Dragon des Mers, dans cette attitude, est au moins clair sur un point. Il fallait qu'Arion parte. En premier lieu, ce départ ne peut être que la réalisation de la suite de son programme de manipulation de Poséidon. En effet, l'enfant commençait à entrevoir avec plus de lucidité le jeu trouble de celui qui a usurpé le titre de Dragon des Mers. Et quand bien leur ennemie est commune, leurs objectifs personnels étaient différents et antagonistes. Arion parti, Dragon des Mers reste seul maître à bord…

Les Généraux sont -presque - tous unanimes. Il faut un chef fort et puissant pour mener à bien la bataille à la gloire de Poséidon. Et Arion ne pouvait être celui là. Il est parti, c'est très bien. C'est très bien mais cela reste quand même dur. Car pour la première fois, c'est un sentiment d'amère satisfaction qui traverse la gorge sèche du Général de l'Atlantique Nord. Il regarde, à la fenêtre, l'enfant qu'il a élevé partir pour ne plus se retourner et quitter ce lieu et ce père adoptif. Et celui qui se fait appeler Dragon des mers, malgré son imposante posture d'homme fort et droit, ne peut que ressentir au plus profond de ses entrailles d'homme un peu de tristesse.

Comme un père qui voulait que son enfant grandisse sans pour autant lui prendre sa place, Dragon des mers se voit inpuissamment assaillit de sentiments contradictoires. Mais celui dominant actuellement était sans conteste proche de l'amertume. Mais il a fait un choix qui était devenu inévitable. Et il assume grandement, comme le lui impose ce statut de chef incontesté et incontestable des armées de Poséidon. Comme le lui impose le statut de celui que même les Dieux à présent gratifie de la victoire sur Odin et Asgard.

DRAGON (pour lui-même, en silence) - Peut être un jour tu me comprendras et me pardonneras… Il le fallait. Pour moi, et pour toi. Pour vaincre Athéna.

Lorsque Sorrento de la Sirène et Bian de l'Hippocampe entrèrent dans ce salon où Dragon des mers observait le départ de l'armée de celui qu'il avait considéré pendant un moment comme son fils, ils virent un homme toujours aussi puissamment imposant et grandiose, mais… Comment dire… Différent.

SORRENTO (prenant la parole béliqueusement) - Comment avez vous pu chasser le fils de notre puissant Empereur Poséidon !
DRAGON (silencieux et droit) - …
BIAN (vers Sorrento) - Arrête ! Ne parle pas de la sorte au représentant de notre Dieu !
SORRENTO (saisissant sa flûte) - C'est un imposteur ! Parle à présent, Dragon des Mers, ou bien mesure-toi à moi !
BIAN (s'interposant entre Dragon et Sorrento) - Je te préviens ! Si tu tente quoi que ce soit, je te tue ! Au nom de Poséidon !
DRAGON (silencieusement, en se retournant vers la fenêtre pour regarder cet espace vide d'Arion à présent) Si seulement vous saviez ce qui me traverse l'esprit en ce moment… Vous ne resterez finalement que de bien sombres abrutis…

Les cosmos dorés de la Sirène et de l'Hippocampe commençait à exploser, devant la lasse indifférence du Maître de ces lieux dont le regard restait incapable de quitter l'horizon que rejoignait Arion et ses troupes.

Et si les deux Généraux actuellement en bisbille étaient plus attentifs à l'attitude de Dragon des Mers, ils pourraient apercevoir une sorte de reflet brillant sur la joue du grand Dragon des Mers. Brillant et luisant comme la lumière frappant de l'eau cristalline, comme la lumière frappant ce qui reste de plus personnel à un homme. Ses sentiments provenant du plus profond de son corps…

*
**

- On fait quoi maintenant ?

Le vent souffle fort sur la mer. Probablement la Méditerranée. L'homme qui vient de prononcer cette interrogation est debout, bras croisés sur son costaud torse velu. Il s'agit du puissant Darko de l'ourse. Autour de lui, toute cette armée composée de ces chevaliers qui ont choisi de partager leur existence et d'unir leur destin à celui d'Arion.

ARION (yeux au ciel, voix calme et posée) - Je pense qu'on va faire comme on a fait avec Igor…
IGOR (surpris) - Hein ?
NASSER (poing fermé et rageur) - Attends ! On est venu avec toi pour en découdre avec cette conn…
ARION (toujours aussi calme) - Et tu veux quoi, qu'on se fasse tuer ?

Grand silence, témoignant d'une écoute attentive et posée.

ARION - Nous sommes à peine remis d'une rude bataille où nos corps, nos esprits et nos armures furent mis à rude épreuve. Hristo est brillant, mais il n'a pas le pouvoir des meilleurs alchimistes. Et vos armures doivent continuer à se reposer encore quelques temps. Nos armures, nos esprits et nos corps. Nous ne sommes pas prêts.

Les chevaliers étaient à l'écoute, attentifs comme jamais. Arion semblait d'une sagesse et d'une détermination jamais atteinte. Sa voix calme et posée appelait au respect et à l'admiration de l'assemblée.

ARION - Nous connaissons, pour les avoir rencontrer, les chevaliers d'Athéna. Ils sont sans aucune commune mesure avec les guerriers divins ! Ce sont des Dieux. Et partir dans cet état ne fera que nous mener à notre perte. Nous et notre objectif.
IGOR - Mais alors, que faire…
ARION (fermant les yeux et s'allongeant) - Prenons quelques jours de repos…
HRISTO - C'est une plaisanterie ?
ARION - Non.

Les trois chevaliers " mystérieux " (Kaba, Kamaté et Nasser) se regardèrent incrédules. Les lieutenants ne comprenaient plus trop. Mais tous restaient éveillés et alertes aux propos de leur chef.

ARION - J'ai besoin de me ressourcer aussi. Je suis un Dieu, certes… Mais un jeune Dieu réincarné dans le corps d'un petit garçon qui a besoin de revoir son chez lui…
IGOR (souriant) - J'ai compris…
HRISTO (se relevant en s'étirant) - L'idée me plait…
DARKO (debout, voyant la troupe prête à partir) - Bon, si tout le monde est prêt… On y va ! (Hurlant avec entraînement) Allez ! TOUS A GERTAZE !

*
**

C'est la fin d'un cycle. La fin d'une histoire.

Je rentre chez moi. Dans mon village de quand je m'appelais Svobodan. Je retourne chez moi, là où j'ai grandi, là où je suis mort aussi, pour renaître dans une peau divine. Finalement, je reviens au départ mon aventure, à l'origine même de ma quête. Avant de conclure celle ci.

J'ai quitté beaucoup en fuyant le sanctuaire sous-marin. Et pourtant, je n'ai aucun regret. Bien sur, avoir quitté Dragon des Mers me peine quelque peu. Pour diverses raisons, souvent assez contradictoires d'ailleurs.

Il m'a trahis et envoyé à l'abattoir. Je ne trouve ni preuve pour étayer ce que j'affirme, mais encore moins de raisons pour le comprendre et l'excuser. Pourtant, c'est lui qui m'a permis de devenir celui que je suis devenu. Celui qui a fait éclore de ce rachitique bulbe cette majestueuse rose que j'ai la prétention d'être à présent.

C'est vrai que je pense à lui, avec des sentiments contradictoires. Mais, je le répète avec force, sans aucun regret ! Juste un peu d'amertume de voir une aventure se terminer aussi brusquement et tragiquement, avec le poids de ces lieutenants morts pour une campagne dont je ne saisi toujours pas la raison d'avoir été.

Maintenant, je souhaite bonne chance à Dragon des Mers, car il va en avoir besoin. Je ne pense pas que son sanctuaire avalera goulûment mon départ. Et si certains s'aplatissent devant la toujours extrêmement grande puissance du Général en chef, d'autres demanderont des comptes. En tout cas, c'est sincèrement que je leur souhaite bonne chance contre Athéna. Car ce ne sera pas mon combat et je n'interviendrait pas !

Je pense que mon père et ma pire ennemie s'affronteront bientôt. Darko, mon fidèle compagnon, m'a rapporté ses impressions quant au sanctuaire d'Athéna. Apparemment, une guerre civile se ferait jour, ce qui ne semble pas innocent. L'équilibre de la paix entre les divinités, équilibre on ne peut plus fragile, est en train de se rompre pour laisser place à l'effroyable et indécis chaos des guerres des batailles… Cela a commencé avec le duel que se sont livrés mon père et le Dieu nordique Odin… Avec moi comme bras armé inconscient…

C'est le constat de Darko. L'édifice de la paix, qui commença par les modestes fissures de la mort de ma mère, la réincarnation de Déméter, est en train de carrément s'effondrer comme un château de carte balayé par le Mistral.

Et dans ce combat entre Poséidon et Athéna, si combat il doit y avoir, je n'interviendrai pas. Ce n'est plus ma bataille. Non, je n'ai qu'une bataille à mener à présent : la mienne.

Je vois mal mon père vaincre Athéna. J'ai affronté les chevaliers d'or, et je n'ai encore rien vu de tel, à part peut-être chez Dragon des mers. Ces hommes n'ont d'homme que le corps : leur statut est celui de demi-Dieux.

J'ai affronté, dans le cadre d'entraînement, tous les Généraux. Le seul m'ayant posé des problème est Kasa des Lumnyades, mais ce fut au siècle dernier (cf chapitre 4)… Depuis, c'est avec la même facilité que je l'ai vaincu, lui et les autres. Kasa donc, le mystérieux Krishna, l'étonnant Io, le détestable (à mon avis) Isaack, le fougueux Bian et le talentueux Sorrento (peut être celui qui m'a posé le plus de problèmes…) ont - m'ont - tous prouvés, qu'ils étaient largement inférieurs aux deux chevaliers d'or que j'ai rencontré.

Ensuite, en Asgard, seul peut être Siegfried semblait réellement de taille à se mesurer à eux. Cela me confirme donc dans mon hypothèse et mon objectif : je serais le fossoyeur d'Athéna et de ses chevaliers. Sans doute aurons-nous un délicat combat, mais je le mènerai à bien.

Tomislav, Maman, je vous vengerai…

*
**

Un avion qui survole un continent. Direction finale : la Grèce.

La bataille du sanctuaire arrive à son terme avec l'affrontement final. Bientôt, il ne restera que des ruines et des regrets. Du sang et des larmes.

Un terrain qui s'en va être dévasté par une terrible bataille qui en annonce bien d'autres…

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Cette fiction est copyright Fabien Chaffard.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.